La Colonie belge du Rio Nunez et l`Expédition franco

Transcription

La Colonie belge du Rio Nunez et l`Expédition franco
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BULLETIN D'£TU"i)ES' &D'INF'ORMATIONS
DE L'ECOLE 'SUPERIEURE DE COMMERCE St. 'IGNACE.
Parai~stlnt tous lea mois. _
1300 pag~s par an.
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Prix de l'abonnerrtent: 50 francs..
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son recueil.
Ont deja paru :
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,L'organisation actuelle des lign,es
regulieres de navigation aerienne. 32petges ,',
NELIS. _
II. F. VAN GELDER. -
Ee" en ander over clio
DuitsdleCommunistische Partij. 20 pages--~.
13. H. DRIlVE~S. - Le port cle Liverpool. 32'~:
IS. F'vAN GELDER. - Une nouvelle cloctrine oconomique. L't:conomie franche. 48 pages
16 J. CROKAEtn. - Ala gJoire cle la Compagnie
cl'Oslencle. 36 pages.
17. A. GtEBENS, S. J. - Les chemins cle fer en Es·
pagne et la nouvelle legislation ferroviaire.84p.
lB. J. VAN ~,IEN t'EN. - Aet oorlogsche en na·
?orJogsch<: Financiewezen. 116 pages .
19. A. LOUCHE. - La Conttihution fonciere ac-
tuelIe. 36 pages
20. Y. DE LA BHI£RE. -
CHARLES,
S.
J. -
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D'ETUDES & D'INFO
e l'Ecole Suporieure de Commerce St. Ignace.
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Ch. Maroy.
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La Colonie. beIge du Rio Nunez et
"l'Expedition franco-beIge de Bake
en 1849.
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L'ovolution clu Droit cles
Gens au sajet du Passage des armees belli.
gerantes is. travers les territoires neutres. 56 p.
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Le Bulletin d'Eltldes el d'!lljormations fa'it parailre en
fascicuies detaches les principales etudes publiees dalls
5. A. MULl.ER" S, J.'~ Le nouveau Tarif douanier
beige, 54 p.,
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La Question cles Noir.
et Ie Cathoiicisme. 32 pi:1ges .
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SECRt:TARlAT DE I.'ASSOCIATION DES L1CENCIE:s
DE ST. IGNACE
. 37, Courte Rue Neuve, ANVERS.
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LA COLONIE BELGE DU RIO NUNEZ
ET L'EXPEDITION FRANCO.BELGE DE BOKE
EN 1849.
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Le fondateuT de nobr.e dynastie avait epouse. en
premie~es noces. la princesse heriti ere Char10tte de
Galles -et avait bien escompte devenir. en depi-t de la
constitution anglaise, rnieux que -simple prince consort.
Ie jour ou sa f,emme aurait ete appe1e.e au trone. La
princesse etait o'aineurs si nettement decidee ace qu'il
en flit ainm, qu'dle se pla:sait a Il'epetell' : (( J:I sera roi
ou j,e ne lTegneral jama;s. » Leopold s'etait done prepare
son role.' II avait splkia1em-ent etudie les problcmes
coloniaux .i importants pour rAng]ete",e (I) et il etait
dev-enu d.e la lsmte partisan conv,aincu
.1a colonisation.
Ayant perou sa remme avant que 1a succession au
tron-e fUt -ouvert-e, il accepta, dans 1a suit-e, 1a COl!a'onne
de Beljlique et, au COUTS de son regne, il saisit, plus
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ce
(1) Corote Corti et Baron Buffin: c Leopold l(>r~ oracle polilique de
l'Europe. _
-4d'une fois, roccasion d'affirmer ses idees expansionn:'Stes ret meme de les mettlre en pratique.
11 IeCtuta, ces fins, des auxiliaires au sein de notre
marine militaire et il trouva 180 des hommes habitues auX
voyages lointains,' possedant une formation excellente
et un C2Jractere fo~tement trempe.
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L'arme a laquelle ils appartenaient avait eie oreee
a
dans les circonstancas que void.
Apres que la Belgique eut conquis son independance,
un.e armoo hollandaise avait reussi a se mainte-nil dans
la citadelle d' Anvers. Cette a,rmee garJait Ie contact
av.ec h. mere-patrie, grace a la flotte echelonnee d'An-vers a Flessingue. Cette fIotte constituait une force
redoutable. non seulement parrce qu'eHe ravitaillait la
garnison de la citadelle, ma1S paree qu'eHe prenait part
aux operations, en bombard-ant Anver~·et pa!I"OC qu'elle
empechait nos navir,es marchandts de quiuer Ie port ou
d'yentrer,
Notr.e gouvetrnement avalt juge indispensable, dans
c,es conditions, de creer une marrine militaire.
Des I,e 24 fevrier 1831, il avait decrete la construction
de deux brigantins. Ces petites unites, d'une longueur
c.e 25 metres .et d'une largeur de six metres, avaient
ete arme.es de deux caJronades de 36 et de quatre canons
de 24. Elles avaient re~u des noms empruntes aUX eiiI"~
constances : Les Quatre Journees et Le Congres.
Quelques mois plus tard, Ie Regent Baron Surlet de
Chockier avait signe un arrete decretant 1a construction
de quatre canonnierr.es greees en goelettes. On avait
arme celles-ci de pieoes d' artillell"ie dont certaines
avaient ete conquises par la compagnie des chasseUll"s
francs de Bruges sur la, canonniere hollandaise NQ 41,
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I celle~ci s' avan~ait ,par Ie Z wijn, ' pour aetTuire
nClS ec uses du Hazegtras
~Plres ,que les ,Fran,ais eur,ent ar'racM aux Hollandf alSd ad cltadelle
d Anverr
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scaut sept canonnieres a un mat que leurs
eqUIpages avaient coulees p'Iutet aue d !
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·es atlm'ents 'avai'ent e'te' remIts
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armes c! acun de cina• pl'e'ce-;:; d' aT}t'llrelne
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tu:ree ,p~'r les Fran~ais. alors qu'e11e t,entait de s'echap~
ger, etaj,t venue accrort,r·e encor·e notre flottiHe
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.Dans .la suite • no t re gouvernement avait decide
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em arques sur des navires man-chands.
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' , , ' d'une goo"Ie t te
; onne~ux. construite
Bruges. Elle avait
nomrnee Lomse~ft.,1arie en rhonn-ur d ·e notre eouve~
ram,e, et on 1 avait z'Tme,e d.e 10 caronades d 12
venant de canannie res oesaffecte.es.
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b' Cette un:·te et.ait (( opeu impos"'ntc.
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·.. . 0 · . e a1 aUSSl renue. a; Ivers,\:1s Y·epriscs, a la petite colonie beIge de
Santo-Thomas d·e Guatemala.
En } 843, on avail vendu Ie brigantin les Quatre
]ournees et d.eux chaloup>e's~canonnieQ"es et
fait c ons bUlre,
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a'l' a:'d e d es fonds ainsi '1'ecueiHis,'
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Duc de Brabant, solid e et lin voilier." On avait arme
cette unite de 20 ~Tonaa.es~·de,~_?6. on avait mis a son
bor<;l un equipag.e de 130 hommes, eta.t-m~jo:. co~pris:
et ce vaillant pio.nnier de notr-e expanlSlon etalt aIle, lUI
aussi monbrer au loin le pavi-llon beIge.
No~ cffic-iers de marine accomplilrent plus d.'une fois,
bord de 1a gOfHette et dU brig, des explorations scien• d' outre~er.
tifiques et commerciales dans les contrees
Ce furent eux qui dote,rent la Belgique de ses premleTS
etabl:'ss,ements coloniaux. Ils assurerent leurs commu"
nic~ticns avec 1a mh-e..patrie et les assister·ent d.e tautes
a
les manieres.
lls donne,.ent a nos diplomates et a nos consuls un
prestige inconnu jusqu'aloIs. en l,es -transportant a ~eurs
postes a bo~d de batiments militaires, et i1$ les adherent
a' conclure des braitt~s de comm·erce.
Un patrio'te qui voyait clailr, M. Lauwers, p:redisait,
des 1848:,' que les services r,endUla par eUX ser,aien~ un'
jau: inscrits dans FHistoire.
•
• •
Nous avons Il"etrace icjpmeme (1) l'histoitre de 1a
colonie belge ce Santo-Thomas de Guatemala a laquelle
furent meles nottre pr·emier roi et nos officiers de marine.
NOlls etudie:rons aujourd'hui l'etabE'ssem·ent beIge ou
Rio Nunez, sur la cote occidentale d' Afrique, qui fut
dar.s Ie m'e-me cas.
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Ce lut en 1844, que des commer9ants belges exporterent. pour la premie.re foist des marchandises sur
(1) Bulletin du mois de fe-vrier 1926.
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-7c'ette cote. L annee suivante, deux de ieurs navitres &e
rendirrent dams c,es parages; en 1847, il y en eut sept.
et en 1848, six.
Comme les navires belges lrencontraient des difficultes
dans les coloni·os angla'is,es de la Gambie et de SierraLeone, M. Artung, I" I<ere de noke consul dans cette
.derTIiere possession, propasa a nome gouvernement
d',acquerirr une partie d.e la Senegambie, mals sa prop~
sition fut lai'Ssee sans suite.
n etait cependant d..evenu desil'able que ron creat
Sill' la cote occidentale un etabliss·ement ou nos exportat·eurlS pussent .deposer lews marchandises et emmaga..
siner les ca:rgaisons de r,etoUT. Us interesses en exprime..
rent le desi£r au gouvernement, et,
1a fin de annee
1847, celui~ci ·envoya la-bas le lieutenant de vaisseau
Va~3, Haverbeke,
bord de ]a goe1ette LouisepMarie,
av~~ mission de visiter les pori's et de fai:re rapport sur
leurs pos,sibilites, au point de vue commercial.
La mission avait ete confiee
,un homme de valeur.
Ne a Anve<s, Ie 22 octobre 1812, Joseph-Edouard Van
Hav.etheke avait comm·ence par servir dans 1a marine
marchande. II etait entire ensuite dans notre _IIlMine
militaire, en qualite d'aspirant de 2t dalSse. n avait servi
sur la canonniere N° 7 dont il avait ete debarque pour
pll"endre Ie command,ern,ent du .trois-mats de commerce
militarise l'Emmanuel. ou i1 avait eu sous ses o:ra,res
~n etat-major et un equipage appart·enant a 1a Marine
Royale.
avait ete charge de conduire oe batiment en (~'
Chine; Or, notre consul general de ,Manille, M. De La,,~ , / '
noy, qui avait xeyu ,la" mission, de solliciter du vice-roi ';;-'.t.·_ <"'/Ot:,;"
Keing !' admission du pavillon belge dans leIS p""ts
ouverts au oomn1erce ava'it echoue dans ses negocia
tions.
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Van Haverbeke ~ 'etait montre aloTs un homme de
ressources. Les mandaJrins ayant refuse de Ie laisser
remonter Ie fleuve de Canton avec son navire, il avait
corrompu les employes de la douane et avait pTomis
des viw.es pOU(l" fes populations eprouvees par la famine.
