les frontieres economiques, culturelles et politiques - SES

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les frontieres economiques, culturelles et politiques - SES
LES FRONTIERES ECONOMIQUES, CULTURELLES ET POLITIQUES - 03-06-2011
par Martin - ses-noailles - http://ses-noailles.fr
LES FRONTIERES ECONOMIQUES, CULTURELLES ET
POLITIQUES
par Martin - Dimanche, mars 06, 2011
http://ses-noailles.fr/2011/03/les-frontieres-economiques-culturelles-et-politiques/
COURS DE PREPARATION AU CONCOURS IEP PROVINCE 2011
THEME :LES FRONTIERES
INTRODUCTION :
Les frontières, qui peuvent se définir comme des limites entre deux choses (et plus précisément entre deux Etats puisqu’elles
sont l’essence de la délimitation d’un Etat), peuvent être de différentes natures : géographiques, politiques, culturelles,
économiques (une forme de frontières déterminant globalement les autres formes, mais pas toujours).
Nous aborderons ici trois grands axes :
1)
Les frontières économiques :
a)
Le processus actuel d’internationalisation des échanges…
b) S’appuie sur les théories du libre-échange
c)
Mais on assiste à une renaissance des thèses protectionnistes
2) Les frontières culturelles :
a) La mondialisation engendre t’elle l’émergence d’une culture mondiale, c’est-à-dire l’uniformisation des normes et des
valeurs à l’échelle planétaire ?
b) Immigration, émigration : la circulation des personnes et l’identité nationale
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3) Les frontières politiques : vers une gouvernance mondiale ?
Attention, ce cours ne constitue qu’un ensemble de réflexions partielles et ne peut en aucun cas constituer un minimum
nécessaire pour un travail de préparation à l’Hexaconcours. Il doit être obligatoirement complété par un grand nombre
d’autres lectures.
1) Les frontières économiques :
a)
Le processus actuel d’internationalisation des échanges…
-Internationalisation : développement des relations économiques entre les différentes nations : internationalisation des
échanges de biens et services et des échanges de capitaux.
-Mondialisation :
Elle correspond à trois processus concomitants :
-l’internationalisation des biens, services et capitaux
-la mobilité internationale des facteurs de production, et plus particulièrement des capitaux (qu’on appelle la globalisation
financière)
-le processus d’interpénétration croissante des économies nationales (donc d’effacement progressif des frontières,
d’affaiblissement des régulations nationales, et de déterritorialisation des activités économiques)
-Globalisation :
C’est le fait que de plus en plus les phénomènes ont des dimensions mondiales et doivent donc être analysés et traités à
un niveau global, planétaire.
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EX cyber délinquance, préservation environnement, crise financière (on parle alors de globalisation financière
En économie, ce terme est assez proche de celui de mondialisation.
=>Depuis la fin de la 2° guerre mondiale on constate un essor rapide des échanges qui se manifeste par une diversité
croissante et par une transformation de leur structure.
Si, historiquement, les échanges internationaux ont d’abord porté sur les marchandises, ces 30 dernières années ce sont
surtout les échanges de services et les mouvements de capitaux qui occupent une place prépondérante dans les échanges
internationaux.
Les échanges de services représentent environ 20% des échanges mondiaux (S financiers, NTIC, télécom). L’essor des
flux de capitaux est lié à la dérèglementation, à la multiplication des innovations financières et aux stratégies des FMN (le tout
grâce aux NTIC).
Depuis 1950, les échanges internationaux ont été multipliés par 20.
L’explosion des échanges commerciaux est la 1° manifestation de la mondialisation et se traduit par une ouverture
croissante des pays et en particulier de la France.
=>Les firmes multinationales, que l’on appelle aussi les FTN sont des acteurs essentiels de la mondialisation.
Les FTN sont des entreprises industrielles, commerciales ou financières, dont les produits sont vendus et surtout fabriqués dans
plusieurs pays, selon la DIPP (division internationale du processus de production, c’est-à-dire production divisée entre les pays
en fonction des avantages de chaque pays.)
A partir des 60s, les FTN se développent.
Rappel : la mondialisation c’est l’échange de biens et services, mais aussi la circulation de capitaux : c’est eux qui ont le plus
augmenté ces dernières années : Les pays industrialisés émettent + de 90% des IDE et en reçoivent 70%.
