Bonnes vacances après un semestre survolté

Transcription

Bonnes vacances après un semestre survolté
LA PHRASE
PORTRAIT
« On parle de
réduire les
démarches
administratives. Or,
en réalité, c’est de
plus en plus
compliqué, et long »
LE CHIFFRE
Philippe Chiambaretta
Casser les codes p. 12
80!
C’est le nombre de sites
présentés par des
communes au jury
d’« Inventons la métropole »,
qui pourrait faire l’objet de
plusieurs vagues pour éviter
l’engorgement
Jean-Michel Wilmotte,
architecte
SUR NOTRE SITE
Sadev 94 / Veolia / Epamarne
Plaine Commune développement
Safran / Epadesa / Orée / IAU
Stif / Altarea Cogedim / Acadie
CCI Paris Ile-de-France / Stratec
Setec / Benchwise / Fresq
Chambre des notaires de Paris
Durapole / CCI Paris Ile-de-France
Cemex / L’Oréal / Siredom
EuropaCity / Agence Paris climat
Airparif / Epamsa / Cisco / RATP
SNCF immobilier / FFR / UPS
lejournaldugrandparis.fr
ENTREPRISES / TERRITOIRES / INNOVATIONS / ATTRACTIVITÉ
SOMMAIRE
ENTREPRISES
ACTUALITÉS
P. 2 À 4
La Porte de Montreuil bientôt requalifiée
en quartier de ville
Jean-Michel Wilmotte, architecte
« C’est à partir de la gare qu’il faut développer
la ville »
Dietmar Feichtinger présente le nouveau
siège de Veolia, Porte d’Aubervilliers
CRÉATEURS
Fidelise Pertes électriques
Wattstrat Scénarios énergétiques
Seligo Valorisation des déchets
P. 5
DÉBAT
P. 6-7
Benoît Clocheret, directeur général d’Artelia
« Nous sommes le bras droit technique de
la SGP »
TERRITOIRES
ACTUALITÉS
P. 8 À 11
1er Forum économique du Grand Paris :
l’enjeu financier
Anita Sauer, directrice générale du
directoire de Foncière commune
« Nous nous situons très en amont
des opérations d’aménagement »
L’Ile-de-France accentue son soutien
aux territoires ruraux
Ligne 18 : la commission d’enquête
demande des aménagements
Bonnes vacances après
un semestre survolté
l’heure de boucler les valises, on Un jour avec les maires d’Est Ensemble, le lendemesure le chemin parcouru au cours main dans le T12 à la rencontre de son président
des mois écoulés. « Tous sur le pont Michel Leprêtre, sans oublier les présidents de
» semble avoir été le mot d’ordre Département, à l’image de sa récente visite à Crégénéral au cours de ce premier teil, chez Christian Favier.
semestre. Dans le secteur privé, la baisse des marges
Et il faudrait être fou – ou aveugle – pour ne pas
avive la concurrence et les réorganisations d’état-ma- voir le mouvement à l’œuvre. Il suffit, pour cela,
jor. Du côté des institutions, la Région a ouvert moult de nous lire (vous êtes d’ailleurs de plus en plus
chantiers, tout comme les
nombreux, merci !) : la
Départements, qui se savent
Porte de Montreuil prochaimenacés. Paris a multiplié
nement réaménagée, pour
par Jacques Paquier
les initiatives. Et les maires
y désacraliser la voiture ;
rédacteur en chef
f ra n c i l i e n s , d a n s le u r
la transformation de la
ensemble, se démènent, en
Porte d’Aubervilliers, illusmatière d’urbanisme notamment, compétence qu’ils trée par la présentation aux élus du nouveau siège
ne veulent lâcher pour rien au monde.
de Veolia, signé Dietmar Feichtinger, splendide
La métropole du Grand Paris n’a pas chômé non de sobriété ; la transformation prochaine des
plus. A l’image d’« Inventons la métropole », qui Mureaux, l’avancement de Campus Grand Parc…
fera reparler de lui dès octobre au Pavillon Baltard. Le rythme s’accélère. Il en va du Grand Paris
Mais sur tous les bancs du Parlecomme de la France : face à l’amment, on considère que la loi devra
pleur des enjeux qu’il représente, les
être corrigée, en particulier pour
politiques doivent dépasser les straredéfinir la répartition des rôles entre
tégies personnelles. C’est d’ailleurs
Pour beaucoup
la métropole et la Région. Pour beauce que font la plupart des élus franl’échelon
coup, l’échelon métropolitain doit
ciliens, contrairement aux tentatives,
métropolitain
être avant tout un niveau de coordipiteuses, de ceux qui, au plan natiodoit être un
nation, d’articulation. Le président
nal, ont voulu tirer profit des attentats
niveau de
de la MGP semble, d’ailleurs, s’insde Nice. Pour certains, le repos s'imcoordination,
crire dans cette logique. Le maire de
pose. Bonnes vacances à tous. ■
d’articulation,
Rueil-Malmaison remplit son agenda
Le prochain numéro du journal du
et rien d’autre
de rencontres de travail avec les élus.
Grand Paris sera publié le 29 août.
À
ÉDITORIAL
ISSN : 073-3454
NUMÉRO 86 | DU 25 JUILLET AU 28 AOÛT 2016 | 20 €
AMÉNAGEMENT
La priorité, pour Frédérique Calandra, est « d’en finir »
avec les anneaux enjambant le périphérique et de
« créer une liaison simple et droite via un boulevard
urbain » entre les rues d’Avron et de Paris.
En bref
Actualités
grammés pour 2019 en vue d’une
mise en service en 2020.
Econom ie c i rc u la i re. Le
guide. L’association Orée publie
un premier « guide touristique » de
l’économie circulaire en Ile-deFrance qui illustre, en 20 destinations, différents types d’initiatives
en la matière. L’ ouvrage, réalisé
avec le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de
l’énergie (Ademe) IIe-de-France et
la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et
de l’énergie (DRIEE) Ile-de-France
en partenariat avec le comité francilien de l’économie circulaire, propose 20 « découvertes insolites ».
Logement social. Convention.
Au ministère du Logement, le
13 juillet, les représentants d’ICF La
Sablière, d’Immobilière 3F, de SA
HLM Toit et Joie et du groupe Polylogis ont signé avec les représentants de l’Etat, Emmanuel Cosse,
ministre du Logement, et Jean-François Carenco, une convention pour
accélérer et améliorer la production
de logement social en Ile-de-France.
La Défense. Restructuration-extension. La foncière Eurosic lancera à la rentrée la restructuration-extension de l’immeuble
Michelet à Puteaux. Deux ans de
travaux seront nécessaires pour
reconfigurer intégralement le bâtiment et y ajouter deux étages « suspendus » au sommet.
Grand Paris : le film ! Et Paris
devient... le Grand Paris ! Pour le
faire voir et savoir au monde entier,
la préfecture de la région Ile-deFrance, la métropole du Grand Paris et de la Société du Grand Paris
ont fait réaliser « Créons ensemble
la métropole du Grand Paris », un
court métrage de David le Glanic.
© JGP
Cité Descartes : lot B1. Epamarne a annoncé, le 18 juillet, le choix
du groupement composé de l’agence
Cobe urbanisme architecture paysage, de Tolila + Gilliland atelier
d’architecture et de Franck Boutté
consultants pour la maîtrise d’œuvre
du lot B1, situé dans la ZAC de la
Haute Maison à Champs-sur-Marne.
PARIS
La Porte de Montreuil
bientôt requalifiée en
quartier de ville
Le projet d’aménagement vise à faire de la Porte de Montreuil un « lieu de vie et de destination ».
a priorité pour Frédérique
Calandra, maire du 20 e
arrondissement, est « d’en
finir » avec les anneaux enjambant le
périphérique et de « créer une liaison
simple et droite via un boulevard
urbain » entre les rues d’Avron et de
Paris. Acté depuis l’an dernier, ce
nouveau franchissement – dont le
L
coût est estimé entre 30 et 40 millions
d’euros – pourrait développer sur une
quarantaine de mètres de large une
piste cyclable dans les deux sens, des
traversées piétonnes sur les bords et,
soit une 2×2 voies, soit une 2×3 voies.
