Myopathies du sujet âgé
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Myopathies du sujet âgé
Pathologie neuromusculaire P athologie neuromusculaire Myopathies du sujet âgé ● ● C. Desnuelle* E n raison de leur origine majoritairement génétique, les myopathies sont globalement vues comme des maladies de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte jeune. Force est cependant de reconnaître que les symptômes myopathiques, myalgies, faiblesse musculaire, intolérance à l’exercice ou amyotrophie, sont un motif fréquent de consultation passé l’âge de 50 ans, et ce d’autant que, dans notre société, l’individu admet mal de perdre les aptitudes physiques de sa jeunesse. MYOPATHIE OU SÉNESCENCE MUSCULAIRE CHEZ LE SUJET ÂGÉ On ne retrouve dans la littérature que très peu d’études sur le sujet spécifique du diagnostic des maladies musculaires chez la personne âgée, peut-être parce que ces symptômes, à partir d’un certain âge, sont banalisés par le médecin considérant que cela fait partie du vieillissement musculaire. Selon une étude de W.R. Frontera et al. (1), le vieillissement entraîne une réduction de la force isocinétique par diminution du nombre de fibres de type I et du rapport capillaire/fibre. Cette notion révise celle généralement admise de vieillissement musculaire avec atrophie sélective de fibres de type II qui peut alors, selon certains auteurs, être considérée comme une manifestation myopathique et non comme un vieillissement naturel. Le concept gériatrique et nutritionnel de sarcopénie rapporté à la conjugaison d’événements conduisant à la dégénérescence musculaire – comme la perte progressive en cellules satellites régénératrices, l’augmentation des stimuli cataboliques, en particulier relayés par les interleukines ou le TNFα, la diminution de l’activité physique ou la perte hormonodépendante des synthèses protéiques – est aussi bien souvent mis en avant après 60 ans pour expliquer les symptômes musculaires déficitaires. Il faut donc savoir, “passé un certain âge”, faire la part des choses. Nous n’envisagerons dans cette revue que les maladies du tissu musculaire, en excluant les autres maladies de l’unité motrice, neuropathie, maladie de la jonction neuromusculaire ou de la corne antérieure de la moelle. Dans le domaine myopathique, il n’existe pratiquement pas d’études statistiques ou de bases de données structurées permettant de connaître exactement la répartition en différents groupes ou encore de savoir si un type de myopathie prédomine. Nous avons, d’une part, recherché des données de la littérature et analysé celles issues de notre * Centre de référence pour les maladies neuromusculaires et la SLA, pôle neurosciences cliniques, hôpital Archet 1, CHU de Nice. 112 propre base de biopsies réalisées depuis 10 ans, et nous avons d’autre part répertorié pour les diverses étiologies des myopathies génétiques la tranche d’âge de début généralement retenue sur le site du Neuromuscular Disease Center de la Washington University (2). Une étude anatomopathologique intéressante publiée par M. Laguno et al. (3) a montré que, sur 379 biopsies musculaires réalisées chez des sujets de plus de 65 ans, un diagnostic de myopathie a été retenu dans 32 % des cas : 17 % étaient génétiques et 83 % acquises. L’étude de D. Lacomis et al. (4) donne un pourcentage de succès diagnostique de l’ordre de 42 % mais ne précise pas la répartition. L’étude de notre population montre une répartition génétique versus acquise similaire à celle de M. Laguno et al., le pourcentage de myopathies génétiques restant inférieur à 15 %. MYOPATHIES DU SUJET ÂGÉ Quelles que soient les populations, en termes de tranche d’âge, on distingue deux grands groupes de myopathies : les myopathies génétiques et les myopathies acquises. Myopathies génétiques du sujet âgé A priori, toutes les myopathies génétiques peuvent ne s’exprimer ou n’être symptomatiquement manifestes que dans la deuxième partie de la vie. Néanmoins, on observe chez le sujet âgé une certaine prédilection pour les dystrophies oculopharyngées (DMOP), les dystrophies myotoniques ou les myopathies métaboliques. D’autres myopathies, de par leur faible évolutivité, se révèlent fréquemment après la 4e ou la 5e décennie, comme la dystrophie facio-scapulo-humérale (DMFSH), certaines myopathies distales ou encore quelques myopathies congénitales (tableau). La DMOP, autosomique dominante, dont le diagnostic repose sur des caractéristiques cliniques (ptôsis et