Laventedes avionsRafale auBrésilest compromise

Transcription

Laventedes avionsRafale auBrésilest compromise
Jeudi 9 décembre 2010 -
e
upbybg
La vente des
avions Rafale
au Brésil est
compromise
Julian Assange dans la nasse judiciaire
Le fondateur de WikiLeaks est en prison
à Londres. La Suède, où il est accusé
d’agressions sexuelles, demande son
extradition. Les Etats-Unis cherchent
le moyen juridique de l’incriminer
pour la fuite des notes
du département d’Etat. Page 21
t Lula renonce à «conclure un accord avec la France »,
laissant à la future présidente, Dilma Rousseff, le soin
de choisir ou non l’avion de combat de Dassault
S
oucieux de ne pas laisser « un héritage très lourd au Brésil », le président
sortant, Luiz Inacio Lula da Silva, a
affirmé, mardi 7 décembre, qu’il n’engagera pas, avant de quitter le pouvoir fin
décembre, de négociations exclusives
avec Dassault pour la fourniture de
36 appareils de combat, laissant le soin au
prochain gouvernement de se prononcer.
Ce revirement de Lula, qui s’était montré
très favorable au choix de l’avion français,
est de mauvais augure. L’armée brésilienne a manifesté sa préférence pour le
Page 14
concurrent suédois. p
LUKE MAcGREGOR/REUTERS
K Contre-enquête
Réguler davantage les marchés d’actions?
Côte d’Ivoire: l’ONU se divise
sur le soutien à M. Ouattara
a L’Union européenne doit-elle réviser la directive qui les a libéralisés en 2007,
ouvrant à la concurrence les places boursières ?
a Le pourcentage d’opérations invisibles, réalisées sur des plates-formes
où s’échangent des blocs de titres souvent considérables, est-il un danger ? Page 12
Nations unies La Russie refuse d’adopter
la déclaration du Conseil de sécurité reconnaissant
la victoire du challenger de Laurent Gbagbo. En France,
les socialistes ne cachent pas leurs dissensions. Page 5
Avions de combat: la désunion européenne
UK price £ 1,50
E
chec ou simple report avant
une nouvelle décision ? En
annonçant, mardi 7 décembre, qu’il ne choisirait pas l’avion
devant équiper l’armée de l’air de
son pays avant de quitter le pouvoir en janvier, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva,
pourrait avoir porté un coup fatal
au Rafale. C’est une mauvaise nouvelle pour Dassault.
L’avionneur français risque, en
cas d’ouverture d’une nouvelle
offre par la présidente élue, Dilma
Rousseff, qui prendra la succession de Lula, de ne plus être le
favori. Il se retrouverait alors face
à ses deux concurrents – l’américain Boeing avec le F18, le suédois
Saab avec le Gripen –, qui ont multiplié les pressions pour déconsidérer l’offre française.
Si elle est lancée, la course
sera acharnée : elle se déroulera
dans un environnement mon-
dial où tous les budgets de défense sont en baisse. Elle sera
d’autant plus féroce que le Gripen et le Rafale jouent leur avenir industriel : il est indispensable pour eux d’emporter un
contrat à l’exportation.
Pour Dassault, ce serait la cinquième déconvenue depuis 2001,
après des échecs aux Pays-Bas, en
Corée du Sud, à Singapour et au
Maroc. Reste un espoir ténu avec
l’Etat des Emirats arabes unis. Faute de quoi, le Rafale n’aura eu
Editorial
qu’un débouché : la France.
Sur ce marché des avions de
combat – hyperconvoité et dominé par les Américains –, les Européens, une fois de plus, arrivent
en ordre dispersé. L’exemple brésilien est révélateur avec deux can-
didats européens face à un américain. Même scénario en Inde, où
l’Eurofighter, autre appareil européen, se trouve en compétition
avec le… Rafale.
Ces deux avions sont nés d’une
mésentente. Les Européens ont
été incapables de s’unir en 1985
pour lancer ensemble un avion
de combat. Les Français ont fait
cavalier seul, pendant que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne s’unissaient. Parallèlement, les Suédois développaient le Gripen !
Et voilà comment l’Europe se
trouve avec trois avions de chasse. A la plus grande satisfaction
des Américains, qui, dans la
même période, ont réorganisé
leur industrie et lancé un programme d’avions de combat, le
JSF. Pour le développer, ils ont
proposé à certains pays européens de participer. Ceux-là sont
devenus à la fois financiers et
clients, fermant la porte à des
avions européens.
Morcelée, l’aéronautique européenne militaire doit s’unir
pour maîtriser les technologies
nécessaires au développement
d’une nouvelle génération
d’avions de chasse. La priorité
est de nouer des coopérations
européennes en tirant les leçons
des erreurs des années 1980.
Elles nécessitent une entente sur
un programme commun, et surtout sur l’industriel qui sera maître d’œuvre. Hélas, l’heure est
aujourd’hui aux rivalités, alors
qu’arrivent de nouveaux
acteurs, chinois et indiens.
Des décisions doivent être prises. Elles sont difficiles. Les uns et
les autres en Europe sont légitimement attachés à leurs industries
de défense. Mais l’alternative, la
désunion, c’est la disparition. p
Le flirt «risqué»
de Paris avec Damas
L’ouverture de Nicolas
Sarkozy en direction
du régime syrien a
provoqué la «consternation» de Washington.
a Les liens «dangereusement étroits»
de la mafia russe avec le Kremlin.
a Tunisie: le régime «sclérosé» de Ben Ali.
Les rapports
secrets
d département
du
d’Etat
Pages 18-19
Verts: la démission
de M.Besset révèle la crise
Ecologie Lassé par un «climat délétère de guerre froide»,
Jean-Paul Besset s’est démis de ses responsabilités au sein
d’Europe Ecologie- Les Verts. Proche de Nicolas Hulot,
il a été l’un des initiateurs du récent rassemblement des
différentes «familles» écologistes. Page 9
Le regard de Plantu
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qui l’a dit 2010 Pyramide Distribution - La stratégie du choc 2010 Haut et Court Distribution - Soul Kitchen 2009 Pyramide Distribution.
Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
24 heures dans le monde
Les gens
t François-Marie
Banier conservera
300millions d’euros
de Mme Bettencourt
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Les faits
Les chiffres
aInternational
Haïti: Mirlande Manigat en tête
au premier tour de la présidentielle
matinée, à Scotland Yard. L’Australien de 39 ans, qui a comparu devant
un tribunal de Westminster, s’est vu refuser sa demande de liberté conditionnelle, en vertu de « l’extrême gravité des accusations » et des
« moyens et [de] la capacité de s’enfuir » dont il dispose.
Il restera en détention dans l’attente d’une nouvelle comparution, fixée
au 14 décembre. Le tribunal examinera, à cette date, la recevabilité de la
demande d’extradition formulée par la Suède. Lire pages 18 à 21
n Sur Lemonde.fr : En vertu du droit européen, l’extradition de
Julian Assange semble inévitable
aFrance
Le PS manifeste son soutien
à M.Huchon, menacé d’être invalidé
Aux termes de l’accord de réconciliation entre l’héritière de L’Oréal,
Liliane Bettencourt et sa fille,
Françoise Bettencourt Meyers, le
photographe François-Marie
Banier conservera 300 millions
d’euros de dons de la milliardaire.
Son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille, a déclaré que son client « gardera tous les dons accordés jusqu’ici par Liliane Bettencourt »
mais qu’il s’est « engagé à ne plus
rien recevoir à l’avenir (…) en
échange de l’abandon des poursuites » et qu’il renonce aux assurances-vie dont il était le bénéficiaire.
(PHOTO : AFP)
t Eric Cantona fait
«un flop» avec son
initiative anti-banques
L’ex-star du football, Eric Cantona,
44 ans, qui avait appelé à « faire la
révolution dans les banques »,
devait effectuer un « retrait de
1 500 euros » dans une agence de
la BNP d’Albert (Somme), commune où il était en tournage, mardi
7 décembre. Mais il ne l’a pas fait.
Lors d’une interview à Presse
Océan, début octobre, l’ancien
attaquant de Manchester United
avait estimé que si 20 millions de
gens retiraient leur argent des banques « le système s’écroulerait ».
Son appel, relayé sur Internet, n’a
pas été entendu. Lire page 15
t Luc Besson
tourneun film sur
l’opposantebirmane
Aung San Suu Kyi
Le réalisateur et producteur français Luc Besson, 51 ans, a tourné,
en Thaïlande, des scènes de son
prochain film sur l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, intitulé
Dans la lumière. L’opposante, Prix
Nobel de la paix, est interprétée
par la star hollywoodienne
Michelle Yeoh.
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de la publication : Eric Fottorino
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0123
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Le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a été l’invité, mardi 7 décembre, du bureau national du PS, une réunion qui se tient
ordinairement à huis clos. Il était venu s’expliquer sur la menace d’invalidation par le Conseil d’Etat de sa réélection, en mars, recommandée par
le rapporteur public, Edouard Geffray, le 3 décembre. En cause : une campagne d’affichage sur les transports jugée litigieuse dans un contexte
électoral. M. Huchon a été reçu par Martine Aubry avant le bureau national. Le Conseil d’Etat rendra sa décision jeudi 9 décembre.
Des manifestations et des tirs sporadiques ont été signalés à Port-au-Prince et dans plusieurs autres villes haïtiennes, mardi 7 décembre au soir,
après l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle
du 28 novembre. Le second tour, organisé le 16 janvier 2011, devrait opposer l’ex-première dame Mirlande Manigat (31,37 % des voix) et le candidat
du parti au pouvoir, Jude Célestin (22,48 %). Le chanteur populaire
Michel Martelly est arrivé troisième (21 %), avec seulement 6 000 voix de
moins que M. Célestin. Les Etats-Unis se sont dits « préoccupés » par les
résultats « incohérents » de l’élection. Ils ont appelé la population au calme et offert d’examiner toute fraude éventuelle. La veille, le Conseil
national d’observation électorale, financé par l’Union européenne, plaçait M. Martelly devant M. Célestin, avec respectivement 25 % et 20 % des
suffrages. (PHOTO : AFP) Lire page 6
Les Etats-Unis renoncent à obtenir un
gel de la colonisation en Cisjordanie
Les Etats-Unis ont annoncé officiellement, mardi 7 décembre, la cessation de leurs efforts pour obtenir d’Israël un nouveau moratoire de
90 jours de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. Ce
renoncement apparaît comme un sérieux échec pour Barack Obama, qui
avait fait de la résolution du conflit israélo-palestinien l’un des grands
projets de son mandat et avait fixé l’objectif de parvenir à une solution à
deux Etats dans un délai d’un an. Les responsables américains ont tenu à
souligner que des négociateurs israélien et palestinien se retrouveraient
quand même la semaine prochaine, à Washington. Mais après la décision américaine, le « processus de paix » semble plus que jamais dans une
impasse. Lire page 6
n Sur Lemonde.fr : la présidence de la région Ile-de-France suspendue à une décision du Conseil d’Etat
Le président d’Europe Ecologie-Les
Verts, Jean-Paul Besset, démissionne
Trois semaines après l’union, à Lyon, le 13 novembre, d’Europe Ecologie
et des Verts, Jean-Paul Besset, 64 ans, proche de Nicolas Hulot, qui avait
été choisi pour présider ce rassemblement a annoncé, mardi 7 décembre,
qu’il démissionnait de toutes ses fonctions. Dans une lettre envoyée aux
responsables du mouvement, il dénonce « le climat délétère de guerre
froide » qui s’est, selon lui, installé chez les écologistes depuis les élections régionales et estime que « la fusion-dépassement » des différents
courants et mouvements écologistes n’a pas eu lieu. La première réunion du conseil fédéral du nouveau parti doit se tenir samedi 11 décembre. Lire page 9
aEconomie
L’Islande sort de la récession
n Sur Lemonde.fr : Portfolio sonore : « La situation risque de basculer en confrontation directe entre militaires »
Le fondateur de WikiLeaks arrêté
et placé en détention à Londres
Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, à l’origine de la divulgation de
documents secrets américains a été placé en détention, mardi 7 décembre, à Londres, dans le cadre de deux affaires d’agression sexuelle, en Suède. Sous couvert d’un mandat d’arrêt européen, il s’est livré, en début de
73
millions
de Français
en 2040
Selon une étude de l’Insee,
publiée mardi 7 décembre, si les
tendances démographiques récentes perdurent, la France comptera
73 millions d’habitants en 2040,
soit 15 % de plus qu’en 2007, date
du dernier recensement. Les
régions de l’Ouest devraient être
les plus attractives : d’ici à 2040, la
population devrait augmenter de
28,5 % en Languedoc-Roussillon,
26 % dans les Pays de la Loire et
23 % en Aquitaine. Lire page 11
t Automobile
20
millionième
Peugeot
offerte à Haïti
La marque au lion a annoncé, mardi 7 décembre, avoir offert la
20 millionième voiture produite
dans son usine historique de
Sochaux, dans le Doubs, à la Fédération protestante d’Haïti. Le véhicule, une Peugeot 5008, doit assurer le transport scolaire d’orphelins de Port-au-Prince.
t Justice
14 ex-militaires
de la dictature
chilienne
jugés en France
La Russie bloque une déclaration
de l’ONU sur la Côte d’Ivoire
La Russie a fait obstacle, mardi 7 décembre, à l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant la victoire d’Alassane
Ouattara à l’élection présidentielle ivoirienne. Le représentant spécial
des Nations unies en Côte d’Ivoire, M. Choi, avait reconnu la victoire de
M. Ouattara, après l’avis de la commission électorale indépendante.
Dans les chancelleries occidentales, on juge que l’émissaire de l’ONU
était à même de certifier les résultats en vertu des accords de paix de
2005. « J’ignore pourquoi la Russie tergiverse avec des résolutions qu’elle a
elle-même votées », a déploré Susan Rice, ambassadrice américaine à
l’ONU. L’attitude de Moscou est primordiale dans la mesure où les déclarations du Conseil de sécurité sont adoptées à l’unanimité. Lire page 5
t Démographie
Pour la première fois depuis la faillite de son secteur bancaire à la fin de
2008, l’Islande atteint une croissance de 1,2 % de son produit intérieur
brut (PIB) au troisième trimestre. Le pays avait enregistré une récession
de 6,8 %, en 2009. Grâce à une sévère cure d’austérité et au soutien du
Fonds monétaire international (FMI), les signes de convalescence se multiplient : la consommation des ménages s’est accrue de 3,8 % au troisième trimestre, tout comme l’indice de confiance des ménages qui a bondi
à 50,6 points, en novembre, contre 32, en octobre.
Lundi 6 décembre, la première ministre, Johanna Sigurdardottir (photo),
a déclaré qu’un accord serait signé dans les prochains jours à propos du
remboursement aux gouvernements britannique et néerlandais des
5 milliards d’euros qu’ils ont dû verser à leurs épargnants, lésés par la
faillite de la banque islandaise Icesave. (PHOTO : AFP)
Le procès de quatorze ex-militaires chiliens commence mercredi
8 décembre aux assises de Paris et
devrait durer jusqu’au 17 décembre. Ils comparaîtront par défaut
pour « enlèvement et séquestration avec actes de torture et de barbarie », pendant la dictature d’Augusto Pinochet, à l’encontre de
quatre Français, Georges Klein,
membre du cabinet de Salvador
Allende, disparu le 11 septembre
1973, Etienne Pesle, disparu le
19 septembre 1973, Alphonse
Chanfreau, disparu le 30 juillet
1974, et Jean-Yves Claudet-Fernandez, disparu le 1er novembre 1975.
C’est la première fois que se tient
une audience abordant la nature
du régime issu du coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973 qui a
porté Pinochet au pouvoir.
Lire page 8
L’histoire Alexandre Bollengier (Belfort, correspondance)
Les scores
Un patron trop social épinglé par l’Urssaf
t Football
C
laude Goudron est un patron attentionné, proche de ses salariés. Alors, quand
l’un ou l’autre a un souci financier, il
n’hésite pas à mettre la main à la poche, mais
« seulement dans les cas exceptionnels, qui
sont malheureusement plus nombreux
depuis le début de la crise », précise-t-il.
Ultralu, sa PME spécialisée dans la fabrication d’échafaudages en aluminium, est
située au pied du ballon d’Alsace, à Giromagny, dans le Territoire de Belfort.
Au cours des trois dernières années, il a
ainsi prêté, sans intérêts, des sommes comprises entre 200 et 3 000 euros à sept de ses
vingt-trois salariés, en échelonnant les remboursements sur plusieurs mois en fonction
des capacités de chacun.
Surendetté et interdit bancaire, l’un
d’eux, « un gars formidable, bosseur, sur qui
on peut compter », avait un besoin urgent de
3 000 euros afin de s’acquitter de la totalité
de ses arriérés de loyer. A défaut, il risquait
de se retrouver à la rue, du jour au lende-
main, avec son épouse et ses deux enfants
en bas âge.
Ces gestes de générosité, Claude Goudron
les pratique depuis la création de son entreprise, voilà trente ans, sans que l’Urssaf y ait
jamais rien trouvé à redire. Mais, en juillet,
un inspecteur du recouvrement s’est présenté. « L’absence d’un intérêt d’emprunt est un
avantage bénéficiant au salarié, a-t-il constaté dans sa lettre d’observations. Il convient
donc de réintégrer dans l’assiette de cotisations les intérêts des prêts accordés à vos salariés ». Soit 2 596 euros de charges sociales
pour l’ensemble des prêts consentis (environ
10 200 euros sur trois ans).
Grossière erreur
Particulièrement zélé, le vérificateur n’a,
au passage, pas oublié d’appliquer une pénalité à ce chef d’entreprise à la fibre trop
sociale… « Il faut avoir l’esprit un peu tordu
pour procéder à un tel redressement, mais
légalement, je ne peux rien faire », constate
Claude Goudron. A cela près que l’inspecteur de l’Urssaf a commis une grossière
erreur dans le calcul des intérêts en le
basant sur un taux annuel et non pas mensuel. « Le résultat est délirant, poursuit le
patron d’Ultralu. L’Urssaf a évalué à
5 152 euros le montant des intérêts ! Pour le
seul prêt de 3 000 euros, les intérêts sont de
3 410 euros, soit un taux de 68 % par an. C’est
dix fois le seuil fixé par la loi ! »
Claude Goudron a, bien évidemment,
contesté le redressement. « Les éléments que
vous avancez ne me permettent pas de revenir sur ma décision, et je me vois dans l’obligation de maintenir ma position », lui a répondu l’inspecteur du recouvrement en évoquant la possibilité de saisir la Commission
de recours amiable. Ce que Claude Goudron
s’est empressé de faire le 1er octobre. Son dossier doit être examiné début 2011. Le 8 octobre, il a néanmoins reçu une mise en demeure de payer… avec une majoration de
270 euros pour pénalité de retard. p
Ligue des champions : l’OL,
nul face à l’Hapoël Tel-Aviv
L’Olympique lyonnais s’est classé
deuxième du groupe B de la Ligue
des champions après avoir concédé
le nul face au club israélien d’Hapoël
Tel-Aviv (2-2), mardi 7 décembre, sur
son terrain en match de la 6e et dernière journée de la 1re phase. Le parcours de l’OL dans cette poule a débuté par trois victoires, puis s’est terminé par deux défaites et un nul face
au dernier du classement.
t Handball
Euro féminin : la France
s’incline face à la Norvège
L’équipe de France féminine de handball s’est inclinée (33-22) face à celle
de la Norvège, championne olympique et d’Europe, lors du tour préliminaire de l’Euro 2010, mardi 7 décembre, à Lillehammer. Ce mercredi, les
Bleues devaient rencontrer les Hongroises.
Page trois
0123
Jeudi 9 décembre 2010
La rébellion étudiante britannique contre la réforme des frais universitaires
s’organise. Même la London School of Economics est occupée. Du jamais-vu
Lafrondedes«enfantsdeThatcher»
Londres
Correspondante
P
as d’alcool ni de drogue.
Extinction des feux
entre minuit et 8 h 30
ensemaine, entre2 heures et 8 h 30 le weekend.» Il ne s’agit pas du
règlement intérieur d’un pensionnat chic britannique mais des
contraintes que se sont imposées
les étudiants rebelles de la London
School of Economics (LSE). Ils les
«Les plus radicaux
d’entre nous sont
le plus souvent des
étudiants européens
non-britanniques»
Isla Woodcock
étudiante à la LSE
ont affichées dans la salle Vera Anstey du Old Building, l’un des nombreux bâtiments de la très prestigieuse université londonienne. Ils
occupentlapiècedepuisunesemaine pour protester contre le projet
du gouvernement de tripler les
frais de scolarité dans le supérieur.
Ils sont, chaque nuit, une bonne
quinzaine à y dormir par terre les
uns à côté des autres. « Je n’ai pas vu
mon petit ami depuis huit jours »,
plaisante Isla Woodcock, une spécialiste des relations internationales de 21ans, encore mal réveillée ce
matin-là. Vishal Chauhan, un
ancien élève qui se prépare, à
21 ans, à être docteur, vient de troquer son paréo à carreaux bleu turquoisedenuitpourunbasdesurvêtement gris foncé avant de convoquer une réunion. Il est 9 heures,
mardi 7 décembre, et il y a du pain
sur la planche. Préparer les affiches. Distribuer des tracts. Ecrire
aux députés. Décider qui montera
sur le toit à l’heure du déjeuner
avec le mégaphone pour appeler
au combat.
Il faut mobiliser sur le campus.
Et amener le plus de monde possible à manifester, jeudi 9 décembre,
dans les rues de la capitale pour la
quatrième (et sans doute dernière)
fois depuis le 10 novembre. Les
organisateurs attendent plus de
20 000 jeunes – des étudiants mais
aussi des lycéens ou des collégiens
furieux de la suppression annon-
Journée d’action des étudiants de la London School of Economics de Londres, le 7 décembre. GUILHEM ALANDRY/DOCUMENTOGRAPHY POUR « LE MONDE »
cée d’une allocationde 30 livrespar
semainepourlespluspauvresd’entre eux. Des milliers d’autres pourraient les suivre dans les grandes
villes universitaires du pays. Ce
même jeudi, les membres de la
Chambre des communes doivent
voter la hausse de 3 290 à
9 000 livres des droits d’inscription universitaire annuels.
Le mouvement étudiant a certes
pris des proportions inattendues
dans ce pays où la contestation
sociale n’est pas populaire – tous
les jours, ici ou là, il y a des manifestations ; une trentaine d’universités sont occupées – mais il n’a pas
suffi à faire plier le premier ministre et son vice premier ministre, le
lib-dem Nick Clegg. Les « enfants de
Thatcher », comme les appelle la
presse britannique parce qu’ils
sont nés dans les années 1980
quand la Dame de fer était aux
manettes, n’ont pas l’habitude de
hausser la voix pour se faire entendre. Et obtenir gain de cause.
Les syndicats d’étudiants traditionnels restent très frileux et se
fontsouventdéborderpardesorganisations plus à gauche. Ainsi, le
National Union Student (NUS), le
principal d’entre eux, n’a pas appelé ses membres à manifester à chaque occasion qui s’est présentée. Il
préfère, de manière générale, que
sesaffiliésharcèlentles députéslibdem qui, avant la formation de la
coalition, promettaient la gratuité
des études supérieures.
A la London School of Econo-
Vian
Œuvres romanesques complètes
* Chez les libraires participant à l’opération et dans la limite des stocks disponibles.
Simon Wright a craqué. Il a choisi
«sa circonscription » contre «la
coalition». Le député libéral-démocrate de Norwich South, à force
d’être harcelé par les étudiants de
sa ville, a promis de voter contre la
hausse des droits d’inscription universitaires, jeudi 9décembre, à
Westminster. Comme il s’y était
engagé, avec son parti, durant la
campagne aux élections de mai
dont est issu le gouvernement de
coalition entre les conservateurs
de David Cameron et les libérauxdémocrates de Nick Clegg.
Ils devraient être une douzaine
de lib-dem, dont deux anciens leaders du parti, Charles Kennedy et
Sir Menzies Campbell, à faire de
même. Les autres s’abstiendront
ou voteront pour. Une cacophonie qui ne permettra pas de bloquer le projet. Mais qui étalera au
grand jour le mal être du troisième parti britannique et de ses
57 élus à la Chambre des communes (sur 649).
Vince Cable, ministre du commerce et responsable des universités, votera pour la réforme qu’il a
aidée à concevoir. Tout comme
M.Clegg. Le vice-premier ministre
juge « juste» le projet qui porte de
3290 à 9 000livres (10 700euros)
les frais d’inscription annuels.
L’Etat avance l’argent aux étudiants et se fait rembourser lorsque ceux-ci sont diplômés et
gagnent plus de 21 000livres par
an. Et les mieux payés sont soumis
à un taux d’intérêt plus élevé
quand les plus démunis reçoivent
une à deux années gratuites d’université. In fine, affirme M. Clegg, les
riches paieront plus qu’aujourd’hui et les pauvres moins.
Un message qui ne convainc
pas: alors que 45 % des moins de
25ans ont voté Clegg en mai, ils
seraient à peine 15 % à le faire,
selon les sondages, si un scrutin
avait lieu aujourd’hui. p
V. Ma.
ve-t-elle, consciente de la faiblesse
des chiffres. «La LSE est une université particulière », juge Sasha Salmon, une étudiante en droit et
anthropologie de 20 ans qui regrette l’indifférence de ses camarades
quandelledistribuedes tracts :«Ily
a beaucoup d’étudiants du monde
entier [plus de 65 % ne sont pas
Britanniques] et ils viennent souvent d’un milieu aisé. »
Mais si ailleurs la mobilisation
est parfois plus importante, elle
n’est pas pour autant plus radicale.
Boris
Les libéraux-démocrates
se divisent sur le projet
Londres
Correspondante
mics, d’ailleurs, ce sont les étudiants qui ont initié le mouvement, en signant une pétition, et
pas leur syndicat qui, depuis, leur a
apporté son soutien. «Nous ne voulions pas empêcher les gens de travailler », se justifie Charlotte Gerada, 22 ans, secrétaire générale du
syndicat étudiant de la LSE.
Ilsontété464àvoterpourl’occupation et 261 contre. Sur un total de
près de 9 000 étudiants. « C’est la
plus forte participation à un vote
que nous ayons connue », relè-
« Les plus radicaux d’entre nous
sont le plus souvent des étudiants
européens
non-britanniques »,
confie Isla Woodcock, qui évoque la
passion de ce jeune homme grec.
Ou de ce Français, « Nico, avec des
dreadlocks», lance-t-elle à sa voisine, qui vient à toutes les réunions.
« Ils ont plus l’habitude que nous,
explique-t-elle, ils peuvent nous
donner des conseils. » Tout comme
l’organisation écologiste Climate
Camp, spécialisée dans l’action
directe. L’équipe juridique de
l’ONGestvenueexpliquerauxnouveaux rebelles de la LSE comment
se comporter face à la police pendant les manifestations.
Outre-Manche,enmatièresociale, on préfère souvent faire primer
le respect des autres sur l’efficacité
de la lutte. Pas question de bloquer
l’accès aux universités ou d’empêcher les étudiants d’étudier. «Nous
avons choisi d’occuper la salle Vara
Anstey, qui sert exclusivement à
abriter des réunions du management », explique Sasha Salmon. La
direction leur a envoyé une lettretype pour signaler qu’ils outrepassaientleursdroits.Mais«lasecrétaire de la direction nous a dit que ça
allait, que nous n’étions pas trop
gênants», assure Charlotte Gerada.
«Ce qui compte, finalement, c’est
la prise de conscience », ajoute Isla
Woodcock.Decepointdevue,l’opération est une réussite, comme en
témoigne le parcours de Sasha Salmon. Née d’une mère irlandaise et
d’un père à moitié jamaïcain, cette
jeune femme n’a jamais défendu la
moindre cause, si ce n’est dans des
discussions avec ses amis ou sa
famille. « A la LSE, je ne participe à
aucun club, je ne fais que travailler,
dit-elle, mais là, j’ai été vraiment
choquée. » Pour la première fois,
elle a donc décidé de s’engager.
Mais attention : elle se débrouille
pour ne rater aucun cours. p
Virginie Malingre
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4 Planète
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Gorilles sauvés
Dons détournés au Mali
Un recensement des gorilles des montagnes, une
espèce menacée, vivant au Rwanda, en Ouganda
et au Congo-Kinshasa, aboutit à un total de
786 individus, selon African Wildlife Foundation.
Ces populations sont en hausse, notamment
dans le massif du Virunga, au Congo.
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a suspendu, le 7 décembre, trois dons fait au Mali pour traiter le paludisme et la tuberculose, en raison de détournements par des officiels de 4 millions de dollars
(3 millions d’euros) et de dépenses non justifiées.
www.greenlefilm.com
PatrickRouxel a filmé la déforestation en
Indonésie à travers le regard d’une de ses
victimes innocentes: Green, une femelle orang-outan.
Ce documentaire, qui a reçu plusieurs récompenses,
peut être visionné librement surle site de l’auteur.
Climat: les ministres au secours de la négociation
A trois jours de la fin du sommet de Cancun, les blocages demeurent. Tous les pays jurent vouloir un compromis
semble du Moon Palace. Bien que
leur groupe des Basic se soit montré discret à Cancun, après s’être
imposé comme un acteur majeur à
Copenhagueen 2009, chacunpressent que ces pays pourraient détenir la clé de la négociation.
L’Inde et le Brésil déploient d’intenses efforts pour proposer une
solution de compromis sur le dossier de la transparence des politiques climatiques. Et la Chine commence à accepter l’idée de soumet-
Cancun (Mexique)
Envoyé spécial
L
a pression est montée d’un
cran, mardi 7 décembre, dans
le décor paradisiaque du
Moon Palace de Cancun transformé en camp retranché pour l’entrée en scène officielle des ministres et de plusieurs chefs d’Etat et
de gouvernement dans la conférence sur le climat. Les représentants des gouvernements sont
appelés à s’emparer du pilotage
politique d’une négociation qui
menace de tourner à la guerre de
position.
