Arc : Amaran - Chroniques d`Hukara

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Arc : Amaran - Chroniques d`Hukara
Arc : Amaran
Auteur : G. Finck
Correctrice : Prunette
Illustrateur : Mooglistar
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G.F.
Chapitre 0 : L’avènement
-
Papi, papi ! Raconte-nous l’histoire de la grande guerre, dit un petit garçon
qui se faisait border par son grand-père.
-
Ho oui, s’il te plaît ! ajouta son petit frère allongé dans un autre lit juste à
côté.
-
Encore ? s’esclaffa le vieil homme. Je vous la raconte tout le temps, vous
n’en voulez pas une autre ?
-
Noonn, répondirent en chœur les deux garçons.
-
Bon bon, c’est vous qui décidez, sourit-il.
Le grand-père s’installa alors confortablement dans un fauteuil au coin de la
pièce.
-
L’histoire que je vais vous conter mes chers enfants est celle de la
dernière grande bataille contre ces ignobles êtres appelés Zarshans.
Cette guerre connue aujourd’hui sous le nom de Guerre d’Azur.
Le conflit qui opposait les deux races perdurait toujours dans le nouveau monde
de Telana, issu d’Hukara. Les enfants d’Arsha, les Zarshans, asseyaient leur
domination tandis que les Hommes, eux, devenaient de plus en plus vaniteux et
s’affaiblissaient dans des querelles incessantes.
Au crépuscule de leur extinction, les grands héros tombèrent les uns après les
autres ; nul ne pouvait résister aux Zarshans. Jusqu’au jour où le jeune Roi Vallen
apparut. Par son aura et sa seule force, il unifia le reste des hommes.
Il n’existait cependant qu’un seul moyen pour défaire la puissance Zarshan,
sceller la pierre Amaran, don de la déesse Arsha. L’enfant prodige, Vallen, l’avait
localisée. Elle était située au plus profond de la forteresse souterraine d’Arki,
vestige de l’ancien monde.
La dernière bataille de l’humanité sonna. Toute l’armée des hommes s’était
regroupée près d’Arki au pied de la montagne noire, dont le sommet transperçait
les cieux. Les Zarshans quant à eux, apprirent à se méfier, mais surtout à
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redouter le jeune Roi. Se doutant de cet ultime coup d’éclat, ils avaient
concentré toute leur puissance en ce même lieu.
Les deux camps se firent face. L’un allait combattre pour sa domination, l’autre
pour s’en délivrer. L’armée des Zarshans s’étendait jusqu’à l’horizon. Elle était
composée de milliers d’Armures inanimées, colosses sans vie en armures noires
plus grands que des hommes, armés d’épées et de masses géantes. Il y avait aussi
parmi eux des Golems de pierre, de feu et d’eau de toutes tailles. A la tête de ce
déploiement gigantesque se tenaient fièrement les Zarshans, portant des
armures finement ouvragées.
Les Hommes, beaucoup moins nombreux, étaient accompagnés d’une multitude de
créatures fantasmagoriques tels des Centaures, Minotaures, Cyclopes et autres
êtres mythiques. Malgré leurs imposants alliés, ils semblaient bien chétifs face à
une armée aussi impressionnante.
Pourtant, aucun ne ressentait la peur, car cette bataille allait déterminer leur
avenir et pas un ne devait faillir. Ils étaient tous soutenus par leur Roi qui avait
cristallisé leur espoir. Ils étaient le dernier rempart de l’humanité.
Vallen, vêtu d’une noble armure d’or, se tenait devant son armée, observant ses
opposants. Il chevauchait un impressionnant Dragon rouge dépourvu d’ailes,
revêtu lui aussi d’une armure dorée.
Il lança l’attaque en envoyant d’abord la troupe céleste afin d’occuper les cieux
et de prévenir toute menace. Griffons, Aigles géants, Licornes ailées et autres
créatures légendaires montées tournoyaient dans un ballet incessant.
Vallen n’était pas qu’un puissant Roi, mais aussi un grand stratège. Son intention
était de profiter de la trop grande confiance en eux des Zarshans. Bien que leur
armée fût gigantesque, ils ne l’avaient pas renforcée au niveau de la porte de la
forteresse. Son plan était donc d’occuper l’ennemi pour ensuite envoyer une
puissante cavalerie forcer l’entrée.
