dossier pedagogique le clown
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DOSSIER PEDAGOGIQUE LE CLOWN SOMMAIRE I - Une définition extraite du Centre National des Ressources textuelles et lexicales II - Histoire du cirque et du clown (source : Cirque autour) III - Des clowns célèbres : l’Anglais FOOTTIT, le russe POPOV, le suisse GROCK, les frères FRATELLINI. IV - Types de clowns traditionnels V - Le clown dans tous ses états VI - A propos des Rois vagabonds I - Une définition extraite du Centre National des Ressources textuelles et lexicales Clown A.− Vx. Paysan, bouffon du théâtre anglais. Le bouffon anglais n'a rien du valet de comédie (...) Le seul personnage avec lequel on puisse le confondre est son compatriote, le clown qui lui survit encore aujourd'hui (Thibaudet, Réflexions sur la littér.,1936, p. 90). B.− Usuel. Artiste de cirque au costume et au maquillage extravagants qui emploie ses talents à faire rire les spectateurs au moyen de pitreries diverses, fondées principalement sur la parodie et la dérision. Synon. auguste, paillasse, pitre : 1. Il est l'homme qui, dans un cirque, aux acclamations de la foule, soulève des haltères, ou, plutôt, il est le clown qui, après que les hercules ont terminé leurs passes, les parodie en jonglant, lui aussi, avec des haltères, mais qui sont en carton et creux. Huysmans, L'Art. mod.,1883, p. 159. SYNT. Clown nain; clown musicien (ou musical); clown dresseur, parleur, sauteur; costume (ou maillot) de clown; numéro de clown; maquillage (ou grimage) de clown; perruque de clown; agilité, légèreté, talent de clown. − Spéc. Clown blanc. Artiste au costume richement brodé et recouvert de paillettes, au visage plâtré, au bonnet conique, ayant pour rôle de provoquer ou de mettre en relief le ridicule de son partenaire (cf. Hist. des spectacles, 1965, p. 1539). C.− Au fig. 1. Personne qui prête à rire ou qui amuse les autres par son apparence physique ou son comportement. Quel clown! faire le clown; ressembler à un clown; avoir l'air, l'allure d'un clown. Bille de clown (arg.) : 2. "Ah! Certes, il était drôle, le père Pavilly, avec ses grandes jambes d'araignée et son petit corps, et ses longs bras, et sa tête en pointe surmontée d'une flamme de cheveux rouges sur le sommet du crâne. C'était un clown, un clown paysan, naturel, né pour faire des farces, pour faire rire, pour jouer des rôles, des rôles simples puisqu'il était fils de paysan, paysan lui-même, sachant à peine lire." Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Les 25 francs de la Supérieure, 1888, p. 251. − [Empl. comme compl. déterminatif] De clown. Qui est destiné à faire rire : 3. "... ils [les enfants anglais] vivent avec Alice au pays des merveilles et Peter Pan. Nulle part, une telle prodigalité de fantaisie n'est mise à la disposition du premier âge. De mon temps, nous n'avions pas cette littérature de clown..." Barrès, Mes cahiers, t. 13, 1921-22, p. 181. − Emploi adj. Un peu clown. Un peu ridicule. [Lui] dégingandé, un peu clown, blagueur qui voulait nous accompagner jusqu'à Carnot (Gide, Voyage au Congo,1927, p. 771). − Littér. [Le clown, symbole de tristesse dissimulée sous le rire] Clown malheureux, sombre, triste; pauvre clown. Des clowns succédèrent, enfarinés, presque tragiques de sérieux même dans leurs pantomimes folles (P. Bourget, Études et portraits, Études anglaises, 1888, p. 331). Il en fait (Fernand René du rôle de Goffard dans la dame aux gants verts) une sorte de très curieux clown douloureux et déshonoré (Colette, La Jumelle noire,1938, p. 100): 4. Un rire triste comme un clown en habit noir. Renard, Journal,1890, p. 65. Rem. Dans cet ex., il est fait allusion au clown en habit noir, spécialité angl. (cf. Lar. 19e Suppl. 1878). 2. Péj. Personne qui ne peut être prise au sérieux à cause de son attitude irréfléchie, de son incompétence ou de son inconsistance dissimulée sous une fausse assurance. Prendre pour un clown, traiter de clown. Synon. fantoche, guignol, marionnette, pantin.− J'attends la défaite française, me dit Savine avec tranquillité. Que voulez-vous faire avec des clowns pareils à la tête d'un pays? (Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 298): 5. ... c'est ce que le Parti Radical commence à comprendre; mais si habiles que soient ses clowns, il aura de la peine à en trouver qui sachent éblouir les gros banquiers juifs aussi bien que le font Jaurès et ses amis. Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 79. II - Histoire du cirque et du clown (source : Cirque autour) La Chine est le berceau de l’acrobatie (5000 ans avant J.-C.) et la jonglerie a au moins trois mille cinq cents ans, des dessins vieux de 4500 ans montrent des acrobates et des dresseurs d’animaux et des équilibristes. En Crète, à Cnossos, on a retrouvé un mur peint, datant d’environ 2400 av J-C, qui montre de jeunes athlètes se livrant à des exercices sur un taureau. En Grèce, les artistes travaillent beaucoup dans la rue, sur les places et sur l’Agora. Dés le IIème siècle avant J-C, de petites ménageries ambulantes sillonnent les routes de l’Italie, offrant à la curiosité des populations des lions, des ours, des singes et des serpents. LE CIRQUE DANS L’ANTIQUITE En Italie, à Rome, les jeux du cirque rythment l’existence des Romains et alimentent les passions. Un peuple entier se presse chaque jour à l’amphithéâtre, le spectacle est gratuit, son seul luxe, plus que le pain distribué, les jeux du cirque fournissent à l’empereur l’occasion d’établir avec les Romains le contact indispensable au bon fonctionnement d’un régime à la fois autoritaire et démagogique. Le plus important de tous les cirques du monde antique, le CIRCUS MAXIMUS, atteindra au fil de ses aménagements et de ses empereurs la capacité de 385000 places. Les jeux s’ouvrent par une parade, précédée d’une fanfare, des comédiens chargés de faire rire la foule au moyen de culbutes et d’équilibres ratés, des écuyers défilent debout sur deux chevaux au galop. Des voltigeurs sautent en plein galop, d’un cheval à l’autre. Au dessus de l’arène, évoluent des funambules à très grande hauteur. A la suite de la chute mortelle d’un enfant, l’empereur Marc Aurèle imposa la présence de matelas. Précurseur du filet pour les trapézistes. On pouvait voir des dresseurs d’animaux, des singes musiciens, des ours boxeurs, un aigle emportant un enfant dans ses serres, des lions qui chassent et ramènent vivant dans leur gueule des lapins, des éléphants danseurs… LE CIRQUE AU MOYEN AGE A la chute de l’Empire Romain, les foires accueillent les Saltimbanques et leur offrent de nouveaux territoires pour le développement de leurs activités. Les bouffons, mimes, acrobates se dispersent et commencent à voyager… les artistes sont ambulants. Toutes les grandes villes d’Europe ont une foire, un calendrier se met en place : on peut voir des funambules, jongleurs, montreurs d’ours… mais attention un jongleur trop habile se pare très vite des charmes d’un sorcier dont les prouesses risquent de se consumer sur le bûcher. Le mot cirque a disparu depuis le VIème siècle et réapparaît curieusement au XVIIIème siècle, au fronton d’un établissement londonien : « Royal Circus » ; le mot cercle du latin circus, après quelques siècles d’oubli, reprend vie. NAISSANCE DU CIRQUE MODERNE C’est peut-être dans les derniers lambeaux de brumes flottant au-dessus des prés bordant la Tamise, par une tiède après-midi de printemps, qu’une poignée de curieux a découvert un spectacle insolite. Présenté entre des cordes et des piquets, un homme en uniforme, une plume fièrement fichée au chapeau exécute