« Je suis très préoccupé par le fait
que les efforts ont été jusqu’ici
insuffisants, tous les pays doivent
faire plus », a averti Ban Ki-moon,
appelant les 194 Etats à trouver des
compromis, fussent-ils modestes :
« Le monde ne peut pas s’offrir le
luxe d’un accord parfait », a plaidé
le secrétaire général des Nations
unies, qui a inauguré, aux côtés du
président mexicain Felipe Calderon, ce « segment de haut niveau »,
dernière ligne droite de la conférence.
A trois jours de la clôture, les discussions continuent de buter sur
deux questions, qui menacent les
fragiles progrès enregistrés sur
d’autres points : l’engagement des
pays industrialisés dans une
deuxième période du protocole de
Kyoto à partir de 2013, exigée par
les pays émergents et en développement mais refusée par le Japon,
le Canada et la Russie. Et la définition des procédures destinées à
vérifier que chaque pays remplit
Au «paquet équilibré»
de décisions, présent
sur toutes les lèvres au
début de la conférence,
s’est ajouté un autre
Graal collectif:
la «formule ambiguë»
Des manifestants de l’organisation paysanne Via Campesina tentent de rejoindre Cancun, mardi 7 décembre. EDUARDO VERDUGO/AP
bien ses engagements internationaux en matière de réduction des
émissions, objet d’une confrontation entre la Chine et les EtatsUnis.
Ministres et diplomates devai-
ent plancher sur une nouvelle base
d’accord proposant des options
simplifiées, mercredi matin. « Les
textes ne sont pas prêts à être utilisés par les ministres, ils sont toujours trop longs, trop compliqués,
avec trop d’options », avait estimé
la commissaire européenne au climat, Connie Hedegaard, lundi.
Les politiques auront-ils le pouvoir de faire ces arbitrages et de
mettre en œuvre les compromis
Moins de 2000 manifestants pour la «justice climatique»
Cancun (Mexique)
Envoyé spécial
Le mouvement de la « justice climatique», qui s’était affirmé avec
force à Copenhague en décembre2009, a de nouveau tenté de se
faire entendre à Cancun, mardi
7décembre. Mais la cité balnéaire
est d’un accès difficile, et ce sont
moins de deux mille manifestants
qui ont arpenté les avenues, sous
un ciel bleu et un chaud soleil.
Si des participants de nombreux pays étaient présents, ce
sont surtout les mouvements paysans mexicains qui ont animé le
cortège, bruyant et coloré. Certains manifestants portaient des
chapeaux en carton fustigeant le
nom d’une grande entreprise multinationale : Nestlé, Syngenta,
Shell, Coca-Cola, Pemex… De nombreux drapeaux et banderoles proclamaient : « Les paysans sont la
solution au changement climatique». Chants et slogans ont rythmé la marche qui a duré plus de
trois heures.
« Propagande verte »
Des associations locales avaient
fait le déplacement pour alerter
sur un problème spécifique. Ainsi,
Lorence Gonzalez Lopez, des Femmes productrices de Cunduacan,
racontait la lutte de son mouvement contre la pollution provoquée par la société pétrolière
Pemex dans la région du Tabasco.
Venue du Guatemala voisin, l’Assemblée pour la défense des ressources naturelles a dénoncé des
projets de barrages «qui ne sont
pas destinés à servir les gens, mais à
générer des profits pour les multinationales». Une délégation coréenne protestait contre la destruction
de l’environnement dans ce pays :
«La croissance verte n’est pas la
solution, dit Bo Young Cho, de l’Institut énergie et climat de Séoul,
c’est de la propagande verte. »
Quelques politiques étaient
présents, comme Porfirio Munoz
Ledo, député du Parti des travailleurs et ancien ambassadeur
du Mexique à l’ONU : « Les négociations sur le climat démontrent
leur impuissance, dit-il. Quand un
problème apparaît, on le met dans
un sac, et le sac grandit, sans qu’on
résolve le problème. Nous devons
réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre liées
aux énergies fossiles – et lutter
contre la puissance des compagnies pétrolières. »
Mais la vigueur des préoccupations et des idées n’a pas caché le
fait que le mouvement pèse peu
sur la conférence. Celle-ci n’en a
pas ressenti l’écho. Une autre
manifestation, organisée par l’organisation paysanne Via Campesina, a rassemblé quelques centaines de personnes. Elles ont été bloquées à cinq kilomètres du centre
de conférence par la police. p
Hervé Kempf
que chacun jure souhaiter ? La
méthode de travail proposée par le
Mexique, consistant à fondre les
ministres parmi les négociateurs,
suscite un certain scepticisme.
«Les ministres risquent d’être marginalisés par les techniciens sur ces
dossiers complexes», redoute l’ambassadeur français chargé du climat, Brice Lalonde.
Surtout, le doute subsiste sur les
marges de manœuvre des différents ministres. « Une des difficultés est qu’il n’y a plus de leadership
nulle part », analyse M. Lalonde.
Les pays industrialisés apparaissentprofondémentdivisés, notamment sur la question de l’avenir du
protocole de Kyoto. L’Union européenne ne veut pas prendre le risque de s’engager seule. Et les EtatsUnis ont peu de cartes à jouer
depuis la victoire des Républicains
aux élections de mi-mandat en
novembre.
C’est désormais vers les représentants des grands émergents, le
Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la
Chine que les regards se tournent.
Eux dont les interventions et les
conférences sont scrutées par l’en-
tre ses réductions d’émissions à
une vérification internationale et
ses engagements volontaires à un
cadre onusien contraignant.
«Noussouhaitonsadopterune attitude transparente et ouverte », a
assuré le principal négociateur
chinois, Xie Zhenhua. Pour beaucoup d’observateurs, Pékin n’assumera pas d’endosser une deuxième fois la responsabilité d’un
échec et serait prêt à négocier des
concessions.
Reste une inconnue : les pays
africains accepteront-ils des compromis passés entre grands émergents et pays industrialisés ? « S’il
n’y a aucune garantie sur Kyoto ni
sur les financements promis aux
pays pauvres, les Africains pourraient être tentés de créer un
clash », analyse le Français Pierre
Radanne, proche de nombreux
pays africains.
Le processus onusien requérant
l’unanimité, le travail des négociateurs consiste désormais, sur tous
les sujets qui fâchent, à ciseler des
phrases assez floues pour être
acceptées par tous. C’est ainsi
qu’au « paquet équilibré » de décisions, présent sur toutes les lèvres
au début de la conférence, s’est
ajouté un autre Graal collectif : la
«formule ambiguë ».
Grâce à quoi le processus onusien, mis « en danger » par l’enlisement des négociations selon la
secrétaire exécutive de la convention sur le climat des Nations
unies, Christiana Figueres, serait
temporairement sauvé. p
Grégoire Allix
L’aspirine à faible dose réduirait les décès dus au cancer
Les médecins restent réservés sur une prise systématique de ce médicament
F
aut-il généraliser la prise quotidienne d’aspirine à faible
dose pour limiter les risques
de cancer ? C’est la question soulevée par la publication, mardi
7 décembre, sur le site de la revue
médicale britannique The Lancet,
d’un article indiquant que la prise
quotidienne et à long terme d’aspirine à faible dose réduit le risque de
décès par cancer.
L’article du professeur Peter
Rothwell (université d’Oxford) et
de ses collègues a analysé des donnéesdehuitessaisréaliséspourétudier l’intérêt préventif de l’aspirine
dans le domaine des maladies cardiovasculaire. Près de 25000 participants ont été suivis pendant quatre ans. Les résultats montrent que
le risque de décès diminue d’environ 20 % au cours de la durée des
essais. Mais le bénéfice est encore
plus important – de 30 % à 40 % –
après cinq ans de traitement quotidien à l’aspirine.
Ces résultats sont confirmés
chezles casquiont puêtresuivis au
cours d’une vingtaine d’années.
L’effet bénéfique de l’aspirine s’accroît avec la durée du traitement
mais n’est pas modifié par des
doses supérieures à 75 mg par jour.
La réduction absolue des décès liés
à un cancer était plus importante
chez les patients âgés.
Prématuré
Enfin, les délais d’apparition
d’unbénéfice entermesdemortalité étaient de cinq ans pour les cancers de l’œsophage, du pancréas,
ducerveau etdupoumon;lesbénéfices étaient plus tardifs s’agissant
des cancers du côlon, de l’estomac
et de la prostate.
L’étudeconfirmeainsidesobservationsantérieuresfaiteschezl’animal et quelques essais chez l’homme qui avaient indiqué que ce
médicament réduisait le risque de
certaines tumeurs malignes,
notamment colorectales.
Lesmédecinssemontrenttoutefois réservés sur l’intérêt d’une prise quotidienne d’aspirine de façon
généralisée. Ce serait prématuré,
juge François Bourdillon, président
de la Société française de santé
publique : « Pour les personnes qui
prennent déjà de l’aspirine en prévention après un accident cardiovasculaire ou parce qu’ils ont des
facteurs de risque, cette étude renforce le rapport bénéfice-risque.»
Qu’en est-il des personnes
n’ayant pas de problème de santé ?
« D’une manière générale, donner
des médicaments en prévention
chez des personnes saines n’est pas
une bonne idée, surtout quand il
existe des mesures efficaces non
médicamenteuses», poursuit-il.
Reste le cas des personnes ayant
un risque de cancer plus élevé que
la moyenne. « La question peut
être posée, car chez quelqu’un qui a
eu des polypes intestinaux ou dans
la famille duquel il y a eu des cancers du côlon. Mais, cela nécessite
préalablement des études et un
consensus des experts », estime le
docteur Bourdillon. Le rapport
bénéfice-risque pourrait en effet
être favorable, car la dose efficace,
75 mg par jour, n’expose pas à un
risque important de saignements.
L’aspirine pourrait donc jouer un
rôle complémentaire dans la prévention des cancers et des décès
qui en découlent. p
Paul Benkimoun
International 5
0123
Jeudi 9 décembre 2010
La Côte d’Ivoire divise le Conseil de sécurité de l’ONU
Aux Nations unies, la Russie bloque une déclaration avalisant l’élection de M.Ouattara à la présidence ivoirienne
New York (Nations unies)
Correspondante
P
endant qu’à Abidjan, le président sortant Laurent Gbagbo formait son nouveau gouvernement pour mettre en échec
son rival, Alassane Ouattara, le président élu reconnu par la communauté internationale, le Conseil de
sécurité de l’ONU se séparait, mardi 7 décembre, après plus de cinq
heures de consultations à huis
clos, sur un aveu d’impuissance :
« Nous continuons de discuter sur
les contours d’une possible réponse », a déclaré, un brin agacée, l’ambassadrice américaine auprès des
Nations unies, qui assure la présidence du Conseil ce mois.
« La plupart des délégations
sont impatientes de parler d’une
seule voix » mais « d’autres ne sont
pas encore prêtes à le faire », a insisté Susan Rice à l’issue d’une séance souvent « tendue », selon des
diplomates. La voix discordante
est celle de la Russie, qui depuis
que la Côte d’Ivoire s’est retrouvée
dans une situation sans précédent
avec deux présidents, deux premiers ministres et deux gouvernements, rechigne à adopter une
déclaration conjointe déclarant
Alassane Ouattara vainqueur du
scrutin.
Pour Konstantin Dolgov, représentant permanent adjoint de la
Le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, mardi 7 décembre, vient de nommer
les membres de son cabinet ministériel. REBECCA BLACKWELL/AP
Russie à l’ONU, le Conseil de sécurité outrepasse ses droits en cherchant à certifier les résultats de
l’élection présidentielle ivoirienne du 28 novembre.
« Les Russes estiment qu’il en va
de la souveraineté nationale, et
n’ont pas pour habitude de céder
Deux premiers ministres, deux gouvernements
Deux gouvernements se disputent désormais la direction de la
Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara
a formé le sien, dimanche
5 décembre, dirigé par Guillaume
Soro, auparavant premier ministre de M. Gbagbo et chef de l’exrébellion des Forces nouvelles qui
tient le nord du pays depuis
2002. Quant à Laurent Gbagbo, il
a constitué son équipe mardi
7 décembre. Sa composition a été
annoncée par le nouveau secrétaire général de la présidence, Désiré Tagro, ex-ministre de l’inté-
rieur et homme fort du camp
Gbagbo. Dirigé par l’universitaire
Gilbert Marie N’gbo Aké, il compte de nombreux proches de
M. Gbagbo, comme Alcide Djédjé,
nommé ministre des affaires
étrangères, et Charles Blé Goudé,
ministre de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi. M. Blé Goudé est le chef des
« patriotes » pro-Gbagbo et a été
le fer de lance de manifestations
antifrançaises aux heures les plus
critiques de la crise née du coup
d’Etat manqué de 2002. – (AFP.)
sur le sujet. La Côte d’Ivoire, c’est
un peu leur Ukraine, nous ne sommes pas au bout de nos peines »,
lâche un diplomate occidental.
Quatre jours après la proclamation de la victoire de M. Ouattara
par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1 % des suffrages, certifiée par le représentant spécial de l’ONU mais invalidée par le Conseil constitutionnel
ivoirien, les 15 pays membres du
Conseil de sécurité n’avaient toujours pas pris position. En dépit
d’importants enjeux. L’opération
de maintien de la paix en Côte
d’Ivoire (Onuci) a coûté 2,26 milliards d’euros en six ans. La crédibilité de l’ONU est en jeu.
« Je ne sais pas pourquoi la Russie pinaille à propos de résolutions
qu’elle a elle-même votées », s’est
énervée Susan Rice face à la presse, en référence aux deux résolutions de l’ONU adoptées après l’accord de paix conclu en 2005 à Pre-
Le Parti socialiste français fait entendre des
dissonances au sujet de la crise ivoirienne
ALORS QUE LA CÔTE D’IVOIRE
menace de replonger dans la
guerre civile, le Parti socialiste (PS)
français ne parvient pas à faire taire ses voix dissonantes à propos
du maintien au pouvoir de Laurent Gbabgo, reconnu comme battu à l’élection présidentielle par
l’ONU, mais dont le parti (le Front
populaire ivoirien) est affilié à l’Internationale socialiste.
Certes, le communiqué publié
mardi 7décembre par le bureau
national du PS est sans ambiguïté.
Il appelle M.Gbagbo à «respecter le
choix du peuple ivoirien » et lui
«demande de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara ». Certes,
Martine Aubry, première secrétaire du parti a fait état d’une «vraie
continuité» avec les propos tenus
en 2004 par son prédécesseur François Hollande, qui avait qualifié
M.Gbagbo d’« infréquentable».
Mais Mme Aubry, interrogée mardi matin sur France-Inter, a reconnu l’existence d’un différend à propos du déplacement d’une délégation du parti en Côte d’Ivoire, composée de Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national chargé
des relations internationales, et du
député Jean-Marie Le Guen, à la
mi-octobre, pendant la campagne
électorale. «Il n’y a pas eu de délégation socialiste, a-t-elle déclaré. Je
lui [M. Cambadelis] avais demandé
de ne pas y aller au nom du PS. Il y
est allé, mais en son nom propre,
comme Jean-Marie Le Guen. La position du PS est claire: nous n’avons
pas à entrer dans les affaires ivoiriennes ». Pourtant, Jean-Christophe Cambadélis, répondant le
16 octobre à Abidjan aux questions
de Radio France internationale,
avait déclaré qu’il était venu « dans
le cadre de son mandat » de secrétaire national du PS.
Interrogé mercredi 8décembre
par Le Monde, M.Cambadélis a
répondu par écrit qu’il avait annoncé lors du «bureau national du
2 septembre » qu’il se rendrait en
Côte d’Ivoire «si les élections
étaient maintenues ». «Martine
Aubry, a-t-il précisé, était absente,
et nous n’avons évoqué ce sujet
qu’à mon retour », suite à l’article
du Monde relatant son voyage.
« Suspicion, dénigrement »
Adjoint au maire de Paris chargé de la santé, M.Le Guen admet
qu’il n’est « pas un spécialiste de
l’Afrique». Il dit s’être rendu à Abidjan en octobre «à titre personnel »
et avoir « croisé » M.Cambadélis,
tout en reconnaissant avoir rencontré M. Gbagbo avec lui. Il affirme avoir eu, de son côté, des entretiens avec les autres candidats à la
présidentielle ivoirienne.
«Laurent Gbagbo doit appliquer
les décisions des organisations
internationales, déclare aujourd’hui le député de Paris. En même
temps, tempère-t-il, ces organisations doivent utiliser la diplomatie
pour éviter des tensions extrêmes.
Parler de vainqueur et de vaincu
me paraît dangereux. »
Sur le blog de M. Cambadélis, un
long historique de la crise en Côte
d’Ivoire se termine ainsi : « A chaque instant, on peut tomber dans
la guerre civile. L’impasse est totale.
Seul Laurent Gbagbo, en se retirant,
peut éviter une nouvelle épreuve à
son peuple. »
La sympathie à l’égard de Laurent Gbagbo s’affiche plus nettement dans les propos d’Henri
Emmanuelli, député socialiste des
Landes et ami personnel du président ivoirien sortant. « Le résultat
[de l’élection] n’est pas clair. Laurent Gbagbo est en tête dans la plupart des régions, estime-t-il dans le
quotidien Sud Ouest du 4 décembre. Si les choses sont rétablies, le
vote peut très bien être inversé. »
Dans un texte cosigné avec le
député François Loncle et publié
vendredi 3 décembre, M. Emmanuelli dénonce même «une campagne de suspicion et de dénigrement à sens unique dirigée contre
les autorités ivoiriennes (…) entreprise [par] la majorité des médias
français (…). Dès qu’il s’agit d’Afrique, ils sont, une fois de plus, les
champions des donneurs de
leçons», ajoutent-ils.
Quant à Guy Labertit, ami proche de Laurent Gbagbo et ancien
responsable Afrique du PS, il se targue d’avoir assisté à la « prestation
de serment » de Laurent Gbagbo
«qui respecte les lois et les procédures républicaines ».
Les médias ivoiriens favorables
à Laurent Gbagbo mettent en
avant les propos amicaux de ces
« camarades» français. Sur le site
Facebook de M. Gbagbo, à côté
d’une photo de l’intéressé rayonnant, ceint de l’écharpe rouge de
président, est publié le texte de
M.Emmanuelli gratifié du titre de
«grand démocrate de la France ».p
Philippe Bernard
toria chargeant les Nations unies
d’un rôle central dans le processus
électoral ivoirien, dont la certification des résultats.
Face au silence embarrassé du
Conseil de sécurité, et alors que
l’Union européenne, la France et
les Etats-Unis ont apporté leur soutien au vainqueur Ouattara, Ban
Ki-moon, le secrétaire général de
l’ONU, s’est fendu de trois déclarations en l’espace de quatre jours :
pour féliciter Alassane Ouattara,
demander au président sortant de
s’incliner et exprimer sa « profonde inquiétude » à propos de l’impasse politique « en dépit du résultat transparent et crédible » de la
présidentielle.
Une réalité que l’envoyé spécial
de Ban Ki-moon en Côte d’Ivoire,
Choi Young-jin, a tenu à confirmer à ceux qui en douteraient
encore au sein du Conseil de sécurité. « Les résultats obtenus par
mes méthodes de certification
sont très clairs », a martelé l’émissaire lors d’une vidéoconférence,
mardi 7 décembre. « Un seul candidat a remporté l’élection, avec une
nette avance. Même si toutes les
plaintes du camp présidentiel
étaient prises en compte, les résultats ne changeraient pas et le candidat Ouattara resterait le vainqueur de l’élection. »
Le Sud-Coréen, qualifié
d’« agent de déstabilisation » par
Abidjan, a souligné qu’il avait luimême « procédé à l’évaluation et
l’analyse des procès-verbaux »
transportés par le personnel de
l’ONU et reçu par la CEI. Choi
Young-jin, qui dirige l’Onuci
depuis octobre 2007, est devenu
le bouc émissaire du camp Gbagbo. L’ambassadeur ivoirien
auprès des Nations unies, Alcide
Djédjé, qui conseille Laurent Gbagbo et vient d’être promu ministre
des affaires étrangères, le menace
d’expulsion, mais l’ONU reste
confiante.
« Une action à son encontre ne
nous surprendrait pas, mais cela
sous-entendrait un gros risque politique », estime un fonctionnaire
onusien, expert de l’Afrique de
l’Ouest. L’émissaire de Ban
Ki-moon devrait donc pouvoir
rentrer sans souci à Abidjan, après
sa visite à Abuja, au Nigeria, où il
participait à un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest
(Cedeao). Cette organisation sousrégionale africaine a exhorté Laurent Gbagbo à « rendre le pouvoir
sans délai » et suspendu la Côte
d’Ivoire, l’un de ses 15 membres.
L’envoyé spécial
de Ban Ki-moon
en Côte d’Ivoire, Choi
Young-jin, est devenu
le bouc émissaire
du camp Gbagbo
Sur le terrain, les Nations unies
ont commencé, mardi matin, à
retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, « du fait
de la situation sur le plan sécuritaire ». L’ONU refuse toutefois de parler d’« évacuation ». Ces civils vont
être « relogés » en Gambie. L’Onuci dispose de 9 150 casques bleus
et policiers et d’environ
1 500 employés civils, dont un
tiers seulement de ressortissants
internationaux. La priorité, assure une source spécialiste du maintien de la paix, c’est la protection
des civils : « Nous sommes dans
une logique de renforts militaires
et pourrions déployer des centaines de troupes supplémentaires
dans les jours qui viennent. » p
Alexandra Geneste
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6 International
0123
Jeudi 9 décembre 2010
La «sale guerre»
afghane à Salavat,
village rétif aux
appels de l’OTAN
Prise entre les talibans et les troupes de l’Alliance,
la population refuse de choisir son camp
Reportage
Salavat
(province de Kandahar)
Envoyé spécial
U
ne plaine poussiéreuse au
sud-ouest de la ville de Kandahar, près de la rivière
Arghandab, qui coule vers le
désert bordant le Pakistan. Le village de Salavat, dans le district de
Panjwayi, est réveillé depuis longtemps. Cette matinée fraîche de
fin novembre, une patrouille de
l’armée canadienne accompagne
des soldats afghans venus distribuer des couvertures, des cahiers
et des blousons aux enfants. L’événement attire aussi des adultes, circonspects, qui protestent contre la
présence de soldats sur une butte
qui domine les maisons protégées
par ces hauts murs de pierre sèche
qui jalonnent les rues de terre de
tous les villages afghans.
Au terme de la distribution,
près des enfants et des militaires,
une bombe artisanale est découverte, enterrée dans le sol. Les
démineurs du camp canadien de
Folad, situé à l’entrée de Salavat,
sont dépêchés et la neutralisent.
Peu de tempsaprès, un soldat canadien est interpellé par un enfant,
T U R K M É N I STA N
O U Z B.
TA DJ I K .
IRAN
Salavat
PA K I STA N
Abdul Khaliq, qui lui désigne un
endroit suspect au pied d’un mur.
Un autre explosif y est dissimulé.
Les militaires s’affairent de nouveau. Soudain, c’est l’explosion.
Un démineur croyait la bombe
désamorcée après avoir sectionné
un détonateur,mais c’était un leurre. Il perdra un bras et son visage
devra subir de la chirurgie réparatrice. Il devait terminer sa mission
en Afghanistan sept jours plus
tard. « C’était notre 71e sortie, confie
Mike Gabriel, chef du groupe, une
tous les deux jours, le plus grand
nombre depuis que les Canadiens
sont en Afghanistan. »
Ainsi va la « sale guerre » afghane, comme la qualifie le capitaine
Jocelyn Demetre. L’essentiel des
morts et des blessés canadiens,
comme ceux des autres pays
envoyés sur place, sont tombés de
cette manière, sans jamais avoir
vu l’ennemi. Ils faisaient souvent
partie de ces patrouilles à pied qui
parcourent les ruelles des villages.
Chaque fois, c’est la roulette russe :
la nuit dépose son lot de pièges
mortels que les soldats s’efforcent
d’éviter le jour venu.
Salavat est un gros village étendu, de plus de 3 000 personnes,
entouré de champs et de vignes,
bordé par un cimetière accroché à
flanc de colline. Quatre « anciens »
désignés par la population tentent
de le gérer en dépit de divisions
internes. Le véritable leader, Haji
Khairullah Khan, a été menacé par
les talibans pour leur avoir demandé de ne pas impliquer le village
dans leurs activités. Il doit maintenant vivre à Kandahar. Un autre
homme agit en coulisse, Haji Pir
Mohammad, jugé plus accommodant.
Présent lors de la distribution
des fournitures scolaires, la tête
coiffée d’un grand turban blanc,
Pir Mohammad ne mâche pas ses
mots. « On n’en a pas besoin, ce
qu’il nous faut, c’est de l’argent,
Des soldats canadiens discutent avec les habitants de Salavat au cours d’une patrouille, le 11 septembre. ANJA NIEDRINGHAUS/AP
donnez-nous 2 millions d’afghanis
[35 000 euros], ce sera plus utile. »
A ses côtés, un habitant répond
aux soupçons. « On a dit aux talibans qu’on pouvait leur donner de
l’eau, de la nourriture, mais qu’on
ne se battrait pas avec eux », explique Haji Gulalam.
Assis au bord de son champ,
Atha Jan Halladad caresse sa barbe
grise en parlant du village. « C’est le
manque d’éducation qui pousse les
jeunes vers les insurgés. Certains
habitent ici, ils ne respectent pas
leurs parents et se cachent derrière
les talibans pour avoir des armes. »
Selon les services de renseignement afghans (NDS), le district de
Panjwayi, où se trouve Salavat, est
un lieu stratégique pour l’insurrection: voies de ravitaillement, zone
de culture du pavot. C’est là que les
talibans ont refait surface en 2004
et2005.C’estlàaussiqu’ilsontcompris qu’ils ne gagneraient jamais
une guerre frontale contre l’OTAN,
après avoir perdu des centaines de
combattants en septembre 2006
face aux troupes canadiennes.
Un réseaudense de petits mollahs constitue, dans les 150 villages
de Panjwayi, la structure sociale de
base du mouvement taliban. Source d’information, de recrutement
et support idéologique, ils les
aident à tenir un terrain où pourtant, selon l’organisation afghane
Tribal Liaison Office, la pratique
religieuse de la population locale
est moins rigoriste que celle professée par les talibans.
Toujours selon le NDS, à Panjwayi, cohabitent d’anciens piliers
du régime taliban au pouvoir
entre 1996 et 2001, partisans d’une
ligne dure, et de nouveaux venus.
Le chef taliban de Panjwayi,
Malem Fida Mohammad, est un
ancien professeur qui s’est battu
Soudain, l’explosion.
Un démineur croyait
la bombe désamorcée
après avoir sectionné
undétonateur,
mais c’était un leurre
contre les Russes avant de devenir
chef de la police de Panjwayi sous
les talibans. Arrêté en 2002 par les
Américains, il fut relâché après
intervention de leaders de sa tribu.
Fin 2009, les talibans tenaient
70 % du grand Panjwayi (qui inclut
le district voisin de Zhari). Après
l’offensive américaine lancée à la
fin de l’été, ils en contrôleraient
moins de 30 %. Les Canadiens ont
été concentrés dans le seul district
de Panjwayi alors qu’ils avaient
depuis 2002 la charge de toute la
province de Kandahar. Mais, à sept
moisdu retrait des troupesde combat canadiennes et du début du
retour au pays des premiers éléments américains, la coalition est
engagée dans une course contre la
montre pour gagner le soutien
d’une population qui paraît lasse
et hostile.
Lors d’une choura (assemblée
de village), la veille de l’explosion à
Salavat, dans le village voisin de
Chalgor, face à quelques rares
« anciens », prévenus dans la précipitation, le général Dean Milner,
chef des forces canadiennes en
Afghanistan, livra le message de
l’OTAN : « C’est un moment-clé, on
n’a jamais eu autant de moyens
pourlutter contre les talibans,profitez-en et venez nous dire qui sont
les talibans qui viennent dans vos
villages la nuit. » Dubitatifs devant
cette urgence après huit ans de présence de l’OTAN dans le pays, l’assistance clairsemée exprima en
retour son refus de se battre contre
les talibans.
Egalement présent, le seul
appui local afghan de la coalition,
le chef du district de Panjwayi, Haji
Baran, dont la vie est menacée,
exhorta les quelques participants
à la choura à « pardonner l’OTAN et
l’armée afghane pour ce qu’ils ont
fait dans le passé ».
A Salavat, comme à Chalgor, les
Canadiens veulent rouvrir l’école,
alors que la population se satisfait
de l’enseignement religieux donné dans les mosquées du village.
« Les gens veulent qu’on les laisse
tranquilles, estime l’un des mollahs de Salavat, Nour Ahmad, ils ne
veulent plus être fouillés sans cesse
et craignent d’être victimes des
combats,beaucoup quittent levillage. » En écho à ses propos résonne
aumême moment,à l’ouestdePanjwayi, comme chaque jour, le bruit
de tirs de mortiers et, plus loin, de
frappes de chasseurs-bombardiers
faisant la traque aux insurgés.
Deux jours après l’explosion de
la bombe à Salavat, une patrouille
a remis la main sur Abdul Khaliq,
le jeune garçon qui avait prévenu
de la présence d’un objet suspect.
Il a assuré qu’il avait vu, le matin
même, quelque chose de changé
au bas du mur situé face à sa maison. Avait-il été envoyé pour
qu’un soldat tombe dans le piège ?
