Valorisation des bureaux d`expertise comptable et de comptabilité
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Valorisation des bureaux d`expertise comptable et de comptabilité
IPCF | Institut Professionnel des Comptables et Fiscalistes agréés SOMMAIRE p. 1/ V alorisation des bureaux d’expertise comptable et de comptabilité p. 6/ L a Commission publie un avis récapitulatif sur la locationfinancement Dans le cadre d’une acquisition dans le secteur des services, comme celle d’un bureau d’expertise comptable et de comptabilité, on recourt souvent à des règles cardinales pour déterminer la valeur du goodwill. Pour déterminer la valeur d’un bureau exploité sous la forme d’une entreprise unipersonnelle, on prend généralement aussi en compte la valeur des immobilisations corporelles (comme le matériel informatique et le mobilier de bureau). Un bureau constitué sous la forme d’une société requiert une approche encore différente. l’individu concerné, des frais de localisation plus ou moins importants, des frais de bureau, de voiture, de représentation, etc. Les résultats d’une petite société sont aussi fortement influencés par la rémunération des associés actifs portée en charges. A ce niveau aussi, il est difficile de se référer à un critère objectif. En raison du caractère subjectif et personnel des résultats, et à coup sûr des charges d’exploitation des petits bureaux, la valeur de rendement semble, dans la majorité des cas, ne pas constituer un critère de valorisation objectif. Règles cardinales Le chiffre d’affaires comme élément représentatif ? L’utilisation de règles cardinales peut être très utile pour obtenir rapidement une indication de la valeur d’un bureau d’expertise comptable ou de comptabilité, mais cette indication ne sera pas toujours correcte, p. ex. parce que vous ne tenez pas compte des caractéristiques spécifiques du bureau à valoriser et de son environnement. Ces règles cardinales doivent donc être utilisées avec prudence. Valeur de rendement : critère de valorisation objectif ? En ce qui concerne les petits bureaux, nous constatons souvent que la valeur de rendement ne constitue pas un critère de valorisation objectif, et ce, parce que les charges d’exploitation sont très étroitement liées au caractère, au dynamisme et aux méthodes de travail de l’individu, de sorte que le bénéfice ne fournit en fait plus une base de référence objective. De petits bureaux comparables ayant un chiffre d’affaires de 400.000,00 EUR peuvent afficher un bénéfice de 100.000,00 EUR ou de 0,00 EUR, selon que l’entreprise est gérée par Mme X ou Mr Z. Parce que les résultats d’exploitation sont ainsi liés à la personne et dépendent des capacités commerciales, de l’efficacité de la planification du travail, de la qualité de la fixation des prix, des offres et des calculs a posteriori, de l’efficacité de l’organisation administrative, des capacités de gestion et d’organisation de 1 Dans le cas des entreprises de services, la capacité à générer des revenus sera quand même un critère important. Pour fixer la valeur d’un bureau d’expertise comptable ou de comptabilité, nous considérons généralement le chiffre d’affaires (le volume des honoraires sur une base annuelle) comme l’élément représentatif des possibilités de revenus de l’entreprise. La règle générale utilisée pour déterminer la valeur du goodwill consiste simplement à appliquer un pourcentage au chiffre d’affaires. Le chiffre d’affaires n’est pas une garantie de rentabilité. Quels sont les taux appliqués ? Sont-ils conformes au marché ? Sontils basés sur le coût des collaborateurs, avec un supplément pour les frais généraux et une marge bénéficiaire ? La rentabilité est parfois analysée dossier par dossier et les dossiers non rentables ne sont pas pris en compte dans le prix d’acquisition. Sur la base de son expérience, l’acquéreur peut vérifier certaines normes : chiffre d’affaires par collaborateur du bureau, pourcentage du coût du personnel par rapport au chiffre d’affaires, pourcentage des heures productives par rapport aux heures non productives, rapport entre les heures facturables et productives, etc. Une évaluation correcte de la clientèle, de l’équipe de collaborateurs et de la rentabilité des dossiers est généralement sous-tendue par un enregistrement correct du temps. P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 P 309339 – Bureau de dépôt 9000 Gent X – Bimensuel – Ne paraît pas dans les semaines 28-36 Valorisation des bureaux d’expertise comptable et de comptabilité Les facteurs abstraits L’incidence des facteurs abstraits, non mesurables ne cesse de gagner en importance : la réputation du bureau, les personnes qui y travaillent, ainsi que leurs connaissances et leurs capacités, le degré d’informatisation, l’image et la qualité des clients, etc. Le succès (commercial) d’un bureau d’une certaine envergure dépend de la qualité et de l’engagement de ses collaborateurs. Quelles sont leurs connaissances et leur expérience, leurs ambitions, leurs capacités et leurs performances ? S’agitil de comptables ou d’experts-comptables agréés ? Sont-ils en stage ? Quelles sont les conditions de travail ? A quelle distance habitent-ils du lieu de travail (éventuellement nouveau) ? Y a-t-il une bonne répartition au niveau des sexes, de l’âge, de l’ancienneté ? Qu’en est-il de la flexibilité (horaires de travail variables) ? Quelle est la productivité ? Qu’en est-il de l’ambiance, de l’entourage, de la motivation ? Les collaborateurs soutiennent-ils l’acquisition ? La rotation du personnel en dit long sur l’engagement des collaborateurs et la qualité de la direction. La