Entin, comme les mandaa-ins defiants lui avaient demande de leur indiquer la Belgique. sur Ie. carte, il leur
avait 'envoye un .(I.e s-es officiers, M. Tack. muni a'une
cart·e de l'Europe, ou notre pays, grace
un habile
maquillage, englobait Ie sud de la Hollande, Ie nord de
Ia France et ].e G.,and Duche de Luxembourrg tout enti,er. Les ]aunes, trompes par cette innocente rruse de
guerre, avaient oestime alors que la patrie de Van Haverbeke constituait une puissance <:levant 1.aqueUe il etait
prudent de s'inc1iner, et notre compatriote avait pu alle11'
mont,!eJl', pOUT la premiere fois, le paviUon belge dans
1e port de Canton.
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.est divise'e en deux par l'ile de Sable. Les navires de
300 tonnes pouvaient, au temps de Van Have<beke, .r·emonter Ie courant jusqu'a Rapass et meme
jusqu'a V.akairia, mais lS·euIs l.es pet:ts batiments de cabo·
t~ge pocl..'tsaient jusqu'a Bake, station comm'erciale
.f,~tuee
kilometres de 1a cote, ou Ie Reuve nOavait
plu.s qt:'2 100 me,k,e:s de largeur et 2 metres
profond..eur. Sur ees rives se trouvai·ent quelques facto~eries (1)
dont les transo,ctions etaient frequemment paraIysees
pa'r Ie pi1lage de leurs magasinrs ou par Ie caprice des
chefs indigenes.
Depui's l'embouchur'e du Nunez jusqu'" Vakaria
habitai,ent les Baggas.
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D~;)Uis Victoria jL',squ' a Dapass, c' est-a~dire sua- la
partie centrale du Rio Nunez, viva:ent Ie'S Nalous d-ont
Ie chef, Lamina, residait a Caniope, sur la rive droite.
a vingt milles de }'embouc}1ure. Ce monarque etait un
Nair corpulent et un peu asthmatique, d.ont leregMd.
wes m'obile ne manquait pas d'expression.
joignait
son metle,r de roi ceux de cultivateurr et de commeryant
et -pasr,a~t pour gagner vingt~c1nq mille francs par an.
Sur Ie haut du fleuve etaient fixes Ies Landoumas,
dO:1t I.e scuverain, I\1ajore. [csidait a Boke.
A Victoria on trouvait Ie pr,emler etabliS'Sement. II
avait ete fonde parr r Americain Skilton, auquel avaient
succed6 sa veuve et ses deux filles. CelIes~ci pot:i!"sui·
va:ent Ie defrichement et cultivaient surtout les pjsta~
ches. En r.~~1on·t,a;;t.--·~n arrivait a Caniope, puis a Cas·
sabouli, 'puis a Katekoum,a au residait M. Santou,
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Ce fut dans Ie cours du mois de decembre 1847 que
Van H~verbeke quitta la Belgique pour la cote occi~
dentale d'Ahique. n visita, chemin faisant, tous les
points principaux ,entre Gore-e et Siena Leone.
n parait qu' al'l"ive "l'embouchure du Rio Nunez,
notre compatriote H saisissant d.'un seul coup d.'-ceil les
immenSEl5 avantages que ce f1euy,e pouvait ofhir
notre
commerce n, j,eta son d6volu sur ses rives.
Ce COUTS d'eau, decouv-ert en 1445 par Nuno T rristao,
nalt
cu-c'st du m,aesif de F ollta.Dja:Jon et se jette dans
rOce-an A~lnnt!que, apres un cours <I.e brente-six _lieues
environ. Sa large embouchure 'S'ouVlTe -entre 1a pointe de
Dampierre au sud et celIe de Kimbuto. au nord. Elle
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(1) En 1850, it y ava-ilIa cinq factoreriea fran~aj8es. trois angll\ises,
une americaine et une indigene. ('>
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.traitant han~a:'s. ,A deux lieues e~ demie plus haut, on
r'encontrait l'etabIissement dee M. Bicaise. mulatre de la
Ba,bade, "Ieve en Angleterre.. En amont de Rap,,"ss
etai,ent eche·!onnes leg-' villag.es de Kandouma, d.e Va~
kao:ia et enfin de Bake.
C'etait dans cette dernielre localite que les caravanes
parties du F oll~,a~Djalon venaient appcrter les produits
qu'el1es echangeaient avec les Blanes; au'::si, les tra1~
tants au bas avaientpils a Boke des depots de mar~
chandises et sp:rtout de sel, denree nes demandee par
les elevellYs de bestiaux (I).
Ma~heu.reusement. j'e dimat ne }>ermdtait pa~ de
creer un,e coloni~ agn-icole dan'S cette contree. On pou~
vait parfaitement. par contr,e. y etablir des compt6i[s
et nos commer~ants eUS8,ent etc assurement en droit
d'eb-compter de pb.ntureux benefices par l'echange d'ar~
tides europeens de peu de valeUir contre des produits
t,els que noix d,e paIme, aJrachi-des, ciTe, gomme, peaux,
boi') d.e marqueuerie, ivoire, plumes d'autruch'e et
peudre d'er.
•••
Le 4 mars 1848, Van Haverbeke, « peur venir en
aid.e aux negociants belges qui frequentaient cette
cot,e H, ccnclut avec Ie Roi d,es Nalous une convention
pTovisoj(t'e- qui allait donnc'l" a '1a Belgique Ie droit de
propri6te et meme Ie droit de souverainete SUT un territoire situ~ en ces lointains parages.
(1: M, BoIs, c.onsul de Belgique a 1a cole occidentale d'Afrique.
disait dans son rapport du leT fe:vrier 1856. qu'en 1851, trois navires
d' Anvers avaient 8pporte dans Ie ,Rio Nunez du sel raffine beige.
c eemblable i celui de Liverpool it.
-11-
Voici I.e texte de cette convent:on
{( T,raite fait entre Ie lieutenant de vaisseau Van,
Hav·erbeke, commandant Ja goelette de guerre belge
Louise~MaTie, ag:ssant aU: nom de Sa Majeste Leopold leT,
Rei d<:s Belg·es, d'une I/ao:l, et Lamina, chef supr(;me
des Nal ous, ag;ssant d.e sa propre autoTite et au nom
des chefs ind6p,endants, d'autre pall"·t.
II a ete convenu du plein g;re des parties contTac~
tantes ce qui suit :
Article premier. Lamina, chef supreme .des Nalou5,
cede en toute souverainete a S. M. Ie Roi des Belges.
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les deux rives de la lTiviere Rio Nunez, cote occidentale
d'Afrique, dant la delimitation et l'etendue sOnt fixees
ci-apres.
11 fait celt.e cession tant en son nom et a:~ nom des
chefs independanls Nalous. dant il a remis l'acte d'ad.
hesion, qll'en celui de ses descendants et de tOllS ceux
qui, apres lui, pourrrai·ent avoir des droits a sa suc~
cession.
A rI. 2. La ce<ssian f~ite par Lamina et les chefs inde·
pendants des Nalous comprrend tout le terrain bordant
Ie Rio-Nunez.
un mille de rinter~eux, depuis Ie maTi~
got en amont de Rapa'ss, sur la rive droite. jusqu'au
marigot en aval de Victor1a, sur 1a meme :rive. et toute
1a rive gauche cor'l"espondante.
a
Art. 3. Le Roi d.es Belges disposera de tout Ie terrain
neoessaile a 'Ses etablis.f<ements ; 10000sque d.es negociants
viendront 5' etablir sur 1a lI'ive; iIs .sont tenus de payee
une redevance ·annudle au chef d.es Nalous dedix
gourdes en marchandises ·palf cent yards de t,errain'
empIoye~ ·auX etablissements.
("("f~""
''':''~c;':":~'-;,,:?:;r~'~':'''~'~"~~'---"'">-rti_~~:f:"">7~,')~.",,,,"'{4"_.-~---,~-~_,~.- ....";t""':"'~·._,,..--,,..,,.,,..,.-"n-~:_,,.-_·~·~
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juin 1800 quarante-neuf. aevra faire
acceptation ou son Q'"efus.
T out.efo:ls c.ette redevance ne sera _pas due pour I' oc~
cupation does tea-rains faisant palltie ou <Iependant
actuellem,ent de l'etablissement nomme. Victoxia, situe
au bas de la riviere Rio Nunez.
1
Art. 4. L e gouvernement beIge et les negoJiants heIges. etablis SL:T quelque point que ce sait de 1a riviere,
aurent ]a faculte de disp-oser d-es bois necessalres a
leur -usage.
;:
I
Art. 5. Le chef des NaJous, tant en son nom qu'en
j
1
i
:,1
celui de ceux qui pour.raient lui sll.cceder, s'engage a
proteger par tou~ ses moyens les negociants belges,
a~n!Si que leurs proprietes et marchandis,es, et a n;exiger
d'eux. sous aucun pretexte, d'autres r-edevances que
celles stipulees -dans Ie present _'!:Taite.
Art. 6. Toute -€xigenc-e en dehors d~s coutumes fixees
au tout pillage de p~oprietes belges de 'la part des indi~
genes, -et dont il ne 'Sera pas donne pleine et entiett"e
satisfaction par les ch~fs des Nalous. pourra entrainer
la suspension -des c,outumes.
Art. 7. Dans les cas OU un sujet du chef des NaIou.
aurait a se plaind.re d'un sujet beIge, Ie chef des Nalous
s' adr-essera au commandant de r etablissement Ie plus
proche. afin que justice lui soit immediatement rendue.
Art. 8. Le Roi des Belges s'engage tant en .son nom
qu' en celui de ses d.esc,endants a payer annuellement au
chef des Nalous. pour 1a cession <.Iu territoire fixe aux
articles I et 2 la .omme de 1.000 gourdes payabIes en
marchandises au cours du jour.
Art. 9. Le 'PTe&ent p:roj,et sera !Soumis a l'approbation
de Sa Majeste Ie Roi des Belges. qui. avant J<o trente
I
connaitlre son
Art. /0. Afin d'etabJir uri commencem<ont de bons
rapports entre J<os Belges <ot les Nalous, Ie commandant
de la Louise-Marie a fait d61ivrer a Lam,ina.a tita-e de
cadeau, la somm-e de 300 gourdes en e!Speces.
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I
Art. 1/. Dans I·e cas OU Ie gouvemem<ont beige jugerait a propos de r-enoncer au benefice du present uaite.
i1 se_ra toujours Jihre de le faire, en faisant notiner son
int-ention au chef des Nalous; d.ans cette hypothese.•
toute 'l',ed-evance cesserait d 'cue due.
Ainsi fait en double expedition
a bord
de Ia Louise-
Aiarie. en !fade d.e Caniope, Ie quatre maTs mil huit cent
quarante~huit.
Ont sign,,: j. Van Haverbeke. Lamina,
Temoins: Caremo, Ri,rah, Bicaise, Columbus. »
M. 1e professeur De Lannoy a pMfaitemeI!t caracte~
rise Ia situation creee pall" ce traite en ecr-ivant :,(( Au~
cune puissance europeenne n'ayant de droits a faire
valo::r -sur ce~te cote, Ie territoire acqu~G pM Ie lieutenant
Van Haverbeke constituait, pour 1a Belgique. Wle pos~
session colonisle. au s,ens exact du mot ) et il n' est pas
douteux que nous faisions la, pour un prix derisoir-€.
une pre6euse acquisition.
