les origines de l`approche systemique

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les origines de l`approche systemique
Les origines de l'approche systémique
LES ORIGINES DE L’APPROCHE SYSTEMIQUE*
Bruno est un garçon de 10 ans qui éprouve des difficultés à
l’école : ses résultats sont catastrophiques, il double sa troisième année.
De plus, il est encoprésique et énurétique, ce qui pose beaucoup de
problèmes relationnels en classe. Il manque manifestement d’initiative et
réclame constamment l’aide de quelqu’un pour des tâches qu’un enfant
de son âge doit normalement pouvoir accomplir. Son langage est très
pauvre et il s’exprime avec beaucoup de difficultés. Le P.M.S. consulté
demande que Bruno soit examiné par un centre de santé mentale.
Un rendez-vous est pris et c’est avec sa grande soeur Jeanne qu’il
vient à la consultation du pédopsychiatre et de la psychologue.
L’examen médical ne révèle rien de particulier. L’examen
psychologique fait un inventaire de la personnalité de Bruno : QI, tests
projectifs, tests psychométriques, test d’agressivité, etc., on le situe aussi
sur une échelle piagétienne.
Les conclusions du rapport établissent qu’il s’agit d’un enfant
immature, mais non débile, souffrant manifestement d’une carence
affective. On évoque une personnalité dissociée (tantôt bébé, tantôt
enfant de son âge) avec un tonus psychomoteur déficient, et un retard
manifeste de langage.
Le traitement d’un tel problème pourrait, selon les centres, aller
d’une rééducation logopédique, à des séances de psychomotricité, en
passant par une psychothérapie de l’enfant, voire une demande d’entrée
dans une institution thérapeutique pour un court séjour. En ce qui
concerne Bruno, c’est une logopède qui le prend en charge.
A l’issue de la 3ème séance de rééducation, la logopède s’étonne
du fait que ce soit toujours la grande soeur qui se charge de conduire
Bruno au Centre. Elle va vers elle dans le but de faire plus ample
connaissance. Elle apprend qu’ils sont deux enfants, Bruno et sa soeur
Jeanne de 18 ans. A la naissance de Bruno, les parents, très occupés par
leur entreprise commerciale, attendent de Jeanne qu’elle se charge du
petit frère. Jeanne a 8 ans et elle reçoit Bruno comme un merveilleux
*
Il s'agit d'une série de conférences données à l'hôpital de la Citadelle à Liège en 1994.
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Cet article a été rédigé par le Professeur Etienne Dessoy dans un livre qui s’intitule
L’homme et son milieu. Vous pouvez vous procurer ce livre auprès du Service de
Psychologie Systémique(Secrétariat de Martine Stassart) B33 Bd du Rectorat 4000
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Les origines de l'approche systémique
cadeau, comme une vraie poupée vivante. Aussi, va-t-elle prendre sa
nouvelle charge très à coeur et plus le temps passe, plus Jeanne va
devenir la personne indispensable pour Bruno. La famille étendue (les
grands-parents, les oncles et les tantes), considère Jeanne comme le
modèle parfait de la jeune fille dévouée et on la montre en exemple. Estelle heureuse ? Elle ne se pose pas la question, toute sa vie est tournée
vers l’éducation de son petit frère : à 10 ans, il faut encore l’habiller, lui
lacer ses souliers, lui faire ses tartines et ses devoirs. Mais si l’école
n’avait pas signalé le problème au PMS, Jeanne n’aurait pas remarqué
que Bruno n’était pas comme les autres enfants de son âge. Elle termine
ses humanités mais n’a aucun projet d’avenir, elle n’a jamais eu un petit
ami et elle sort peu de la maison.
Cette discussion ouvre des perspectives à la logopède qui tout à
coup considère le problème de Bruno sous un nouveau jour. Au lieu de
voir un cortège de problèmes qu’elle devrait solutionner un à un, elle se
pose la question de savoir si les comportements de Bruno ne seraient pas
à mettre en relation avec les comportements de Jeanne. En d’autres
mots, la logopède estime que les comportements de Bruno ont peut-être
un sens par rapport aux comportements de sa soeur.
La logopède se dit : “Jeanne n’est pas la mère de Bruno”. Une mère
est constamment confrontée à la question du changement de son enfant
qui réclame par exemple plus de liberté. Les parents ont souvent une
longueur de retard, mais ils sont contraints de changer leur définition de
parents. On n’est pas le même parent d’un garçon de 10 ans que d’un
garçon de 25 ans.
Or, en ce qui concerne Jeanne, son mandat ou sa fonction est de
demeurer celle qui doit s’occuper constamment d’un petit Bruno car si
Bruno change et grandit comme les autres enfants, Jeanne perd la seule
fonction par laquelle tout le monde la reconnaît. Tout se passe alors
comme si le temps se figeait et que l’évolution naturelle de Bruno
comportait trop de risques. Voilà le raisonnement que se faisait la
logopède tout en parlant avec Jeanne.
Elle découvre un petit système bien rôdé qui tourne sur lui-même
depuis des années avec d’un côté les comportements de Bruno qui sont
repérés au DSM III R et de l’autre côté les comportements de Jeanne qui
relèvent plutôt de la normopathie. L’un est officiellement malade et
susceptible de soin, l’autre pas.
La logopède poursuit sa réflexion mais subitement elle craint que,
si elle améliore la situation de Bruno et qu’elle l’aide à grandir vraiment,
Jeanne risque de ne pas le supporter et de faire “quelque chose” elle-2–
Cet article a été rédigé par le Professeur Etienne Dessoy dans un livre qui s’intitule
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même pour rétablir l’ancien équilibre : par exemple tomber malade. A
moins, pense-t-elle, que ce soit le père ou la mère qui manifeste un
symptôme qui permettra à Jeanne d’investir à nouveau dans le domaine
de l’aide, ...à moins qu’il ne se passe rien, se dit-elle finalement.
Cette réflexion donna suffisamment de courage à la logopède pour
transformer son plan de rééducation en impliquant activement la grande
soeur dans le processus de changement. En cela, la logopède, sans peutêtre le savoir, devenait une systémicienne avertie parce qu’elle avait
compris que ce qui était surtout à soigner ce n’était ni Bruno ni Jeanne
mais la relation qui les unissait.