vitesse à laquelle les gens accèdent à plus de responsabilités illustre la manière dont le bureau développe le talent et l’exploite. La nature et la composition de la clientèle La clientèle est-elle diversifiée ? Ou le chiffre d’affaires du bureau est-il tributaire de quelques gros clients ? Qu’en est-il de l’âge, de l’ancienneté, de la stabilité et de la répartition géographique de la clientèle ? Un expert-comptable plus âgé peut p. ex. avoir une clientèle plus âgée. Ou s’agit-il d’un jeune bureau en pleine expansion ? Dans quel secteur la clientèle est-elle active ? Une clientèle du secteur agricole, de l’horeca ou du secteur du transport aura une moindre valorisation. Qu’en est-il du comportement de paiement des clients ? Paiements dans le strict respect des délais ou débiteurs douteux ? Des contrats de longue durée ont-ils été conclus avec la clientèle ? Il faut également tenir compte de l’importance du caractère personnel. Dans quelle mesure la clientèle a-t-elle un lien familial, politique, financier ou d’amitié avec le cédant ? Il peut en résulter un lien personnel exagéré et un risque de diminution de la clientèle si le lien disparaît. Les entrepreneurs ont généralement une grande confiance dans leur bureau d’expertise comptable ou de comptabilité. La plus grande menace semble être le prix : en échange de coûts plus faible, une partie des clients est toujours disposée à changer d’expert-comptable ou de comptable. Un prix peu élevé réduit le risque d’une perte de clientèle. Fixation du prix Le coût de reprise d’un bureau d’expertise comptable et de comptabilité comprend généralement un prix pour le goodwill (la clientèle) et un prix pour les immobili-sations corporelles (l’équipement). 2 Pour fixer le prix du goodwill, on applique généralement un pourcentage au chiffre d’affaires. On parle alors d’un coefficient, d’un facteur ou d’un multiplicateur « chiffre d’affaires ». Le coefficient chiffre d’affaires pour les bureaux d’expertise comptable et de comptabilité varie entre 0,75 et 1,5. En d’autres termes, le chiffre d’affaires est multiplié par un facteur de 0,75 à 1,5 pour déterminer la valeur du goodwill. Pour fixer le facteur multiplicateur, on tient compte du rapport susmentionné entre le coût du personnel et le chiffre d’affaires, de la conformité au marché des tarifs appliqués, de la nature de la clientèle, de sa stabilité, de la durée des éventuels mandats ou missions, du caractère personnel du service, etc. En ce qui concerne le chiffre d’affaires, il convient de prendre les honoraires bruts sur une base annuelle. Vous pouvez prendre le chiffre d’affaires de la dernière année, mais généralement vous prendrez une moyenne des chiffres d’affaires réalisés au cours p. ex. des trois exercices précédant la cession. Pour obtenir un résultat représentatif qui tient également compte de la tendance – autrement dit, pour savoir s’il s’agit d’un bureau qui connaît encore une expansion suffisante ou d’un bureau qui a déjà connu ses meilleures années –, vous pouvez appliquer un facteur de pondération afin d’accorder un poids plus important aux dernières années. Vous pouvez par exemple utiliser une moyenne pondérée du chiffre d’affaires des trois dernières années, en multipliant par quatre la dernière année et respectivement par trois et par deux les années précédentes ou en multipliant par trois la dernière année et respectivement par deux et par un les années précédentes. Exemples Exercice Chiffre d’affaires Facteur de pondération Chiffre d’affaires moyen pondéré 2014 558.000,00 4/9 248.000,00 2013 504.000,00 3/9 168.000,00 2012 470.700,00 2/9 104.600,00 9/9 520.600,00 Chiffre d’affaires moyen pondéré Exercice Chiffre d’affaires Facteur de pondération Chiffre d’affaires moyen pondéré 2014 558.000,00 3/6 279.000,00 2013 504.000,00 2/6 168.000,00 2012 470.700,00 1/6 78.450,00 6/6 525.450,00 Chiffre d’affaires moyen pondéré ! Un multiple est basé sur le prix d’opérations d’acquisition antérieures de bureaux d’expertise comptable et de comptabilité. Il s’agit donc d’une fixation du « prix » plutôt que d’une appréciation de la « valeur ». En outre, il n’y a pas d’unanimité sur le coefficient appliqué ni sur la fixation du prix total. Tantôt, il s’agit simplement du goodwill, tantôt la structure, l’équipement et le mobilier sont également compris dans le prix. P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 Durée d’amortissement de l’investissement D’une manière générale, la valorisation du goodwill est liée de manière assez arbitraire au chiffre d’affaires. La valeur obtenue n’est certainement pas toujours exacte, parce que le marché peut évoluer, parce que les taux d’intérêt varient ou, simplement, parce qu’on ne tient pas compte des caractéristiques spécifiques du bureau. Un bureau peut être organisé de manière beaucoup plus efficace qu’un autre, mais lorsqu’on utilise une méthode basée sur le chiffre d’affaires, la valeur est exclusivement liée au chiffre d’affaires annuel et pas au niveau des coûts. La rentabilité du portefeuille de clients détermine finalement dans une large mesure la valeur du bureau. Lorsque la valeur d’un bureau d’expertise comptable et de comptabilité est chiffrée sur la base d’un multiple du chiffre d’affaires, il semble quand même nécessaire de vérifier la valeur obtenue selon d’autres méthodes et, éventuellement, de la nuancer. Le prix d’acquisition doit correspondre au rendement du bureau. En pratique, on effectue souvent cette vérification à la lumière de la durée d’amortissement de l’investissement. De manière intuitive, les experts en valorisation d’entreprises considèrent que la durée