dossier d`animation ktz Luc 24.pages
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Service catholique de catéchèse Dossier d’animation catéchétique Itinéraire de type catéchuménal pour le sacrement de la Confirmation Etape Eucharistie « Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent » Luc 24,31 Contenu de ce dossier : 1. Déroulement de la séance de catéchèse 2. Outils pour la séance de catéchèse : a. Lecture d’image b. Jeu de société c. Célébration 3. Approfondissement théologique a. Le contexte du récit des pèlerins d’Emmaüs b. Le récit c. La structure du récit d. Quelques thèmes e. Bibliographie 4. Annexes a. Texte biblique b. Mieux comprendre l’œuvre d’Arcabas c. Texte du sketch Ce dossier fait partie des propositions pour l’itinéraire de type catéchuménal pour la réception du sacrement de la Confirmation. Il peut être utilisé pour le départ de l’étape « Eucharistie ». Afin de nous mettre en route, nous vous proposons de découvrir le texte des « Pélerins d’Emmaus ». Ce même évangile sera repris tout au long de la journée de pèlerinage qui fait l’objet de la Journée cantonale des confirmands et pendant laquelle sera vécue la liturgie au centre de cette étape. Cette première partie, vécue en groupe, permet aux jeunes de s’imprégner du texte en découvrant comment ce passage de l’évangile de Luc illustre notre chemin de foi, le chemin qui nous mène au cœur du Mystère pascal où nous reconnaissons que Jésus est Christ, mort, ressuscité et toujours vivant parmi nous. Mais aussi ce qu’il dit aux hommes d’aujourd’hui, aux chrétiens et à ceux qui sont en recherche. Lors de la journée de pèlerinage, les confirmands pourront ainsi se référer à ce qu’ils ont précédemment découvert pour se laisser porter, plus disponibles, vers la célébration eucharistique qui marquera le cœur de cette étape de notre itinéraire. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 1 1.Déroulement de la séance de catéchèse Etapes Contenu de l’étape Déroulement Matériel1 Mise en route Accueil Explication du déroulement de la séance Bougie, Bible Un temps de projection Qu’est-ce que je vois, sens, sais ? Choisir un des extraits d’image et motiver son choix Un temps d’analyse qu’est-ce qui se joue dans ce texte ? A. Lecture d’image Un temps d’appropriatio n mesurer le déplacement opéré Travail sur le texte Conclusion : célébration B. Visionneme nt du sketch (ou jouer la scène et projeter le texte) Célébration A. Deux questions : • « Reconnaissez-vous un récit biblique dans les images mises au mur ? » • « Que connaissez-vous du récit des pèlerins d’Emmaüs ? » Œuvre d’Arcabas (Emmaüs) en entier au mur, dans l’ordre de l’histoire B. Choix par chaque participant d’une des images posées sur la table Des extraits du tableau « Le repas » sont posés sur une table. C. D.Ecriture sur un post-it d’un mot, d’une phrase qui motive ce choix A. Lecture de l’image « Le repas » à l’aide du dossier B. Visionner la vidéo « Je marchais pour chercher Dieu » Post-it Chacun reçoit une image complète du tableau « Le Repas ». Matériel de projection (image et son) Vidéo du sketch (DVD ou internet) A. Individuellement : • En fonction de la lecture d’image et du sketch, prendre une nouvelle image ou pas • Ecrire sur un nouveau post-it ce qui motive ce choix B. Partage en groupes de 3-5 pers. • à propos des images choisies et des motivations du choix (cf postit) • à propos du sketch • choix d’un élément à rapporter en grand groupe C.Tous ensemble • Partage de ce qui a été dit dans les groupes • Lecture Luc 24, 28-31 • Echange sur le texte d’évangile Texte biblique Extraits d’images Chant : Il est vivant Proclamation Luc 24,28-31 Partage d’un mot, une phrase du texte Prière Chant Images « le Repas » et « l’Issue » Bougie Bible Partition du chant Post-it Texte pour chaque participant 1. Le matériel (les 7 images d’arcabes, le tableau Le Repas, les extraits d’images et le DVD du sketch) sont disponibles au Centre oecuménique de catéchèse et sur www.pige.ch/confirmands ou www.catechese-ge.ch Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 2 2ème proposition : Etapes Contenu de l’étape Déroulement Matériel Mise en route Accueil Explication du déroulement de la séance Bougie, Bible Un temps de projection Qu’est-ce que je vois, je sais ? Jeu des Disciples d’Emmaüs avec des cartes défis placer par terre la bâche avec le jeu imprimé former 2 à 4 groupes, un jeune par groupe sera le pion qui se déplacera sur le jeu Jouer en lançant le dé en mousse, chacun son tour, et suivre les instructions des cases jusqu’à ce qu’un des deux arrive à la fin. bâche du jeu2 un gros dé en mousse les cartes défi Qu’ont-ils découvert ? connaissent-ils cet épisode biblique ? Un temps d’analyse qu’est-ce qui se joue dans ce texte ? A. Visionnement du sketch (ou jouer la scène et projeter le texte) B. Visionner la vidéo « Je marchais pour chercher Dieu » Matériel de projection (image et son) Vidéo du sketch (DVD ou internet) Un temps d’appropriation mesurer le déplacement opéré Travail sur le texte B. Partage en groupes de 3-5 pers. • à propos du sketch (questions cidessous3) • choix d’un élément à rapporter en grand groupe • C.Tous ensemble • Partage de ce qui a été dit dans les groupes • Lecture Luc 24, 28-31 • Echange sur le texte d’évangile Texte biblique Conclusion : célébration Célébration Chant : Il est vivant Proclamation Luc 24,28-31 Partage d’un mot, une phrase du texte Prière Chant Texte pour chaque participant Bougie Bible Partition du chant 2. La bâche du jeu est disponible au Centre oecuménique de catéchèse 3. Dans le film, les personnages disent que Dieu joue à cache-cache avec nous. Est-ce que je le cherche ? Dans ma vie, quand m’arrive-t-il de le trouver ? Les disciples d’Emmaüs sont déprimés quand Jésus les rejoint. Et moi, m’arrive-t-il de perdre espoir dans la vie ? Dans ces moments, quels évènements ou quelles personnes peuvent me remettre en route ? Le prêtre dit à la fin qu’il se sentait seul avec ses questions. Avec qui est-ce que je peux parler de ce qui est le plus important pour moi ? M’arrive-t-il de parler de ma foi avec mes amis, ma famille, à l’école ? CCCo / itinéraire de type catéchuménal / Etape Eucharistie / version janvier 2015 3 2.Outils pour la rencontre catéchétique a. Proposition de lecture d’image pour le tableau « Le repas » d’Arcabas Nous vous proposons une démarche progressive pour regarder une œuvre afin que les participants puissent se l’approprier. Ces étapes permettent une rencontre entre l'expression de l’artiste et le regard de celui qui contemple son œuvre. Préparation : Installer en groupes de 3 ou 4 les participants pour regarder, dans de bonnes conditions, la reproduction de l’œuvre choisie. Et prendre le temps de regarder personnellement quelques minutes avant le partage. 