dysphagie), anatomopathologiques (vacuoles bordées et inclusions nucléaires) et génétiques (mutation du gène PABP2) commence classiquement au cours de la 5e ou de la 6e décennie. Les dystrophies myotoniques de type Steinert avec répétition du triplet CTG dans le gène DMPK (DM1) ou de type PROMM avec répétition de séquences CCTG dans le gène ZNF9 (DM2) sont également fréquemment détectées dans leur forme frustre chez le sujet âgé. Dans le premier cas, le phénomène génétique d’anticipation aboutit à des formes où seuls une myotonie et/ou une cataracte “précoce” et/ou un trouble de la conduction auriculo-ventriculaire vont être symptomatiques et décelés après 50 ans chez les sujets porteurs. Dans la DM2, l’âge La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 4 - avril 2007 du début du déficit moteur, souvent distal mais aussi proximal, ou les symptômes myotoniques intermittents ne sont souvent symptomatiques qu’après 50 ans. Les myopathies métaboliques représentent un groupe à part. Elles peuvent n’être manifestes qu’après l’âge de 50 ans dans le cas de la glycogénose de type II (maladie de Pompe de l’adulte autosomique récessive), sous les traits d’un déficit axial ou scapulo-pelvien ou d’une insuffisance ventilatoire restrictive. Des manifestations déficitaires de la musculature oculaire extrinsèque (ptôsis, ophtalmoparésie) sont particulièrement spécifiques, chez le sujet âgé, d’une myopathie mitochondriale de type PEO dans un contexte sporadique par mutation de l’ADN mitochondrial dans les gènes ARNt leucine, lysine, alanine ou tryptophane. Ce type de myopathie peut également se manifester par des formes récessives de type PEOA1 avec ptôsis, ophtalmoparésie, myopathie et parkinsonisme par mutation dans le gène POLG1, ou dans le cadre du syndrome SANDO (neuropathie ataxiante sensitive, dysarthrie, ophtalmoparésie), par mutation multiple de l’ADN mitochondrial. On rencontre aussi des associations myopathie-surdité à transmission récessive dans la 5e ou la 6e décennie par mutation ponctuelle de l’ARNr mitochondrial 16S. D’autres myopathies génétiques peuvent se révéler après l’âge de 60 ans. Une forme à révélation tardive, souvent sporadique de myopathie congénitale de type inclusion à bâtonnets (nemaline myopathy) avec parésie généralisée respectant la sphère faciale et bulbaire est classiquement décrite. Certaines formes de myopathie distale telles que la myopathie à inclusion héréditaire avec ou sans défaillance respiratoire, les myopathies vacuolaires avec atteinte distale et paralysie des cordes vocales, les myopathies de type Miyoshi ou Welander ou encore les myopathies myofibrillaires, et particulièrement celles avec une mutation dans le gène ZASP, sont décrites comme étant fréquemment à révélation symptomatique après l’âge de 55 ans. Enfin, mentionnons que les dystrophies musculaires – qu’elles soient de type dystrophinopathie liée à l’X pouvant s’exprimer tardivement par une simple hyper-CKhémie, une faiblesse musculaire légère ou une cardiomyopathie dilatée ou qu’elles soient de type dysferlinopathie autosomique récessive ou encore par déficit en calpaïne – sont également des myopathies à possible expression tardive. Myopathies acquises du sujet âgé Comme nous l’avons mentionné plus haut, les myopathies acquises (tableau) sont plus fréquentes chez le sujet âgé que les myopathies génétiques, qu’il s’agisse de myopathies inflammatoires spécifiques ou idiopathiques ou de myopathies systémiques, toxiques, bactériennes ou paranéoplasiques. Les myopathies inflammatoires, polymyosites, dermatomyosites, nécrosantes ou avec accumulation macrophagique et hyperéosinophilie, n’ont pas de caractéristique spécifique chez le sujet La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 4 - avril 2007 Tableau. Principales causes de myopathies chez le sujet âgé. ■ Myopathies génétiques chez le sujet âgé » Dystrophie oculopharyngée » Dystrophies myotoniques (DM1, DM2) » Myopathies mitochondriales (PEO, etc.) » Glycogénoses (type II ou maladies de Pompe de l’adulte) » Myopathies des ceintures et dystrophinopathies » Dystrophie facio-scapulo-humérale » Myopathie congénitale (late onset nemalin myopathy) » Myopathies distales ■ Myopathies acquises chez le sujet âgé » Myopathies inflammatoires (polymyosites, dermatomyosites) » Myosite à inclusion » Myopathies des vascularites (PAN) » Myopathies toxiques et iatrogènes » Myopathies endocriniennes » Myopathies dans un contexte néoplasique Pathologie neuromusculaire P athologie