La désignation de la maîtrise d’œuvre
en cours d’appel d’offres interviendra
en fin d’année. Les travaux sont pro-
YVELINES
Pas de ZAC pour « gagner du
temps »
Moins abouties, les principales orientations du projet urbain global sont
néanmoins fixées. « L’idée majeure est
de casser la fonction de quartier dortoir
et de faire venir des activités économiques en s’appuyant sur l’arc de l’innovation, détaille Frédérique Calandra.
Il faut retrouver de l’urbanité là où
domine la voiture et créer des occupations positives des espaces publics. »
Les innovations devront porter sur un
large spectre : les usages, en donnant
une nouvelle fonction aux anneaux
trop coûteux à démolir, la réponse aux
besoins sociaux, l’économie, et enfin
les bâtiments qui devront être isolés
phoniquement et énergétiquement.
Pour « gagner du temps », l’opération
de requalification de la Porte de Montreuil ne s’effectuera pas dans le cadre
d’une ZAC. En effet, le Conseil de
Paris a autorisé Frédérique Calandra
à « appliquer la loi du 17 février 2009,
adoptée pour l’accélération des programmes de construction et d’investissement publics et privés, qui permet
une optimisation des procédures administratives ». L’étude urbaine se
déroulera de fin 2016 à début 2018, la
vente des premiers terrains à bâtir
débutera en 2019 et les premiers travaux en 2020. ■
FABIENNE PROUX
SEINE-SAINT-DENIS
Le centre-ville des Mureaux en
pleine rénovation
Pierrefitte : 4e vente de lots sur
la ZAC des Tartres
La commune yvelinoise va mener simultanément
deux opérations de renouvellement urbain et
d’amélioration de l’habitat en vue notamment de
se préparer à l’arrivée du RER E. L’une concerne des
logements privés sur le centre-ville historique, et l’autre
des immeubles d’habitat social au sud de la gare. Grâce
au prolongement du RER E vers l’ouest francilien, Les
Mureaux ne seront plus qu’à 20 min de La Défense
d’ici à 2024. Aussi, l’amélioration du centre-ville devient
un véritable enjeu urbain. La ville veut redonner, non
seulement de la « cohérence » à son centre étiré entre
le nord et le sud de la gare, qui va être totalement rénovée en prévision de l’arrivée d’Eole, mais aussi de
l’attrait en valorisant ses bords de Seine. Ainsi une
passerelle doit être construite au-dessus du fleuve pour
relier Meulan-en-Yvelines. Par ailleurs, deux programmes vont réhabiliter tant l’habitat que des secteurs
délabrés de la ville. ■
F.P.
La SEM Plaine Commune développement et l’OPH
Seine-Saint-Denis ont signé récemment un acte de
vente pour une opération de 28 logements sociaux, qui
s’inscrit dans le programme Anru « 1 pour 1 », acquéreur/bailleur : OPH Seine-Saint-Denis, architecte :
Nakache & Orihuela Architectes (Paris). Les logements
sont organisés en quatre lots allant du R+2 à R+4 positionnés à l’est de la parcelle, le long de la digue des Potagers,
et offrant de larges ouvertures vers le grand paysage et les
jardins familiaux, au sud de l’opération. Il s’agit de la 3e
opération de logements sur le secteur nord de la ZAC, dit
« des Terrasses » et qui vient accompagner le programme
d’Osica, dont la livraison est prévue en septembre 2016.
Les travaux devraient débuter en septembre 2016 pour une
livraison en 2018. « C’est la 4e vente de lots sur la ZAC, la
prochaine vente interviendra au profit du conseil départemental de Seine-Saint-Denis pour la construction d’un gymnase »,
précise Plaine Commune développement. ■
J.P.
2 | Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016
AMÉNAGEMENT
QUESTIONS À…
Jean-Michel Wilmotte
Architecte
« C’est à partir de la gare qu’il faut
développer la ville »
lieux de communication sont devenus
chaleureux : autrefois, on fuyait les
gares, maintenant, on s’aperçoit
qu’elles constituent un lieu d’échange,
de croisement, un lieu de vie. Ce sont
de nouvelles places essentielles.
JGP : A la demande de Paris-Ile de
France Capitale Economique, vous
venez de réaliser une vidéo
© JGP
JGP : Quel regard portez-vous sur
le Grand Paris ?
Jean-Michel Wimotte : Je pense que
c’est la bonne solution d’étudier
quels vont être les moyens de communication d’un lieu à un autre avant
de « réinventer » la ville. On commence par injecter le sang dans les
veines : le transport est vraiment la
clé du développement. Le Grand Paris
a le mérite de mettre en réseau les
différentes couronnes parisiennes. A
partir de ces nœuds urbains, de
grandes plateformes vont se créer
autour de la ville, nouveaux lieux de
développement et de vie. Je prends
un exemple : en banlieue est, un
maire nous a appelés pour travailler
sur un ensemble d’immeubles.
Voyant qu’une gare du Grand Paris
allait s’arrêter là, nous avons complètement changé notre projet, l’orientant vers la station, vers le transport,
et non pas lui tournant le dos.
C’est à partir de la gare qu’il faut développer la ville. On voit bien que les
« Autrefois on fuyait les gares, maintenant on s’aperçoit
qu’elles constituent un lieu d’échange, de croisement,
un lieu de vie. Ce sont de nouvelles places
essentielles », estime Jean-Michel Wilmotte.
LES CHIFFRES DE LA SEMAINE
25 000
véhicules électriques recensés en Ile-de-France,
selon une étude de l’Institut d’aménagement et
d’urbanisme (IAU), soit 0,5 % du parc francilien.
500
MW, tel est l’impact estimé des véhicules
électriques sur le réseau de distribution à
l’horizon 2030, estime l’IAU.
52 200
montrant ce que l’on pourrait faire
pour réinventer l’axe autoroutier
entre Roissy et la Porte de la
Chapelle. Pouvez-vous nous
expliquer ce projet ?
On a imaginé comment l’axe Roissy-Porte de la Chapelle pourrait
devenir un nouveau signal de ce que
Paris est en train de devenir. Une
vraie vitrine de la France, de son
dirigeants d’entreprise étrangers [hors
autoentreprises] sont à la tête d’une entreprise
active à Paris au 31 décembre 2014, soit 14 %
des 363 800 dirigeants d’entreprise, rapporte
l’Apur.
savoir-faire, de son état d’esprit, de
sa philosophie, de sa culture. A la
fois en matière de technologie, de
luxe, et de recherche. Tout doit être
là. Entre Roissy et la Porte de la Chapelle, on traverse des terrains sur
lesquels étaient autrefois des usines
automobiles : on peut mettre en
exergue cette histoire et ce savoirfaire. On peut aussi mettre en valeur
la présence des grandes entreprises
françaises et les compétences nationales bien spécifiques. Il s’agit de
rapprocher les différents fleurons de
notre industrie de cette grande
artère, d’en faire de nouveaux
Champs-Elysées. Cette autoroute
deviendra ainsi un élément de communication, une vitrine.
JGP : Vous semble-t-il que le
temps de l’aménagement du
territoire demeure trop lent en
France ?
On parle sans cesse de simplification. On parle de réduire les
démarches administratives. Or, en
réalité, c’est de plus en plus compliqué, et long. Nous pourrions prendre
exemple sur le modèle londonien où
la demande d’obtention du permis
est moins bureaucratique, avec à la
fois bien moins de formalités et une
démarche informatisée. En France,
tant que l’on n’avancera pas vers
une réelle simplification, on ne s’en
sortira pas. ■
PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER
AÉRONAUTIQUE
LA PHRASE
Un appel à projets pour
le développement
économique de la région
« Je peux porter
témoignage de la
Le pôle de compétitivité ASTech Paris région a
lancé, le 18 juillet, un appel à projets d’initiatives technologiques dans les domaines de
l’aéronautique, du spatial et de la défense, favorables au développement économique régional.
Le pôle francilien dédié à l’aérospatial cherche ainsi
« à accompagner l’ensemble des initiatives technologiques de l’aéronautique, du spatial et de la défense
porteuses d’innovations sur les produits ou procédés,
bénéfiques au développement économique régional ».