1. Expression du ressenti Chacun est invité à dire: • le 1er élément vu • le sentiment qui lui vient spontanément, • le titre qu’il donnerait à l’image. Prendre conscience des formes, de la matière, de la couleur, de la taille de l’œuvre, donc des choix de l’artiste qui cherche à représenter ce qu’il ressent. Par exemple : si je souhaite exprimer la tendresse ou la douceur, je vais choisir une forme plutôt ronde, une couleur qui ne heurte pas, une matière comme un tissu soyeux ou du coton, une taille à mesure humaine. 2. Regarder l'image : Une lecture de l’image commune permet de se mettre d'accord sur les éléments vus. Chaque élément de découverte du tableau induira des approches différentes. Pour faciliter la tâche, nous proposons un ordre de lecture commun : a) Les objets Quels objets voyons-nous en premier ? Que dire de la table ? Quelle est sa forme ? Qu’est-ce qui la recouvre ? Décrire les objets posés sur la table : emplacement, mouvement, position, forme, taille, couleurs, matière. Quel est son rapport avec les personnages, cachés, montrés, vides, remplis. Quels sont les autres éléments du mobilier ? b) Les personnages Combien y a-t-il de personnages ? Préciser leur sexe, leur âge, attitude, position, emplacement, apparence, vêtements, mouvements. Que font-ils ? Parlent-ils ? Que regardentils ? Quels rapports existent entre eux ? c) Le décor Où se passe la scène ? Intérieur, extérieur. Comment est le contour du tableau ? Quel est le rôle du blanc ? Décliner les couleurs, les ombres, les lumières du décor. Quelles sont les formes figuratives, les formes abstraites ? Où se trouvent-elles ? Quel sens cela peut-il avoir ? Est-il évident de définir le lieu où se passe cette scène : à l'intérieur ou à l'extérieur ? l’époque où se situe cette scène ? Dans la composition du tableau « Le Repas », se retrouvent utilisés en même temps une présentation équilibrée et un mouvement en vague. Ce mélange peut surprendre. Elle donne de la vie à la scène. Une forme aléatoire colorée semble entourer les personnages puis se diffuse en vague sous la table et englobe le personnage de droite. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 4 d) Les couleurs Quelles sont les couleurs dominantes ? des tons foncés/clairs ? Quel sens donner à l'espace «or », posé par Arcabas en premier plan de la scène avec une superposition de croix or et croix noire ? Dans le plan des personnages et de la table, les couleurs primaires sont nuancées et fondues les unes dans les autres. Il y a comme une graduation dans l’intensité de la couleur, de gauche à droite : • les couleurs sont plutôt neutres à gauche (gris-beige-marron), • froides au centre (bleu), • chaudes à droite (rouge-jaune-orange). Si la couleur blanche semble être posée en couche lisse et uniforme, les autres couleurs sont, soit griffées, soit brossées, soit superposées, et travaillées dans le relief. La couleur blanche qui paraît être en arrière-plan donne une impression de profondeur, ceci étant accentué par le fait que les quatre coins du tableau sont blancs. La couleur or paraît n'être posée que sur la forme géométrique en premier plan de la table. La couleur noire se retrouve dans la croix, dans la bouteille et dans les flammes. e) La lumière Où sont les sources lumineuses ? Que signifient les différentes sources de la lumière ? Arcabas privilégie-t-il l'une de ces sources ? La lumière semble avoir plusieurs sources : le centre de la table et le fond blanc, lumineux et éblouissant qui permet de détacher la scène et de créer un contre-jour. Une ombre importante se trouve sous la table à proximité du personnage central. On la retrouve derrière la tête du même personnage. Elle semble déborder en bleu sur le fond blanc. De façon inattendue, les flammes des bougies ne semblent pas éclairer la scène. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 5 b. Célébration Chant : Il est vivant Voir partition en page suivante Proclamation de Luc 24, 28-31 (dans la mesure du possible lire le texte dans une Bible) approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d'aller plus loin. 29Ils le pressèrent en disant : « Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée. » Et il entra pour rester avec eux. 30Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. 31Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. 28Ils Partage Consigne : « Je partage un mot ou une phrase qui m’a touché dans ce texte, sans le commenter » Prière Seigneur Jésus, Tu nous accompagnes sur nos chemins Tu nous parles à travers l’Ecriture Tu nous partages ton pain Et nous crions vers toi : « Reste avec nous ! » Mais tu t’éclipses… Pour que nous nous posions des questions Pour que nous partions à ta recherche Pour que nous nous remettions en route Pour que nous allions à la rencontre des autres Tu t’éclipses… Et pourtant, sans nous être visible, Tu es là… avec nous… chaque jour… dans notre solitude et dans nos rencontres Seigneur, Tu renverses les situations Celui qui croyait ne rien savoir, découvre sa valeur Celui qui était dans la peine, retrouve la joie Celui qui se sentait seul, sait que tu l’accompagnes sur sa route Merci ! Chant : Il est vivant Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 6 On peut écouter le chant sur http://www.youtube.com/watch?v=BJ3FT_FRuuE Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 7 3. Approfondissement théologique a. Le contexte du récit des pèlerins d’Emmaüs INTRODUCTION Le récit de la rencontre entre les pèlerins d’Emmaüs et Jésus est propre à Luc. Il se situe à la fin de l’évangile entre la mort de Jésus et le début de la vie de l’Eglise. Jésus, prophète (v. 19) espéré par beaucoup comme « celui qui doit venir » (v. 21), a été mis à mort. Dans la conception juive, il s’agit d’un scandale, une injustice absolument insoutenable puisqu’il était dit que le juste vivrait et que le méchant périrait. A l’époque de Jésus, une espérance de résurrection commençait à naître dans certains milieux juifs, mais elle ne faisait pas l’unanimité1 et la pensée de la rétribution était encore largement présente dans l’esprit du peuple (Lc 13, 1-5). Ainsi en est-il des deux disciples marchant vers Emmaüs lorsqu’ils se plaignent que « voici déjà trois jours que ces événements sont arrivés » (v. 21). Ils espéraient que