d’amortissement de l’investissement doit être limitée à une période raisonnable, afin d’éviter des prévisions trop hypothétiques. En pratique, on considère que cinq ans constituent une durée d’amortissement normale. C’est également la durée de financement qu’appliquent les banques en matière d’acquisition d’actions. La méthode de la période de récupération de l’investissement est une méthode forfaitaire simple. Supposons que l’acquéreur considère que son investissement (l’acquisition) doit pouvoir être récupéré en cinq ans. Il chiffre le bénéfice moyen des trois dernières années, diminue celui-ci d’un salaire d’entrepreneur conforme au marché (la rémunération de son travail et de son expertise) et multiplie le résultat par cinq. Exemple : Le bénéfice moyen des trois dernières années s’élève à 190.000,00 EUR. Un salaire de dirigeant d’entreprise conforme au marché s’élève à par ex. 100.000,00 EUR. La différence (le bénéfice résiduel) s’élève à 190.000,00 EUR – 100.000,00 EUR = 90.000,00 EUR. Sur la base d’une durée d’amortissement de l’investissement de cinq ans, le prix de l’acquisition s’élève alors à 90.000,00 EUR × 5 = 450.000,00 EUR. Clause de earn-out Lorsqu’il s’agit de bureaux d’une certaine envergure, on se penche davantage sur le rendement pouvant être tiré de l’activité acquise, sur l’analyse de la clientèle, sur l’évaluation de l’équipe de collaborateurs, sur la vérification des marges sur les dossiers, etc. On paie alors un prix d’acquisition plus élevé pour un bureau rentable et en forte croissance. En raison de l’importance accrue de ces aspects et des risques qui y sont liés, de plus en plus d’acquisitions s’effectuent sur la base d’une clause de earnout. Une clause de earn-out est un système de paiements étalés qui sont subordonnés au chiffre d’affaires réalisé (ou à un autre paramètre) après la cession. La période de earn-out est généralement de trois à cinq ans tout au plus. 3 Dans le cadre d’un earn-out, le prix à payer pour l’acquisition comprend le plus souvent une partie fixe et une partie variable en fonction des résultats ou performances futures. En d’autres termes, l’acquéreur ne paiera le prix convenu que si le bureau qu’il acquiert réalise un chiffre d’affaires déterminé, génère un bénéfice ou un cash-flow minimum, conserve ses clients ou son personnel, etc. sur une période donnée consécutive à l’acquisition (la période de earn-out). Tout cela, en fonction de ce qui a été convenu entre le cédant et l’acquéreur (les paramètres du earnout, les compétences des deux parties, les délais et les conséquences du dépassement des délais, les montants minimum et maximum, etc.). La partie du prix d’acquisition subordonnée aux résultats ou aux performances futurs du bureau est fixée sur la base d’une formule ou d’un calcul convenu, et est payée ultérieurement au cédant, par tranches ou à l’issue de la période de earn-out convenue. Une clause de earn-out est souvent prévue lorsque l’acquéreur souhaite que le cédant soit encore lié à lui pendant un certain temps. Il s’agit d’un aspect important, car les connaissances et le réseau du cédant jouent un rôle non négligeable dans l’évolution du bureau. En liant les performances à un earn-out, le cédant reste motivé. Exemple : pendant une période de cinq ans, l’acquéreur paie 20 % des honoraires perçus de la part de la clientèle cédée. En cas de clause d’earn-out basée sur le chiffre d’affaires réalisé auprès de la clientèle cédée, il est nécessaire d’identifier cette clientèle au moment de la cession. On établira donc une liste des clients qui sont cédés à l’acquéreur. Le cédant veillera à ce que l’acquéreur n’intègre pas certaines activités dans une autre entité juridique de son groupe, afin de réduire ainsi de facto la base sur laquelle est calculé le prix variable. Acquisition d’actifs (asset deal) ou acquisition d’actions (share deal) On parle d’un asset deal lorsque des actifs bien précis (clientèle, infrastructure, mobilier, matériel informatique, matériel roulant, contrats de leasing ou de renting, etc.) sont repris, ainsi que le personnel. Il est cependant de plus en plus fréquent qu’un bureau soit cédé sous la forme d’actions. On parle alors d’un share deal. Dans ce cas, la totalité de l’actif et du passif, des droits et des obligations du bureau est cédée à l’acquéreur. Dans le cadre d’un share deal, ce sont les actionnaires de la société qui cèdent leurs actions. Dans le cadre d’un asset deal, c’est la société qui cède certains de ses actifs. Outre les implications juridiques, le choix d’un asset deal ou d’un share deal a aussi d’importantes conséquences fiscales. Lors de la vente d’actions (share deal), le vendeur n’est en principe pas imposé sur la plus-value qu’il réalise. C’est en revanche le cas lors de la vente d’éléments d’actif (asset deal). D’un point de vue fiscal, un share deal sera donc généralement plus avantageux pour le vendeur. Pour l’acheteur, ce sera souvent le contraire. Dans le cadre d’un asset deal, il acquiert en effet des actifs auxquels il P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 peut appliquer des amortissements déductibles fiscalement. En revanche, il ne peut pas amortir les actions qu’il acquiert (share deal). Dans le cadre d’un share deal, les éventuelles dettes sociales latentes (p. ex. un licenciement consécutif à l’acquisition) et les latences fiscales sur les corrections de valeur prises en compte (la plus-value n’est pas susceptible d’amortissements) sont intégrées dans un prix d’acquisition des actions moins élevé. Décote fiscale en cas d’achat d’actions Lors de l’acquisition d’actions, un bilan d’acquisition est