Les entreprises intéressées ont jusqu’au 30 septembre pour déposer des dossiers dans les thématiques suivantes : les matériaux et leurs procédés
de fabrication ; les procédés d’assemblage ; les
technologies liées à l’avion électrique et aux nouvelles générations de systèmes embarqués. ■ R.R.
montée en puissance de
l’intérêt des investisseurs
internationaux pour le
Grand Paris au cours des
deux ou trois dernières
années »
Laurent Vigier, président de
CDC international capital
Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016 | 3
ENTREPRISES / ACTUALITÉS
SEINE-SANT-DENIS
Dietmar Feichtinger livre le nouveau
siège de Veolia, Porte d’Aubervilliers
C’est un bâtiment d’une étonnante sobriété, laissant une large place au béton apparent
et au bois, de 45 000 m2, qui a été présenté le 19 juillet aux élus, Porte d’Aubervilliers,
par l’architecte autrichien Dietmar Feichtinger.
J’
propriétaire des lieux. « La désignation du nouvel urbaniste de la ZAC
par la SEM, l’agence Anyoji Beltrando, a permis de consolider la
réflexion menée par Plaine Commune
et la ville d’Aubervilliers sur la programmation de l’opération, qui sera
actualisée mi-2016 et permettra de
poursuivre les ambitions tertiaires du
secteur », fait valoir Plaine Com-
Safran electronics &
defense regroupe ses
activités à Eragny
Safran vient de transférer ses activités d’Argenteuil à côté
de Cergy-Pontoise (Val d’Oise). Près de 1 500 personnes
travaillent sur ce technocampus, prémices du cluster
régional « Defence systems valley ».
S
Un auditorium de 200 places
Le bâtiment, qui accueillera
quelque 2 000 employés du groupe
Neutralité des couleurs, béton
apparent et bois sont les marqueurs
du nouveau siège de Veolia.
VAL D’OISE
ecret défense oblige, Safran
a quitté Argenteuil en toute
discrétion et regroupé ses
équipes à une vingtaine de kilomètres à l’ouest, sur la commune
mune développement. Six lots
– dont les constructibles peuvent
aller jusqu’à 45 000 m2 – sont encore
disponibles sur ce secteur, qui verra
bientôt du métro (L12) et du
tramway (T8).
d’Eragny. Un nouveau bâtiment a été
construit entre celui qu’occupait déjà
Safran electronics & defense et celui
que le groupe a racheté. Au total,
1 500 ingénieurs, cadres et techni-
4 | Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016
© JGP
ai souhaité concevoir un
bâtiment iconique, expression du bien-être. Créer un
lieu de vie qui rassemble les gens
suppose de veiller à la qualité de l’environnement dans lequel on évolue,
c’est aussi pourquoi j’ai créé plusieurs jardins, à différents niveaux,
afin d’introduire la nature en ville.
Nous avons voulu bâtir un fond de
scène sur lequel la vie peut se développer », indiquait Dietmar Feichtinger (MOE), l’architecte du nouveau
siège du groupe Veolia à Aubervilliers, présenté aux élus mardi 19
juillet. Ce très vaste campus, de
45 000 m2 SDP sur un terrain de
20 000 m2, situé juste derrière la
Porte d’Aubervilliers, étonne par sa
sobriété qui va jusqu’à une neutralité dans le choix des couleurs, quasiment absentes, le béton apparent
et le bois (chêne, robinier et tilleul)
constituant ses seules teintes.
Plaine Commune développement
est intervenue sur ce projet, débuté
il y a deux ans, en tant qu’assistante
à maîtrise d’ouvrage auprès d’Icade,
ciens travailleraient désormais sur ce
nouveau technocampus. Selon la
ville d’Argenteuil, les personnels ont
été transférés tandis que le déménagement des derniers équipements est
en cours. « Le devenir du site n’est
pas encore arrêté », préviennent les
services de la ville.
Un coup dur pour Argenteuil qui
perd l’un de ses fleurons industriels, mais une belle opportunité
pour Cergy-Pontoise. « Même si une
ville perd et une autre gagne, le Val
d’Oise reste gagnant dans l’affaire »,
fait valoir Jean-François Benon,
directeur général du Comité d’expansion économique du Val d’Oise
(Ceevo). D’autant que Cergy doit
accueillir, d’ici à la fin de l’année,
le siège du futur cluster régional
Veolia à l’automne, en provenance
de l’avenue Kleber, de Nanterre,
Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine),
Paris 18e et Saint-Maurice (Val-deMarne), comporte trois entrées distinctes permettant son ultérieure
subdivision. Il offre de très grands
espaces, hall d’accueil en forme de
vitrine donnant sur le canal, salle du
conseil, auditorium de 200 places,
réfectoire. Des lamelles verticales,
mobiles, protègent ses façades du
soleil. Trois jardins, situés à trois
niveaux différents, agrémentent le
site. Un soin particulier a été porté à
l’acoustique des lieux, grâce notamment à une ventilation douce. Pas de
faux plafonds mais des faux planchers de 13 cm de hauteur, dans ce
siège construit par l’entreprise
Bateg, sous maîtrise d’œuvre d’Artelia dont les travaux, entrepris en
avril 2014, ont coûté 120 millions
d’euros (HT).
Le siège de Veolia fait partie de la
ZAC Canal-Porte d’Aubervilliers,
conduite par la SEM Plaine Commune développement pour le compte
de Plaine Commune, dans le cadre
d’une convention d’aménagement
qui a pour objet de requalifier la
Porte d’Aubervilliers en un pôle d’activités économiques, commerciales
et tertiaires. Plaine Commune développement a réalisé, en collaboration
avec l’agence TER et Berim, les
espaces publics attenant aux programmes livrés, qui représentent
aujourd’hui plus de 3,6 ha. ■
JACQUES PAQUIER
dédié aux activités de la sécurité et
de la maîtrise des risques.
Lisibilité de la filière
La concentration des activités de
Safran electronics & defense à Eragny et de ses sous-traitants, invités
à se rapprocher de leur donneur
d’ordre, conforte le « Defence systems valley » en projet depuis queques années. « Ce regroupement
accroît également la lisibilité de la
filière », convient Jean-François
Benon. Près de 400 entreprises du
Val d’Oise gravitent dans le secteur
de la sécurité. Outre des entreprises,
ce cluster réunira des directeurs de
la sécurité de grands groupes parmi
lesquels BNP Paribas, Airbus et La
Poste. ■
FABIENNE PROUX
CRÉATEURS
Le ministère de l’Environnement
a son incubateur green tech
ls sont 37 à avoir été retenus
dans le cadre de l’initiative
lancée par la ministre de
l’Environnement. Près de 120 candidatures ont été reçues pour participer
à ce programme, opéré par l’Ademe,
qui s’adresse aux entreprises de
moins de 36 mois. Une petite quinzaine est située en Ile-de-France (voir
exemples ci-dessous).
Objets connectés, équipement en
photovoltaïque, choix de matériaux
de construction, vélo électrique, analyse de la qualité de l’air... les projets
I
© D. DELAPORTE/ÉCOLE DES PONTS PARISTECH
La ministre de l’Environnement Ségolène Royal a
annoncé, le 29 juin, les « jeunes pousses » lauréates de
l’appel à projets « Green tech verte » qui vise à « faciliter
la transition écologique grâce au numérique ». Au programme : économie d’énergie, énergies renouvelables,
bâtiment, transport, etc.
sélectionnés présentent une grande
diversité. Parmi les secteurs les plus
représentés, le transport arrive en tête
(27 %), devant le bâtiment (19 %) et
l’économie circulaire (16 %).
Soutien technique
Un accompagnement financier pouvant aller jusqu’à 150 000 euros de
fonds de préamorçage sera accordé et
« un second financement pouvant aller
jusqu’à 500 000 euros permettra de
soutenir les projets les plus prometteurs », précise le ministère. Le soutien
Les start-up seront hébergées à
l’incubateur de l’Ecole des ponts et
chaussées à Champs-sur-Marne.
sera également technique avec un
accès à l’ensemble des ressources
scientifiques et techniques du ministère, ainsi qu’à son réseau (écoles
d’ingénieurs, IGN, Météo-France, etc.).
Les lauréats intégreront, en septembre
prochain, l’incubateur du ministère
situé dans les locaux de l’Ecole des
ponts et chaussées à Champs-surMarne (Seine-et-Marne). ■
R.R.
FIDELISE
Pertes électriques
WATTSTRAT
Scénarios énergétiques
SELIGO
Valorisation des déchets
La société a développé une plateforme afin
d’évaluer les pertes dans les réseaux électriques.
