Au détour des barres et des tours. Les quartiers nord de Marseille

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Au détour des barres et des tours. Les quartiers nord de
Marseille, de la zone à la zone touristique ?
Yannick Hascoët
UMR EVS - RIVES
ENTPE
Rue Maurice Audin
69518 Vaulx-en-Velin
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Isabelle Lefort
UMR EVS-IRG
Université Lyon2
Faculté de GHHAT
5, av. Pierre Mendès-France
69676 Bron
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04 78 77 23 23
Résumé (500 mots)
Cette communication procède d’une recherche doctorale sur les modalités de l’émergence d’un
changement de regard porté sur les quartiers des grands ensembles. Même si tous ces quartiers ne
souffrent évidemment pas d’une image péjorative et que tous ne sont pas concernés par la restauration
d’une identité positive, pour notre part, ce sont bien les tours et les barres apparentées aux banlieues
urbaines touchées par la pauvreté économique et sociale, voire par la violence, qui constituent notre
terrain. C’est plus particulièrement par l’effectuation de nouvelles pratiques, artistiques et touristiques,
que nous envisageons les conditions et modalités de ré-appréciation de ces espaces. Nous qualifions
ces pratiques de « récréa(r)tistes » pour rassembler sous un même terme deux dimensions
complémentaires (art et tourisme) d’une même entreprise de légitimation. Le phénomène, qui
engendre ce que nous pouvons appeler des mobilités curieuses, a de quoi surprendre, tant le décalage
est effectivement grand, entre un imaginaire touristique dominant – sites riants et accueillants – et ces
espaces supportant une imagerie urbano-pathogène. En marge du principe de table rase qui préside
généralement à l’action publique, une diversité d’acteurs gravitant dans les cercles touristiques,
patrimoniaux et artistiques, agissent dans le sens de la reconnaissance des grands ensembles d’habitat
social et défendent la qualité du tissu urbain et social existant. La société civile donc, (habitants,
artistes, métiers du domaine de l’architecture, acteurs sociaux) mais aussi des institutionnels (élus et
organes de promotion territoriale), selon une temporalité, des stratégies et des moyens qui différent,
agissent dans le sens de la re-connaissance. Parmi les acteurs qui œuvrent à l’élection de ces quartiers
de grands ensembles populaires comme nouveaux lieux d’intérêt, la communication se concentre sur
les artistes, les touristes et les habitants. Nous ferons état des résultats d’un travail d’enquête
(entretiens et observations) mené dans les quartiers nord de la ville de Marseille, un espace qui
cristallise emblématiquement l’ensemble des maux communément associés à la « crise des banlieues».
C’est à partir d’une coopérative d’habitants, ayant pour objet la revalorisation symbolique et la
revitalisation économique de ces quartiers, que l’entrée sur le terrain s’est faite. Autour d’elle, des
ballades urbaines dans des cités réputées sensibles s’élaborent et des chambres d’hôtes en HLM se
rendent disponibles, dans un espace jusqu’alors perçu comme inhospitalier et sans ressources,
renouvelant, de fait, sa place symbolique et effective dans le territoire et dans l’offre touristique locale.
Nous montrerons ainsi que par l’instrumentalisation de l’offre et des pratiques touristiques – tous
revendiquent peu ou prou la nature touristique de leurs activités - les artistes, les habitants comme les
touristes cherchent moins à valoriser une esthétique de l’ordinairement décrié (les formes tours et
barres en particulier) qu’à reconnaître la richesse de l’histoire sociale qui fonde le paysage humain de
l’endroit.
Mots-clés : Tourisme en banlieue, patrimonialisation des paysages de banlieue, ballades urbaines,
chambres d’hôtes dans les cités.
Références bibliographiques :
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