Le bilinguisme est-il essentiel au Québec et ailleurs au
Transcription
Le bilinguisme est-il essentiel au Québec et ailleurs au
Le bilinguisme est-il essentiel au Québec et ailleurs au pays? Actuellement, 8,8 % offres d’emploi affichées au pays exigent des candidats qu’ils parlent les deux langues officielles. Il s’agit d’une baisse de 2 % depuis 2007. Bien que 41% des CV dans la banque de Workopolis appartiennent à des candidats qui parlent plus d’une langue, la plupart des paires de langues mentionnées par ces candidats sont autres que le français et l’anglais. Seulement 11 % des CV de Workopolis indiquent une maîtrise du français et de l’anglais. Les candidats de Workopolis parlent 90 langues. 59 % d’entre eux indiquent ne parler qu’une seule langue, 30 % affirment maîtriser deux langues et 11 % maîtrisent trois langues ou plus. Lorsqu’on exclut le Québec, le mandarin, les autres langues chinoises et l’hindi sont mentionnés aussi souvent que le français, comme langue seconde. Nous avons demandé à nos visiteurs anglophones ce qu’ils pensaient du bilinguisme au Canada. Plus de 8 000 d’entre eux ont répondu à la question suivante : Le bilinguisme est-il toujours pertinent au Canada? Non, le monde fonctionne maintenant en anglais 42% Oui, le français et l’anglais sont essentiels 31% Oui, mais pas nécessairement l’anglais comme langue seconde 27% Du côté de nos visiteurs francophones, dont la grande majorité habite au Québec, les résultats sont bien différents. Le bilinguisme est-il nécessaire pour réussir au Québec? Non, le français suffit 16% Oui, le français et l’anglais sont essentiels 75% Oui, mais pas nécessairement l’anglais comme langue seconde 9% Ces résultats ont incité l’équipe de Workopolis à analyser les millions de CV dans sa banque de données pour essayer de mieux comprendre la valeur du bilinguisme, et ce, d’un océan à l’autre. Nous avons également jeté un coup d’œil à l’offre et à la demande régionale et sectorielle pour certaines langues autres que le français et l’anglais. Le marché de l’emploi et les deux langues officielles Comme nous l’avons mentionné plus haut, seulement 11 % des candidats canadiens affirment maîtriser le français et l’anglais. Sans surprise, Montréal compte le plus grand nombre de candidats bilingues – en fait, 50 % des candidats canadiens bilingues habitent le Montréal métropolitain. Le deuxième marché en importance est le Grand Toronto, avec 12 % des candidats bilingues du pays. OttawaGatineau est au troisième rang avec 10 %. La demande pour des candidats bilingues varie énormément en fonction de la région et du secteur d’activité. Par contre, les candidats bilingues sont concentrés dans quelques régions seulement. Un candidat bilingue prêt à déménager pour le travail jouit d’un avantage concurrentiel indéniable. En moyenne, une offre d’emploi exigeant des candidats qu’ils soient bilingues reçoit 20 % moins de candidatures qu’un autre poste similaire ouvert aux candidats unilingues. Les candidats bilingues profitent donc d’une concurrence moins forte pour ces emplois. Ce phénomène est particulièrement marqué en Ontario, où les offres d’emploi exigeant la maîtrise du français et de l’anglais reçoivent 39 % moins de candidatures. Voici les catégories d’emploi pour lesquelles la concurrence est la moins forte en raison des exigences linguistiques : administration/travail général du bureau (55 % moins de candidatures pour les postes exigeant le bilinguisme), comptabilité et finance (50 % moins), ressources humaines (44 % moins), formation et éducation (40 % moins) et service à la clientèle (37 % moins). Le top 10 des emplois pour lesquels les candidats bilingues ont un avantage concurrentiel 1. Administrateur de la facturation 2. Commis au recouvrement 3. Administrateur des finances 4. Soutien technique/Service à la clientèle 5. Conseiller en ressources humaines 6. Coordonnateur du marketing 7. Administrateur système 8. Conseiller en recrutement 9. Adjoint administratif 10. Représentant commercial Où se trouve la demande pour les candidats bilingues Vous voulez profiter pleinement du fait que vous maîtrisez les deux langues officielles? En comparant l’emplacement de l’offre et de la demande, nous avons déterminé le niveau de concurrence pour les postes bilingues, et ce, dans chaque grande région du pays. Il s’avère que Montréal n’est qu’au troisième rang des meilleurs marchés pour les candidats bilingues, puisque le nombre de candidats bilingues y est très élevé par rapport au nombre d’emplois disponibles. Les marchés de Toronto et de Guelph sont les plus intéressants pour les candidats bilingues, car on y trouve beaucoup moins de candidats qualifiés pour pourvoir ces postes. Voici la liste des 20 villes les plus intéressantes pour un candidat bilingue qui veut maximiser ses chances de décrocher un emploi pour lequel le bilinguisme est exigé. Nous avons établi ce classement en divisant le nombre de candidats mentionnant la maîtrise du français et de l’anglais par le nombre de postes pour lequel le bilinguisme est exigé. Les 20 meilleurs marchés pour les travailleurs bilingues 1 Toronto, Ontario 2 Guelph, Ontario 3 Montréal, Québec 4 Kitchener, Ontario 5 Fredericton, Nouveau-Brunswick 6 Hamilton, Ontario 7 Regina, Saskatchewan 8 Moncton, Nouveau-Brunswick 9 Halifax, Nouvelle-Écosse 10 London, Ontario 11 Ottawa, Ontario 12 Brantford, Ontario 13 Québec, Québec 14 St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador 15 Winnipeg, Manitoba 16 Vancouver, Colombie-Britannique 17 Oshawa, Ontario 18 Edmonton, Alberta 19 Kingston, Ontario 20 Cornwall, Ontario Une étude réalisée en 2012 par le