Personne ne le saura. Abdul, tête
baissée, l’air apeuré, est parti sans
se retourner, laissant intacts une
incompréhension réciproque et le
sentiment que le dialogue est loin
d’être acquis. « Mon but est peutêtre utopique, conclut le major
Jean-Christian Marquis, le chef du
camp de Folad. Mais il est de revenir sans aucune victime. » p
Jacques Follorou
La médiation de Washington échoue sur
la question de la colonisation israélienne
Haïti: le secondtour de la présidentielle
opposeraMirlande Manigat et JudeCélestin
Le revers américain condamne les négociations directes israélo-palestiniennes
Des partisans de Michel Martelly, candidat évincé, ont érigé des barrages
Jérusalem
Correspondant
L
esEtats-Unisontannoncéofficiellement, mardi 7 décembre, la fin de leurs efforts pour
obtenir d’Israël un nouveau moratoire sur la construction dans les
territoires occupés palestiniens.
L’administration américaine a tenté d’habiller ce qui se révèle être un
sérieux revers pour le président
Barack Obama comme un possible
« changement de tactique » et non
un « changement de stratégie »,
selon la litote utilisée par le porteparole du département d’Etat, Philip Crowley.
«Après des efforts considérables,
nous sommes parvenus à la conclusion que cela [un nouveau
moratoire] ne crée pas de fondation
solidepourparveniràl’objectifcommund’unaccord-cadre»,a-t-il ajouté. La décision américaine laisse le
« processus de paix » dans une
impasse. Contrairement au précédent moratoire de dix mois arrivé à
échéance fin septembre, qui ne
concernait que la Cisjordanie,
l’Autorité palestinienne avait
accepté le principe d’une reprise
des négociations directes à condition que le nouveau gel de la
construction s’applique également
à Jérusalem-Est.
Bien que cette condition ait été
rejetée avec constance par le premier ministre israélien, Washington s’est efforcé ces dernières
semainesdefaire fléchirBenyamin
Nétanyahou en offrant à Israël un
ensemble de mesures incitatives,
incluant la livraison de vingt chasseurs furtifs F-35, et l’engagement
d’opposer son veto à toute résolution considérée comme anti-israélienneaux Nations unies.Méfiants,
les responsables israéliens ont exigé que cela fasse l’objet d’une propositionécritestipulantquele nouveau moratoire ne s’appliquerait
pas à Jérusalem-Est.
Débloquer les pourparlers
L’administration américaine s’y
est refusée, et la proposition de
Washington n’a jamais été officiellement transmise aux autorités
israéliennes. En réalité, l’instauration d’un nouveau gel de la colonisation de trois mois permettant la
reprise de négociations directes
avait toutes les chances d’être aussi
stérile que le précédent : aucun
expert n’imaginait qu’un tel délai
serait suffisant pour aboutir à un
accord, d’autant que les Palesti-
niens demandaient que le premier
sujet évoqué soit celui du tracé des
frontières de leur futur Etat, ce
qu’Israël refusait.
Et maintenant ? Les responsables américains ont souligné que
les négociateurs israéliens et palestiniens se retrouveraient la semaine prochaine à Washington pour
envisager, avec l’administration
américaine, la possibilité de débloquer les pourparlers, au cours de
«cette deuxième phase » des négociations. En tout état de cause, il ne
s’agira pas de négociations directes, tout au plus de « discussions de
proximité », lesquelles n’ont permis aucune avancée dans le passé.
Cenouveléchec dela diplomatie
américaine ouvre une période d’incertitude, que les Palestiniens
comptent utiliser pour faire progresser, sur le plan international,
leurobjectif de faire reconnaître un
Etat palestinien dans les frontières
de 1967. L’Autorité palestinienne a
exprimé sa « grande satisfaction »
mardi, après l’annonce par l’Argentine et le Brésil de leur reconnaissance d’un tel Etat. Outre l’Uruguay, plusieurs pays d’Amérique
latine devraient faire de même au
cours des prochaines semaines. p
Laurent Zecchini
Saint-Domingue
Correspondant
M
irlande Manigat, une
juriste âgée de 70 ans, disputera le second tour de
l’élection présidentielle haïtienne
le 16 janvier 2011 avec Jude Célestin, le dauphin du président René
Préval, qui ne pouvait se représenter. Neufjours après le scrutin marqué par d’importantes irrégularités, par des violences et des accusations de fraude, le conseil électoral
a annoncé que Mme Manigat était
arrivée en tête au premier tour
avec 31,37 % des suffrages.
Obtenant 22,48 % des voix, Jude
Célestin, un ingénieur âgé de
48 ans qui dirige la compagnie
nationale de travaux publics,
devance de moins d’un point
Michel Martelly, un chanteur
populaire. Surnommé « Sweet Micky », il a obtenu ses meilleurs résultatsdans la capitale, où la popularité du président Préval s’est effondrée depuis le tremblement de terre du 12 janvier, qui a fait 250 000
morts et plus d’un million de sinistrés vivant toujours dans des
conditions inhumaines.
Des partisans de M. Martelly
ont érigé des barrages de pneus
enflammés peu après l’annonce
desrésultats dans la capitale et plusieurs villes de province. Des tirs
ont été entendus, selon Radio Kiskeya,une station locale. L’ambassade des Etats-Unis a lancé un appel
aucalme dans la soirée.«Le gouvernement américain est préoccupé
par la publication des résultats préliminaires (…) qui ne correspondent
pas avec les résultats publiés par le
conseil national d’observation électorale (…) ni avec les observations
faites le jour du vote par des officiels américains », souligne l’ambassade.
Incidents violents
Douze candidats à la présidence
ontdemandél’invalidationduscrutin, entaché, selon eux, de « fraude
massive» et marqué par la désorganisation qui a empêché de nombreux électeurs de voter. Mme Manigat et M. Martelly, qui s’étaient
d’abord joints à cette demande, ont
fait volte-face et ont annoncé qu’ils
respecteraient les résultats. Des
manifestations, émaillées d’incidents violents, ont eu lieu la semainedernièrepourréclamerl’annulation des élections et la démission
du conseil électoral et de M.Préval.
La seule mission d’observation
internationale, créée par l’Organisation des Etats américains (OEA)
et la Communauté des Caraïbes,
avait conclu que les graves irrégularités constatées « n’invalidaient
pas nécessairement le processus
électoral ». Le secrétaire général
des Nations unies, Ban Ki-moon, a
reconnu, vendredi, que les irrégularités étaient « plus sérieuses
qu’on ne le pensait initialement ».
Les représentants de la communauté internationale se sont
inquiétés des conséquences des
violences postélectorales sur l’accès aux soins, alors qu’Haïti est en
proie à une épidémie de choléra
qui a fait 2 120 morts et a concerné
près de 90 000 personnes depuis
la mi-octobre, selon le dernier
bilan officiel. La diffusion, à la
veille de l’annonce des résultats
électoraux, du rapport de l’épidémiologiste français Renaud Piarroux, situant l’origine de l’épidémie dans le camp des casques
bleus népalais, risque de raviver
les manifestations contre la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah).
L’ONU a répété, mardi, qu’il n’existait « aucune preuve concluante »
sur l’origine de l’épidémie. p
Jean-Michel Caroit
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0123
Jeudi 9 décembre 2010
L’Union européenne ouvre la voie
à l’entrée de la Russie dans l’OMC
L’accord porte notamment sur les taxes douanières, le fret ferroviaire ou les exportations,
et prévoit que Moscou libéralise des réglementations qui brident les investissements étrangers
qui les rapproche plutôt qu’aux
nombreux sujets qui les éloignent.
Aux demandes pressantes de Moscou, qui transforme une exemption de visas pour les citoyens russes en condition d’un véritable rapprochement, Bruxelles oppose la
nécessitéde procéder «par étapes »
mais s’affirme désireuse de faire
« de vrais progrès », comme le dit
M. Barroso. M. Medvedev répond
qu’il veut « aller de l’avant », mais
«sans déséquilibrer l’UE».
Au sujet de l’énergie, M. Barroso
avance très prudemment qu’il
« attend que ne se reproduise pas »
une crise du gaz comme celle de
2009, quand un désaccord entre la
Russie et l’Ukraine avait entraîné
Bruxelles
Bureau européen
L
a diplomatie européenne,
qui n’a pas enregistré de
résultats tangibles lors des
récents sommets qu’elle a tenus à
Lisbonne, avec les Etats-Unis, et à
Tripoli, avec l’Union africaine, risquait d’engranger un autre bilan
bien maigre lors de la réunion
qu’elle tenait, à Bruxelles, avec la
Russie, mardi 7 décembre.
Heureusement, il y avait le dossier très symbolique d’une possible adhésion de Moscou à l’Organisation mondiale du commerce
(OMC) : après dix-sept années de
tractations, dont six avec l’Union
européenne (UE), la Russie devrait,
en principe, intégrer l’OMC en
2011, ont annoncé Herman Van
Rompuy et José Manuel Barroso,
respectivement président du
Conseil européen et président de
la Commission de Bruxelles.
Pour les Vingt-Sept, dont le déficit commercial avec la Russie a
atteint 50 milliards d’euros en
2009, c’est la perspective de relations commerciales plus simples
et plus équilibrées.
Pour la Russie – qui a signé un
accord similaire avec les Etats-Unis
en 2009 –, c’est un motif de «grande satisfaction », a indiqué le présidentMedvedev,etlesignequeMoscou veut poursuivre sur la voie du
Partenariat pour la modernisation,
une initiative lancée en juin qui
semblait enlisée.
Les dirigeants russes insistaient
surtout sur la modernisation de
leur économie tandis que Bruxelles faisait du respect de la règle de
droit un préalable à toute véritablecoopération dans divers domaines : la recherche, l’espace, les
transports, la lutte contre la corruption, les droits de la propriété
intellectuelle, etc.
L’accord annoncé mardi officia-
M. Van Rompuy
a voulu «encourager»
M. Medvedev
à «œuvrer
pour une société
démocratique»
Dmitri Medvedev avec M. Van Rompuy, président du Conseil
européen, et M. Barroso, président de la Commission. G. COBET/AFP
lise la fin de désaccords concernant des taxes douanières sur certaines matières premières, la tarification du fret ferroviaire ou, à terme, de droits à l’exportation discriminatoires, pour le pétrole brut,
par exemple. Il suppose aussi que
la Russie se soumette aux normes
de l’OMC et libéralise une série de
réglementations, surtout destinées à brider les importations et
les investissements étrangers.
Les dirigeants européens n’ont
pas répondu aux récents appels
du premier ministre, Vladimir
Poutine, à créer une zone de libreéchange « de l’Atlantique à Vladivostok » ni aux critiques de la Russie sur les difficultés qu’elle rencontre pour investir dans l’UE,
dans le domaine de la distribution
d’énergie entre autres.
Dans l’immédiat, les deux parties s’en tiendront d’ailleurs à ce
l’interruption des livraisons à l’UE.
« Nos rapports avec l’Ukraine sont
meilleurs et la meilleure garantie
pour les fournitures, c’est l’argent »,
a indiqué le président russe.
Reste un autre axe majeur de
défiance, celui du respect des droits
del’homme.M. VanRompuyavoulu « encourager » M. Medvedev à
«œuvrer pour une société démocratique». Il a évoqué le sort de journalistes ou de militants des droits de
l’homme. Il a appelé au respect de
l’intégrité et de la souveraineté de
laGéorgie.Surcessujets,M. Medvedev n’a pas répliqué. Il préférait
répondreaux questionssoigneusement triées de journalistes russes
surlacrise delazone euro etconfier
sa «préoccupation » à ce sujet. p
Jean-Pierre Stroobants
avec Philippe Ricard
ProcèsàParispour
quatreFrançais
disparusauChili
dans les années 1970
Quatre ans après la mort du général Pinochet,
la cour d’assises juge quatorze accusés
A
quoi sert un procès Pinochet quatre ans après la
mort du dictateur ? A la
manifestation de la vérité. Pour les
victimes et leurs familles, pour les
nouvelles générations guettées
par l’oubli, cette mission va
au-delà de sa valeur symbolique.
Même si le dictateur chilien ne
peut plus être condamné, les exactions du régime du général
Augusto Pinochet (1973-1990)
méritent d’être jugées. C’est du
moins ce qu’a estimé la justice
française, les plaignants – proches
des victimes – et des défenseurs
des droits de l’homme, qui se sont
constitués partie civile.
La cour d’assises de Paris devait
entendre, mercredi 8 décembre, la
lecture de l’acte d’accusation. Les
juges ont retenu des cas de disparitions forcées, car le caractère continu de ce crime suspend la prescription, contrairement à l’homicide.
Et la justice française se déclare
compétente parce que les quatre
victimes sont des Franco-Chiliens.
Le premier disparu, Georges
Klein, conseiller du président
socialiste Salvador Allende, a été
arrêté au palais présidentiel de La
Moneda lors de l’assaut desmilitaires, le 11 septembre 1973. Le deuxième, Etienne Pesle, ancien prêtre, a
été détenu huit jours plus tard par
la force aérienne dans la région de
Temuco, où il était chargé de la
réforme agraire.
Les deux autres étaient des militants du Mouvement de la gauche
révolutionnaire (MIR). Alphonse
Chanfreau a été arrêté à Santiago
le 30 juillet 1974, et a disparu après
avoir été torturé dans des centres
clandestins de détention. JeanYves Claudet a été séquestré à Buenos Aires, le 1er novembre 1975,
dans le cadre du « plan Condor »,
une opération de coordination des
dictatures sud-américaines.
La procédure avait démarré
après l’arrestation du général Pinochetà Londres, en 1998, à la demande du juge espagnol Baltasar
Garzon. La Chambre des lords
avait fini par renvoyer le général
dans son pays, où il est mort en
2006, sans avoir rendu compte de
ses actes.
Tribunaux chiliens bloqués
L’initiative du juge Garzon a
néanmoins relancé la justice internationale et a mis en lumière les
blocages des tribunaux chiliens.
Depuis, 277 militaires, policiers ou
civils impliqués dans les crimes de
la dictature ont été condamnés au
Chili, pour exécutions sommaires,
disparitions ou tortures.
Parmi eux, 53 purgent leur peine, 89 bénéficient d’une remise de
peine ou d’une liberté surveillée et
135 attendent la confirmation de
leur sentence. Près de 350 procédures sont encore en cours. Le nombre des victimes de la dictature
s’élève à 3 197 morts ou disparus et
29 000 torturés.
A Paris, à défaut de Pinochet, les
14 accusés restants sont des officiers chiliens et un de leurs collaborateurs, argentin. Ils seront tous
jugés en leur absence. Le plus gradé
est le général Manuel Contreras, le
créateur de la Direction nationale
durenseignement(DINA),condamné et emprisonné au Chili. p
Paulo A. Paranagua
Un officier des services russes est mis en cause
pour une série d’attentats organisés en Géorgie
Iran
Moscou s’est opposé à ce que le «conflit» géorgien soit mentionné au dernier sommet de l’OSCE
GENÈVE. La première rencontre depuis octobre 2009 entre l’Iran et le
groupe des Six (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine, Allemagne) a abouti à l’annonce qu’une nouvelle réunion se tiendrait fin janvier 2011 à Istanbul. Lors des discussions, lundi 6 et mardi 7 décembre, à
Genève, les participants ont campé sur leurs positions : l’Iran insistant
sur son « droit inaliénable » à l’enrichissement d’uranium, et les Six le
pressant de se conformer à ses obligations internationales. Aucune percée n’a été annoncée, bien que la haute représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton, ait parlé de discussions « substantielles,
constructives et détaillées ». Aucune rencontre bilatérale n’a eu lieu
entre le représentant américain, Bill Burns, et l’émissaire iranien, Saïd
Jalili. A Téhéran, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a indiqué, mardi, que les sanctions internationales devaient être levées
contre l’Iran pour que « les discussions soient productives ». p
Moscou
Correspondante
L
es autorités géorgiennes ont
confirmé, mardi 7 décembre,
l’arrestation de six personnes
impliquées dans une récente série
d’attentats à la bombe. Ces derniers mois, six explosions d’origine criminelle ont eu lieu en Géorgie. La première, le 22 septembre,
survenue à proximité de l’ambassade des Etats-Unis à Tbilissi, n’a
pas fait de victime. La dernière, le
28 novembre, a causé la mort
d’une femme qui passait non loin
des locaux d’un parti d’opposition,
au cœur de la capitale géorgienne.
D’après les premiers éléments
de l’enquête, les suspects, des Géorgiens, auraient agi pour le compte
du renseignement militaire russe
Sur France Info
Olivier Emond
“En direct du Monde”
du lundi au vendredi à 21h25
avec
(GRU). Deux autres personnes
sont recherchées, dont un officier
russe basé en Abkhazie.
« Intégrité territoriale »
L’Abkhazie est une ancienne
région autonome géorgienne dont
l’indépendance, après la guerre
russo-géorgienne d’août 2008, n’a
été reconnue que par quatre pays :
la Russie, le Nicaragua, le Venezuela et Nauru. Moscou y maintient
des milliers de soldats ainsi que
des missiles S300, en violation des
accords de paix signés sous l’égide
de l’Union européenne (UE).
Selon le ministère géorgien de
l’intérieur,lessuspects, dontlechef
du réseau Goguita Arkania, un
ancien artificier de l’armée géorgienne, ont avoué avoir reçu leurs
ordres, plans d’attaque et explosifs
des mains d’un représentant du
GRU. Cet officier, Evgueni Borissov,
actuellement en service en Abkhazie, n’est pas un inconnu. En 2008,
il faisait partie de la « mission de
paix» russe en Abkhazie.
Evgueni Borissov a ensuite été,
côté abkhaze, le principal contact
de la « ligne d’urgence » mise en
place par la mission d’observation
de l’UE en Géorgie (EUMM) pour la
prévention des incidents. « Les
témoignages des personnes arrêtées, les relevés de leurs portables
font de cet officier un suspect. Nous
demandons à la Russie de coopérer
à l’enquête, comme le prévoit le
droit international », explique le
porte-parole du ministère de l’intérieur, Chota Outiachvili.
Cette série d’attentats est prise
au sérieux par les diplomates occidentaux, agacés par le déploiement récent de lance-roquettes
multiples russes de type Smerch
sur le territoire de l’Ossétie du Sud,
autre Etat autoproclamé. Installés
non loin de l’ancienne ligne de
front, les lance-roquettes, d’une
portée de 70 à 120 kilomètres,
menacent directement Tbilissi.
Ce regain d’activité militaire
russe n’est pas un bon signe. Il
intervient alors que le président
géorgien, Mikhaïl Saakachvili, n’a
eu pourtant de cesse, ces derniers
mois, d’inviter Moscou au dialogue. « La Russie ne reconnaît ni
notre gouvernement ni nos frontières. L’Europe a un rôle important à
jouer pour créer un meilleur climat
de négociation », avait-il déclaré
devant les députés européens, le
23 novembre, à Strasbourg.
La Russie ne veut rien savoir.
Lorsduderniersommetdel’Organisationdelasécuritéetdelacoopération en Europe (OSCE) à Astana
(Kazakhstan) début décembre,
Sergueï Lavrov, ministre russe des
affaires étrangères, s’est vivement
opposé à ce que la déclaration mentionnel’existence d’un «conflit » en
Géorgie. «Il ne peut être question de
l’intégrité territoriale de la Géorgie
dans ses frontières du passé », a-t-il
déclaré. En revanche, pour son
homologuegéorgien,GrigolVachadze,«tôtoutard,laRussiedevradialoguer » et « mettre fin à l’occupation des territoires géorgiens».p
Marie Jégo
Relance des discussions entre
Téhéran et les grandes puissances
Inde Un mort dans un attentat à Bénarès, ville sainte
NEW DELHI. Un attentat à l’explosif a fait un mort – une fillette de deux
ans – et 35 blessés, mardi 7 décembre, à Varanasi (Bénarès), ville sainte
hindoue au bord du Gange et l’un des hauts lieux du tourisme en Inde.
L’engin de fabrication artisanale avait été dissimulé sur l’un des
« ghat », esplanades de marche d’où la foule de pèlerins et de touristes
assiste aux rituels mortuaires sur le fleuve. L’attentat a été revendiqué
par les Moudjahidines indiens (IM), un groupe djihadiste indien. Il
s’agit de la première attaque terroriste en Inde depuis l’attentat de Pune
(Maharashtra) en février qui avait fait neuf morts. – (Corresp.)
Corée du Nord Séoul, Washington et Tokyo demandent
à Pyongyang de cesser ses « actes de belligérance »
TOKYO. La Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon ont annoncé, lundi
6 décembre, qu’ils n’entendaient pas reprendre les négociations sur la
dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée
(RPDC) tant que celle-ci n’aurait pas mis fin à ses « provocations » et à ses
« actes de belligérance » et pris « des mesures concrètes de démantèlement de son arsenal atomique ». La secrétaire d’Etat américaine, Hillary
Clinton, le ministre sud-coréen des affaires étrangères, Kim Sung-hwan,
et son homologue japonais, Seiji Maehara, étaient réunis à Washington
pour coordonner leurs trois pays face à la RPDC. – (Corresp.)
Etats-Unis Dépôt de plainte contre un ancien officier nazi
WASHINGTON. Mark Gould, un chercheur américain infiltré pendant
quatre ans dans les milieux néonazis en Allemagne, a annoncé, mardi
7 décembre, avoir porté plainte à Washington contre l’ancien officier
nazi Benhardt Frank, 97 ans, pour avoir signé un ordre, le 28 juillet 1941,
ayant entraîné la mort de plusieurs milliers de juifs par les SS, en Europe centrale. Mais des historiens et Efraim Zuroff du Centre Simon-Wiesenthal ont émis des doutes quant à l’efficacité d’une telle procédure.
France 9
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Première crise au sein du mouvement écologiste
Deux lignes s’affrontent après la démission de Jean-Paul Besset de la présidence d’Europe Ecologie-Les Verts
C
’est un véritable coup de
poing sur la table que vient
de donner Jean-Paul Besset.
Dans un courrier envoyé aux responsables du mouvement et
publié sur le site de Marianne, le
président du conseil fédéral d’Europe Ecologie - Les Verts s’est
démis de toutes ses responsabilités internes pour protester contre
la « situation de conflit interne »
qu’il dit vivre au sein du tout nouveau parti. Il dénonce un « climat
délétère de guerre froide et de paix
armée » qui se serait installé dans
les rangs écologistes depuis les
élections régionales de mars.
Voilà deux semaines que ce proche de Nicolas Hulot, co-initiateur
du rassemblement des écologistes,
avait fait part de son exaspération.
Lui qui œuvrait depuis trois ans au
mariage des diverses traditions de
l’écologie – celle des Verts, celle des
amis de Daniel Cohn-Bendit ou celle des écologistes issus du milieu
associatif – a expliqué à tous les
cadorsdumouvementqu’ilnevoulait plus couvrir leurs petits jeux.
Il explique que les vieux
réflexespolitiques, coupstordus et
campagnes de dénigrement internes l’ont épuisé. « La fusion-dépassement n’a pas eu lieu », écrit-il. Les
assises de Lyon, le 13 novembre,
célébrant dans une grande messe
le nouvel attelage écolo sont, selon
lui, un échec et un leurre.
Jean-PaulBesset aurait été particulièrement meurtri par deux épisodes récents, démontrant les
jeux de pouvoir incessants. Tout
d’abord, la vague d’adhésions massives, notamment tamoules, en
Seine-Saint-Denis tentée par les
amis de Stéphane Gatignon à l’occasion des assises de fondation et
le silence gardé par Daniel CohnBendit semblant couvrir son ami.
Ensuite, comme en écho, la
négociationsecrète tenue par JeanVincent Placé et Jean-Marc Brulé
avec les négociateurs du PS pour
té de Paris Yves Cochet. Eva Joly reste silencieuse, préférant ne pas
entrer dans les conflits internes.
Le retrait de M. Besset sonne
comme un premier échec. Celui
d’un mouvement qui se voulait
différent et ouvert. Le président
démissionnaire – il va prendre la
tête de la futurefondation du mouvement – espère cependant que
son geste provoquera un « sur-
«C’est dommage,
mais cela va peut-être
obliger les uns
et les autres à plus
de responsabilité»
Daniel Cohn-Bendit
Conseil national des Verts, à Paris, dimanche 28 mars. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »
préparer les sénatoriales de 2011 en
« oubliant » de prévenir les deux
personnalités issues d’Europe Ecologie normalement conviées.
« C’était une stupidité », convient
Mme Duflot, elle aussi inquiète de
l’état du mouvement.
Deuxcampss’affrontentaujourd’hui, comme le décrit le démissionnaire dans son courrier : d’un
côté, les artisans du parti, où bon
nombre d’anciens Verts ont pris
des responsabilités locales et nationales et «reproduisent » les mêmes
pratiques ; de l’autre, Daniel Cohn-
Les échéances avant l’élection présidentielle
13 novembre Assises de fondation d’Europe Ecologie-Les Verts
(EELV), fusion des deux entités.
Quelque 15 000 adhérents revendiqués.
11 décembre Le conseil fédéral,
parlement du parti, se réunit pour
la première fois. 250 cadres doivent arrêter le calendrier des
échéances internes.
Avril Premier congrès d’EELV
avec adoption d’une ligne stratégi-
que, discussion du projet 2012 et
première élection des instances
dirigeantes.
Juin Organisation de la « primaire
écolo » où, pour le moment, en
plus de trois « petits » candidats,
Eva Joly et Yves Cochet sont en
lice. Les adhérents actuels, ajoutés à ceux qui se seraient inscrits
avant le début du processus,
seraient appelés à désigner leur
champion pour l’élection présidentielle.
Bendit et ses amis, favorables à une
coopérative donnant un rôle aux
sympathisants dans laquelle JeanPaulBessetvoit unetentatived’instrumentalisation « en machine de
guerre contre le parti ».
De fait, le congrès prévu au printemps se prépare activement à
Bruxelles. Les amis de « Dany »
veulent y mener à nouveau la
bataille sur les rôles des coopérateurs qu’ils veulent associer à toutes les décisions et élaborations du
parti, et ainsi atténuer l’influence
des Verts. Le débat cache aussi la
tentation toujours présente du
député européen de tirer les écologistes français vers le positionnement de leurs homologues européens, plus au centre et plus
enclins aux alliances alternatives
avec la droite et la gauche. Mais,
pour cela, il lui faut peser en interne avec un courant identifié.
Jean-Paul Besset a tenté de dissuader Daniel Cohn-Bendit en le
ralliant à une motion unique qu’il
aurait présentée avec Cécile
Duflot pour montrer un visage uni
et rassembleur. En vain. « Je veux
un débat au congrès sur l’idée d’organisation et comment on fait
émerger des idées nouvelles», insiste « Dany », qui avait réuni ses
amis dimanche soir.
Le congrès s’annonçait conflictuel. Jean-Paul Besset a préféré
jeter l’éponge pour ne pas avoir à
jouer les arbitres. « Il s’est frotté à
l’exercice de la synthèse, et c’est difficile. Son retrait est douloureux »,
avoue la secrétaire nationale. « Je
crains que les bisbilles ne reprennent de plus belle », souffle le dépu-
saut ». C’est aussi le souhait de ses
amis, soudain tout penauds.
«C’est dommage, maiscela va peutêtre obliger les uns et les autres à
plusde responsabilité et de confiance », prédit M. Cohn-Bendit.
Depuis quinze jours, tout ce
petitmondese reparle. Deuxentrevues entre Jean-Vincent Placé et
« Dany», des rendez-vous collectifs
entre les ténors du mouvement et
une volonté commune de trouver
un fonctionnement plus ouvert…
Et « Dany » a été associé aux négociations avec le PS. Le conseil fédéral du 11 décembre sera l’occasion
d’une catharsis collective. Et peutêtre celle d’avancer sur les modalités de mise en route du réseau coopératif et du calendrier prévoyant
des primaires. p
Sylvia Zappi
Les tentations de Nicolas Hulot pour 2012
L’OMBRE de Nicolas Hulot plane
sur Europe Ecologie-les Verts
(EELV) depuis la fondation du
mouvement le 13 novembre. L’animateur de télévision a salué la
naissance du rassemblement des
écologistes en indiquant qu’il
n’excluait pas de se présenter à
l’élection présidentielle de 2012.
Et ses soudaines « envies » viennent jeter le trouble.
Le coup n’avait rien du hasard.
Le 8 novembre, la « quasi-candidate » Eva Joly avait raté sa prestation à l’émission « Mots croisés »
sur France 2 face à Nadine Morano, alors secrétaire d’Etat à la
famille. Des voix, dans le mouvement, avaient critiqué son éloignement du terrain et sa méconnaissance de certains dossiers. Les sondages ont commencé à faire douter en montrant que, pour un
Français sur trois, Nicolas Hulot,
le père du Pacte écologique, est la
personnalité écologiste susceptible de réaliser le meilleur score
lors de l’élection présidentielle.
Yves Cochet confiait mi-novembre au Figaro: «s’il se déclare avant
le printemps, je retire ma candidature». Daniel Cohn-Bendit ajoutait
qu’il fallait savoir si Hulot y allait
ou non. La plupart des amis de la
fondation créée par Nicolas Hulot
ont rejoint les rangs d’Europe Ecologie et s’y sentent bien depuis que
les résultats électoraux sont au rendez-vous. «Il a le virus et se pose de
manière récurrente la question de
savoir s’il doit franchir le pas», assure Jean-Paul Besset.
Le pari n’est pourtant pas joué.
Les contraintes familiales et professionnelles qui l’avaient fait
reculer en 2007 pèsent toujours.
Passerde lobbyiste
médiatique à acteur
politique est
une décision difficile
Passer du statut de lobbyiste
médiatique à celui d’acteur politique est une décision difficile.
L’animateur est parvenu à faire
signer son Pacte écologique à
500 000 personnes dont la plupart des acteurs politiques de droite et de gauche. Ses thèses ont inspiré le Grenelle de l’environnement et il se prévalait d’avoir
l’oreille de Nicolas Sarkozy. Il a diffusé grâce à son film Le Syndrome
du Titanic les thèmes altermondialistes à une échelle de masse.