Dieu validerait la vie de Jésus en agissant, en le sauvant de la mort. Mais trois jours semblent une éternité et les deux hommes sont désespérés au point qu’ils quittent Jérusalem. Ils n’ont pas cru les femmes qui ont trouvé le tombeau vide (v. 11), à qui un ange était apparu, et cela semble s’ajouter à leur détresse. Luc ne dépeint pas ces disciples de manière négative, mais l’on comprend qu'ils ont une conception messianique erronée : ils entendent dans « délivrer Israël » quelque chose de très terrestre et politique ; or Jésus n’est plus présent et leur attente n’a plus de sens. Le récit raconte la transition de l’incrédulité des disciples à la reconnaissance de Jésus le Ressuscité, avec et par Lui. Lorsqu’ils reviennent à Jérusalem, c’est pour annoncer la bonne nouvelle aux Onze. Or ceux-ci ont aussi vécu leur rencontre avec le Christ et leur conversion. UN RÉCIT CHARNIÈRE L’évangéliste Luc est un “architecte de la rédaction” qui élabore son récit avec précision. Le dernier chapitre de son évangile est au centre de son œuvre (Evangile et Actes des Apôtres), il en la charnière. L’annonce de la résurrection du crucifié est l’axe sur lequel pivote la Bonne Nouvelle et l’histoire du monde. Ce chapitre charnière est lui-même composé d’un triptyque dont le récit des pèlerins d’Emmaüs est le centre. Le triptyque central de l’évangile de Luc est composé de trois annonces de la résurrection : • v.1-12 Le tombeau vide • v.13-35 Les pèlerins d’Emmaüs • v.36-53 L’apparition aux Onze Pour Luc, Jésus ressuscité est celui qui se révèle dans notre quotidien, au cœur de notre vie, sur notre chemin. Luc, comme les autres évangélistes, ne donne pas un récit de la résurrection de Jésus, mais la présente comme le mystère de Dieu et le centre de notre foi. La résurrection n’est pas du domaine de la preuve : comme les premiers témoins, nous sommes aussi appelés à faire acte de foi. 1 Le livre des Maccabées témoigne qu’une espérance en une résurrection pour une vie éternelle existait déjà dans certains milieux juifs : 2 M 7, 9 ; 17 ; 29. Un passage des Actes des Apôtres nous éclaire quant à la situation contemporaine de Jésus : le parti pharisien professait l’espérance en la résurrection au contraire du parti des sadducéens (Ac 23, 6-8). Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 8 Dans le récit des femmes au tombeau, Luc introduit la formule « le Seigneur Jésus », (formule unique dans son Evangile, mais fréquente dans les Actes) pour marquer la condition nouvelle de Jésus ressuscité. Puis Luc développe l’acte de foi auquel il invite sa communauté et nous-mêmes. Il parle constamment de Jésus même si celui-ci est absent au début comme à la fin, et n’est jamais là où on le cherche : Les femmes, face au tombeau vide éprouvent de la crainte, mais les messagers leur rappellent ce que Jésus avait annoncé. Elles rapportent ces paroles aux Onze qui ne les croient pas. Pierre va faire le même constat et s’en va, étonné, de son côté. La foi commence par un doute. Les pèlerins d’Emmaüs nous invitent à faire l’expérience de la rencontre puis de la reconnaissance du ressuscité. C’est une démarche personnelle, individuelle, qui leur ouvre les yeux, leur permet de relire l’Ecriture autrement et de revenir d’où ils viennent avec un regard neuf. Ils se précipitent alors à Jérusalem pour raconter leur rencontre avec Jésus et ce sont le Onze qui leur annoncent la résurrection. La foi est une reconnaissance personnelle du Christ ressuscité. La communauté (l’Eglise) en est témoin. Les Onze ressentent aussi de la crainte lors de l’apparition du Christ. Jésus les rassure, c’est bien lui. Alors sous l’effet de la joie, ils restent incrédules et étonnés. Jésus leur rappelle ses propres paroles et les institue comme témoin en leur promettant l’Esprit puis il se sépare d’eux. La foi débouche sur une communauté qui témoigne par l’Esprit et qui est signe de sa présence invisible. b. Le récit LES LIEUX : Ce texte met en scène un aller-retour au départ de Jérusalem vers Jérusalem en passant par Emmaüs. Cet aller-retour, géographique est aussi théologique : Luc concentre les apparitions du Ressuscité à Jérusalem, foyer de la révélation d’où tout part jusqu’aux extrémités du monde ; c’est enfin un aller-retour intérieur, celui de la conversion des disciples. LE TEMPS : De « nouveaux » événements se passent mais cela reste le même jour. LES PERSONNAGES : On passe de Pierre au tombeau (v. 12) à deux disciples en route. UN THÈME : LA CONVERSION Quelque chose se passe au long du chemin qui va changer le cœur des disciples. Un parallèle délimite le passage : - v.16 : leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. - v.31 : alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent. Dans ces deux phrases, Luc utilise la forme passive. Au verset 16, elle suggère la faiblesse humaine, au verset 31 la force divine. Le Seigneur pourtant, n’agissant jamais contre la volonté de l’homme, ne peut ouvrir les yeux des disciples que lorsque ceux-ci sont disposés à reconnaître en Jésus le Ressuscité et non seulement le Jésus de Nazareth. On peut déduire de ces observations qu’un des thèmes principaux de ce récit est la conversion. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 9 c. La structure du récit Certains exégètes dégagent du texte plusieurs structures concentriques imbriquées ainsi que des chiasmes2. Nous vous proposons une structure fondée sur les cinq étapes du cheminement des disciples STRUCTURE FONDÉE SUR LES CINQ ÉTAPES DU CHEMINEMENT DES DISCIPLES : 1. La situation initiale : un vide de sens (v. 13-16) Jésus est mort crucifié. Les disciples sont dans le désespoir le plus complet au point que ces deux-là quittent Jérusalem, ils abandonnent la mission ; puisque Jésus-Christ est le contenu même de son message, s’il est mort, ce qu’il a annoncé l’est avec lui, tout ce qui a été vécu n’a plus aucun sens. Il y a bien eu des signes que l’histoire n’était pas terminée : le tombeau est trouvé vide, des anges apparaissent et proclament Jésus vivant… Mais leur désespoir est tel qu’ils n’y croient pas : ils sont comme aveugles. Ils ne reconnaissent pas celui qui les rejoint, celui-là qui est l’objet même de la conversation (v. 19-20). 