établi. Celui-ci se base par exemple sur le dernier bilan approuvé de la société. L’actif et le passif sont (ré)évalués selon la valeur in going concern, dans l’hypothèse d’une poursuite des activités du bureau. En particulier, les immobilisations incorporelles et corporelles sont évaluées à leur valeur vénale réelle. Dans un bureau d’expertise comptable et de comptabilité, l’évaluation (la réévaluation) du goodwill sera prépondérante. La différence entre la valeur chiffrée du goodwill (par ex. sur la base du chiffre d’affaires) et la valeur de celui-ci qui figure éventuellement encore dans le bilan d’acquisition constitue une plus-value virtuelle ou latente. Cette plus-value virtuelle ne figure pas au bilan de la société. L’acquéreur ne peut dès lors pas l’amortir. Comme il est impossible pour l’acquéreur d’amortir cette partie du prix d’acquisition, celui-ci doit être nivelé vers le bas pour des raisons d’équité. La perte de l’avantage lié à l’amortissement peut par exemple être chiffrée à 27,57 % de la plus-value virtuelle, en tenant compte du taux d’imposition de 33,99 %, d’un taux de capitalisation de 4 % et de la durée d’amortissement de 10 ans. S’il existe une plusvalue virtuelle, l’indemnité de reprise est diminuée de la perte – ainsi chiffrée – de l’avantage lié à l’amortissement. La valeur totale des immobilisations incorporelles est par conséquent diminuée de ce montant. Un raisonnement identique peut être appliqué aux immobilisations corporelles. La perte de l’avantage lié à l’amortissement peut donc par exemple être chiffrée à 30,26 % de la plus-value virtuelle, en tenant compte du taux d’imposition de 33,99 %, d’un taux de capitalisation de 4 % et de la durée d’amortissement de 10 ans. Illustrons ceci à l’aide d’un exemple. L’actif net comptable au bilan d’acquisition se présente comme suit : Actif Immobilisations incorporelles 0,00,EUR Immobilisations corporelles 15.000,00 EUR Créances 80.000,00 EUR Liquidités 20.000,00 EUR Total de l’actif 115.000,00 EUR Passif à l’égard des tiers Dettes à plus d’un an Dettes à un an au plus Total du passif à l’égard des tiers 20.000,00 EUR 10.000,00 EUR 30.000,00 EUR 4 Actif net comptablee Total de l’actif Total du passif à l’égard des tiers Actif net comptable 115.000,00 EUR –30.000,00 EUR 85.000,00 EUR Cet actif net comptable correspond aux rubriques suivantes des capitaux propres comptables : Capital Réserves Capitaux propres comptables 20.000,00 EUR 65.000,00 EUR 85.000,00 EUR Corrections à l’actif net comptable : Calcul de la valeur des immobilisations incorporelles sur la base du chiffre d’affaires = 550.000,00 EUR. Valeur comptable = 0,00 EUR. Plus-value virtuelle = 550.000,00 EUR – 0,00 EUR = 550.000,00 EUR. Calcul de la décote fiscale : 550.000,00 EUR × 27,57 % = 151.635,00 EUR. Plus-value nette sur les immobilisations incorporelles = 550.000,00 EUR – 151.635,00EUR = 398.365,00 EUR. Estimation de la valeur des immobilisations corporelles = 25.000,00 EUR. Valeur comptable = 15.000,00 EUR. Plus-value virtuelle = 25.000,00 EUR – 15.000,00 EUR = 10.000,00 EUR. Calcul de la décote fiscale : 10.000,00 EUR × 30,26 % = 3.026,00 EUR. Plus-value nette sur les immobilisations incorporelles = 10.000,00 EUR – 3.026,00 EUR = 6.974,00 EUR. Si ce sont les actions de la société qui sont acquises, en ce compris tous les éléments d’actif et de passif du bilan d’acquisition, les capitaux propres corrigés sont calculés pour déterminer le prix d’acquisition. Les capitaux propres corrigés sont chiffrés comme suit : Capital Réserves Capitaux propres comptables Plus-value virtuelle sur les immobilisations incorporelles Décote fiscale (27,57 %) Plus-value virtuelle sur les immobilisations corporelles Décote fiscale (30,26 %) Capitaux propres corrigés 20.000,00 EUR 65.000,00 EUR 85.000,00 EUR 550.000,00 EUR –151.635,00 EUR 10.000,00 EUR –3.026,00 EUR 490.339,00 EUR Faut-il tenir compte de la qualité fiscale des capitaux propres dans le cadre de la valorisation des actions ? Devez-vous tenir compte dans la valorisation de la possibilité de pouvoir attribuer des réserves de manière fiscalement intéressante ou non, de pouvoir réduire le capital ? Certains experts en valorisation d’entreprises estiment que non ‘dans le cadre de la continuité’. L’auteur, quant à lui, estime que oui, car la qualité fiscale des capitaux propres (capital libéré fiscalement et réserves de liquidation ou réserves fiscales) permettra à l’actionnaire de sortir P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 ou non de l’argent de sa société de manière fiscalement avantageuse et, lors de la liquidation de la société, la qualité fiscale des capitaux propres sera aussi déterminante en termes d’impôt de liquidation à payer. Lors de la liquidation d’une société, les bénéfices fiscaux sont en principe encore distribués sous forme de dividende. Sur ce dividende ou ‘bonus de liquidation’, il y a lieu de retenir 25 % de précompte mobilier (l’‘impôt de liquidation’). Vous pouvez prendre en compte cet impôt de liquidation lors du calcul des capitaux propres corrigés. En pratique, vous tiendrez compte, dans la valeur actuelle, de l’impôt de liquidation à payer sur 10, 15 ou 20 ans. S’il est tenu compte d’un impôt de liquidation de 25 %, d’un taux d’actualisation de 4 % et d’une liquidation sur 15 ans, cet impôt latent se chiffre à 13,88 % du bonus de liquidation. La toute puissance du patron est un piège pour l’acquéreur Les petites entreprises sont d’autant plus difficiles à valoriser qu’elles sont souvent dirigées par une seule personne. Il n’est pas rare que la ‘bonne réputation’ d’un petit bureau soit à ce point liée à la