A son retour. I-e commarldant de Ia Louise~MQrie fit
palTvenir un lTapport. en haut lieu. On -estima ici qu'il
avait acquis les riv·es du Rio Nunez confoxmement aux
coutumes locales et que tout et,ait parfa.itement regulier. On s'assura neanmoins aupres des puissances
etrangercs que coelles-ci n'avaient aucun-e objection
a
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formule:r et Ie 27 decembre 1848, Ie Gouvernement
{( sanctionna » Ie traite (l) ou, mieux encore, un an-ete
royal de cette date approuva et osanctionna Ie traite (2).
L e rapport de M. Van Haverbeke eut encore pour
dfet de decider.. un industrie1 gantois, M. Decoster, a
envoyer dans Ie Nunez, Ie trlois-mats barque L'Emma~
nud avec une cargaison de p.roduits belges a'une valeur
de 300.000 francs, somm,e enorme pour Yepoque~
,*
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r-
Le 28 decembre 1848, la Louise'Marie quitta Anve"
pour Ie Rio·Nunez, sous Ie cornmandement du lieute·
nant de' vaisseau J. Van Haverbeke, a'Ssiste des en·
seignes de vaisseau Themistoc1e Du Colombier, Traetsaert et Dufour. du docteur Durant et des aspirants de'
premiere claiSse Mestriaux, De1court et Stessels.
Le commandant avait pour mission de faire ratifier Ie
traite provisoire, de prendre possession du tenritoire et
d'etabli.r des relations commercia'les avec la contree.
La Louise.Marie arriva, Ie vendredi 9 fevrier 1849,
devant Ie Beuve. Elle y -entra Ie soia" et Ie pilote alla
l'echouetr" sur l'ile longue, vast.e bane de sable, situe au
milieu du cours d'eau. mailS, comrne 1a maree montait,
Ie batiment fut bientot._aA-lot,--sans avaries....
Le- 1J revr:er, Ja goelette jeta rancre devant Ie village
de Rapass et, peu de temps apres, 'Ie Roi Lamina vint
a berd POUT conclUTe definitivement, Ie traite.
(I) De Lannoy: c La politique coloniale en Belgique de 1830
I
a
1848 " p. 173.
(2) Defaya: « Enai. de Colonisation beIge au XIXt aiede:t, p.42.
I
i
I
- i5Van Haverheke desireux. pOUir completer fa preponderance de la Belgique, de conclurre une convention
avec Ie Roi I\1ajcire aussi, deeida d."aller trouver c~fui-ci
a Bake. au moyen dechaloupes. POUlt lui remetme des
pres,ents et en-tamer des negodations.
lJ avaitfixe Ie depart au Jundi 26 fevrier 1849, quand il
Jre~ut bnllSquement d.e mauvaises nouvelles du haut de
la riviere.
rV1ajo:re. jaloux des avantages accordes par Ie uaite
a Lamina, et excite par deux traitants angIais. MM.
Baithwait et Martin. qui I·e ccmblaient de poudre, d'arme. et J'a1cool, ereait depuis quelque temps des difficultes et mettait des ·entrav,es aux transactions avec les
caravanes. II venait mem,e d'expulserr- Ismael Tay, trai.
tant flTanc;ais, natjf du senegal. et d'enlev_er sa femme
et son fils de la demeure de -M. Santon' autre traitant
f.ran~ais, etabli chez les Nalous ; ox, Tay'representaita
Bake '1a collectivite des trait-ants de la <region et avait
. assume jusqu'alors Ia garde de leurs magalSins qui
allaient se trouv.e<r desormais rabanaon.
Les waitants reunis adlfesserent a101s a notre com paM
triote une lettre dans laquelleils exposc"ent leur situation et sc lliciterent 1a protection de notre pavillon.
M. Themistocle Du Colombier a tres justement faitreman-quer, dans s·es_.ecrits,_que· co-rome Van.. .Haverbeke
etait Ie chef de r unique forceeu!Iopeenne qui re trouvat
la-bas,il ne pouvait pas «"efuser cet appui ; de plus,
p05'Sesseua- d'une partie importante de ]a rivihe et de.
s~.r,eux de nouer des relations commerciales avec tollS les
territoia'es environnants, il avait interet a faire disparaitre,
fut-ce pa< la force, les obstacles semes sur la route du
commerce.
a
".'"
"
;~
"
•
iii Le commandant a11a t:rouver Majore a Bake e-t tenta
vainement d' en terminer a I' amiable. 11 fut done contraint, malgre toute 'Sa patience, l/ decider de mettre Ie
(, roitelet » a la lI'a:tson, les armes a 1a main.
;:: Pendant ce temps, un comme1"~ant anglais klont nouS
~eparlerons rencontrait M. de lei; Tocnaye, capitaine de
la corvette fran~ajse La ,Recherche, et Ie mettJit au cou~
Ifant des evenements~
,
L' officier fran9a!s s' aboucha au plus tot avec V-an
Ha-..· erbeke et fut prrompt>ement reJomt par son compa~
trioto, 1\1. de Kerha!let, commandant La Prudente.
Ap'r~s d.e nouveUes tentatives de negoCiations. ce'S
trois messieurs convinY'ent de conjuguer leurs efforts.
SOt~5 Ie commandement en chef de M. de la Tocnaye,
pour aneant:lJ: Ie village de Bake et pour lrenverser MajOlfe.
II lut decide que l'attaque aurait lieu Ie 24 maIs.
Vu Ie peu -de navigabilite au Nunez. on ne pouvait
fa1i1'e monter les corrvettes au-dela de Victorta et la
goelette plus haut que Vakan:ia donI Boke etait encore
eloigne d'une :}i.eue et demie.
,~
DanIS ces conditions. M. Cohen. rarmateurr, et M. Wit~
teveen, le capitaine du troi·s-mats barque L'Emma. jaug-eant 400 tonne aux. mil,ent ce petit batim.ent a la disposition de Van Haverbeke qui fit enlever la cargaison
et embarque:r des hommes et des canons~
.
O'autre part, un traitant f,ranc;ais. M. Sak,edo, mit sa
petite goelette. La Dorcde, a la disposition ae ses compatriotes.
Lorsq'.le l'Emma et la Dorade aJrrivaent <levant
Bake, Ie'S noirs en armes occupaient les hauteurs. Un
silence mOrne regnait. Nitamtam de guelfTe, ni oris, ni
- 11danses guerrieres. rnais de bons prepall'atifs de ..def~nse :
une fOTte barricade faite de troncs, d.' arb:res et <Ie pl~n~
c~:s per.eee.s ~e m·eur~ieres et aa-mee de plusieurs
Pieces d artlllelI'le.
\'
M. de Ia Tocnaye ayant ordonne de commencer Ie
feu, 'lets canons et -Ia mousqueterie des deux navires till"e:ent. pendant trois quarts d'heure. L'ennemi' repondit .
tr~s. ~lvement,. et lou-squ'il ral,entit le till', l e chef de rex-.
ped,tlon fit debarquer ses hommes, au moyen du ~and
Canot de La Recherche et de la chaloupe de La Pru-
dente.·
.
Les Franco-IJ.e1g.es escaladerent la ·montagne sur la-.
queUe g;e trouvait Boke~, au pas de course et sans tirer'
un seul coup de luisi!.
'
En cows .de ll"oute.ils res-went soudain,
bout pOlftanto une deeha'I'g,e qui fit tomber plusieurs a'entre eux
mais ils debusquerent biento't de tous cotes les nairs
'
Majore qui venait de m,ettre lui~meme Ie feu a ~e
piece de 24, pointee sm l' Emma, vit une bombe eclater
dans sa d.~meure. Le proj'ectiI.eincendia la case, tua
deux homm'es, en blessa trols et obligea Ie monarque
a
s'enfu~.
a
Les Blanes essuyerent ensuite Joe feu des ennemis em~
busques derriere ]a palissade qui enoerclait la viUe et
]orsqu'ils eUll'cnt force eet abri, ils durent affronter les
guerr;·ers qui les att.endaient, POUIl' 1a tro:'Sieme f01S. dans
I.es bois voisins. et les en chasseI'.
Victorieux sur toute la ligi1e, Ies braves mMins eUirent
sain d'cnc1ouer les canons ennemis 'et de leIS precipiter
dans ]e Iavin qui ·entourait la montagne et dans Ie Reuve.
Puis,ils se dill"igerent peniblement vers les navilI'es car
un vaste incendie. allume pan: les bombe<s el les ~b1,ls
•
,
\
- 18-
- t9-
et favonse pa:r un vent violent. d.ressait une barriere: de
feu entre eux et Ie 'fleuve.
.
lIs etaient, en outre, embarrasses .par Ie tr.~nsport de
leurs blesses, par une temperature qui ies 'inc-<?mmodait
beaucoup et, par un solei1 ardent. La chaleur: atteignit
d' ailleuTs, au COUTS de leur expedition, ius-qu fa ~? aegn~s
centigrades
cm'bre.
.
VeTS deux heures. ~ ils parvinrent, 'l'·ecrusde. fatigue.
sur Ie rivage. I!s y retTouver·ent les commandants de
Kerhallet et Van Haverbeke, qui les avaient « metrvei1~
leusem,ent ·sec.ond6s pair lew energie et leur admilI'able
presence d.'esprit I). pend<1nt Ie d6barquement d'abprd
et ensulte en chassant au loin les ennemis qui occu~
paient Ii rive droite. Van Haverheke avait, notamment.
fait incendier paT ses matelots un-e pe.tite localite situee
de c-e cote.
.
Vers tJIois heures. les combaUants remontea-ent a bord
et reembM'que:ren-t deux petits mortiers de la LouiseMarie et un obusier de La Prudente, en mem'e temps
qu'un can~n Court en1eve a l'ennemi.
lls confierent leurs blesses au medecin beIge Durant
qui les soigna av,ec un reel devouemen-t.'
Le 25, vet·s dix heures du matin, on conunen~a la descente .de la rivielre. Des sauvages embusques sur 1a rive
d-roite. dans des bois e_pa!'S~~ ha:rcel&e,n~Jes marins de
coups de fusil et les Franco-Belges furent obliges, pour'::·
les eloigner. de fai(["e lID feu d'artillerie continuel.
On rejoignit enfln la Louise~MaTie VakalI"ia et on y
pa~sa la nuit.
Le 26, d-ans la matinee, on se remit en route, toujoms
S()llS Ie tiT inc~s'ant des noirs. La goelette fut obligee
de ·faire un feu Ilres vif de ses six pieces de babord et
ar
a
...
I
t
I
de ses deux mortiers. Un de ses officiers, M. Dufour,
deja blesse a Boke, fu!' ,atteint griev.ement par une balle
qui lui bIisa les O\S du palais et un mat,elot belge .e~jlt
egalement un coup de feu.
Tout a coup, a:Iors que Ja Louise~Marie se tvouvait a
I\in des tourn-ants les plus brusques de 1a riviere, au mi~
lieu d.'un fort courant, eUe fut je-tee a 1a rive. Pendant
qu'elle se trouvait dans cette situation critique, les noirs
l'assaillaient de rres pres. L'Emma et la Dorade vinrent
t-e p'lacer PifeS d'eII.e et la prQtegerent par Jeurs feux
cToi&es, mais l'incli-naison de 1a goelette d.evint si con~
sider,able qu',elle ne put 'Be s·ea-vitr de son artiHerie et que
ron aut evacuer sur I'E mma s~s malades et ses blesses,
au milieu de 1a fusillade.