d’étranges voltiges sur le dos d’un cheval lancé au galop. En 1768 Philip ASTLEY, jeune soldat de 26 ans, excellent cavalier, trace une piste rudimentaire dans la terre. Contraint de travailler aux heures les plus claires et les plus chaudes, contraint d’espacer les temps de travail pour ne pas épuiser son cheval, ce cavalier vêtu de rouge sang, développant ses exercices au son du tambour et du fifre, est en train d’inventer… le cirque. Il clôture dans un premier temps son espace, le transforme ensuite dans un établissement singulier ou l’on présente à heures fixes des exercices d’agilité à cheval puis diversifie ses présentations en insérant entre les numéros équestres des exploits acrobatiques, funambulesques, jonglés et bien sûr comique. L’histoire du cirque peut commencer. Le mot cirque est utilisé pour la première fois par Charles Hugues en 1782 lorsqu’il crée son amphithéâtre équestre et le nomme « The Royal Circus». Mais en France, Franconi, un italien lui succède (dresseur de canaris). Il crée un nouveau cirque : le cirque Olympique FRANCONI en 1806 ouvre l'ère du cirque en France. Dans les premiers cirques, le programme comprenait donc surtout des numéros équestres. C’est pourquoi on utilisait une scène circulaire, appelée piste, où le cheval pouvait galoper à vitesse constante; l’écuyer, debout sur l’animal, légèrement penché vers l’intérieur du cercle, était maintenu en équilibre par la force centrifuge. Monter deux chevaux à la fois, un pied posé sur la selle et l’autre sur la tête du cheval, ou se tenir en équilibre sur une bouteille posée sur la selle et tirer au pistolet sur une cible éloignée, voilà quelques-uns des numéros spectaculaires dans lesquels se produisaient Astley et ses concurrents durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ce genre de numéro va se perfectionner au XIXe siècle. Les écuyers costumés, comme Andrew Ducrow, exécutent des pantomimes à cheval ou de gracieux pas de deux avec leurs jolies partenaires. D’autres écuyers, dont les numéros sont plus acrobatiques, exécutent des sauts périlleux en passant d’un cheval à l’autre. D’autres encore forment à plusieurs des pyramides en se tenant en équilibre sur plusieurs chevaux. L’épanouissement du cirque au cours des trois premières décennies du XIXe siècle est lié aux noms des Franconi et de Dejean (1786-1879) en France, de Christophe de Bach (1768-1834) en Allemagne, d’Andrew Ducrow (1792-1842) en Angleterre, de John Robinson (1802-1888) en Amérique. D’abord bâti sur des prouesses équestres, le cirque s’ouvre à la pantomime à partir de 1820. LES CLOWNS Aux spectacles équestres, s’ajoute la première figure du clown. Acrobate d’abord, il utilise son corps pour faire rire (cabrioles, numéros avec des animaux). Il est au début tout seul sur scène, puis rejoint par d’autres personnages permettant la création de duos, de trios et de saynètes, grâce à l’ordonnance sur la liberté des spectacles en 1864. Etymologiquement, le mot “Clown”, provenant de l'ancien anglais « clod » (le colon) désigne une personne maladroite, un “rustaud” en anglais. Dans les pièces de théâtre élisabéthain, le clown était un personnage gaffeur, balourd, ridicule, mais en même temps, doué d’un rude bon sens et d’un audacieux cynisme. L’apparition du clown se généralise dans la seconde moitié du XIXème siècle. Le premier maquillage sera repris et réinventé au fil des siècles par une succession d’amuseurs, dont Joseph GRIMALDI qui en fera un symbole au début du XIXème siècle : maquillé en blanc, il annonce le clown moderne. Son costume est misérable, son maquillage grotesque ; c’est celui qui reçoit les gifles et les coups de batte (empruntée à Arlequin). Quant à lui, l’Auguste cultive son aspect dépenaillé, et sa singularité lui vient de la démesure de ses chaussures ou de l’extravagance de son manteau. Tous deux, ils forment un duo : l’autorité du clown blanc partage la piste avec l’Auguste. Plus tard, le duo comique fut complété par Monsieur LOYAL, toujours en habit, incarnant la direction du cirque, provoque des répliques hilarantes. A l’origine, le rôle du clown était d’amuser entre deux numéros violents ou dangereux. En prenant de l’importance, les clowns ont donné une connotation nouvelle au spectacle. A la fin du XIXè siècle, les clowns parleurs surpassent les clowns écuyers ou acrobates, et l’on voit apparaître des duos comiques dont le premier est celui de Foottit et Chocolat. La tradition fut entretenue par Antonet et Béby, Pipo et Rhum, Dario et Bario, Alex et Porto, etc. Vers 1922, les frères FRATELLINI deviennent célèbres avec leurs numéros de clowns musicaux. Paul, Albert et François étaient aussi admirables musiciens qu’excellents danseurs et acrobates. Souvent accompagnés de comparses, ces acteurs sont appelés “pitres” et “contrepitres”. Les diverses troupes de clowns musicaux utilisent non seulement les instruments classiques comme le violon, l’ocarina, la clarinette, le saxophone, mais ils jouent aussi de l’accordéon et du concertina (petit accordéon hexagonal). III - Des clowns célèbres : l’Anglais FOOTTIT, le russe POPOV, le suisse GROCK, les frères FRATELLINI. 1 - Footit et Chocolat George Tudor Hall (George Foottit), artiste de cirque, écuyer et acrobate, (Manchester, 1864 - Paris, 1921), et Raphaël Padilla (Chocolat), dit aussi Raphaël de Leios (Cuba, 1868 Bordeaux, 1917), constituent un des premiers duos célèbres (de 1886 à 1910) dès que les clowns (blancs) s'adjoignent les services d'un auguste. Ils se rencontrent à l'occasion du sketch intitulé le Chemin de fer d'Asnières. Leur duo portait le nom de Footit et Chocolat. S’il faut en croire G. Noiriel (historien), le duo formé par le Clown blanc et l’Auguste fut inventé par deux immigrés, Footit dont le nom traduit l’origine anglaise et Chocolat dont le nom traduit la couleur de la peau. Il semble en effet qu’il n’y ait eu que deux manières de nommer un noir en France, à l’époque où se constituait son empire colonial : "Bamboula" ou "Chocolat" ! L’historien a pu retrouver un livre publié du vivant des deux clowns, Les Mémoires [apocryphes] de Foottit et Chocolat, qui rend compte précisément de leurs sketchs. Les expressions du genre « sale nègre » abondent dans la bouche de Foottit, lequel ne compte pas par ailleurs les coups qu’il adresse à son partenaire. L'expression "Je suis chocolat" Noiriel montre bien combien la façon dont fonctionne le couple Chocolat-Footit est un miroir de l’époque. "Le clown blanc et le clown nègre incarnent sur la scène parisienne la relation coloniale élaborée dans les récits d’actualité", écrit-il. On bat le Nègre, on lui donne des claques, mais il fait bonne figure et attire les rires. De plus, Chocolat chante bien et bouge mieux encore, il fera fureur dans des travestis. "Chocolat en belle Otero, est sans rival dans ses danses et soulève d’indescriptibles applaudissements", écrit Le Figaro (Noiriel s’est largement appuyé sur la presse de l’époque, en grande partie numérisée). C’est dans les dernières années du XIXe siècle que le couple devient inséparable. Et on considère que Footit et Chocolat ont, de fait, fixé les règles et donné leurs lettres de noblesse au couple que forment le clown blanc et l’Auguste. Les clowns de l’époque ne sont pas abonnés aux enfants. Ils ravissent un public populaire mais pas seulement, ils sont invités partout, par exemple à la fête qui accompagne le centenaire de l’Ecole normale supérieure. Un court extrait des deux clowns (archives INA) aux prises avec un policier, filmé par les frères Lumière (1') http://fresques.ina.fr/enscenes/liste/recherche/Collection.id/92/e#sort/DateAffichage/direction /DESC/page/1/size/10 Bande-annonce du film Chocolat de Roschdy Zem (février 2015) adaptant l'histoire du duo avec Omar Sy et James Thierrée (2'48) https://www.youtube.com/watch?v=-7wofwLrM2w 2 - Popov Oleg Konstantinovitch Popov (en russe : Олег Константинович Попов, né le 31 juillet 1930 dans la région de Moscou) est un célèbre clown et artiste du cirque russe. Oleg Popov est né dans une famille très éloignée du monde du cirque, son père étant horloger. Il étudie les éléments d'acrobatie, le jonglage et les arts du cirque dans sa jeunesse. En 1949, il termine l'École russe du cirque à Moscou et commence sa carrière au Cirque de Moscou du Boulevard Tsvetnoy. Six ans plus tard, il devient le premier clown de l'URSS à jouer dans le monde occidental. En 1969, il est honoré du titre d'Artiste du peuple de l'URSS. En 1981, il est clown d'or au Festival international du cirque de Monte-Carlo. Popov au cirque de Moscou ; archive Ina de 1960 (4'59) http://www.ina.fr/video/I08016683 Deux extraits de spectacles du clown Popov (3'26 et 2'42) https://www.youtube.com/watch?v=kqQUi3J4oHQ https://www.youtube.com/watch?v=ooxtR7Q5LDk 3 - Le clown suisse Grock Né en 1880 à Loveresse dans le Jura bernois, Adrian Wettach (1880-1959) est considéré comme l’un des plus grands artistes et le plus grand clown musical du XXe siècle. Parlant 6 langues couramment et maîtrisant 25 instruments, connu pour ses numéros ponctués des fameux « pourquooâ », « sans blââgue », il joua chez Médrano de 1904 à 1907. Parti de rien, il a conquis, en 60 ans de music-hall mondial, quelques 35 millions de spectateurs bien avant l’invasion de la TV. Archive de l'INA, film muet montrant Grock en train de se maquiller dans sa roulotte, suivi d'un extrait de son numéro (10') http://www.ina.fr/video/CAF97515316 Grock (la vie d'un grand artiste) (version française intégrale : 1'23) https://www.youtube.com/watch?v=SNm4JJDYipY 1931 : Grock de Carl Boese et Joë Hamman (version française) : son Grand Numéro (41 minutes) https://www.youtube.com/watch?v=FN9CWQCZFpU Au revoir monsieur Grock (film de Pierre Billon), sorti en 1950, avec lui-même https://www.youtube.com/watch?v=SlEI5YjkMus Il était une fois le cirque (extrait d'émission dirigée et présentée par Annie Fratellini) à propos de Grock (4'27) http://fresques.ina.fr/enscenes/liste/recherche/Collection.id/92/e#sort/DateAffichage/direction/DESC/p age/1/size/10 4 - Les frères Fratellini Au début du XXe siècle, les Fratellini ont été les premiers à renouveler le concept du duo entre clown blanc et auguste en le transformant en trio. Le clown blanc se retrouve à son grand dam face à deux augustes, permettant ainsi un renouvellement total du répertoire clownesque. Les Fratellini sont issus d'une famille de cirque, le père Gustave était acrobate. Ses enfants Louis, François, Paul et Albert, commencent le cirque vers quatre ans. Paul et Louis deviennent des clowns très réputés à Paris, et François un des meilleurs acrobates de l'époque. C'est la mort de Louis en 1909, qui incite Paul, François et Albert à former au cirque Medrano le trio de clowns qui va les rendre célèbres. François, le clown blanc, sautillant et élégant, était toujours le premier à rentrer sur scène, suivi de Paul, le premier auguste, sorte de petit bourgeois assez imbu de sa personne, et enfin débarquait Albert, la catastrophe ambulante, maquillé à outrance, laid et bête à souhait. A travers ces trois personnages, les Fratellini parvenaient à marier toutes les traditions du clown : la fantaisie latine de la commedia dell'arte (François), le comique allemand (Paul) et la pantomime anglaise (Albert). Capables de fédérer à la fois masse populaire et intellectuels, le trio continuera d'enchaîner les succès jusqu'à la mort de Paul en 1940. Les deux frères restants continueront jusqu'à leur mort respective. Leurs descendants tenteront de préserver leur héritage, sans toutefois rencontrer le même succès. Imités à de maintes reprises mais jamais égalés, les Fratellini restent le symbole d'un âge d'or du cirque et de l'art clownesque. Présentation des trois frères Fratellini (archives INA) 4'44 http://fresques.ina.fr/enscenes/liste/recherche/Collection.id/92/e#sort/DateAffichage/direction /DESC/page/1/size/10 Extrait des frères Fratellini venus à l'hôpital Trousseau pour distraire les enfants (première apparition des Clowns à l'hôpital?), puis de Grock http://www.dailymotion.com/video/x2op3m_les-freres-fratellini-les-trois-fam_fun 5 - Annie Fratellini Annie Fratellini fut la première femme à jouer l'auguste. Née à Alger où son père, clown et trapéziste, était en engagement, elle a commencé sa carrière au cirque Medrano en 1948. Elle prit d'abord le chemin de la chanson et du cinéma. Elle épousa Pierre Granier-Deferre dont elle eut une fille. Puis, son mariage en 1969 avec Pierre Etaix, amoureux fou du cirque, lui permit de renouer avec son milieu d'origine. Ils créent ensemble, en 1974, L'École Nationale du Cirque Annie Fratellini, comme elle l'a elle-même expliqué : "Je pense que si j’ai créé l’École du cirque, c’est parce que je m’appelais Fratellini. Sur les quarante-cinq personnes que compte la famille, il devait un jour se lever quelqu’un qui dise : Moi aussi, je vais transmettre. Mon père m’emmenait presque chaque jeudi à Médrano. Il répétait : "Quel dommage que tu ne sois pas un garçon, tu pourrais être un clown." En 1989, elle publie son ouvrage Destin de clown. Duo clownesque de Pierre Etaix et d'Annie Fratellini en 1970 (3'29 ; archives de l'INA) http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00566/duo-clownesque-annie-fratellini-etpierre-etaix.html Ensemble, ils créent en 1974, l'École nationale du cirque Annie Fratellini. Elle y reçoit José Artur et lui raconte comment lui ai venu l’idée de créer une école de cirque unique au monde. D'autres extraits sont également visibles sur les frères Fratellini. (Archives INA) http://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/le-cirque-fratellini/ Pour aller plus loin…… Une galerie de clowns célèbres est visible sur Calaméo, présentant nombre de figures incontournables des clowns anciens et contemporains ; ce site dédié à la lecture comporte également d'autres ouvrages ou magazines numérisés à consulter sur le thème du clown ou plus largement du cirque. http://fr.calameo.com/read/00058737257563e182567 Supplément Paroles de clowns, par Scène http://fr.calameo.com/books/00111122143592931957d nationale.fr de Petit-Quevilly IV - Types de clowns traditionnels Traditionnellement, il ya deux types de base de clowns : - le clown blanc (The whiteface en anglais) - l'Auguste (ou clown au nez rouge ; The grotesque whiteface) A ces deux types peuvent s'ajouter des spécificités plus ou moins récentes ou propres à certains pays : - "clown of character" (surtout américain) : se réfère à des métiers ou occupations spécifiques (dentiste, policier, joueur de base-ball, Rodeo clown, …) - le clown vagabond ou clochard (hobo ou tramp clown) : personnage au bas de l'échelle sociale, souvent représenté de façon triste ou noire (charbon de bois ou de mine), qu'on peut retrouver dans le personnage de Charlot. Autres exemples : Emmett Kelly et Otto Griebling. - contre-pitre (dans les trios) : le contre-pitre est le second de l'auguste et son contre-pied. "Auguste de l'auguste", c'est un clown gaffeur qui ne comprend rien, oublie tout, et dont les initiatives se terminent en catastrophes, relançant les rires. Le duo formé du clown blanc et de l'auguste, qui fait rire par ses nombreuses maladresses