Les échanges intra firmes représentent aujourd’hui 30% des échanges marchands (c’est-à-dire entre filiale et maison mère) ;
les échanges avec au moins une FMN représentent 90% des échanges.
b)
La théorie libérale affirme que le libre échange est une condition de l’efficacité optimale de l’économie.
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Adam Smith, dans Essai sur la nature et les causes de la richesse des nations, ouvrage publié en 1776, annonce l’apparition
de la « République mercantile universelle » — autrement dit, un monde sans frontière marchande. Ce qui caractérise cette
dernière, et qui en même temps fait de Smith le premier théoricien libéral au sens économique du terme, c’est qu’elle est
supposée apparaître d’elle-même, sans que les hommes aient à établir des traités ou des pactes quelconques : la théorie de la
« main invisible » suppose en effet qu’il existe dans la sphère mercantile internationale ce qu’on pourrait appeler un “ordre
immanent”, équivalent économique de l’ordre divin dans la nature. Smith tient d’ailleurs à maintenir le parallèle entre
économie et nature, comme lorsqu’il cherche à découvrir les « lois naturelles du développement des richesses » qui
permettront d’instaurer un ordre économique mondial satisfaisant pour tous.
Cette analyse du « laissez-passer » défendue par l’ensemble des classiques et néo-classiques sera à la base de tout le
libre-échange mis en place surtout à partir de 1950 notamment à travers les grandes instances internationales.
Arguments en faveur du libre échange :
Le libre-échange permettrait :
- d’échanger à des prix plus bas (car les pays se spécialiseraient là où ils sont le plus efficaces),
-d’accroître la diversité des produits,
-d’éviter les risques de pénurie,
ce qui serait favorable à la croissance économique et à la hausse des niveaux de vie.
Critiques du libre-échange
L’échange international est inégal car toutes les spécialisations ne se valent pas et la spécialisation internationale peut conduire
à la dépendance dans l’approvisionnement (ex : mat. Premières) ou dans les débouchés (café, banane,…). Cette dépendance
peut fragiliser les pays qui y sont soumis.
Les économies nationales peuvent parfois avoir besoin d’être protégées.
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c)
Mais on assiste à une renaissance des thèses protectionnistes
Protectionnisme : il désigne l’ensemble des mesures de politiques commerciales qui visent à empêcher ou à limiter la
circulation des produits entre les nations. Il peut être explicite (droits de douanes, quotas) ou déguisé (autres discriminations
non tarifaires).
Ainsi, les frontières économiques sont donc soient des barrières tarifaires, soient des barrières non tarifaires (frontières
financières, frontières réglementaires)
Droits de douane : taxes prélevées sur les importations. On distingue les DD ad valorem qui sont fixés en proportion de la
valeur de la marchandise et les DD spécifiques qui correspondent à un montant unitaire fixe.
Discriminations non tarifaires : obstacles aux importations qui ne sont pas des DD (quotas, normes sanitaires, etc.).
Il est intéressant de voie qu’historiquement les périodes de libre échange sont minoritaires dans l’histoire des relations
internationales.
Quatre périodes peuvent être distinguées entre 1815 et 1913 :
1815-1846 : extension progressive du libre-échange au Royaume Uni (l’agriculture reste protégée par le vote de la « corn
law » en 1815, mais en 1842, les droits de douane sur les produits manufacturés sont fortement réduits), protectionnisme dans
le reste du monde.
1846-1860 : Libre-échangisme du Royaume Uni (abolition de la « corn law » en 1846, démantèlement des barrières douanières
en 1860), protectionnisme du reste du monde.
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1860-1880 : extension du libre échange entre les économies européennes (Traité de commerce franco-anglais en 1860),
protectionnisme renforcé aux Etats-Unis suite à la Guerre de Sécession.
1880-1913 : retour et renforcement du protectionnisme en Europe Continentale (Loi Méline en France en 1892),
libre-échange du Royaume Uni, et renforcement du protectionnisme aux Etats-Unis (taux moyen des droits de douane est porté
à 57% en 1897).
ð Au final, durant le XIXème siècle, le protectionnisme est davantage la règle que le libre-échange.
ð Ainsi, à la fin du XIXème siècle, la croissance des échanges internationaux s’explique en partie par l’abaissement du coût
du transport maritime (diffusion de la machine à vapeur).