Voilà une première manière de mettre en perspective, d’un part,
une approche comportementale ou intrapsychique de Bruno dans
laquelle l’enfant est vu comme un cas dont les comportements sont
inexplicables et, d’autre part, une approche systémique du même
problème où les comportements de Bruno apparaissent congruents et
logiques avec le contexte qui le sollicite à demeurer un petit enfant s’il
veut garder l’amour de sa soeur. Que faire d’autre que ce qu’il fait
quand on a 10 ans et qu’il faut se montrer bébé ? Inversement, les
comportements de Bruno contraignent Jeanne à demeurer la grande
soeur attentive même si celle-ci ne veut plus de cette fonction; même si
elle s’engageait dans une psychothérapie personnelle, Jeanne
éprouverait beaucoup de difficultés à “lâcher” ce petit frère si démuni.
L’exemple met donc en évidence deux manières très différentes de
regarder la réalité :
- la première cherche la cause du problème et sa solution à l’intérieur de
Bruno; elle découpe l’enfant en secteur et chaque test révèle une partie
de sa réalité. C’est une manière classique de respecter la méthode
scientifique que de rechercher l’étiologie de la maladie, c’est-à-dire sa
cause en tant qu’origine du problème.
- la seconde manière de comprendre la réalité est de s’attacher à ce qui
fait lien entre les éléments du contexte de telle manière qu’apparaisse
un système ou une organisation. C’est alors chercher le modèle qui
donne sens au phénomène observé.
Il est piquant de constater que ces deux manières d’expliquer le
monde, la maladie et la science - soit par la cause première explicative
soit par le modèle qui réunit les éléments - sont aussi vieilles que les
premiers écrits des philosophes grecs. C’est aux origines de cette dualité
que nous allons à présent nous attacher.
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Cet article a été rédigé par le Professeur Etienne Dessoy dans un livre qui s’intitule
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Les origines de l'approche systémique
I. LES ORIGINES LOINTAINES1
Mon propos aujourd’hui nous plonge à l’aube de la pensée
européenne, à l’époque de la Grèce antique, pour y saisir les enjeux de
la pensée scientifique naissante. Il ne s’agira pas, à proprement parler,
des origines de l’approche systémique mais plutôt d’un éclairage
historique qui, par certains côtés, révèle déjà le débat contemporain
entre, d’une part, une pensée linéaire et causaliste qui analyse le réel en
ses composants à la recherche de l’élément explicatif, de la cause du
phénomène ou du problème et, d’autre part, une perspective systémique
ou organisationnelle qui établit des liens entre les éléments dans le but
de décrire le modèle qui donne sens au phénomène observé.
La théorie des quatre éléments.
Une des premières écoles de philosophie en occident est celle des
milésiens. Il s’agit principalement de centres de spiritualité qui
interrogent la destinée de l’homme en même temps que son rapport à
son environnement. Le maître de cette école est THALES DE MILET
(640-548). Il est à la recherche d’une explication du monde : “quel est,
se demande-t-il, l’élément explicatif du monde à partir duquel il est
possible de reconstruire le monde ?”. Pour lui, tous les phénomènes
physiques trouvent leur explication dans l’existence d’une substance
première qui est l’eau. L’eau dont il s’agit est une eau de vie, elle est la
source unique de la mouvance et de l’universelle fécondité.
Son disciple, ANAXIMANDRE, pense que le monde est davantage
déterminé dans sa structure et dans ses proportions. A l’origine de toute
chose Anaximandre suppose, pour le dire d’abord simplement, une sorte
de réservoir surabondant , l’Apeiron, où sont réunies toutes les qualités
contraires: le chaud et le froid, l’humide et le sec, le léger et le lourd,
etc. Il professe que toutes ces oppositions façonnent les choses visibles.
Exprimé autrement, la nature est, pour lui, le siège de couples
d’opposition; ainsi la terre est en équilibre au centre de l’univers parce
que des forces égales agissent sur elle selon toutes les directions de
1.
Nous nous sommes inspirés, pour ce chapitre, de Ph. Devaux (1950) et de J. Schotte (1982a et
1982b)
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Cet article a été rédigé par le Professeur Etienne Dessoy dans un livre qui s’intitule
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l’espace. Anaximandre postule qu’un dispositif règle l’égalité des
forces. Ce dispositif, d’essence radicalement différente des éléments du
couple qu’il contrôle, pourrait jouer le rôle que joue l’ordinateur dans le
cas des modèles actuels d’équilibration. L’énoncé de cette conception
montre l’intense dynamisme qu’Anaximandre imagine dans n’importe
quel système, même et surtout quand il paraît stable et équilibré.
ANAXIMENE, le dernier des milésiens, fit connaître la doctrine de
ses prédécesseurs, mais pour lui la substance fondamentale et première
n’est ni l’eau, ni l’Apeiron, mais l’air, car de l’air vient les autres
substances: l’air raréfié donne le feu, l’air condensé, l’eau, voire la terre.
HERACLITE est fidèle à la pensée des milésiens, il prône lui-même
la théorie physique d’une substance première, mais il en diffère par le
choix de la substance : pour lui, c’est le feu qui est la source de la
formation de l’univers.
Par ailleurs, Héraclite est convaincu que les choses sont instables et
en mouvement, “on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve”
dit-il. Ce mobilisme qui caractérise sa philosophie, il l’explique par le
caractère profondément antagoniste des éléments du monde. Il dit “la
guerre est mère de toute chose”, la lutte, l’opposition, la contradiction
règnent partout. Derrière ce jeu des contraires qui s’opposent
perpétuellement et des antagonismes les plus aigus (il est là le
mouvement), se cache une harmonie profonde et il interprète cette
harmonie secrète comme le principe unitaire de toute multiplicité et
comme le principe multiplicitaire de toute unité. On ne s’étonnera donc
pas que, pour Héraclite, rien n’ait de valeur en soi, que toutes les valeurs
soient relatives
Avec Héraclite, l’antagonisme des qualités, déjà entrevu dans
l’Apeiron, se précise. Il développe un idée dont la base est la
confrontation des différences, l’antagonisme, la lutte entre les éléments
dont il ressort l’unité des phénomènes visibles. L’harmonie visible soustend un mouvement perpétuel de lutte entre les aspects antagonistes des
éléments.