neuromusculaire âgé. Peut-être peut-on attirer l’attention sur le fait qu’elles sont parfois plus torpides et qu’elles doivent systématiquement être affirmées sur des preuves histopathologiques. La myosite à inclusion est un diagnostic à discuter systématiquement ici. D’une part, la littérature indique que 80 % des cas sont révélés après 50 ans et, d’autre part, cette maladie musculaire est d’évolution lente, n’est pas sensible aux stéroïdes et peut être, par erreur, diagnostiquée initialement comme une polymyosite. De ce fait, chez le sujet âgé diagnostiqué polymyosite et ne montrant qu’une faible sensibilité à la corticothérapie, le diagnostic de myosite à inclusion doit impérativement être discuté pour éviter une escalade thérapeutique inutile. Les vascularites constituent le second groupe important de myopathies acquises chez le sujet âgé (3). Elles sont le plus souvent liées à une périartérite noueuse. Cette maladie est plus fréquente dans la population âgée, mais ses manifestations sont souvent incomplètes sur ce terrain, constituant un tableau aspécifique fait de faiblesse, petite fièvre, myalgies, perte de poids et asthénie, avec une anémie mineure et une augmentation limite de la VS. Certaines formes sont même focalisées, notamment dans les mollets, et peuvent poser de difficiles problèmes de reconnaissance. Un traitement spécifique est pourtant nécessaire en raison de la forte morbidité de cette affection. D’autres myopathies acquises sont fréquentes chez le sujet âgé telles que les myopathies toxiques en raison de la multiplicité des traitements. Les plus classiques sont la myopathie proximale cortisonique et les myopathies algiques des hypocholestérolémiants. Toutes les autres myopathies toxiques peuvent s’observer chez le sujet âgé et ce diagnostic doit être évoqué en priorité en cas de traitement chronique par colchicine avec myopathie 113 Pathologie neuromusculaire P athologie neuromusculaire quadricipitale, par chloroquine avec syndrome neuromyopatique ou par traitements antirétroviraux avec myopathie nécrosante et mitochondriale, etc. des myopathies inflammatoires impose en général de réaliser un bilan hématologique et dysimmunitaire orienté, qui n’a rien de particulier en fonction de l’âge. Les myopathies endocriniennes de l’hypothyroïdie ou du diabète sont une cause de déficits myopathiques proximaux des membres. L’imagerie par scanner musculaire réalisant des coupes transversales des épaules, des muscles paraspinaux et fessiers ainsi qu’au niveau du tiers moyen des bras, des cuisses et des jambes est indispensable pour juger de la trophicité musculaire et graisseuse, de leur rapport, et pour rechercher des infiltrations fibrograisseuses dans certains groupes musculaires révélant une myopathie génétique. Les mêmes coupes en IRM, avec exploration en séquence T1 avant et après injection de gadolinium, permettent de repérer d’éventuelles zones hypervascularisées suspectes d’un phénomène inflammatoire ou des zones œdémateuses témoins d’une souffrance métabolique. Les myopathies dans un contexte carcinologique sont plus rares. Banales sont les atteintes myopathiques dans un contexte cachectique, possibles sont les rhabdomyolyses chroniques de type paranéoplasique, et notamment celles associées à un cancer pulmonaire, exceptionnelles sont les véritables myopathies carcinomateuses ou les envahissements musculaires des lymphomes et leucémies. RECONNAÎTRE UNE MYOPATHIE CHEZ LE SUJET ÂGÉ La reconnaissance d’une myopathie chez le sujet âgé ne diffère pas fondamentalement de sa reconnaissance chez le sujet jeune. Il s’agit principalement ici d’y penser et ne pas banaliser des manifestations de faiblesse, de fatigue, d’intolérance à l’effort, etc. L’électroneuromyographie n’est généralement pas un examen déterminant dans le diagnostic d’une maladie musculaire, à moins de tracés de détection caractérisés myopathiques ou de décharges myotoniques. Dans les myopathies inflammatoires, même idiopathiques comme la myosite à inclusion, il existe des signes spécifiques en détection avec des décharges répétitives complexes qui peuvent être évocatrices. Dans les autres cas, cet examen est néanmoins indispensable en diagnostic différentiel des atteintes neuropathiques ou jonctionnelles. Clinique La description clinique, objectivant le plus souvent une installation insidieuse et progressive, est un argument important, et le contexte thérapeutique et général est à prendre en considération. S’agissant des