personne du cédant que l’on s’aperçoit a posteriori que l’acquéreur a payé un goodwill pour quelque chose qui n’était plus présent. On ne peut accorder une valeur à la clientèle que dans la mesure où la conservation de celle-ci est plus ou moins assurée. Si le cédant a été très déterminant dans le succès de l’entreprise, on est en droit de se demander si l’acquéreur sera, lui aussi, en mesure de réaliser les mêmes résultats à l’avenir. A mesure que la relation entre la clientèle et le bureau dépend moins d’une seule personne, ce risque diminue. Si une personne déterminée est le principal actif du bureau, vous devez en tenir compte au moment de déterminer la valeur de ce dernier. Le départ ou non de cette personne cruciale peut en effet avoir une incidence considérable sur la rentabilité, voire la continuité du bureau après l’acquisition. Le coefficient chiffre d’affaires tiendra compte du caractère personnel de ce type de bureau et l’insertion d’une clause de earn-out se recommande. Dans ce cas, il est également très important de convenir d’une période suffisamment longue d’accompagnement et d’introduction par le cédant (généralement, 3 à 5 ans). La confiance que l’ancien titulaire de la profession accorde à son successeur constitue un facteur de choix non négligeable pour le client. La valeur d’apport n’est pas la valeur d’acquisition Si un bureau d’expertise comptable ou de comptabilité est apporté dans une société (apport en nature) ou est cédé à une société (quasi-apport) dans laquelle l’expert-comptable ou le comptable sera actif en tant qu’administrateur, gérant ou associé actif, la clientèle pourra être valorisée dans la mesure où cette clientèle pourra générer des revenus pour la société. Le caractère personnel perd toute importance lorsque la détermination de la valeur de la clientèle doit s’effectuer dans l’hypothèse où l’activité est simplement poursuivie. Dans le rapport établi par le réviseur d’entreprises à l’occasion de l’apport en nature ou du quasi-apport, celui-ci mentionnera que les méthodes de valorisation retenues sont justifiées d’un point de vue microé- 5 conomique sous réserve que l’apportant ou le cédant demeure la locomotive de la société. Partir de rien ? Est-il intéressant, pour un jeune expert-comptable ou comptable, d’acquérir un bureau ou est-il préférable de partir de rien et de lancer son propre bureau ? Faire démarrer un train est certainement un beau défi à relever, mais dans le cas des expertscomptables et des comptables, il s’agit d’un train imposant qui démarre lentement. Ce sont des professions où les dossiers ne se constituent que très progressivement. Il est très difficile d’estimer les frais liés à cette constitution et les pertes initiales. En acquérant un bureau, vous pouvez d’emblée prendre un train en marche, mais cela ne signifie pas pour autant que le train continuera d’office à rouler à la même vitesse. Pour ce faire, il faut être un machiniste expérimenté. Si avec une expérience acquise, vous pouvez certes vous sortir d’affaire sur le plan technique, encore devez-vous pouvoir gagner la confiance des clients. Une acquisition n’offre pas de garanties à un jeune en début d’activité, mais elle lui permet d’aller de l’avant. Mais soyez réaliste : lors d’une acquisition, il faut s’attendre à ce que 20 % des clients se tournent vers un autre expert-comptable ou comptable. Il est donc primordial de pouvoir obtenir la confiance de la clientèle. Tendances Les bureaux d’expertise comptable et de comptabilité sont confrontés à une pénurie de professionnels correctement formés. Et le vieillissement de la population risque à terme d’aggraver la situation. Une gestion du personnel attentive à l’âge ouvre aux jeunes collaborateurs des perspectives de carrière à long terme. Les bureaux d’expertise comptable et de comptabilité font face à une judiciarisation accrue de la société; ils sont confrontés à une évolution permanente de la législation et de la réglementation, et à un contrôle (externe) renforcé. Une poursuite de l’informatisation, tant externe (service) qu’interne (gestion et processus d’exploitation) s’impose. Il faut accorder davantage d’attention au marketing, à la communication (site web, style maison, médias sociaux, séminaires clients, etc.), ce qui nécessite des investissements. Et comme la branche souffre de la concurrence des prix et du climat économique difficile, le rendement des bureaux est mis sous pression. A court terme, cela implique une rationalisation des coûts. Une grande partie des coûts d’un bureau d’expertise comptable et de comptabilité ne sont cependant pas flexibles, de sorte que les possibilités de les réduire sont étroites. Globalement, on observe des économies d’échelle. La persistance de la crise économique a un impact sur la branche. Les clients se montrent plus critiques à l’égard du travail fourni et ne paient pas les yeux fermés toutes les heures qui y ont été consacrées. Les bureaux doivent faire face à une pression constante sur les prix et donc à une diminution des recettes. Les rendements inférieurs sont en grande partie imputables à une baisse du chiffre d’affaires et à une hausse des coûts du personnel. La valorisation du goodwill est donc de plus en plus déterminée par le rendement du bureau, et non plus par le chiffre d’affaires. La nécessité de vendre ou de fusionner s’accroît, mais la valeur des bureaux diminue. Les grands bureaux reçoivent certes des offres, mais le prix offert est souvent décevant. De P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 nombreux cédants n’obtiennent pas le montant qu’ils espéraient recevoir pour leur