Faire des économies ou éviter des investissements coûteux aux entreprises ou aux collectivités. Tel est l’objectif de Fidelise qui a développé une solution d’analyse énergétique, plus
rapide que les campagnes de mesures classiques. « Avec les projets du Grand Paris, une
hausse importante de la consommation électrique est attendue à l’échelle de la région,
réduire les pertes pourrait permettre d’alléger la
contrainte du gestionnaire du réseau », affirme
Mathieu Perchais, cofondateur. La start-up
souhaite développer la partie « matériel » de
son offre et élargir son réseau d’installateurs
électriciens utilisateurs de sa technologie.
Wattstrat a mis au point un logiciel permettant
de simuler la consommation et la production
énergétiques.
« Nous souhaitons simplifier la vie des décideurs
sur les questions énergétiques », annonce Alexis
Bergès, cofondateur. Dans ce but, la société
développe un logiciel permettant aux acteurs
publics ou privés de tester des scénarios de
consommation et de production énergétiques
afin, par exemple, de réaliser des plans climat.
Un bilan énergétique ou d’émission de CO2,
heure par heure ou commune par commune,
illustré de graphiques ou de cartes, peut ainsi
être réalisé en quelques clics. Cet outil doit être
commercialisé à l’automne, puis doit continuer
à évoluer afin d’aller de plus en plus vers la
prévision plutôt que la scénarisation.
La plateforme transactionnelle Seligo vise à
mettre en relation des entreprises productrices de déchets avec des opérateurs de
traitement.
La valorisation des déchets est aujourd’hui
organisée par des contrats de long terme. La
start-up, créée par un ancien de Veolia, vise
à rendre ce marché plus dynamique. Avec
l’objectif d’inciter à la valorisation, elle développe une plateforme – qui sera testée après
l’été en Grande-Bretagne – sur laquelle les
opérateurs peuvent vendre leur capacité de
traitement et ainsi augmenter leur activité.
Les producteurs de déchets, du BTP par
exemple, « peuvent ainsi rapidement trouver
un exutoire », signale Thomas Paris, le fondateur, qui présente sa solution comme « un outil
d’aide à la décision ».
Date de création : 2016
Date de création : 2014
Dirigeant : Mathieu Perchais
Dirigeant : Benjamin Topper
Date de création : 2016
Site web : www.fidelise.fr
Site web : www.wattstrat.com
Dirigeant : Thomas Paris
Contact : [email protected]
Contact : [email protected]
Contact : [email protected]
Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016 | 5
DÉBAT
INTERVIEW
« Nous sommes le bras droit
technique de la SGP »
Artelia est l’une des chevilles ouvrières
des travaux du Grand Paris express.
Benoît Clocheret, son DG, décrit les
JGP : Que représente le Grand
Paris pour votre société ?
Benoît Clocheret : Beaucoup ! La
construction du Grand Paris, et tout
particulièrement du Grand Paris
express (GPE), touche en effet à
beaucoup de nos métiers : l’ingénierie des infrastructures de transports
tout d’abord, avec la construction du
métro dont nous allons reparler ;
l’aménagement ensuite, avec des
projets de construction autour des
nouvelles gares ; mais aussi l’eau et
l’environnement, avec l’impact de ces
projets sur les réseaux d’eau et sur
les écoulements. Toutes les entités
d’Artelia sont donc concernées et
mobilisées pour le Grand Paris, ville
et transport, bâtiment et industrie,
eau et environnement.
© DR
JGP : De quelle façon êtes-vous
impliqués dans cet immense
chantier ?
Nous avons remporté, en 2013, un
contrat fondateur de 16 ans avec la
missions du spécialiste de l’ingénierie
qui intervient en assistance à la maîtrise d’ouvrage de la Société du Grand
Société du Grand Paris (SGP) pour
l’assistance à maîtrise d’ouvrage et
de conduite générale d’opérations
pour les lignes 15, 16 et 17. Nous
sommes le mandataire du groupement Artemis, constitué à cette occasion avec nos partenaires Arcadis et
BG ingénieurs conseils.
JGP : Que signifie concrètement
cette tâche d’assistance à maîtrise
d’ouvrage ?
Nous sommes, en quelque sorte, le bras
droit technique de la SGP pour l’ensemble des chantiers qu’elle réalise et
va devoir réaliser pour ces trois lignes.
Artemis conseille, organise, planifie,
réalise le suivi budgétaire et financier,
pilote les maîtres d’œuvre des différents
tronçons et assure l’interface entre les
tronçons, et donc les maîtres d’œuvre.
C’est un chantier énorme et, du reste,
environ 170 personnes (et très certainement 200 à l’horizon de fin 2016)
travaillent à temps plein sur cette mission d’AMO pour la SGP.
QU’EN PENSE-T-IL ?
GRAND PARIS EXPRESS
170 personnes travaillent
à temps plein sur cette
mission d’AMO pour la
SGP
LES « RÉINVENTER »
Cela mobilise tant
d’acteurs, pendant tant
de temps, tant du côté
des compétiteurs que du
maître d’ouvrage des
projets, qu’il faudra sans
doute aménager ces
concours pour ne pas
épuiser les énergies
Artelia coordonne notamment les problématiques
foncières, les autorisations de travaux et les permis de
construire de plusieurs lignes du Grand Paris express.
6 | Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016
Paris mais aussi dans l’aménagement
de projets autour des gares et en
matière d’eau et d’assainissement.
JGP : Où en sont les chantiers ?
La montée en puissance a été extrêmement rapide puisque l’on est
passé à des milliers de personnes
mobilisées en moins de trois ans.
Plus personne aujourd’hui ne doute
que ces lignes se feront et la volonté
politique ne s’est jamais démentie.
L’ensemble des lignes ou tronçons
de ligne a vu son financement
approuvé et ses études et procédures
avancer selon le calendrier prévu. Les
premiers travaux de génie civil commencent même au sud de Paris.
JGP : Quelles sont les phases
critiques ?
Tous les tronçons ne se trouvent pas
au même niveau d’avancement et nous
devons gérer l’ensemble. Pour la ligne
15 sud, les maîtres d’œuvre ont été
désignés en même temps que nous et
les premiers travaux débutent. Nous
sommes désormais en pleine phase
de consultation des marchés de travaux. Pour les autres, nous avons travaillé à partir de l’attribution des
contrats de maîtrise d’œuvre, pour les
piloter. Nos sujets sont techniques,
avec la conception des ouvrages, la
planification des chantiers sur chaque
tronçon, mais nous coordonnons aussi
les problématiques foncières, les autorisations de travaux et les permis de
construire, le dévoiement des réseaux,
l’évacuation des sols excavés...
JGP : Quels points vous semblent
particulièrement intéressants ?
La SGP nous a mobilisés pour la mise
en place d’une maquette numérique.
Elle servira à la fois pour la conception et la construction, mais aussi
ensuite tout au cours de la vie d’une
gare, par exemple. Construire des
maquettes numériques auxquelles
sont associées des bases de données
sur chaque élément les constituant
(technologie baptisée BIM, traduction
anglaise de modélisation des données
DÉBAT
REPÈRES
1993 : Diplômé de
l’Ecole nationale des
ponts et chaussées
2010 : Présidentdirecteur général de
Safege, filiale
ingénierie de Suez
environnement
2014 : Rejoint la
direction générale
d’Artelia
Benoît Clocheret
© JGP
Directeur général d’Artelia
du bâtiment) reste un outil très innovant dans le bâtiment, mais est
encore plus précurseur dans le
domaine des infrastructures !
JGP : Comment faire en sorte pour
que les marchés profitent
également aux entreprises de
taille modeste ?
Il faut réfléchir aux méthodes d’allotissement pour trouver un équilibre entre
la compétence technique requise, la
tenue des délais, le nombre d’interlocuteurs, et la nécessité d’associer des
entreprises de taille modeste, sous
forme de groupement ou d’association,
avec des majors. C’est un sujet évidemment sensible auquel la SGP est
très attentive de manière à concilier au
mieux tous les impératifs.
JGP : Et la ligne 18 ?
Pour la ligne 18 (qui reliera Orly à
Versailles), la SGP a lancé l’an dernier deux appels d’offres, l’un pour
l’assistance à maîtrise d’ouvrage et
l’autre pour la maîtrise d’œuvre
(infrastructures et systèmes). Nous
avons concouru pour la maîtrise
d’œuvre infrastructures et avons remporté en partenariat le contrat en
début d’année, dans le cadre d’un
groupement baptisé Icare. Cela nous
permettra aussi de démontrer un
autre volet de notre savoir-faire,
encore plus technique, et de conforter
notre place de référence en ingénierie
des transports ferrés !
