Action Lapeyre
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Action Lapeyre
Action Lapeyre Belgique Espagne France Suisse vendredi 28 avril 2000 Quatre pays en action pour maintenir l’Amazonie vivante ! Rue du progrès 317 -- 1030 Bruxelles Service presse: Elysabeth Loos 02/274.02.19. 1 Se fournir chez Lapeyre peut signifier contribuer à la destruction des forêts primaires ! § Le groupe français Lapeyre est actuellement un des grands détaillants de produits ligneux utilisés pour la menuiserie, en Europe. Ce groupe est propriétaire de 114 magasins. Ces points de vente sont situés en France (et DOM-TOM), en Belgique, en Espagne et en Suisse. Moins présent sur le marché en Belgique qu’en France, Lapeyre y possède cependant sept magasins, situés à Anvers, Mons, Charleroi, Gand, Hal, Liège et Zaventem. Le groupe Lapeyre et l’exploitation des forêts primaires Lapeyre commercialise une large gamme d’articles (escaliers, portes, châssis...) fabriqués tant à partir de bois européen (hêtre, chêne...) que de bois originaire des forêts primaires. Très souvent, un produit est disponible en version ‘européenne’ et en version ‘forêts anciennes’. Lapeyre propose à ses clients une large gamme d’articles fabriqués au départ de bois originaire des forêts primaires d’Amazonie, d’Afrique centrale, d’Asie du sudouest ou encore de Colombie britannique (Canada). Pour se fournir en bois, le groupe s’adresse à des fournisseurs qui ne font pas souvent grand cas de la gestion forestière ou qui se complaisent dans des pratiques illégales débouchant sur la dévastation des forêts primaires. En 1999 et pendant les premiers mois de cette année, Greenpeace s’est penchée sur cette gamme de produits non européens, tant en France qu’en Belgique, en Espagne ou en Suisse. La liste reprise ci-dessus a été établie après plusieurs visites dans différentes succursales de Lapeyre. Lors de ces visites, des entretiens ont été menés avec les vendeurs et des informations ont été récoltées dans les catalogues diffusés dans les quatre pays. Toutes les essences reprises dans cet encadré ne sont pas nécessairement disponibles en Belgique. Il est possible que cette liste soit incomplète ou que des changements soient intervenus dans le type d’essences proposé. Ainsi, lors d’un récent entretien avec les responsables français du groupe Lapeyre, il a été établi que le bois dur d’origine africaine Moabi ne sera à l’avenir plus utilisé pour la fabrication de portes. 2 ESSENCES ORIGINAIRES DES FORÊTS PRIMAIRES UTILISÉES PAR LAPEYRE 1999-2000 Amazonie Afrique centrale Colombie britannique Asie du sud-ouest curupixa*, jatoba, pau amarelo, tatajuba et tauari* acajou, ayous, etimoe, moabi, aniegré/mukali, okoumé et sapelli* hemlock* meranti*, merbau*, ramin.* * essences disponibles en Belgique A titre d’exemple, le merbau est utilisé pour les parquets ; le curupixa pour fabriquer des portes ou des châssis ; le tauari sert souvent à la confection d’escaliers ; le hemlock est utilisé pour les portes intérieures et les placards. Dans la majorité des cas, l’origine de ces bois est problématique. Elle résulte du pillage des dernières forêts primaires de la planète, dans des régions où les coupes sont souvent perpétrées dans l’illégalité. Certaines des essences utilisées par le groupe Lapeyre sont cataloguées par la World Conservation Union (WCMC/IUCN) de ‘vulnérable’, ‘menacée’ ou encore ‘extrêmement menacée’. Ces dénominations impliquent l’eventualité d’une extinction de l’essence dans son milieu naturel à court ou à moyen terme. Le groupe Lapeyre et la forêt amazonienne Lapeyre est propriétaire de la société Eldorado, principalement active dans l’état de Parà au coeur de l’Amazonie. Lapeyre est le client principal de cette société exportatrice de bois brésiliens. En France, Lapeyre est, de plus, le principal négociant de produits ligneux provenant d’Amazonie. Greenpeace a découvert qu’entre 1998 et 1999, près de la moitié des entreprises (77 sur 159) ayant fourni du bois à Eldorado ont été verbalisées et ont eu des amendes à payer pour avoir pratiqué illégalement l’exploitation, le transport ou l’entreposage. Quatorze fournisseurs au moins, n’étaient pas inscrits auprès d’IBAMA, l’agence gouvernementale brésilienne responsable de l’environnement. Ce qui constitue un minimum légal. 3 § Des consommateurs de plus en plus nombreux souhaitent être informés de la provenance des matières premières utilisées pour les articles qu’ils s’apprêtent à acheter et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas participer à la destruction des dernières forêts primaires. En avril 1999, Lapeyre s’est engagé publiquement 1 à informer ses clients quant à l’origine des bois vendus dans ses magasins. A ce jour (fin avril 2000), Lapeyre ne semble pas avoir tenu ses engagements. Quelques exemples des limites de l’identification des bois actuellement proposée par Lapeyre L’appellation ‘bois exotiques’ utilisée tant dans les catalogues Lapeyre que dans les magasins. Ce terme ne révèle pas grand-chose quant à la provenance exacte des bois. Il est tout au plus possible d’en déduire que le bois provient de régions tropicales. Aucun