« La politique n’est pas sa tasse de
thé, il préfère rester sur la frontière », remarque encore M. Besset.
La situation politique de l’écologie n’est plus celle de 2007. La pédagogie sur l’urgence à préserver la
planète, chère à M.Hulot, a porté
ses fruits. La plupart des partis
l’ont intégrée. Le nouveau parti
écologique, malgré les tensions,
est plus fort que les Verts, qui
avaient recueilli 1,53% à la présidentielle de 2007 avec la candidature de Mme Voynet. «Là, on a une
candidate qui apparaît légitime et
des sondages qui lui donnent entre
7% et 11% », note Pascal Durand,
membre du conseil fédéral.
Enfin, surtout, la polarisation
gauche-droite après cinq ans de
sarkozisme pousse à une orientation plus tranchée des écologistes.
« Le positionnement sur le deuxième tour est essentiel : il faut battre
Sarkozy », martèle le député européen Yannick Jadot. Nicolas Hulot
doit rencontrer Eva Joly le
18décembre pour «échanger ». La
députée européenne lui redira son
«envie d’y aller ». p
S. Z.
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10 France
0123
Jeudi 9 décembre 2010
La régularisation
des sans-papiers
est bloquée
MauriceLeroyassumelamodestie dela
politiquedelavilledugouvernement
La Cité de l’immigration à Paris, occupée
depuis deux mois, est désormais fermée
L
C
ela a fait deux mois, mardi
7décembre, que laCité nationale de l’histoire de l’immigration, à Paris, est occupée par des
immigrés sans papiers soutenus
parla CGT,qui réclament leur régularisation. Depuis une semaine, le
musée a fermé ses portes, aussi
longtemps que le conflit, enlisé
dans des négociations entre le syndicat et le ministère de l’intérieur,
ne trouverait pas d’issue.
Jusqu’au 29 novembre, la Cité
était pourtant restée ouverte au
public. A la fois par empathie pour
le mouvement et souci d’apaisement, son directeur, Luc Gruson,
avait refusé de demander son évacuation. Il ne souhaitait pas que le
musée, contesté depuis sa création, s’attire de nouvelles critiques. « Mais ça n’est plus soutenable », confie-t-il au Monde.
Dans le hall du Palais de la PorteDorée, depuis deux mois, le personnel vit au rythme des allers et
venues des occupants – des hommes, tous d’origine subsaharienne, âgés de 20 à 40 ans. Certains
somnolent sur les bancs d’ordinaires réservés au public. Une pièce
est aussi occupée par des matelas
pour ceux qui dorment sur place.
Il n’y a pas eu de dégradations,
d’après M.Gruson. Mais, pour assurer la sécurité, il a dû embaucher
du personnel de nuit. Des manifestations et visites de groupes ont
été annulées. Et « un effort financier exceptionnel » de « 100 000
euros » – soit 10 % des dépenses de
fonctionnement annuel – a été
consenti. Aujourd’hui, il a le sentiment d’être « piégé ».
Côté CGT, on comprend la position du musée. Un compromis est
envisagé pour que l’occupation ne
se fasse plus que durant la journée.
Mais, sur le fond, la balle est renvoyée au gouvernement. « Il ne respecte pas ses engagements », estime Raymond Chauveau, leader
CGT du mouvement.
Le 18 juin, après neuf mois de
conflit, la CGT et le défunt ministère de l’immigration s’étaient en
effet félicités d’un accord sur un
texte assouplissant les critères de
régularisation par le travail (Le
Monde du 20 juin). Mais depuis,
d’après M. Chauveau, sur 3 515 dossiers déposés, seuls 675 ont obtenu
un récépissé. Soit un justificatif de
l’examen du dossier et l’autorisation, pendant ce temps, pour la per-
sonne, de chercher un emploi.
Dans les faits, le blocage est le
résultat de subtilités, aussi bien du
ministère que de la CGT (Le Monde
du 31 mai). Car, pour rentrer dans
les critères de l’accord du 18 juin,
un sans-papiers doit attester de
plusieurs mois de travail déclaré
durant la période précédant la
signature du texte. Or, la plupart
de ceux soutenus par la CGT ont
perdu leur emploi lorsqu’ils se
sont engagés dans le mouvement.
Beaucoup travaillaient aussi avec
de faux papiers, en intérim, ou
trop peu pour justifier de revenus
au moins égaux au smic.
Du coup, il y a eu un autre
Il y a eu un autre
accord. Tacite celui-là.
Il prévoyait que les
immigrés estampillés
«CGT» seraient
régularisés même
s’ils n’entraient pas
dansles critères
accord le 18 juin. Tacite celui-là. Il
prévoyait que les immigrés estampillés « CGT » seraient régularisés,
même s’ils n’entraient pas dans les
critères. Or, c’est cet accord qui a
volé en éclats. M. Chauveau impute ce blocage à la Préfecture de police de Paris, où ont été déposés 1 375
dossiers. Il redoute que ne soit
jouée la montre : l’accord arrive à
échéance le 31 mars 2011.
Le ministère de l’intérieur, qui a
récupéré la gestion du conflit
depuis le remaniement, ne souhaite pas s’exprimer. En réalité, il lui
est délicat de s’exposer sur un
sujet – les régularisations – qui va à
l’encontre de la politique de fermeté affichée envers l’immigration
clandestine.
Or, bien que les résultats se fassent encore attendre dans la délivrance de récépissés, notamment
dufaitdel’engorgement despréfectures, d’après des documents dont
Le Monde a obtenu copie – parmi
lesquels un télégramme du 15octobre adressé aux préfets –, des instructions ont bien été données
« pour que la période de grève soit
prise en compte comme une période d’activité professionnelle ». p
Elise Vincent
Fiscalité
Emplois à domicile: les exonérations
de charges sociales supprimées
Le gouvernement a imposé, mardi 7 décembre, au Sénat, lors d’une
seconde délibération, la suppression de l’abattement de 15 % sur les
charges sociales des particuliers employeurs, cotisant sur l’assiette réelle. Cette suppression concerne quelque 760 000 particuliers
employeurs et 250 000 salariés. « Elle constitue l’une des économies les
plus importantes du projet de budget : 460 millions d’euros l’année prochaine, 700 millions en 2012 », a indiqué le ministre du budget, François
Baroin. Le crédit d’impôt de 50 % dont bénéficient ces emplois étant
maintenu, « l’effet sur la réduction du déficit sera plus modeste : 335 millions la première année, environ 250 millions en régime de croisière »,
selon le député (PS) de Meurthe-et-Moselle Christian Eckert, rapporteur
spécial pour la mission travail et l’emploi. p Philippe Le Cœur
Rythmes scolaires
La semaine de quatre jours
au banc des accusés
Il faudrait interdire la semaine de quatre jours, estime la présidente de
la mission parlementaire sur les rythmes scolaires, la députée UMP des
Alpes-maritimes Michèle Tabarot. Cette mission, composée d’une quinzaine de députés, de droite comme de gauche, devait présenter, mercredi 8 décembre, son rapport à la commission des affaires culturelles et de
l’éducation de l’Assemblée nationale. Mme Tabarot en a exposé les grandes lignes quelques heures plus tôt sur RTL. Selon elle, cette organisation est « mauvaise, délirante et aberrante » pour les écoliers et le travail.
Le rapport, dans lequel la mission préconise de repasser à quatre jours
et demi mais aussi de moduler les heures de cours en fonction de l’âge
des écoliers, sera remis, mercredi 15, à Luc Chatel. p
«Je ne suis pas Merlin l’Enchanteur», a déclaré le ministre lors d’un déplacement à Genevilliers
a politique de la ville, c’est
comme la bicyclette. Une fois
qu’on a appris à pédaler, on
n’oublie jamais comment faire. »
La métaphore vient de Maurice
Leroy, le nouveau ministre de la
ville, successeur de Fadela Amara.
Comprenez : s’il est bien élu dans
le département rural du Loir-etCher depuis plus de quinze ans,
son expérience de conseiller
auprès de Charles Pasqua dans les
Hauts-de-Seine, entre 1993 et 1997,
puis auprès du ministre de la ville,
Eric Raoult, entre 1995 et 1997, lui
donne l’expérience pour s’occuper des quartiers sensibles.
«J’ai conscience du terme de ma
mission : il reste dix-huit mois
avant l’élection présidentielle »,
affirme-t-il au Monde. D’où son
refus affiché du « spectaculaire » :
«Je ne suis pas Merlin l’Enchanteur,
je n’ai pas de baguette magique. Si
dans les dix-huit mois qui viennent,
j’ai réussi à faire en sorte que, sur les
CUCS [contrats urbains de cohésion sociale], les crédits arrivent
dans les communes fin mars, et non
plus en décembre comme aujourd’hui, j’aurais plus fait que tous les
autres ministres de la ville. »
« Continuité »
L’ancien apparatchik communiste, qui travailla auprès d’élus
PCF de la banlieue rouge avant de
tomber dans les bras du RPR Charles Pasqua au milieu des années
1990, veut se placer dans « la continuité » de ses prédécesseurs au
ministère de la ville. « La politique
Maurice Leroy, lors de son déplacement à Gennevilliers, lundi 6 décembre. VERNIER/JBV NEWS
de la ville n’est pas de droite, pas de
gauche – ni du centre », clame-t-il.
Au Sénat, pour sa première
intervention, le 29 novembre,
M. Leroy s’est donné pour mission
de changer l’image des quartiers :
« Les banlieues intégrées à la ville
constituent une chance pour la
France, et non un handicap. Elles
sontpour moi synonymes derichesse, de diversité culturelle et d’innovation. » Volonté confirmée lors
de son premier déplacement à
Gennevilliers (Hauts-de-Seine), au
milieu des chantiers de la rénovation urbaine, lundi 6 décembre :
« Je veux être le ministre qui valorise ce qui fonctionne. Pour un véhicule qui flambe, on a 100 ou 1 000
actions merveilleuses », souligne
M. Leroy en citant le bon exemple,
à ses yeux, du slameur Abd El
Malik, porteur d’un message de
paix et non de « haine ».
La diminution significative des
crédits de son ministère en 2011
Le Fregoli de la politique
Profil
« Momo, c’est de la bonne pâte »,
disent ses amis. « Modelable en
fonction des circonstances », précisent ceux qui apprécient moins le
personnage. Maurice Leroy,
51 ans, nouveau ministre de la ville du gouvernement de François
Fillon, est un cas, une sorte de Fregoli de la politique, passé de l’habit de l’apparatchik communiste
au costume de notable de droite
sans être le moins du monde gêné
aux entournures. Mais, comme il
le dit lui-même, jubilant comme à
l’accoutumée de son bon mot :
« Avoir été dans le parti de la dialectique, ça aide à surmonter ses
contradictions. »
A 17 ans, il adhère au PCF. Titulaire d’une maîtrise d’économie, il
entre dans l’appareil des municipa-
lités communistes de la « banlieue
rouge » : Nanterre, Colombes, Orly,
où il officie en tant que directeur
du cabinet de Gaston Viens, avant
de devenir secrétaire général du
groupe communiste du Sénat.
Premier changement de cap :
en 1992, il passe au service de
Charles Pasqua, le sénateur (RPR)
et président du conseil général
des Hauts-de-Seine, qui a repéré
au Sénat cet habile négociateur,
en qui il se trouve pas mal de
points communs. Le voilà embarqué dans l’éphémère aventure du
« Pacte 92 », au cabinet du conseil
général, ce qui lui permettra
ensuite d’obtenir un poste de chargé de mission auprès du ministre
chargé de la ville, un autre gaulliste de choc, Eric Raoult.
Mais c’est sous l’étiquette de
l’UDF qu’il va se trouver un point
de chute électoral dans le Loir-etCher, un bastion centriste, et y
conquérir, en 1997, un siège de
député. Il devient alors un des
piliers de l’équipe des « bédouins »
qui accompagneront François Bayrou jusqu’à la campagne présidentielle de 2007. Il fallait l’entendre
chanter sa flamme pour celui qui
allait mener la petite troupe « en
finale », au second tour de l’élection présidentielle.
Jusqu’au lendemain du premier
tour. Avec Hervé Morin, il se rend
chez Nicolas Sarkozy, qui leur
garantit un avenir moins incertain. Adieu Bayrou, bonjour le
«Nouveau Centre», ses députés et
ses ministres. Mais « Momo», lui,
n’en fait pas partie. L’opportuniste,
que chantait Jacques Dutronc, voit
sa patience enfin récompensée.p
P. Rr.
– supérieure à 10 % – et les interrogations sur le financement du programme de rénovation urbaine
n’entament pas son optimisme. La
politique de la ville n’est pas une
question de moyens, souligne-t-il,
en faisant part de sa volonté d’éviter la « dilution » des crédits. Le fait
d’avoir obtenu un ministère de
plein exercice – alors que Fadela
Amara avait dû se contenter d’un
secrétariat d’Etat – lui donnera
plus de poids dans les arbitrages
interministériels, affirme-t-il.
A court terme, cela lui permet
de disposer d’un cabinet étoffé,
avec une vingtaine de membres
officiels, un tiers issus de l’équipe
Borloo au ministère de l’écologie,
un tiers de l’équipe de Michel Mercier sur le Grand Paris, un tiers des
rangs du cabinet de Fadela Amara.
Ses premiers chantiers concernent l’expérimentation de nouveaux contrats urbains de cohésionsociale–unetrentainedequartiers,surles750classés enzone sensible, devraient être concernés – et
la mobilisation des crédits des
autres ministères (éducation, intérieur, santé, emploi, etc.) pour renforcer la politique de la ville. Pas de
promesse de « plan Marshall »
donc : « Vous ne m’entendrez
jamais employer cette expression.
Moi, j’ai des burettes d’huile et un
dé à coudre, je ne veux pas faire des
usines à gaz. Il faut qu’on arrête
avec les contrôles tatillons, on a
besoin de choses simples. »p
Luc Bronner
La majorité s’inquiète de l’état réel des finances publiques
Pour M.Carrez (UMP), le collectif budgétaire est «emblématique» de la fragilité des comptes
A
vecun peu deretard sur l’horaire prévu – le ministre du
budget, François Baroin, a
dû batailler ferme, au Sénat, pour
faire adopter le projet de loi de
finances pour 2011 –, les députés
ont commencé, mardi 7 décembre,
l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2010. Le quatrième depuis le début de l’année !
C’est peu dire que ce collectif
budgétaire de fin d’année ne lève
pas les inquiétudes sur l’état réel
des finances publiques, y compris
au sein de la majorité. Le rapporteur général de la commission des
finances, Gilles Carrez (UMP, Valde-Marne) l’a jugé « emblématique » de la fragilité des comptes
publics, en appelant à « une très
grande prudence ». Les dépassements de crédits sont contrebalancés par un « miracle » : 2,2 milliards
d’euros d’économies sur les intérêts de la dette. « Mais les miracles,
en général, ne se reproduisent pas,
a-t-il ajouté, et les dépassements de
crédits vont se reproduire. »
Le redressement des recettes fiscales annoncé par le gouvernement lors du précédent collectif,
en juin, n’est pas plus au rendezvous : « Les dépenses fiscales, telles
des termites, ont miné l’assiette de
l’impôt sur le revenu », déplore
M. Carrez, tandis que le produit de
la TVA « s’effrite » et que l’impôt
sur les sociétés va enregistrer une
moins-value de 360 millions sur
les prévisions. A cela s’ajoute le
coût réel – environ 8 milliardsd’euros, soit deux fois plus que prévu –
dela réforme de la taxe professionnelle (Le Monde du 7 décembre).
« Se moquer du monde »
Dans ces conditions, les députés accueillent avec perplexité les
« orientations réformatrices » que
le gouvernement veut mettre en
œuvre dans ce projet de loi de
finances rectificative qui, à bien
des égards, a toutes les apparences
d’un projet de loi de finances bis.
Le projet du gouvernement
comporte notamment un long
article – 18 pages, 370 alinéas –
réformant le régime fiscal des
sociétés de personnes. Au nom,
explique M. Baroin, de l’« attractivité de la France », ce qui laisse
entendre que le nouveau régime
serait plus favorable auxdites
sociétés que l’ancien.
« C’est un des dispositifs les plus
compliqués que j’aie vus depuis
que je suis rapporteur général,
s’étonne M. Carrez. Les services de
l’Etat m’ont gentiment assuré qu’il
était au point parce qu’ils y travaillent depuis quatre ans. C’est
pour cela que nous n’avons que
quelques jours pour l’examiner ! »
Méfiante, la commission des
finances propose de n’en adopter
que la première partie – « Celle
dont on est sûr qu’elle ne va pas grever les recettes de l’Etat », précise
M. Carrez – et de ne pas adopter « la
partie qui risque de conduire à une
multiplication d’optimisations fiscales. » La discussion avec le gouvernement promet d’être rude.
Ce collectif met en place un dis-
positif exceptionnel d’avance aux
départements en difficulté, doté
de 150 millions d’euros. « Voilà qui,
on peut le dire, est se moquer du
monde », a relevé Jean-Pierre Balligand (PS, Aisne). Il prévoit aussi
des mesures de financement du
Grand Paris à partir d’une majoration de la taxe sur les bureaux et de
la création d’une taxe spéciale
d’équipement, additionnelle à la
taxe foncière en Ile-de-France.
Autres points importants : la
réforme de la taxe d’urbanisme
ainsi que l’expérimentation d’une
révision des valeurs locatives foncières des entreprises dans cinq
départements. La discussion risque aussi d’être vive sur le durcissement du barème du malus automobileà partir de 2012. Et de se crisper sur la levée des restrictions
d’achat de tabac à l’étranger. Les
députés UMP, « sensibilisés » par
les buralistes, s’y opposent catégoriquement. Le gouvernement va
tenter un compromis. p
Patrick Roger
France 11
0123
Jeudi 9 décembre 2010
L’Insee dessine la France
de 2040 et la répartition
de ses 73 millions d’habitants
La démographie reste plus dynamique au sud et à l’ouest
TAUX DE CROISSANCE ANNUELS MOYENS DE LA POPULATION, en %
Moins de 0
de 0 à
moins de 0,2
de 0,2 à
moins 0,4
entre 1990 et 2007
de 0,4 à
moins de 0,6
de 0,6 à
moins de 0,8
0,8 et plus
entre 2007 et 2040
Publiée mardi 7 décembre, l’étude table sur une augmentation
de 15,1% de la population et confirme la coupure du pays en deux parties
A
u moment où la Délégation
à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR) lance une réflexion
sur l’avenir du pays en 2040,
l’Insee s’est livrée à une étude
prospective portant sur les évolutions de populations dans les
régions, au cours des trente prochaines années. L’exercice reste
aléatoire puisqu’il s’appuie sur les
tendances
démographiques
actuelles. Mais il fournit des indications intéressantes sur les perspectives de croissance et les
besoins prévisibles pour l’accueil
et la prise en charge des différentes catégories d’âge.
Publiée mardi 7 décembre,
l’étude table sur une augmentation de 15,1 % de la population qui
porterait ainsi le pays à 73 millions d’habitants en 2040, dont
près de 71 millions dans l’Hexagone (+14,5 %). La croissance démographique devrait continuer de
se renforcer dans les métropoles,
les régions méridionales, RhôneAlpes, avec une attractivité particulière vers le Grand Ouest et la
façade atlantique. Déjà perceptible aujourd’hui, cette tendance
s’explique par les effets conjoints
du dynamisme économique et de
l’activité dite résidentielle, touristique ou d’accueil de jeunes
retraités.
Sur la base de ces critères,
l’Insee table sur des taux de croissance élevés pour le LanguedocRoussillon (28,5 %), Midi-Pyrénées
(27,9 %), les Pays de Loire (26 %), la
Bretagne (24,1 %), Rhône-Alpes
(22,8 %) et Poitou-Charentes
(+18,6 %).
Lesécarts entre les régions pourraient aussi se resserrer. Le Limousin (+10,2 %) et l’Auvergne (+8,1 %)
devraient enrayer le déclin de
leurs zones rurales avec une évolu-
Les moins de 20 ans
ne devraient
progresser que de 4 %
tion proche de l’Alsace (+10,7 %).
Amplifiant un phénomène en
cours depuis le début des années
1980, la tendance au fléchissement de la croissance en Ile-deFrance (+10,1 %) se poursuivrait.
Les scénarios de l’Insee confirment la coupure du pays en deux
parties selon une diagonale nordouest-sud-est. Le Nord-Pas-deCalais (+3,2 %), la Lorraine (+2 %),
voire la Bourgogne (+5,6 %) ne parviendraient pas à enrayer le
déclin démographique. La région
Champagne-Ardenne
serait
même la seule dans le pays à enregistrer une diminution de sa
population (-2 %).
Pour l’Insee, « davantage que le
solde naturel, ce sont les migrations entre les régions qui deviendraient le principal moteur de la
croissance démographique. » Cette hypothèse justifierait ainsi la
perte d’attractivité – relative – de
La réponse du ministère aux
piètres résultats scolaires
français ne convainc pas
Luc Chatel a annoncé un «plan sciences»
et l’élargissement de «l’accès à l’excellence»
A
lors que la France décroche
à peine la moyenne au PISA,
le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Le Monde du 8 décembre), les
réactions des acteurs de l’école ont
ponctué la journée de mardi
7 décembre.
Seul le ministère semble rester
campé sur ses réformes en cours au
lendemain de ce classement, qui
fait de l’école française l’une des
plus inégalitaire des pays développés et montre qu’elle laisse sur le
bord du chemin un élève sur cinq,
enmathématiques comme enmaîtrise de la langue.
Pour toute réponse, le ministre
Luc Chatel propose de développer
un«plansciences»quivisera«àfaire en sorte que tout au long de leur
scolarité, les élèves soient davantage inspirés par les sciences et aient
plus de possibilités de s’engager
dans ces filières ». Ce plan palliera-t-illeslacunesextrêmementgraves d’un cinquième des élèves qui,
arrivés en fin de collège, voire en
début de lycée professionnel, maîtrisent trop peu les mathématiques pour faire autre choses qu’appliquer des formules, et trop peu la
lecturepourcomprendreun texte?
Les acteurs de l’école n’en semblent pas convaincus et craignent
que la chute de l’école française ne
continue. L’étude de l’OCDE souligne l’incapacité du système éducatif français à réduire les inégalités
de naissance. «Le système fonctionnebienpourlesélèveslesplusfavorisés et écarte les élèves en difficulté
de manière extrêmement forte »,
regrette Patrick Gonthier, le secrétaire général de l’UNSA-Education.
Et la FSU, première fédération, de
préciser que «si l’on veut que l’écart
ne se creuse pas davantage, il faut
rompre avec la politique actuelle de
ghettoïsation et de ségrégation
sociale et scolaire».
Aucun bilan global de la libéralisation du choix des collèges et
lycées n’a été publié depuis 2007
par le ministère de l’éducation,
mais tous les travaux de chercheurs et les enquêtes des proviseurs montrent qu’on construit
peu à peu un système à deux vitessesavecdesétablissementsengrande difficulté qui n’accueillent que
les élèves qui ne peuvent les fuir.
ZEP oubliées
Les acteurs des zones d’éducation prioritaires (ZEP), qui scolarisent 20 % des élèves français, et une
bonne part de la grande difficulté
scolaire, se sont aussi rappelés hier
au bon souvenir du ministre. L’accent que souhaite mettre Luc Chatel sur « l’élargissement de l’accès à
l’excellence », ne leur semblant pas
vraiment l’urgence.
Les ZEP se sentent oubliées
depuis que la politique d’aide aux
élèves les plus défavorisés se limite
à repérer des jeunes méritants
pour leur offrir une place dans des
internats d’excellence, ou à mettre
en place un programme expérimental autorisant les chefs d’établissements à choisir leurs enseignants. Marc Douaire, président de
l’Observatoire des zones prioritaires, a même estimé hier qu’« il est
de la responsabilité du ministère de
faire un bilan public des politiques
d’éducation prioritaires». p
Maryline Baumard
Provence Côte d’Azur (+14,0 %)
déjà amorcée.
La France de 2040 sera très largement marquée par le vieillissement de sa population. L’hypothèse principale de l’Insee retient que
l’âge moyen passera de 39,1 ans à
43,6 ans, une moyenne qui s’apparente à celle de l’actuel Limousin.
Al’échelle de 2040, laCorse deviendrait la région la plus âgée avec
une moyenne de 48,9 ans.
L’impact majeur sur les politiques publiques et les infrastructures d’accueil concerne l’augmentation des plus de 80 ans, qui passeront de 3 à 7 millions. En Limousin, en Corse et même en Alsace,
cette partie de la population
devrait dépasser 10 %. Phénomène tout aussi préoccupant : les
Guadeloupe
Martinique
Guyane
Réunion
SOURCE : INSEE
moins de 20 ans ne devraient progresser que de 4 %. Toutefois,
l’augmentation pourrait atteindre 13 % en Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Bretagne et
Pays de Loire. Conséquence également de la chute démographique
et du déficit migratoire, la baisse
des effectifs salariés devrait
atteindre 13 % en Lorraine et 17 %
en Champagne-Ardenne.
L’étude prospective de l’Insee
relève enfin la progression exponentielle de la population de la
Guyane qui pourrait passer de
213 000 habitants à 574 000 habitants (+169 %). Avec un taux
moins élevé, mais une augmenta-
tion de 33,6 %, l’île de La Réunion
franchirait labarre du million d’habitants. A l’inverse, la Martinique
et la Guadeloupe devraient surtout affronter le choc du vieillissement. Pour les pouvoirs publics,
cette évolution contrastée mérite
une particulière attention. p
Michel Delberghe
12
Contre-enquête
Economie
0123
Jeudi 9 décembre 2010
K L’UE doit-elle réguler davantage
les marchés d’actions?
K Doit-elle réviser la directive qui les a libéralisés?
Décodage
L
’aveu d’échec est à
peine voilé. Trois ans
après avoir provoqué un « Big Bang »
sur les Bourses en
Europe, la Commission européenne fait
machine arrière. La
directive Marché d’instrument
financier (MIF), entrée en vigueur
le 1er novembre 2007, qui a ouvert à
la concurrence les places boursières de l’Union sera révisée. « Sans
précipitation », assure-t-on à
Bruxelles, mais le plus vite possible tout de même.
Le 8 décembre commence le
processus visant à collecter remarques et observations des experts
du monde financier, politique et
économique, afin d’obtenir une
nouvelle copie du texte européen
au printemps 2011. Bruxelles en
profitera pour se pencher sur les
produits dérivés, les ventes à
découvert, et la transparence du
marché des matières premières,
dont les exubérances ont eu un
rôle dans les émeutes de la faim en
Haïti ou au Burkina Faso, en 2008.
L’objectif : remettre de l’ordre
dans des marchés qui se sont transformés en une « jungle », dixit un
régulateur. Un Far West où règne
l’opacité. En ligne de mire : l’essor
inquiétant des « Dark Pools », ces
plates-formes financières venues
de Londres ou des Etats-Unis qui
permettent de passer des ordres
de Bourse dans l’ombre. « On a pris
beaucoup de mauvaises habitudes. Je veux mettre de la lumière
partout, explique Michel Barnier,
commissaire européen aux marchés intérieurs et aux services
financiers. Remettre les marchés
au service de l’économie réelle. »
se de Paris », incarnée à l’époque
par l’opérateur Euronext (aujourd’hui Nyse-Euronext). Depuis la
directive « MIF », cette organisation a explosé.
Ce texte avait été pensé, au
début des années 2000, à une époque où les économistes adeptes de
la dérégulation avaient de l’influence. Les Bourses de Paris, Londres ou Francfort opéraient dans
un cadre monopolistique. Le très
libéral commissaire Charlie
McCreevy, prédécesseur de M. Barnier, a défendu sans mal l’idée de
casser cette structure jugée un peu
archaïque. Aux Etats-Unis, le
monopole des opérateurs historiques avait été rompu en 2005.
L’Europe voulait permettre à de
nouveaux acteurs de jouer, eux
aussi, le rôle de Bourses et de créer
un véritable marché paneuropéen. «Il faut se souvenir du contexte. On sortait de sept années de
croissance, l’industrie financière
était en plein boom », se souvient
un professionnel des marchés.
se… Compétitives, agressives, elles
ont vite pris des parts de marché
auxopérateurshistoriques.Aujourd’hui, à peine plus de la moitié des
ordres de Bourse transitent encore
par le London Stock Exchange. Les
nouveaux acteurs ont pris la place qu’on leur a donnée. Mais ils
sont allés trop loin, trop vite.
Les ordres sont éparpillés et
le régulateur ne sait plus où
donner de la tête. Tandis
que les opérateurs historiques dénoncent une distorsion de concurrence. Ces
petites Bourses bénéficient
decontraintes allégées, dangereuses, disent-ils, pour l’intégrité du marché.
« C’est tout simplement faux »,
se défend Alasdair Haynes, directeur général de Chi-X. Selon lui, les
obligationsdes plates-formescomme la sienne sont à la mesure de
leurs activités. Chi-X ne peut que
faire transiter des ordres et non
introduire en Bourse de nouvelles
sociétés comme le font les anciens
monopoles. « On peut faire une
analogie avec le transport aérien,
explique M. Haynes. Quand vous
voyagez sur une compagnie “low
cost”, vous vous attendez à avoir
moinsde services à bordetplus d’attente mais autant de contrôles de
sécurité que sur Air France. C’est la
même chose pour nous. »
Ces plates-formes alternatives
proposent néanmoins des services sophistiqués. Comme ceux qui
permettent d’exécuter des ordres
à lamicroseconde (le trading à haute fréquence). De quoi faire perdre
le fil aux gendarmes des marchés.
« Les régulateurs n’ont jamais rien
compris à ce qu’on faisait. Ils ont
toujours été dépassés », relativise
Pierre-Antoine Dusoulier, patron
de Saxo Banque.