JGP : Ces chantiers vous donnentils une visibilité accrue à l’export ?
Bien sûr, et c’est un élément important qui résulte à la fois de l’ampleur
du sujet et de la notoriété mondiale de
la ville de Paris. Avoir son nom associé à un projet de cette envergure per-
met de compléter la notoriété d’Artelia
à l’international, notoriété bâtie déjà à
l’époque où nous avions travaillé sur
les métros du Caire et d’Athènes.
JGP : Etes-vous présents sur les
autres sujets de transports
importants dans la région ?
Oui, effectivement. Nous sommes
maître d’œuvre sur la partie insertion
urbaine de la Tangentielle ouest, qui
reliera Saint-Cyr-l’Ecole à Achères.
Nous sommes aussi engagés dans
le projet de tram-train Massy-Evry.
JGP : Votre deuxième grand
métier, c’est l’aménagement. Les
nouvelles préoccupations
― comme les smart cities qui
nécessitent des collaborations
énergétiques ― ne remettent-elles
pas en cause les façons de
concevoir ce métier, de lancer des
Un actionnariat salarié à 97 %
Née en 2010 de la fusion entre Ceteba et Sogreah,
Artelia se revendique totalement indépendante. Et de
fait, 97 % de son actionnariat est contrôlé par les
salariés de la société. Environ 500 salariés,
essentiellement cadres et dirigeants sont actionnaires
directs, tandis que quelque 1 300 autres salariés sont
actionnaires via un fonds commun de placement. Les
3 % d’actions restantes sont contrôlées par un
partenaire bancaire, le Crédit Mutuel CIC. La société
emploie désormais plus de 3 500 personnes dans le
monde, pour un chiffre d’affaires légèrement supérieur
à 400 millions d’euros (68 % France, 32 % international).
appels d’offres pour des îlots et
non plus seulement sur des lots ?
Pour l’instant, les projets d’aménagement liés au Grand Paris express
en sont à leur tout début. Mais oui,
les procédures changent. Nous
accompagnons du reste tout à la fois
l’EPA Paris-Saclay et EuropaCity sur
ce type de questions ; un travail d’ailleurs qui intègre urbanisme et ingénierie, notamment sur les aspects de
performance énergétique. Mais si la
performance énergétique se conçoit
sur des quartiers ou des îlots, elle se
construit aussi dans les bâtiments :
nous avons ainsi réalisé une mission
de performance énergétique pour le
site Balard, et avons aussi remporté,
avec Engie Cofely, un important marché pour la rénovation énergétique
de 140 écoles de la ville de Paris.
JGP : Que pensez-vous des
initiatives de type « Réinventer
Paris » ou « Réinventer la Seine » ?
Elles sont le reflet d’une recherche de
solutions innovantes, notamment
stimulée par le souhait de positionner
Paris de façon dynamique pour une
candidature aux JO de 2024 : c’est
une réponse à ceux qui croiraient que
Paris n’est qu’une ville musée ! Elles
sont très intéressantes mais ont une
limite qui doit faire réfléchir l’ensemble des acteurs : elles mobilisent
tant d’acteurs, pendant tant de temps,
tant du côté des compétiteurs que du
maître d’ouvrage des projets, qu’il
faudra sans doute les aménager pour
ne pas épuiser les énergies. Mais
l’intention de départ, à savoir stimuler
la créativité, est louable et positive.
C’est une invitation à la remise en
cause, donc à l’amélioration.
JGP : Votre troisième métier, c’est
l’eau. Un métier d’actualité !
Effectivement ! Nous intervenons sur
tout le cycle de l’eau et les grands
ouvrages hydrauliques sur les fleuves
et en mer. L’an dernier, nous avons
gagné la réalisation d’une modélisation numérique de l’écoulement de la
Seine de l’amont à l’aval de Paris,
projet très attendu de notre client. Et
avons participé à l’opération Séquana.
Dans ce domaine, nous sommes
aussi candidat sur le projet du Canal
Seine-Nord Europe, entre Compiègne
et Aubencheul-au-Bac. Avec 107 km
de canaux à grand gabarit, c’est un
projet d’envergure majeure, un peu
notre second Grand Paris ! ■
PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER
Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016 | 7
TERRITOIRES / ACTUALITÉS
© DR
« Il existe peu de projets à travers le
monde aussi ambitieux » que le Grand
Paris, estime Chiara Corazza.
ÉVÉNEMENT
1er Forum économique du Grand Paris :
l’enjeu financier
Chiara Corazza, DG de Paris-Ile de France Capitale Economique, et Laurent Vigier,
PDG de CDC international capital, ont débattu du financement des projets du Grand
Paris lors du 1er Forum économique du Grand Paris, organisé le 4 juillet dernier par La
Tribune et Le journal du Grand Paris. Extraits.
aris-Ile de France Capitale
Economique sillonne la planète, accompagnée d’acteurs
économiques français et internationaux, qui sont les meilleurs ambassadeurs pour susciter l’intérêt auprès de
leurs homologues, des décideurs internationaux, sur les opportunités d’investissement, a rappelé Chiara
Corazza, directeur général de ParisIle de France Capitale Economique
(PCE). Nous sommes en l’occurrence
très complémentaires de ce que font
les pouvoirs publics. Nous nous rendons ainsi plusieurs fois par an dans
les pays du Golfe, y compris l’Arabie
Saoudite, aux Etats-Unis, au Japon,
en Corée, en Inde, en Turquie, au Brésil, en Chine, etc. et, bien entendu, en
Europe. Le projet du Grand Paris est
indispensable parce que les infrastructures réalisées permettent de mettre
en valeur et de donner une visibilité
internationale à ce que j’appelle les
pépites du Grand Paris. »
« Dans ce cadre, depuis des années,
nous observons quels sont les critères
d’investissement des investisseurs
grâce à une série d’études de benchmark. On demande ainsi régulièrement à 520 grands investisseurs internationaux pourquoi ils investissent à
tel endroit, quelles sont leurs motivations et leurs intentions à trois ans.
Cela nous permet aussi de nous diffé-
P
rencier par rapport à nos concurrents.
Depuis la crise, les critères des investisseurs ont complètement changé.
Quel est leur premier critère ? C’est
assurément la stabilité politique et la
sécurité juridique. Nous avons donc,
après le Brexit, une opportunité à saisir compte tenu de l’incertitude qui
plane en Angleterre. La première
chose que nous devons faire pour en
tirer parti, en l’espèce, c’est de montrer
la fiabilité et la stabilité de notre système. Cela signifie, par exemple, de ne
pas faire des lois rétroactives. »
Qualité des infrastructures
« Depuis la nuit des temps, les gens
souhaitent se déplacer et transporter
les marchandises. Les talents, la
richesse se concentraient autrefois
dans les villes portuaires. Les
guerres se faisaient entre Sparte,
Carthage, Athènes, puis Venise,
Gênes, Pise, Anvers ou Istanbul.
Aujourd’hui, la concurrence sévit
entre les grands hubs aéroportuaires,
ferroviaires et autoroutiers. Le troisième critère important, lié aux deux
premiers, c’est l’accessibilité du marché, des consommateurs, des clients.