Aujourd’hui, beaucoup d’auteurs en systémique et dans le courant
auto-organisationnel citent Héraclite en exergue de leurs propres écrits
tant sa pensée connote celle d’aujourd’hui.
La recherche du modèle
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L’école de PYTHAGORE s’inscrit à la suite de ces auteurs qualifiés
de présocratiques. Comme les autres écoles de philosophie, il s’agit
essentiellement d’un centre de spiritualité qui étudiait aussi les
mathématiques car, pour Pythagore, les nombres sont la source de toute
chose. Cette école marque l’avènement décisif de l'arithmétique en
occident (le théorème dit “de Pythagore” avait été découvert mille ans
auparavant à Babylone) où l'articulation structurale s'exprime en
nombres, ceux-ci, et c’est une grande nouveauté, désignant
essentiellement des relations et des proportions .
En fait, toute l'histoire de la pensée européenne de ces deux
derniers millénaires a commencé avec le débat qui opposa les
pythagoriciens à leurs contradicteurs et qui s'exprime selon l'alternative
suivante: faut-il se demander de quoi sont faits la terre, le feu, l'eau et
l’air ou quel est le modèle qui les associe? Pythagore prit le parti
d'analyser le modèle et, bien que ce parti ait toujours été en position
d'infériorité, il poursuivit obstinément son chemin avec des relèves
successives: les gnostiques d'abord, les alchimistes ensuite, la médecine
homéopathique, etc.
Le choix du “modèle” comme constitutif de ce qui a une valeur a
suscité la recherche de la proportion parfaite, fondement de l’antique
Théorie de l'Harmonie. Cette théorie donne existence à une forme, à un
système ou à un pattern avant la lettre, dont le fameux nombre d’or est
un exemple de relation parfaite qui conduit à une expression
particulièrement esthétique.
Pythagore développe donc l’idée d’Héraclite et même celle
d’Anaximandre lorsqu’il cesse de considérer la substance en elle-même
(les nombres), pour considérer les relations qui les unissent.
Du côté de la médecine
ALCMEON DE CROTON est le chef de file d’une corporation
médicale fortement influencée par la tradition pythagoricienne.
EMPEDOCLE est une figure marquante de cette école parce que sa
théorie soutient que la matière primordiale éternelle dont toute chose est
constituée se compose, non pas d’un élément, mais des quatre éléments
ou “racines”: le feu, l’eau, l’air et la terre. Il s’agit de la première
expression d’une théorie quaternaire des éléments. Entre les éléments,
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Empédocle souligne qu’il n’existe aucune prérogative : “les quatre
éléments sont de même rang et de même dignité”.
En médecine, aux quatre éléments correspondent les quatre
humeurs cardinales dont vous avez entendu parler dans vos études: la
bile, l’atrabile, le flegme et le sang. La santé est définie par l'équilibre
des humeurs et la maladie par l'absence ou la prédominance de l'une
d'entre elles.
C’est à partir de ces idées que la médecine grecque, à laquelle le
nom d’HIPPOCRATE est attaché, fonde le modèle classique de la
maladie, en élaborant la première tentative scientifique de décrire une
dialectique entre la santé et la maladie. L’idée de base est l’harmonie
qui équilibre en permanence des forces plus ou moins instables qui
régulent la présence active des quatre humeurs. Corrélativement, ces
médecins développent l’idée de dysharmonie qui signifie une rupture
dans l’équilibre qui présidait à la santé de la personne et qui explique la
maladie. Il s’agit d’une conception complexe de la santé et de la maladie
que l’on ne retrouve plus nécessairement aujourd’hui en médecine où
l’on parle plus volontiers d’organes malades isolés de leur contexte.
Ainsi, la nosotaxie moderne ne met pas volontiers en relation l’ensemble
des éléments de la maladie, comme le fait l’homéopathie; elle décrit une
succession de maladies d’organes, alors que la médecine antique avait
déjà le souci de situer la souffrance et le dysfonctionnement dans un
contexte.
Comme la médecine d’aujourd’hui, la médecine antique est
intimement liée à la conception du monde de son époque, qui voit toutes
choses reliées entre elles, dans un cosmos où l’homme, en tant que
microcosme, participe à l’harmonie générale, jusqu’à incorporer les
forces cosmiques qui le traversent et qui le font participer aux macrocosmos qui englobe le tout. Dans cette conception, la maladie est une
rupture de l’équilibre toujours instable, une dysharmonie ou encore la
prédominance d’une force sur l’autre. On retrouve dans l’approche
systémique la même préoccupation de considérer un ensemble
d’éléments ou d’événements et d’en décrire les liaisons, les équilibres et,
le cas échéant, les ruptures d’équilibre qui provoquent la maladie d’un
membre du système en même temps qu’un dysfonctionnement de ce
système.
Deux idées-mères : Harmonia et Periechon
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Pour nous faire une idée plus concrète de la manière dont les
anciens pensaient, interrogeons certaines idées-mères qui ont forgé notre
civilisation et qui continuent à nous influencer. Ainsi l’idée d’harmonia.
Elle a d’abord un sens concret, matériel, en même temps qu’un sens plus
abstrait. Elle désigne tout autant les crochets qui attachent les planches
d’un bateau que l’idée générale d’harmoniser des événements ou des
concepts. Léo Spitzer, un philologue spécialiste de la sémantique
historique, commente le sens du mot “harmonia” à partir du terme
allemand de “Stimmung”. Cette idée est difficilement traduisible en
français, elle signifie pour un allemand le CONTACT qui unit la personne
avec son environnement; cette liaison se fait de telle manière qu’il
s’agit d’un seul et même phénomène: il n’y a pas d’un côté la personne
et de l’autre l’environnement, il n’y a pas un sujet et un objet, car le
contact qui se produit soude instantanément la personne avec
l’environnement qu’il s’agisse d’un paysage, ou d’une autre personne
(ex: s’abîmer dans la contemplation d’un coucher de soleil, la relation
amoureuse, être bien là, etc.). C’est en ce sens que l’on peut comprendre
la liaison, ou mieux, l’accord de l’homme avec son cosmos. Nous
sommes ici bien en deçà de l’opposition dualiste “objet-sujet” fondatrice
du positivisme et de la science.