44%
C’est, selon les experts,
le pourcentage d’opérations
boursières invisibles, réalisées
sur des plates-formes
où s’échangent des blocs
de titres de façon opaque
Des plates-formes alternatives
Mais les choses se sont emballées.
Des plates-formes alternatives se
sont créées : Chi-X, Bats, Turquoi-
Nouveaux acteurs Avant que cette directive n’entre en vigueur, un
particulier ou un professionnel
qui souhaitait acheter ou vendre
un titre du CAC 40 n’avait d’autres
choix que detransiter par «laBour-
Les effets secondaires de la
directive MIF Restent les « Dark
Pools ». Un terme intraduisible qui
a contribué à créer une légende
«On ne sait pas qui achète quoi, ni à quel prix»
Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers
cer la concurrence sur le marché et
de faire ainsi baisser les prix.
Entretien
Les régulateurs ne se sont-ils
pas aussi fait distancer par la
technologie ?
L’Europe a-t-elle fait fausse route en décidant de libéraliser les
marchés boursiers ?
Nous avons, c’est vrai, un train
deretard surlestechnologiesfinancières.En quelquesannées, lesmarchés ont beaucoup évolué. C’est un
point que n’avait pas anticipé la
directive. Le trading algorithmique [achat et vente de titres selon
des calculs mathématiques] a pris
de l’ampleur et avec lui le trading à
haute fréquence qui permet d’exécuter des ordres à la microseconde.
Cette accélération des échanges
a compliqué la surveillance du
marché, et le régulateur américain
la tient, pour partie, responsable
du krachéclair quia secoué la Bourse de New York en mai.
Nous n’avons pas eu une approche assez politique au moment de
négocier la directive MIF [Marché
d’instruments financiers, qui a
ouvert à la concurrence les marchés boursiers en Europe]. On ne
s’est pas posé les bonnes questions : de quels marchés voulonsnous ? Comment faire pour qu’ils
financent au mieux l’économie ?
Faute de cela, le bilan de la directive est très mitigé. Même si ce texte n’a pas que des défauts, car il a
renforcé les obligations de conseil
des banques envers leurs clients, il
a gravement accentué le désordre
des marchés boursiers et conduit à
une fragmentation et à une plus
grande opacité des transactions.
Que les émetteurs – les entreprises cotées en Bourse – ne sachent
plus ce qui se passe sur leurs titres
est grave ! Quant à l’investisseur, il
continue de payer aussi cher pour
passer un ordre. Or l’objectif initial de la directive était de renfor-
Cette directive est-elle responsable de l’essor des « Dark
Pools » ?
Elle a favorisé l’émergence de
ces plates-formes boursières sur
lesquelles s’échangent des blocs
de titres de façon opaque. Résultat,
on ne sait pas qui achète quoi ni à
quel prix. Aujourd’hui, on estime
que 44 % des transactions sont
invisibles. Or le b.a.-ba de notre travail, c’est de savoir ce qui se passe.
Le problème de transparence
induit par cette directive est sans
doute le plus inquiétant et concerne à la fois les émetteurs, les opérateurs et les investisseurs.
Faut-il interdire ces plates-formes boursières ?
Il ne s’agit pas d’interdire mais
de mieux encadrer et de limiter
strictement le recours à ces « Dark
Pools ». Il y aura toujours des gens
qui auront besoin de passer des
ordres de façon discrète. Si,
demain, je veux vendre 100 000
actions d’une société cotée, il vaut
mieux éviter que l’information
soit sur la place publique sous peine de faire dévisser le cours.
On peut tolérer qu’une proportion raisonnable des ordres se fasse ainsi de gré à gré. Mais pas plus.
En outre, une fois la transaction
bouclée, il faut savoir qui a acheté
quoi et à quel prix.
L’Europe est-elle plus désordonnée que les marchés américains ?
D’une certaine façon, oui. Aux
Etats-Unis, où les Bourses sont aussi soumises à la concurrence, ils
ont mis en place des outils qui leur
permettent d’avoir une vision globale du marché. En outre, depuis le
krach éclair de Wall Street, les régulateurs ont mis en place un systè-
me de coupe-circuit qui permet
d’arrêter la machine en cas d’emballement.
Que peut-on faire ?
On peut améliorer la transparence en créant une infrastructure
qui centralise les ordres avant et
après la négociation et obliger les
acheteurs à verser des dépôts de
garanties pour mutualiser les risques.Il faut aussi limiter les autorisations de recours aux « Dark
Pools ».
L’Europe devra aussi tenir
compte des évolutions technologiques. Le nouveau régulateur européen, l’ESMA, qui verra le jour le
1er janvier 2011, devra mettre en place une veille pour surveiller ce qui
se fait de nouveau et adapter la
réglementation en conséquence.
Doit-on ralentir le marché ?
Cela relève plus d’une réflexion
du G20 que de l’Europe, mais il
faut réfléchir à ce qu’apporte cette
accélération des échanges : quels
sont les bénéfices financiers, économiques, pour quelle utilité
sociale ? On ne doit pas s’interdire
de ralentir les transactions si cela
fait courir un risque systémique et
facilite les abus de marché. p
Propos recueillis
par C. G.
autour de ces opérateurs mystérieux. Ces Bourses laissées sans
surveillance permettent de faire
transiter des ordres en catimini.
Ces échanges discrets n’ont a priori rien d’illégal. Mais ils étaient jusqu’ici réservés aux seuls échanges
de gros blocs de titres. L’objectif
étant d’éviter de déstabiliser le
marché. Imaginez : si demain un
investisseur annonçait qu’il va
vendre 20 % du capital de Renault,
l’action plongerait alors que le
groupe pourrait aller très bien.
Mais certains acteurs ont visiblement profité d’une nuance de
la directive, voire d’une imprécision,pour faire transiter une quantité de plus en plus importante
d’ordres gros mais aussi petits
dans cet univers parallèle.
« C’est non seulement totalement injustifié mais dangereux
pour les marchés et les investisseurs, y compris les petits épargnants », s’emporte Dominique
Cerutti, directeur général adjoint
de Nyse Euronext, à Paris. De fait,
de plus en plus d’opérations de
Bourse se font ainsi « sous le
tapis ». Selon les experts, près de
40 % des ordres auraient disparu
des écrans radars. « Nous ne reprochons pas à la MIF d’avoir aboli le
monopoledes Bourses traditionnelles, cela était nécessaire. Nous
observons simplement que cette
directive a eu des effets secondaires
tels que permettre un manque de
transparence, qui est intolérable en
Europe », dénonce M. Cerutti.
Pour les professionnels, ce n’est
pas seulement le problème du
régulateur. Car cette opacité perturbe aussi le fonctionnement des
marchés et met à mal le mécanisme de formation des prix. Faute de
transparence, celui-ci n’est plus le
reflet de l’offre et de la demande.
« C’est comme si on allait faire des
courses et que l’on découvrait le
prix de ce que l’on achète au
momentde passerencaisse», explique M. Cerutti.
Un enjeu colossal Saura-t-on revenir en arrière ? La crise a fait prendre conscience que les marchés
financiers devaient obéir à des
règles plus strictes. Des pistes s’esquissent:créerdes boîtesd’enregistrement qui permettraient de centraliser les ordres et de les recenser.
«Les Etats-Unis ont réussi, pourquoi pas nous », soulignait récemment Christine Lagarde, ministre
de l’économie et des finances.
L’enjeu est colossal, mais essentiel pour s’assurer que la Bourse
remplit tout à fait sa mission de
« sponsor » des entreprises et de
soutien à la croissance. Pour que
lespetits épargnantset les investisseursne sedétournent pasdéfinitivement du marché, laissant la place à quelques spéculateurs professionnels. p
Claire Gatinois
Trois types de transactions à grande vitesse
a High Speed Trading
Pour les spéculateurs boursiers
professionnels, l’arme suprême
est la vitesse, et l’ordre de grandeur la milliseconde. Les décisions sont prises par des superordinateurs fonctionnant grâce à
des algorithmes toujours plus
sophistiqués. Un paquet d’actions peut être acheté et revendu
plusieurs fois avant qu’un petit
porteur n’ait eu le temps de lire le
cours initial. Exemple : un investisseur programme son système
pour acheter automatiquement
des titres tant que leur cours reste sous les 100 dollars. Un « High
Speed Trader » (trader à grande
vitesse) détecte cet ordre, achète
instantanément toutes les
actions disponibles entre 95 et
98 dollars, les revend dans la
seconde pour 99 dollars à l’investisseur « lent » et empoche la différence. Le client final achètera
donc les actions au cours maximal qu’il s’était fixé, sans bénéficier des cours de départ plus
avantageux ni des fluctuations.
a Short Selling
Le « High Speed Trading » permet
aux professionnels d’amplifier
leurs opérations de spéculation à
la baisse (« Short Selling »), pratique qui a contribué à aggraver la
chute des cours lors de la crise de
septembre 2008. Le trader
emprunte un
paquet d’actions
à un client, le
vend, le rachète
automatiquement dès que le
cours baisse, puis
le rend au client.
Pour ce dernier, il
s’agit d’une opération blanche, car
le trader a capté le profit résultant de cet aller-retour. Il peut
même effectuer l’opération avant
d’avoir emprunté les actions, puis
régulariser sa situation dans la
foulée.
a Flash Orders
Certaines places boursières
offrent des services très controversés. Le plus célèbre est le
« Flash Order » : à titre préférentiel, certains bons clients de la plate-forme reçoivent les informations sur les mouvements d’actions trois centièmes de seconde
avant leur publication officielle.
Cette courte avance est suffisante : leurs algorithmes prédisent les
tendances du marché et le comportement des autres investisseurs, et prennent des décisions
avant tout le monde.
Depuis 2008, les autorités américaines, soutenues par la Bourse
de New York, ont envisagé d’interdire les « Flash Orders », qui ressemblent à un délit d’initié permanent. En 2009, le sénateur de
l’Etat de New York, Charles Schumer, avait lancé une campagne
pour inciter le Congrès à voter une
loi interdisant cette pratique. Mais
cette réforme a été bloquée par la
résistance d’autres places financières, notamment le marché à terme des devises de Chicago.
Yves Eudes
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14 Economie
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Les cours du jour ( 08/12/10, 10h02 )
En hausse
Introductions en Bourse
En baisse
Le microcrédit
La valeur totale de ces opérations réalisées
en 2010 dans le monde devrait dépasser
le record établi en 2007 de 295 milliards de dollars (223 milliards d’euros), selon Ernst & Young.
Le Prix Nobel de la paix Mohammad Yunus a
appelé à « mettre de l’ordre » dans la microfinance. Certains « ont prêté n’importe comment »,
dénonce-t-il dans La Croix, mercredi 8 décembre.
Euro 1 euro : 1,3363 dollar (achat)
Or Once d’or : 1 420,00 dollars
Pétrole Light sweet crude : 87,89 dollars
Taux d’intérêt France : 3,249 (à dix ans)
Taux d’intérêt Etats-Unis : 3,103 (à dix ans)
La vente au Brésil
des avions Rafale
est compromise
Lula laisse à la présidente élue, Dilma Rousseff,
le soin d’acheter ou non les 36 appareils de Dassault
Rio de Janeiro (Brésil)
Correspondant
A
vant de céder le pouvoir
à Dilma Rousseff, le 1er janvier 2011, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ne
prendra pas de décision sur l’achat
par son pays de 36 avions de chasse multirôles, un marché pour
lequel l’avion français Rafale était
le grand favori.
Dansunentretien téléviséaccordé à la chaîne publique TV Brasil,
qui sera diffusé en fin d’année – et
dontl’agenceofficielleAgencia Brasila cité desextraits mardi 7décembre –, le président sortant déclare
qu’il ne va pas « conclure un
accord» avec la France sur la possible acquisition des Rafale et qu’il
laisse cetteresponsabilité à la présidente élue. Cette décision est « un
héritage lourd, un héritage à long
terme pour le Brésil », souligne
Lula. « Je pourrais signer et faire un
accord avec la France, ajoute-t-il,
mais je ne le ferai pas. »
C’est une très mauvaise surprise pour le groupe français Dassault, constructeur du Rafale, et
aussi pour l’Etat, qui le soutient
dans cette affaire sans ménager
ses efforts. Le Rafale est en concurrence avec le F/A-18 Super Hornet
de l’avionneur américain Boeing
et le Gripen NG du suédois Saab. Il
n’a encore jamais été vendu à
l’étranger. A l’export, il a ainsi
subi, depuis 2002, échec sur
échec. Son acquisition par le Brésil
pourrait enfin rompre ce cycle
malchanceux.
Les propos de Lula da Silva marquent une volte-face. Le président
avait déclaré qu’il annoncerait,
avant dequitter le pouvoir, l’ouverture de négociations exclusives
entre le Brésil et l’un des trois groupes concurrents, très probablement Dassault, pour lequel il avait
laissé entrevoir à plusieurs reprises sa préférence, comme le ministre de la défense, Nelson Jobim.
Les propos
du président brésilien
sortant marquent
une volte-face
Ce nouvel épisode de la « saga
Rafale » au Brésil prolonge une
attente déjà longue. Le 7 septembre 2009, le président Nicolas
Sarkozy, en visite à Brasilia, avait
réussi à « décrocher » quatre lignes
cruciales dans un communiqué à
l’issue d’une nuit de discussions :
dans ces lignes, Lula da Silva
annonçait la décision de son pays
d’« entrer en négociations » pour
l’achat des Rafale.
Mais ce choix ne plaît pas aux
chefs de l’armée de l’air qui, en
outre, n’ont pas apprécié d’avoir
été court-circuités par le président, avant d’avoir rendu leur rapport technique. Dans ce document
de 27 000 pages, dont les conclusions ont été citées par la presse en
janvier 2010, les militaires disent
préférer, pour des raisons d’intendance, le Gripen, le moins cher des
trois avions. Les pilotes jugent que
le F18 est techniquement le
meilleur. Le rapport relègue le
Rafale en troisième position.
Sous la pression de M. Jobim,
l’armée de l’air a revu sa copie. En
mars, elle a donné carte blanche au
gouvernement en soulignant que
les trois appareils répondent à ses
besoins techniques – opérationnel
et logistique – sans se prononcer
sur le coût, qui n’est pas de son ressort. Entre-temps, le gouvernement est revenu sur la promesse
faite à Dassault, en annonçant que
la compétition demeurait ouverte. Des négociations ont continué
jusqu’en juin, au cours desquelles
le français aurait consenti à réduire son prix de 8 à 6 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros).
La décision finale étant politique, le dernier mot revenait à Lula.
Les Brésiliens ont toujours dit
qu’au-delà de la qualité commerciale de l’offre, ils privilégieraient
Nicolas Sarkozy et Luiz Inacio Lula da Silva lors d’un voyage du président de la République
française au Brésil, en septembre 2009. BRUNO DOMINGOS/REUTERS
le vendeur qui consentirait à partager avec eux le maximum de
connaissances techniques. Là réside le grand atout du Rafale, la France étant prête à un transfert total
de technologie dans le cadre du
« partenariat stratégique » scellé
en 2008 entre Paris et Brasilia, qui
permettra notamment au Brésil de
se doter d’une véritable industrie
de la défense. « C’est Nicolas Sarkozy qui a vendu le Rafale, ce n’est pas
nous», estimait alorsCharlesEdelstenne, le PDG de Dassault Aviation.
Une paternité également revendiquée par le chef de l’Etat.
Selon un document diffusé par
le site WikiLeaks et cité le 5 décembre par Le Monde, la France s’est
diteprêteàcéder lescodesinformatiques du Rafale – le cœur de l’avioniquedel’appareil. C’estun avantage par rapport aux Etats-Unis, où le
Congrès a le dernier mot dans ce
domaine, ce qui rend incertaines
les promesses de l’administration.
Avant d’arrêter son choix, Lula
da Silva devait convoquer et écouter le Conseil de la défense nationale, un organe consultatif de
dix membres qui rassemble des
parlementaires, des ministres et
des militaires. Il ne l’a pas fait. Le
fera-t-il dans les prochains jours,
avant la trêve de Noël ? C’est l’espoir auquel on se raccroche du
côté français, en mettant en avant
deux interprétations possibles des
propos de Lula.
Ou bien le président voulait dire
qu’il ne lui reviendrait pas de
signer le contrat des Rafale. Ce que
chacun savait déjà, les négociations exclusives devant durer
entre six et neuf mois. Dans ce cas,
il n’y a pas lieu de dramatiser son
atermoiement. Ou bien il entendait marquer son désistement du
dossier. Dans cette hypothèse, l’affaire serait amenée à prendre un
nouveau départ. Avec une inquiétude essentielle : Dilma Rousseff
s’est dite favorable à une réduction
des dépenses publiques, y compris
dans les budgets sociaux. Comment pourrait-elle continuer à
« vendre » en même temps ce coûteux programme militaire ?
La France estime conserver
deux atouts : sa totale disponibilité
aux transferts de technologies et le
maintien annoncé à son poste de
M. Jobim, partisan du Rafale. Elle
continue à croire que si la compétition se poursuit, Dassault l’emportera. Plusieurs experts brésiliens,
plus pessimistes, prédisent « la
mort » du projet de modernisation
de l’armée de l’air. Auquel cas l’histoire se répéterait : en 2002, le précédent programme d’achat d’avions de chasse avait été laissé en héritage par le président Fernando
Henrique Cardoso à Lula da Silva,
qui s’était empressé d’y renoncer
au profit d’une augmentation des
dépenses sociales. p
Jean-Pierre Langellier
Entre politique et divisions, vendre un appareil de combat est de plus en plus difficile
La tenaille américaine Pour
imposer leurs avions, les Américains ont un atout: le nombre.
Leurs appareils sont produits par
milliers et sont en permanence
modernisés. Cela leur permet de
les proposer à des prix très bas à
l’exportation. Le F16 est ainsi le
chasseur le plus vendu au monde
avec 4 500 exemplaires, à comparer aux quelques centaines pour
ses rivaux européens. Le Mirage
2000 de Dassault dont la production a été arrêtée en 2006 n’a été
produit qu’à 612exemplaires. Le
«best-seller» du groupe fut le Mirage 3 dans les années 1960-1970 et
ses dérivés (1401 avions).
Seuls les Russes avec les Mig ou
les Sukhoï connaissent des productions élevées. «Les Américains exercent une double domination, explique Guillaume Rochard, associé
responsable du secteur Aéronauti-
res principalement en Suède,
mais aussi en Hongrie, en République tchèque, en Afrique du Sud et
en Thaïlande.
Plus de la moitié du marché mondial est entre les mains des Etats-Unis
FOURNISSEURS DOMINANTS D’AVIONS DE COMBAT, PAR PAYS (TENDANCE RÉCENTE)
L’aspect politique « La vente
SOURCES : INDUSTRIES, TEAL GROUP CORPORATION
LA COMPÉTITION acharnée de ces
derniers mois entre le Rafale du
groupe français Dassault, le
F/A-18 Super Hornet de l’avionneur américain Boeing et le Gripen NG du suédois Saab pour
emporter un contrat au Brésil
révèle des stratégies différentes.
Pour les Etats-Unis, il s’agit
d’une lutte d’influence en Amérique latine. Pour la Suède, comme
pour la France, il en va de l’avenir
de leur industrie d’aviation de
combat. Décrocher un contrat à
l’exportation est vital. Cela leur
permet de rester dans la course
face aux géants du secteur – les
groupes américains Lockheed
Martin (F16, F22, ou F35) et Boeing
(F15, F18). La compétition est
d’autant plus âpre qu’elle se
déroule dans un monde où les
budgets militaires sont réduits.
RÉPARTITION
DE LA PRODUCTION
2010-2019, en %
53,1%
34,7 %
Etats-Unis
Europe
p
France
Rafale, Mirage
et Alpha Jet
2 fournisseurs
Russe
Sukhoï et Mig
Suède
Chine
Pays ayant une aviation
très modeste
F5, F16, F18, F15 et JSF
que &Défense chez PricewaterhouseCoopers (PwC). D’un côté, ils proposent aux pays émergents des
avions déjà très vendus dans le
monde, ce qui leur permet d’offrir
des prix compétitifs et de procéder
à des transferts de technologie. De
l’autre, ils lancent le Joint Strike
Fighter (JSF ou F35), avion de nouvelle génération auquel s’associent
des pays occidentaux qui deviennent ainsi des clients, sans bénéficier toutefois complètement de l’accès aux technologies américaines.»
Une dizaine de pays dont le
Royaume-Uni, l’Italie, les PaysBas, la Norvège et le Danemark,
participent ainsi à la construction
du JSF, qui sera fabriqué à plus de
2 000 exemplaires. Les cinq Européens ont déjà investi plusieurs
milliards de dollars, autant d’argent qui n’ira pas à des projets
européens… Dès le lancement de
ce programme en 2000, Richard
Aboulafia, le vice-président du
cabinet de consultants spécialisé
sur la défense et l’aéronautique
Gripen
F 7, JF 17
Teal Group, écrivait : « Le JSF pourrait faire à l’industrie européenne
ce que le F-16 a presque réussi
[à faire] : la détruire. »
Les divisions européennes Alors
que l’industrie de défense américaine opérait une concentration
au milieu des années 1990, l’industrie européenne fut incapable de
s’entendre. Du coup trois avions
de combat s’opposent dans les
compétitions, le Gripen, le Rafale,
et l’Eurofighter, ce dernier lancé
par EADS (Allemagne-Espagne),
BAE Systems (Royaume-Uni) et
Alenia (Italie). C’est l’appareil le
plus vendu des trois avec 707 commandes émanant de ces pays d’origine mais aussi d’Autriche et d’Arabie saoudite. Un contrat est aussi
espéré à Oman.
Le Rafale, lui, est exclusivement français, L’objectif est de
fournir 286 avions d’ici à 2021 à
l’armée de l’air et à la marine françaises. Quant au JAS 39 Gripen, il a
été vendu à plus de 240 exemplai-
d’avions de combat est d’abord
une affaire politique », souligne
souvent le patron de Dassault,
Charles Edelstenne. Mais toutes
les compétitions ne sont pas
ouvertes aux non-Américains. Il
leur est quasiment impossible de
pénétrer les marchés contrôlés
par les Etats-Unis. Les échecs du
Rafale en Corée du Sud, à Singapour et aux Pays-Bas en sont l’illustration. Dans ces appels d’offres,
l’avion français était au coude-à-coude avec ses rivaux américains dans les évaluations techniques. L’avantage du dollar et l’aspect politique ont fait la différence. Les Européens ne peuvent
concourir que dans des pays ne
souhaitant pas ou ne pouvant pas
acheter américain, ou dans ceux
qui souhaitent disposer d’une double source d’approvisionnement.
Une compétition s’ouvre en Inde
Koweït, Suisse, Malaisie, Corée du
Sud: les compétitions à venir
se font rares et concerneront peu
d’appareils. L’Inde fait figure d’exception avec son appel d’offres
pour 126 avions de chasse. Cette
proposition attire tous les avionneurs dans un pays qui achète traditionnellement des avions russes, où les Britanniques et les Français sont présents tout comme les
Israéliens, et qui s’ouvre aux Américains. Les trois avions européens croiseront donc à nouveau
Sukhoï et F-16, cette fois dans le
ciel de l’Inde. p
Dominique Gallois
Economie 15
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Le gouvernement songe à instaurer
un cachet «confidentiel entreprise»
Un groupe de travail examine une nouvelle incrimination pénale d’atteinte au secret des affaires
L
’administration travaille
actuellement à la création
d’un marquage « confidentiel
entreprise », à l’instar de ce qui se
pratique dans la défense, afin de
mieux garantir « le secret des affaires ». Aujourd’hui, avec le droit sur
la propriété intellectuelle, une
entreprisepeut protéger un savoirfaire industriel ou une technique
par le biais de brevets. Mais pas ses
projets stratégiques, comme le
rachat d’un concurrent ou la cession d’une activité, ses méthodes
de gestion, ses fichiers clients ou
des procédés de fabrication non
couverts par un brevet…
L’idée n’est pas neuve: le député
Bernard Carayon (UMP, Tarn) a
déjà déposé une proposition de loi
en ce sens en 2009 et défendra
encore un amendement réprimant
l’atteinteausecretdesaffairesàl’occasion de l’examen en deuxième
lecture à l’Assemblée du projet de
loi « d’orientation et de programmation pour la performance de la
sécuritéintérieure»(Loppsi2),àpartir du 14 décembre.
Mais parallèlement, un groupe
de travail coordonné par la délégation interministérielle à l’intelligence économique (DIIE) travaille
activement sur ce sujet. Associant
des représentants de nombreux
ministères – Bercy, défense, intérieur, justice, agriculture… –, la
direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), le Medef, la
Confédération générale des petites
et moyennes entreprises (CGPME),
ou les chambres de commerce et
d’industrie, ce groupe devrait proposer des réformes en sens « très
rapidement, d’ici quelques mois je
pense », selon le patron de la DIIE,
Olivier Buquen.
«Nous nous trouvons confrontés
à de nombreux cas où les entreprises se trouvent dépourvues après la
divulgation d’informations confidentielles,malgrél’existenced’incriminations comme la concurrence
déloyale ou l’abus de confiance,
explique M. Buquen. Et quand on
arrive à poursuivre la personne à
l’originedelafuite,cen’estpasforcément le cas de l’entreprise qui en
bénéficie.»
D’où l’idée de créer une nouvelle
incrimination pénale « d’atteinte
au secret des affaires» en cas de diffusion d’«informations à caractère
économique protégé », en s’inspirant notamment d’un texte adopté
en 1996 aux Etats-Unis, le Cohen
Act.
Mais selon des projets de réforme du code pénal et de décret, sur
lequel le groupe de travail a trouvé
un accord lors de sa dernière réunion début novembre et que
Le Monde a pu consulter, il reviendra aux sociétés elles-mêmes de
définir quelles sont ces « informa-
L’Irlande
présentelebudget
leplussévère
desonhistoire
La cure d’austérité du pays est liée à l’octroi par
le FMI et l’UE d’une aide de 85milliards d’euros
Londres
Correspondant
T
tionsàcaractèreéconomiqueprotégées » et d’apposer dessus un marquage « confidentiel entreprise ».
Une liberté très large, car ce sceau
pourra être déposé sur des « informations, procédés, objets, documents, réseaux informatiques, données informatisées ou fichiers de
nature commerciale, industrielle,
financière, scientifique, technique
ou stratégique (…) ne présentant
pas un caractère public ». Et en cas
de diffusion de telles informations,
le contrevenant pourra être
condamné à un an de prison et
15 000euros d’amende.
«Ce sont les dirigeants de l’entreprise qui sont les mieux à même de
décider ce qui est stratégique »,
explique M. Buquen. Et de prévenir: «Le projet de réforme n’est pas
finalisé, pas terminé, pas arbitré. »
Dans sa mouture actuelle, ce
« confidentiel entreprise » ne serait
certes pas opposable à l’autorité
judiciaire dans le cadre de poursuites pénales, ni aux autorités de
régulation. Il ne pourrait pas non
plus être appliqué en cas de dénonciation d’un délit ou d’une infraction, et ne peut dispenser les entreprises de certaines obligations de
communication:dépôtsdescomptes aux greffes des tribunaux de
commerce, informations aux marchés pour les sociétés cotées… Mais
son champ d’application resterait
très important. Et pourrait notammentposer desquestionsenmatière de garantie des libertés publiques, estime un magistrat.
« La définition est totalement
lâche, beaucoup trop large, juge Jacques Terray, vice-président de
«Le “confidentiel
entreprise” doit être
très restreint pour
que des sociétés ne
soient pas tentées de
camoufler les choses»
un expert en intelligence
économique
Transparency International en
France. Un tel texte sanctuariserait
l’activité des entreprises. » « Il s’agirait d’une arme complémentaire
d’un arsenal juridique très complet
visant à opacifier la gestion des
entreprises,estimedesoncôtél’avocat Jean-Marc Fédida, et serait
notamment vecteur d’insécurité
juridiquepourceux chargésdevéhiculer l’information. »
Ainsi, la révélation, notamment
à travers les médias, d’un projet de
cession ou de rachat d’une activité,
des émoluments versés à certains
salariés comme les traders d’une
banque, d’une note interne sur
l’état d’une infrastructure ou d’un
projet de lancement d’un nouveau
produit pourrait provoquer des
poursuites judiciaires sur la base
de « l’atteinte au secret des affaires » si les entreprises classaient de
telles informations « confidentiel
entreprise».
« Le “confidentiel entreprise”
doit être très restreint pour que des
sociétés ne soient pas tentées de
camoufler les choses », explique,
sous couvert d’anonymat, un
expert en intelligence économique. « Sans garde-fou, les gens à l’intérieur des entreprises vont apposer
partout le tampon “confidentiel
entreprise”, de peur de mal faire,
estime un autre spécialiste de l’intelligence économique. A la direction de la surveillance du territoire
[DST, qui a fusionné avec les renseignementsgénérauxpour formerla
DCRI], on a vu le tampon “confidentiel défense” être apposé jusque sur
des commandes de couteaux et
fourchettes.»p
Clément Lacombe
riste budget pour les Irlandais. Le coup d’arrêt que la
crise financière a porté au
miracle économique a contraint
le ministre des finances, Brian
Lenihan, à faire de la présentation, mardi 7 décembre, du budget le plus sévère de l’histoire du
pays, un véritable exercice de
funambule. L’Union européenne
et le Fonds monétaire international (FMI) ont lié l’octroi de l’aide
de 85 milliards d’euros à Dublin à
l’élaboration par l’ex-Tigre celtique d’une cure d’austérité sans
précédent.
« Cet ajustement de grande
ampleur est exigeant mais il témoigne de notre détermination » :
comme l’a indiqué M. Lenihan, la
loi de finances 2011 marquée par
la baisse drastique des dépenses
publiques et la hausse des impôts
doit dégager 6 milliards d’euros
en vue de ramener le déficit budgétaire à 9,4 % du produit intérieur
brut (PIB) dès l’exercice prochain.