myopathies toxiques, certains signes doivent orienter, notamment en dehors des déficits amyotrophiants des membres, pas toujours présents ou difficiles à reconnaître, les notions de faiblesse de la musculature axiale, cervicale ou thoracique, le déficit de la musculature oculaire extrinsèque avec ptôsis caractéristique de la DMOP avec contracture compensatrice des muscles frontaux, l’ophtalmoparésie des ptôsis mitochondriaux, la dysphagie des myosites à inclusion, voire des polymyosites, sont des signes très évocateurs. Ailleurs, c’est plutôt un diagnostic différentiel clinique qu’il faudra discuter devant une faiblesse ou une atrophie musculaire, pour distinguer les causes myopathiques des causes neuropathiques ou liées à une maladie de la corne antérieure, ou encore pour distinguer maigreur et amyotrophie, à l’aide de l’imagerie musculaire si nécessaire. La fatigue ou l’intolérance à l’effort font souvent évoquer en première intention une myasthénie. Examens complémentaires Comme dans l’exploration de toute myopathie, le dosage des créatines kinases (CK) est un moment important. Il renseigne sur une souffrance objective du tissu musculaire. Il est informatif s’il est réalisé selon les recommandations d’usage après 24 à 48 heures de repos physique, et significatif s’il révèle des valeurs à plus de 2 à 3 fois la normale, à répéter. La fréquence 114 La biopsie musculaire est l’acte principal pour affirmer le diagnostic de myopathie chez le sujet âgé. Les études de M. Laguno et al. (3) et de D. Lacomis et al. (4), comme la pratique courante, démontrent que c’est un examen bien toléré et plein d’enseignements s’il est fait dans des conditions d’expertise technique de prélèvement et d’analyse anatomopathologique. Sa contribution est capitale et les résultats de M. Laguno et al. (3) montrent même que cette étude est plus contributive au diagnostic dans une population âgée que dans une population témoin de moins de 65 ans. Une biopsie ouverte apporte plus d’enseignement qu’une biopsie à l’aiguille, quitte à ce qu’elle soit réalisée en deux régions distinctes pour améliorer les chances de détecter des manifestations objectives d’une inflammation focale de polymyosite ou de myosite à inclusion. Différents marqueurs tels que l’expression de HLA classe I ou les typages lymphocytaires sont réalisés en cas de lésions inflammatoires, des marqueurs immunocytologiques sont employés pour caractériser une éventuelle dystrophie musculaire et la microscopie électronique est mise à contribution pour affirmer un diagnostic de myosite à inclusion, de DMOP ou de myopathie congénitale. Le diagnostic de myopathie mitochondriale ne peut être retenu, à moins de phénotype caractéristique, qu’après confirmation biochimique ou génétique moléculaire, étant donné la non-spécificité reconnue chez le sujet âgé de lésions de type fibres ragged-red ou de fibres cytochrome oxydase – négatives, du moins en fonction de leur importance. La réalisation d’analyses génétiques moléculaires sont licites si elles sont bien orientées par le phénotype clinique, les données anatomopathologiques et, bien sûr, par l’enquête familiale. La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 4 - avril 2007 Dans tous les cas, l’examen clinique attentif, recherchant des signes sémiologiques myopathiques classiques et donnant toute leur importance aux manifestations en territoire facial, pharyngé ou cervical, l’ENMG et si besoin la biopsie musculaire élimineront de façon formelle les causes neuropathiques périphériques et/ou autres, avec une attention particulière pour : les maladies de la jonction neuromusculaire pré- et postsynaptique, notamment myasthénie et syndrome myasthénique de Lambert-Eaton ; les neuropathies périphériques sous toutes leurs formes, incluant les polyradiculonévrites chroniques ; les maladies du neurone moteur, avec une attention spéciale pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA), dont les multiples atypies sémiologiques peuvent être difficiles à différencier d’une myosite à inclusion, par exemple. FAUT-IL FAIRE UNE PLACE PARTICULIÈRE AUX CAMPTOCORMIES ? La réponse est très certainement positive. D’une part, nous avons déjà mentionné plus haut que la sémiologie des myopathies du sujet âgé incluait une part importante de déficits axiaux. D’autre part, il est indubitable que le symptôme camptocormie isolé recouvre de véritables myopathies chez le sujet âgé. Longtemps négligée, car initialement décrite comme une