2. La naissance d’un désir (v. 17-29) Jésus prend le temps de préparer ces hommes qu’il rencontre, avec une délicatesse qui peut nous surprendre tant il avait pu être franc et dur dans son ministère. Il prend le temps de les écouter, de les enseigner. Il marche incognito aux côtés de deux disciples incrédules et désespérés. Il est là, présent et humble, marchant avec eux sur leur chemin et leur demandant quel est leur sujet de discussion. Ainsi il leur offre l’espace de reformuler leur vécu, de commencer à relire leur expérience. La catéchèse que Jésus leur propose (v. 25-27) est fondée sur leur vécu et le support de relecture en est l’Ecriture. Il ne s’agit pas d’un discours théologique et exégétique sur les voies du Fils de l’homme. Que pouvons-nous dire de ce que Jésus enseigne à ses disciples ? Tout ce qui le concerne dans les Ecritures ! Tout chrétien rêve de savoir ce qu’il a dit ; pourtant si Luc ne le développe pas, il donne une clé de lecture : ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans la gloire ? (v. 26) La mort et la résurrection du Messie est le centre de la compréhension du dessein de Dieu selon l’ensemble des Ecritures. Nous pourrions aisément être tentés de croire qu’une catéchèse faite par le Christ, ancrée dans l’expérience humaine et appuyée sur l’Ecriture, pourrait suffire à l’homme pour le reconnaître ! Pourtant, les yeux des disciples ne s’ouvriront pas tout de suite, Jésus doit encore opérer un signe. Ainsi, à la parole de Jésus-Christ s’ajoute un geste, une expérience concrète. Si la conversion n’a pas lieu après avoir fait route avec Jésus, il n’en reste pas moins qu’un désir est né en eux et malgré l’attitude de Jésus qui fait mine de continuer son chemin alors que les disciples s’arrêtent, ceux-ci pressent Jésus de cette prière : Reste avec nous. 3. Le signe (v. 30-31) Jésus opère comme signe la fraction du pain. La phrase reprend les mots de l’institution eucharistique (Lc 22,19) et le rapprochement entre la table de la Cène et la table présentée dans le récit d’Emmaüs est évident. Pourtant, ce geste ne peut pas réveiller la mémoire des disciples. En effet, l’institution de l’eucharistie a été vécue par les apôtres3 (Lc 22,14), alors 2 Un chiasme est formé de deux groupes de mots inversés. Par exemple : « bonnet blanc et blanc bonnet », « il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ». Dans le cas d’un texte, le chiasme est une construction littéraire, par exemple en forme de A-B B’-A’, sous la forme d’entrecroisement. La structure concentrique proposée ci-dessous est un exemple de chiasme. 3 Le nom des douze dans l’évangile de Luc se trouve en 6, 12-16. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 10 que marchent vers Emmaüs Cléopas et un autre disciple qui n’est pas nommé. Dans ce récit, c’est à l’expérience vécue dans l’Eglise naissante (1 Co 11) que Luc fait appel, car cette phrase : il prit le pain, prononça la bénédiction, il le rompit et le leur donna, fait référence pour tout chrétien à un vécu, un lieu où le Christ se donne à voir. Luc démontre par-là que la fraction du pain a un rapport direct avec la manifestation et la révélation de la résurrection du Seigneur Jésus. En outre, ce repas a indéniablement un caractère de célébration durant lequel Jésus se donne à voir : leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent. A cet instant, que l’on peut comprendre comme une conversion, Jésus devient invisible. Non pas qu’il disparaisse, mais il n’est plus visible. Jésus s’efface pour faire place à la joie qu’il a induite et la mission est transmise aux hommes qui vont s’empresser d’annoncer la bonne nouvelle. 4. La relecture (v. 32) Les disciples d’Emmaüs ont reconnu Jésus, mais ils n’en restent pas là. Leur premier sujet de conversation, après l’avoir reconnu, est de se redire ce qui s’est passé. L’un et l’autre relisent le déplacement opéré en eux : Notre cœur ne brûlait-il pas en nous ? Dans la tradition de l’Ecriture, le cœur est associé au projet4. Et le projet des disciples, après la mort du Christ, était bel et bien ruiné. Nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël, mais en plus voilà déjà trois jours de cela (v. 21). Les disciples expliquent leur aveuglement par la détresse. Jésus éveille dans le cœur des disciples un feu qui réchauffe et embrase ; au contact du Christ, par les Ecritures, les disciples commencent à relire leur histoire avec ce personnage qui les accompagne ; mais ils ne comprennent pas ce qui leur arrive jusqu'à ce que le Ressuscité se manifeste dans la fraction du pain. Pourtant Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? Les disciples passent de la confusion à la conviction, du désespoir à l’espérance. De façon symbolique, le feu que Jésus apporte purifie leur cœur. D’une part, il brûle ce qui était leurs fausses idées : un messie guerrier et politique qui agit sans l’homme. D’autre part, il embrase et conforte leur espérance. Il permet la rencontre avec Celui qui les aime et apporte une joie abondante. Ainsi, lorsque le cœur (le projet) des disciples se trouve purifié, la bonne nouvelle devient en eux source d'une joie débordante, au point qu’ils repartent immédiatement d’où ils sont arrivés pour s’empresser de l’annoncer. 5. L’ouverture (v. 33-35) Très vite, à l’instant même, les pèlerins d’Emmaüs ne peuvent garder l’histoire pour eux et accourent à Jérusalem retrouver les apôtres pour leur annoncer la bonne nouvelle. Ils sont passés du désespoir de la cause perdue à la joie de connaître l’Evangile, en route avec Jésus. Les disciples ne se contentent pas d’un cheminement de croissance et d’une célébration émotionnelle menant à la conversion, ils portent la nouvelle à qui peut l’entendre ! Il s’avère que les apôtres le connaissent déjà, attestant que le chemin des deux disciples correspond à celui de l’Eglise, voire de tout homme qui découvre l’Evangile de Jésus-Christ ressuscité. Ce texte se termine clairement par une ouverture vers l’extérieur ; il n’est pas la fin d’une histoire, il ressemble plutôt à un début. 4 DURRER MARCEL, intervention lors de la Session pastorale 2010 pour Genève, « La diaconie carrefour de la tendresse de Dieu », St-Maurice (Foyer Franciscain), 2010. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 11 d. Quelques thèmes LE PARTAGE DU PAIN, RENCONTRE AVEC LE RESSUSCITÉ. Notre récit indique clairement le partage du pain comme le lieu de surgissement de la communion avec le Christ ressuscité. A partir de là, beaucoup de théologiens désignent la célébration de la sainte cène (ou eucharistie) comme le lieu par excellence où le Christ se manifeste à son Eglise, où il donne aux siens des signes tangibles de sa présence vivante et agissante. Célébrer la cène à la lumière du récit d'apparition à Emmaüs permet certainement de rendre perceptible le dynamisme de la résurrection qui est une composante essentielle de ce sacrement. Cependant, la présence actuelle du Ressuscité ne saurait se limiter au contexte de la célébration dans l'église et en Eglise. Le partage du pain à Emmaüs renvoie aussi au partage des pains et des poissons (Lc 9,10-17), donc à d'autres gestes, à d'autres occasions de partage (voir aussi Actes 2,42ss et 4,32-37). Des signes de la présence du Christ sont aussi donnés lorsque des hommes et des femmes vivent à son exemple des concrétisations d'une communion vraie, d'un partage des biens et des ressources, pour répondre au défi du dénuement et du manque qui frappe les foules d'aujourd'hui. En d'autres termes, la présence du Ressuscité n'est pas limitée à la liturgie, mais anime aussi la diaconie des chrétiens. LE RETOURNEMENT (LA CONVERSION) Le récit des pèlerins d'Emmaüs ne finit pas au moment du repas et de la vision du Christ. Il montre le saisissant retournement qui s'est produit dans l'esprit et les actes des deux disciples ainsi que la résurrection de leur espérance. Dans les quatre Evangiles et les Actes, le verbe « brûler » est toujours employé au sens premier, destructeur. Le cœur est le lieu du débat intérieur, des projets et des décisions. Ceci nous invite à aller plus loin qu’une lecture « chaleureuse » de ce verset. C’est leur déception, leur projet de retour chez eux et leur compréhension du rôle de Messie qui ont été détruits en eux. L'apparition du Ressuscité n'a pas eu pour but de les installer dans une contemplation qui aurait arrêté le temps. Elle ne les a pas soustraits, mais au contraire renvoyés avec une impulsion nouvelle à leur cheminement dans le monde et à la mission que le Christ leur confère. Après une dernière rencontre à Jérusalem avec le Christ, la finale de l'évangile de Luc mentionne l'envoi en mission ("On prêchera en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. C'est vous qui en êtes les témoins"; Lc 24,47s) et la promesse du Saint-Esprit, qui prendra le relais de la présence du Ressuscité ("Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis"; v.49). Tout cela nous conduit aux récits de l'Ascension et de Pentecôte (Ac 1-2). C'est de cette façon-là que la bonne nouvelle de la résurrection du Christ pourra passer dans le monde : non par une démonstration à partir de visions ou de faits qui seraient restés à disposition du public, mais à partir des gestes et des paroles de ceux et celles dont la vie a été retournée, transformée par le Ressuscité. ET LES ECRITURES ? Puisque c'est lors du repas que les disciples ont enfin reconnu leur Seigneur, une question se pose : qu'advient-il de l'enseignement sur les Ecritures, qui a pris tant de place en chemin ? La remarque du v.32 "Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait et nous ouvrait les Ecritures ?" montre que cet enseignement n'a été ni oublié, ni écarté par la vision du Christ. Il a pu au contraire être reconnu dans son véritable rôle : il a préparé la Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 12 rencontre, en suscitant la réflexion des disciples, en les remettant en question dans leurs idées toutes faites sur la venue et le rôle du Messie; et puis, une fois la rencontre survenue, il va permettre d'expliciter le sens profond de l’œuvre de Dieu dans l'histoire de son peuple, accomplie par Jésus-Christ, devenant la base de la prédication des apôtres et de la catéchèse de l'Eglise. Les deux éléments du couple pain-Ecritures sont indissociables. Le rôle des Ecritures rappelle que la présence du Christ n'est pas limitée à la liturgie eucharistique ou à la diaconie. En même temps, le rappel du partage du pain comme lieu de surgissement de la communion avec le Ressuscité va exercer une fonction critique sur l'enseignement, en empêchant que ce dernier se proclame autosuffisant. Ce n'est pas une catéchèse sur les Ecritures, si bien articulée soit-elle, qui pourra faire surgir la rencontre avec le Ressuscité. Celle-ci demeure un événement qui, suscité par l'Esprit-Saint, ne saurait par conséquent être la simple résultante d'un raisonnement logique ou d'un programme préétabli. DEVENIR TÉMOINS Ce récit est aussi une construction théologique. Trois mots grecs, peu utilisés dans la Bible nous le révèlent. v. 15 v.27 v.35 Les disciples « discutaient entre eux »: c’est le verbe qui a donné le mot «homilétique » : l’art de la prédication. Jésus leur « explique » dans toutes les Ecritures - c’est le verbe qui a donné le mot « herméneutique » : théorie de l’interprétation des Écritures en fonction d'une culture et d'une époque. Ils « racontent » à leur tour ce qui s’est passé - c’est le verbe qui a donné le mot « exégèse » : l’explication critique des textes, qui « a à remplir, dans l'Église et dans le monde, une fonction vitale, celle de contribuer à une transmission authentique du contenu de l'Écriture inspirée » (Commission Biblique Pontificale). Au début du texte, les disciples qui « discutent entre eux »sont rejoint par Jésus mais ils ne le reconnaissent pas. Car le nœud du problème c’est qu’ils n’ont pas cru le témoignage des femmes. « L’explication » des écritures et la fraction du pain les transforment et leurs permettent de croire l’invisible. A la fin du texte, à leur tour ils deviennent témoins en « racontant » ce qu’ils ont vécu. C’est leur expérience racontée qui les rend crédibles. Les premiers chrétiens, comme nous, n’ont pas vu. Mais en faisant le deuil du voir, en acceptant qu’il n’y ait pas de preuves visibles de la résurrection, ils ont rendu un témoignage recevable et convaincant... qui est arrivé à travers les siècles jusqu’à nous. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 13 e. Bibliographie Source des images et de la lecture d’image : CD pédagogique : Images et Paroles ; SNCC ; DVD Disciples ; 2008 Eléments de Bibliographie sur Arcabas : BOESPFLUG FRANÇOIS, HELMUT NILS LOOSE ARCABAS, SAINT HUGUES DE CHARTREUSE, EDITIONS DU CERFTRICORNE, GENÈVE, 1988. BOESPFLUG FRANÇOIS, ARCABAS ET LES PÈLERINS D’EMMAÜS, EDITION DU TRICORNE, GENÈVE, 1995. RUDRAUF L., LE REPAS D’EMMAÜS, PARIS, 2 VOLUMES, 273 REPRODUCTIONS, 1955-1956. Eléments de bibliographie sur l’exégèse du texte BAERTSCHI SÉBASTIEN, Un cheminement de réconciliation, Enjeux d’une préparation œcuménique aux confirmations, IRFM, mai 2010. BOVON FRANÇOIS, L’Evangile selon Saint-Luc 19, 28 – 24, 53, commentaire du Nouveau Testament, deuxième série IIId, Labor et Fides, Genève, 2009 CHAUVET LOUIS-MARIE, Les sacrements, parole de Dieu au risque du corps, vivre, croire, célébrer, Les éditions de l’Atelier, Paris, 1997. FONTANA FRANÇOIS, 26 mai 2009: tiré de CAMP BIBLIQUE ŒCUMÉNIQUE DE VAUMARCUS, 1988. FONTANA FRANÇOIS, Prêcher lors d’ADAP, Commission Liturgique Genève, 2009. 