Il faut attendre la fin de la 2°guerre mondiale pour que le libre-échange sorte du cadre des rapports avec les colonies et
engendre des accords entre les Etats à travers des instances internationales telles le GATT, qui deviendra l’OMC et, bien sûr,
dans le cadre de la mise en place des zones de libre-échange : CEE, Mercosur, Alena,…
Arguments en faveur du protectionnisme :
-Le protectionnisme éducateur
L’économiste allemand F. List participe en 1819 à la création d’une association de négociants et de fabricants qui lance une
pétition visant à la suppression des barrières douanières entre les Etats allemands. Cette campagne contribuera à la mise en
place du Zollverein en 1834. Après un séjour aux Etats-Unis, où il observe et analyse le système protectionniste, List publie en
1841 son ouvrage Système national d’économie politique. Contre les thèses de l’école libérale anglaise, List met en évidence
le fait que la concurrence ne peut être bénéfique qu’entre nations ayant un niveau de développement comparable. Il dénonce le
comportement des britanniques qui, industrialisés plus précocement, plaident pour un libre échange qui pérenniserait leur
domination. List se prononce pour la « protection des industries naissantes ». Au moment où elles apparaissent, les
« industries dans l’enfance » ne peuvent lutter à armes égales avec celles de pays à industrialisation plus avancée (qui réalisent
des économies d’échelle). La libre compétition entre pays inégaux risque de bloquer le développement du plus faible. Il
importe donc de mettre les « industries naissantes » provisoirement à l’abri de la concurrence étrangère, le temps nécessaire
pour qu’elles acquièrent, grâce aux économies d’échelle, la compétitivité indispensable à leur survie.
-Protection des industries vieillissantes :
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Pour Maurice Allais (1911-2010), il faut protéger les industries vieillissantes en France (par exemple, la sidérurgie) pour leur
permettre de se restructurer ou de se reconvertir ce qui n’est pas possible dans le cadre de la concurrence internationale. Cela
est nécessaire pour éviter que ces industries disparaissent sans qu’il n’y ait de solutions pour les emplois ainsi détruits.
-J.M. Jeanneney : pour un nouveau protectionnisme
http://centre-histoire.sciences-po.fr/archives/fonds/jean_marcel_jeanneney.html
Le système productif français doit nécessairement se reconvertir et ce processus sera consommateur de temps ; il faut protéger
les entreprises le temps d’opérer la reconversion. Pour des raisons d’ouverture, la politique de protection ne peut être nationale
mais que de « zone » (européenne) ;et, pour des raisons de légitimité politique, la politique de protection doit être officielle
(refus du protectionnisme déguisé : valorisation d’un système de taxes).
-Politique commerciale stratégique
Certains Etats peuvent justifier un protectionnisme pour stimuler la compétitivité de certains secteurs jugés stratégiques
(agriculture, aéronautique,…). Il peut s’agir de financement de la recherche, de politique de restructuration industrielle, de
soutien à l’investissement, de politique favorisant la qualification de la main d’œuvre dans les secteurs stratégiques, de
subventions, de la politique d’exception culturelle.
Les dangers du protectionnisme
-
Frein à la concurrence
-
Hausse des prix
-
Source de guerre commerciale
-
Réduction de la différenciation des produits
-
Frein à la recherche de compétitivité
-
Maintien des secteurs peu compétitifs au détriment d’autres secteurs
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Le retour du protectionnisme ( entre l’UE et le reste du monde) ?
-pour éviter le dumping social (pression à la baisse des salaires, déflation salariale)
-pour éviter le dumping fiscal
-pour éviter les délocalisations et leur impact sur l’emploi
-pour éviter la disparition du tissu industriel (argument de la protection des industries)
-pour respecter nos valeurs, nos choix politiques (pour la culture ou pour l’agriculture : pas de viande aux hormones, pas
d’OGM)
2) Les frontières culturelles :
a) La mondialisation engendre t’elle l’émergence d’une culture mondiale, c’est-à-dire l’uniformisation des normes et des
valeurs à l’échelle planétaire ?
La question que nous allons nous poser est de savoir est-ce qu’on va vers une uniformisation culturelle mondiale, c’est-à-dire
vers une suppression des frontières culturelles? La mondialisation est-elle un phénomène récent ?
Le libre-échange crée t’il une forme particulière (historique) de mondialisation ?