L’idée de “periechon” exprime d’une autre façon la même
conception générale. Elle signifie “milieu” , “milieu ambiant”,
“ambiance”, “ce qui tient à l’entoure et qui donne une certaine tenue en
tenant”. C’est une abstraction chaude, en ce qu’elle signifie tenir à
l’entoure comme la terre entoure la mer. Le cosmos entoure tous les
vivants, et en cela le cosmos est lui-même vivant. Elle signifie aussi
“être au soin de, être dans la courbure de...” et cette activité réciproque
entre le macro- et le microcosme est dite de sympathie et elle ira jusqu’à
l’idée que se déploie autour de l’homme un véritable “milieu d’amour”
qui fait la connaissance même, celle dont Claudel dira qu’elle est une
co-naissance.
L’histoire de l’idée de Periechon
Le passage du terme “periechon” en latin pose le problème de la
traduction. La Rome Antique fractionne l'idée unique en plusieurs
parties, et le concept d'univers ne rend plus l'accent spécifique de celui
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de “cosmos” ou de “monde”, c'est-à-dire “l'embrassement qui comprend
tout”.
Le Moyen Age traduit “periechon” par “ambiens” (allant autour) et
si l'idée retrouve sa connotation chaude et enveloppante, “l'ardent éther”
de la cosmologie grecque ne s'y ressent plus.
La Renaissance est marquée par la révolution copernicienne. Avec
Copernic, l’homme perd la place centrale, il n’est plus le centre du
monde autour de qui tournent les planètes, le soleil et les étoiles. Le
soleil le détrône et le relègue avec la terre dans la banlieue du ciel. Le
monde héliocentrique de Copernic reste néanmoins encore centré
(autour du soleil) et solidement entouré d'une sphère extrême “se
contenant elle-même et toutes choses” écrit Lovejoy (cité par J.
Schotte, 1982, p. 651).
Alors que la Renaissance laisse souvent croire à un heureux retour
vers le passé antique, vers des certitudes établies, la littérature de
l’époque nous laisse penser que la conception du monde devient
tragique, il suffit pour s’en convaincre de citer Hamlet, Don Juan, Faust,
Don Quichotte, etc., et cet aspect tragique de la renaissance annonce une
crise majeure qui s’ouvre au XVIIème siècle.
terre
soleil
terre
hô
hô
les astres
L'homme et la terre
au centre du monde
(conception antique)
Conception
héliocentrique
de Copernic
C’est en effet au XVIIème siècle que la pensée scientifique apparaît
et elle supplantera durant quatre siècles la pensée antique. Durant ce
XVIIème siècle apparaît une nette coupure, un désaccord total au sein
d’un milieu devenu fonctionnel, tel un élément (ou un facteur) devenu le
moyen d'une fin. Il ne s'agit plus d'un équilibre d’éléments à la fois
contraires et complémentaires, ni d'un embrassement comprenant le tout.
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Avec I. Newton, Cl. Bernard, H. Taine et A. Comte, pour ne citer que
ceux-là, l'homme a perdu son milieu, qui est relayé par un univers
infini, froid et aux lois rigides. Le milieu est devenu un étranger, et de
surcroît une menace pour l'homme parce qu’il le détermine entièrement
de l'extérieur; pensons au milieu interne de Cl. Bernard qui doit
impérativement se protéger du milieu externe bien souvent hostile à
l’homme (par exemple se protéger des microbes). Nietzsche qualifiera
cette conception du rapport de l’homme avec le monde de “théorie de
névrosé”.
Pendant ces quatre siècles, le monde connut le plus formidable
développement de son histoire. Les découvertes scientifiques et leurs
applications n’ont cessé de doter les hommes de moyens matériels de
plus en plus extraordinaires, grâce aux applications de la méthode
scientifique issue du positivisme. Cette méthode a largement fait ses
preuves, du moins en ce qui concerne l’investigation des éléments
naturels. Mais en ce qui concerne l’homme, il en va tout autrement. Ces
quatre siècles marquent un arrêt, voire une régression dans la conception
que l’on se fait de l’homme et surtout de l’homme en relation avec son
environnement. L’étude de l’homme s’est développée de manière
inversement proportionnelle aux développements des sciences de la
nature et de leurs technologies.
C’est au XIXème siècle, et pour la première fois chez les frères
GONCOURT, que réapparaît l'idée selon laquelle l'homme “appartient à
son milieu comme un homme à sa demeure et que se recrée l'expression
“l'ambiance des milieux” dans le sens dont Heidegger dira que
“l'homme est au monde”” (J. Schotte, 1982), faisant de l’un et de l’autre
l'habitant et sa coquille, où se retrouve la chaude étreinte du periechon.
On voit donc réapparaître au XIXème siècle, quelques idées semblables
à celles des anciens.
A cette époque, la philosophie de SCHELLING influença la
médecine et la biologie; sa thèse soutient que le déséquilibre même est
source de productivité; l’instabilité est vue comme le moteur et le pivot
de la santé et de la maladie; grâce à la maladie, l’homme atteint à des
possibilités de lui-même qu’il n’aurait pas vues ou pas pu atteindre sans
la maladie (cette époque se plaît à lier la production artistique et le
tempérament mélancolique, ainsi que le génie et la folie). Freud luimême dit que “la névrose est un privilège humain” et V. von
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Weiszäcker énonce que “dans l’assomption de sa névrose, l’homme
s’élève au-dessus du normopathe”. Nietzsche employait l’expression :
“la santé est la capacité de soutenir un nombre le plus grand possible
de maladies”. Il s’agit en fait d’une conception romantique de l’homme
et de sa maladie qui marque une opposition à la rigidification scientiste
de l’époque. Ces idées n’eurent pas de grands prolongements; si nous
les reprenons, c’est pour souligner que ces philosophes, biologistes, et
médecins - que l’on peut qualifier de romantiques - renouent d’une
certaine façon avec les idées-mères du passé et que leur démarche
montre un souci systémique avant la lettre, lorsqu’ils relient les
phénomènes et recherchent des équilibres plutôt que d’isoler
uniquement la substance qui serait en cause, ou l’organe malade en luimême.
Il faut véritablement attendre le XXème siècle pour qu’apparaisse
progressivement l’idée d’organisation, c’est-à-dire de la liaison des
parties entre elles et avec le tout. Pour la première fois, une conception
scientifique renoue partiellement avec l’idée-mère de periechon. En
effet, en dénonçant la méthode classique qui isole les éléments les uns
des autres afin de les étudier séparément, elle postule au contraire que
l’étude scientifique d’un phénomène doit s’envisager par la recherche de
l’organisation de ses éléments constitutifs.