et les corrections que reçoit l’auguste de la part du clown blanc, va peu à peu évoluer et intégrer des prouesses techniques et des prouesses verbales. Cette évolution est due notamment à l’influence du théâtre. Cet Art qui est essentiellement visuel va peu à peu se complexifier. Les Duos au fil du temps vont devenir des Trios où l’on retrouve : - l’autoritaire, - le pitre de l’autoritaire, - le contre pitre : second de l’Auguste, il est un clown gaffeur qui ne comprend rien et dont les initiatives se terminent en catastrophe, relançant les rires. Ces trios, dans les années 1900, reflètent les différents rapports humains de la société. En Europe, ce sont des familles entières qui se produisent et incarnent cette tradition du clown (Zavatta, Fratellini…). Les nouvelles tendances du Clown : Avec le temps, les personnages de l’AUGUSTE et du clown BLANC se perdent. On trouve de plus en plus de Clown seul (par exemple Buffo, Django Edwards, Emma la clown,…), ce qui est une vraie nouveauté. Il y a un affranchissement des notions d’autorité, de rigueur, de maladresse et d’espièglerie. L’habit ne suffit plus à faire le Clown, mais c’est le personnage lui même qui prend toute sa dimension à travers son numéro, sa sensibilité (fragilité, maladresse restent des notions très présentes). Ce sont les émotions qui font rire. L’Art clownesque est devenu très difficile aujourd’hui, car les spectateurs ont évolué et la concurrence visuelle est très rude (nouvelles technologies). Les Clowns contemporains comme Chaplin, Shirley et Dino ne ressemblent plus aux duos de Clowns traditionnels mais n’en restent pas moins des représentants avec leurs numéros qui s’appuient sur des principes de fonctionnement clownesque. Le travail du clown va se différencier de celle du comédien par son interactivité avec le spectateur. Ce rapport privilégié fait que chaque numéro est unique. Cette partie du numéro, spécifique au clown, est appelée DECROCHAGE. Les clowns ont besoin de vivre le moment présent. Ils sont en permanence en interaction avec le public, le feedback étant nécessaire pour eux, et ils créent en permanence cette relation avec le public. Le clown blanc Le clown blanc, vêtu d'un costume chatoyant et sérieux, est, en apparence, digne et autoritaire. Il porte le masque lunaire du Pierrot : un maquillage blanc, et un sourcil (plus rarement deux) tracé sur son front, appelé signature, qui révèle le caractère du clown. Le rouge est utilisé pour les lèvres, les narines et les oreilles. Une mouche, référence certaine aux marquises, est posée sur le menton ou la joue. Son costume, souvent pailleté est appelé sac. Le clown blanc est beau, élégant. Aérien, pétillant, malicieux, parfois autoritaire, il fait valoir l'auguste, le met en valeur. Son origine Ce personnage a été imaginé pour détendre les spectateurs entre deux numéros périlleux. Vêtu à l’origine comme un paysan ridicule, il devient petit à petit le clown blanc. « Clown » est d’ailleurs la prononciation anglaise du mot « colon » qui voulait autrefois dire « paysan ». On considère que "l'inventeur" du clown blanc est Grimaldi (mime et clown anglais, né à Londres le 18 décembre 1778 et mort à Islington le 31 mai 1837). Son rôle Il est, avant tout, un personnage merveilleux. Il peut être dansant, aérien, léger ou grave, sérieux et majestueux. Il sait charmer, distraire et surprendre par des tours à sa façon. Il peut rire des pitreries de l’auguste. Il est élégant, adroit et se montre supérieur à l’auguste. Il sait se montrer autoritaire et paraît même dominateur. Souvent l’homme orchestre du cirque. Ses caractères Le clown lutin : Personnage sympathique, élégant, souple, agile et dansant, il est aussi intelligent, gracieux et charmeur. Véritable meneur de jeu de l’équipe clownesque, il blague, fait des farces, tend des pièges aux augustes et s’en tire toujours à son avantage. Le clown autoritaire : Ce « seigneur » de la piste provoque le respect. Il est élégant, adroit, fin, ironique, et donne impression d’intelligence. Il se montre toujours supérieur à l’auguste, se moque de lui et s’en sert comme d’un souffre-douleur. Le clown débonnaire : Personnage bon enfant, il ne se fâche jamais et rit le premier des facéties de l’auguste. Mais il sait être ferme quand il le faut. Le clown blanc Alexis Gruss Clown blanc du trio des Hectors (photo Sam Levin) Parmi les exemples notables de clowns blancs dans l'histoire du cirque, nous trouvons Grimaldi, Jérôme Médrano, François Fratellini, Pipo, etc. Canio, personnage (ténor) du célèbre opéra tragique de Ruggiero Leoncavallo, "Pagliacci" ("Paillasse" en français) est habituellement vêtu sur scène en clown blanc. Dans ce cas particulier, il est un représentant du personnage de clown qui rit à l'extérieur, mais qui pleure secrètement au fond de lui, en raison d'une douleur profonde ou d'un état d'esprit déprimé. Enrico Caruso dans le rôle de Canio en 1908 L'auguste (ou clown rouge, ou pitre) L'auguste porte un nez rouge, un maquillage utilisant le noir, le rouge et le blanc, une perruque, des vêtements burlesques de couleur éclatante (pois colorés, rayures criardes), de grands nœuds de papillon ou une cravate démesurée, des chaussures immenses. Son origine On raconte que le premier auguste était un garçon de piste. Ayant trébuché ivre à l’entrée de la piste, il se releva sous les rires du public qui le traita d’ « auguste », c’est-à-dire « idiot » en allemand. Autre origine reprenant les diverses versions : La création du personnage a plusieurs versions selon les historiens, mais nous pouvons aisément faire une synthèse de ses origines : Qu’en vérité il s’agisse d’un palefrenier, de Frédiani père, ou probablement de Tom Belling, l’histoire se passe toujours au cirque Renz en Allemagne vers 1870-1872. Selon les Fratellini : le personnage chargé de faire la barrière (rôle de garçon de piste tenu par les artistes avant et après leur numéro), Tom Belling, artiste écuyer dans un état d’ébriété, le nez légèrement rouge se prend les pieds dans le tapis, se trompe dans le matériel. Un régisseur furieux le bouscule, le frappe, et c’est l’air ahuri qu’il remarque que le public s’esclaffe de la situation. Le directeur du cirque, comprenant l’intérêt de cet intermède, lui fait refaire cela chaque jour. Tom Belling ayant pour pseudonyme “Auguste”, l’expression “faire l’auguste” se répand comme une trainée de poudre. Si plusieurs personnes ont revendiqué la paternité de la création, il est certain que selon les cas, le farceur aux vêtements trop grands, l’ivrogne, l’artiste s’étant trompé de frac, bref, le résultat est surprenant. L’auguste est né, adopté dans toute l’Europe du plus petit chapiteau aux plus grands établissements (avant de s’exporter en Amérique et dans les pays de l’est, où le clown blanc sera ignoré). Son rôle L’auguste incarne le désordre. Il est naïf, moqueur et farceur. Il est maladroit, comprend tout de travers, déforme les mots, possède des tics, des attitudes grotesques et tient des propos extravagants. Il est totalement impertinent, se lance dans toutes les bouffonneries. Il déstabilise le clown blanc dont il fait sans cesse échouer les entreprises, même s'il est plein de bonne volonté. L'auguste doit réaliser une performance -une acrobatie, un tour de jonglerie ou une jolie mélodie sur un instrument bizarre de sa création- dans un numéro au cours duquel les accidents s'enchaînent. Son univers se heurte souvent à celui du clown blanc qui le domine Ses caractères Le naïf : Il s’agit d’un grand enfant qui s’étonne de tout et rit ou pleur d’un rien. Il est bien habillé. Ses