.
Van Haverbeke commandait son batiment avec cou8
rageet sang-froid et il ne I$'aper~ut meme pas qu'une
balle avait traverse sa coiffure tout pres du £ront.
L e contre-maitre de canonnage, Jean Rietveld. ()sa
saisir, au peril de selS joUirs, un obus dont la meche ~vait
pris feu, sur Ie pont, et Ie j·eter par dessus bOlrd, sauvant
ainsi la vie a d·eux cent cinquante personnes.
La goelette fut finalement degagee par ],E mma et ene
continua a descendre Ie fleuve.
Le combat avait dure t.ois jours, les 26. 27 et 26 mars
1849, et coute cinq mortlS et vingt blesses aux Franco~
Belges.
Ajoutez cela que expedition avait ete particulierement penible du fait d·e lanavigation sur Un fleuve au
cours des plus caplficieux, en raison. aussi, des incen~
dies et de la temperature tonide. des secours apportes
par les Anglais aux indigenes qui Iuttaient aifmes a reu~
ropeenne, a l' ab.i de palissades et de forets louffues,
a
r
•
~
•
•
,f
L
t
Monsieur I" Commandant,
au
(1) 11 parait qu'il Eu! decide' que 10. Belgique obtiendrait un territoire
bordant Ie court superieur du Beuve, '" si la France ne cODllcntait pu
b' yc tll.blir militairement" ce qui n'eta.it pll.8 probable.
~:
« A bord de la corvette la Recherche,
.
. Ie 20 avril 1849.
•
11 importe de signaler leI qu ~avant LIe combat, Tog9.~'·
l'ancien rai des Landoum,a'S. que MajoIe. son frere 'ca'~
det, avait
au COUTS
mois de fewier 1848;
avait :re~u de Van Haverbeke l'assurance de reCOUVTer'
Ie POUVO.i'li. en merne temps que l'ordre de ISe T,endre,
par terre. a Boke, pour couper la r·etraite aUX guerriers
de son r~val et pour prendre possession des Heux, apres
la victoill'e.
Tcgo s'et-ait parfaitement acquitt.e de cette mission.
On Ie <etabEt done sur Ie trone et Van HaV'erbeke conclut avec lui un traite doni Ie but 6tait de faciht,er l'eta.
bEssement de comptoirs belges par l'obtention d'un nouveau teuitoire (1), par r autor~'Sation de COUpeII' Ie bois
necessaire aux constructions, palI' ie reglement desclroits
de navigation et par la prom-esse que les guecrriers landoumas defendraient eventuellement 105 inter(;ts belges.
Le 15 avril 1849, Ie capitaine H. de la Tocnaye [edigea un long rapport qu~il adressa au capitaine de vais-\
seau Bouet de Willaumez, commandant la station na.. '~
vale fran~aise d.es cotes occidentales d.' Afrique.
Quelques jours ap[es, les deux commandants fran"ai., MM. de Ia Tocnaye et de Kerhallet, adresserenl
a. leur camarade beIge unedouble iettre qui ll"epose aujourd'hui dans leg collections documentaiJres du MUl$ee
d'An-mes de la Porte de Hal, a Br.lxelles,
En voiei Ie texte :
detrone,
- 21-
20-
t
\
Au moment OU vous allez voll's eloigner pour re1:ourner
en Europe, je sens le besoin de vous exprime«' touts les
sentiments que m'Ont inspires les padaites relations que
j'ai pu ,avoilf ·avec VOllS pendant les deux mois qui viennen.t de s'ecouler. Je n'avail$ encore jamais reneontre un
commandant 5i porte a rendre service en toute circon..
stance, si devoue <lans les mom,ents les plus diffici'les et
les plus critiques; et.dans les T.elations pall"ticulieres. si
poli, et s~chant aussi bien lI"eeevoir ses hotes. avec tout Ie
00":'\ ton et la grace parfalte que vous n'avez cesse de
me montrer, pendant les agreables moments que les c-ill'''
constances m'ont fait passer a bord. de Yotre batiment.
Je dois. Monlsieu:r Ie Commandant, vo~s adlresser mes
sinceres xemerciem·ents pour les nombreux et importants
secvices que VOllS nous avez rendus a DOus tous, offi~
ci-ers et marins des deux corvette'S, la Recherche et 1a
Prudente; et pour la coopelration 5i genereuse et si
f,ranche que vous nous ay,ez donnee <lans des jourrs de
perils et d'inextricables difficultes.
C·e·st a VOllS. Mon'Sieur Ie Commandant, que nous
devons attribuer la meil1eure ,part dans les excellentes
dispositions qui ont plrepare 'les succes si decisifs et les
rC:tsultats si importants qui ont couronne une expedition
pIeiI1e de danger sous tant
aapports d.ifferents.
Nous avons ete trop heull'eux de rencontrer au milieu
des circonstances les plus difficiles -tous les secours et
toutes les ll'eSSOUTces de toute nature que YOUs avez bien
voulu m·etbre a notre disposition et sans lesquels il n'y
de
@
- 2?-
- 23'-
a
avait aucune expedition. possible pour nous,
moins de
courir les chances ,d'un veritahle desasbre. Nous vouS
en devonlS une grand~ "reconnalssan<;.e.
v-oUS prions .
'.
.
a.e l'accepter tout entie«-e.
Temoin oculair·e de votre bravoure d~ns le comb'at.
de votre inalterable sang-hoid et de cette presence<:l~es·
prit qui, vousfaisait si bien entrevoir aans un instant
Ie m,eilleur parti a prendre. je dois Y Tend(l"e complete
justice. et VOllS dire, Monsieur Ie Commandant. com·
bien ces qualites m'ont donne d'estime et de con~idera~
tion POUT vous,en meme temps que votre courtoisie- a
mon egard. vom-e hanchise ret vos procedes 'POUlI' nous
tOllS mepenetraient du g.entiment Ie plus affectueux.
Apres VOllS avair parle comme commandant et au
nom des officieIlS de marine qui ont eu I'hon-neur de VallS
connaitre, ie voudrais m'ad.resser a M. Van Haverbeke,
Je digne officie:r de Ja marine belge, et le prier de voulair bien 'accepter toute ,mon arnitie Ia plus sincere, trop
hem'eux si j.e puis obtenir en echange des sentiments
dont je.
serai .
toujonrs fier et qui serollt
, bien p:r~ieux
paUll" moi.
'
Recevez mes adieux, Monsi,eur Ie Commancant, et
croyez que je ne lSaUlta~s oublier une naternite c'armes
cimentee au milieu des soueis Ies plus graves et des
per;ls les plus serieux 'et dans les eireon-stances les plus
eztracrdinair.es et les plus importantes.
Ne doutez jamais, je vous en prie, des !Sentiments qui
VOllS -sont adr,esses, Monsketl[ le Commandant, par
Votre mes humble serviteur t
Comm' de la c".vette Ja Recherche.
C' de fregate,
H. de la Tocnaye,
P. ~. Veuillez, Mon'Sieur Ie Commandant, presenter
tousmes compliments a ces Messieurs de votre etat~
major qui, eux aussi, doivent avpilf nne bonne part dants
notre g.r.atitude, pour la nanche et si cordiale hospitalite
qu'·ils ont donnee a nos proprr--es :C;ff.iciers et pour lea Se!"vices qu 'ils ant Tendws dans nos affaires du Rio-Nunez. ))
et
f-
I
L
A Monsieur Ie Commandant V an Haverbek,e.
de Ja g~elette de guerre la Louise-Marie. »
a bord
, i
I
Le Commandant de Kerhallet ecrivit
cotte lettre :
,.
1
l
I
I
«(
a Ja
suite de
Commandant,
Permettez moi de m' associer dans leur expression la
plus vive et la plus sincere aux sentiments d'estime et
d'amitie qui VOL."\S sont exprimes dans 1'a Ietbre au Com~
mandant de la Tocnaye.
Dans les circonstances,
nous nou'S sommes trouves
et connus, on s 'apprecie mutuellement bien vite et
j'espere que les sentiments qui en ont ete Ie re.sultat
se-Tont aussi durables qu
sont vrais et profonds.
Agreez donc, man cher Commandant, l'offlI'e cl°une
ami tie nuss; devouee pour vous que VOliS r avez ete pour
notrS~mem,e amant notre penible et aifficiI.e mission de
De Bake et soyez convaincu que Ie sOllveni:r des immenses services que VOllS nous avez rendus avec autant
de delicatesse que de generosite ne sortira jamais <Iu
cceur de
',' Yotre tres humble 'SeTvitetM" et ami,
Le
de megate, C t la co~v-ette la Prudente,
ou
'as
cne
Charles de Kerhallet. »
,
~)
I
- 25-
"1
Comme 1'a me'S biep-dit M. George Macoia-, ({ les sen~
timents exprimes. en d·es termesaussi nobles qu'e-Ie..
yeS par les commandants de la Tocnaye et de Key..
hallet font autant d'honneur a celui qui en a ete rob..
jet qu 'a ceux qui les ont manifestes dans r expression
emue de leur ,r·econnaissanoe et d.e le~r admiration. ))
L 'heure du retour dans 1a patrie sonna enfin. La
Louise-Marie quilla Ie f1euve '1e 10 awil et M. Themlstode Du Colombier put ecrire d.ans ses souvenirs:
( En resume, je pen~e qu'une belle vOle d'exportation"
est ouvert·e au commerce beIge.
/(. P enetTe au sentiment des de'voiTs de 1a ~alfine militCl:re. des services qu'elle est appelee lI'endre. ee sera
POUlT nous _une bien douce recompense, une large com~
pensation aux fatigues et aux dangers que nous avons
essuyes que de VOll notre patrie dotee <:l'un debouche
avantageux pour les prod.uits de notr·e indusbrie... »
Le 23 avriI, nes marins arrive;rent a Goree, ou ils
fraterniserent une d'eJTJliere fois avec les camaiades
fran~ai'S aux cotes desquels ils avaient iutte.
\
Le 4 mai 1849, la Louise-Marie mit a la vo;le po".
rSurope et Ie 17 juin, eHe arriva au Ded on dIe fut
oblige,e de se m,ettre ·en quarrantaine, avant de regagner
Anvers, parce que Ie cholera s'etait abattu 1$ur requi~
a
page.
Quelques semaines plus ta.d, MM. Van Haverbeke,
Dufour, Witteveen et Rietf.eld furent crees chevalier'S de
rO,dre de Leopold, tandis que Ie contre.ri,aitre de marine de Il"l) classe Dekeyser et Ie m,ate1ot d.e 3c classe
H·etva¢rt obtinrent une somme d' argent.
Le 6 cec·embre 1849, Van Haverbeke re9ut.celle invitation du di.recteur ~eneral de 1a Marine:
I
I
tI
(( ,Monsi,eur Ie l\1inistre dC's Affaires Etrangeres me
charge de vous informer 'que .meroredi prochain 12 d.e
ce mois, a midi, il vous f.era la remis·e du sab:re d.'honneUir qui vous a
decerne Pall" les negociants etablis
GU Rio Nunez, en reconnaissance des services que VOllS
leur av,ez rendus. »
,
La lame de arm·e offert·e notre compamiote portait
SUIf l' une d~ ses faces cett-e inscription : «( Les negociants
dll Rio Nunez au commandant]. Van Haverbeke )l et
sur l'autre : « Journees des 24, 25 et 26 mas'S 1849. »
Ce sabre se trcuve .expose au Muse,e de laPorte de
Hal, a Bruxelles, tandis qu'un tableau representant Ie
combat du Rio Nunez orne une des salles du Ministel'e
de, Affaires Strangeres.