Il s’agit de la première étape du
programme d’économies de
15 milliards d’euros sur quatre ans
destiné à faire chuter le « trou »
budgétaire actuel, soit 32 % du PIB,
à 3 % en 2014.
Baisse des dépenses sociales, de
santé et d’éducation, suppressions d’emplois publics et compression des salaires et des retraites des fonctionnaires sont à l’ordre du jour.
Sur le plan fiscal, les impôts
directs et les accises vont augmenter. Surtout, les exemptions sur
les droits de mutation, jugées en
partie responsables du boom
immobilier et de la ruée des ménages à revenus modestes sur les crédits hypothécaires, ont été fortement réduites.
En revanche, l’impôt sur les
sociétés est demeuré à 12,5 %, soit
la moitié de la moyenne européenne, un taux jugé essentiel pour
continuer d’attirer les investisseurs étrangers, en particulier
américains.
Ce tour de vis sans précédent
reflète l’attente de la classe politique, des marchés comme de l’opinion publique, une attente tout
autant chargée d’espoirs que de
craintes. Chacun sait que même
en cas de succès, M. Lenihan ne
peut être que l’homme des miracles douloureux.
Aux yeux de l’équipe de centre
gauche au pouvoir, après quatre
budgets d’austérité en trois ans,
l’économie irlandaise est en train
d’amorcer sa sortie de la dépression.
Les exportations se sont
accrues de 7 % en termes réels au
cours du premier semestre. Les
ventes de biens industriels à haute valeur ajoutée, essentiellement
vers les pays européens hors de la
zone euro et les marchés émergents, ont grimpé de 13 % lors du
troisième trimestre. Le taux d’expansion de l’activité industrielle –
pharmacie, chimie, high-tech et
Internet – de 6 %, en 2010 devrait
rester stable en 2011.
Par ailleurs, le Trésor estime
que la page de la crise bancaire est
en voie d’être tournée grâce à l’injection de 56 milliards d’euros et
la nationalisation de l’ensemble
du secteur. L’assistance internationale de 35 milliards d’euros destinés aux cinq principaux établissements financiers devrait compléter la purge.
Il s’agit de la première
étape du programme
d’économies
de 15milliards d’euros
sur quatre ans
Dublin n’est toutefois pas au
bout de ses peines. Le plan de sauvetage international est un prêt
qui doit être remboursé d’ici une
décennie. De plus, l’île Verte doit
contribuer à cette bouée de sauvetage à hauteur de 17,5 milliards
d’euros puisés dans le fonds de
retraite national.
Le second point noir reste l’incertitude politique créée par l’annonce d’élections législatives anticipées au début de l’année 2011.
Alors que la popularité du gouvernement de Brian Cowen est au
plus bas, l’opposition de centre
droit, Fine Gael, est largement donnée favorite de cette consultation.
Le budget 2010 a été adopté en
première lecture à une très faible
majorité. Faute de temps et de
marge de manœuvre politique, il
est difficile au grand argentier de
faire oublier leurs désillusions à
ses administrés ulcérés de devoir
payer l’addition des méfaits des
banquiers du cru. p
Marc Roche
Personne aux guichets pour supporter Cantona
E
ric Cantona l’assurait : « La
révolution, c’est pas compliqué.» Dans un entretien filmé donné au quotidien PresseOcéan le 8 octobre, qui a depuis
fait le tour de la Toile, l’ex-star du
football invitait les Français à l’insurrection en leur suggérant de
Une grande école
mérite une grande
prépa.
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vider leur compte bancaire. « Le
système tourne autour des banques (…). Pour que tout s’écroule, tu
vas dans ta banque et tu retires ton
argent», disait l’ancien joueur de
Manchester United. Dont acte : les
internautes donnèrent rendezvous mardi 7décembre.
Simple? A fin septembre, les
dépôts bancaires des ménages
représentaient 270milliards d’euros en France. Mais cette somme
n’est conservée qu’en partie dans
les coffres des établissements qui
utilisent ces fonds, notamment,
pour prêter de l’argent à d’autres.
Début novembre, les banques
détenaient en réserve environ
41milliards. Pour les fragiliser, il
eut donc «suffi » que 20 millions
de Français retirent 2 050 euros en
moyenne. Faisable, à condition de
détenir cette somme et de prévenir sa banque 48 heures à l’avance,
comme l’exigent la plupart.
Au siège des établissements,
personne ne s’est toutefois affolé.
Aucun dispositif n’avait été prévu
pour cet improbable « bank run »,
qualifié même de « non-événement » au Crédit agricole.
« Il n’est pas venu »
De fait, l’opération a tourné au
fiasco. A Paris, dans le quartier de
Strasbourg-Saint-Denis, l’agence
BNPParibas n’avait relevé aucune
fermeture de compte, ni retrait
massif. Sur le trottoir d’en face, à
la Société générale, « RAS », indiquait le responsable d’agence, tandis qu’à la Banque postale, on ne
signalait « rien de spécial ».
Cette révolution « sans arme, ni
sang. A la Spaggiari », prônée par
le « promoteur» des rasoirs Bic,
est plus complexe qu’il n’y paraît.
« Ce n’est pas bête mais retirer son
argent, c’est bien beau, après on
fait quoi? », dit Hakan D., devant la
BNPParibas. « Je ne vais pas mettre
mes billets sous un matelas», renchérit Jérémie Périn, client de la
Banque postale peu enclin à
affronter les lourdeurs administratives d’une telle démarche.
L’opération n’a visiblement pas
été si simple non plus pour M.Cantona. L’acteur avait prévu de retirer 1500 euros à la BNP Paribas
d’Albert, dans la Somme, où il est
en tournage. Mais mardi, « il n’est
pas venu à l’agence », indique la
banque.
Plus étrange, selon le site d’informations Wansquare, celui que
l’on surnomme « Che-Cantona»
aurait, il y a quelques jours, retiré
750000 euros de la banque privée
Banque Leonardo… pour les transférer au Crédit agricole.
Contacté, le porte-parole d’Eric
Cantona, son frère Jean-Marie, n’a
pas donné suite à nos appels. p
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16 Economie
0123
Jeudi 9 décembre 2010
La Bourse de Francfort
est en train de retrouver
ses niveaux d’avant-crise
Le jeu «World of Warcraft» s’essouffle
mais reste en tête sur sa catégorie
Dopé par la reprise en Allemagne, l’indice DAX
est repassé au-dessus des 7000points
«WoW» rassemble 12millions d’abonnés mais depuis deux ans, leur nombre a peu progessé
Berlin
Correspondance
F
rancfort n’avait pas connu
cela depuis deux ans et demi.
Mardi 7 décembre, le DAX, le
principal indice boursier allemand, a franchi la barre des
7 000 points – il a clôturé à
7 001,91 points. Ce seuil place la crise économique au rang des mauvais souvenirs : le DAX a repris
plus de 90 % depuis son plus bas
de mars 2009. Et depuis le 1er janvier, il a progressé de 17,5 % quand,
à Paris, le CAC 40 a cédé dans le
même temps 3,2 %.
Cette barre des 7 000 points est
surtout symbolique. L’annonce
par les Etats-Unis du maintien des
cadeaux fiscaux – accordés aux
plus aisés par George W. Bush – en
échange de la prolongation du versement des allocations chômage a
profité à la quasi-totalité des places financières européennes. Elles
ont fini la séance de mardi en hausse malgré l’instabilité sur le marché obligataire européen.
Environnement optimal
A Francfort, les valeurs poursuivent l’envolée amorcée en début
d’année sur fond de performances
record des grands groupes et d’excellente conjoncture. L’équipementier sportif Adidas (+ 2 %), le
chimiste BASF (+ 1,88 %), le
constructeur BMW (+ 1,86 %) ainsi
que le cimentier Heidelbergcement (+ 2,96 %) ont enregistré les
plus belles performances.
L’indice des valeurs moyennes
du DAX a salué l’entrée du Qatar
au capital du numéro un allemand
du BTP Hochtief (+ 3,41 %), qui laisse envisager d’importantes potentialités de croissance et complique
les projets de rachat du groupe par
son rival espagnol ACS.
Les analystes évoquent un environnement optimal pour les
actions allemandes : des taux
directeurs faibles, une industrie
exportatrice qui profite de la croissance des pays émergents, des
entreprises qui ont gagné en compétitivité. Bernhard Eschweiler,
chef économiste du cabinet de
conseil en investissement Silvia
Quandt Research à Francfort est
optimiste : « La hausse continue
des bénéfices et la confiance dont
jouissent les firmes allemandes
devraient [permettre au] DAX de
poursuivre son ascension en 2011. »
Un sentiment partagé par les
patrons. L’indice Ifo, principal indicateur du climat des affaires, a
atteint, fin novembre, sa plus haute valeur depuis sa création en
1991, à 109,3 points. Calculé sur la
base de sondages menés auprès de
7 000 firmes de l’industrie, de la
construction, du commerce de
gros et de détail, il reflète les perspectives positives du côté de la
demande intérieure. Celle-ci jouera un rôle important dans les performances de l’économie en 2011.
La consommation a progressé
en octobre trois fois plus vite que
les exportations, à 2,4 %. Et selon
l’agence pour l’emploi, le nombre
de salariés dans les services, très
dépendants de la demande intérieure, était supérieur de 4 % à son
niveau d’il y a un an, après 12 mois
d’embauche ininterrompue. p
Cécile Boutelet
Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique
Reuters Breakingviews
Du métier ingrat des patrons
de groupes pharmaceutiques
J
effrey Kindler, le patron de Pfizer, a quitté ses fonctions au
motif qu’il se sentait très fatigué… fatigué d’entendre des actionnaires impatients réclamer sa
démission peut-être. Au tableau
des quatre années et demie que
M.Kindler a passées à ce poste figurent une acquisition majeure très
réussie et certaines erreurs, mais
pour les actionnaires, la dite période se solde par une moins-value de
20 %. C’est vrai. Il est toutefois trop
tôt pour émettre un jugement définitif sur le bilan de M.Kindler.
Le problème, c’est que pour les
groupes pharmaceutiques, le
temps se compte en décennies. Ils
consacrent des milliards aux activités de recherche et développement (R & D), mais les résultats
mettent plusieurs années à venir.
Pour Pfizer, l’urgence est de
trouver une nouvelle source de
chiffre d’affaires pour compenser
la perte de revenu qui s’annonce
en 2011 avec l’expiration du brevet
sur le Lipitor – traitement destiné
aux cas aggravés de cholestérol –
qu’il fabrique. En 2009, le produit
a rapporté 11milliards de dollars
(8,32milliards d’euros). La molécule avait été synthétisée en 1985, par
une société ensuite absorbée par
Pfizer en 2000. La recherche initiale qui a permis de mettre au point
cette catégorie de médicaments a
été assumée par une société japonaise au début des années 1970.
La lenteur et la rentabilité toujours incertaine des activités de R
&D expliquent en partie pourquoi
les patrons de groupe pharmaceutique préfèrent la croissance
externe. M.Kindler avait ainsi
racheté Wyeth pour 68 milliards
de dollars. Les opérations de
fusion ou d’acquisition sont génératrices de croissance et d’économies dans un délai compatible
avec la durée normale d’exercice
d’un directeur général. S’il est prématuré de tirer des conclusions
définitives quant au bien-fondé du
rachat de Wyeth, il faut reconnaître que M. Kindler n’a pas payé
trop cher, puisque l’opération s’est
faite juste après la crise financière,
début 2009. Cela étant, les coûts
cachés de ce genre de grandes
manœuvres n’apparaîtront peutêtre pas avant plusieurs années.
L
es plus « accros » à World of
Warcraft, alias « WoW», attendaient cela depuis des mois.
Dans la nuit du mardi 7 décembre,
ilsontpu,moyennant35euros,télécharger une nouvelle version du
jeu vidéo en réseau sur Internet le
plus populaire au monde. Il s’agit
d’une « extension » baptisée « cataclysm»,unajoutdecontenu(monstres, décors), le troisième seulement depuis le lancement fin 2004
de ce jeu « massivement multijoueur » (plusieurs milliers peuvent participer simultanément).
Blizzard Entertainment, le studio californien qui conçoit WoW, et
surtout le français Vivendi, sa maison mère, espèrent que cet événement va donner un nouveau souffle à un énorme succès – 12 millions
d’abonnés – qui marque le pas.
Sur le fond, l’extension ne modifie par les règles de WoW, qui reste
un jeu de rôles. Les participants
choisissent d’incarner des personnages virtuels parmi des « races ».
Ilssegroupentparéquipespourformer des « dongeons » ou lancer des
« raids». Le but étant de tuer le plus
(Traduction de Christine Lahuec)
n Sur Breakingviews.com
Plus de commentaires sur l’actualité
économique et financière.
joueurs pour assurer des vitesses
de connexion optimales et éviter
les « plantages ». Mais le jeu est
réputé – et fréquemment critiqué
– pour son caractère addictif: nombre de joueurs y consacrent des
dizaines d’heures par mois, certains y sacrifiant même une partie
de leur vie sociale.
Croissance des jeux sociaux
Reste que la concurrence n’a pas
réussi à percer. « Aucun autre jeu en
ligne massivement multijoueur,
pas même Aion [du studio NC Soft]
ou Warhammer [du géant Electronic Arts], ne tient la comparaison »,
assure Steeve Chauvet, un des
rédacteurs du site spécialisé
Jeuxonline. info. « Il y a WoW et le
reste du monde. Sur les 40 millions
de joueurs à ce type de jeux, près
d’un sur trois a choisi la licence de
Blizzard », souligne Laurent
Michaud, de l’institut Idate.
Néanmoins, il semble qu’une
certaine lassitude se soit installée
chez les joueurs. Et depuis
deux ans, le nombre de nouveaux
abonnés à WoW a peu progressé.
«Trop de joueurs avaient atteint le
niveau80[maximal]avecleurspersonnages. Certains se sont désabonnés dans l’attente de l’extension.
C’est mon cas », indique M. Chauvet.
Si l’accueil de Cataclysm est plutôt bon, les spécialistes n’attendent
cependant pas une explosion du
nombre de fans de WoW. « Le jeu
cible les gros joueurs, pas le grand
public, leur nombre est forcément
limité», juge M. Michaud, pour qui
il y a aura tout au plus 45 millions
de joueurs à des jeux « massivement multijoueurs » en 2015.
En réalité, le segment du jeu en
ligne qui progresse le plus vite,
même s’il apparaît pour l’heure
moins lucratif (il n’est pas basé sur
les abonnements), est celui des
« jeux sociaux », ces milliers de programmes tournant essentiellement sur Facebook, qui visent un
public très occasionnel. Selon l’Idate, les adeptes de ces divertissements « light » pourraient passer
de70millionscetteannéeà210millions en 2015.p
Cécile Ducourtieux
Conjoncture & entreprises
Conjoncture La croissance
française attendue à 0,6 %
au quatrième trimestre
L’économie française devrait croître de 0,6 % au quatrième trimestre, selon une nouvelle estimation légèrement revue à la hausse,
publiée mercredi 8 décembre par
la Banque de France (BdF). La BdF
rapporte aussi que l’activité industrielle et dans les services s’est
accélérée en novembre. – (AFP.)
Informatique Google
dévoile un ordinateur
équipé de Chrome
Le géant de l’Internet Google a
dévoilé, mardi 7 décembre, un
ordinateur équipé de son système
d’exploitation Chrome, un concurrent aux logiciels Windows de
Microsoft, qui équipent aujourd’hui neuf ordinateurs sur dix
dans le monde. Le système de Google n’est disponible qu’en test
pour les professionnels, mais le
coréen Samsung et le taïwanais
Acer devraient commercialiser
des machines au premier semestre 2011.
Transports
Le président de la SNCF veut «une
convention collective du ferroviaire»
Le président de la SNCF réclame la négociation d’une convention collective commune à l’ensemble du secteur ferroviaire afin d’éviter que l’ouverture à la concurrence – notamment dans les trains régionaux (TER) – n’engendre un « dumping social ». Guillaume Pepy, qui s’exprimait, mardi
7décembre, devant l’Association des journalistes de l’information sociale, a assuré qu’il ne s’agit pas de modifier le statut des cheminots, qui prévoit la garantie de l’emploi, mais de faire évoluer la durée du travail ou
l’amplitude horaire. A défaut, il craint une «concurrence chaotique» à partir de 2015, voire l’émergence d’un « Ryantrain», allusion à la compagnie
aérienne à bas coût Ryanair. M.Pepy a aussi souhaité que le « service
garanti » soit appliqué au fret en cas de grève. p
Finance Les entreprises
soutenues par des fonds
ont mieux résisté à la crise
Selon une étude réalisée par le
cabinet Ernst & Young pour l’Association française des investisseurs
en capital (AFIC), les entreprises
soutenues par des fonds d’investissements ont mieux résisté à la
crise que le CAC 40.
L’échantillon enregistre pour la
première fois depuis sa création
un fléchissement du chiffre d’af-
Marchés
faires France (– 5,9 % entre 2008 et
2009) ainsi qu’un recul modéré
des effectifs France (– 1,8 %). Mais
ces résultats sont à comparer avec
la baisse plus élevée du chiffre
d’affaires des entreprises du
CAC 40 (– 6,8 %) sur la même
période, signal l’étude. Le recul
des effectifs a aussi été plus marqué pour les entreprises du
CAC 40 (– 2,8 %) et pour l’ensemble des entreprises du secteur privé français (– 2,0 %).
Presse Deux quotidiens
déboutés de leur plainte
en contrefaçon sur le Web
Le tribunal de grande instance de
Nancy a débouté, mardi 7 décembre, les quotidiens Le Bien public
et Le Journal de Saône-et-Loire de
leur plainte contre le site Internet
Dijonscope, qu’ils accusaient de
contrefaçon. Ils contestaient la
reproduction sur Dijonscope d’extraits de leurs articles, accompagnés d’un lien vers le site original,
dans une « revue de Web ». Le tribunal a considéré que la contrefaçon ou la concurrence déloyale
n’étaient pas constituées. – (AFP.)
Transports Un Français à
la tête d’Austrian Airlines
Le Français Thierry Antinori,
49 ans, a été nommé à la présidence du directoire d’Austrian Airlines (groupe Lufthansa), a annoncé, mardi 7 décembre, la compagnie autrichienne. Ancien d’Air
France et ex-directeur du marketing de Lufthansa, M. Antinori
devra assurer le redressement de
la compagnie en difficultés.
Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
LES BOURSES DANS LE MONDE 8/12, 10h02
VALEURS DU CAC40
Mercredi 8 décembre 9h45
Valeur
Stratégie à long terme
Lorsque M. Kindler avait pris
ses fonctions, il avait parlé de redynamiser la filière médicaments de
Pfizer. Il a essayé en répartissant
l’effort de R &D entre plusieurs
unités plus petites. Pour le
moment, la stratégie n’est pas
payante, mais il faudra peut-être
une dizaine d’années ou davantage pour en percevoir le résultat.
M.Kindler a par ailleurs déboursé
225 millions de dollars pour acquérir les droits sur un antihistaminique présenté comme un traitement contre la maladie d’Alzheimer, sur la foi de tests effectués sur
un marché russe peu fiable. L’affaire a tourné au fiasco, l’une des
erreurs qui ont terni sa réputation.
Mais au fond, c’est probablement parce qu’il n’a pas su faire
rebondir le cours de l’action Pfizer
que M.Kindler se voit évincé de
son fauteuil à 55ans. p
Robert Cyran
d’ennemis possibles et de ramener
du butin pour passer au niveau
supérieur. Avec « cataclysm », cet
univers a été en partie bouleversé
par une énorme catastrophe géologique. Et les joueurs peuvent choisir deux nouvelles « races » : les
gobelins et les worgens (des loupsgarous). « Nous y avons travaillé
deux années durant avec jusqu’à
200 développeurs » précise Carlos
Guerrero, le producteur du jeu.
WoW est une des perles du groupe Vivendi (propriétaire d’environ
60 % de l’entité Activision Blizzard). C’est l’une des quatre principales licences de Activision Blizzard (avec Guitar Hero, Call of Duty
et StarCraft), sa division jeux vidéo,
qui a engrangé 1,7 milliard d’euros
de chiffre d’affaires en 2009 pour
un résultat opérationnel ajusté de
620millions d’euros.
Son économie est très efficace :
WoW fonctionne par abonnement
– entre 11 et 13 euros par mois. Les
frais de structure sont conséquents, puisque des centaines de
serveurs informatiques doivent
être disposés au plus près des
Pays
Dernier
cours
Cours
préc.
ACCOR .........................◗ 33,66
AIR LIQUIDE .......................◗ 93,55
ALCATEL-LUCENT ...........◗
2,23
ALSTOM ............................◗ 34,54
ARCELORMITTAL................
27,08
AXA ....................................◗
11,94
BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 49,20
BOUYGUES .......................◗
31,47
CAP GEMINI ......................◗ 33,85
CARREFOUR .....................◗
32,32
CREDIT AGRICOLE ............◗
9,94
DANONE ............................◗ 46,76
18,44
EADS ...................................◗
EDF ......................................◗
31,42
ESSILOR INTL ....................◗ 49,23
FRANCE TELECOM ............◗
15,73
GDF SUEZ ...........................◗ 26,64
LAFARGE ...........................◗
46,10
L’OREAL ............................◗ 85,20
LVMH MOET HEN. ............◗ 123,50
MICHELIN...........................◗ 54,86
NATIXIS ..............................◗
3,66
PERNOD RICARD...............◗
66,75
PEUGEOT............................◗
31,80
PPR .....................................◗ 126,25
PUBLICIS GROUPE ...........◗
36,17
RENAULT............................◗ 45,45
38,12
SAINT-GOBAIN..................◗
SANOFI-AVENTIS .............◗ 48,53
SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 118,20
SOCIETE GENERALE .........◗ 38,89
STMICROELECTR. .............◗
7,58
SUEZ ENV. ..........................◗
13,98
TECHNIP.............................◗ 66,92
TOTAL .................................◗ 39,00
UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 144,90
VALLOUREC .......................◗
75,76
VEOLIA ENVIRON. .............◗
21,13
VINCI...................................◗ 39,24
VIVENDI ..............................◗
19,93
33,76
93,73
2,25
34,09
27,02
11,90
49,28
31,57
34,00
32,70
10,04
47,12
17,93
31,75
48,82
15,84
26,82
45,97
85,87
124,10
54,39
3,68
67,32
31,70
127,45
36,33
45,60
38,44
48,55
118,15
38,90
7,61
14,04
67,32
39,01
145,65
76,19
21,12
39,48
19,91
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
-0,31 28,64
-0,19 20,37
-0,93 -6,38
1,33 -29,60
0,24 -15,85
0,29 -27,81
-0,17 -11,99
-0,32 -13,60
-0,44 5,88
-1,16 -3,69
-1,03 -19,60
-0,76 9,18
2,87 30,92
-1,05 -24,40
0,84 17,92
-0,63 -9,72
-0,67 -12,02
0,29 -20,26
-0,78 9,23
-0,48 57,57
0,86 5,99
-0,33 3,30
-0,85 11,42
0,35 34,40
-0,94 49,87
-0,41 26,93
-0,33 25,55
-0,82 0,13
-0,04 -11,86
0,04 44,53
-0,03 -20,55
-0,28 18,04
-0,36 -13,27
-0,59 35,47
-0,03 -13,34
-0,51 -5,73
-0,56 19,26
0,02 -8,63
-0,61 -0,58
0,08 -4,16
34,02
96,93
2,70
55,14
35,45
17,60
60,38
40,56
40,30
41,28
13,78
47,95
19,70
42,84
51,17
17,92
30,77
63,00
88,00
125,95
64,49
4,90
68,64
32,15
128,30
37,61
45,97
40,28
58,90
119,65
53,12
8,08
17,86
68,75
46,73
167,00
81,61
26,49
44,98
21,47
22,25
70,59
1,83
30,77
21,33
10,88
40,81
30,40
30,20
31,32
7,87
39,34
13,29
30,14
40,84
14,01
22,64
35,57
70,90
74,19
48,12
3,06
54,89
17,92
81,00
27,66
26,56
27,81
44,01
72,00
29,70
5,16
12,46
45,14
35,66
119,85
60,35
17,96
33,01
16,18
Divid.
net
1,05
2,25
0,16
1,24
0,16
0,55
1,50
1,60
0,80
1,08
0,45
1,20
0,17
0,60
0,70
0,60
0,83
2,00
1,50
0,70
1,00
0,45
0,73
1,50
3,30
0,60
3,80
1,00
2,40
2,05
0,25
0,06
0,65
1,35
1,14
20,00
3,50
1,21
1,10
1,40
T
T
T
T
S
T
T
T
T
T
T
T
T
S
T
A
A
T
T
A
T
T
S
T
T
T
T
T
T
T
T
A
S
T
A
D
T
T
S
T
Code
ISIN
FR0000120404
FR0000120073
FR0000130007
FR0010220475
LU0323134006
FR0000120628
FR0000131104
FR0000120503
FR0000125338
FR0000120172
FR0000045072
FR0000120644
NL0000235190
FR0010242511
FR0000121667
FR0000133308
FR0010208488
FR0000120537
FR0000120321
FR0000121014
FR0000121261
FR0000120685
FR0000120693
FR0000121501
FR0000121485
FR0000130577
FR0000131906
FR0000125007
FR0000120578
FR0000121972
FR0000130809
NL0000226223
FR0010613471
FR0000131708
FR0000120271
FR0000124711
FR0000120354
FR0000124141
FR0000125486
FR0000127771
Cours en euros.
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.
Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
Indice
% var.
Maxi
2010
Mini
2010
PER
CAC 40
3802,58 8/12
-0,21
4088,18 11/1
3287,57 25/5
11,70
DAX Index
6981,54 8/12
-0,29
7042,67 7/12
5433,02 5/2
12,40
FRANCE
ALLEMAGNE
Dernier
cours
ROYAUME UNI
FTSE 100 index
5797,42 8/12
-0,19
5902,11 9/11
4790,04 1/7
12,20
ETATS-UNIS
Dow Jones ind.
11359,16 7/12
-0,03
11451,53 5/11
9614,32 2/7
12,50
Nasdaq composite
2598,49 7/12
0,14
2623,60 7/12
2061,14 1/7
19,00
Nikkei 225 10232,33 8/12
0,90
11408,17 5/4
8796,45 1/9
16,50
JAPON
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
(Publicité)
SICAV ET FCP
SÉLECTION publiée sous la
responsabilité de l'émetteur
Dernier cours connu le 8/12 à 9h
Valeur
Multi-promoteurs
CM-CIC EUROPE
Cours
en euro
date
valeur
ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 38,76
ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 16,44
ECUREUIL CAPIPREMIERE C
2888,11
ECUREUIL OBLI CAPI C
61,08
ECUREUIL PROFIL 90 D
33,74
ECUREUIL PROFIL 75 D
37,97
ECUREUIL EURIBOR
1262,20
ECUREUIL EXPANSION C
18494,38
ECUREUIL INVESTISSEMENT D
43,74
ECUREUIL MONEPREMIERE C
2386,15
ECUREUIL SECURIPREMIERE C
2609,81
ECUREUIL TRESORERIE C
66,98
ECUREUIL OBLI EURO D
263,46
ECUREUIL MONEPREM.INSTC
117529,63
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
7/12
6/12
7/12
6/12
7/12
6/12
7/12
Fonds communs de placements
24,02
6/12
19,54
7,69
21,26
170,97
33,80
32,02
72,67
27,89
135,35
33,07
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
6/12
7/12
6/12
Fonds communs de placements
CM-CIC EURO ACTS C
CM-CIC SELECT.PEA
CM-CIC MID EUROPE
CM-CIC TEMPERE C
CM-CIC DYN.EUROPE
CM-CIC FRANCE C
CM-CIC EQUILIBRE C
CM-CIC DYN.INTERN.
CM-CIC OBLI C.T.D
CM-CIC MID FRANCE
Fonds communs de placements
CM-CIC DYN.INTERN.
27,89 6/12
CM-CIC OBLI C.T.D
135,35 7/12
CM-CIC OBLIGATIOND
26,21 7/12
CM-CIC MID FRANCE
33,07 6/12
CM-CIC PLANBOURSEC
18,81 6/12
CM-CIC TEMPERE C
170,97 6/12
CM-CIC EURO ACTS C
19,54 6/12
CM-CIC FRANCE C
32,02 6/12
.......................................................................................
Immobilier
•
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Reproduction interdite
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18 Décryptages WikiLeaks
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Les «mémos» du département d’Etat révélés par «Le Monde» reflètent
les doutes américains sur les ouvertures du président français à la Syrie
Le pari syrien de Nicolas Sarkozy
L
a politique d’ouverture
de Nicolas Sarkozy au
régime du président
syrien Bachar Al-Assad
aura suscité beaucoup
de scepticisme côté
américain. Washington aurait préféré une approche moins précipitée et plus clairement soumise à
conditions, considérant que
Damasdemeureunesourcemajeure de problèmes (transferts d’armes au Hezbollah libanais, soutien
au Hamas, ingérences en Irak).
Dans les télégrammes américains obtenus par WikiLeaks et
consultés par Le Monde, l’approche du président français est décrite comme « un gros pari » comportant des « risques ». Certains câbles
expriment une « consternation »
face à l’attitude de l’Elysée, et
notent des différences avec le Quai
d’Orsay, perçu comme plus strict à
l’égard de Damas. « La présidence
française a appris sa leçon depuis
ses tentatives ratées l’an dernier de
travailler avec la Syrie », écrit ainsi
un diplomate américain à Paris, en
mai 2008. Un autre télégramme
semble ironiser, en juin 2008, sur
le fait que « les émissaires de l’Elysée considèrent leur visite à Damas
comme un succès ».
Les Américains avaient bien
relevé qu’au début de sa présidence, M. Sarkozy avait envoyé un
signal de continuité avec la ligne
de Jacques Chirac, qui coopérait
étroitement avec Washington
depuis 2004 sur la Syrie, et boycottait Bachar Al-Assad depuis l’assassinat à Beyrouth de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri.