costumes sont de couleurs claires. Le pochard : Clochard heureux de vivre, il a un sérieux penchant pour la boisson, sans être ivres pour autant. Il a la mine réjouie, un rien l’amuse et il semble toujours prêt à faire un mauvais coup. L’imbécile grandiose : Ce personnage démesuré et extravagant, exagère tout ce qu’il fait. Il n’a pas le sens des proportions, son maquillage en témoigne. Son costume est dix fois trop large pour lui et ses accessoires seront toujours abracadabrants. Tout en s’efforçant de rester digne, l’auguste est bête, tout en se croyant intelligent. Le grandin : Auguste très chic, il se veut à l’avant-garde de la mode. Très content de lui, c’est un « super-snob ». Le vagabond : Clochard souvent triste, victime de son sort, il sait cependant se montrer ingénieux pour triompher des obstacles. Le titi : C’est le type même de l’enfant des faubourgs qui n’a pas la langue dans sa poche. Il est narquois, blagueur et farceur. Les bouffons : Tels de véritables diables sortis de leur boîte, ils jouent et se jouent de tout. Ce sont les enfants terribles de la piste. Dans les cirques européens classiques, les Augustes n'ont jamais été décrits comme des clowns parce que, techniquement, ils n'étaient pas les instigateurs, mais les destinataires (victimes) des gags. Les Augustes sont ceux qui reçoivent les tartes dans la figure, sont aspergés d'eau, se retrouvent les quatre fers en l'air, dans un seau de peinture fraîche, ou avec un pantalon arraché! Parmi les exemples notables d'Auguste dans l'histoire du cirque, on peut citer Albert Fratellini (voir photo ci-dessous), Lou Jacobs, Emmet Kelly, Achille Zavatta, Koko le clown, Charlie Rivel, etc. Achille Zavatta Albert Fratellini Buffo (Howard Butten) Le clown de caractère et le clown vagabond (ou clochard, dérivé du hobo ou tramp clown) (Pour certains, ces clowns font partie du type des Augustes…) Le clown de caractère (au sens multiple en anglais : rôle, caractère, tempérament, qualité, personnage,…) est un personnage excentrique d'un certain type, comme un boucher, un boulanger, un policier, une femme au foyer ou un hobo. Les principaux exemples de ce type de clown sont les clochards de cirque Otto Griebling et Emmett Kelly. Dans divers sketches ou films, Red Skelton, Harold Lloyd, Buster Keaton et Charlie Chaplin dont The tramp (Charlie vagabond) datant de1915, semble être un précurseur - sembleraient tous correspondre à la définition d'un clown de caractère. Emmet Kelly Red Skelton Parmi les exemples notables de clowns de caractères dans le cirque, on peut citer Barry Lubin (personnage de "Grandma"), David Shiner, Geoff Hoyle, Charlie Cairoli, Oleg Popov, et Bello Nock. Bello Nock Dans le spectacle des Seminayiki, Seminayiki Express, le fait d'endosser des rôles spécifiques - chef de gare, voyageurs, vamp hystérique et aguicheuse, pourrait être représentatif de ce type de clowns. La "famille" (traduction du nom Seminayiki) mêle ainsi théâtre et cirque, en devenant des personnages bien campés, comme le clown de caractère, sans forcément avoir le maquillage caractéristique, comme c'était le cas pour le précédent spectacle du Théâtre Licedei, intitulé Seminayiki : grosses lunettes, rouge à lèvre outrancier, teint blanc, etc. Seminayiki Seminayiki express V - LE CLOWN DANS TOUS SES ETATS Le thème du clown est un thème extrêmement riche et fécond, puisqu'il recouvre une dimension artistique indéniable. Par ailleurs, ses multiples manifestations et dévoiements (cf. l'actualité récente aux USA) en font une figure d'étude tout à fait intéressante. Dans le cadre de votre enseignement, vous pouvez vous inspirer des banques de données ci-dessous, et intégrer le clown, ses excès ou la peur qu'il représente, dans des séquences, en histoire des arts ou le proposer dans le cadre des TPE. Pour une fiche en histoire des arts Histoire des arts.culture http://www.culture.fr/collections/resultats?keywords=clown&only_image=on&sel_search_mo de=tous_les_termes&display_mode=mosaic Site BNF : une galerie de gravures anciennes et de photos de divers clowns ou Compagnies http://classes.bnf.fr/clowns/index.htm Pour des séquences au premier ou au second degré : Séquence poésie-peinture 6ème, élaborée par Mme Grare, IA-IPR: http://lettres.ac-aix-marseille.fr/college/lectecr/cirque2.html Séquence en lycée professionnel sur Effroyables jardins de Michel Quint : http://www.cndp.fr/crdp-creteil/telemaque/LP/sequence-jardin.htm Une compilation d'albums sur le clown pour le premier cycle : http://dessinemoiunehistoire.net/albums-cirque-clowns/ Pistes pédagogiques sur les arts visuels (premier degré) : https://ww2.ac-poitiers.fr/ia16pedagogie/IMG/pdf/pistes_peda._en_arts_visuels_LE_CIRQUE_ac-nancy-metz.pdf 1 - Une source d'inspiration pour les peintres Antoine Watteau, Le Gilles (1717-1719) Pierre-Auguste Renoir, Le clown, 1868 Paul Cézanne, Pierrot et Arlequin (musée Pouchkine, 1888), personnages de la Commedia dell'arte à l'origine du clown blanc et de l'Auguste Henri de Toulouse-Lautrec, La Clownesse Cha-u-kao au Moulin rouge (1895) Bernard Buffet, Clown, 1955 Marc Chagall, Clown à la mandoline, 1975-76 Autres œuvres à consulter Le clown, Renoir http://www.artrecordiff.com/impression/renoir/index.html Le cirque, La parade de cirque, G. Seurat http://www.galeriepeintures.com/Peintres_Celebres/Seurat_Georges_17.html Plusieurs tableaux sur le cirque et les clowns de Rouault http://www.rouault.org/site/FRENCH/oeuvres/le_cirque.html 60 tableaux de Buffet sur les clowns : http://www.fralo.info/bb03.html Le cirque bleu de Chagall : http://www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/pages/page_id18029_u1l2.htm2 L’acrobate bleu, Picasso: www.pileface.com/sollers/breve.php3?id_breve=373 La grande parade sur fond rouge, F. Léger : http://www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/pages/page_id18087_u1l2.htm Tableaux de Chagall (Le cirque), Raoul Dufy (Le cirque) et Léger (Le cirque Médrano) sur le site: http://users.skynet.be/pierre.bachy/cirque-pe 2 - Le clown comme sujet de chansons - Bravo pour le clown, Édith Piaf http://www.ina.fr/video/I00013662 - Le Clown de Gianni Esposito, interprété également par Angélique Ionatos http://www.dailymotion.com/video/x46gwi_giani-esposito-le-clown_music - Tears of a Clown, Smokey Robinson & The Miracles - Le clown (je deviendrais roi), Les Charlots - Cathy's Clown, The Everly Brothers - Le Petit Clown de ton cœur, Johnny Hallyday, Richard Anthony - The Death of a Clown, The Kinks - Deux Clowns, Bérurier noir http://www.jukebox.fr/berurier-noir/clip,deux-clowns,s8kq3.html - Envoie les clowns, Didier Barbelivien - Pierrot the Clown, Placebo - Soprano, Le clown https://www.youtube.com/watch?v=uJr7EbeTuww 3 - Le clown en poésie a - "Le clown", Verlaine, Jadis et naguère, 1881 Le clown Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille! Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin, Place ! très grave, très discret et très hautain, Voici venir le maître à tous, le clown agile. Plus souple qu'Arlequin et plus brave qu'Achille, C'est bien lui, dans sa blanche armure de satin; Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain, Ses yeux ne vivent pas dans son masque d'argile. Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents, Cependant que la tête et le buste, élégants, Se balancent sur l'arc paradoxal des jambes; Puis il sourit. Autour le peuple bête et laid, La canaille puante et sainte des iambes, Acclame l'histrion sinistre qui la hait. b - "Saltimbanques", Guillaume Apollinaire, Alcools, 1918 Saltimbanques à Louis Dumur Dans la plaine les baladins S’éloignent au long des jardins Devant l’huis des auberges grises Par les villages sans églises Et les enfants s’en vont devant Les autres suivent en rêvant Chaque arbre fruitier se résigne Quand de très loin ils lui font signe Ils ont des poids ronds ou carrés Des tambours des cerceaux dorés L’ours et le singe animaux sages Quêtent des sous sur leur passage c - Henri Michaux, « Peintures », L'espace du dedans, 1939 Clown Un jour. Un jour, bientôt peut-être. Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers. Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien, je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche. Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler. D’un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînement « de fil en aiguille ». Vidé de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier. A coup de ridicules, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance ?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes, si dignes, mes semblables. Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille. Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter. Anéanti quant à la hauteur, quant à l’estime. Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité. CLOWN, abattant dans la risée, dans le grotesque, dans l’esclaffement, le sens que contre toute lumière je m’étais fait de mon importance. Je plongerai. Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert à tous ouvert à moi-même à une nouvelle et incroyable rosée à force d’être nul et ras… et risible… d - "Au cirque", Maurice Carême Au cirque Ah ! si le clown était venu ! Il aurait bien ri mardi soir : Un magicien en cape noire A tiré d’un petit mouchoir Un lapin, puis une tortue Et, après un joli canard. Puis il les a fait parler En chinois, en grec, en tartare. Mais le clown était bien ennuyé. Il dut faire l’équilibriste Tout seul sur un tonneau percé. C’est pourquoi je l’ai dessiné Avec des yeux tout ronds, tout tristes Et de grosses larmes qui glissent Sur son visage enfariné. e - "La pipe à bulles", de Pierre Coran, La pipe à bulles, 1981 La pipe à bulles Au cirque d’hiver, Sur un fil de fer, Un clown fait des bonds Dans sa pipe à bulles, Le clown funambule A mis du savon Il souffle aussi fort Que le vent du Nord Dans sa pipe en terre. Mais rien n’en ressort, Et le clown alors Se met en colère Soudain de la foule, Sans bruit, se dégage Un ballon de plage. Il s’envole et roule Sur le chapeau boule Du clown funambule Qui rit, ahuri, Se tord, s’applaudit, Salue, gesticule. Il croit le ballon Sorti du savon De sa pipe à bulles. 4 - les clowns qui font peur A - Un extrait du site du journal Libération portant sur les agressions récentes commises par des personnes déguisées en clown Virginie BALLET, Sophie GINDENSPERGER et Gregory SCHWARTZ 20 octobre 2014 Un participant à la «Zombie Walk» de Strasbourg, en septembre. (Photo Vincent Kessler. Reuters) Dans le Pas-de-Calais, un clown qui menaçait des ados a été condamné à six mois de prison avec sursis. Depuis plusieurs semaines, des photos de clowns sèment la panique sur les réseaux sociaux. Ce n’était jusqu’alors qu’une rumeur, voire une légende urbaine. Mais vendredi, fini de rire. Un clown qui terrorisait la petite ville de Douvrin, dans le Pas-de-Calais, a été arrêté vendredi, et condamné ce lundi à six mois de prison avec sursis par le tribunal de Béthune. Le plaisantin, âgé de 19 ans, s’amusait depuis quelque temps à poursuivre des enfants ou adolescents grimé en clown, une arme blanche à la main selon les témoins. Vendredi soir, alerté par un groupe d’adolescents pris pour cible, le gérant d’une friterie voisine et un client ont pris en chasse le vilain clown, finalement arrêté près de son domicile, non loin de là. Cette histoire et les récits exagérés qui en ont découlé ont donné lieu à une certaine psychose dans le secteur, à tel point que la Direction départementale de la sécurité publique avait reçu une trentaine de signalements. Même si certains appels n’étaient que canulars, trois plaintes ont effectivement été déposées, et l’affaire prise au sérieux. Du Pas-de-Calais à la Californie en passant par le Périgord Une vague de panique similaire a également envahi le Périgord, ainsi que la Somme ces derniers jours, où deux hommes ont été arrêtés à Péronne, selon le Courrier Picard. Cette fois, c’est à l’aide d’un marteau et d’un couteau factice que ces clowns officiaient dans un supermarché discount, à la piscine ou devant des établissements scolaires. Au point que le personnel d’un lycée agricole de la ville est intervenu dans les classes pour calmer les esprits et que les gendarmes ont organisé des rondes aux abords des établissements, toujours selon le quotidien régional. Des clowns avaient déjà perturbé les campagnes anglaises à l’automne 2013. Dans le Northamptonshire, puis dans le Norfolk, plusieurs énergumènes vêtus en clowns sont aperçus dans les rues, certains proposant bien innocemment leurs services pour de menus travaux. Le clown de Northampton y trouve d’ailleurs son quart d’heure de célébrité et assure ne rien vouloir faire d’autre qu’amuser la galerie. L’épidémie se propage aux Etats-Unis : des signalements ont été faits récemment dans les environs de Bakersfield en Californie, où les clowns ont même leur compte Instagram. Dimanche, le commissaire divisionnaire de Lens expliquait sur BFM TV suivre ce genre d’affaires «de très très près» pour éviter que «la psychose se développe dans les jours à venir». Le préfet du Pas-de-Calais a, pour sa part, condamné ces agissements sur Facebook, quand la police nationale y allait aussi de son petit mot sur Twitter. Pas sûr que cela suffise à enrayer les rumeurs qui courent sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Tourcoing, Maubeuge, Arras… Les clowns seraient partout à en croire, par exemple, cette page Facebook censée regrouper les «informations sur les clowns du Nord» ou encore les nombreux messages postés sur Twitter ou sur des sites de canulars. Sur Facebook, les messages s’accompagnent de l’angoissante mention «attention», certains allant jusqu’à parler d’agression «d’une jeune fille avec 17 coups de couteau». Ces «témoignages» affluent, souvent accompagnés de photographies identiques tirées de films ou d’incidents similaires (comme Northhampton, évoqué ci-dessus). Et pour cause, c’est de saison à l’approche d’Halloween – même si cette fête a beaucoup moins de retentissement en France qu’aux Etats-Unis. Et puis cela fait appel à un imaginaire plus ou moins récent qui séduit ceux qui aiment jouer à se faire peur. L’image du clown tueur a d’ailleurs fait un retour remarqué sur les écrans début octobre, grâce à la quatrième saison de la série télévisée américaine American Horror Story : Freak Show, dans laquelle Twisty, un clown affreux, sale et très méchant sème la terreur dans une petite ville de Floride dans les années 1950. Muet, gigantesque et capable aussi bien de décapiter que de séquestrer femmes et enfants, le personnage a été pensé par le créateur de la série, Ryan Murphy, comme «le clown le plus terrifiant de tous les temps». Twisty est ainsi censé dépasser dans l’horreur le célèbre Ça de Stephen King, dans lequel le clown, Grippe-sou, cristallise les peurs enfantines. Résultat : le Twisty d’American Horror Story est si ignoble qu’il a suscité l’ire de la plus grosse association de clowns des Etats-Unis, «Clowns of America International». Son président, Glenn Kohlberger, s’est insurgé auprès du Hollywood Reporter de l’existence d’un personnage qui «ajoute à la coulrophobie, ou peur des