Le XXème siècle, là où notre courte rétrospective aboutit, s’est
nourri de la pensée hégélienne. Vous vous souvenez du principe : thèse antithèse - synthèse, où non seulement il y a mise en évidence des
contraires (cfr. Anaximandre) mais aussi proposition d’une synthèse
possible entre des éléments opposés (Héraclite en évoquait déjà l’idée).
Je voudrais citer ici KORZYBSKY dont la pensée s’inscrit au départ
d'une critique radicale de la logique d'Aristote (logique formelle),
critique déjà formulée par B. RUSSELL dans sa
“logique
mathématique”. Korzybsky propose une représentation de l'humanité qui
considère l'homme en tant qu'“organisme-comme-un-tout-dans-unenvironnement” et il envisage les conditions psychologiques et même
physiologiques d'une logique non-aristotélicienne dont les
développements s'attachent à la réforme de multiples sciences.
La même opposition au scientisme s'observe chez F. BRENTANO,
précurseur de la phénoménologie contemporaine.
D’autres grands courants de pensée, organisationnels avant la
lettre, se sont développés à partir, par exemple, de F. DE SAUSSURE, de
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Les origines de l'approche systémique
J. PIAGET, dont l'épistémologie et la théorie de l'apprentissage sont
moins structuralistes qu'organisationnelles au sens fort du terme et de
FREUD, dont certaines reformulations contemporaines mettent en
évidence une pensée de type processif qui apparaît entre autres choses à
propos du concept de pathogenèse opposable à celui d'étiologie (J.
Schotte, Kinable, Lekeuche).
Enfin, pour nous arrêter, citons déjà la pensée “écologique” de
G. BATESON qui fonde malgré lui la thérapie familiale systémique, en
n'oubliant ni WHITEHEAD, ni EINSTEIN (plus médiéval que Newton), ni
les autres scientifiques qui depuis l'aube du siècle ont repensé autrement
les fondements de leurs sciences. Cet énorme brassage d'idées baigne,
tout en la créant, la pensée contemporaine à laquelle se nourrit le
courant qui se nomme lui-même auto-organisationnel. (E. Morin en a
vulgarisé les idées dans “La méthode”).
Histoire de l’idée de communication
La sémantique historique nous éclaire sur l’évolution des mots et
des idées non pour orner notre esprit ou briller dans les salons mais bien
plus pour permettre de nous situer concrètement dans le monde
d’aujourd’hui par rapport à notre héritage culturel. En guise de
conclusion, je voudrais évoquer l’évolution d’un autre mot qui nous
suivra tout au long du cours, celui de “communication”. (Y. Winkin: “la
nouvelle communication”).
En latin, le verbe “communicare” signifie partager, mettre en
commun; il signifie aussi l’union des corps.
Au X-XIIème siècle, le sens est fort proche de communier et
communion. Le substantif “communier” signifie “propriétaire en
commun”, participant à une milice (les communiers flamands).
Du XIVème siècle, et jusqu’au XVIème, les termes communiquer
et communication sont utilisés en langue française.
Au XVIème siècle apparaît le sens de “faire partage d’une
nouvelle”.
Au début du XVIIème siècle, communiquer signifie également
“transmettre”, par exemple, une maladie.
Au XVIIIème siècle, les usages signifiant “partager” passent au
second plan pour faire place aux usages centrés autours de
“transmettre”, de passer de A à B (train, télégraphe, média). On constate
que du cercle où un est en tout, on passe au segment, à la transmission
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Cet article a été rédigé par le Professeur Etienne Dessoy dans un livre qui s’intitule
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Les origines de l'approche systémique
objective d’information.
Aujourd’hui, c’est le sens de transmission qui prévaut dans le
langage commun, ce qui représente une rupture totale avec le passé. On
retrouve à propos de ce mot, l’essentiel de ce que nous avons dit de
l’évolution du periechon. “Communiquer” se lie dorénavant à une
théorie de la communication et à la cybernétique.
Nous montrerons qu’en réincorporant à la théorie des systèmes des
idées comme celles d’ambiance, de contact et d’humeur, nous
renouerons avec le sens primaire de “communicare” signifiant “éprouver
une communion”.
Les sciences humaines ont également suivi le mouvement engendré
par la perspective positiviste, et plutôt que de demeurer une partie de la
philosophie, elles se dotèrent d’un statut scientifique. Ceci explique la
naissance des Ecoles, puis des Instituts, enfin des Facultés de
psychologie au sein des universités. Les premiers laboratoires de
psychologie expérimentale (Wundt, Fechner, Michotte) soulignent que
chaque université réfère l’étude de l’homme à un modèle scientifique
élaboré par d’autres sciences: certaines universités ont choisi comme
point d’ancrage la biologie et la physiologie, d’autres la physique. En ce
qui concerne la perspective systémique, nous verrons qu’elle n’échappe
pas à cette extrapolation, puisque l’étude des communications humaines
s’appuie d’abord sur les découvertes de la cybernétique.
Nous tenterons cependant de cerner davantage la problématique
spécifique de l’homme en société en nous initiant d’abord aux travaux
des pionniers, puis en montrant en quoi cette approche classique est trop
apparentée à une perspective qui n’a pas grand chose à voir avec la
nature humaine et nous tenterons de nourrir la pragmatique de la
communication et le courant auto-organisationnel en réinsérant dans
leur discours deux événements qu’ils occultent: d’une part, les
phénomènes d’ambiance et d’humeur, d’autre part les phénomènes de
culture, en montrant comment ils influencent profondément le registre
des communications. Cette manière de reconsidérer les systèmes et les
organisations humaines, nous remettra en conjonction avec les idéesmères de periechon et harmonia, non plus cependant un periechon
retrouvé tel qu’il était il y a plus de vingt siècles, mais une idée enrichie
par des apports scientifiques qui n’annulent plus, comme cela se fit à
partir du XVIIème siècle, la liaison essentielle de l’homme avec son
environnement, tel que chacun d’entre nous l’éprouve profondément au
quotidien.
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Les origines de l'approche systémique
Cette brève introduction historique a montré que la jeune
systémique dont on parle tant aujourd’hui n’est pas une nouvelle poudre
à lessiver ou un nouveau produit à consommer mais plutôt une manière
de penser le monde et le réel qui s’inscrit résolument dans notre héritage
culturel.
