Solaar donne le tempo!

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Solaar donne le tempo!
Solaar donne le tempo!
MC Solaar fête la francophonie en donnant
le « tempo » aux Grecs. Alexia Kefalas a
passé 24h avec le célèbre rappeur.
Il aime endosser plusieurs costumes. Rappeur français célèbre
depuis les années 90, toujours aussi populaire, MC Solaar
s’active pour la francophonie. L’un des premiers artistes à
avoir réussi à populariser le rap en France en le faisant
découvrir au grand public, notamment grâce à ses textes
élaborés et mesurés, il n’a de cesse d’observer la société et
son évolution. Dans le rap français, il compte parmi les
ardents défenseurs des textes. En Grèce, c’est en qualité
d’ambassadeur de la francophonie qu’il a donné un concert
unique à l’Institut français d’Athènes, à l’initiative de
Catherine Liber, l’attachée culturelle de l’ambassade de
France en Grèce. Mais MC Solaar, de son vrai nom Claude
M’Barali, est aussi animé par d’autres envies comme celle de
rencontrer son public en dehors de l’hexagone.
En plus d’être celui qui vend le plus de disques dans la
catégorie rap, et d’avoir été récompensé quatre fois aux
Victoires de la Musique, MC Solaar parcourt le monde. Et pas
seulement en tournée. Ce rappeur d’origine sénégalo-tchadienne
n’est pas inconnu des lycées français à l’étranger. Et pour
cause, ses textes sont régulièrement étudiés à l’étranger.
Pour son premier voyage à Athènes, il est venu remettre des
prix à des lycéens grecs venus de tout le pays dans le cadre
de la semaine de la francophonie. En répondant à l’invitation
de Catherine Liber, il avoue avoir été frappé par la vivacité
de la langue française en Grèce, «pour la première fois, j’ai
vu l’action de la francophonie, des écoles et des gens
venaient de partout pour le français. Ca on le voit jamais en
France, le mot même de «francophonie» est souvent juste un
mot. De la frontière turque au Pirée, ils sont heureux
d’apprendre le français et ça c’est vrai » explique t- il sans
cacher son émotion et sa fierté. «On se dit, enfin la France
s’ouvre parce que la langue française est à l’honneur» ajoute
t-il.
S’il a trouvé le public de l’Institut français chaleureux et
ouvert, MC Solaar s’étonne des rencontres qu’il a fait à
Athènes «des chauffeurs, aux agents de sécurité, tous les
Grecs ont l’air très touchés par cette crise économique et par
le fait d’avoir été pointés du doigt ou humiliés…c’est fou,
tout le monde en parle !» s’étonne le rappeur. C’est pourtant
de ce genre de d’évènement que sortent de vrais textes de rap.
De
la
contestation
au
vide
«Si
le
rap
excelle,
le
Jazz en est
l’étincelle»
aime deviser
MC
Solaar.
Lui-même
inspiré
par
Serge
Gainsbourg,
des musiques
africaines ou des classiques noirs américains ; il observe
l’évolution de la musique rap avec beaucoup de recul. «Le rap
en France était très contestataire au début, une sorte
d’anarchisme. Plus tard, il y a eu un rejet avec le phénomène
des banlieues. Puis une phase de conciliation avant d’arriver
au rap de constat genre «je viens de là, c’est ça ma vie» ce
qui est très américain, et là, curieusement le rap témoin a
disparu pour un rap matériel» déplore t-il «On parle de
marques : Louis Vuitton, champagne, smartphone…c’est
superficiel mais aussi pas seulement. Les rappeurs contestent
la société parce qu’ils veulent en faire partie mais de la
mauvaise manière, ils diront par exemple «j’ai une grosse
voiture donc je t’écrase», c’est violent» décrypte t-il.
La conjoncture économique est, selon lui, à l’origine de cette
évolution «c’est avec la crise que la pub existe, tu vois des
jeux comme «le juste prix» qui vantent les produits de luxe,
c’est l’essence de la société de consommation et on le voit
dans tous les textes de rap». Le rappeur le plus aimé des
Français ne veut pourtant pas sombrer dans le pessimisme. Au
contraire, il voit dans l’art « une force politique. Il y a
des constats, puis ça devient de la poésie, des textes. Le rap
français se distingue parce que la langue française est
politique. Quand on entend le français, les gens voient la
révolution, imaginent la libération, Jean Moulin, des belles
images de gens qui existent, qui vivent » conclut-il. Le
français est donc bien vivant et comme aimait s’interroger le
président François Mitterrand «Que serait la francophonie si
personne ne parlait français?»