clowns», une phobie plutôt répandue, dont souffre notamment Johnny Depp. De Poltergeist à Ça, en passant par le Joker de Batman, cette figure malveillante est très présente dans l’imagerie collective, sans pour autant perdre son potentiel effrayant. En témoignent les caméras cachées de DM Pranks, dans lesquelles un clown piège des quidams en prétendant, par exemple, exploser la tête d’une victime à grands coups de masse. L’histoire vraie d’un tueur en série américain surnommé le «clown tueur» a, elle aussi, probablement contribué à attiser les fantasmes autour de cette figure normalement bienveillante. Arrêté en 1979 dans l’Illinois, John Wayne Gacy avait l’habitude de se grimer en clown pour divertir les enfants dans les hôpitaux. Il fut condamné l’année suivante pour le meurtre de 33 hommes. Quant aux nordistes, qu’ils se rassurent : l’un des clowns en cavale aurait été retrouvé, si l’on en croit ce tweet. B - Pourquoi les clowns font-ils peur? Compilation de divers sites apportant des éléments de réponse à cette angoissante question! Entretien avec Jean-Bruno Renard, auteur de 100% Rumeurs pour les Inrocks http://www.lesinrocks.com/2014/10/25/actualite/t-on-peur-clowns-11531805/ D’où vient le motif du clown maléfique ? Jean-Bruno Renard – C’est un motif assez ancien, qui vient au départ d’une sorte d’imaginaire fantastique présent dans des œuvres de fiction. Le précurseur du clown maléfique est le “Joker” dans la bande dessinée Batman, en 1940. Plus près de nous, dans le roman d’Anthony Burgess Orange mécanique (A Clockwork Orange, 1962, adapté au cinéma en 1971), des jeunes ultra-violents dans une Angleterre futuriste s’affublent parfois de faux nez, ils ont un aspect un peu clownesque. Deux événements contribuèrent ensuite à la formation du motif du clown maléfique : premièrement l’affaire John Wayne Gacy, un serial killer américain arrêté en 1978 et surnommé par les médias “le clown tueur” parce qu’il aimait à se déguiser en clown pour amuser les enfants, bien qu’il n’ait jamais mis son costume de clown lors de ses crimes et ne se soit jamais attaqué à des enfants. John Wayne Gacy, arrêté en 1979 En second lieu, sans doute sous l’influence du fait divers précédent, des rumeurs infondées se répandirent aux États-Unis en mai 1981 selon lesquelles un ou plusieurs clowns parcouraient les rues dans une camionnette pour enlever des enfants. Il y a eu un amalgame entre un fait réel – le fait qu’il se déguisait en clown – et un fait inexact, qui consiste à dire que c’est un clown tueur. L’imaginaire collectif a utilisé ce prétexte de la réalité pour incarner le fantasme du clown maléfique. Pourquoi ce motif s’est-il enraciné dans l’imaginaire collectif et dans la culture populaire ? Le motif du clown maléfique a été renforcé par le célèbre roman de Stephen King Ça (It, 1986). Il raconte l’affrontement entre un groupe de préadolescents et une entité malfaisante qui enlève, tue et dévore les enfants. L’entité prend de multiples formes, correspondant aux peurs enfantines : momie, loup-garou… L’apparition en clown est la première et la plus développée. Tous les attributs traditionnels du clown sont là, mais des éléments inquiétants font sourdre la peur : il habite les égouts, ses mains ressemblent à des griffes et le rouge de son sourire paraît être du sang. L’imagerie du clown maléfique usera et abusera de la tête de clown au large sourire dévoilant des dents pointues. Le succès de Ça – et du téléfilm qui en fut adapté en 1990 – suscita un engouement pour le motif du clown maléfique. En littérature, notons Et voici les clowns… (Doch mit den Clowns kamen die Tränen, 1987) de Johannès Mario Simmel, un roman policier qui débute par le massacre de spectateurs par des clowns, et deux romans d’épouvante, Le Clown de minuit (1994) d’Alain Venisse et The Nightmare Factory (1996) de Thomas Ligotti. La littérature fantastique pour enfants s’est appropriée le motif avec Catch a Crooked Clown (1996) de Joan Lowery Nixon, Killer Clown of Kings County (1998) de Betsy Haynes et “J’ai peur des clowns” dans L’Heure du cauchemar (1999) de Robert L. Stine. Le motif du clown maléfique a aussi été exploité au cinéma – par exemple Killer Klowns from Outer Space (1988), parodie des films de SF des années 1950, Clownhouse (1989), Killjoy (2000), S.I.C.K. Serial Insane Clown Killer (2002), Fear of Clowns (2004) –, dans des épisodes de séries TV, dans des bandes dessinées et dans des jeux vidéo. Comment expliquer la force de ce motif ? Il y a une explication anthropologique, profonde, du phénomène. Louis Vax a souligné dans La Séduction de l’étrange (1965) que les masques nous font rire, mais peuvent aussi nous faire peur. Leur côté grotesque, caricatural, fait rire, mais l’incertitude sur la personne qui est derrière fait peur. Dans l’étude de la figure du clown réalisée par Luc Routeau dans la revue Esprit en 1980, une autre idée importante est émise. L’auteur y explique que la fonction du clown est d’être une victime symbolique, sacrifiée publiquement. Sa laideur, sa maladresse et sa bêtise font de lui la figure même de l’exclu, du bouc émissaire recevant les coups et les claques. A partir du moment où le clown devient maléfique on a un choc en retour : pour résumer, le clown maléfique est une victime qui se venge. Les rumeurs sur des clowns malveillants sont-elles récurrentes ? Oui, le motif du clown maléfique ne se manifeste pas seulement dans le registre de la fiction. Il se manifeste également par des rumeurs, des mini-paniques qui se déroulent assez régulièrement. Par exemple, en 1997 dans le Nord de la France il y en avait déjà eu une. Le phénomène actuel prouve donc bien que les gens n’ont pas complètement oublié leurs peurs. Plus récemment encore, en novembre 2013, une mini-panique a eu lieu en GrandeBretagne. Le 29 novembre 2013 un article du Monde le relatait en ces termes: “Les clowns inquiétants se multiplient en Grande-Bretagne”. C’est quelque chose qui est assez identifié par les médias et les chercheurs en légendes urbaines.Ce motif se manifeste enfin dans le registre de l’ostension : des individus vont imiter les légendes en les incarnant dans la réalité, soit de manière tragique, comme lors de la tuerie d’Aurora aux Etats-Unis, soit de manière semi-tragique dans le cas de gangsters qui se déguisent en clowns, comme dans le film Hold-Up d’Alexandre Arcady. Ce qui s’est passé dans le Nord il y a quelques jours, où des farceurs de mauvais goût se déguisent en clown menaçants, fait partie de ce registre. Pourquoi la peur des clowns et les rumeurs sur leur présence resurgissent-elles maintenant ? Il y a plusieurs hypothèses. Il peut y avoir des éléments déclencheurs, comme un film qui va être projeté dans les cinémas, ou un phénomène individuel d’ostension comme dans le cas de ce jeune homme qui s’est déguisé à Douai pour faire peur à sa voisine. Ces événements peuvent servir de catalyseurs qui vont déclencher une panique et des rumeurs, dont la propagation est facilitée par les réseaux sociaux, qui sont des supports de diffusion ultrarapides. Pensez-vous que le motif du clown maléfique pourrait un jour s’épuiser, devenir ringard ? Oui parce qu’il y a des modes. L’étude des légendes urbaines montre cependant que tout change et rien ne change à la fois. Des motifs restent enracinés. L’ancêtre du clown maléfique, c’est le croque-mitaine. Il y a donc un mythe invariant, mais sa forme peut changer. Le clown n’apparaît vraiment que dans les années 1980. Il est possible qu’il s’épuise mais il sera remplacé par un autre motif qui continuera de véhiculer quelque chose