Or il se trouve que Paris-Ile de
France est au centre d’un marché de
500 millions de consommateurs avec
un système d’infrastructures extrêmement performant », a souligné
8 | Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016
également Chiara Corazza. […]
« A l’origine du Grand Paris, il y a eu
un mouvement spontané de nombreuses entreprises membres de ParisIle de France Capitale Economique
qui, en 2005-2006, n’ont pas totalement adhéré au schéma de développement de la Région Ile-de-France
(Sdrif), qui parlait peu de croissance
et de développement économique. Ces
entreprises se sont alors demandé
comment elles pouvaient agir pour
faire de Paris Ile-de-France une métropole phare du XXI e siècle. Cela
requiert tout d’abord d’assurer aux
projets du Grand Paris une bonne visibilité. Comment voulez-vous, par
exemple, que les Chinois ou les Américains localisent Saclay sur une carte,
quand la plupart des Français euxmêmes ne le connaissent pas ? Nous
avons donc commencé à travailler sur
le sujet, à porter à l’international l’excellence de ce territoire, en insistant
également sur la nécessité de l’appeler
Paris-Saclay pour capitaliser sur la
marque de Paris. Nous avons organisé
différents groupes de travail, dont un
présidé par Augustin de Romanet,
alors directeur général de la Caisse
des dépôts, qui a souligné que le principal handicap de Saclay était sa
desserte. Comment bâtir une Silicon
valley, un nouveau MIT à la française
sans une desserte de qualité ? Tout le
projet du Grand Paris consiste donc à
relier et à valoriser ces pépites, nombreuses, autour du Grand Paris. Qu’il
s’agisse de Paris-La Défense, de ParisRoissy ou de Paris-Marne-la-Vallée
quoi de mieux qu’un réseau de transport performant pour mettre tout cela
en valeur ? », a poursuivi le directeur
général de PCE. « Le Grand Paris
constitue un projet de développement
économique d’une envergure exceptionnelle. En réalité, il existe peu de
projets, à travers le monde, aussi
ambitieux qui bénéficieront, au cours
des prochaines années, de 50 milliards d’euros d’investissement
public. » ■
JACQUES PAQUIER
LAURENT VIGIER : « LE GRAND PARIS A
PERMIS D’INVERSER LA TENDANCE »
« Le Grand Paris existait avant la fin des années 2000, avec dix millions de
personnes vivant dans l’agglomération, sans que l’on parle du Grand Paris
en tant que tel. Mais ce territoire métropolitain était en perte de vitesse par
rapport à Francfort, Londres, ou Berlin. La perception internationale du
projet du Grand Paris a permis d’inverser ces tendances. En l’occurrence, le
travail de pédagogie réalisé par PCE, à travers de nombreux road-shows et
des travaux et études multiples, a été absolument décisif. Je peux porter
témoignage de la montée en puissance de l’intérêt des investisseurs
internationaux au cours des deux ou trois dernières années. […]
Contrairement à ce que l’on entend parfois, nous n’avons pas perdu de
temps avec les problématiques d’organisation territoriale car il y avait un
temps incompressible d’études, qui a donc été mis à profit pour faire
connaître ce projet. La Caisse est naturellement partie prenante du Grand
Paris comme acteur stratégique de ce territoire. La Caisse jouera le rôle
qu’elle a toujours joué, de catalyseur et d’accélérateur. Sept filiales sont à
l’œuvre, quatre milliards pour l’infrastructure du Grand Paris, la SNI avec
Grand Paris habitat, Icade, toutes ces entités de la Caisse sont mobilisées et
interviendront dans différents segments du projet. » ■
TERRITOIRES / ACTUALITÉS
En bref
Transport
QUESTIONS À…
Anita Sauer
Directrice générale du directoire de Foncière commune
YVELINES
Liaison Saint-Cyr-Satory
L’EPA Paris-Saclay a confié la
maîtrise d’œuvre de la liaison de
transport public Saint-Cyr-Satory
à Arcadis ESG et à l’agence
Devillers et associés, indique-t-il
le 18 juillet. Ce projet de
reconversion de la voie ferrée
militaire entre la gare de
Saint-Cyr-l’Ecole et le plateau de
Satory « vise à renforcer l’offre
de transport en commun pour le
futur quartier de Satory ouest »,
qui doit être desservi par la ligne
18 du Grand Paris express,
signale l’EPA. Les études de
maîtrise d’œuvre doivent être
réalisées cette année en vue
d’un achèvement de
l’infrastructure en 2020.
« Nous nous situons très en amont
des opérations d’aménagement »
JGP : Quelle est la spécificité de
votre modèle ?
Notre modèle économique consiste
à acquérir le foncier, à le porter pendant au moins sept ou huit ans,
pour pouvoir, pendant cette période
d e p o r t a ge , re m b o u rs e r le s
emprunts, ou a minima régler leurs
intérêts et se constituer une réserve
pour indemniser les locataires, qu’il
s’agisse de commerces ou d’activité,
à la fin de l’opération. Ce sont donc
des fonciers très particuliers, loués
ou louables facilement, en bon état,
parce que la société a son propre
équilibre économique. Lorsque
l ’ o p é ra t i o n d ’ a m é n a ge m e n t
démarre, il nous faut, en effet,
indemniser les locataires sur la base
d’un montant qui varie en fonction
de la rentabilité de leur activité, qui
peut être importante. Nous devons
donc porter assez longtemps le foncier concerné pour que ce modèle
économique fonctionne.
JGP : Quels sites vous intéressent
en particulier ?
Les fonciers autour des gares, bien
sûr, celle de Pleyel notamment,
étaient visés au départ.
Aujourd’hui, on s’élargit vers La
Courneuve Six-Routes, autour du
tracé des tangentielles. Il est à
noter que notre modèle suppose
que les gens soient vendeurs, nous
ne bénéficions pas de déclaration
d’utilité publique (DUP) puisque
JGP : Quelles sont la forme
juridique et la gouvernance ?
Nous avons été créés en février 2014
et avons choisi de constituer une SAS
de portage foncier à long terme. Il
s’agit d’une société distincte de
Plaine Commune, filiale de l’Epfif et
de la SEM Plaine Commune développement, dotée d’un capital de dix
millions d’euros (1,5 million de la
SEM, 8,5 de l’Epfif). En considérant
que nous investissons nos fonds
propres à hauteur de 10 % pour
chaque opération, cela donne une
force de frappe de 100 millions d’euros. Ce qui n’est pas énorme. Chaque
décision requiert l’unanimité. Les
fonciers concernés doivent être situés
sur le territoire de Plaine Commune.
Bruno Beschizza, maire d’Aulnay-
Anita Sauer, directrice générale
de Foncière commune.
nous nous situons en amont des
opérations d’aménagement.
Plaine Commune a, par ailleurs,
signé un contrat de développement
territorial (CDT) qui contient un
plan stratégique foncier où sont
consignées les mutations à venir au
cours des dix prochaines années.
Ce sont sur ces secteurs stratégiques que nous cherchons à intervenir prioritairement. L’idée est
ensuite de revendre l’opération
d’aménagement au prix coûtant,
sans réaliser de plus-value.
CDG EXPRESS
Examen à la rentrée
La commission du
développement durable de
l’Assemblée nationale
examinera, le 20 septembre, le
rapport de Philippe Duron (PS)
sur le projet de loi relatif au CDG
express, qui pourrait ensuite
passer en séance publique dès
la semaine suivante. Le premier
article a pour objet de ratifier
l’ordonnance du 18 février 2016
relative à la réalisation de cette
liaison directe entre la gare de
l’Est et Roissy. Le second article
permet à l’État de désigner, par
voie d’appel d’offres, l’exploitant
ferroviaire chargé de cette ligne.
© JGP
JGP : A quoi sert Foncière
commune, récemment créée ?
Anita Sauer : Au départ, elle provient
d’une réflexion de Plaine Commune :
des nouvelles gares vont voir le jour
avec le Grand Paris express, entraînant des mutations, créant des effets
d’aubaine qui peuvent attiser la spéculation. Face à ce constat, Plaine
Commune a souhaité se donner les
moyens d’anticiper ces mutations
foncières. L’établissement public
foncier d’Ile-de-France (Epfif) travaille beaucoup sur Plaine Commune, par le biais de conventions,
pour acquérir des parcelles en vue
d’opérations d’aménagement
futures. Mais l’Epfif n’acquiert du
foncier qu’en vue d’opérations
d’aménagement connues. Or certaines des emprises que souhaite
acquérir Plaine Commune
concernent des opérations qui ne
sont pas encore lancées. Par ailleurs,
l’Epfif porte ses acquisitions trois,
cinq, voire sept ans au maximum.
Plaine Commune nous a demandé
de travailler avec elle à la création
d’un véhicule de portage foncier opérant sur un temps plus long, sur un
modèle différent.
sous-Bois, préside le conseil de surveillance de la SAS Foncière commune, à la suite de Stéphane Peu,
maire adjoint de Saint-Denis et
vice-président à EPT Plaine Commune. Patrick Braouezec, président de
l’EPT Plaine Commune, est vice-président du conseil de surveillance.
Notre première acquisition porte sur
un montant de 5,7 millions d’euros :
il s’agit du bâtiment loué actuellement
à La Plateforme du bâtiment, sur le
secteur Pleyel Saint-Denis. ■
PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER
STIF
Financement
Les besoins de financement du
Syndicat des transports
d’Ile-de-France, qui prévoit près
de 15 milliards d’euros
d’investissement sur les dix
prochaines années pour acquérir
et rénover les matériels roulants,
ont été évoqués lors du conseil
du 13 juillet. Selon différents
scénarios envisagés, « la hausse
tarifaire moyenne oscillerait
entre 2,3 % et 3,3 % par an sur la
mandature actuelle contre entre
6,7 % et 6,9 % sur la prochaine
mandature », estime-t-il.
Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016 | 9
TERRITOIRES / ACTUALITÉS
En bref
Institutions
COLLECTIVITÉ
EuropaCity. La Région « vigilante et exigeante ». Le conseil
régional d’Ile-de-France a exprimé
un avis positif sur le projet EuropaCity mais a demandé certaines garanties autour de l’emploi, de l’offre
commerciale et de l’environnement.
« Si la Région « est favorable aux
investissements qui contribuent à
son développement », elle entend
être « vigilante et exigeante » sur ce
projet qui devra être en adéquation
avec tous les acteurs présents sur
le territoire, au profit des habitants
du territoire et au-delà de l’ensemble
des Franciliens », indique-t-elle.
Expo U. « Nous sommes prêts »,
voilà le message que Jean-Christophe Fromantin, député-maire de
Neuilly-sur-Seine et coprésident
d’Expofrance, a voulu faire passer,
le 13 juillet, à propos de la candidature française à l’organisation de
l’Exposition universelle de 2025.
L’Ile-de-France accentue son soutien
aux territoires ruraux
Lors de la commission permanente du 12 juillet, le conseil régional a voté des soutiens
aux territoires ruraux. Près de 850 millions ont été attribués, à cette occasion, en faveur
des transports, des lycées, etc.
près le Pacte rural adopté en
mars dernier, les élus régionaux ont voté, lors de la commission permanente, le financement
de 11 contrats avec des communes de
la grande couronne pour trois millions
d’euros. Lors de la séance plénière des
7 et 8 juillet, deux nouvelles aides ont
été créées dans le cadre de ce pacte,
afin de défendre le commerce de proximité dans les territoires ruraux. L’une
s’adressera aux commerçants pour
leurs projets de création, de développement ou de reprise d’activité ; la
seconde aux communes et aux intercommunalités qui s’engagent dans
des opérations de revitalisation de
quartiers commerciaux.
A
157 millions pour les transports
Lors de la commission permanente,
63,58 millions d’euros ont été votés en
faveur de la formation professionnelle,
de l’apprentissage et de l’emploi, afin
notamment d’ouvrir 602 nouvelles
places en CFA, dont 398 sur les premiers niveaux bac et pré-bac, « soit les
deux niveaux sur lesquels l’apprentissage connaît le plus de difficulté »,
précise le conseil régional. Sur les
34,03 millions d’euros destinés au
développement économique et de l’innovation, 12,2 millions iront aux lauréats des appels à projets PM’up de
septembre 2015, et 6 millions à
BPIfrance pour la mise en œuvre du
nouveau prêt croissance TPE.
Les financements les plus importants
validés à cette occasion concernent
toutefois les transports, avec notamment 157 millions d’euros pour les
prolongements du RER E à l’ouest, des
lignes 11 et 14 du métro et la réalisation du tramway T9 (Paris-Orly-ville).
Le 12 juillet ont également été votés
les financements de plusieurs projets
culturels (18 millions d’euros) ; de
dispositifs favorisant l’inclusion
sociale des Franciliens et des aides
aux établissements d’études sanitaires et sociales (60 millions) ; de
dispositifs sociaux dédiés aux
lycéens et étudiants et à la construction/rénovation d’établissements
(60,3 millions). ■
RAPHAËL RICHARD
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10 | Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016
TERRITOIRES / ACTUALITÉS
TRANSPORT
Ligne 18 : la commission
d’enquête demande
des aménagements
A la suite de l’enquête publique sur la ligne 18 du Grand
Paris express, la commission d’enquête demande différents
aménagements au projet afin d’en limiter les nuisances.
u 21 mars au 26 avril derniers s’est tenue l’enquête
publique sur la ligne 18,
préalable à l’obtention d’une déclaration d’utilité publique, qui a permis de recueillir 4 481 observations, courriers et courriels. D’une
longueur de 35 km dont 14 en
aérien et comportant neuf nouvelles gares, cette ligne doit relier
la gare Aéroport d’Orly à Versailles
Chantiers.
Malgré le nombre important de
demandes du public de mettre en
souterrain tout ou partie de la section prévue en viaduc, la commission d’enquête, dans son rapport
mis en ligne le 19 juillet, s’est prononcée en faveur du tracé en extérieur, le passage en tunnel entraînant « un surcoût non négligeable »
et « un retard certain à la réalisation
du projet dont l’urgence paraît cependant avérée ». Son avis, favorable,
est néanmoins assorti de trois
réserves et de plusieurs recommandations à l’endroit de la Société du
Grand Paris (SGP).
D
© DIANA ROSA’S KALEIDOSCOPE
Systèmes antibruits
complémentaires
La première réserve appelle cette
dernière à faire réaliser des études
indépendantes afin d’identifier, par
des simulations et des mesures physiques in situ, les zones les plus vulnérables du parcours – sur les parties
en souterrain comme en viaduc – en
vue d’y prévoir des systèmes
antibruits complémentaires aux solutions déjà envisagées.
L e s d e u x a u t re s ré s e r ve s
concernent le tracé retenu qui, d’une
part, pose problème sous le quartier
de la Bretonnière à Voisins-le-Bretonneux du fait de « risques certains dus
à l’instabilité du sous-sol sous les
pavillons de ce quartier ». La commission d’enquête demande à la SGP de
retenir le tracé alternatif sous le golf
national. D’autre part, elle s’inquiète
de la destruction de l’immeuble du
Centre Huit, appartenant à l’Eglise
protestante unie de Versailles, causée
par l’implantation de la future gare
de Versailles Chantiers.
Parmi les autres remarques figurent
notamment les demandes de certaines collectivités, dont le conseil
départemental de l’Essonne, pour
que soient prévues des mesures
conservatoires permettant, au niveau
de la gare Aéroport d’Orly, le prolongement ultérieur de la ligne 18 vers
l’est jusqu’au RER D et d’implanter
une gare dans le quartier Camille
Claudel à Palaiseau. ■
RAPHAËL RICHARD
La commission d’enquête est favorable au
tronçon en viaduc de la ligne 18, malgré les
demandes de passage en souterrain.
AGENDA
Les événements du développement
économique en Ile-de-France
29 SEPTEMBRE
Smart Manufacturing
Paris Saclay 2016
L’Estaca Campus
Paris-Saclay accueille
l’événement interpôles sur
l’industrie du futur en
Ile-de-France. Au
programme : fabrication
additive, sciences
humaines et sociales et
digitalisation de l’industrie
avec des témoignages
d’entreprises et d’écoles
comme Centrale Nantes
ou l’Institut MinesTélécom.
Estaca Campus Paris-Saclay
(Yvelines)
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Smart Grid-Smart City se
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haut débit, les réseaux
intelligents pour les villes
et les territoires, l’efficacité
énergétique et les
bâtiments intelligents.
30 NOVEMBRE - 2
DÉCEMBRE
Simi 2016
La 15e édition du Salon de l’immobilier
d’entreprise se déroulera à Paris du
30 novembre au 2 décembre. Il est
l’occasion chaque année, pour les
acteurs de l’immobilier et de
l’aménagement francilien, de
présenter leurs projets, d’assister à
des conférences et de participer à des
débats. En 2015, il a réuni 26 040
professionnels et 420 exposants, dont
69 nouveaux.
A cette occasion seront décernés, par
un jury composé exclusivement de
directeurs immobiliers de grandes
entreprises françaises, les Grands
prix Simi 2016, parrainés par Generali
real estate, qui récompensent les
immeubles de bureaux et logistique
de l’année.
Paris - Palais des Congrès
Paris – Porte de Versailles
8 ET 9 NOVEMBRE
Mobility for business
Vitrine de la mobilité
professionnelle sous
toutes ses formes, c’est
grâce à l’implication et à
l’exigence de tous que
Mobility for business doit
son succès depuis sa
création et permet
aujourd’hui de réunir plus
d’une centaine de
sociétés leaders dans leur
domaine et 4 000
visiteurs/acheteurs en
recherche de solutions
innovantes et concrètes.