47ÈME COURS BIBLIQUE PAR CORRESPONDANCE D’EVANGILE ET CULTURE, Au cœur de la vie, la résurrection, 1995-1996. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 14 4. Annexes a. Texte biblique : Luc 24, 13-35 (TOB) : Les pèlerins d’Emmaüs 13 Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux se rendaient à un village du nom d'Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. 14 Ils parlaient entre eux de tous ces événements. 15 Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ; 16 mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. 17 Il leur dit : « Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? » Alors ils s'arrêtèrent, l'air sombre. 18 L'un d'eux, nommé Cléopas, lui répondit : « Tu es bien le seul à séjourner à Jérusalem qui n'ait pas appris ce qui s'y est passé ces jours-ci ! » — 19 « Quoi donc ? » leur dit-il. Ils lui répondirent : « Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en action et en parole devant Dieu et devant tout le peuple : 20 comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié ; 21 et nous, nous espérions qu'il était celui qui allait délivrer Israël. Mais, en plus de tout cela, voici le troisième jour que ces faits se sont passés. 22 Toutefois, quelques femmes qui sont des nôtres nous ont bouleversés : s'étant rendues de grand matin au tombeau 23 et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire qu'elles ont même eu la vision d'anges qui le déclarent vivant. 24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ce qu'ils ont trouvé était conforme à ce que les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. » 25 Et lui leur dit : « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes ! 26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela et qu'il entrât dans sa gloire ? » 27 Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. 28 Ils approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d'aller plus loin. 29 Ils le pressèrent en disant : « Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée. » Et il entra pour rester avec eux. 30 Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. 31 Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. 32 Et ils se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? » 33 A l'instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ; ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, 34 qui leur dirent : « C'est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. » 35 Et eux racontèrent ce qui s'était passé sur la route et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 15 b. Mieux comprendre l’œuvre d’Arcabas Le mot image Le mot « image » vient du latin « imago », et signifie « ce qui reproduit, imite ou évoque quelque chose ou quelqu'un » : image de son père, image de la réussite. Il s’agit d’une représentation mentale d'un être ou d'une chose, cet être ou cette chose pouvant être absent. Dans le cas d’un tableau, on est devant une représentation fixe d'un lieu, d'un être ou d'une chose. Eléments de biographie Jean-Marie Pirot est né à Trémery en Moselle en 1926. De mère allemande et de père lorrain, il passe son enfance à Metz. En 1942-43, il fuit son incorporation dans l’armée allemande et vient à Paris. Il est diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts en 1949. Il partage, depuis, son temps entre la création et l’enseignement des arts plastiques. Il signe Arcabas depuis 1972. A partir de 1953, il travaille à une œuvre monumentale réalisée en plusieurs étapes sur plus de 30 ans : l’ensemble d’art sacré de l’église Saint Hugues de Chartreuse à Saint Pierre de Chartreuse (1952-1990). Ce lieu est devenu musée départemental en 1984, lors de la donation de l’œuvre par l’artiste, au département de l’Isère. Arcabas pratique toutes les formes plastiques : dessin, gravure, peinture, vitrail, sculpture, tapisserie. Il est un artiste-artisan multiple à la manière des artistes de la Renaissance. Les tableaux du cycle Emmaüs Le sujet des pèlerins d’Emmaüs tenait à cœur à Arcabas et il est souvent revenu dessus pendant près de 50 ans. Le premier « Emmaüs » date de 1946 (œuvre perdue). Il existe presque trente œuvres achevées ou études sur ce passage d’évangile. Les sept toiles du cycle Emmaüs que nous proposons sont consacrées au récit de l'apparition du Christ aux disciples ; elles ont été peintes entre novembre 1993 et mai 1994 (temps très court). Ces peintures se trouvent actuellement dans la chapelle de la Résurrection à TORRE DE ROVERI en Italie. Les 7 toiles du cycle Emmaüs portent les titres suivants: 1. Sur la route 2. Il leur ouvrait les Ecritures (non figuratif) 3. L’Accueil 4. Préparatifs 5. Le Repas 6. Disparition (non figuratif) 7. L’issue Le tableau « Le repas » La scène se passe à Emmaüs dans une maison, Jésus de Nazareth est assis avec deux disciples, Cléopas et un autre. C'est la fin du jour, ils sont assis pour le souper. Il s’agit plus particulièrement d’une illustration des versets 29-31. Le climat évangélique dans lequel se situe cette scène est celui du trouble ; les deux disciples sont dans le doute et le deuil. Le moment choisi par l’artiste est crucial : c’est celui qui est situé juste avant l’élément déclencheur, celui de la fraction du pain. Les disciples sont au seuil d’une reconnaissance. Cette scène est le moment central du cycle présenté plus haut. Informations sur ce tableau : • Il s’agit d’une peinture à l’huile avec ajout d’or fin à 23 carats, sur toile. • La toile est tendue sur un châssis de 1OO x 130 cm. Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 16 • • Elle est placée dans un encadrement où deux fines colonnettes entourent la peinture. Le format de la toile est presque carré. Pourquoi l’artiste a-t-il fait ces choix ? • l’emploi de la peinture à l’huile et à l’or est autant une référence à la tradition picturale qu’à l’art sacré (peinture religieuse occidentale et orientale)... • le support est la toile. Le choix de la matière est lié au désir de l’artiste de s’adapter au lieu d’exposition ou d’exprimer des notions plus abstraites : le temps qui passe, la nature, la texture en lien avec le corps humain, les sens. • la taille de la peinture est au-dessus de la moyenne pour lui donner plus de puissance et d’importance. • l’encadrement par des colonnettes : à l'extérieur de l'espace peint et à l'intérieur du cadre sont situées, de part et d'autre, deux colonnes cylindriques dont la base est à section carrée. Pourquoi ? Pour mettre en valeur et limiter : mettre un début et une fin à l’histoire racontée, créer un rythme… • le format carré est une création de l’art moderne : ceci permettait de sortir du format vertical correspondant au portrait de chevalet et du format horizontal proposant une vue panoramique en perspective qui donne un espace à une histoire. Ces deux formats sont inventés à la Renaissance. Ce format veut exprimer une notion de mesure, d’égalité, de perfection. La peinture est très légèrement rectangulaire dans l’horizontal. Le spectateur est invité à entrer dans un récit. Point d’attention : D’autres artistes ont représenté le cycle d’Emmaüs. Comparer la peinture d’Arcabas avec d’autres peut permettre de mieux identifier les choix du peintre. • • • • • • PAULO VERONESE (1528-1588) : Les pèlerins d’Emmaüs, 1559-1560 Paris, Musée du Louvre LE CARAVAGE (1573-1610) : La Cène à Emmaüs, 1606 Milan, Musée de la Brera REMBRANDT (1606-1669) : Les Pèlerins d’Emmaüs, 1648 Paris, Musée du Louvre Henry TANNER (1859-1937) : Les Pèlerins d’Emmaüs, 1905 Paris, Musée d’Orsay Maurice DENIS (1870-1943) : Les Disciples d’Emmaüs, 1895, Saint Germain en Laye, Musée Maurice Denis Alfred MANESSIER (1911-1993) : Les pèlerins d’Emmaüs, 1944 Paris, Centre Pompidou Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 17 c. Texte du sketch5 A et B sont sur scène. A marche de long en large l’air très absorbé sous l’œil interrogateur de B. A : Mais enfin, qu’est-ce que tu fais ? B : Ben je marche, ça ne se voit pas ? A : Oui… je vois que tu marches. Mais peux-tu me dire à quoi ça rime de marcher de long en large ici ? En plus tu me donnes le tournis. B : Apprends, jeune impertinent, que je marche parce que je cherche Dieu. Et pour chercher Dieu, marcher est un bon truc. A : Quoi ? Tu marches parce que tu cherches Dieu ? B : Oui. Je marche parce que je cherche Dieu. Tu as l’intention de répéter tout ce que je dis ? A : Excuse-moi mais tu es totalement ridicule. Cela fait des milliers d’années que les gens cherchent Dieu. S’il suffisait de marcher pour le trouver, cela se saurait. Et puis arrête, j’ai l’impression d’être à Roland Garros. Il fait le mouvement de suivre une balle avec sa tête. B : Si tu le prends comme ça, je m’en vais. A : Non, attends ! Je ne voulais pas te vexer… Explique… B : …C’est bien parce que c’est toi. Dans ma grande bonté, je vais t’éclairer : il est écrit dans la Bible (péremptoire) « ce que le Seigneur attend de toi, c’est que tu marches humblement avec ton Dieu. » Alors je me dis qu’en marchant, j’ai une chance de le trouver. A : N’oublie pas le « Humblement »… ça me semble important le « humblement »… B : Tu crois que je devrais marcher à genoux ? A : Non, reste debout, c’est déjà suffisamment pénible de te voir arpenter l’espace comme ça… la Bible est vraiment pleine de ces phrases mystérieuses… B : Ce qui me semble important dans cette phrase, c’est le fait de marcher. Je le cherche, je marche. Je marche, je le cherche. A : Chercher Dieu, c’est pas un peu vague, ça, non ? B : Je précise : je cherche Dieu, parce que je sens comme une soif, à moins que ce ne soit une faim... il y a quelque chose au fond de moi une aspiration, un manque… je ne sais pas… A : Et bien, vaste programme, ça. Dis donc, c’est contagieux, ton truc ? Parce qu’à t’entendre parler, là, je me dis que moi aussi, je cherche Dieu. B : Toi ? Laisse-moi rire! Tu es prêtre ! Tu es donc un spécialiste ! Tiens, d’ailleurs ; tu pourrais peut-être me dire quel chemin prendre, pour trouver Dieu, ça me ferait gagner du temps ? A : Je vais être honnête avec toi : j’ai lu des tas de livres, de publications, j’ai suivi des cours… j’avance, je m’interroge, je recule, je me questionne, c’est un vrai pas de danse ! Au bout du compte, je ne suis sûr que d’une chose : Dieu me dépasse. B : Oui, ben sors de tes bouquins et rejoins- moi : si on marche à plusieurs, on fera peut-être avancer la recherche plus vite… B se met à côté de A et marche avec lui. Il s’arrête soudain… A : Ça alors ! ce que tu dis me fait penser à une histoire : passe-moi la Bible, là… Attends je cherche…. Voilà…écoute ça : Et voici que, ce même jour, deux des disciples de Jésus se rendaient à un village du nom d'Emmaüs… (Luc 24, 13-35) 13 B : Et pourquoi tu as pensé à cette histoire, tout d’un coup ? A : Et bien, C’est évident ! Les deux hommes sont comme nous : ils marchent. Note bien que ces deux- là, cela fait un moment qu’ils se sont mis en route : en fait ils ont parcouru pendant des mois les chemins de Galilée en compagnie de Jésus. 5 La video du sketch peut aussi être vue sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=pC2lGqlO02M Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 18 B : Ok, je marche ; mais la comparaison s’arrête là : jusqu’à nouvel ordre, tu ne t’appelles pas Jésus. Et jusqu’à ce que tu fasses trois pas avec moi, je marchais tout seul. Visiblement, Dieu doit avoir d’autres soucis à régler que de vouloir marcher à mes côtés. A est toujours plongé dans sa lecture. B: Tu m’écoutes ?? T’es vraiment bizarre. Tu te mets en route avec moi, tu t’arrêtes, tu lis une histoire et après tu me laisses tomber. Remarque, dans ton histoire, l’attitude de Jésus n’est pas plus logique que la tienne: on ne le reconnaît pas, il fait semblant de ne rien savoir sur ce qui s’est passé… il fait même mine de s’en aller… ensuite il se fait prier pour rester et finalement quand enfin ils le reconnaissent, il disparaît ! C’est vraiment pas très fair-play, d’agir ainsi, comme pour troubler encore plus ces pauvres gens. D’ailleurs, ce doit être cela qu’il fait avec moi, Dieu : il joue à cache-cache ! Je marche d’un coin à l’autre, et chaque fois que je pense être sur le point de le trouver, pff, plus rien! A écoute B A : Mais tu as raison ! Je n’avais jamais vu les choses comme ça : Dieu joue à cache-cache ! B : Alors merci, très peu pour moi, on arrête de jouer ! A : Attends ! Regarde ce qui arrive aux deux hommes de l’histoire : au début, ils sont complètement abattus. Imagine ce qu’ils viennent de vivre : c’était une belle histoire, avec ce Jésus qui faisait le bien partout où il passait, cet homme qu’ils avaient suivi et aimé, en qui ils avaient mis toute leur espérance… c’était une belle histoire, mais qui finit mal… B : C’est le moins qu’on puisse dire : une crucifixion, comme « happy end » tu peux repasser… A : T’as raison : il y a de quoi avoir l’air sombre ! N’empêche qu’à la fin du