Status Quo, The Strypes, Ghost, La Playlist de

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Status Quo, The Strypes, Ghost, La Playlist de
SAMEDI 26 SEPTEMBRE 2015 LE JOURNAL DU JURA
RIFFS HIFI 27
THE STRYPES
STATUS QUO Après un demi-siècle, ils sont toujours là
«Je ne comprends
pas pourquoi on m’aime...»
Le british blues boom ressuscité en Irlande
Décidément, ces quatre gamins sont incroyables! Il n’y a pas si
longtemps, ils avaient littéralement dû manquer l’école obligatoire
pour enregistrer leur premier album, le déjà mythique «Snapshot».
Aujourd’hui, ils ont tous arrêté le lycée pour se consacrer à la viaule.
Heureuse idée, tant il est vrai que «Little victories», leur nouvelle
galette, fait déjà preuve d’une belle maturité. Certes, le quatuor n’a rien
inventé. Son univers, c’est le rock des pionniers, le rythm’n blues, le
pub rock à la Dr. Feelgood, le british blues boom et les Animals. «Du
vieux, que du vieux», grommelleront ceux qui n’ont ni mémoire ni
culture. Attitude stupide: comme on n’a jamais fait mieux que dans les
sixties, comment pourrait-on reprocher aux gangs d’aujourd’hui de
s’inspirer de cette glorieuse époque? D’ailleurs, les stars ne s’y sont
pas trompées. De Paul Weller à Miles Kane en passant par Jeff Beck,
ils se lèvent tous les Strypes. A ne surtout pas confondre toutefois
avec les White Stripes de l’affreux Jack White! } PABR
GHOST
Satan l’habite toujours, Papa Emeritus
En musique, le satanisme n’effraye que les âmes simples ou
malfaisantes, tant il est vrai qu’il ne consiste, dans 99% des cas, qu’en
un pur gimmick, une façon de se remplir rapidement les poches.
Demandez à Black Sabbath! Déguisé en pape diabolique, le bon Papa
Emeritus et ses Nameless Ghouls – sorte de fantômes masqués –
donnent pour leur part dans le grand-guignol avec une science
consommée. Ces facétieux, forcément suédois, s’appellent Ghost. Ses
membres maintiennent un anonymat total. Rock & Folk nous apprend
que ses groupes préférés sont Blue Öyster Cult, combo de juifs newyorkais que les «J’y crois» avaient confondu avec AC/DC il y a bien
longtemps à Bienne, et ABBA. Climats d’orgue, chants harmonieux,
thèmes très mélodieux sur fond de heavy (black) metal? Diable: pour
des satanistes, tout cela est bien propret et bien tranquille. Après
«Infestissumam», son second album qui était un chef-d’œuvre absolu,
Ghost propose «Meliora», plus calme, plus linéaire aussi. Une fois de
plus, l’accent est mis sur l’atmosphère et la mélodie. La beauté du
diable? On s’arrête là. Certains vont encore nous faire une scène! } PABR
BIENNE
Un ex-Kiss au rendez-vous du pierceur
Status Quo au Chant du Gros. Avec, au premier plan comme toujours, Francis Rossi (à gauche) et Rick Parfitt. BIST
PASCAL VUILLE
Des milliers de concerts, vingtneuf albums studio, un boogie
rock immédiatement identifiable et quelques hymnes planétaires. Ladies and gentlemen,
please welcome Status Quo!
Dans le backstage du festival
du Chant du Gros, Francis Rossi,
fondateur et leader des Status
Quo, est revenu sur le parcours
d’un groupe inusable, tout en
trempant quelques biscuits dans
son thé. Very british. L’homme
de 66 ans était à prendre avec
des pincettes d’après sa maison
de disques. C’est qu’il est capable
de mettre fin à une entrevue si
une question ne lui sied guère.
A l’écoute de «Aquostic! Live
at the Roundhouse», il est
frappant de découvrir la diversité de genres qui s’y
trouve. On y entend de la
country, du blues, du rock sudiste, du folk. A quoi est-ce
dû?
Francis Rossi: Nos racines musicales y apparaissent au grand
jour, tout simplement. Certains
titres sont inspirés du rock traditionnel, d’autres du folk irlandais. Peu importe, c’est le
rythme et la mélodie qui rendent une chanson percutante.
L’idée de ce projet nous est venue après avoir terminé la
bande sonore du documentaire
qui nous a été consacré, «Bula
Quo!».
Cette démarche nous a apporté
un vent de fraîcheur et de liberté. Après cela, nous nous sommes posé la question: «Qu’allons-nous faire maintenant?»
Avant d’enregistrer «Aquostic»,
j’étais même réticent à l’idée de
déshabiller nos morceaux. Mais
j’ai été convaincu après avoir fait
un essai avec «Paper plane». Car
j’ai vu la manière dont la mélodie était tout à coup mise en relief. Cette réticence était d’autant plus étonnante que la
plupart des titres de Status Quo
ont été conçus de manière
acoustique avant d’être électrifiés.
Où sont les racines musicales
de Francis Rossi?
Dans la musique des Everly
Brothers, de Gene Vincent, de
Little Richard, de Johnny & The
Hurricanes, un groupe qui
jouait de la country instrumentale. J’ai écouté énormément de
musique country. J’étais aussi un
grand fan de Fleetwood Mac, de
Rory Gallagher et de Chicken
Shack – qui s’est produit deux fois
à Tramelan au défunt Pub La Cravache devenu Le Glatz, ndlr –,
avec qui nous avons souvent
tourné. J’aime également la musique classique, je m’ouvre davantage à d’autres styles avec
l’âge. Ce qui rend la musique
belle, c’est que n’importe quelle
chanson de n’importe quel
groupe est susceptible de nous
toucher. Si j’écoute très peu de
groupes de la scène actuelle,
j’aime beaucoup ce que font les
Stereophonics.