->la mondialisation de la culture
Définition de mondialisation culturelle :
Internationalisation des échanges culturels + émergence d’une culture mondiale (normes, valeurs, pratiques sociales à
l’échelle internationale).
Echanges culturels= échanges de biens et de services, donc diffusion aussi de normes et de valeurs (par ex, informations,
divertissements, films, jeux, les FMN dans l’organisation du travail).
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Ambiguïté de la définition de biens culturels : il s’agit d’un bien (mais il peut s’agir aussi d’une production immatérielle ex
musique) porteur de culture c’est-à-dire de normes et de valeurs. En même temps un bien « classique » est aussi porteur de
culture (consommer fast food …)
=>L’acculturation est un phénomène inhérent aux sociétés humaines
L’ acculturation existe depuis le début de l’humanité : chaque culture a toujours été et est toujours en perpétuelle
construction. Dans le monde romain, lors des guerres de religions, dans l’impérialisme, on cherche à imposer au-delà des
frontières, à d’autres cultures, des normes et des valeurs que l’on pense « universelles »
L’homogénéisation de la culture au niveau mondial passe par plusieurs vecteurs :
-par la mondialisation des échanges de matières premières, de produits manufacturés, de capitaux, de services (mondialisation
économique)
-par les FMN qui sont des acteurs essentiels de la mondialisation économique, mais qui participe aussi à l’homogénéisation
des normes et des valeurs (medias, publicité, mode d’organisation du travail)
-par les medias (TV, ciné, internet,…) qui jouent un rôle majeur :
-dans la diffusion et l’uniformisation des musiques, films,… (biens culturels)
-dans la multiplication des échanges d’information
-dans la diffusion des normes et des valeurs (« village planétaire » McLuhan)
-par le développement des valeurs universelles, notamment par rapport aux droits de l’homme, à la démocratie, mais aussi
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dans une moindre mesure le libéralisme économique, en particulier par le biais des grandes instances internationales.
=>la fabrication de produits culturels mondialisés (la marchandisation de la culture) conduit à un appauvrissement de la culture
(nivellement, homogénéisation)
=> cette homogénéisation risque de se faire sous la domination américaine qui de domination économique peut se transformer
en domination culturelle
(1°PIB mondial, 7 des 10 1°FMN, 44%des prix Nobel toutes disciplines confondues)
Conclusion : La domination culturelle résulte en grande partie de la domination économique
-> le maintien des spécificités socio-culturelles : « L’humanité : une machine à fabriquer des différences »
Les normes et valeurs de la culture américaine ne sont pas les seules à se diffuser : on assiste plutôt à une généralisation des
échanges culturels de toutes les cultures vers d’autres cultures, avec des succès qui ne sont pas toujours d’origine américaine
(ex la pizza, le reggae, le Rai, les dessins animés et les mangas).
Il n’y a donc pas de disparition des diversités culturelles mais plutôt une acculturation : changement résultant des contacts des
contacts avec des cultures différentes. Cette acculturation existe depuis le début de l’humanité : chaque culture a toujours été
en perpétuelle construction. Les apports des autres cultures sont réinterprétés à la lumière de la culture d’accueil (ex
hamburger « tartiflette » ou vaudou)
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Les modes de réaction de la culture d’accueil peuvent d’ailleurs se faire sous la forme de différentes réactions : comme
l’acceptation partielle ou totale, réintégration à des éléments de la culture d’accueil ou des réactions négatives (ex
communautarisme ).
Or, l’acculturation peut se traduire par :
-de l’assimilation : le groupe dominé accepte et intègre les valeurs du groupe dominant.
-une déculturation : acculturation imposée et assimilation forcée.
-ou par un ethnocide, c’est-à-dire destruction de la culture du groupe dominé L’acculturation peut aussi se traduire par du
syncrétisme culturel (métissage)
En fait les influences entre culture donneuse et culture receveuse sont souvent réciproque : on parle alors d’interpénétration ou
d’entrecroisement des cultures.
Remarque : L’acculturation peut se traduire par une contre-acculturation c’est-à-dire un rejet de la culture nouvelle et par
réaction un repli identitaire, national et/ou communautaire : l’homogénéisation culturelle peut parfois entraîner des
revendications de différenciations identitaires à l’intérieur des pays : par exemple, dans les sociétés occidentales qui
s’uniformisent sur beaucoup de normes et de valeurs, certains groupes vont revendiquer leur différence : on parle de
communautarisme.