Les Zarshans se lancèrent à leur tour en libérant leurs troupes volantes. En un
geyser, jaillit une nuée d’êtres de roche semblables à des Gargouilles ainsi que
des Oiseaux de feu. Leur nombre était tel qu’ils assombrirent le ciel.
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Le jeune Roi leva alors son épée avant de la rabattre pour lancer la charge.
Aussitôt, toute son armée se rua sur l’ennemi, couverte par des Géants qui
envoyaient d’énormes blocs de pierre. Seule la troupe des Dragons, la cavalerie
et lui-même restèrent.
La vague humaine déferla sur les Zarshans impassibles, le combat faisait rage
aussi bien dans le ciel que sur terre. En dépit de la hargne des Hommes, leurs
oppresseurs dominaient le champ de bataille.
Vallen observait le combat avec beaucoup d’attention, attendant le bon moment,
lorsqu’une lueur apparut dans ses yeux. D’un simple geste de la main, tous les
Dragons s’envolèrent. En basse altitude, ils se dirigèrent tout droit vers l’entrée
d’Arki. Cependant, une partie des créatures de roche volante aperçut leur
manœuvre et se rua immédiatement sur eux.
Les Dragons étaient parvenus à forcer le chemin à coups de griffes et de gueule
en écumant quelques pertes. Ils déversèrent alors devant la porte un torrent de
flammes noyant tous les ennemis dans un flot ardent. Les quelques survivants de
cette attaque dévastatrice furent rapidement anéantis par leurs bourreaux
ailés, libérant ainsi le chemin jusqu’à la forteresse.
Vallen lâcha aussitôt sa cavalerie qui était composée d’hommes chevauchant des
Licornes et des Morgones. Ces derniers étaient de puissants mastodontes
quadrupèdes cornus, dont la peau était composée de plaques osseuses ainsi que
de quatre grosses cornes sur le dos.
La faille dans les rangs ennemis commençait déjà à se refermer, mais rien ne put
stopper ni même ralentir une telle charge qui transperça et repoussa tout sur
son passage.
Ils avaient parcouru la moitié de leur parcours, quand subitement, une grosse
secousse se fit sentir juste après un grondement sourd.
Une partie de la montagne s’effritait et d’immenses blocs s’en détachèrent,
ensevelissant les personnes aux alentours sous un nuage de poussière. Puis, une
main de roche émergea de la montagne, projetant d’autres blocs de pierre. Une
autre en sortit et un gigantesque Golem de pierre apparut. Ce dernier plongea
d’un grand coup sa main dans la montagne pour en sortir une énorme masse
faisant presque sa taille. La folie Zarshan les avait poussés à réveiller Kilar,
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l’Ancien Gardien Berseker d’Hukara. Sa puissance pouvait rivaliser avec les
anciennes divinités.
Tous étaient figés devant cette vision d’un autre monde. Le Golem observa le
champ de bataille et repéra la cavalerie qui avait presque atteint l’entrée d’Arki.
L’immense être de roche se mit alors en mouvement et malgré une apparente
lenteur, s’en rapprocha rapidement pour fracasser le sol de son impressionnante
masse. La puissance du coup provoqua une onde de choc dévastatrice. Seule la
porte d’entrée de la forteresse souterraine resta intacte.
Vallen fut lourdement propulsé contre le mur de celle-ci et s’effondra au sol.
Cette seule attaque avait suffi à décimer la cavalerie, mais surtout l’espoir des
Hommes. Tout reposait sur cette unique stratégie, réduisant alors leur moral en
lambeaux.
Kilar, incontrôlable, se déchaîna ensuite en massacrant tout de sa masse,
Humains et Zarshans. Il provoqua l’anarchie la plus totale dans le champ de
bataille. Face à cet adversaire hors norme, les Dragons fondirent sur lui pour le
submerger d’une tempête de flammes, en vain. Le Gardien Berseker n’avait subi
aucun dégât. Des blocs rocheux se détachèrent du sol pour flotter devant lui. Il
les frappa d’un puissant coup de masse pour les projeter sur les créatures ailées.
Plusieurs Dragons, mais aussi d’autres créatures au-dessus d’eux furent touchés
par cette averse de projectiles les précipitant au sol. Les Gargouilles et les
Oiseaux de Feu éclatèrent. Après cet assaut, l’être de roche réitéra son attaque
provoquant à son tour l’anarchie dans les cieux.