manifestation hystérique chez des soldats de la Première Guerre mondiale, cette courbure antérieure marquée de la colonne thoracolombaire avec une chute en avant de la tête plus ou moins nette résulte d’une faiblesse des muscles extenseurs du cou et paraspinaux (5). Cette courbure n’est pas fixée mais réductible par l’extension passive ou la position allongée, contrairement au syndrome de la colonne raide caractéristique de certaines myopathies. La question qui peut se poser est de savoir s’il existe une véritable myopathie axiale du sujet âgé traduite par une camptocormie. Les dystrophies musculaires révélées après 50 ans comportent volontiers une hyperlordose myopathique, notamment pour la DMFSH ou les défi cits en maltase acide, traduisant une participation axiale mais liée dans ces cas aux déficits pelviens, voire iliopsoas. Les myopathies du sujet âgé sont aussi volontiers accompagnées d’une insuffisance ventilatoire restrictive, qu’elle soit due à un déficit des muscles respiratoires accessoires, thoraciques, ou à une atteinte diaphragmatique, qu’il s’agisse d’atteinte infl ammatoire systémique ou idiopathique ou de maladie mitochondriale. Cela montre bien que les atteintes myopathiques chez le sujet âgé ne sont pas limitées à la musculature des membres. Plusieurs cas de camptocormies myopathiques véritables ont été rapportés chez le sujet âgé, certaines liées à une myosite à inclusion, d’autres à une myopathie à bâtonnets ou à empreinte digitale. Ce phénomène a également été rapporté comme révélateur d’une DMFSH. En outre, plusieurs études ont démontré des anomalies myopathiques anatomopathologiques sur la biopsie de muscles paraspinaux des camptocormies. La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 4 - avril 2007 CONSÉQUENCES DES MYOPATHIES DU SUJET ÂGÉ La connaissance de l’existence de myopathies chez le sujet âgé implique dans un premier temps de les reconnaître et de ne pas considérer que la sénescence, dont l’âge de survenue varie dans la littérature de 55 et 65 ans, bien souvent caractérisée par une diminution de la force musculaire et une fatigabilité accrue, permet de rendre compte des plaintes et des symptômes courants chez le patient âgé. Sans doute faut-il considérer que l’expression phénotypique des myopathies génétiques à révélation tardive résulte du cumul déficitaire génétiquement induit et de la sénescence, ce qui justifie d’être particulièrement vigilent pour arriver au diagnostic de myopathie chez le sujet âgé. La fragilité du sujet âgé, et en dehors des conséquences thérapeutiques évidentes lorsque celles-ci existent dans les myopathies inflammatoires idiopathiques ou vascularitiques, doit faire prendre en considération les risques de décompensation rapide, avec risque d’atteinte ventilatoire, risque de chutes ou risque lié à la diminution des capacités fonctionnelles motrices d’une façon générale. Pathologie neuromusculaire P athologie neuromusculaire La mise en évidence d’une myopathie acquise inflammatoire ou toxique impose une réponse thérapeutique adaptée. La reconnaissance d’une myopathie génétique est importante non seulement pour une surveillance préventive des complications, mais également pour un conseil génétique informé. Les myopathies ne sont pas rares chez le sujet âgé mais elles représentent une entité mal connue. Les reconnaître impose de ne pas banaliser les symptômes myopathiques sur ce terrain et de ne pas attribuer trop facilement ces symptômes au vieillissement “naturel”. Certaines caractéristiques doivent attirer l’attention et certaines recherches étiologiques sont à mener en priorité. La biopsie musculaire réalisée en milieu d’expertise reste indispensable pour affirmer la cause et permettre la mise en route d’une prise en charge adaptée. ■ RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Frontera WR, Hughues VA, Fielding RA et al. Aging of skeletal muscle: a 12year longitudinal study. J Appl Physiol 2000;88:1321-6. 2. Site du Neuromuscular Disease Center de la Washington University : http:// www.neuro.wustl.edu/neuromuscular. 3. Laguno M, Miro O, Perea M, Urbano-Marquez A, Grau JM. Muscle diseases in elders: a 10-year retrospective study. J Gerontol 2002;57:M378-M384. 4. Lacomis D, Chad DA, Smith TW. Myopathy in the elderly, evaluation of the histopathologic spectrum and the accuracy of clinical diagnosis. Neurology 1993;43:825-8. 5. Umapathi T, Chaudry V, Cornblath D et al. Head drop and camptocormia. J Neurol Neurosurg Psy 2002;73:1-7. 115