Le 10 mai 2007, M. Chirac organisait une rencontre à l’Elysée entre
Saad Hariri, le fils de l’homme politique assassiné (aujourd’hui premier ministre du Liban), et
M.Sarkozy, qui «assura qu’il garderait le cap » à propos du Tribunal
spécial pour le Liban, selon un télégramme américain. Le passage de
relais semblait assuré.
Par la suite, la diplomatie de
George Bush s’interroge, en particulier à propos des déplacements
à Damas de Claude Guéant, le
secrétaire général de l’Elysée.
Après une pause début 2008, l’Elysée renoue de plus belle avec
Bachar Al-Assad pour préparer le
sommet à Paris de l’Union pour la
Méditerranée, projet phare de
M. Sarkozy pour le monde arabe.
Bachar Al-Assad est invité à la tribune d’honneur, lors du défilé du
14-Juillet. Lui qui « n’a pas été invi-
M.Sarkozy salue Bachar Al-Assad lors du défilé du 14 juillet 2008 à Paris. J.-C. COUTAUSSE/FEDEPHOTO
té dans une capitale occidentale
depuis des années », note un câble,
sort « de son isolement ». « Les
Syriens se considèrent en position
de force », ajoute le document.
« Etre reçu à Paris représente pour
HONDELATTE
Al-Assad, à défaut d’autre chose,
un gain en “relations publiques”. »
L’Elysée ne fait qu’une petite
tentative, vite abandonnée, sur les
droits de l’homme. Le président
Assad a rejeté de la manière la plus
sèche la suggestion française qu’il
libère des prisonniers politiques
avant sa venue à Paris. « Les Syriens
ont adroitement dévié ce message
en suggérant que la France passe
par le Qatar pour les demandes
liées aux droits de l’homme, afin de
“ne pas donner l’impression que la
Syriesuccombe à des pressions occidentales” », écrit un diplomate
américain. « Les Français semblent
avoir avalé cet argument spécieux. »
En septembre 2008, M. Sarkozy
se rend à Damas. Un déplacement
« prématuré » selon les Américains, car « il semble récompenser
Assad pour de vagues promesses
restées sans effet ». L’objectif français est d’amener la Syrie à devenir
plus constructive sur le Liban, et
d’essayer de la détourner de son
alliance avec l’Iran. M. Sarkozy est
« un pragmatique », explique
Boris Boillon, un conseillerde l’Elysée, à un diplomate américain. « Si
les Syriens se comportent mal, tant
pis pour eux. » La France prétend
traiter en toute fermeté avec la
Syrie, qui « n’est pas un partenaire
commercial important ». « Le plan
français sur la Syrie », poursuit
Boris Boillon, prévoit comme date
butoir la fin de l’année 2008, pour
l’envoi d’un ambassadeur syrien à
Beyrouth. Il ajoute que « Sarkozy a
réussi à peser sur l’approche d’Assad sur la question iranienne du
nucléaire ». « Nous sommes quelque peu sceptiques sur ce moment
d’épiphanie », observe un télégramme américain.
« Les ambitions
françaises
au Moyen-Orient
sont frustrées »
L’ambassade
américaine à Paris
Début 2009, les tergiversations
syriennes n’ont pas cessé. Un
ambassadeur est nommé, mais
pas encore envoyé à Beyrouth. En
mars, un diplomate américain à
Paris rend compte d’une conversation avec le diplomate français
Jean-Claude Cousseran, salué com-
me « l’arabisant le plus distingué
de sa génération ». En « changeant
de ton à l’égard des Occidentaux »,
la Syrie a opéré un « changement
tactique, plutôt que stratégique »,
analyse M. Cousseran. « Ecarter la
Syrie de l’Iran est une bonne idée,
mais cela ne marchera jamais. »
M. Cousseran « note que les Syriens
sont maîtres dans l’art d’éviter de
réelles concessions. Ils savent envelopper leurs interlocuteurs dans
une atmosphère merveilleuse et
des conversations réjouissantes,
avant de les renvoyer les mains
vides», poursuit le câble.
Le président syrien joue la montre. Devant l’élu américain John
Kerry, le 21 février 2009, il déclare
qu’il ne cédera à aucune « pression
pour envoyer rapidement un
ambassadeur syrien à Beyrouth ».
C’est une « question de souveraineté », dit-il, ajoutant que « les Français [lui] ont imposé contre sa
volonté » la date butoir de décembre2008. L’ambassadeur présentera finalement ses lettres de créances le 21 mars 2009. « Bien que
Sarkozy soit contrarié » par ce
retard, note un câble américain,
« lui et ses conseillers ont choisi de
minimiser, et demeurent convaincus que le dialogue avec la Syrie a
apporté des dividendes ».
Finnovembre 2009, la diplomatie de Barack Obama se penche sur
lesrésultats d’un nouveau déplacement à Paris du président
Al-Assad. La France espère un rôle
de médiation entre la Syrie et
Israël. « On ne voit pas clairement,
écrit un diplomate américain à
Damas, comment Paris analyse la
façondont, selonbeaucoup d’observateurs ici, Bachar Al-Assad instrumentalise les ambitions de Sarkozy. »
Plus tard, l’ambassade américaine à Paris commente que « les
ambitions françaises au MoyenOrient » sont « frustrées ». « Les officiels français sont convaincus que
la main tendue de Sarkozy à la
Syrie a fait du président Al-Assad
un partenaire plus productif pour
la résolution des problèmes dans la
région – bien qu’ils aient du mal à
fournir des exemples concrets de ce
changement. » p
Natalie Nougayrède
Les ombres d’une campagne saoudienne
P
endant près de cinquante
jours, du 5 novembre au
22 décembre 2009, l’Arabie
saoudite est engagée dans une
courte guerre avec la rébellion
yéménite houthiste (du nom de
son initiateur, Abdel Malek
Al-Houthi) retranchée dans le
nord du pays et qui s’était
déployée au-delà de la frontière
entre les deux pays. Pour un
royaume habitué au « soft
power » et qui a longtemps soustraité sa sécurité aux Etats-Unis,
ce qui ressemble au départ à une
escarmouche se transforme très
vite en épreuve. Elle est suivie de
très près par les Américains, appelés à la rescousse pour ravitailler
l’armée saoudienne. « Il s’agit de
l’engagement le plus significatif
depuis qu’Abdel Aziz a combattu
pour établir le royaume saoudien », il y a plus d’un siècle, écrit
en décembre l’ambassade américaine à Riyad, selon un télégramme obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde.
Mais le bilan dressé par les
Américains des bombardements
saoudiens jugés « disproportion-
nés », aussi massifs qu’imprécis
dans un théâtre d’opération montagneux, est particulièrement
sévère, même si au final les Saoudiens assurent avoir repoussé les
rebelles. Au point que lors d’une
rencontre avec le vice-ministre
saoudien de la défense qui a dirigé les opérations, le prince Khaled Ben Sultan, quelques semaines plus tard, l’ambassadeur américain s’inquiète du bon usage
fait par l’aviation saoudienne des
images prises par satellite transmises par les Etats-Unis.
Cinq véhicules et huit pneus
L’ambassadeur présente au
prince la photo d’un bâtiment
bombardé qui, selon les EtatsUnis, est un hôpital. « Cela me dit
quelque chose », remarque le prince, avant d’ajouter : « Si nous
avions eu des [drones] Predator,
peut-être que nous n’aurions pas
eu ce genre de problème. »
Et le prince de mettre en cause
la qualité des informations données par les Yéménites. Selon cette note, datée du 7février, les Saoudiens auraient ainsi reçu les coor-
données d’un site correspondant
au quartier général du commandant de la région nord du Yémen,
le général Ali Mohsen Al-Ahmar,
«qui est considéré comme un opposant politique au président [Ali
Abdallah] Saleh », précise la note.
Des critiques, les Saoudiens en
ont également à faire valoir aux
Etats-Unis. Sur la qualité des
armes fournies tout d’abord,
notamment les bombes GBU-10 à
guidage laser, dont des dizaines
n’auraient pas explosé. Les Saoudiens reprochent également les
procédures américaines qui ont,
selon eux, freiné le ravitaillement en munitions aux
moments les plus critiques. C’est
« comme lorsqu’une maison brûle
et que les voisins disent qu’ils vont
intervenir mais qu’ils ne le font
pas », se plaint un général saoudien. Le même responsable compare alors les Etats-Unis à un vendeur de voitures qui céderait
« cinq véhicules mais avec seulement huit pneus». Une guerre brève, donc, mais avec quelques
dégâts collatéraux. p
Gilles Paris
WikiLeaks Décryptages 19
0123
Jeudi 9 décembre 2010
La mafia russe en Europe,
une «pieuvre» qui bénéficie
de protections à Moscou
Des magistrats espagnols dénoncent les contacts «dangereusement
étroits» entre le crime organisé et les cercles de pouvoir en Russie
L
a Russie exporte du gaz, du
pétrole et des criminels. Plusieurs télégrammes diplomatiques américains, obtenus par
WikiLeaks et révélés par Le Monde,
mettent au jour la pénétration de
la mafia russe en Europe. Ils
posent aussi la question des liens
entre ce milieu et le pouvoir politique à Moscou.
L’Espagne, terre d’accueil. Au
début des années 1990, la côte catalane était un lieu de villégiature
pour les criminels russes endurcis.
Puis ils se sont aperçus que l’Espagne, avec sa législation tolérante,
pouvait servir debasepour conduire leurs opérations transnationales. Quand les magistrats et la police ont décidé de se mobiliser contre
cette criminalité, celle-ci était déjà
enracinée.
Pourtant,finaoût2009,l’ambassade souligne l’activité des autorités. « Le gouvernement espagnol a
conduit deux opérations majeures
– appelées Troïka (2008-2009) et
Avispa (2005-2007) – contre les
réseaux “russes” en Espagne, qui
ont conduit à l’arrestation de plus
de soixante suspects, dont quatre
deshuit ou dix chefs de la mafia russe en dehors de la Russie. »
Le 13 janvier 2010, lors de la réunion à Madrid du groupe de travail
américano-espagnol sur le crime
organisé d’Eurasie, la franchise du
procureurJosé«Pepe»Grinda Gonzales stupéfait son auditoire. C’est
lui qui a conduit l’opération Avispa, démembrant un réseau dirigé
par Zakhar Kalachov, un Russe
d’origine géorgienne.
Ce jour de janvier, le procureur
dessine un panorama sombre. Il
« considère la Biélorussie, la Tchétchénie et la Russie comme des quasi
“Etatsmafieux”»etditque«l’Ukraineendeviendra un»,relatel’ambassade américaine, le 8 février 2010.
« Pour chacun de ces Etats, avance-t-il, on ne peut faire la différence
entre les activités du gouvernement
etceuxdesgroupes de la criminalité
organisée.»
Selon lui, Guennadi Petrov, cible
principale de l’opération Troïka –
remis en liberté au printemps à la
surprise générale –, avait développé « un niveau de contact “dangereusement étroit” avec de hauts responsables russes », estime l’ambassade. En octobre 2008, la police
avait perquisitionné la villa, à
Majorque, de Vladislav Reznik, président du comité des marchés
financiers à la Douma (Chambre
basse du Parlement russe). Couvert
par l’immunité, ce membre de Russie unie, le parti du pouvoir, était
suspecté de liens avec le célèbre
groupe criminel de Tombov.
La tâche des autorités espagnoles demeure gigantesque. C’est ce
qu’explique Fernando Bermejo,
procureur de Barcelone chargé de
la lutte contre la mafiaet leblanchiment, à un diplomate américain, le
29septembre 2009. Ce jour-là, il lui
En Thaïlande, des îles prisées par les criminels
Les criminels russes apprécient
les plages thaïlandaises. Dans
un télégramme daté du 4 décembre 2009, l’ambassade américaine à Bangkok souligne leurs
nombreuses activités, alors que
le nombre de touristes russes ne
cesse de croître dans la région.
Plusieurs agences américaines
de renseignement et de police
affirment que « les réseaux criminels composés essentiellement
de Russes qui œuvrent à Pattaya
et Phuket sont responsables de
nombreux crimes » : extorsion,
blanchiment d’argent, trafics de
drogue, fraudes immobilières,
fraudes financières, trafic
d’êtres humains, importation
illégale de voitures, etc. D’habitude discrets, ces groupes se
sont signalés au gré de plusieurs
faits divers spectaculaires qui
ont fait la « une » de la presse
locale, comme l’assassinat en
février 2007 de deux femmes
russes sur une plage à 10 kilomètres au sud de Pattaya.
confiait que « le blanchiment d’argent à grande échelle avait lieu en
Catalogne et que “beaucoup, beaucoup”de membres de la mafia russe
étaient actifs dans la région », rapporte l’ambassade à Madrid, le
15 octobre.
Les autorités doivent aussi faire
face aux menaces et aux tentations. Plusieurs cibles de l’opération Avispa « ont comploté pour
influencer les autorités judiciaires
et policières espagnoles impliquées
dans le dossier par un échange de
cadeaux et de faveurs », souligne
l’ambassade à Madrid, fin
août2008. TarielOnani, undessuspects, a dû s’enfuir en Russie, non
sans avoir annoncé un contrat sur
la tête des responsables de l’enquête,«afindeprouveraumondecriminel russe qu’il n’était pas une taupe
travaillant pour le gouvernement
espagnol.»
Il y aurait deux raisons de s’inquiéter, selon M. Grinda, au sujet
delamafia russe.D’abord,elleexerce un « contrôle énorme » sur des
secteurs stratégiques comme l’aluminium. La seconde raison est une
«question non résolue » : quelle est
«l’étendue de l’implication du premier ministre, Vladimir Poutine,
dans la mafia russe et dans quelle
mesure contrôle-t-il les actions de la
mafia».
Les diplomates américains, eux,
n’établissent pas une équivalence
entre le sommet du pouvoir russe
et la mafia. Mais l’hypothèse d’un
enrichissement personnel de
M.Poutine, à travers la société suisseGunvor,revientàplusieursreprises dans leurs écrits. Cette société,
dirigée par Guennadi Timchenko,
nie tout lien avec le premier ministre. Les Américains n’en savent pas
plus, en raison de l’opacité des
réseaux d’exportation du pétrole,
qui ont fait la fortune de Gunvor.
Le procureur espagnol s’avance
plus loin. Il reprend à son compte
une«thèse»d’AlexandreLitvinienko, ancien agent russe mort à la suite d’un empoisonnement à Londres,fin 2006,quelquesmois après
avoir renseigné les enquêteurs
Guennadi Petrov, cible principale de l’opération « Troïka » en Espagne, est escorté vers le
tribunal de Palma de Majorque, le 14 juin 2008. Il a été remis en liberté au printemps 2010. AFP
espagnolssur certains criminels :le
FSB (services secrets russes,
ex-KGB) « absorbe la mafia russe »,
explique le magistrat ; il lui déléguerait certaines tâches, éliminant
ceux qui refusent d’obéir. Kalachov, par exemple, le pivot du
réseau Avispa, a « travaillé pour le
renseignement militaire russe en
Un procureur
de Barcelone confie
que «le blanchiment
d’argent avait lieu
en Catalogne et que
beaucoup de
membres de la mafia
russe étaient actifs»
L’ambassade américaine
à Madrid, le 15 octobre 2009
vendant des armes aux Kurdes
pour déstabiliser la Turquie », explique le magistrat.
Enfin, «Grinda a dit que selon les
informations venant des services de
renseignement, de témoins et
d’écoutes téléphoniques, certains
partis politiques en Russie agissent
“main dans la main” avec le crime
organisé. Par exemple, poursuit
l’ambassade, il a affirmé que le Parti
libéral-démocrate [LDPR, dirigé par
Vladimir Jirinovski] a été créé par le
KGB et que son successeur, le SVR
[service extérieur], abrite de nombreux criminels sérieux».
Le secrétaire d’Etat américain à
la défense, Robert Gates, semble
Quand les diplomates américains pointent le régime
«sclérosé» de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie
d’un avis proche. Le 8 février, au
cours d’une rencontre avec son
homologue français de l’époque,
Hervé Morin, il a déclaré, selon les
propos rapportés par l’ambassade
à Paris : « La démocratie russe a disparu et le gouvernement russe est
une oligarchie dirigée par les services de sécurité. »
Les diplomates américains s’interrogent sur les changements de
prioritédesservices russes,enfonction des « vents politiques » (câble
du 23 avril 2009). L’ambassade à
Moscou cite l’exemple de Semion
Moguilevitch, « figure du crime
organisée », impliqué dans le circuit opaque de vente de gaz à
l’Ukraine, arrêté en janvier 2008
après avoir bénéficié de « la liberté
de mouvement en Russie et d’une
protection officielle ».
L’influence russe dans l’économie bulgare. La Bulgarie estentrée
dans l’Union européenne le 1er janvier 2007. Pourtant, elle demeure
rongéepar la criminalité organisée.
L’ambassade américaine à Sofia y
consacrait déjà un long télégrammele7juillet2005.«LaRussiecontinue d’exercer une influence signifiantesurl’économiebulgareautravers des importations d’énergie, y
compris le pétrole brut, le gaz naturel et le combustible nucléaire », y
était-il écrit.
L’ambassade américaine évoquait les activités en Bulgarie d’une
grande compagnie pétrolière russe,qui aurait euà l’époque « de forts
liens avec les services russes de renseignement et le crime organisé. »
L’ambassade cite aussi l’exemple
de Mikhaïl Tchorny. Homme d’affaires russo-israélien, il est aujourd’hui visé par un mandat d’arrêt
d’Interpol pour blanchiment d’argent, dans le cadre d’une enquête
espagnole. Lui nie en justice toute
assimilation au monde criminel.
Interdit de séjour en Bulgarie en
2000, il y aurait gardé la main sur
de nombreuses sociétés (un club de
football, le Levski, l’hôtel Bankya
Palace ou bien le journal Standard)
en transférant leurs titres, selon
l’ambassade, à un homme de
confiance, Todor Batkov.
Plus de quatre ans ont passé, le
11 septembre 2009, lorsque l’ambassade consacre un nouveau télégramme à la criminalité bulgare.
Dans un volet intitulé « Russian
Connection», on trouve davantage
de détails sur le représentant de
Mikhaïl Tchorny en Bulgarie, l’avocat et entrepreneur Todor Batkov.
L’ambassade souligne ses «liens
politiques solides », rappelant qu’il
a été décoré en 2008 de la plus haute distinction gouvernementale
par le président Georgi Parvanov,
pour avoir promu la culture nationale. Batkov est aussi connu pour
ses dons à des œuvres caritatives. p
Piotr Smolar
Le rendez-vous emploi
et formation des étudiants
et des jeunes diplômés
L’ambassade détaille les transactions de la «quasi-mafia» qui entoure le chef de l’Etat tunisien
L
a Tunisie n’a pas grand-chose
à se reprocher en matière de
droits de l’homme. Il y a bien
eu « quelques problèmes », mais le
gouvernement y remédie, puisque « des dizaines » d’officiers de
police ont été jugés pour « corruption ou autres délits ». Malheureusement, « certaines ambassades »,
à Tunis, et « des organisations de
défense des droits de l’homme » ont
pris prétexte de la lutte antiterroriste menée par le gouvernement
pour multiplier les critiques. Ça
n’est pas une « attitude amicale »…
Le télégramme américain qui
résume la rencontre, au printemps 2008 à Tunis, entre le président Zine El-Abidine Ben Ali et le
sous-secrétaire d’Etat américain
chargé des affaires du ProcheOrient et de l’Afrique du Nord,
David Welch, ne dit rien de la
réponse du diplomate.
Mais d’autres mémos, obtenus
parWikiLeaksetrévélésparLeMonde, permettent de se faire une idée
précise du régime tunisien vu par
les diplomates américains. Dans
un câble daté de juin 2008, sous le
titre « Ce qui est à vous est à moi »,
l’ambassade décrit la corruption
organisée par l’entourage familial
duchefdel’Etat,« laFamille »– qualifié de «quasi -mafia ».
Plus d’une dizaine d’exemples
sont cités. Ici, c’est l’épouse du président qui se voit accorder gratuitement par l’Etat un terrain, qui sera
viabilisé tout aussi gratuitement,
pour construire un établissement
scolaire privé, revendu depuis. Là
c’est un gendre qui récupère « un
immense manoir tape-à-l’œil »
«Le gouvernement
n’accepte ni critique
ni conseil (…).
Il ne cherche qu’à
imposer un contrôle
plus strict»
construit sur un terrain exproprié
par l’Etat, officiellement pour les
besoins de l’Agence de l’eau. Plus
loin c’est un autre gendre qui
acquiert 17 % de la Banque du Sud à
la veille de sa privatisation, et qui
revendra ses actions « avec un
confortable bénéfice » à un consortium bancaire hispano-marocain,
lui assurant ainsi le contrôle majoritaire qu’elle souhaitait…
A l’été 2009, un autre mémo
élargit le champ de vision et, non
sans avoir salué la robuste croissance économique (5 % en moyenne depuis dix ans) et le statut avancé de la femme, recense les « gros
problèmes » du pays. « Le président
Ben Ali prend de l’âge, son régime
est sclérosé, et il n’y a pas de successeur avéré, peut-on lire. Beaucoup
de Tunisiens sont frustrés par le
manque de liberté politique et en
colère contre la corruption de la
famille de la première dame, le
taux de chômage élevé et les disparités régionales. L’extrémisme reste une menace. Confronté à ces problèmes, le gouvernement n’accepte
ni critique ni conseil, qu’il vienne de
l’intérieur ou de l’extérieur. A
l’inverse, il ne cherche qu’à imposer
un contrôle plus strict, souvent en
s’appuyant sur la police. Résultat :
la Tunisie est à la peine et notre relation [avec elle] également. »
Pour les diplomates, travailler
en Tunisie est devenu très difficile.
Les contrôles, « mis en place par le
ministre des affaires étrangères »,
les contraignent à avoir une permission écrite avant tout contact
avec un officiel. Une demande de
réunion doit être accompagnée
d’une note diplomatique. « Beaucoup restent sans réponse », précise un mémo.
Maintenir des contacts avec les
militants de la société civile est
une gageure. Et l es Tunisiens invités à des réceptions par l’ambassade font l’objet d’intimidations par
despoliciers en civil postés à proximité.
Quelle devrait être la politique
de l’administration Obama en
Tunisie ? Poursuivre les contacts
avec l’opposition et la société civile. Continuer à critiquer « l’absence de démocratie et le peu de respect pour les droits de l’homme », le
faire « de façon très claire, le plus
souvent possible, et à très haut
niveau », mais, à rebours de l’administration Bush, en privilégiant la
discrétion.
LesEtats-Unis,ajouteletélégramme, devraient aussi demander aux
pays européens d’intensifier leurs
effortspour«persuaderlegouvernement tunisien d’accélérer les réformes politiques ». L’Allemagne et la
Grande-Bretagnesontacquisàcette
idée, mais «des pays-clés comme la
Franceet l’Italie hésitent à faire pression» sur la Tunisie. p
Jean-Pierre Tuquoi
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WikiLeaks Décryptages 21
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Washington cherche à poursuivre WikiLeaks en justice
Les Etats-Unis n’ont pas lancé de mandat d’arrêt contre Julian Assange. L’utilisation de la loi contre l’espionnage de 1917 divise les juristes
Les experts se demandent comment le département de la justice
pourra poursuivre Julian Assange
sans poursuivre les journaux ?
Les officiels américains insistent
clairement sur la différence entre
les médias qui ont repris le contenu des télégrammes, et qui de
manière « responsable » ont pris
l’avis du département d’Etat
avant publication et WikiLeaks.
« Assange n’est pas un journaliste », a répété le ministre de la justice, Eric Holder.
Plusieurs sénateurs ont proposé de travailler à une modifica-
Washington
Correspondante
U
ne bonne nouvelle » : le
secrétaire américain à la
défense, Robert Gates, n’a
pas caché sa joie de voir le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange,
sous les verrous en Angleterre.
Mais l’arrestation de l’Australien
n’a pas résolu le casse-tête juridique posé à l’administration Obama. Comment poursuivre Julian
Assange ? Et en vertu de quelle
loi ?
Pour la majorité de la classe
politique, l’affaire n’est pas si compliquée. La loi contre l’espionnage (espionage act) de 1917 est l’instrument adéquat.
Joseph Lieberman, le sénateur
indépendant du Connecticut, a de
nouveau réclamé des poursuites,
mardi 7 décembre, indiquant ne
pas comprendre pourquoi le responsable de WikiLeaks n’avait pas
été inculpé dès les premières fuites en juillet. « Si nous ne passons
pas à l’acte, d’autres seront tentés
de copier WikiLeaks, a-t-il dit. Cela
est la plus grosse violation de la loi
sur l’espionnage de l’Histoire. »
Sa collègue démocrate de Californie, Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement a, elle aussi, estimé que
la loi de 1917 s’appliquait. Et Carl
Levin, le président de la commission de la défense, a réclamé que
l’Australien soit jugé pour complicité dans une action criminelle.
Mais, pour les juristes, le dossier est moins simple qu’il n’y
paraît. Rédigée en termes très
généraux, la loi sur l’espionnage
est largement « archaïque », estime l’avocat Floyd Abrams. « En la
lisant, vous pourriez penser que
tout ce que vous lisez tous les jours
dans le journal viole les textes. »
Floyd Abrams, 74 ans, était l’un
des avocats du New York Times
«Ceci est la plus
grosse violation de
la loi sur l’espionnage
de l’Histoire»
Joseph Lieberman
sénateur indépendant
du Connecticut
Julian Assange à son arrivée au tribunal de Westminster, mardi 7 décembre, à Londres. STEFAN ROUSSEAU/AP
pendant l’affaire des « papiers du
Pentagone », la publication en
1971 de quelque 4 000 pages de
documents historiques attestant
que le Pentagone et la Maison
Blanche avaient menti aux Américains pour justifier l’escalade de
la guerre du Vietnam.
L’avocat met en garde contre
les rapprochements hâtifs. Les
deux affaires ne se ressemblent
pas, dit-il. Le plus récent des documents de l’époque remontait à
trois ans. Avec WikiLeaks, les fuites sont quasiment en temps réel.
Et les papiers du Pentagone
avaient montré « les mensonges
du gouvernement » américain.
« WikiLeaks ne présente pas de
mauvaise conduite systématique
des diplomates, estime-t-il. Le gouvernement s’en sort plutôt bien. »
Pour l’avocat, si le ministère de
la justice n’a toujours pas prononcé de mandat d’arrêt contre Julian
Assange, c’est qu’il n’a pas trouvé
la faille. « La loi n’a jamais été utilisée avec succès contre quelqu’un
qui avait été bénéficiaire de documents, par opposition à celui qui
les fait fuiter », explique-t-il.
En 2005, le ministère de la jus-
tice avait, pour la première fois,
poursuivi les bénéficiaires d’une
fuite d’information classée : les
deux lobbyistes pro-israéliens Steven Rosen et Keith Weissman, de
l’American Israel Public Affairs
Committee (AIPAC). Le dossier
avait été contesté par les défenseurs du 1er Amendement, et finalement classé sans suite en 2009.
Selon Floyd Abrams, la jurisprudence requiert de prouver
que la personne qui a révélé des
documents secrets a agi de « mauvaise foi », pour causer sciemment du tort aux intérêts améri-
M.Assange détenu à Londres dans une affaire privée
APRÈS AVOIR mené une vie semiclandestine dans la région de Londres pendant des semaines, Julian
Assange, le fondateur de WikiLeaks, a passé sa première nuit en
prison. Il s’est livré à la police britannique, mardi 7 décembre,
après qu’un mandat d’arrêt a été
lancé contre lui par la Suède, où il
est soupçonné d’avoir agressé
sexuellement deux femmes en
août. La justice suédoise souhaite
l’entendre pour un cas de « viol et
agression », et un cas de « coercition et agression » – mais refuse
de donner plus de détails.
Mardi, Julian Assange est apparu, en costume bleu et chemise
blanche, devant un tribunal de
Westminster. Le juge a refusé de
lui accorder la liberté conditionnelle, invoquant « l’extrême gravité des accusations » et « les
moyens et la capacité de s’enfuir »
dont dispose l’accusé. Il restera en
détention au moins jusqu’au
14 décembre. Ce jour-là, le tribunal se prononcera sur la recevabilité de la demande d’extradition,
en vertu des lois britanniques et
de la convention des droits de
l’homme.
Diverses personnalités, dont le
cinéaste Ken Loach, avaient proposé de se porter garants de
M. Assange et de payer sa caution.
Mais dans les affaires de ce type,
la justice britannique accepte rarement la liberté conditionnelle –
d’autant que M. Assange, toujours
rebelle, a refusé de dire au juge où
il résidait en Angleterre, se contentant de donner une adresse en
Australie, son pays d’origine.
Il a de nouveau nié les accusations, évoqué une « machination », et annoncé qu’il se battrait
jusqu’au bout pour échapper à
l’extradition : devant la Haute
Cour, puis la cour d’appel et,
enfin, la Cour suprême. Il pourrait
même porter l’affaire devant la
Cour européenne des droits de
l’homme de Strasbourg. Ces procédures successives risquent de
prendre des mois.
Ses avocats londoniens du cabinet FSI vont tenter d’exploiter les
faiblesses du dossier : en effet, la
Suède n’a pas encore inculpé officiellement M. Assange, et ne lui a
pas communiqué le détail exact
des charges. De son côté, l’avocat
suédois de M. Assange, Björn Hur-
Diversespersonnalités,
dontlecinéaste
KenLoach,ontproposé
deseportergarantes
deM.Assange
etdepayersacaution
tig, avait déjà fait appel de la
demande d’extradition. Or, la
cour d’appel suédoise avait rendu
un jugement ambigu : elle avait
confirmé la validité du mandat
d’arrêt, mais elle avait minoré certains chefs d’inculpation. Dans
ces conditions, les avocats estiment qu’une extradition est disproportionnée. Au vu de l’acharnement des procureurs, ils doutent aussi de la capacité de la Suède à garantir à leur client un procès équitable.