Le President de la Republique fran9aise.apres avoir
prio:; connai'S'Sance .du lI'apport au minisme de la marine et
des colonies ou il etait Ifeconnu que I.e concours <;Ie 1a
Louise·Marie avait ete de la .plus precieuse utilite et que
san's ,eUe Ie coup de main n' aV.II'ait non seulement pas
reussi. mais n'aurait pas meme pu etre tente, accord.a
la decoration de chevali"" de la Legion d 'Honneur
MM. Joseph Van Haverbeke, Themistocle Du Co'lombier. Auguste Dufour, Felicien Durant et Cohen.
. Le dernie:r d' entr·e eux avait non seulement partieipe
au combat, mais avait il'endu des services qui lui avaient
occasionne des pertes conside-rables POUT lesquelles il
n 'avai t yOU lu recevoir aucune compensation pecuniair~(1).
etc
r
a
a
I
(1) II convient de :signaler ici que lorsql1e Van Haverbeke avait pd.
poucesion d~ l' Emma pour l' armer en guerre, il aV:!l.it oftert a son
equipage, qui appartenait it. la marine march an de. de reater h terre,
maia celui.ci avait demande el obtc:nu de pouvoir participer
dition.
a l'expe.
,\
- 26 -'-
- 27-
MM. les capltames de fregaie, Bougrenet de I.. T ocnaye et de Kerhallet furent. a leUir tour. crees che'~~1i.ers
de I'Ordre de Leopold.'
.
Signalons, enfin, que run des fils du Roi LouisPliilippe, I;" Prince de Joinville, Jln marrin. voyageant
plu, ta<d i!' bord de la malle beIge, V.ille de Bruges,
assura a ~inkel. officier de notre marine militaire. q:le
retat-major et l'equipage de 1a Louise~Marie avaient
donne
la marine ttan!raise Une excellente opinion de
nos marins.
traitants anglais dont nous avons parle plus haut Ie
blocus de Ia,ivie,e et l'imminence de l'attaque de
Bake. Ils les avaient invites, en consequence, a mettre
leuJ'S persbnnes et leulI's biens ren s\kete et leUll' avaient
ace-orde 48 heuroes de repit,pour opeTer lern demenage..
ment et se, retirer
RapaSs, au on leur offrait de les
accueillir.
Les deU?' Anglais avaient lI"epandu, pM une letb'e
hautaine, qu'ils ne s 'en iraient pas et qu'ils renckaient
les gouvernements franc;-ais et beIge responsables des
dommages qu'ils pounaient aubi!.
Or, les franco-Belges etaient revises ehaque jour que
c'etaient ces memes Anglais qui dirig,eai-ent les lNepaTa~
tif.. de defense des Noi.s...
Au cours de l'incendie de Boke, une parrtie de leurs
marchandises per,irent. lIs s'en pl'aignirent a leur gouvernement, en elevant la pretention d'etre indenmises.
11 paJ:ait qu'ils fment sourenus pa, Lmd Palmaston et
qu'on fit des remontrances a la Flrance qui n'en eut
CUT·e., L'Angleterre se 5erait retourne,e aloT'S OU cote de
la Belgique, qui (I semhle n 'avoir pu se reclamer Oe ses
dr-oits d'une mani-ere suffisamment energique »). M. Georges Ma.c~ir, qui a pel1"sonnellement connu Van Havel'heke, affirme meme que Ie gouvernement beIge exprima
de~ r,egrets pour I.e dommage cause aux deux Britanniques et que peu sen fallut que Van Have<beke. ne
fat blame...
L r'
{';:
" A ;:'.~
a
..'.
'
Retournons
SUT
nos pas pour dilTe quelques mot's d'un
a. r occasion des evenements
a
l!
1
incident facheux survenu
de Boke.
A l'epoque ou Van Haverbeke avait tente d'en ter.
miner a l'amlable avec Majore. 1a corv.ette anglaise, la
Favorite. etait arrivee a Caniope. Son commandant ~tait
mOnte jusqu'a Rapass ou il avait joint Van Havexbeke,
a bord de la Louise-MarIe, pour protester offieieUerhent
aUptes doe lui. au nom du gouvernew de Sierra-Leone,
contre l' occupation de'S rives du Rio Nunez -par la
Belgique.
Cett-e demm-che ctait, pour Ie moins, inconsidcree.
puisque les Belges f>e trouvaient la en vertu d'un maite
parfaitement rcgulier ; la pT:otestation etait d' ailleuTs
basee sur Ies clauses d'une convention par laqueUe la
Franc-e et rAnglet·ene s'ctaient engagc~s a ne s'emparer
d'aucun territoixe entire Ia Gambie et Sierra Leone. Ene
ne pouvait done etre oppasce a une tj·erce puissance.
O'aubre part, avant d'en venir aux mains avec les
indigenes, les Fa-anco-Belg·es avaient signifie aux deux
..•
a nous reste a voir" ce qui s·e passa dans notre cOncession territoriale, apres que Ie bon ordn-e y eut ete l"etabli.
Nos exportat-eUTS y firent assurement des transactions
!
....
~:-..o';'",'q"'.!"L";;_~,~\,\"')~r~""'-:C"":·i".,"-:t)",,#(~~;~~':~t'_7:"j~':s:r~.~~~~P-;:-"·".....~- -",.c~~'~"'''''''~':7'"'7':..,.,,'7':''~''''"''~"''7~:' "'j';;,,'~"-~----~~'~"""""~~'
.j
- 28-
fructueuses, puisqu'en 1851 M. A. Cohen informa notre
Ministre des Affair'es Ebrangeres qu'il etait pret a fonaer
un~ 'Societe dans Ie but d'exploite;r res rives du Nunez, a
la condition que Ie gouv-BTn'ement lui conce<1at son appui
moral et lui avan~at la >somme de cent einquant-e mille
francs. l\1oyennant cela, il aurait cree la-bas un coinp~
toir important comp:renant des casernes pour soIdats
indigenes et six m,agasins. L.e gouverrnement ne donna
pas suite a cett·e inte:r,essante proposition.
L e 4 mMS 1852, notre vaillante go,Hette de guerre
s' arreta a Rapass et sOn commandant. M. Van Haver~
beke, se vit confier deux enfants, Sayo Salifou et CMi.
mon, respectivem:ent fils let neveu de Lamina, pour les
am·ener en Belgique et les fai're eduquer a l'europeenne.
Au mois de janvier suivant, la Louise-Marle :retourna
en Afrique, sous le command:ementde M. Petit.., cette
"
f 018.
,
({ Lorsque nous avons visite Ie Rio Nunez, en janvier
de'rnier, la paix que les Landoumas et les Nalous avaient
conclue huit mois auparavant. se maintenait et ie PTO~
duit des echangets promettait dOetTe abondant. Mais, peu
.apres notre. deparrt,
cause d' une mesintelligence qui
a
ou
1/
ElIe s' y rendit encore, Ie 20 novembr.e de la m~me
annee, <,.<>mmand.ee, comme autrefois, pair Ie capitaine~
lieutenant de vaisseau Van Haverbeke. Notre consul ala cote occid.entale d'Afrique avait pris place a- bord,
pour gagneir son paste. La goel-ette s'arreta pendant
quelque temps dans )e Nunez, devant Victor·ia.
Le 27 juin 1854, notre con'3ul, M. Bol., adressa a son
ministre un irapport important dont voici un intea-essant
passage.
sur,vint entre les FouIahs et Ie chef des Landoumas. I~
~alte de I?ebocke cessa (ce ne fut que momentanement,
II,. est VIal) et oil ne tarda pas a 5' aperoevoir que la
reco'lte d.e~ arachides manquerait. En meme temps,
dans Ie RlO'POngos, en suite de quelque dem~le des
naturels av,ec un traitent, la factorerie de. ceh.li~ci
etalent deposes des produits anricains appartenant a'une
maison d'Anve<s, fut pille.,.
» Vaus voyez, Monsi·euT Ie Ministre, que Ie commerce
d.e la Senegambie est t.res in-certa'jn. Expose a nomb:re
de mauvaises chances,iI doit etre rassure et encourage
par une p:Totection Mmee. A cole de la ,repreGSion de
l~ traite des negres, le but principal que se proposaient
1 Angleterre, la France et les Etats~Unis en entretenant
ici des divisions navales, cOest de proteger les enbre~
prises commerciales de leutlS sujets dans lea pa.rages de
J'Af.ique occidentale.
l) Depuis que nos lIapports avec 1a 5enegambie ont
pris du dev,elopp,ement, Ie gouvemement au Roi, appre~
ciant la position exceptionnelle du commerce dans cette
partie du mo~de, n 'a pas cesse <LOy envoyer, presque
tous lIes ans, un navir,e de guene en cToi'siere pendant'
quelques m-ois. Ce,s rapports s °agrandissan.t, la presence
coniinuelle d'un b1i.timent de rEst devient indispen.
sable.
») L'epoque n'est pas loin, j'espere, ou par les rela~
tions que nous avons etablies :avec l:es parties des cotes
s'etendant au sud de la 5enegambie jusqu'au comptolr
portugais de Mossamedes, cote de Benguala, nous
devrons avoir sans cesse lci deux batiments de I'Etat,
I\m croisant du senegal a l"Equateulf et l"autre de
I'Equateur
la cote de Benguela. Nos affai.es avec la
I
I
;_.
a
"L· 'xh!':';\~~-, _,·~~,:-?~r~:'-:"',~"·'·~r:~~~":""'r:~""_""_"i.il':,~_~7'l'('.~~,~t,:OC·:'_:~',~-'·('.-~·""-'"'o"~'
."'-"!~_ .i"",_~"",, ~.,.. "_.~,.,.,.,.,...,,.........,~-'--;
";-'--'
...
'J
-30cote occidentale exigeront aussi d'ebre protegees miiip
ta,i:rement.
l) 5i Ie commerce des nations eivililsees avec ::les peu~
pIes barba.es, qui habitent I'occident et l'orient du
continent .africain. demande a etre aide et soutenu par
la cooperation d'une" forcearmee. qu·offrent. d'une
manie:re si commode et :relativement si economique. les
navlres de guerre, ces f.o:rteresses mobiles, i1 n 'en est
pas moins ainsi pour n'es Irapports avec ces peuples.
ch~z lesquels rinstabilite. la faiblesse du gouvernement.
I' ab~-ence de po-lice, ne presentent plus de garanties de
securite. Q,:,elques Etats de l'Amerique Centrale et de
l'Amerique du Sud, sur l'ocean Atlantique et SUIT Ie
Pacifique, fournis's·ent des ex·emples de ce cas.
II Une auke fois, ie poursuiwai, '8i VOllS voulez bien
Ie permettre. M. Ie Ministtt-e. ce 5uj,et qui merite quelque
cons:deration et je m~eHorcerai de demontrer qu'il est
urgent de donnes- du deve-Ioppement a Ia m,arine de
l'Etat. »
Les suggestions de M. BoIs n,e trouverent aucun echo
a Bruxelles...
t'.