En dépit de leurs pertes innombrables, les Zarshans crièrent leur victoire,
plongeant les Hommes dans le désarroi.
Tout à coup, une immense lance provenant du ciel percuta de plein fouet Kilar qui
recula d’un pas. Celui-ci leva alors la tête vers le ciel qui s’était subitement
assombri. Au travers des nuages une forme se dessina, se dévoilant petit à petit.
Un sabot, un bras, une grande aile, des cornes de cerf en guise de couronne.
La créature était semblable à un Centaure ailé presque aussi grand que Kilar.
Tous le reconnurent. Orphrion, divinité de l’ancien monde qui faisait partie des
rares êtres ayant retrouvé leur rang divin venait d’apparaître.
Vallen, appuyé contre un mur, essoufflé et blessé, l’avait invoqué. Du sang
s’écoulait de son arcade sourcilière ainsi qu’au travers de l’armure de son bras
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gauche qui pendouillait, cassé. La créature ailée dirigea sa main vers Kilar et une
fissure violette apparut au-dessus du Centaure. Immédiatement, une pluie de
lances s’en échappa pour s’abattre sur le Golem. Ce dernier fut percuté par
plusieurs dizaines de lances. Chaque impact l’amocha et le fit reculer jusqu’à la
montagne, où il disparut dans un nuage de poussière.
Orphrion cessa ensuite l’attaque, attendant la dissipation du nuage, quand
l’énorme masse du Golem en jaillit et percuta son aile qui le fit dégringoler droit
vers le sol. Le Gardien Berseker sortit de l’écran de poussière, le bras gauche
manquant et le corps meurtri, pour se ruer sur son adversaire.
Ce dernier avait atterri lourdement au sol après avoir freiné sa chute en
redéployant ses ailes. Mais, à peine eut-il le temps de se relever, que Kilar lui
asséna un terrible coup de poing au visage. Orphrion contre-attaqua aussitôt par
un puissant coup de sabot avant qui le repoussa. Le Golem en profita alors pour
ramasser sa masse à proximité. Il se précipita vers le Centaure ailé qui fit de
même après avoir invoqué une lance dans sa main. Le choc de leurs charges
généra une énorme onde de choc qui déferla sur le champ de bataille sous une
grande vague de poussière.
Profitant de la diversion offerte par son invocation, Vallen s’était introduit dans
la forteresse avec quelques survivants de la cavalerie. Le jeune Roi était très
affaibli par ses blessures, mais aussi par son invocation. Appeler un tel être
n’était pas sans conséquence. Le maintenir dans Telana demandait un très gros
effort de concentration ainsi qu’une grande quantité de Flux. Il devait se hâter
de trouver Amaran et tous se dirigèrent vers l’épicentre d’Arki. Ils finirent par
l’atteindre sans grande résistance.
La pierre d’Amaran lévitait au-dessus du sol, brillant d’une délicate lumière
turquoise qui enveloppait le petit groupe d’une douce chaleur.
-
Vite, nous devons la sceller ! annonça un chevalier.
-
Nous n’avons pas le temps, rétorqua Vallen. Il nous faut… la détruire !
-
La détruire ? Mais… les conséquences… réagit un autre chevalier,
tremblant.
-
… Pourraient être désastreuses ! ajouta le premier chevalier, désemparé.
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-
Hélas, nous ne pouvons nous permettre d’attendre. Si nous n’agissons pas,
l’humanité sera perdue !
Le jeune Roi regarda un instant Amaran avant de la frapper sèchement avec son
épée. La pierre se fissura et les murs se mirent à vibrer au rythme de la pierre.
A son firmament, la lueur turquoise s’amenuisa et les vibrations diminuèrent.
Alors qu’Amaran semblait éteinte, une énorme vague d’une lumière bleutée
déferla. Elle détruisit tout sur son passage dans un gigantesque dôme azur et
marqua la fin de la grande guerre contre les Zarshans.
-
Et la paix fut instaurée… conclut le conteur.
Le vieil homme contempla ses petits-enfants endormis.
-
Dormez tranquillement mes enfants, dormez tranquillement… Le Roi Vallen
veillera sur vos songes.
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