Paris – Porte de Versailles
8 ET 9 NOVEMBRE
IBS event
Durant deux jours,
Intelligent building
systems (IBS) permettra à
tous les professionnels
d’être au plus près des
préoccupations du
marché : du bâtiment
intelligent au bâtiment
interactif : mutations,
environnement,
adéquation énergétique,
interaction entre bâtiment
intelligent et smart grid ;
conception du bâtiment :
efficacité, coût, cycle de
vie et rénovation ; mise
en œuvre, exploitation et
maintenance du smart
building : compétence,
savoir-faire, services,
comptage, réseau,
sécurité, pilotage et
optimisation des
procédés ; usages et
marchés du smart
building : acteurs,
management de projet,
performance
d’exploitation et
productivité ; tendances
technologiques du
marché : objets
connectés, protocole,
l’interopérabilité,
software et maquette
numérique (BIM).
veille technique, au
service des fabricants, des
équipementiers et des
assembleurs, qui
souhaitent rencontrer en
face-à-face les
fournisseurs de solutions
en métallurgie, plasturgie,
électronique et services à
l’industrie.
Paris Nord Villepinte
Paris – Porte de Versailles
DU 6 AU 9 DÉCEMBRE
Midest
Midest est la plateforme
de référencement de
fournisseurs
internationaux de
sous-traitance industrielle.
C’est un salon de création
de partenariats et de
N°| 1Du|2515
octobre
2014
Le journal du Grand Paris | N° 86
juillet
au 28 août
2016| | 11
11
XXXX / XXXX
COULISSES
/ PORTRAIT
Philippe Chiambaretta, architecte.
Paris métropole. Rapprochement. L’idée d’une fusion entre le
syndicat mixte d’études Paris métropole et l’Association des maires d’Ilede-France (Amif), lancée par Stéphane
Beaudet, fait son chemin. Pourquoi
pas s’il s’agit d’une addition, avance
un élu. Plus prosaïquement, cette
« rationalisation » pourrait permettre
à Paris métropole de considérer l’avenir sous de meilleurs auspices. La
subvention de la Région, prévue à
hauteur de 340 000 euros lors du
débat d’orientation budgétaire, a été
finalement revue à la baisse pour
s’élever, in fine, à 50 000 euros.
Inventons la métropole. Algoé
rempile. C’est un orfèvre en la
matière qui vient de remporter l’appel d’offres en vue de l’assistance à
maîtrise d’ouvrage de l’organisation
d’« Inventons la métropole », en la
personne d’Algoé. Nicolas Ledoux,
son directeur, avait déjà accompagné
la capitale pour « Réinventer Paris ».
Paris Région entreprises. Robin Rivaton nommé. Sabine
Enjalbert s’apprête à quitter la tête
de Paris Région entreprise (PRE),
«pour mener un projet personnel».
Robin Rivaton, ex-conseiller attractivité et développement économique de Valérie Pécresse, vient
d’être nommé directeur adjoint de
PRE et aurait vocation à prendre la
direction de l’institution régionale.
Dév.-éco. La solution par les
territoires. La suppression par la
loi NOTRe de la clause de compétence
générale dont bénéficiaient jusqu’à
présent les départements leur vaut
notamment de ne plus pouvoir intervenir en matière de développement
économique. Quid des agences départementales actives sur ce sujet ?
Dans le Val-de-Marne, la solution
pourrait passer par les établissements
publics territoriaux, qui mutualiserait
cette structure… en partenariat avec
le conseil départemental.
© C. SAUNDERS/PCA-STREAM
En bref
Coulisses
gieuse expérience, il crée à 38 ans son
agence, installée aujourd’hui dans une
ancienne imprimerie du Marais. Composée d’une équipe pluridisciplinaire
de 35 architectes et designers, PCAStream aborde l’architecture par la
recherche et la réflexion avant l’action.
« Je voulais m’atteler à la question du
pourquoi on fait les choses et pas seulement du comment, explique Philippe
Chiambaretta, mais trouver un sens à
ce que l’on fait devait résulter d’une
quête, ce travail est tout aussi important
que celui de construire. »
Anthropocène
En s’entourant d’anthropologues, de
philosophes, de sociologues, d’écoPORTRAIT
nomistes, de designers, d’artistes, il
lance Stream, une revue et un laboratoire d’idées et de réflexions qui lui
offrent une « vision kaléidoscopique »
de la société en mesure d’anticiper les
grandes mutations contemporaines
Face aux mutations de la société et à l’urbanisation mas- et l’impact des activités humaines sur
sive, l’architecte parisien apporte des regards différents l’écosystème évoqué par le concept
d’anthropocène. Le succès du Stream
sur les questions du monde de demain.
building, un bâtiment en bois mixant
les activités, se présente comme « un
auréat de « Réinventer plaque l’univers rude des mathéma- hommage » à cette méthode innovante
Paris » avec le Stream tiques et de l’économie pour se dédier qui consiste à ne pas faire les choses
building, puis du à la peinture. « Je cherchais une voie uniquement pour « suivre les modes »,
Mipim 2016 avec l’im- de réinsertion dans la
mais à se fonder sur
meuble tertiaire du création », se justifie ce BIO EXPRESS
des arguments éthiques
#cloud.paris, sélectionné pour la réha- passionné d’art contemet scientifiques. « Les
bilitation du 52 Champs-Elysées, porain qui parcourt, à 1987 Diplôme de
prochains travaux de
l’Ecole des ponts et
m a î t re d ’ œ u v re d u T r i p o d e à ses (rares) moments chaussées
Stream porteront par
Issy-les-Moulineaux… L’empreinte de libres, les biennales
exemple sur l’intérêt éco2000 Diplôme
Philippe Chiambaretta s’imprime pro- d’art du monde entier.
nomique et écologique
d’architecture
gressivement dans le paysage franciPuis sa route croise
de la construction bois,
lien. Diplômé d’architecture à l’ap- celle de l’architecte cata- 2001 Création de
et sur le sens de dévelopl’agence PCA-Stream
proche de la quarantaine, il a suivi un lan Ricardo Bofill, dont
per de l’agriculture
parcours tout autant sinueux que riche il va diriger le Taller de
urbaine à Paris », argue
avant de se révéler dans la fabrique de Arquitectura de Paris
Philippe Chiambaretta
la métropole. « A la sortie du bac, j’hé- pendant dix ans. Une
dont les fortes convicsitais entre l’art, le cinéma, l’architec- vie « passionnante » qui
tions l’empêchent parture, la photo et, au final, je me suis l’amène à conduire des projets de la fois de prendre du recul. « C’est une
laissé tenter par le défi et le prestige des Colombie à la Suède en passant par personnalité atypique du monde de
grandes écoles, raconte-t-il, bon en les Etats-Unis et avoir une approche l’architecture qui réfléchit différemmath, j’ai voulu relever le challenge et transversale de l’architecture, le fonde- ment, comprend vite et donne une
savoir jusqu’où je pouvais aller. » ment de sa démarche. « L’architecture dimension tant intellectuelle que cultuAprès une formation d’ingénieur à devient un métier de rêve quand elle relle à ses réponses », assure Bertrand
l’Ecole des Ponts, une expérience touche aux enjeux globaux de la poli- Julien-Laferrière, directeur d’Ardian
dans la finance à Wall street, puis un tique, de la finance, de l’économie, de Real Estate, qui l’a recruté chez
master en économie et technique la création et de la pensée », admet-il, Ricardo Bofill. « Il marquera très cerdécroché au Massachusetts institute ne se voyant pas simple « dessinateur tainement l’architecture des dix proof technology (MIT) de Boston, il de bâtiment ». Fort de cette presti- chaines années. » ■
FABIENNE PROUX
Philippe Chiambaretta
Casser les codes
L
Société éditrice JGPmedia au capital de 100$000
euros, 27 rue du Chemin Vert - 75011 Paris
Tél. 01 75 77 87 25 - Dépôt légal à parution
CPPAP : 1116 T 92553 - ISSN : 073-3454
12 | Le journal du Grand Paris | N° 86 | Du 25 juillet au 28 août 2016
Directeur de la publication : Jacques Paquier
Rédacteur en chef délégué : Raphaël Richard
Ont participé à ce numéro : J. Michon, F. Proux,
M. Cataldi (correctrice)
Directrice de clientèle : Dominique Pillas
Conception graphique : Rampazzo & Associés
Imprimerie : ISI Print, 15 rue F. de Pressensé,
93210 La Plaine-Saint-Denis