Le 12 decembre 1854, ,Ie capltame lieutenant de
vaisseau Petit, commandant cette fois Ie brig d:e guene
Due de Brabant, quit~,Je';i4~plt d' Anvers, a destination
du Rio,·,·Nlinez, ramenant "lA\c'bai ~le& ..<l~ux j eunes Noirs
dont nOllS avons patle.
.1',, .~
11 fut retenu a T er'neuzen pall' de forts coUpS de venl,
d'ouest jusqu'au 10 janvier 1855.
Le 29 janvier, Ie b.ig mouilla ,en rade de Goree et fit
saluer Ie pavilion fTan~ais de 21 cOUpS de canon et Ie
guidon du capitaine de vai'SSeau MauMon, gouverneur
I
I
- 3igeneral :t
com~andan.t d.~ 1a station navale fran~aise:'
~Ur Ja cot~ occIdenta~e d Afrique, de neuf coups de\
c~non. II fIt ,ensuite les visites d.'usage et se r-endit chez
not.,e consul, M. BoIs.
.Le 2 fevri,er,au soir, i1 appall'eilla pour l'entree du
R,o Nunez., ou il alia moUmer en travers de l'ile Gonzales, Ie 6, quatT,e heu~es de apr~~midi.
Le lendemain, M. Bols et les deux jeunes Nalous
parti~..ent it. b?rd du canot~major, command paz Ie lieu.
t,enant de vaIss-eau Petrlau, pour Caniope, Ilesid-ence <Iu
ch~f des Nalous .
a
r
e
. Les jeunes N~irs avaient suivi it. Br~xel1es les cours
<l'un etablissem,ent d'instruction. OU ils avaient appris
notamment .as' exprimerassez cour-amment en fran~ais
et en anglais.
.
NOble cOhsul I.e,:; remit .entr,e les mains de Lamina qui'
Se montTa nes treconnaissant de ce qui avait
fait
pOUT leur education e't qui promit, a cette occasion de"
ne rien negliger pou~ proteger Ie commerce beIge. •
U~ pro~es-v,er.baI de cette ceremoniefut dresse pM' Ie
consul qUI Ie SIgna, en merne temps que Ies chefs
Nalous (I).
ete
La vei1!e du depa.t de notre brig de guet<e, Ie grand
marabout Carimon, here du lroi does Nalo us , menta
hord avec sa suit·e etofftrit deux m,outons et des fruits
au commandanl;ceiolIe&j~uissait;:,au.lilre
d e Du Colombier d'une influence ·co~,kiderabre.
etait tres intelli~
gent, fort sabre et professait. d·es idees r,eligieuses exemp~
tes de supeirstitions.
L e canot revint Ie 10, a neuf heme's du matin. La
a.
Ii
II) Le MON1TEUR BELGE du 18 ju;n 1855.
i'
\
- 32-
- 33"";
COlvee avait
rude paulI" Ie's hommes et ce fut avec
une vlve satisfaction que Ie commandantvit renbrer tout
Ie mandebien pottant.
Imm~diat,ement apreo/ Petit pattit pour le Bresil. ou i1
fut pTe4en~e. ainsi que pltisleuTs de ses offieielfS, it. l'em~
pereul}" let a l'ilnpetaFrice par notre consul en ce pays.
Nos marins songea-ent a v:Jgiter-la~bas la colonie beIge
d" Santa-Catharina (I), ma:s ils n' oserent Ie faire par
crainte de la depens-e et soc bO!'nerent a interroger des
t:'ers, qui leur ,apprirrent que nos compatriotes jouissaient
d"une exceUente ;reputation et d'une plein'e prosperite.
No'Us ne r.gpro-duir·on's pas dans son entierete Ie rap~
port sur Ie Rio d..e,'JNunez que deposa Ie commandant
Petit a son lI'et{)~T en Belgique. Extrayons-en cependant
En 1856, la Louise-Marie, commandbe par Van
Haverbeke. aniva sur la cote d:Ahique.avec la mis~
sien de veiUer aux interets de notre commerce. d'as..\
surer ses ,ope.rations et, -d'aia.ea- notre consul -dans \S~­
mission. .
ete
ce passage:
-
~r
(( A men avis, i1 est temps de rrompxe Ie traite de
1848, dent nous ne Ifetirons plus aucun avantage. Comme
je r ai deja dit dans mon lpremietr rapport, les Ameri~
cains, qui exploitent si bien 1,a cote d' Afrique•. ne font
.de tlfaite av,ec p-ersonne. » (2)
Ces reflexions ne doivent nullement surprend:re, puis~
qU'f' 1a Belgique a.emeurait en def-aut d' occupeT le teuitoiTe .acquis paT Van Haverbeke EHe n' y possedait pas
un fort et· pas un '501dat, pas un -eompatJr,iote et pas un
colon. A quoi _~~tte posse'Sslon pouvait~el1e servir dans
ces condition;"?
(I) O'apres ~. Ddays (c Essais de Colonisation beige au X1Xe
siecle :1», M. Van Lede. ex·officier au genie, en Belgique, et directeur
des travaux hydrauliques. au Perou. avait obtenu dana la province
btesilienne de S..nta·Calharina Ia Concession d'un territoire de vingt
Heuea eanees et, au COUTS de cette annee 18S5. il y avait. lA-bas,
51 familIes belges comptant 159 membres.
(2) L.. MONITEUR BELGE du 28 juill., 1855, p.2425.
'~erre fit
!
a Bi'Ssao et a",
'
.
A Caniope, nos rriarins retTollve!rent [es jeunes Sayo
et (' tlrimon iedevenus p:relsque sauvages...
Le navi~e quitta bi·entOt notre concession qui aUait
etr·e abandonne,e sous peu pax la Belgique ene-meme.
II s' arreta a Funchal, Ii Mogador et a Plymouth. II
r,enlra Anvers Ie 14 s"ptembre 1856.
avait accompli
son dernier voyage et notre marine militait'e allait bien-,
tot etre abandonne,e. elleaussi...
.
La goelette de
escale it Goree
l' embouchure du Nunez.
a
n
".,..0
•
••
PaSSOi.1S rnaintenant du domaine des faits a celui des
idees et "xaminons qu"He fut 1'attitude du peupl" beIge
et de ses porte-paroles en presence de notre modeste
tent·ative -d'expa'nsion coloni'ale sur 1e Nunez.
A vrai dire, Ie public s'en desinte.ressa. ]a presse n'en
pa.rla guere. et nos diTigeants firent preuve d'une pU'Sil~
lanim'ite et <!'une Iesine qu'on nee' fimagine pas.' lIs
aV:Il:i-ent, il est VTai, pour excuse que
hommes de leUt'
generation oraignaient p~r-dessus tout l,es « aventures »
et que Ie summum <:Iu patriotisme consistait pour beau~
copp de Belges a menager les deniers de Ia Nation. Les
extra,its et les resumes de _compte~rendus de queIquesunes d,es seances de la Chambre des Representants OU
ron discuta Ie budget des Affaires Em-angeres prouvelont ceo qui vient d'eke avance.
Ies
- 34-
- 35-
•••
Des Ie 25 janvie[ 1848, M. Sigart interpella, en oos
termes, M. Ie Minist"e des Affaires Etrangeres :
{( Le 'bruit court qu'un navi,re
, belge explore la cote d.e
Cuinee pour y fond"" une colonie. Je demanderai
d' ahccrd si ce 'bruit est fond~~ »
-LeMinistre repondit :
"
-
,
;
"
ete
« II est v:rai qu'un navire a
envoye depuis peu sur
les cotes d'Afrique, non dans Ie but d'y fonder une
colonie,mais bi,en de faire une exploration commerciale
qui ,a
vivement reclamee par d~s negociants de
divers,es villes <Iu pays. Depuis quelque temps des Ilela~
tions eont Quverles entre la Belgique et la cote d.' Ahique
et produisent d'assez bons resul-tats. C'e'st done pour
rechea-cher si ces rapports peuvent s,e consolider et
s'etendre que Ie navi!'e dont il 'S'agit a
env'oye dans
ces parages pour visiter la partie situe·e entre Goree et
Sierra-Leone. II pourrait se fair" que plus tard on y
etablit non une colonie. mais un pied
terre. un fort,
pour assurer nos relations comm,erciales avec. ces contrees. C'est un point a examiner; il D'en est pas question dans l' etat actuel des chos.es ; nous avons seulement
a !Techerchea- les ,renseignements. les elements d.'appreciation qui peuvent nous dilI'iger dans l'examen de cette
qu::'lStion.
)) Du reste, je partage l'opinion de I'honorable M.
Sigart. Quandil s"agira d'etablir des comptoirs ou des
facto;reries. ce n 'est pas Ie gouvernement qui devra s'en
charger, c'est seulem·ent Pair des subsides qu~il devra
lavcxiser. aidelf a creer Ce'S etablissements.
» Pour vous donner une idee de l'interet que les cotes
ete
ete
a
i
I!
It
II
If
!
II"
d 'Afrique peuvent avair pour Ire developpement· ae'nos
relations coI:l1merciales. de rimpo.rtance des affaires' qui
s'y br·aitent. 'ie VOllg di[ai qu'on evalue a 40 millions de
francs les echanges qui s 'y font'. Ily a peu de temps que
d·es ·essais ont etetentes par d.es negociants belges.
» Les rapporr~ de la Belgique. qui .etaient nuls jus~
qu'en 1844, ont pri'S, des l'annee suivante. un certain
aeveloppement. En 1848. cinq navires, 'representant une
capacite de 1226 tonneaux, ont ete expedies de Belgique
vers la cote d'Afrique, et 13 navires, meSUrant 1908
tonn·eaux, sOnt air,rives de ce pays.
» Le mouvement au 'C:Ommerce entre la Belg.ique et la
cote d'Atiri"que pendant cette annee 1845, tant
entree
qu' a la soxtie. represente une valeur officielle de plus
de 526.000 francs.
.
» En 1846, Ie mouvement de la n.avigation est reprew
sente par 9 navires .eu1ement d' un tonnage de 1835 tonneaux, et Ie mouvernent du commerce est represente
par une vale"" officielle de 223.000 tirancs. Mais iI
convient de remarquell" qu.e Ie taux eJ,eve <Iu fa-et. occa..
sionne par Ie trransport des c~hea!es, a dO. mettre obstacle
a l'expedition des navires a la cote d' Afrique.
)) Depu!s peu plusi,eurs navirelS sont encore partis pout ;
les cotes d'Afrique qui ont aussi l'avantage d'offrir pour
les T·etours des pToduits tIes avantageux nommes aTa~
chides, espece de tubO'"cule qui sert a faire de l'huile.
» II y a done avantage reel, evident, a chercher a
etendre no'S relations comm·eTciales avec cetre partie de
l' Afirique. )l
C
Le 10 novembre 1848, M. Sinave sexp.ima en des
termes pleins d'hostilite :
«( 11 parait que 1~ gouvernement s 'est decide
faire
ar
I
0.
a
I
1
1
f"
~"
•
..
I
- 36-
l'acquisition d'un terrain situe sur la cote occidentale
d'Af<ique, au 15' degre, c'est-a-dire sous les tropiques.