Vous fêtez 50 ans de carrière,
comme les Stones et les Who.
Motörhead, Kiss et AC/DC fêtent 40 ans. Ces groupes ontils un dénominateur commun?
La détermination et l’insécurité. Tous les groupes que vous
mentionnez ont leurs racines
musicales dans les années
soixante. Ils ont aussi traversé
bien des épreuves et des difficultés avant d’arriver au sommet,
ils n’ont jamais abandonné,
même quand les vents étaient
contraires. Et puis, ils sont restés
authentiques, ne se sont pas
prostitués. Mais je dois vous
avouer que je ne comprends pas
bien pourquoi les Stones ont
duré aussi longtemps: Mick
n’est pas un grand chanteur, ni
Keith un grand guitariste. Le
succès a parfois quelque chose
d’incompréhensible.
Pensez-vous que Status Quo
ait obtenu la reconnaissance
qu’il mérite?
Non, car aucun groupe ne mérite quoi que ce soit. Un groupe
crée quelque chose et est jugé
par le public, qui en retient une
impression positive ou négative.
C’est tout. J’espère toujours que
nous serons jugés en bien et non
en mal, mais le verdict du public
doit être accepté. Les groupes
punk et grunge disaient qu’ils ne
recherchaient pas le succès,
mais c’est faux. Nous recherchons tous le meilleur plutôt
que d’être traités de «groupe de
merde».
Pouvez-vous
vous décrire en 5 mots?
Triste, vieux, Anglais, homme
et de souche italienne. Dans la
vie privée, je suis plutôt réservé et
timide. Mais dès que j’arrive sur
scène, je deviens très extraverti.
C’est à n’y rien comprendre.
Mais je n’ai pas un grand ego, je
ne comprends d’ailleurs pas
pourquoi on m’aime. Je n’ai vraiment rien de particulier.
Une attitude typique du Quo, qui est depuis longtemps devenue mythique. DR
Status Quo, «Aquostic» et «Aquostic! Live at
the Roundhouse» (distribution Phonag). En
concert le 12 août 2016 à Erlach.
En 1997, David Camden ouvrait le premier magasin de piercing dans ce
radieux canton de Berne. A Bienne, rue Centrale 7A, très précisément.
Le jeudi 1er octobre, il fêtera les 18 ans de son échoppe baptisée
Camden Town, en compagnie d’un visiteur prestigieux. Allusion émue
à Bruce Kulick, guitariste de Kiss de 1984 à 1996, soit la période non
masquée du gang. Le concert débutera à 19h. Evidemment, comme le
lieu, même flanqué d’un petit musée, le bien nommé Kiss Pinball
Corner, n’a pas la taille du Royal Albert Hall, il est prudent de s’inscrire
auprès de [email protected], qui aura forcément l’âme pierceur.
De plus amples renseignements sur www.camdentown.ch } PABR
LA PLAYLIST DE...
Pascal Vuille
[email protected]
BACKYARD BABIES «Four by four» (2015)
Cinq ans que le gang de Nässjö, emmené par les charismatiques Dregen
et Nicke Borg, n’avait plus donné de nouvelles. Dieu que ce fut long pour
ceux qui affectionnent ce groupe culte de glam punk. L’attente est
récompensée avec ces neuf mélopées énergiques, même si on peut
regretter un son un peu trop lisse et quelques refrains qui auraient leur
place à Broadway. L’essentiel est là: il faudra encore compter avec les BB,
punks authentiques, même assagis, à l’avenir.
HOLLYWOOD VAMPIRES «Hollywood Vampires» (2015)
C’est un casting de luxe qu’Alice Cooper et le bôôô Johnny Depp ont
réuni pour cet album de reprises: pas moins de dix-sept invités (dont Sir
Paul McCartney, Joe Perry, Slash, Dave Grohl et Brian Johnson) s’y côtoient
sur quelques compos signées Depp et pour redonner vie à onze hymnes
éternels («My generation», «Whole lotta love» ou «School’s out»). Une
cure de jouvence qui fera le plus grand bien aux plus de quarante ans.
ROBBIE WILLIAMS «Live in Paris at the Zénith» (2015)
Le citoyen de Stoke-on-Trent est sans conteste le plus grand entertainer
à l’heure actuelle. Ce concert de plus de deux heures, enregistré trois
mois après son passage au Paléo, est truffé de reprises (Queen, Joan Jett,
Led Zep, U2, Lorde). RW, c’est une voix d’or, un humour décapant, une
énergie contagieuse, un sens du show hors du commun et une
sympathie naturelle. Le gendre idéal. Dommage, Mesdames, il est déjà
pris.
THUNDERMOTHER «Road fever» (2015)
Les bons groupes de female rock ne courent pas les rues. Raison de plus
pour souligner l’excellent second ouvrage de ces quatre Suédoises (vous
l’aurez compris, l’avenir du rock est en Suède). A écouter sans contreindications en cas de coup de pompe et à ranger dans sa discothèque
entre The Runaways et Nashville Pussy (ou entre AC/DC et Mötörhead
pour les machos). }