d’éternelle à mon avis qui est la peur pour nos enfants. Les adolescents eux mêmes aiment bien se faire peur. Sur le site Doctissimo, la réponse d'une psycho-clinicienne… Doctissimo : Comment un personnage comme le clown, qui à l’origine est drôle et sympathique, est-il devenu un personnage effrayant ? Yvonne Poncet-Bonissol : La phobie des clowns existe vraiment, c’est la coulrophobie. Comme toute grande phobie, elle tient son origine de la peur de l’agression et de la mort. Chez les jeunes enfants, le maquillage poussé, les lèvres rouges et le teint pâle peuvent être effrayants. Tous ces éléments peuvent leur rappeler les vampires, le sang, la violence... Cette peur survient souvent chez des enfants déjà anxieux. Chez les adultes, comme chez les enfants, la phobie des clowns est également liée à la peur de l’inconnu et de l’imprévisible. Le masque ou le maquillage à outrance empêchent la personne de voir qui se cache derrière le clown. Aussi, le clown est un personnage imprévisible, on ne sait jamais ce qu’il cache sous ses vêtements et ce qu’il s’apprête à faire. Alors avec ce phénomène de clowns plus ou moins armés, les passants craignent toujours le pire. Doctissimo : Les films et les séries dans lesquels le clown a le rôle du méchant, peuvent aussi inspirer les plaisantins… Yvonne Poncet-Bonissol : Evidemment. Aujourd’hui, de nombreux faits divers qui finissent mal, s’inspirent malheureusement de jeux vidéo ou de films et de séries violents. L’histoire des clowns ne déroge pas à la règle. Passer du virtuel au réel motive les agresseurs. Ces personnes ont l’impression d’avoir le rôle principal, qu’il soit mauvais ou bon, d’un film ou d’une série à succès. Ils sont les stars de leur propre film, le temps d’une blague. Et enfin sur le site du journal québécois Huffington post, un rappel de toutes les raisons qui peuvent conduire à craindre les clowns, dans un article en date du 24 février 2014… http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/02/24/les-clowns-sont-effrayants-voicipourquoi_n_4855886.html 5 - Les clowns qui soignent Dans presque tous les hôpitaux de France et de Navarre, des brigades d'intervention clownesques, sous la forme d'associations, ont vu le jour au cours des dernières décennies. Ils sont présents pour aider les enfants malades ou des personnes âgées à supporter leur quotidien, la solitude, la douleur et les souffrances endurées par des maladies longues ou non, afin de créer une bulle d'air dans cet univers morbide, une échappatoire qui vise à susciter le rire, l'imaginaire, le délicieusement transgressif, la vie quoi! Quelques sites à visiter pour se rendre compte du fonctionnement et des interventions en milieu hospitalier CHRU Montpellier : http://www.clownhopital.org/Accueil/ Le rire médecin : http://www.leriremedecin.org/ Clowns.Z.hôpitaux : https://www.facebook.com/Clowns.Z.hopitaux etc. Par ailleurs, on peut noter également l'existence de l'association Clowns sans frontières (sur le modèle de Médecins, Journalistes sans frontières…) dont le but est d'intervenir au cœur des bidonvilles, des camps de réfugiés, des centres d'accueil pour enfants des rues, des prisons pour mineurs, des orphelinats, etc. http://www.clowns-sans-frontieres-france.org/ https://www.facebook.com/pages/Clowns-Sans-Fronti%C3%A8resFrance/153543541343347 Clowns sans frontières en Inde (2015 ; Photo Achille Bras) VI - A PROPOS DES ROIS VAGABONDS Le spectacle "Concerto pour deux clowns" a obtenu le Prix du Public festival d'Avignon 2013 Le duo revisite le traditionnel couple du clown blanc et de l'Auguste, en établissant des nouveautés intéressantes : - relation entre un clown blanc féminin, paré comme une marquise du XVIIIème siècle, avec perruque blanche et robe d'époque, et un Auguste plus dépenaillé, avec un manteau en bleu de Chine et brodequins ; rareté des couples homme-femme dans la tradition clownesque - un duo qui reprend une relation de maître et de valet, entre l'aristocrate et le serviteur soumis ou plus docile, prêt à répondre à tous les commandements de la jeune femme ; une relation parfois ambiguë, sur les sentiments qui unissent les deux partenaires - utilisation de la musique comme point de départ et accord sensible entre les deux : violon, trompette et tuba, moments de grâce ou performances à couper le souffle (jouer du violon dans toutes les positions inimaginables ; la musique classique (Vivaldi, Strauss, Bach, Gounod, etc.) est mise à l'honneur, mêlée aux gags et aux contorsions des artistes Un extrait de leur spectacle : bande-annonce officielle (2'36) https://www.youtube.com/watch?v=-7wofwLrM2w Affiche du spectacle Quelles analyses en tirer? - distinction des deux personnages : aspect voûté/droit ; couleur bleue et noire pour l'homme, rouge et blanche pour la femme - la noblesse de la jeune femme (perruque et maintien) face à l'aspect plus servile ou âgé de l'homme (on pense aux vieux serviteurs usés, ou à la symbolique du bossu au grand cœur, comme Quasimodo) : au cours du spectacle, on voit combien l'auguste joue à créer une image de vieil homme (collier de barbe, dos voûté,…) et change au cours du spectacle (corps musclé et jeune lorsqu'il est torse nu) - relation qui met en avant l'aspect dominant de la jeune femme (c'est elle qui tient la main et semble tirer l'auguste comme un enfant, ou un singe) - image en mouvement (pieds levés, en marche, vers un ailleurs vide ou bleuté : poésie, nouveau duo à la Beckett, tels Vladimir et Estragon ou Pozzo et Lucky) - union des deux instruments, dont la symbolique est également signifiante : féminité et noblesse du violon (famille des cordes), qui s'appuie sur une tradition symphonique ou de concerto (un violon soliste face à l'orchestre) ; aspect plus masculin et "lourd" du tuba (famille des cuivres), qui rappelle davantage la fanfare ou l'orchestre plus populaire que l'orchestre symphonique Pour élargir le propos, et tisser des liens avec les recherches circassiennes ou comiques, nous vous invitons à aller voir quelques extraits de duos mettant en scène d'artistes mettant la musique -décalée, clownesque, inventive, virtuose- au cœur de leur recherche artistique. 1 - Les Marx brothers, The big store, Au grand magasin, 1941 (3'28) Un duo burlesque au piano devant un public féminin conquis… https://www.youtube.com/watch?v=pbUrsot6oeY 2 - La framboise frivole, Delicatissimo, 2015 (1'41) Ce nouvel opus de la Framboise frivole, duo belge, marque le grand retour de Bart Van Caenegem au piano aux côtés du brillant ténor et violoncelliste Peter Hens. Nos deux aventuriers partent à la recherche de l’archet perdu. Cette quête échevelée les conduira à des découvertes « musicozoologiques » aussi improbables qu’hilarantes. Et puis la technologie moderne s’est insidieusement infiltrée dans ce nouveau spectacle. L’I-Pad va-t-il semer la zizanie entre Peter et Bart ? Mystère scénique et boules de gammes ! https://www.youtube.com/watch?v=O0W5TEBiKhU 3 - Duo Bonito : Chansons à risques (Récital forain) Georges Pétard et Motoreta issus des Nouveaux nez (La Cascade) https://www.youtube.com/watch?v=sFzK7Nbnhk0 Egalement, leur spectacle précédent, Folygamie Ukulélé et baiser musical (3'08) https://www.youtube.com/watch?v=07p39kZMtX4 La bonne sœur (avec ukulele et Edith Piaf) (4'12) https://www.youtube.com/watch?v=NGez-72aGgc 4 - Plume et paille (Cie Adroite gauche), avec Isabelle Quinette (danseuse) et Nathalie Cornevin (harpiste). Mise en scène signée Alain Reynaud (Les Nouveaux Nez & Cie). Duo de deux jeunes filles clowns, avec harpe (8'33) https://www.youtube.com/watch?v=s2oTOPmnlL4