20 LAUSANNE ET RÉGION De la télé-réalité aux fourneaux

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20 LAUSANNE ET RÉGION De la télé-réalité aux fourneaux
20
MERCREDI 11 AOÛT 2010
24 HEURES
LAUSANNE ET RÉGION
Le quartier du Vallon rêve de
renouer avec son passé thermal
URBANISME
» Le quartier
Une vaste consultation a été
menée auprès des habitants
et usagers du quartier pour
concrétiser un plan directeur.
L’idée la plus souvent
évoquée: remettre l’eau
au cœur du Vallon, autrefois
connu pour sa source
ferrugineuse et ses bains.
JULIEN MAGNOLLAY
«O
n devrait faire une
piscine ici!» Ce cri
du cœur est venu
d’enfants, devant le trou de l’ancienne usine d’incinération du
Vallon. C’était le 25 avril dernier,
lors du lancement de la démarche participative. Depuis, au fil
des ateliers organisés par la ville,
les envies d’eau n’ont pas baissé.
«Beaucoup d’habitants ont émis
le souhait d’un retour des bains
dans le quartier, la mise au jour
du Flon ou encore la réactivation
de l’ancienne source», explique
Anouk Paltani Baumann, architecte urbaniste à la ville de Lausanne, chef de projet pour le
futur plan directeur du quartier.
Place
du Nord
Hôtel
de police
Mère de Mme de Staël
Longtemps, l’eau a été reine
dans le quartier du Vallon. Jusqu’à la toute fin du XIXe siècle, la
rue du Vallon s’appelait d’ailleurs
rue des Eaux, et la rivière le Flon
traversait le quartier à ciel ouvert.
Au XVIIIe siècle, une source ferrugineuse attirait de nombreux
souffrants. Son eau était «merveilleuse», si l’on en croit le fameux Dr Tissot. Celui-ci lui attribuait la capacité de lutter contre
PHOTOS: MUSÉE HISTORIQUE DE LAUSANNE
Place
du Vallon
BAINS
De 1893 à 1975, les Bains Haldimand (ci-dessus vers 1910-1920) étaient installés sur l’actuelle place
du Nord. On y venait pour se nettoyer, nager, faire de la gymnastique et laver sa lessive. Sur la
photo ci-contre (dernier quart du XIXe), on peut observer le pavillon des Bains (actuel emplacement de La
Résidence, Armée du Salut), qui permettait d’accéder à la source ferrugineuse. Juste derrière, on aperçoit les
marronniers de la promenade des Eaux, où la future mère de Mme de Staël tint son Académie des eaux.
» Quelques autres idées des habitants
ARMÉE DU SALUT Les habitants
souhaitée (pour des cours, du
bricolage et l’accueil des enfants).
TRANSPORTS Créer une liaison
mécanisée vers la station CHUV
du M2.
JARDINS La volonté est de créer
des jardins potagers de petite
dimension répartis dans le quartier.
JEUX Développer l’offre ludique
(place de jeux, mur de grimpe,
terrain d’aventure, pétanque).
aimerait démolir l’immeuble qui
abrite La Résidence, qui coupe
en deux le quartier. «C’est
l’emplacement du bâtiment, et non
ses usagers, qui dérange», tient
à préciser Anouk Paltani Baumann.
La rue du Nord deviendrait l’accès
privilégié du quartier.
MAISON DE QUARTIER Une
grande salle commune est
que la ville y aménagea une
promenade plantée de marronniers, la promenade des Eaux.
Suzanne Curchod, future épouse
de Jacques Necker (ministre de
Louis XVI) et mère de Mme de
Staël, y tenait son Académie des
eaux, sous forme de joutes littéraires.
Des bains étaient installés, dès
1815, à l’emplacement de l’actuel
numéro 12 de la place du Vallon.
Un pavillon, situé au fond de
l’actuelle rue du Nord, permettait d’accéder à la source. Ce
pavillon a été détruit par un
orage en 1889, et la trace de la
source a été définitivement perdue vers 1930. Les habitants
aimeraient la réhabiliter. «Si on
pouvait la retrouver, ce serait
retrouver la source, ce
serait une belle chose»
lourd au quotidien, on résume
ta personnalité à un mois de
télé-réalité.»
Comment un passionné de restauration et collectionneur
d’œuvres d’art s’est-il retrouvé
filmé en permanence lors d’une
émission de télé-réalité dans le
rôle d’un «escort boy»? «Je travaille par passion, pas pour l’argent», répond Julien Colas,
29 ans, Parisien et désormais
gérant lausannois des restaurants Les Tires o Flon et Chez
Mathilde. Avec son sourire charmeur, l’homme veut être convaincant.
Etudiant à Paris dans une
école spécialisée dans le commerce de l’art, on le retrouve
quelques années plus tard à
Hongkong à la tête de trois
galeries d’art contemporain chinois. «Ça marchait, mais j’ai eu
un souci de visa en 2007 et j’ai
dû rentrer en France» expliquet-il sans vouloir rentrer dans les
détails. Une de ses amies, direcVC3
Contrôle qualité
ODILE MEYLAN
Ancien candidat de l’émission
Secret Story, Julien Colas
est historien de l’art et dirige
actuellement deux restaurants
à Lausanne.