Nous avons développé notre point de vue à partir de la naissance
de la philosophie grecque. Nous aurions pu le faire souvent avec plus de
bonheur si nous avions envisagé d’autres civilisations, par exemple la
philosophie chinoise ou la philosophie africaine qui n’a jamais cessé de
considérer l’homme et la vie d’un point de vue communautaire.
II. LES ORIGINES CONTEMPORAINES
Gregory Bateson
Son grand-père, d’origine irlandaise, fait ses études à Cambridge,
bastion conservateur, où il a une réputation de réformiste. Sa femme est
d’ailleurs une des première suffragettes anglaises.
Leur fils, William, est zoologiste, il enseigne à Cambridge. Nous
sommes à la fin du XIXème siècle et les idées de Darwin (“L’origine des
espèces” date de 1859) perturbent beaucoup d’esprits en remettant en
cause l’histoire chrétienne, certains dogmes et surtout le livre de “La
genèse”. William n’est pas chrétien, c’est un humaniste qui s’oppose à
Newton dont il juge les idées trop simplistes..
William a trois fils, John, Martin et Grégory (le prénom du moine
Mendel, généticien que William admirait beaucoup):
- John suit les traces de son père et devient biologiste mais il meurt à la
guerre en 1918;
- Martin est un artiste, ses parents l’encouragent dans cette voie mais
suite, semble-t-il, à un chagrin d’amour, il se suicide au jour et à l’heure
de la mort de son frère John;
- reste le petit Grégory, qui n’est guère investi par sa famille. Déjà
enfant, il s’intéresse à la biologie: à l’école primaire, il pratique des
observations de plantes et d’animaux. Il devient donc biologiste, mais il
est réfractaire à la manière dont cette science est enseignée à
l’université.
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Les origines de l'approche systémique
L’histoire raconte l’anecdote suivante: un jour, un armateur invita
Grégory à faire une croisière dans les Caraïbes pour que le jeune
biologiste nomme le nom des poissons que le milliardaire pêcherait. Il
accepta et ce fut ainsi qu’il prit contact pour la première fois avec des
populations exotiques et qu’il aurait décidé d’orienter sa carrière vers
l’anthropologie naissante.
L’anthropologie à cette époque
C’est aux alentours des années 1930 que Bateson et sa femme, Margaret
Mead, se rendent en Nouvelle Guinée, précisément à Bali où Bateson
étudie les populations et les rites qu’elles mettent en action.
Il étude la “cérémonie du Naven”, rite auquel il consacre son premier
ouvrage qu’il publie en 1936. Ce livre n’eut, à l’époque, aucun succès;
pourtant il y propose une nouvelle manière de penser et de pratiquer
l’anthropologie.
A cette époque, on distingue deux grandes écoles en anthropologie:
- l’école française, avec Durkheim comme chef de file. Celui-ci confère
à la société “le pouvoir transcendantal d'organiser, de l'extérieur, nos
pensées les plus durables, les plus sacrées et dénie au seul individu
toute capacité de dépasser par lui-même le seuil des représentations
sensibles”. (A. Bensa, 1988, p.154). Cette conception fait de la personne
un élément dernier et même une composante résiduelle vu l'instabilité et
la fragilité des sensations, des perceptions, etc. En fait, Durkheim
conçoit la personne comme une simple partie de la totalité sociale.
- l’école américaine (anthropologie culturelle) dont les représentants les
plus importants sont Malinowski, R. Bénédict, M. Mead, et R. Linton. A
l'opposé de Durkheim, l'anthropologie culturelle américaine situe la
personne, ses besoins d'ordre affectif, ses capacités et ses aptitudes
cognitives à la base de tous les phénomènes sociaux et culturels. Pour
eux, la personne occupe une place centrale, au point que Linton fonde
l'étude de la culture sur une théorie des besoins biologiques et
psychiques des individus (R. Linton, 1965, p.11). A partir de cette place
privilégiée de la personne, les auteurs définissent la culture comme
l'ensemble des relations entre les personnes.
Bateson critique la position des deux écoles d'anthropologie, il
refuse la dichotomie stérilisante qui oppose individu et société comme
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Les origines de l'approche systémique
deux entités autonomes. D'une part, il refuse une psychologie des
besoins qui met entre parenthèses le caractère culturel et appris des
sentiments ou des idées des gens. D'autre part, il refuse tout autant
l'attitude qui consiste à porter uniquement son attention sur les
structures sociales car elles ne montrent pas la manière dont
l'organisation sociale impose un système de valeurs aux personnes.
En réalité, Bateson s'attache à une saisie multidimensionnelle et
globale des conduites qui jette les bases de la systémique moderne. Sa
méthode est la suivante:
1° il propose que l'ethnographe décrive d'abord, en dehors de toute
psychologie, des fragments de CONDUITES coutumières entre les
personnes. Il s'attache aux conduites les plus visibles: les attitudes
corporelles, les expressions verbales, et les comportements
ritualisés, ainsi qu'aux émotions et aux sentiments qui leur sont
associés;
2° il propose ensuite de dégager les relations qui unissent ces fragments
dans un schème logique. Il est attentif aux contextes sociaux, aux
normes, règles et lois, aux contextes affectifs et aux ambiances dans
lesquelles se développent les situations (l’ETHOS et l’EIDOS de la
société étudiée). La grande nouveauté consiste à comprendre que les
comportements sont avant tout signifiants dans l'INTERACTION, (et
non plus en eux-mêmes) “Le caractère balinais, une analyse
photographique” (25.000 photos et 7 km de pélicules à trier);
3° c'est à partir de ces matériaux qu’il se fait une idée de la structure
culturelle à partir d’une théorie des systèmes.
Il rompt ainsi avec l'idée que le sujet puisse être un “en-soi”. Selon
lui, la personne doit être pensée comme un système de relations, des
plus immédiates aux plus larges et cette manière de pratiquer
l’anthropologie, il la décrit tout au long de la “Cérémonie du Naven”
(1936).