Conference Board du Canada révélait que les francophones ont des revenus supérieurs à ceux des anglophones – mais seulement lorsqu’ils habitent à l’extérieur du Québec. « La maîtrise des deux langues officielles peut rapporter gros », affirme l’auteur de l’étude et directeur du Centre des études municipales du Conference Board, Mario Lefebvre. « Si vous habitez une région pauvre en francophones, vous devenez une ressource précieuse et vous serez le bienvenu à bien des endroits. » En 2010, les professeurs d’économie Louis Christofides et Robert Swidinsky, de l’Université de Guelph, ont étudié la valeur du bilinguisme pour les Québécois. Ils ont constaté que les Québécois bilingues gagnent en moyenne 7,5 % plus que les Québécois francophones unilingues. À l’extérieur du Québec, les hommes bilingues gagnent en moyenne 3,8 % plus que les hommes anglophones unilingues. Le pourcentage est de 6,6 % du côté des femmes. Les compétences langagières comptent parmi les mensonges les plus fréquents dans les CV Les employeurs nous disent que le troisième mensonge le plus fréquent dans un CV concerne les compétences langagières des candidats. Ceux-ci ont tendance à exagérer leur connaissance d’une langue seconde, plus particulièrement à l’extérieur du Québec, où des candidats anglophones ayant seulement pratiqué le français à l’école postulent des emplois exigeant la maîtrise du français. Au final, la grande majorité des emplois affichés au pays n’exigent pas la connaissance des deux langues officielles. Il n’est donc pas nécessaire de parler plus d’une langue pour travailler au Canada. Cela dit, ceux qui maîtrisent les deux langues ont accès à un plus grand nombre d’occasions d’emploi et leurs revenus sont plus élevés que ceux des candidats unilingues. La demande pour les langues autres que le français et l’anglais Environ 1 % des emplois affichés exigent la connaissance d’une langue autre que le français ou l’anglais. En 2006, l’espagnol était la troisième langue la plus en demande. Aujourd’hui, les langues chinoises sont au premier rang, suivies de l’espagnol. Bien que le mandarin et les autres langues chinoises soient les plus en demande après le français et l’anglais, certains secteurs d’activité ont des besoins plus précis. Dans le secteur des technologies et des médias numériques, l’espagnol est la troisième langue la plus courante, tandis que l’italien est la troisième langue la plus souvent demandée dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie. Les autres langues parlées au Canada 41 % des CV sur Workopolis mentionnent la maîtrise de deux langues ou plus. Toutefois, seulement le quart de ces CV incluent le français ET l’anglais. Lorsqu’on jette un coup d’œil aux francophones bilingues qui parlent une langue autre que l’anglais, on remarque la forte présence d’autres langues romanes (espagnol, italien, roumain et portugais.) Ce fait s’explique par la présence de communautés bien établies à Montréal, notamment la communauté italienne. L’arabe est au premier rang, ce qui n’est pas une grande surprise, compte tenu de l’histoire coloniale de la France et des tendances en matière d’immigration dans les régions francophones. Le top 10 des paires de langues incluant le français (et excluant l’anglais) : 1. Arabe 2. Espagnol 3. Italien 4. Roumain 5. Mandarin/Chinois 6. Portugais 7. Allemand 8. Russe 9. Grec 10. Haïtien Du côté anglophone, la liste des 10 paires de langues les plus fréquentes (à l’exception de la paire anglais/français) est fortement influencée par les tendances de l’immigration canadienne hors Québec. Pour les besoins de notre analyse, nous avons regroupé toutes les langues chinoises. Le chinois est la troisième langue la plus fréquemment combinée à l’anglais. Les langues sudasiatiques (hindi, punjabi, urdu, gujarati, tamoul) sont aussi mentionnées fréquemment, notamment dans le Grand Toronto ainsi qu’à Vancouver. Ces langues sont parlées par de nombreux Canadiens de première génération qui travaillent et vivent dans d’autres grandes (et moins grandes) régions du pays. Le top 10 des paires de langues incluant l’anglais (et excluant le français) : 1. Mandarin/Chinois 2. Hindi 3. Espagnol 4. Punjabi 5. Tagalog 6. Urdu 7. Arabe 8. Russe 9. Gujarati 10. Tamoul Comme c’est le cas pour le français et l’anglais, les autres langues parlées au pays ne sont pas distribuées de manière uniforme. Par exemple, voici les régions où se trouvent le plus grand nombre de candidats parlant le mandarin et les autres langues chinoises : 1. 2. 3. 4. 5. Région du Grand Toronto (42%) Metro Vancouver (28%) Calgary (9%) Montreal métropolitain (4%) Edmonton (3%) Du côté des offres d’emploi affichées en anglais par les employeurs canadiens, la langue la plus couramment recherchée après le français est le mandarin et les autres langues chinoises. Ces emplois sont concentrés en Ontario (53 %) et en Colombie-Britannique (29 %); d’autres provinces comme le Québec (9 %) et l’Alberta (6 %) proposent aussi une quantité non négligeable d’occasions d’emploi. Fait intéressant, l’offre concorde avec la demande pour les candidats sinophones, et ce, dans la plupart des régions du pays. De nombreux secteurs d’activité ont besoin de candidats sinophones. 64 % des emplois affichés sont répartis dans les industries suivantes : services financiers, service à la clientèle, soins de santé et de bien-être, vente, administration, tourisme et services alimentaires. Pour un aperçu plus détaillé de l’offre et de la demande pour les travailleurs bilingues et polyglottes aux quatre coins du pays, jetez un coup d’œil à notre carte interactive (en anglais seulement.)