Conclusion : s’il y a aujourd’hui tendance à la mondialisation, elle n’est pas synonyme d’uniformisation. Le poids des EU
peut laisser craindre un affaiblissement des autres cultures. Dans cette lutte d’influence économique et culturelle, certaines
cultures résistent mieux que d’autres, certaines cultures sont plus menacées que d’autres . Les mouvements altermondialistes
participent à cette lutte contre une hégémonie culturelle : « la culture n’est pas une marchandise «
Malgré l’entrecroisement des cultures, et même si on mange de la pizza en Italie, en France comme aux EU, chaque pays
garde des spécificités culturelles (il existe une culture typique française, mais qui est en perpétuelle construction)
Il n’y a pas d’homogénéisation culturelle parce que :
-à l’intérieur des pays , il subsiste de fortes inégalités d’accès à la culture.
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-à l’échelle internationale, tous les pays ne bénéficient pas de la mondialisation (ex fracture numérique
ð La mondialisation n’est pas un phénomène récent, mais la mondialisation économique actuelle se caractérise par sa forme
économique. Les rapports culturels ne sont pas des rapports égaux, le risque est que, avec cette multiplication des échanges
culturels, se répandent une façon de vivre très largement marquée par la culture des économies dominantes et en particulier de
l’économie américaine, qui, parce qu’elle dispose d’une puissance économique supérieure puisse promouvoir une offre
(culturelle, de biens et services ) prédominante , en particulier au niveau des industries du divertissement (séries télé, films,
musique) et de quelques majors de l’alimentation.
Remarque :
La mondialisation culturelle n’est pas forcément un phénomène négatif. Pour Amartya Sen, la mondialisation apporte un
métissage fécond ; c’est aussi le partage des connaissances et des valeurs qui permettront de faire progresser le développement
humain partout dans le monde .
.
b) Immigration, émigration : la circulation des personnes et l’identité nationale
Vers un monde sans frontière ?
Le monde est déjà sans frontière pour les plus riches, qui non seulement peuvent faire circuler leurs capitaux librement, mais
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aussi peuvent eux-mêmes circuler comme ils veulent : tourisme, résidence secondaire à l’étranger,…Il n’y a aucune difficulté
pour un américain d’immigrer en France ou pour un Français de s’établir au Maroc.
Les frontières sont donc un filtre (R.Debray) des plus pauvres : ceux des pays du Sud qui ne sont pas autorisés à rentrer dans
les pays riches, sauf dans un circuit illégal qui renforcera les possibilités d’exploitation) (comme l’emploi des clandestins
pour des tâches ingrates à moindre frais.)
Mais même à l’intérieur d’un espace de libre circulation qu’est l’UE, certains doivent déroger à la règle car trop pauvres
(Roumains, Bulgares). Sans parler des Roms, peuple nomade qui symbolise la non reconnaissance des frontières.
3) Les frontières politiques : vers une gouvernance mondiale ?
Quelle régulation pour l’économie mondiale ?
Le premier penseur à avoir énoncé une théorie politique explicitement universaliste fut probablement Kant, dans l’Idée d’une
histoire universelle du point de vue cosmopolitique, article paru en 1784. A partir de l’idée classique selon laquelle « la nature
ne fait rien en vain », et remarquant que la raison humaine profite davantage à la collectivité qu’aux individus, Kant déduit que
la nature a voulu que les dispositions humaines ne parviennent à leur plein développement que dans une société qui sera, d’une
part, la plus libre qui soit, et d’autre part la plus sûre et la mieux protégée, afin que les rivalités entre les hommes se
transforment en émulation. Mais si l’on s’en tient à une société “parfaite” parmi d’autres moins parfaites, on retrouvera entre
ces sociétés la même dangereuse rivalité que la loi a réussi à canaliser dans la société “parfaite”. Il faut donc établir une
législation entre les sociétés elles-mêmes, ce qui revient, au bout du compte, à instituer un corps politique mondial. Kant
formule ainsi « l’espoir qu’après maintes révolutions et maints changements, finalement, ce qui est le dessein suprême de la
nature, un « État cosmopolitique universel arrivera un jour à s’établir. »
La Révolution française fut un important facteur d’émancipation de la conscience “mondialiste”. Ainsi Condorcet,
dans son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, œuvre achevée en 1793, se déclare favorable à une
« République fédérale, universelle et fraternelle », dont les inspirateurs et les guides seraient les « peuples les plus éclairés, les
plus libres, les plus affranchis de préjugés, tels que les Français et les Anglo-Américains ». Mais il ne s’agit plus là d’un projet
impérialiste : « Nos espérances sur l’état à venir de l’espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la
destruction de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple ; enfin, le perfectionnement réel de
l’homme. » Les frontières que veut supprimer Condorcet sont donc celles de l’inégalité.