bureau. Gare aux attentes trop élevées! Enfin, les jeunes sont, eux aussi, en mesure de reprendre un bureau. Songez en premier lieu à vos collaborateurs. Ils connaissent en effet l’organisation et la clientèle. Pour que l’acquisition soit réussie, ils doivent pouvoir compter sur votre collaboration dans le processus de reprise, sur un prix correct (étayé par le rendement) et un paiement étalé. En outre, ils peuvent utiliser leur salaire comme variable, ce que ne peuvent pas faire les grands bureaux. En tant que cédant, vous évitez ainsi la publicité non souhaitée qui va de pair avec une vente à des tiers. Bertin POUSEELE Réviseur d’entreprises La Commission publie un avis récapitulatif sur la location-financement Peu après sa relance il y a quelques années de cela, la Commission des normes comptables (CNC) s’est mise à publier, à intervalles réguliers, plusieurs avis récapitulatifs visant à réviser et à compiler divers avis individuels plus anciens dédiés à un thème commun. La Commission a repris ses bonnes habitudes et refon- Condition de reconstitution du ses avis 144/1, 144/2, 144/2bis, 144/3, 144/5 concernant la location-financement en un nouvel avis (récapitulatif) 2015/4 – Location-financement. Dans cet article, nous passerons en revue les principaux principes mis en avant par la Commission en ce qui concerne la location-financement1. charges liées à l’opération doivent toujours être couverts par les redevances. Si cette condition est remplie, on parle de “locationfinancement financière” ou “fullpayout lease”. Précisons à cet égard que la “reconstitution intégrale du capital” doit s’interpréter dans le respect des critères de prudence, de sincérité et de bonne foi (cf. article 32 AR/C.Soc.), compte tenu des conditions normales du marché. Définition de la location-financement La location-financement est une forme de financement qui permet de financer des investissements en faisant appel à des moyens externes. La location-financement donne au preneur (ou lessee) le droit d’utiliser un bien pendant une période déterminée moyennant le paiement de redevances. Le donneur (ou lessor) demeure le propriétaire juridique du bien pendant toute la durée du contrat. Ce n’est pas une obligation, mais le bien est généralement acheté ou construit par le donneur après qu’il a conclu un contrat de location-financement avec le preneur, de sorte que dans le chef du donneur, l’achat ou la construction du bien est étroitement liée à sa mise en location-financement. En termes de gestion d’entreprise, la location-financement peut être considérée dans le chef du preneur comme une alternative à part entière au crédit bancaire. A l’expiration du contrat de locationfinancement, le preneur peut, en fonction des termes du contrat, devenir ou non propriétaire du bien. Qualification comptable de locationfinancement Lorsque le preneur obtient les droits d’usage à long terme d’un bien, il n’est question de “location-financement” sur le plan comptable que si le capital investi par le donneur est intégralement reconstitué au moyen des redevances prévues par le contrat à charge du preneur, augmentées des engagements qui leur sont assimilés. 1 Pour une interprétation détaillée, nous renvoyons au texte complet de l’avis (détaillé). Vous trouverez cet avis sur http ://www.cnc-cbn.be/ files/news/link/Avis_CNC_2015_4.pdf. 6 La condition de reconstitution est cruciale. Le capital investi sera, selon la situation, déterminé par la valeur d’acquisition ou par la valeur de marché du bien concerné. Les intérêts et les La définition ci-dessus se fonde sur les dispositions de l’article 95 AR/C.Soc. qui définissent les “droits d’usage dont la société dispose en vertu de contrats de location-financement” et qui sont déterminantes pour le traitement comptable à appliquer. Si cette condition n’est pas remplie (on parle alors de “non full-payout lease”), par exemple en cas de location, renting ou location-financement opérationnelle, d’autres prescriptions comptables s’appliquent qui s’inspirent du traitement comptable de la location. Il appartient à l’organe de gestion de déterminer, au début du contrat, si, tant dans le chef du donneur que dans celui du preneur, les conditions de l’article 95 AR/C.Soc., telles qu’exposées ci-dessus, sont remplies et dès lors d’arrêter la qualification du contrat. Les caractéristiques du contrat et les éléments factuels propres au cas d’espèce jouent un rôle à cet égard. A quelques exceptions près, la qualification comptable du contrat sera en principe identique dans le chef du donneur et dans celui du preneur. Option d’achat Il convient de noter que l’existence d’une option d’achat dans le chef du preneur – c’est-à-dire la possibilité pour le preneur d’également devenir le propriétaire juridique du bien à l’expiration du contrat moyennant le paiement d’une somme convenue – n’est pas une condition essentielle en vue de la qualification comptable au titre de location-financement, pas plus que le fait que le preneur devienne automatiquement propriétaire du bien sous-jacent à l’expiration du contrat. La condition de reconstitution du capital, en revanche, est toujours déterminante. Dans le P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 cas de biens immeubles, le montant de l’option d’achat n’est pas pris en compte en vue d’établir s’il y a reconstitution intégrale du capital investi, alors que dans le cas de biens meubles, il l’est. Le montant de l’option à payer ne sera pris en compte en vue d’établir s’il y a reconstitution intégrale du capital investi qu’à la condition qu’il ne dépasse pas 15 % du capital investi par le donneur. Précisons