Dans ce cadre, l'intégration des mouvements les plus variés, comme
les attitudes standardisées, sont assurées par un petit nombre de schèmes
corporels, verbaux, esthétiques, etc., caractéristiques de la culture
étudiée et garants d'une bonne communication entre les personnes qui
s'en reconnaissent membres: “(..) lenteur ou rapidité des gestes,
direction du regard, accent et tournure de phrase, oppositions
privilégiées de teintes, hiérarchies des odeurs et des goûts, etc. Ces
indicibles classements définissent le style, ou la 'sensation de culture',
que Bateson, dès son premier travail de terrain, a voulu théoriser avec
la notion d'ethos (dont P.Bourdieu, reprend l’idée sous les termes
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Les origines de l'approche systémique
d'hexis et plus largement d'habitus). En résumé, l'approche batesonienne
des usages sociaux du corps chez les Iatmuls ou les Balinais, loin de
réduire la personne à n'être que l'exécutant obéissant de l'ordre social,
fait d’elle un acteur riche d'expressions affectives et intellectuelles.
En même temps que Bateson s’attache à nous montrer comment les
comportements sont avant tout signifiants dans l’interaction, il étudie les
modalités de ces interactions qu’il appelle schismogenèse
complémentaire et schismogenèse symétrique. En fait, Bateson conçoit
l'équilibre d'un système social à partir des processus symétrique et
complémentaire: c'est, dit-il, la rencontre de ces processus opposés qui
établit l'équilibre d’une communauté.
Mais la rééquilibration du système par l'adjonction d'un mode
complémentaire dans un mode symétrique et inversement est un
phénomène observable que Bateson ne peut pas encore expliquer au
moment du “Naven”. Il dut attendre les développements de la
cybernétique pour formaliser l'idée que les deux processus ne peuvent
s'équilibrer qu'à la condition de voir s’établir entre eux une relation
fonctionnelle circulaire. C'est avec cette question sans réponse qu’il
quitte la Nouvelle Guinée. Il se rend aux USA en 1939 pour mettre au
point son second livre : “Le caractère balinais”.
Dans les années 1942, une fondation américaine réunit des
chercheurs dont on dira plus tard qu’ils ont fondé la cybernétique. Ces
réunions sont connues sous le nom de “conférences MACY”; Norbert
Wiener (mathématicien, professeur au MIT), Mc. Culloch, Shannon
(théorie de l’information Bell Tel) forment le noyau de base. Sont
invités également des sociologues, des neurologues, des psychologues
(notamment Kurt Lewin et Skinner) et des anthropologues. C’est à ce
titre que Bateson et surtout Margaret Mead, mieux connue du public
scientifique, sont invités à prendre part à ces cycles de conférence et à
s’initier à la cybernétique, entre autres au fameux concept de rétroaction
(feed-back), qui fournit à Bateson l’explication de son processus
schismogénétique.
A l’écoute de ces idées nouvelles, Bateson dut reconsidérer la
question de la téléologie ou de la finalité d’un processus et sortir l'idée
de sa conception mystique qui philosophiquement était étroitement
reliée au problème de la nature transcendantale des formes et des
modèles. La cybernétique permit à Bateson de concevoir que la fin d'un
processus peut être considérée comme un “projet” et que celui-ci peut
être invoqué comme explication du processus qui l'a précédé: “[L]'étude
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Les origines de l'approche systémique
formelle du phénomène de rétroaction (feed-back) a tout de suite
changé tout cela: dans ses termes, nous aurions affaire à des modèles
mécaniques de circuits causaux qui tendent à atteindre (si les
paramètres du système sont appropriés) des positions d'équilibre ou des
états stables. Mon livre "La Cérémonie du Naven" a été écrit en
observant rigoureusement le tabou de l'explication téléologique: la fin
ne peut jamais être invoquée comme explication du processus. ”
(G.Bateson, 1977, p. 173).
A la chaîne causale classique :
Symétrie
Complémentarité
Symétrie
Complémentarité
etc.
Bateson propose la boucle rétroactive:
Symétrie
Complémentarité
La cybernétique
Deux ouvrages ponctuent l’entrée de la communication dans le
monde scientifique: celui de Norbert Wiener “Cybernetics” sous-titre:
“le contrôle et la communication chez l’animal et dans la machine”
(1948) et celui que son élève, Claude Shannon, publie un an plus tard,
“The mathematical theory of communication”
Le mot cybernétique renvoie à l’idée de gouverne, gouvernement,
gouvernail. Dans son principe, la cybernétique est la théorie de la
commande (pilotage et contrôle) des systèmes dont l’organisation
comporte de la communication. Dans cette perspective, l’information
communiquée devient programme: elle constitue des “instructions” ou
“ordres” qui enclenchent, inhibent ou coordonnent les opérations.
Dès le début de la cybernétique (le couplage d’un ordinateur et
d’un radar pour commander la course d’un engin antiaérien), le
problème de la commande est posé en terme intra-machinaux. Une
commande automatique se détermine dans les ordinateurs, machines
spécifiques traitant l’information. A chaque fois, des informations sur
l’action en cours nourrissent en retour (par feed-back) le système, et lui
permettent d’atteindre son but.
L’ordinateur se développe donc en devenant capable d’élaborer des
stratégies adaptées à des circonstances variables, de contrôler
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Les origines de l'approche systémique
l’application de programmes, de prendre des décisions en fonction de
situations problématiques, de percevoir et même d’apprendre.
Alors que les moteurs se sont développés en développant de la
puissance énergétique, les ordinateurs se développent en développant de
la compétence organisationnelle.
Ce modèle de la machine cybernétique s’est appliqué avec le succès
que l’on sait à l’être vivant. On a considéré l’homme comme une
machine contrôlée et gouvernée par un “programme” inscrit dans
l’ADN, le dispositif des gènes dans le noyau des cellules, l’appareil
neuro-cérébral pouvant désormais être considéré comme des ordinateurs
traitant de l’information. En fait, la biologie moléculaire avait trouvé
dans la cybernétique l’armature générale où intégrer ses opérations
biochimiques, et la cybernétique avait trouvé dans la biologie
moléculaire la preuve vivante de sa validité organisationnelle.
La théorie générale des systèmes.