]e demanoea-ai si reellem'ent on a rintention d'envoyer
de ,:,alh:eureux Belges che:rche:r la mort s.ur ~et_te tene
pestilentlelle. »
~,
_'
M. I.e Ministre d.e l'Interieur :repondit com e suit:
(( Messi,euTs, nous _serons toujours prets a' repondre
a toutes les interpellations qui nous seront faites d~une
maniere convenable oet -opportune; je crois que des
int.erpellations comm'e ceUe qui vient de nous etre adressee seraient faites plus util.ement ,au ·mom,ent de la <liscu.sion de nos budgets respectifs. Celle de l'honotable
depute de Bruges concerne Ie budget des affaires ebrangheset en partie Ie mien. II est tres vrai que Ie. gouvexnement est entre en arrangement pour obtemr SUII'
la cote d'Afrique un etablissement dans Ie but de favoris~t I'exportation, non pas de nos c<>mpatriotes, mailS
de nos ptoduits. NallS donnerons a eet egard des
explications qui, fen suis persuade, parra:itront enti6-ement satisfaisantes
la Chambre. B lll'est pas question
d.e diriger des emigrants belges SUT la cote d'Attique ... »)
Le 25 juin 1851, M. Osy se .plaignit de ce que Ie gouvernement eut fon-de un etablissement sur la cote
d'Afq-ique. sans donner aucune ,publicite a eet acte, en
negligean~ ?e ,~'enqUthir's~ la nat,ion, voulait entrer dan~
cette vdi6 et, surtout, en vIOlant 1 aatlcle 68 de la Constltuti.an qui exige que toutes les conventions qui grevent
rEtat soient ratifiees pM la Legislature.
Le ministre n~:pondit qu'il n'avait ete ni necessaire,
ni utile de saisir la Chambre de la question. En eHet :
les fonds avaient ete preleves sur un credit ~e deux
millions de francs destine en partie a favonser nos
[1
a
.
relations commerciales.
'.:;~
t
\
\-- ...'
'
- 37-
n affirma enco:re qu'U n'-avait pas saisi la Chambre de
celte aHaire parce qu'il fallait d'abord que I'experience
. pronon~at; or, les ((,elations' comm'ercialels avec la cote
d'Afrique s'etaient considerablement developpees de~
pui:,; r acquisition du territcire,du Rio Nunez et nos
expocr-tations avaient atteint en 1850 une valeur de plus
d'un million de £:ranes.
"
Ces expeziences re continuaient ·encore, di~it l' ora·
i·eUT, et des qu'e]l.es seraient completest on demande:rait
a la Chambre de se pTononoer; quoi qu'i! en fut. ;1
s'emblait que ron devait feIicitet Ie Gouvernement,
puisqu' on lui avait toujoU!S demande de prendre des
mesures pr<>p:res a favoris·er les expoTtations et qu' il
avait donne cette fois a la Nation ( un nouveau d.ebou·
che to.-es important ).
Au aemeurant l' on n' etait engage que pour une
rente annuelle de 5.000 frrancs, « somme qui se reouisait
en realite a 2.500 francs ».
La-dessus M. Osy repliqua que l'aHaire etait eHectivement de peu dtimportance mais que {( les prrincipe.s
sont tout» et que l'artide 68 de la Constitution est
formel.
On avait d'ailleurrs prevu la construction de forts et
on pouvait pall' consequent etr·e entrain€: des depenses
supplementaires.
Bref, conc1uait-iI. {( on al.:lTait dO. pres-enter un projet
de Joi POUT ratifier l-e trait€: fait avec j,e De sais qui paUlI'
cre'er un etablissement 'Sur 1a cote dtAtirique >l.
Le 28 fevrier 1852, on po:rta une fois de plus au
budget la .omme de 5.000 francs, correspondant a la
redev,ance de 1.000 gourdes, etant entendu que 1" Tres""
profiterait de la difference entre cette somme et la
'.
.""
"\
a
o
-
- 39-
38-
a
valeur. sur les li-eux. des marchandises aestinees
dfectuer Ie payement.
Au com's de la discussion du budg.et pour:, }'exercice
1853 les Ire et·4e sections se plaignirent, dIes au&si, que
Ie traite d.e 1848 n'eut pasete ratifie par les'¢hambres.
Au COUTS de .]:a seance du 24 dec'embre 1852, M. Ie
Ministre des, AffalTes Etrangeres dit aux representantlS
de la Nation :
« La Lou;se~Marie va partir pour les cotes d'A£rique.
Un honorable membre a rridiculie.e les lentreprises faites
sur l-es cotes d.'Afrique, il n'est pas au courant de ce
qui Be passe. Les frais que Ie Gouv-ernement a faits POUll'
ou-vIiI des debouches
nOUre commerce ntont pas
perdus. La Belgique fait beaucoup d'affaires dans ces
pa~age*s let ce mouvement tend a augme1).ter tous les
a
J,ours. »
!-I
ete
Au COUTS de la discussion du budget pou~ r annee
1854. Ie Min;stre de Brouckhe declara :
(( On peut dire. d' apres les resultats cbtenus, qu·e Ie
pays n"a point a regtretter ce modique sacrifice. Notre
commerce a la cote occidentale d'Ahique suit une
ma'I"che satisfa;'sante let, loin de resbreind:re ce nouveau
debouche, il semblerait desirable de Ie voir s'elargir.
NOlls sommes toUjOUI:S libles< <le'\',a'n,oncer r accord fait
avec Lamina'.' Leino~~nt est-il arrive '~:S"n~s::,p.ollrrions
user de cette facult6 sans compromett're le"·p~og;e.s de
nos rdations avec la cote d'Ahique ? Resoudre affiT~
mat;vement e,ette qu,estion paraJ:t au moins premature;
mais un navire de la marine royale explore en ce
mOID'ent les lieux. »
M. Ie Ministre des Affaire. EAn-anghes. Comte Vilain
XI1I1, fit a la section centrale, qui preparait Ie budget
pour rexercice 1856, les declarations 5uivante~ :
« Depuis la signature du traite du 4 mars 1848, la
situation s'est modifiee. Gore'e ete erige ren port franc
et un traite avec r Angleterrre a Ollv,ert les possessions
britanniques. La convention ,de 1848 n'a done plus au
mem'e degre sa premiere raison J'etre. 11 parait d"ail~
j'eurs que I-a coutume accordee
Lamina -est une cause
permanente de discorde entre C'e chef et ses voisins, de
sorte gu'au lieu de seconder Ie mouvement des affahes.
la convention a eu plus d'une fois POUlI' effet de rentra~
ver en eloignant les caffavanes. Devant ces considera~
tious, Ie gouvernem,ent du Rei a pris Ie palI'ti de deIioneer l'arrangement du 4 mailS 1848 et il a charge de cette
mission notre consul a Goree. »
On devalt v·erser pour la demiea-e fois l' annuite, lors~
que. Ie 16 avril 1856, M. T'Kint de Naeyer demanda,
au cours de la seance de la Chambre, quelles elaienlles
mesures que le ministre comptait prendre :en vue de
proteger les interets belges en 5enegambie. L e mini!?tre
repondit :
« ai en IX,emier lieu rhonneur de Faire officiellement
part a la Cham bre de la mort de Lamina. Mai~, fut-il
encore vivant, je supprimerais Je subsi-de. qui vei['itabIe~
ment ne servait a rien. Non seulem-ent Lamina ne prote~
gea't pas' n08'"'edlanges', ·maisroesr~5i.OO{L francs qu"on
payait etaient un objet d'envle p'our ses voisins i car ces
petit'S princes negres se disputent 118. cote pour avoir
noble cadeau. C'etait plut6t un sujet 'de pillage qu'un
motif de <protection. Cependant. noll'S etions lies par un
traite. Tant que Ie traite n'avait pas ete denonce, il
fallait payer; cette annee scra 1a aerniere que nous
payerons.
a
a
r
o
•
-
- 41-
40-
Quant a la protection que nous pourrions accorder
a nos transactions sur 1a cote d'AfriS1ue, j.e n'en connais
II
pas d' autte que celIe que notre consul peut exerc« Imr
la cote du Rio Nunez. »
On voit par ce qui precede que i:e gouvernement
renon~ait honteusement a faire respect~· l'ordre pat
des sauvages dans une region minuscule ·dont il avait l-a
souverainete et dont il vantait lui.rneme Ies 'fessources.
y laissait nos nia:rchandi'Ses· it l'abandon, puisqu'il
sav~it ne pas pouvoi.r compter sur la protection de notre
consul etabli a Gon~e et ne disposant d 'aucune force
militaire.alors gu'on :ne pouvait meme pas s·e Her au
successeur de Lamina ..
Ce fut en consideration de cette situation pitoyable
que 'M. Mancheu! pronon~a eees paroles, Ie 19 fevrier
1858, devant les <epresentants de la Nation :
derniere figu. {( M·essieurs, dans Ie budget d.e
("ait encore U-ne somme de 5.000 fra,n'cs que l,a Belgique
payait depuis un .certain iIlombre d' annees au chef des
contrees baignees par Ie Ri()-Nunez ; cette somme n'est
plus portee au bu'Clget de cette annee. attendu que la
convention qui avait
faite avec Ie chef Lamina est
n
rannee
etc
denoncee.
» Mais. !v1essieuTs. sur la foi du traite qui avait
etc
conc1u avec Ie chef des indigenes. des interets assez
consi-derables avaient ete engages dans ces parages et
Ce'S inte·rets ne sont pas encore degages it l'heure qu' il
est.
I
)) 11 existe encore beau-coup de marchandises dans ce
pays. marchandises qui y ant
envoy4 .es pow etre
echangees contre des produits africa ins.
» rai l'honneur de demander a M. k Ministre des
ete
-
etc
Affaires Etran$ere-s lSi des m.esures quelcQnques ont
p:rises pour proteger ces inteuets et si on n' a pas
J"ep:resailles
craindre de la part
succes.seUJr de
Lamina et c·ela en r absence doe tout-e espece deprotec~
tion dans ces contrbe!s.
'
» Une etendue de tenitoite a-ssez yaste avait
cede~
en tout·e propriete a lei Belgique pacr la convention qui
avai-t
Faite avec Ie chef Lamina.
» Les pays arroses par Ie Rio-Nunez sont loin d'eme
sans avenii!' pour Ie commerce. 11 est facheux que nous
n'ayons pas pu y maintenir la position que nOL"lS y avions
p:rise et je suis persuade que d'autres nations, mieux
avisees que nous, la reprendront.
» Je crains 8m-tOUt que la propriete qui nollS avait
ete cedee ne soit complerem·ent petrdue POUT 1a Bel~
a
oe
au
ete
etc
gique.
» ]e desi<e obtenir de M. I:e Minretre quelques explicativTIs sur ce point. J)
Vcici en quels termes Ie Minis!:Ire repondit:
( Messieurs. Ie gouver-nement n'a pas perd.u de vue
les inhhets belges qui sont engages sur la cote d,'Afrique.
l> Le contrat dont l'honorable M. Moncheur a entreten'..l la Chambre ,a
effectivement denonce mais.
depul'S lors, aeux c-ombinaisons nouvelles se sont pre~
sente,es qui. peut·etre, donner<lnt ouverture
de nou·
veHes relations avec Ie successeUT au chef des Nalous.