que lorsque le contrat porte sur des immeubles bâtis, on parle de “location-financement immobilière » et lorsqu’il porte sur les droits d’usage de biens meubles, de “location-financement mobilière”. de location-financement, tandis que la composante intérêts est comptabilisée au titre de charge financière. A la date d’inventaire de l’exercice, le bien détenu en locationfinancement est amorti par le preneur selon les règles applicables à l’actif sous-jacent. En outre, la partie de la dette échéant au cours de l’exercice suivant est transférée aux dettes à court terme. Si l’échéance ne correspond pas à la date d’inventaire, il faut également tenir compte du prorata de charges d’intérêts. S’il est satisfait aux conditions générales de réévaluation, il est possible de réévaluer les biens détenus en location-financement. En l’occurrence, la Commission recommande de n’incorporer en aucun cas ces plus-values de réévaluation au capital. Aspects comptables dans le chef du preneur A la conclusion du contrat Actifs Le preneur porte les droits d’usage qui lui sont accordés à l’actif de son bilan sur le compte “25 Immobilisations détenues en location-financement et droits similaires” à concurrence de la partie des redevances à verser aux termes du contrat qui sert à la reconstitution de la valeur en capital du bien. Toutes les charges supplémentaires imputées au preneur, comme, par exemple, les frais de transport, les frais de la première mise en service, sont également comptabilisées en tant que composante de la valeur d’acquisition de l’actif pris en location-financement. La Commission est d’avis que le preneur doit porter l’actif pris en location-financement à l’actif de son bilan au moment où l’essentiel des risques et avantages attachés au bien lui sont transférés. Il n’existe pas de règle générale pour déterminer ce moment, il dépend des dispositions prévues au contrat et/ou de la nature du bien en question. Le montant de l’éventuelle option d’achat n’est pas intégré dans la valeur d’acquisition de l’actif, mais enregistré par le preneur sous les droits et engagements hors bilan. En même temps qu’il porte les droits d’usage qui lui sont accordés à l’actif du bilan, le preneur comptabilise les remboursements en capital restant dus au passif du bilan, sous les dettes, et plus précisément sur le compte “172 Dettes de location-financement et assimilés” pour ce qui est de la partie de la dette échéant à plus d’un an et sur le compte “422 Dettes de locationfinancement et assimilés” pour ce qui est de la partie de la dette échéant à moins d’un an. Etant donné que le preneur n’a pas d’obligation de lever l’option d’achat, le montant de l’option d’achat ne constitue pas une dette à reprendre au passif du bilan. Pendant la durée du contrat de locationfinancement Lorsque des travaux d’amélioration ou de transformation sont effectués aux biens détenus en location-financement, ils doivent, selon la Commission, être comptabilisés sur le compte “26 Autres immobilisations corporelles”. A la fin du contrat de locationfinancement Levée ou non-levée de l’option Si une option d’achat a été prévue, le preneur peut lever l’option et payer le prix de l’option. Dans ce cas, le preneur peut procéder à la contre-passation des écritures hors bilan y afférentes. La valeur d’acquisition - qui sera augmentée du montant de l’option - et les amortissements déjà actés peuvent être transférés des comptes 25 à la rubrique correspondante des immobilisations corporelles (terrains et constructions; installations; machines & outillage; mobilier et matériel roulant), à condition que le bien continue d’être affecté à un usage professionnel. Si le preneur n’utilise plus le bien pour son activité professionnelle, il est transféré au compte “26 Autres immobilisations corporelles”, où sa valeur doit, le cas échéant, immédiatement être réduite à sa valeur de réalisation probable. Si le preneur ne procède pas à l’acquisition du bien, parce qu’il ne lève pas l’option ou parce qu’il est prévu au contrat que le bien sera remis au donneur au terme du contrat, seule la fin du contrat doit être actée dans les comptes. Les comptes d’actif relatifs au bien détenu en location-financement sont crédités, et l’éventuelle partie résiduelle fait l’objet d’un amortissement exceptionnel. Si le contrat de location-financement comprend une option d’achat, il est indiqué dans les droits et engagements hors bilan que l’option s’éteint. Aspects comptables dans le chef du donneur A la conclusion du contrat A chaque échéance, le preneur paie l’annuité, qui, dans sa comptabilité, est décomposée en une composante capital affectée au remboursement du capital investi dans le bien et en une composante intérêts couvrant les intérêts payés en rémunération du financement et les autres charges. La composante capital est portée en déduction de la dette restant due en vertu du contrat 7 Par la conclusion du contrat de location-financement, le donneur obtient une créance sur le preneur. La redevance périodique est constituée en partie de remboursements en capital qui sont comptabilisés à l’actif dans la comptabilité du donneur. En fonction de la durée, la créance est à reprendre sur le compte “29 Créances à plus d’un an” pour la partie des créances échéant en dehors de l’exercice en cours ou “40/41 Créances à un an au plus” pour la partie des créances échéant au cours de l’exercice. P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015 Il est évident que seuls les éléments constitutifs de capital apparaissent dans les comptes annuels. La partie des redevances périodiques qui correspond aux intérêts n’est