Julien Colas, à l’aise devant la photographe, pose dans le restaurant
qu’il a ouvert dernièrement dans le quartier du Flon.
trice de casting de l’émission de
télé-réalité Secret Story, estime
qu’il rentre bien dans le stéréotype du «gentleman cambrioleur cultivé». Julien Colas accepte. «Je n’ai pas vraiment réfléchi. Je me suis dit que ça
pourrait m’amuser cinq minu-
tes. Mais ça a pris des proportions complètement folles. Le
plus compliqué, c’est après
l’émission. Les gens sont dingues, ils ont l’impression que tu
leur appartiens.» Julien Colas
assume cette expérience, même
s’il ne la referait pas. «Ça pèse
Et si chacun pouvait découvrir,
d’un simple clic, le visage de
Saint-François, de Nyon, des
Diablerets, d’Oppens ou de
Cully il y a vingt, cinquante ou
cent ans? Parce que nous avons
tous au fond d’un tiroir un
vieux cliché ou une ancienne
carte postale, 24heures.ch
vous ouvre ses serveurs.
N’hésitez donc pas à nous
envoyer vos photos d’archives,
soit par email (24heures.
[email protected]), soit par
courrier (24 heures, Rubrique
Web, av. de la Gare 33,
1001 Lausanne).
«Si on pouvait
De la télé-réalité aux fourneaux lausannois
PORTRAIT
Vos archives
sur 24heures.ch!
effectivement une belle chose»,
plus insalubres de Lausanne. Les
souffle le municipal Olivier FranBains Haldimand ont été exploiçais. Qui exclut par contre de
tés jusqu’en décembre 1971,
faire ressortir le Flon, autre souavant d’être rasés en 1975. «Les
hait récurrent.
habitants aime«C’est irréalisaraient
claireble.
Aument un retour
jourd’hui,
il
des Bains dans le
n’est plus qu’un
quartier», confie
écoulement
Anouk Paltani
pour
eaux
Baumann.
OLIVIER FRANÇAIS,
usées.»
Les différenMUNICIPAL
Plusieurs
tes propositions
Lausannois s’en
des
habitants
souviennent encore, le quartier a
vont être soumises à la comlongtemps abrité les Bains Haldimune. Le plan directeur pourrait
mand, construits en 1893 à l’envoir le jour déjà au printemps
droit de l’actuelle place de jeux
2011. £
de la place du Nord. A l’époque,
le quartier, devenu industriel,
Toute la démarche participative
était considéré comme l’un des
sur: www.lausanne.ch/vallon
Arrivé dans le canton
de Vaud pour une femme
Après une année de télévision, où il sera présentateur et
journaliste, c’est pour une
femme qu’il débarque, en 2009,
à Lausanne. Fort de l’expérience
d’un restaurant gastronomique
qu’il a monté un an auparavant
à Paris, il devient créateur d’enseignes dans la capitale vaudoise. «Je crée un restaurant, je
le gère les premiers mois, puis
je passe à un autre», éclaire-t-il.
Ainsi sont nés les deux établissements, qu’il dirige encore, aux
Terreaux et au Flon. «Le service
est assez froid en Suisse. Je veux
vraiment amener une ambiance
décontractée. Mon rêve? Monter un restaurant gastronomique décomplexé sur territoire
helvétique.» Egalement enseignant d’histoire de l’art à Lausanne, Julien Colas a encore
d’autres projets sous le coude. Il
pourrait revenir ainsi à ses anciennes amours à l’étranger…
J. FO
Un resto pour les futurs
piétons du Grand-Pont
À L’ENQUÊTE
Dans l’optique d’un Grand-Pont
rendu aux piétons dans
quelques années, un projet
de restaurant sur deux niveaux
est soumis à l’enquête publique.
Le Grand-Pont 10 poursuit sa
mue. Dans les années 1980, à
l’enseigne du Las Vegas, c’est
toute une génération d’adolescents qui y engloutissait son argent de poche dans les premiers
jeux vidéo et autres flippers. En
2003, en plein boom de l’internet,
les lieux sont devenus le Shiva
Cyber-Bar. Dans l’optique d’un
Grand-Pont piétonnier, dans
quelques années, c’est un nouveau virage que prend le bâtiment: celui de la restauration. Le
projet est devisé à un peu plus de
1 million de francs.
Le nouvel établissement public
s’articulera sur deux niveaux. Au
rez-de-chaussée, qui donne directement sur le Grand-Pont, on
trouvera un restaurant traditionnel de soixante-sept places. Le
nom n’est pas encore défini. «Ce
MAEDER/ARCHIVES
des maux fort divers: fièvres, affections de la peau, des reins ou
de la vessie…
Le quartier était mondain, les
touristes l’appréciaient, si bien
La solderie du rez-de-chaussée
disparaîtra bientôt pour laisser la
place à un établissement public.
ne sera pas un énième fast-food,
mais un vrai restaurant», assure
Werner Wyss, le patron. Ce dernier prévoit une terrasse de vingtquatre places, sur le domaine
privé. Pour ce faire, l’actuelle façade sera reculée de quelques
mètres. A l’étage, un bar-lounge
de quarante-quatre places sera
aménagé, avec une petite zone
VIP. Son nom: le Vintage Café. La
clientèle visée, ce sont les 25 ans
et plus.
Si la mise à l’enquête publique
se déroule bien, l’ouverture du
restaurant et du Vintage Café
pourrait avoir lieu au printemps
2011.
L. A.

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