Au XIXème siècle, une tentative originale d’unification de l’humanité, donc de suppression des frontières — il s’agit ici de
frontières idéologiques, et non politico-géographiques — vit le jour avec Auguste Comte. En 1849, il fonda « l’Église
universelle de la religion de l’Humanité », qui possède dogmes et rites, fixés dans le Catéchisme positiviste, paru en 1852. Le
mot d’ordre de la religion de l’Humanité est triple : « L’Amour pour principe ; l’Ordre pour base ; et le Progrès pour but ».
Par ailleurs, Comte distingue dans sa religion trois éléments propres à l’homme : les pensées, élaborées par la philosophie ; les
sentiments, dont s’occupe la poésie ; les actes, légiférés par la politique. Mais il faut remarquer que tout cet appareil théorique
n’a de sens pour Comte que par la « socialité essentiellement spontanée de l’espèce humaine ». Autrement dit, l’humanité
tend d’elle-même à s’unifier ; la religion positiviste ne crée pas artificiellement un lien entre les hommes, elle apporte un
cadre rigoureux à une tendance “naturelle” de l’homme : la socialisation.
Le socialisme de Karl Marx inspira et continue d’inspirer diverses formes d’universalisme. Sans rentrer dans le détail de la
doctrine, on peut se référer à la Ière Internationale ou « Association internationale des travailleurs » qui voit le jour en 1864. Le
principe fondateur de cette organisation peut bien être considéré comme un monde sans frontière, ou plus précisément un
monde “par-dessus” les frontières : le prolétariat, avant de devenir l’autorité politique suprême, doit s’unir à l’échelle
internationale, puisqu’il est exploité à l’échelle nationale et, surtout, parce que les intérêts de tous les prolétaires sont
identiques. Le patriotisme, et plus encore le nationalisme, ne peuvent être pour Marx que des théories bourgeoises, auxquelles
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aucun prolétaire ne peut adhérer ; de là le fameux mot d’ordre : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » De nombreux
conflits idéologiques entre divers courants se réclamant du marxisme auront lieu à la fin du XIXème et au cours du XXème
siècle, dont le point culminant sera la création, en 1938, de la IVème Internationale par Trotski. Celui-ci estima que Staline,
partisan du socialisme dans un seul pays, avait trahi les idéaux marxistes. Le trotskisme revendique ainsi sa fidélité aux
ambitions originelles de Marx,
A-t-on besoin des instances internationales pour réguler l’économie mondiale, et si oui, comment y représentés
égalitairement tous les pays, comment éviter l’hégémonie américaine ou plus généralement la domination des grandes
puissances économiques, comment promouvoir un libre-échange qui se fasse aussi au bénéfice des plus pauvres, la vision
libérale de l’échange internationale est-elle vraiment la mieux adaptée et est-elle adaptée à tous les pays ?
Le problème n’est donc pas tant la mondialisation mais plutôt sa gouvernance, et aussi l’harmonisation des politiques
internationales en matière de normes économiques, sociales, mais aussi environnementales (ex Kyoto).
Au lendemain de la 2°guerre mondiale sont crées toutes les grandes instances internationales, le GATT (accords de Bretton
Woods) qui deviendra l’OMC, l’organisme qui négocie à l’échelle multilatérale des accords de libre-échange, le FMI et la
Banque mondiale, organismes financeurs mais aussi régulateurs. On peut aussi rappeler l’existence des « G », G6 crée en 1973
à la suite du choc pétrolier (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne de L’Ouest, Japon, France et Italie) : le G6 est plutôt un
club des puissances occidentales puisque l’URSS n’en fait pas parti.
Incontestablement, le G20 représente mieux le monde d’aujourd’hui que le G8 qui paraissait comme une sorte d’anomalie
représentant un monde qui n’existe plus.