en revanche pas portée à l’actif par le donneur, mais prise en résultat au fur et à mesure des versements périodiques. Le bénéfice résultant du transfert du droit d’usage - à savoir lorsque le montant de la partie de la redevance qui représente le capital est supérieur au coût d’acquisition du bien destiné à être donné en location-financement - est immédiatement et intégralement comptabilisé au titre de produit dans le compte de résultats. Si le contrat de location-financement prévoit une option d’achat et que l’on peut raisonnablement s’attendre à ce que le donneur obtienne en fin de contrat le montant prévu pour la levée de l’option, le montant de l’option d’achat reste inscrit parmi les “Autres immobilisations corporelles” dans la comptabilité du donneur. Si, par contre, il n’est pas certain que le donneur obtienne le montant en question, le principe de prudence commande de ne pas maintenir à l’actif le bien donné en location-financement pour une valeur qui n’est pas certaine. Dans ce cas, le même principe de prudence implique la prise en résultat du montant correspondant à l’option au moment seulement où il est acquis par la réalisation du bien. S’il le souhaite, le donneur peut comptabiliser l’option d’achat parmi les droits et engagements hors bilan. Pendant la durée du contrat de locationfinancement La redevance perçue périodiquement est décomposée dans la comptabilité du donneur en une composante capital et une composante intérêts. La créance restant due est à chaque fois réduite de la partie de la redevance qui représente le remboursement du capital. La composante intérêts est considérée comme la rémunération périodique perçue par le donneur pour son intervention dans le financement du bien donné en location-financement et est comptabilisée au titre de produit dans le compte de résultats, sur le compte “751 Produits des actifs circulants” ou “749 Autres produits d’exploitation”. Il convient de préciser que dès que le droit d’usage a été transféré, le donneur ne peut plus acter d’amortissements. Dans le cas où le donneur doute que le preneur puisse encore honorer ses engagements, il doit procéder à des réductions de valeur sur créances. A la fin du contrat de locationfinancement en location-financement. Dans ce cas, il y a lieu de procéder à la contre-passation des écritures hors bilan y afférentes. Si le montant de l’option était comptabilisé dans les comptes du donneur sous les “Autres immobilisations corporelles”, cet actif sera réalisé lors de la levée de l’option. Si, au début du contrat, le donneur n’a pas comptabilisé la valeur de l’option sous les autres immobilisations corporelles parce que la levée de l’option n’était pas certaine, il prend la redevance totale en résultat à l’expiration du contrat. Si le preneur n’exerce pas son option d’achat, il remet le bien détenu en location-financement au donneur. Le donneur indique dans les droits et engagements hors bilan que l’option s’éteint. Si le bien peut encore être exploité, le montant de l’option d’achat qui était enregistré parmi les autres immobilisations corporelles est transféré aux immobilisations corporelles et amorti sur la durée d’utilité probable. Si le bien ne peut plus être exploité, le montant de l’option d’achat est maintenu sous les autres immobilisations corporelles. Le bien peut également être vendu par le donneur. Sale and lease back Définition Par “sale and lease back », on entend l’opération par laquelle une entreprise vend une immobilisation corporelle dont elle est propriétaire à une entreprise tierce et en récupère simultanément l’usage par la conclusion d’un contrat de location-financement. Les opérations de sale and lease back doivent s’envisager globalement. En réalité, il n’y a qu’une seule convention dans le cadre de laquelle le prix payé par l’acheteur sera normalement reconstitué par la partie en capital incluse dans les redevances de location-financement. Dans ce cas, il y a lieu de considérer que la plus-value liée à la cession a pour contrepartie une charge qui augmente au cours des exercices ultérieurs et que dès lors, il n’y a pas en réalité de plus-value réalisée. L‘article 63 AR/C. Soc. prévoit dès lors que, dans ce cas, la plus-value constatée lors de la cession doit être inscrite dans les comptes de régularisation du passif et prise en résultat chaque année proportionnellement à l’amortissement du bien détenu en location-financement. La Commission indique que la même approche s’applique aux moins-values. Prof. Dr. Stijn GOEMINNE Université de Gand, Département Public Governance, Management & Finance Si une option d’achat a été prévue, le preneur peut lever cette option et payer le prix de l’option pour acquérir le bien détenu Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit, introduit dans un système de récupération ou transféré électroniquement, mécaniquement, au moyen de photocopies ou sous toute autre forme, sans autorisation préalable écrite de l’éditeur. La rédaction veille à la fiabilité des informations publiées, lesquelles ne pourraient toutefois engager sa responsabilité. Editeur responsable : Mirjam VERMAUT, IPCF – av. Legrand 45, 1050 Bruxelles, Tél. 02/626.03.80, Fax. 02/626.03.90 e-mail : [email protected], URL : http://www.ipcf.be Rédaction : Mirjam VERMAUT, Gaëtan HANOT, Geert LENAERTS, Frédéric DELRUE, Chantal DEMOOR. Comité scientifique : Professeur P. MICHEL, Professeur Emérite de Finance, Université de Liège, Professeur C. LEFEBVRE, Katholieke Universiteit Leuven. Réalisée en collaboration avec Wolters Kluwer – www.wolterskluwer.be 8 P a c i ol i N ° 414 I P C F - B I B F / 16 - 29 November 2015