récit, après avoir discuté avec le troisième homme, ils sont comme regonflés, revivifiés. Leur mémoire change de couleur, leurs ténèbres se dissipent, leur histoire s’éclaire, leur cœur se réchauffe. grandiloquent : « Le ressuscité partageait leurs pas et eux ne le savaient pas. » B : Il faudra que tu m’expliques, parce que c’est complètement loufoque ton scénario : un homme qui revient à la vie, qui apparaît, disparaît, réapparaît, qu’on ne reconnaît pas, et qui, pour finir, devient invisible – ça, c’est la meilleure ! C’est comme la cape d’invisibilité dans Harry Potter : hop je mets la cape, je disparais ; j’enlève, je réapparais… ! A : Je suis d’accord, c’est pas très facile à comprendre … B : C’est un doux euphémisme… En tout cas, tu ne vas pas décrocher Hollywood avec ça… A : Je crois que ce qui est important dans l’histoire c’est moins les faits que l’effet… B : Pardon ??? A : C’est moins les faits, ce qui arrive, ce que tu vois, que l’effet : ce que ça produit…Je t’explique : les types au début de l’histoire, ils sont complètement abattus, déprimés, et après avoir marché avec l’homme qui est le Ressuscité, ils sont transformés : ils passent de l’abattement à la joie, et se remettent en route avec de nouvelles perspectives ; ils se lèvent, ils revivent, quoi… B : C’est pas mal ce que tu dis… Moi, le passage que j’aime dans cette histoire c’est quand on dit que leur cœur brûlait alors qu’il leur parlait. Comme si Jésus répondait à quelque chose qui les touchaient en plein cœur. A : Et c’est le geste de rompre le pain qui leur fait prendre conscience de cela. B : Manger ensemble du pain, c’est assez banal dans l’existence, mais c’est aussi vital… On fait ça tous les jours, le matin, pour les tartines ; le soir, pour manger avec le fromage ! A : Tu coupes du pain, et tu touches à quelque chose qui ressemble à une rencontre avec Dieu ! B : Moi qui croyais être à des années-lumière de Dieu : il est peut-être bien plus près que ce que j’imaginais! A : C’est toujours une question de distance, dans la Bible… Ou de direction… B : De direction ? Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 19 A : Regarde : c’est comme si Jésus faisait changer trois fois de direction à ces deux hommes : petit 1) ils quittent Jérusalem pour fuir leurs mauvais souvenirs, et hop ! Jésus les questionne justement sur ce qui les attriste. B : C’est un peu remuer le couteau dans la plaie, ça ? A : Peut-être… mais c’est peut-être aussi une manière de leur faire verbaliser ce qu’ils fuient en marchant en silence…. Petit 2 ) un peu plus tard, les deux hommes parlent de la visite des femmes au tombeau vide, et là, le Christ leur met le nez dans les Ecritures en leur expliquant ce qu’ont annoncé les prophètes de l’Ancien Testament : une manière de dire que ce tombeau vide est PLEIN de promesses… Et petit 3 pour finir, alors que les marcheurs s’arrêtent, qu’ils vont se séparer, Jésus fait mine d’aller plus loin ce qui provoque de leur part une invitation… B : Là, je dois dire, ça me parle. Je pense à ces rencontres à l’improviste avec des gens que j’aime bien ; quand vient le moment de se dire au revoir, on n’a pas tellement envie de se séparer, et personne n’ose s’inviter à manger… pourtant tout le monde sent cette envie de rester ensemble encore un moment... parfois, ça donne de formidable repas improvisés ! Eh mais…!!! Ça y est ! Ça recommence… A : Quoi ? B : On parle de nouveau de manger… à croire que lorsqu’on essaie de comprendre ce truc hyper compliqué qu’est la résurrection – on se retrouve à chaque fois à discuter de choses très concrètes, d’envie, de désirs, de pain, de cœurs brûlants… A : …et si Dieu était là-dedans ? B : Ça me plairait assez, moi… j’aime bien manger… surtout quand je marche, ça me donne faim! A : Il y a quand-même une chose qui me chiffonne, moi : à peine les deux hommes ont reconnu Jésus, et celui-ci disparaît… B : Ah, toi aussi, il y a des choses que tu ne comprends pas ? Ben là, à moi, ça me paraît clair: en les laissant seuls, Jésus les a forcés à se remettre en route, à revenir sur leurs pas, pour parler à d’autres de tout ce qu’ils avaient vécu. C’est peut-être encore un changement de direction ! Ils étaient partis pour fonder un club de disciples très fermé…et paf ! Depuis, c’est une foule ininterrompue de témoins, et c’est comme ça le récit de ces événements nous est parvenu. A : Tu vois, quand on se sent tout seul avec ses questions, rien n’est plus précieux que de les offrir à un ami de passage… en parlant avec toi, depuis un moment, je perçois des choses que je n’avais jamais vues avant… et j’avance, moi aussi. B : Je marchais pour chercher Dieu ; j’étais un peu en panne, et voilà que je suis tombé sur toi! Cette petite pause m’a fait du bien ! Je peux reprendre la route – « humblement » : je sais maintenant que je ne suis pas toute seule. On est plusieurs à chercher ! Est-ce que je peux t’offrir un verre, histoire qu’on discute encore un moment ? A : Oui, je veux bien… (B disparaît) mais, qu’est-ce que tu fais… mais, attends !!! Je ne le vois plus ; où est-il passé ? Il a disparu ! C’est incroyable ça. Il m’invite à boire un verre, et… il disparaît. Mais c’est fou, ça… : il a disparu. Juste au moment où j’avais enfin le sentiment d’y voir un peu plus clair… ça me donnerait presqu’envie de croiser quelqu’un d’autre… (sourire) Confirmation / Etape Eucharistie / janvier 2015 20 FORMULAIRE D’INSCRIPTION Samedi 15 mars 2015 de 12h15 à 18h Pour participer à la rencontre cantonale des confirmands avec Monseigneur Alain De Raemy Nous vous serions reconnaissants de faire parvenir cette inscription jusqu’au 28 février 2015 à l’un des animateurs dont vous trouverez les coordonnées au bas de la page. Noms des animateurs du groupe …………………………………………………………………………………………….. Nombre de participants …………………………………………………………………………………………………………… Âge moyen des participants ……………………………………………………………………………………………………. Unité pastorale ou paroisse …………………………………………………………………………………………………….. Coordonnées d’une personne de contact : Nom …………………………………………………………………………………………………………………………………………… Adresse mail ……………………………………………………………………………………………………………………………… No de téléphone portable ………………………………………………………………………………………………………… Isabelle Hirt / Service catholique de catéchèse 14 rue du Village Suisse 1205 Genève / 079.751.28.23 / [email protected] Caroline Baertschi / SCC 14 rue du Village Suisse 1205 Genève / 079.313.27.28 / [email protected] Sébastien Baertschi / Paroisse de la Trinité 16 rue Ferrier 1202 Genève / 078.797.26.81 / [email protected]