Parallèlement aux travaux de Wiener, un groupe de chercheurs
animé par le biologiste autrichien-canadien LUDWIG VON
BERTALANFFY, tente d’élaborer une “théorie générale des systèmes”
(1968 en anglais). Il constate que beaucoup de disciplines réfléchissent
en terme de système d’éléments plutôt qu’en terme d’éléments isolés
(système solaire, systèmes sociaux, systèmes écologiques, etc.) et il
cherche à énoncer des principes généraux applicables à tout système,
sans se préoccuper s’ils sont de nature physique, biologique, ou
sociologique. Un système est défini comme un complexe d’éléments en
interaction, ces interactions étant de nature non aléatoire.
“Théorie générale des systèmes” et “cybernétique” vont
progressivement s’interpréter l’une l’autre pour engendrer ce qu’on
appelle aujourd’hui la “systémique” (cfr. J. de Rosnay: Le macroscope)
Ces travaux eurent un énorme retentissement dès le début des
années 1950, lorsque ces idées s’appliquèrent aux robots. Mais cet excès
d’imagination anthropomorphique et ces analogies entre l’homme et la
machine éclipsèrent quelque peu la cybernétique du champ social; celleci se cantonna alors dans le domaine de l’ingénieur où elle atteindra sa
maturité dans la sérénité.
Néanmoins deux grands domaines de la recherche en science
humaine profitèrent de ce champ d’investigation ouvert par Wiener et
von Bertalanffy: le behaviorisme dont vous connaissez les applications
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Les origines de l'approche systémique
au conditionnement opérant (Skinner) et l’approche systémique qui se
développa à partir des travaux de Grégory Bateson.
Finalement, la cybernétique apporte un certain nombre de concepts
enrichissants:
1° A l’idée classique d’interaction, elle apporte celle de rétroaction (ou
feed-back)
2° Elle enrichit l’idée de processus par celle de boucle.
3° L’idée de stabilité est mieux comprise par celle de régulation.
4° A la causalité, elle préfère celle de finalité (non plus une finalité
externe transcendante (Dieu ou le Hasard) mais une finalité interne au
processus qui émerge de l’organisation en question).
Tous ces concepts sont désormais indispensables pour concevoir
les phénomènes physiques, biologiques et anthropo-sociaux. Le plus
important est d’avoir lié tous ces termes de façon organisationnelle et
d’avoir ainsi donné naissance à la première science générale ayant pour
objet l’organisation.
Plus récemment, von Foerster (d’origine autrichienne, vivant aux
U.S.A.) a inventé ce qu’on appelle la seconde cybernétique ou la
seconde thermodynamique en mettant en évidence le phénomène d’autoréférence, c’est-à-dire la participation active de l’observateur dans ce
qu’il observe, au point qu’on peut considérer qu’ils ne forment qu’un
seul système (on retrouve ici l’enveloppement des idées du periechon et
d’harmonia). Depuis la naissance du positivisme (XVIIème), il était
pourtant interdit de penser ainsi. Le principe même de l’objectivité
devait être respecté: il consistait en une séparation radicale entre
l’observateur et son sujet d’étude. Ce principe a de grandes répercutions
notamment en psychothérapie.
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Les origines de l'approche systémique
Bateson et la psychiatrie, le début de Palo Alto, petite ville
Californienne
Les conférences Macy soulèvent un enthousiasme exceptionnel
chez tous les participants qui diront plus tard que chacun d’entre eux
avait le sentiment de participer à un événement historique : la création
d’un nouveau cadre de référence conceptuel pour l’investigation
scientifique des sciences de la vie.
Ils assistaient à la naissance de la cybernétique et à l’ébauche de ses
développements, notamment en science humaine, puisque la systémique
s’inscrit en droite ligne dans la foulée de cette nouvelle science.
Bateson ne retourna pas à Bali; ses travaux et sa participation aux
conférences Macy, qui reprennent après la guerre, le firent inviter
curieusement par des psychiatres. Le premier fut Ruesch, responsable
d’un hôpital psychiatrique pour les vétérans de la guerre, où Bateson va
entamer ses recherches sur la schizophrénie du point de vue de la
communication. Progressivement d’autres chercheurs viendront grossir
le groupe: Jackson, Haley, Fisch, Watzlawick, Weikland, Beavin,
V. Satir et bien d’autres.
En 1956, il publie “Vers une théorie de la schizophrénie”, où il
invente l’idée de double lien.
L’anthropologue G. Bateson est un chercheur qui tente de formuler
une théorie générale de la communication en s’appuyant sur des données
aussi disparates que des dialogues entre ventriloques et leurs poupées,
des observations de loutres au jeu ou des études du comportement des
schizophrènes, sans oublier ses études sur la communication des
dauphins, des poulpes ou même des araignées.
La création d’une école.
Ray Birdwhistell et Edward Hall, deux anthropologues en relation
avec Bateson, cherchent à étendre le domaine traditionnel de la
communication en y introduisant la gestualité (kinésique) et l’espace
interpersonnel (proxémique)
Erving Goffman, un sociologue, est fasciné par la façon dont les
faux pas, les coulisses ou les asiles révèlent, telles des déchirures, la
trame du tissu social.
Progressivement, ils forment un groupe homogène auquel se
joignent Don Jackson, Beavin et le philosophe-psychologue
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Les origines de l'approche systémique
Paul Watzlawick. Ces personnes ne forment pas une école, il se voient
rarement, mais communiquent par texte et téléphone, c’est pourquoi
Y. Winkin parle d’eux en terme de “collège invisible”.
Malgré lui Bateson fit école. Celle-ci porte le nom de la ville où il
étudia la communication chez le schizophrène, Palo Alto; cette ville de
Californie fut un temps la Mecque des systémiciens, et Paul Watzlawick
fut le chantre des idées qui s’y développèrent.
Qui était intéressé par la pensée un peu biscornue de Bateson?
Quelques psychiatres. C’est donc le souci de mieux s’y retrouver en
psychiatrie et particulièrement dans le domaine de la schizophrénie qui
poussa ces chercheurs, dès 1956, à écrire un article qui eut un
retentissement extraordinaire : “Vers une théorie de la schizophrénie” .
En fait, ces auteurs venaient d’inventer le concept de double lien. Il
s’intéressaient essentiellement aux communications humaines et aux
effets qu’elles produisaient sur le psychisme humain, ils venaient de
créer ce que depuis on appelle la pragmatique de la communication.
P. WATZLAWICK eut la bonne idée de nous présenter une
remarquable synthèse des idées de Bateson et de ses collaborateurs dans
le livre devenu un must: “une logique de la communication”.
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