indice ne permet de déterminer si la matière première est issue de plantations ou d’un abattage sauvage dans les forêts primaires. Il est cependant possible d’affirmer que l’appellation ‘bois exotiques’ utilisée par Lapeyre (Belgique) renvoie très souvent aux essences curupixa et tauari, originaires des forêts amazoniennes. Le bois manufacturé par Lapeyre ne provient donc pas de zones forestières gérées durablement. Vu les relations étroites qu’entretiennent les firmes Lapeyre et Eldorado, il y a fort à parier que le bois vendu dans les points de vente belges, français, suisses ou espagnols ait été produit dans l’illégalité Meranti : plusieurs articles vendus par Lapeyre sont désignés comme ayant été fabriqués à partir de ‘meranti’. Il n’est donc pas précisé plus explicitement que ces essences sont originaires d' Asie du sud-ouest (principalement de Malaisie et d’Indonésie), région où les forêts sont toujours pillées à grande échelle et où une partie importante des coupes sont illicites. L’appellation ‘meranti’ renvoie en réalité à une quinzaine d’espèces ou sous-espèces dont certaines sont menacées à court terme d’extinction. Une information précise quant aux espèces transformées pour les besoins de l’industrie peut se révéler d’une importance capitale. Hemlock : ce bois est issu des forêts tempérées humides de Colombie britannique (Canada). Des forêts qui ont mis des siècles à se développer sont décimées par l’industrie du bois et du papier. Depuis de nombreuses années, Greenpeace lutte pour la sauvegarde de la Grande Forêt aux Ours, la plus importante partie subsistante de Colombie britannique qui, jusqu’à aujourd’hui, pourrait être le terrain de terribles ‘coupes à blanc’. Coupes qui ne détruiraient pas uniquement le couvert forestier mais qui menacent les populations d’ours et de loups de disparition. 1 Voir annexe 4 Pour Greenpeace, il est essentielQu’attend de fournir aux Greenpeace consommateurs du groupe une information correcte. Cela signifie qu’au minimum, le type d’essence doit être mentionné (de Lapeyre ? manière correcte et précise) pour chaque produit. La provenance des matières premières doit également être indiquée. C’est de cette manière qu’un consommateur responsable pourra effectuer son choix. Bien évidemment, une information correcte ne suffit pas. Greenpeace attend du groupe Lapeyre une enquête interne visant à déterminer l’origine exacte des bois utilisés. L’objectif de cette enquête doit être d’arrêter de se fournir auprès d’exploitants et de commerçants impliqués dans l’exploitation et la vente de bois produit dans l’illégalité. Le bois provenant du pillage des forêts anciennes doit de toute urgence être remplacé par des essences dont la provenance et les conditions de production peuvent être parfaitement démontrées et pour lesquelles toutes implications dans la dévastation des forêts anciennes peut être formellement exclue. La certification FSC permet d’offrir ces garanties. Ce Forest Stewardship Council a été créé en 1993 par plus de 100 représentants des professionnels du bois, actifs dans les domaines socio-économique et environnementaux de par le monde. L’objectif de la certification FSC est de promouvoir une gestion durable des forêts sur base de critères généraux et valables pour tous. Les opérations liées à la production du bois sont dès lors confrontées à ces critères. Si une opération est reconnue conforme, un certificat est délivré, le bois résultant de cette opération peut être vendu avec un label FSC. Le terme ‘forêts primaires’ (éventuellement forêts anciennes) utilisé dans ce dossier renvoie au concept suivant : les forêts anciennes sont les forêts qui se sont établies grâce aux événements naturels et qui sont très peu touchées par les activités humaines. Pour que des populations viables d’espèces telles que les ours bruns ou les éléphants puissent survivre, il est essentiel que ces forêts ne soient ni détruites, ni fragmentées. 5 Source et annexes : Les catalogues Lapeyre été 1999- automne 2000. Le contenu de ces publications diffère légèrement mais comme un certain nombre de produits (présentés dans le catalogue 1999 et non repris dans la version 2000) restent disponibles dans les magasins, ils ont été repris dans la liste. Catalogues Lapeyre 1999 – 2000 Publications de Greenpeace International : Against the Law . The G8 and the illegal timber trade. Avril 2000 Buying Destruction, a Greepeace report for corporate consumers of forest products, Amsterdam, octobre 1999. Oldfield S. Et al. The World List of threatened trees. The World Conservation Union (WCMC/IUNC), 1998 650p. A consulter à l’adresse http://www.wcmc.org.uk Engagement de Lapeyre – avril 1999 FFTBA/FFB – La fédération française des Bois tropicaux et américains (FFBTA) et la fédération française des magasins de Bricolage (FFB). Communiqué de presse, Paris, le 9 avril intitulé « Des distributeurs s’engagent » Lettre de Greenpeace-Belgique à Lapeyre, 27 mars 2000 et réponse de LapeyreBelgique, Christian Villebrun, 10 avril 2000. L’ensemble de ces documents est disponible auprès du service de presse de Greenpeace-Belgique : 02/274.02.19. 6