II D'ap:res la premiere de ces combinaisons, une com·
pagn:e formce des industriels belges 'qui ont interet
entreten~a- des relations avec les cotes a'Afrique, se sub~
stituerait au gouvernement dans la c.onvention et devien·
drait proprietairre des teril'ains et paycrait au chef au
ete
a
a
<:
- 42-
- 43-
pays la subvention que Ie gouvernement beIge payait
it. Lamina.
.
[apport presente en execution de la loi du 18 avril 1848.
Sl~Q" l~mploi au credit de 2 millions <I.e francs qui avait
ete tOUvert au depart·em,ent de r int<hieur (n° 76 des
documents de l-a Chambre <:I.es Representants, seance au
27 decemlNe 1849).
II OU chef de cette oession, une re-devance annuelle
de 1000 gourdes etait payee par l'Etat au souverain de'S
Nalous.
» En outre les BeIges, pour pouvoir s'etablilr dans ce
pay~, etaient tenus .de payelt, annuellement aussi, une
somme de 10 gourdes pour 100 yasrds de terrain occupe.
» Le gouvernement du Roi, d' accord avec les vceux
exp~imes par la legislation, a denonce la oonventio!l de
1848.
)) Obsireux tout-efois de maintenir Ie commerce beIge
en poss-ession des avantages stipules dans cet anrange.
ment, Ie gouvernement a recherche les moyens d'obtenirr
ce result-at, tout en cessant de payer la rente annuelle
mise a charge de rEtat.
» Une convention nouv-elle a ete conc1ue a cet effet.
sous la date du 23 avril 1858, entre M. Bols, consul
general de Belgique a la cCite d'Akique, et Ie chef
actuel des Nalous.
'
» Cet arrangement, dont
ai l'honneur de vous com·
muniquer,,,copie, met Ie treso't...holl's de cause, tout en
sauvegardant les interets du commerce belge.
» Agreez, Monsi'eur Ie President. Ies assurances de
rna haut-~ consideration.
Baron de Vriere ..J)
» Ot ap:res la seconde combinaison. une
convention
nouvelle setait Faite avec Ie snccesseUT de~ Lamina.
l) La pr~uve que Ie gOUVell"nement n'a pas perdu de
vue ces inteuets, c 'est que notre comsul general a Goree
est en ce moment en route poUJr la cote d.'Afrique ; et
Ie maintien d'un consulat general sur oette cote :est 'un
temoignage de plus que Ie gouvemement ne negligenullement les inter&ts dont l'honorable M. Moncheu< a
entretenu la Chambre. ))
L e 7 decembre 1858, Ie Mini.tre dit :
({ 11 y a quelques annees, la cot.e occidentale de
l'Afrique presentait un c·ertain d6bouche it notre industrrie ; nos 'exportations avaient prilS quelque importance
et afin de donnell' toute securite et facilite a nos trans~
actions. un accord etait intervenu entre notre gouver.
nemen! et Ie chef des Nalous. 11 y ,avait de la part de
ce <:ernier une cession de t-erritoiil'e et de nome cote une
une obligation de payer une'il'".edevance annuelle d'en.
viton 5.000 francs. Cetteccnvention a ete denoncee,
rna:s Ie gouvernement en a fait negocier une nouvelle,
~t voici, a eet egard. la depeche que M. Ie Ministre
de,s Affa:relS Etrangeresa traIlsmise a la secticn centrale:
({ McnsieULr Ie President,
)) La ChambTe connai't Ia cession faite a la Belgique
par Lamina, feu chef des Nalous. d'une 'certaine etendue
de tenain SULr ].e Rio-Nunez, cote o'ccidentale d'Afrique.
» Les faits .sont exposes et la convention du 4 mars
1848 qui a consacr~ la cession est reptodu!te dans Ie
r
CONVENTION.
«
CeJourd'hui, Ie vingt-troisieme du mois d'avril cle
~-
-
44-
l' an mil huit cent cinquante-huit, a Caniope (Rio-
(.
,i..:
Nunez) ;
.'
») Enbr·e :
)) Urah Towl, chef des Nalous, et Caremo Towl, son
here puine. a'une part:
)) L. Bois, consul general de Belgique a la cote OCCIdental,e d'Afrique, d'autre part;
)} Nonabstant.
)) 1° La r·enonciation QU gouvernement de Sa Majeste
Ie rei des Belges au benefice du traite du 4 mars 1848 ;
)) 2' La cessation, des 1857, de la <ente de cinq mille
francs en marchandisce se'rvie au chef des Nalous depuis
1848 ;
)) En consid&-ation ;
» loDe l' education donnee it deux enfants Nalous
aux frais du gouvernement beIge;
)} 2° De l'allocation de cinq mille francs payee par Ie
gouvernement de Sa Majeste Ie roi des Belges pendant
neur ans :
l) 11 a ete convenuque :
)) l' Les Belges qui s'etabliront dans Ie pays des
Nalo1l's ne payercnt au chef qu'une redevance annuene
de dix gourdes (cinquante francs) en ma!fchandises par
cenl; Yal!'ds de terrain occupe ;
,
2' lis auront la faculte de disposer des bois necessaires it leur usage ;
)) 3° Le chef des Nalous. tant en 'Son nom qu'en celui
de ceux qui pounaient lui succe<ler. s 'engage a proteget
par tous ses moyens les Belges, ainsi qu·e leurs propTje~
tes et mwrchandises.
)) 4° A n'exiger d'eux. sou's aucun pretext,e, d'autre
teclevance que cel1e stipulee Ci~esSU5 ;
)) 5° A nOexiger aucun droit d'anctage. d'aiguaae ni
autTes -des navires belges qui -se rendront dans Ie fleuve ;
» 6° A n'accorder it aucune nation de faveur. qui ne
serait implicitement ret aussitot egalem<ent accordee a
la Belgique;
)) En foi de quoi, Urah Towl, Caremo Towl et L.
Bols ont signe la prelSente convention. faite en double
expediti,on. »
La Belgique avait donc cesse d'e possedeo: la souve
!I'ainete des rives du Rio Nunez.
Le: gouvernement fran~ais, mieux avise, C0l1clut Ie
28 novembre 1865 un traite 'avec Y oura T owl, :roi des
Nalous, qui reconnut la suzerainete et Ie protectorat de
1a France. sur la :region du Rio Nunez s'etendant de
I'embouchure jusqu'a Boke et, Ie I" decembre de la
meme ·annee, SUI la region de Skeltonia a Bel~A,ia-.
Le 21 janvier 1866 la France conc1ut avec Douka, roi
des Landoumas. un traite qui plac;.a son royaume egale..
ment sous Ie protecto:rat de oe:tbe puissance et qui
donna a celle-ci en pleine propriete Ie plateau de Boke
cUe C'onstruisit imm6distem,ent un poste forrtifie (1).
Aujourd'hui tous oes Iterritoires font paJrtie de Ia
Guinee fran9aise. Ainsi \Se vexifi.e la prediction faite par
M. Monchcur a la Chambre des Representants.
p
ou
..•
II est temps de conc1u.-e.
Notre gouvernement n'avait pas Sll ou n'avait pas
voulu tirer parti des :trraites et de la victoire aus is. Ia
diplomatie et au courage de Van Haverbeke.
(1) Vivien de Saint. Martin et Rouut:Iet: .. NouTeau Dictionnaire de
de zeographie univenelle. ~
- 47-
II n' avait jamais fait -occuper effectivement les rive's
Nunez. II n'avait pas meroe aide a la creation d.'un
compt-oirr ou d\me l3oci6te commerciale. II s 'etai:t borne
a installer nOn loin de la, a Goree. un c.onsul qui ne
disposait d ',aucune force miEtaire propre a. appuye- son
autorite. I1 ~vait abanclonne des 1851 la souverainete du
COUTS superieur du Rio Nunez, souv.erainete donnee par
Tongo aprcs lecombat d.e Bake. EnEn, il avait tenOnce
au
au benefice du traite de 1848
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n 'Semble que deux lI"aisons -
I'.
i;
il'
I,
ii
It
Ir
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f
j
Jui-m~me.
deux mauv,aises raisons
- lui -dicthent cette attitude: la c:rainte. si repandue a
cette epoqu~, des (( 'aventUJ·es )), craint·e que justifie:rent
peuc-eb,re dans une certaine m,esUre les difficultes avec
l\1ajore et les incidents avec ]es Anglais ; Ie desir d'evitel'
tous sacrifices financiers, de comprimer les depenses
quandmeme.
Et puis l'opinion publique, si puissante dans un pays
comme Ie notre, n 'avait palS enc()['e foi en la politique
coloniale. L'idee ne devait muril" que longtemps plus
ta.d
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r
if
,'"
to
Ma vie de ~1arin... Bruxellcs, Poot & Co, 1872. 2 voL
l\,j-:COIR: «Note sur un sabre d'hon neur decerne au commanda~t
de,ve:sseau Joseph Van Ha\'~rbeke (Rio Nunez, marS )849):1 in Bul.
letm des Museea royaux des arts dccoratifs et induatriels. nO de sep.
tembre 1 9 0 7 . '
., .
Bt:lgiq~~
KERMOR: «Le paes€: expinsionniste de 1a
in Bulletin
de la Ligue maritime belge, 60S des 10 et 25 mars 1907.
VERSTRAETE: «His!oire des travaux et projeh: de colonisation de.
Belgc.v .. in Bulletin de 1a Societe beIge de Geographie, 1880 et 188t..
, ~lAROY: ¢ ~os Marins. Joseph Vall Haverbeke:t in Bel'eique rna.
Iltl:nc et coloma Ie du 19 avril 1908.
.
SOURCES.
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Visele. 1899. 1 br. in 8°.
DE LANNOY: «La po!itique coloniale en Belgique de 1830 it 1848 ..
Bulletin de 1a Societe bda:e d' etudes coloniales. N05 S et 6, maio
juin 1920.
DU COLOMBIER:
Vne expedition franco-beIge en Guinee. La
campagne de la goelette de guerre 1a Loui5C Morie dans la colonie
beige du Rio Nunez (1849/:t. &lUetin de la Societe beIge d'etudea
c.olonialea, N°s 5-6, mai·juin 1920.
.FJCHF.FET: (! Com~te-rendu medico'chirurgical de la campagne
Lute par la Louhe.Afarie, a Ie c6te occ,identale d' Afr:que in Archives
belges de rv1ed ecine miJitaire, 18::4, tome 14c.
1)
HYMANS: (! Hisloire parlementaire de la Belgique de 1831
BruxelJes, Bruylant. 6 vol. in 80.
a.
leeO.:I
DE BUSSCHERE: c Code des traites et arrangements internationaux
de la Belgique. :I
. '
_.- c Le Livre d'Or de l'Ordre de Leopold et de la Croix de fer.»
Bruxdles, Lelong, 1858.
- «Vne ~~ge de l'Histoire de la Marine d'Etat belge:l in Le i\1ou.
vement mantlme, nO du 17 aoCH 1902.
l(
- ~ Nos Marins. Le Capitaine Van Haverbeh ~ in Belgiqu~ mao
ritime et coloniale du 13 octohre 1907.
- Les Annr.1es patlementa,irea.
- Le Recueil consulaire,
- Le Moniteur univenel.
- Le Moniteur beIge.
Lt. journaux et revues du temps.
,,
',~.
1)
,-:- ~ Un exploit du Commandant Van Haverbeke:l in Belgique
mlhtalre du 23 avril 1899.
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SINKEL:
in 12.
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