¨
¨
Le G8 représente 13% de la population mondiale et 46% du PIB
Le G20 représente 61% de la population mondiale et 80 % du PIB
Mais on ne peut que constater la terrible absence de l’Afrique représentée seulement par la seule Afrique du Sud. Même si le
continent Noir est présent par l’intermédiaire de l’AUC (African Union Commission) en tant qu’observateur tout comme
l’Asean. Ironie de l’histoire, L’Afrique du Sud était au ban des nations il y a seulement une vingtaine d’années pour sa
politique d’Apartheid.L’autre grand absent lorsque l’on observe la liste des pays classés selon leur puissance économique est
l’Espagne. La Pologne qui se situe à la 20e position de ce classement devrait aussi logiquement en être. Tout comme l’Iran
(17e). En revanche l’Arabie Saoudite, l’Argentine et l’Afrique du Sud ne devrait en faire partie.
De même, les enceintes internationales comme le FMI et la Banque mondiale sont dominées par les principales puissances
occidentales.
A titre d’exemple, le Royaume-Uni et ses 60 millions d’habitants détiennent 4,86% des droits de vote au conseil des
gouverneurs du FMI, loin derrière les Etats-Unis (16,77%) mais devant la Chine (3,66%) et l’Inde (1,89%), qui dépassent
chacun le milliard d’habitants.
En avril 2008, le conseil des gouverneurs du FMI avait adopté un projet de réforme de sa structure de gouvernance afin de
réaligner les quotes-parts et la répartition des votes de ses 185 pays membres sur leur poids et leur rôle respectif dans
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l’économie mondiale.
Les pays du G20 ont accepté de renforcer le poids des pays émergents au sein du Fonds monétaire international (FMI) en
transférant 5% des droits de vote de l’institution vers les pays émergents qui y sont moins représentés.
La Chine, la Corée du Sud et la Turquie devraient être les principaux bénéficiaires de ce rééquilibrage décidé pour que le tour
de table du FMI reflète mieux le poids des différents pays dans l’économie mondiale, a-t-on indiqué de source française.
A l’inverse, les Européens « sur-représentés », à savoir la Grande-Bretagne, la France et la Belgique, devraient perdre une
partie de leurs quotas.
Depuis les années 2000, on assiste à la formation d’une société civile mondiale qui tente d’opposer une autre vision de la
mondialisation et de s’imposer comme des contre-pouvoirs (consommateurs : commerce équitable, associations : mouvement
altermondialiste, ONG dans l’action humanitaire et la logistique sur des projets écologiques). Cette autre vision des échanges
est relayée à l’échelle de certains états qui à la fois revendiquent plus de pouvoirs dans les instances internationales, mais aussi
la possibilité de négocier d’autres règles plus favorables aux PED ou plus équitables.
BIBLIOGRAPHIE : (absolument non exhaustive)
Les enjeux de la mondialisation, collectif, ed° Repères La découverte, 2007.
Joseph Stiglitz, « Un autre monde », Fayard Poche, 2006.
Amartya Sen, « Un nouveau modèle économique. Développement, justice, liberté. » Odile Jacob, 2000.
D.Cohen, « la mondialisation et ses ennemis », Hachette, 2005.
L.Carroué, C.Ruiz, D.Collet, « La mondialisation », Bréal, 2009
J.Bové « Le monde n’est pas une marchandise », La Découverte, 2000.
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LES FRONTIERES ECONOMIQUES, CULTURELLES ET POLITIQUES - 03-06-2011
par Martin - ses-noailles - http://ses-noailles.fr
P.Dardot, C.Laval, « La nouvelle raison du monde », La Découverte, 2009.
Articles de Presse :
« Une nouvelle loi vient durcir la politique migratoire », E.Vincent, Le Monde, 28/09 /10
« Le système monétaire au centre des travaux du G20 » E.Faujas, Le monde, 20 /02 /11
«Le retour du protectionnisme et la fureur de ses ennemis », J.Sapir, Le Monde Diplomatique, mars 2009.
« Vers une gouvernance mondiale? » Christian Lequesne, Alternatives Internationales Hors-série n° 007 – décembre 2009
Conférence A.deBenoist : « Europe et mondialisation »
De nombreux numéros de la revue « Problèmes économiques »
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