Autre ligne de défense : M. Hurtig a fait le lien entre les accusations de viol contre M. Assange et
les activités de son site WikiLeaks.
Depuis qu’il publie sur son site
des documents confidentiels américains, l’administration de Washington le considère comme un
ennemi et cherche à l’inculper.
Selon M. Hurtig, si Julian Assange
est extradé vers la Suède, ce ne
sera peut-être qu’une étape avant
une seconde extradition, cette
fois vers les Etats-Unis. Aujourd’hui, M. Hurtig n’est pas très optimiste, car dans les pays qui, comme le Royaume-Uni, ont signé un
traité d’assistance judiciaire avec
la Suède, la règle est de suivre les
décisions des tribunaux suédois.
Tandis que M. Assange comparaissait devant le tribunal à Londres, la procureure suédoise, Marrianne Ny, organisait une conférence de presse à Göteborg. Elle a
d’abord réfuté toute idée de
conspiration : « Rien ne nous permet de penser qu’il s’agirait d’un
complot. L’enquête n’a rien à voir
avec WikiLeaks, elle le concerne
personnellement (…). Cette arrestation était une condition pour pouvoir progresser dans cette affaire.
J’insiste sur le fait que je n’ai pas
été exposée à la moindre pression,
de caractère politique ou autre. »
Quant à une éventuelle extradition outre-Atlantique, elle a simplement répondu : « Si j’ai lancé
un mandat d’arrêt européen, ce
n’est pas pour le remettre aux
Etats-Unis. »
Avant son arrestation, M. Assange avait toujours refusé d’évoquer son affaire suédoise devant
les médias. Apparemment, il avait
décidé d’ignorer le plus longtemps possible cette menace, et
de consacrer tout son temps et
son énergie à travailler à la publication des documents diplomatiques américains – même si ce
délai ne faisait qu’aggraver sa
situation personnelle.
Son entourage, en revanche,
parlait parfois de l’affaire. L’un de
ses proches collaborateurs affirme avoir lu l’acte d’accusation ori-
ginal : « Il est complètement absurde. Ce “viol minoré” imagine une
situation où la femme n’a ni refusé l’acte sexuel ni donné son
consentement. » Selon lui, les plaignantes expliquent que leurs relations avec M. Assange étaient
consenties, et qu’il s’agit seulement d’un problème de préservatif ôté prématurément (pour la
première) ou rompu (pour la
seconde).
M. Assange est par ailleurs aussi attaqué sur le plan financier, à
la fois en Europe et aux EtatsUnis. Le service américain de paiement sur Internet Paypal, puis les
compagnies de carte de crédit
MasterCard et Visa ont interrompu les transferts de fonds vers les
comptes de WikiLeaks. De même,
la banque suisse Postfinance a fermé le compte que M. Assange
avait ouvert pour recevoir les
dons de ses sympathisants désireux de l’aider à payer ses frais de
justice. Les 31 000 euros déposés
sur le compte sont donc gelés.
Motif invoqué : M. Assange a fait
une fausse déclaration en indiquant qu’il résidait à Genève. En
fait, il aurait simplement donné
l’adresse de son avocat suisse.
L’équipe technique et éditoriale de WikiLeaks, composée de militants de plusieurs pays, a annoncé qu’en l’absence de Julian Assange, le site resterait ouvert et continuerait à publier quotidiennement les documents diplomatiques américains. Sauf, bien sûr,
s’il est à nouveau victime de pirates informatiques ou si ses hébergeurs le suppriment de leurs serveurs, comme ce fut le cas la
semaine dernière. p
Yves Eudes,
Virginie Malingre (à Londres)
et Olivier Truc (à Stockholm)
cains. A cet égard, « nombre des
déclarations de Julian Assange
pourront être utilisées contre lui »,
relève l’avocat.
Mais le fondateur de WikiLeaks
a aussi pris soin d’adresser une lettre, le 26 novembre, au département d’Etat pour proposer d’étudier les cas pouvant mettre en
péril la vie d’individus cités dans
les télégrammes. Le conseil du
département d’Etat, Harold Koh,
avait répondu qu’il était hors de
question que le gouvernement
s’engage dans une quelconque
« négociation ».
tion du texte de la loi de 1917 pour
pouvoir incriminer les « fuiteurs ». A ceux qui s’inquiètent
des brèches qui pourraient être
introduites dans le sacro-saint
1er Amendement, qui garantit la
liberté d’expression, la sénatrice
Dianne Feinstein a répondu qu’il
« ne constitue pas un feu vert pour
abandonner la protection de nos
intérêts vitaux. Le 1er Amendement
ne donne pas le droit de crier “au
feu” dans un théâtre bondé ».
Mais les défenseurs de la libre
expression n’ont pas été rassurés
par la menace déguisée proférée
par le sénateur Lieberman. En
publiant les télégrammes, a-t-il
dit, « le New York Times a pour le
moins commis un acte de mauvaise citoyenneté. A-t-il commis un
crime ? Cela mérite une enquête
approfondie du ministère de la justice ». p
Corine Lesnes
L’onde de choc
Russie-OTAN Moscou a fait part
de sa « perplexité » face aux plans
secrets de l’OTAN visant à protéger
les Etats baltes contre une éventuelle attaquerusse. L’agence Interfax a cité une source officielle qui
affirme que ces révélations « suscitent un grand nombre de questions
et la perplexité ». Le comité pour
les affaires étrangères de la Douma (Parlement) a indiqué qu’il
allait demander des explications
officielles.
L’Alliance atlantique a de son
côté déclaré que « l’OTAN et la Russie ne représentent pas une menace l’une pour l’autre ».
Pologne Le premier ministre polonais, Donald Tusk, a estimé, mardi,
queles documents américainssoulèvent un « problème grave » pour
Varsovie. « Ce n’est pas un problème d’image comme dans le cas de
certains Etats, ce n’est pas un problème de réputation comme c’est le
cas des Etats-Unis. C’est un problème de perte des illusions en ce qui
concerne le caractère des relations
entre des pays, y compris des alliés
aussi proches que les Etats-Unis et
la Pologne », a-t-il dit, ajoutant que
les documents publiés « jettent
une lumièrecrue »sur la vraie nature de ces relations. p
LA DIFFERENCE
C’EST
LA VIGILANCE
Isabelle Giordano
Service Public 10h
franceinter.com
FRANCE INTER LA DIFFÉRENCE
franceinter.com
22 Décryptages Enquête
0123
Jeudi 9 décembre 2010
L’élection d’Alpha Condé
à la présidence de la République
de Guinée a été validée par la Cour
suprême le 3 décembre.
PASCAL GUYOT/AFP
Christophe Châtelot
D
ans l’armée guinéenne, le
commandant Naby Camara est davantage connu par
son surnom : « B52 », comme les bombardiers américains. Un surnom qu’il doit
sans doute à la force brute que dégagent
son cou de taureau et ses cuisses d’haltérophile; et aussi à la rugosité de ses analyses.
Peu après le 7 novembre, date du
secondtour de la première élection démocratiqueorganiséeenGuinée depuisl’indépendance, en 1958, de cette ancienne colonie française, l’officier parachutiste veut
faire passer un message : « Un coup d’Etat
militaire ? Maintenant, c’est impossible. A
cause de La Haye ! »
A le croire, le risque de se retrouver
devant la Cour pénale internationale (CPI)
dissuade les militaires guinéens de perpétuer leurs mauvaises habitudes. Jusqu’à
accepter de transmettre à l’ancien opposant et nouveau président guinéen, Alpha
Condé, un pouvoir qu’ils retenaient en otage depuis plus d’un quart de siècle. A l’heure où la Côte d’Ivoire, voisine, flirte avec le
chaos après le coup de force électoral de
Laurent Gbagbo au scrutin présidentiel du
28 novembre, la transition en Guinée
paraît exemplaire.
Le rôle passé de l’armée ne prêtait pourtant guère à l’optimisme. C’est à la faveur
d’un putsch que le « général président »
Lansana Conté prit le pouvoir en 1984, au
lendemain de la disparition du dictateur et
père de l’indépendance guinéenne, Sékou
Touré. Pouvoir que seule la mort parvint à
lui arracher, le 22 décembre 2008. Le capitaine Moussa Dadis Camara fut alors propulsé à la tête d’une junte militaire, le
Conseil national pour la démocratie et le
développement (CNDD), jusqu’à ce que
son aide de camp lui tire une balle dans la
tête, le 3 décembre 2009. Un parachutiste,
Sékouba Konaté, a assuré l’intérim jusqu’à
la victoire d’Alpha Condé.
Au lendemain de la mort de Lansana
Conté, tous les ingrédients étaient sur la
table pour un cocktail explosif : une armée
«clanique », « indisciplinée » et « criminalisée », selon les termes du cercle de
réflexion International Crisis Group (ICG),
des relations interethniques à vif, un Etat
fantôme rongé par la corruption, des partis
politiques inexpérimentés et des appétits
étrangers aiguisés pour les ressources
minièresinexploitées.Finalement,labombe a été neutralisée grâce notamment aux
pressions croisées de la justice internationale, de capitales étrangères, de l’ONU et
des organisations régionales.
La CPI, qui a ouvert « une analyse préliminaire » sur le massacre du 28 septembre
2009 (plus de 150 opposants tués par des
militaires), a joué son rôle de démineur de
la crise. Ainsi, il n’a pas échappé à « B52 »
que l’ancien président du Liberia voisin,
Charles Taylor, est à La Haye depuis 2007,
jugé pour des crimes commis dix ans plus
tôt. Cela sonne comme la fin de l’immunité totale pour les présidents et leurs hommes de main.
« B52 » en mesure la portée. En mai, il a
étépromu coordonnateurdelagardeprésidentielle. Ces « bérets rouges » fournirent
la soldatesque qui massacra plus de
150opposants et viola des dizaines de femmesle28septembre2009.Cettetuerie provoqua une prompte réaction internationale. Le Conseil de sécurité de l’ONU – saisi
par la France, qui avait entraîné l’Union
européenne, les Etats-Unis et nombre de
pays africains sur cette affaire – avait
condamné ce drame et envoyé une équipe
sur place. Ils allaient qualifier cette tuerie
de « crime contre l’humanité ».
A posteriori, ce fut un moment charnière dans la transition guinéenne. La société
civile reprenait des forces. « Enfin, la communauté internationale s’intéressait à
nous », nous disait à l’époque Mamadi
Kaba, un militant des droits de l’homme.
Les hommes politiques guinéens passés à
tabac par les bérets rouges regagnaient de
la crédibilité auprès de la population. Et le
pouvoir que Moussa Dadis Camara tentait
d’annexer sortait de ce drame remanié.
Le 3 décembre 2009, dans la foulée
d’une rencontre avec les envoyés de l’ONU,
Guinée Lapercée
démocratique
Plus d’un mois après
l’élection du «civil»
Alpha Condé
à la présidence,
la Guinée connaît
une transition
politique jusque-là
assez pacifique.
Et presque
exemplaire à l’heure
où la Côte d’Ivoire
voisine flirte
avec le chaos
depuis le scrutin
présidentiel
du 28novembre
le chef de la junte était victime d’une tentative d’assassinat de la part de son aide de
camp,« Toumba » Diakité. Ilsentaitvenir le
moment où le capitaine Dadis allait lui faireporterl’entièreresponsabilitédesmassacres du 28 septembre. Grièvement blessé,
Dadis Camara, dont les dérives autocratiques et les délires politiques conduisaient
la Guinée vers le gouffre, sortait du jeu.
Quelques mois plus tôt, l’arrivée du
jeune et bouillant capitaine Dadis à la tête
du CNDD avait pourtant soulevé une
vague d’espoir chez les Guinéens, prompts
à croire à ses promesses : rajeunissement
des dirigeants, fin du narcotrafic, de la corruption et du népotisme caractéristiques
des dernières années d’agonie du régime
du « général-président ». Surtout, Dadis
s’engageait à rendre rapidement le pouvoir aux civils. Mais la lune de miel avec la
population avait tourné court au rythme
chaotique des engagements non tenus et
desambitions présidentiellesdu capitaine.
Ambitions brutalement stoppées par la
tuerie du 28 septembre et la tentative d’assassinat du 3 décembre.
Cesévénements propulsèrentlegénéral
SékoubaKonatéàla têtedel’Etat, débutjanvier. Il accepta la charge un peu contre son
gré, poussé notamment par les Etats-Unis,
la France, le Maroc et le Burkina Faso. Dadis
Camara avait été préalablement neutralisé
pendant plusieurs semaines dans un hôpital marocain, puis envoyé en convalescence forcée à Ouagadougou, la capitale burkinabé, où le président Blaise Compaoré
« veille » toujours sur lui. Aux yeux des
AméricainsetdesFrançais,le généralKonatéétait le seulcapable de tenir l’armée. « On
sait qu’il boit et qu’il aime l’argent, mais on
n’a personne d’autre sous la main», jugeait
alors sévèrement un diplomate occidental.
Malgré les sanctions internationales
contre la Guinée, le général fut traité comme un président à Paris, Beyrouth ou
Washington. Avec d’autant plus d’attentions que ce parachutiste taiseux, mal à
l’aise dansles arcanes politiques, « a menacé à plusieurs reprises de claquer la porte, il
a fallu le retenir », explique un autre diplomate. En septembre, les Etats-Unis lui ont
accordé un visa « en reconnaissance de ses
efforts pour instaurer la démocratie ». Et
Washington a dû le dissuader de l’utiliser
immédiatement, alors que le pays était au
bord de l’explosion avant le second tour
de la présidentielle du 7 novembre. Avant
la publication des résultats, dix jours plus
tard, il fallut de nouveau lui déconseiller
de s’envoler pour le Maroc où, affirme un
homme d’affaires libanais de Conakry, « il
a hâte d’aller profiter des millions de dollars qu’il a accumulés depuis qu’il est président par intérim ».
Bon gré, mal gré, Sékouba Konaté aura
tenu ses engagements : maîtriser les militaires et transmettre le pouvoir aux civils.
« B52 » l’atteste : « Il a réorganisé l’armée. »
Doté d’une réelle autorité sur ses pairs, « El
Tigré » a fermé les camps d’entraînement
des milices de Dadis en Guinée forestière.
Il a écarté les officiers qui nourrissaient
l’espoir d’un retour du capitaine au pays
« Un coup d’Etat militaire ?
Maintenant,
c’est impossible.
A cause de La Haye ! »
Commandant Naby Camara
et resserré les rangs autour du « groupe de
Meknès », ces officiers formés comme lui
à l’Académie royale du Maroc. Il a tenu ses
troupes à coups de promotion, de rééquipement et de formation de certaines unités grâce aux programmes de coopération
militaires (français et américains notamment) et d’investissements massifs dans
les casernes.
Autant de largesses financières que le
futur pouvoir civil pourra difficilement
supporter sans aide extérieure, étant donné l’état de faillite virtuelle du pays. Sékouba Konaté a d’ailleurs expliqué aux soldats et officiers tout le bénéfice qu’il y a à
tirer d’une Guinée démocratique. «Il a laissé entendre que les dollars des aides bilatérales allaient couler à flots pour réformer
une armée perçue à l’étranger comme une
source de déstabilisation », rapporte un
diplomate occidental. A écouter « B52 »
dans sa villa du quartier de Sangoyah, à
Conakry, les temps ont changé. Le
8 novembre, au lendemain du second
tour, les analystes de la CPI étaient de
retour dans la capitale. A ce moment-là, on
redoutait encore que le résultat du scrutin
ne dégénère en violences interethniques
entre, d’un côté, les partisans peuls de Cellou Dalein Diallo et, de l’autre, les Malinkés et les Soussous soutenant Alpha
Condé.
L
’objectif officiel de la mission de la
CPI était de faire le point sur l’enquête guinéenne sur le 28 septembre.
Officieusement, « nous sommes une arme
de dissuasion massive pour prévenir les violences post-électorales », dit l’un des analystes. Les militaires tentés de réprimer aveuglément, les responsables politiques ou
chefaillons de quartiers appelant aux
pogroms ont, semble-t-il, perçu la menace.
La Fédération internationale des ligues
des droits de l’homme (FIDH) a certes
condamné «l’utilisation excessive de l’usage de la force » par les militaires contre les
partisans de Cellou Dalein Diallo, mécontents de leur défaite. Human Rights Watch
note également que « les chiffres [des blessés et des personnes arrêtées] évoquent
une réponse à motivation ethnique [contre
les Peuls] ». Mais pour inacceptable qu’il
soit,le bilan(aumoinsseptmorts,des dizaines de blessés par balles, une centaine d’arrestations)doitêtre misen regardde précédents bains de sang en 2006 et 2007, ou le
28 septembre, où les morts se comptaient
par dizaines, voire centaines.
Le perdant de la présidentielle, Cellou
Dalein Diallo, a aussi fait preuve de responsabilité en admettant sa défaite. Ce qui fait
dire au journal burkinabé Le Pays que
M. Diallo « refuse de rejoindre le lot de ces
politiciens sans scrupule, prêts à mettre leur
pays à feu et à sang pour accéder au trône
ou le conserver. Il [Diallo] nous offre l’occasiond’affirmerqu’entreluietLaurentGbagbo de la Côte d’Ivoire, qui s’est fait investir
après un hold-up électoral des plus indéniables, c’est le jour et la nuit ».p
Analyses Décryptages 23
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Le «mélenchonisme»
et le bon usage du populisme
J
e suis le bruit et la fureur. » Reprenant
William Faulkner, Jean-Luc Mélenchon ne
cache pas qu’il veut déranger. Depuis deux
mois, le président du Parti de gauche (PG) attaque au lance-flammes le Parti socialiste, développe un discours radicalement antisystème et
multiplie les piques contre les médias. Ses
anciens camarades le taxent de populisme, l’assimilent même à l’extrême droite. Et pourtant
ce nouveau ton, faisant vibrer les souvenirs de
lafierté de laclasse ouvrière et de ses luttes, attaquant l’« oligarchie » et ses « laquais », porté
dans cette posture de tribun façon IIIe République, ça marche. Le « mélenchonisme » a trouvé
son public.
Porté par son envie présidentielle, le député
européen est parti en campagne. Un jour contre
les « patrons hors de prix », le suivant à l’assaut
de la « caste médiatico-politique », fulminant
encore contre les socialistes « politiquement stériles »… c’est un vrai festival. On l’a vu partout
sur les plateaux de télévision, entendu à presquetout cequelePAF(paysageaudiovisuelfrançais) compte d’émissions importantes et aperçu
dans tous les défilés contre la réforme des retraites. Il frappe, il cogne et tape souvent juste. Tout
en répétant : « Populiste ? J’assume. » « Mélenchon» est presque devenu une marque.
Ce profil dérangeant commence à payer.
DanslederniersondageTNS-SofrespourLeNouvel Observateur du 25 novembre, il obtient entre
6 % et 7 %, selon le candidat socialiste en lice.
Pour Paris Match, IFOP le donne entre 6 % et
7,5%.Soitunscoreégalou supérieuràceluid’Olivier Besancenot. La campagne n’a pas encore
démarré, le candidat du Front de gauche – l’alliance entre le Parti communiste, le Parti de gaucheet laGaucheunitaire–n’a mêmepasétédésigné. Mais on sent poindre un réel engouement à
la gauche de la gauche.
Le député attire un public nouveau dans ses
Analyse
Sylvia Zappi
Service France
meetings. Le blog qu’il anime est l’un des plus
visités dans la blogosphère radicale. Son livre,
Qu’ils s’en aillent tous ! (Flammarion, 142 p.,
10euros), est devenu un best-seller politique. Et
son passage à l’émission « Vivement dimanche » a attiré 3,7 millions de téléspectateurs, frôlant l’audience d’une Ségolène Royal. « C’est les
petitsmiraclesdelavie»,se félicitel’anciensocialiste,qui préfèreles «dialoguesfracassants»parce que «le consensus c’est la mort ».
Après le mouvement sur les retraites, la
séquence politique semble propice aux discours radicaux assumés. Le PS prend son temps
pour affiner son programme et se querelle sur
ses primaires. Le Nouveau Parti anticapitaliste
(NPA), en perte de vitesse depuis un an, n’est
plus le seul sur les créneaux de la gauche radicale. Et le PCF tente de donner le change avec
André Chassaigne, mais il ne convainc pas.
«Le discours tranchant et singulier de Mélenchon sort des codes et sa voix dissonante est clairement identifiée », remarque Jérôme Fourquet,
directeur de l’IFOP. « Son écho est lié au creux du
PS, sans leadership fort ni projet crédible », renchéritStéphane Rozes,présidentde Conseil analyses et perspective. M. Mélenchon profite du
vide à gauche et séduit à la fois les militants en
quête d’une alternative au PS et ceux qui veulent le réveiller, le jugeant trop mou.
Et puis, son refrain antimédias rencontre un
écho certain. On savait que chez les militants la
méfiance vis-à-vis de la presse écrite et audiovisuelle était prégnante. Depuis le référendum de
Vie moderne
Sandrine Blanchard
Juste pour rire
S
mai 2005, sur le projet de traité constitutionnel
européen, où la majorité des médias ont suivi,
voire relayé le discours favorable au oui, la
défiance est palpable. Avec la crise, elles’est élargie à des franges moins politisées. « Sa critique
des médias est bien fichue. Les attaques contre
son populisme ont donné une image d’une corporation qui ne sait pas se remettre en cause »,
souligne Vincent Tiberj, chercheur au Centre
d’études européennes de Sciences Po. M. Mélenchon avait prévenu dès la Fête de L’Humanité, à
la mi-septembre : « Ça va secouer ! » Il voulait
élargir son public. Atteindre les abstentionnistes et ne pas laisser les couches populaires, revenues de tout, au Front national. Mais le président du PG joue gros.
A force d’accentuer les divisions à gauche,
de taper comme un sourd sur ses anciens camarades, il s’est attiré des critiques parmi ses alliés.
«Onnepeut menerune campagne surlepopulisme », a prévenu Pierre Laurent, numéro un du
PCF. M. Mélenchon risque de brouiller son image alors que l’aspiration à battre la droite est très
forte dans l’électorat de gauche. Pour durer, il va
falloirsortird’unpositionnementtournécontre
le PS, parler à toute la gauche. Et convaincre que,
avec lui, le Front de gauche a des solutions.
L’aspirant candidat semble l’avoir entendu.
En marge du congrès de son parti le 19 novembre, il a remisé son slogan « Qu’ils s’en aillent
tous ! », préférant un « je ne suis pas avec le peuple, je suis du peuple ». Sa cible au PS s’est recentrée sur le seul Dominique Strauss-Kahn, « bête
noire » de la gauche radicale. Mais il prévient :
« La violence des réactions me prouve que j’ai
tapé juste. Ma manière d’être n’a pas fini de vous
dérouter. » Pour l’instant, ça marche. Mais il ne
devrait pas oublier que le roman de Faulkner se
termine mal. p
Courriel : [email protected]
ur Facebook, j’ai reçu une
invitation. Son intitulé :
« Pour que le saucisson soit
considéré comme un légume. » Je
n’ai pas rejoint le groupe, mais cet
appel à « manger la peau parce
qu’elle concentre toute la vitamine » et à participer ainsi au « manifeste pour une diététique instinctive » m’a bien amusée. Bon, il s’agit
d’un tout petit groupe à l’échelle
de ce méga-réseau social. Il compte seulement 497 membres.
Tout est prétexte à un groupe
Facebook. On ne parle plus des
apéros géants – cela reviendra
sûrement avec les beaux jours –,
mais les médias n’hésitent pas à
relayer la création de certains
groupes, même s’ils ne comptent
que quelques centaines de personnes : « Contre la pub Crédit mutuel
qui ose dire que le Père Noël n’existe pas » ; « Contre l’appellation Zoé
pour la nouvelle voiture Renault » ;
« Contre la boutique de l’OM à
Paris » ; pour qu’on ne « Touche
pas à mon Nutella », etc.
C’est pourtant l’humour potache
ou nostalgique qui remporte les
suffrages. C’est inutile, souvent
régressif, mais drôle.
Petit florilège : « Si toi aussi tu trouves qu’il manque un jour entre
samedi et dimanche »
(1 389 268 personnes aiment ça).
« Manger la pâte à gâteau avant
qu’elle soit cuite » (948 417). « Encore devant l’ordi ? Bah, j’ai essayé
derrière, on voit moins bien »
(593 190). « Si toi aussi quand quelqu’un sort de ta chambre tu gueules la POOOORTE ! » (581 000). « Si
toi aussi tu regardais ton âge au
fond du verre à la cantine »
(365 939). « Si toi aussi, quand tu
téléphones, tu revisites ta maison »
(224 034). « Si toi aussi quand tu
pars pour deux jours, tu fais une
valise pour deux semaines »
(305 123).
Et puis encore : « Jeter du sable sur
les gens et leur dire bonne nuit, les
petits » ; « Continuer à dormir cinq
minutes après que le réveil a sonné » ; « Si toi aussi tu hurles
QUOOOI ! à tes parents quand ils
t’appellent ». Et pour les publivores : « Pour qu’Olivier de Carglass
sorte avec Cerise de Groupama. »
Enfin, mon préféré : « Contre les
cons qui restent immobiles à gauche dans l’Escalator » (142 100 personnes aiment ça).
« Si toi aussi tu
trouves qu’il manque
unjour entre
samedi et dimanche »
Les groupes à la mode ces derniers
jours, c’étaient bien sûr ceux qui
reprenaient la proposition d’Eric
Cantona de vider son compte en
banque le 7 décembre pour faire
trembler le système. Le matin du
jour J, l’événement « Bankrun
2010, Join Eric Cantona in a Global
Revolution » comptait environ
20 000 membres, mais seulement 799 prêts à participer à l’opération. Pas de quoi faire sauter les
banques, mais largement de quoi
faire le buzz. 778 participants, c’est
presque autant que ceux – ils sont
648 – qui se déclarent « pour que
Tom bouffe enfin Jerry et pour que
Grosminet bouffe enfin Titi » ! p
Courriel : [email protected]
Le livre du jour
Italie, les années de boue
E
n dépit du titre qui renvoie
au plus célèbre des films de
Federico Fellini, les deux
décenniesd’histoireitalienne abordées dans le dernier roman de
Simonetta Greggio, Dolce Vita
1959-1979, n’ont été ni douces ni
joyeuses. Au contraire, la promesse d’une vie insouciante, riche de
charme et de sensualité, annoncée
par la nuit magique de Marcello
Dolce Vita 1959-1979
Simonetta Greggio
Stock, 416 p., 21,50 euros
Mastroianni et Anita Ekberg, a été
irrémédiablement balayée par
l’impressionnante suite de tragédies et de violences qui a marqué
cesannées cruciales de l’histoire de
la Péninsule.
La romancière italienne – qui
réside en France –, le souligne avec
force, persuadée que, sans « ces
vieilles histoires », comme le dit un
despersonnages,« il serait impossible de comprendre ce qui se passe ».
D’ailleurs l’Italie de Berlusconi,
avec son cortège d’affaires et de
scandales, ne serait que le produit
de cette période trouble qui a affaibli la démocratie italienne : « Après
les années de plomb, celles de la
boue. »
Les Français n’étant pas tous
familiers de ces années sombres,
SimonettaGreggiopropose unefficace rappel de mémoire sous for-
mederoman,où,grâceà unmontage très cinématographique d’événements et de temps différents,
ellemêle avec talent fiction et réalité. Au centre du récit, elle campe
Malo, un vieil aristocrate, qui,
après avoir connu les folies de la
dolce vita, mais aussi les intrigues
du pouvoir, éprouve le besoin, à la
fin de sa vie, de se confesser.
En suivant le fil de sa mémoire,
où la chronologie laisse souvent la
place à la libre association, il fait
revivre la réalité chaotique et
contradictoire des années 1960 et
1970, deux décennies pendant lesquelles l’Italie est passée de l’espoir
lié à l’essor économique de l’aprèsguerre à l’abîme de la « stratégie de
la tension », du terrorisme et des
mystères d’Etat.
« Quarante ans après,
les faits parlent,
le fil rouge est là.
Un fil de sang»
La romancière égrène les étapes
les plus inquiétantes de cette
effroyable dérive. De l’attentat qui
coûta la vie au président du groupe
pétrolier ENI, Enrico Mattei, à la
bombe de la Banque de l’agriculture de Milan, qui, en 1969, fit
17morts etmarqua« lafin de l’innocence ». Des projets secrets de la
logeP2 pourune involution autori-
taire du pays à la tentative de coup
d’Etat de Junio Valerio Borghese en
1970.Despremièresactions desBrigades rouges jusqu’à l’enlèvement
et le meurtre d’Aldo Moro. Des
actions « dévoyées » de certaines
branches des services secrets aux
assassinats de la Mafia et aux scandales financiers. Du viol de Franca
Rame, la femme de Dario Fo, à qui
on voulait faire payer son engagement politique, au meurtre de Pier
Paolo Pasolini, l’intellectuel qui ne
cessait de dénoncer les trames obscuresdu pouvoir.Etpuis «desbombes, encore, des massacres, sur des
trains et sur des places pendant des
réunions politiques, encore des tentatives de coups d’Etat, que l’on
veut ignorer, minimiser – et dont
on arrive même à nier l’existence ».
Pour l’auteure, « quarante ans
après, les faits parlent, le fil rouge
est là. Un fil de sang. Délits d’Etat,
procès inachevés, collusions entre
poseurs de bombes et généraux de
l’armée, complicités milliardaires
entre banquiers, loge P2, Mafia – et
ce cher Vatican ». Un constat accablant et sans appel, qui oblige un
des personnages à se demander :
« Quand avons-nous commencé à
êtreaveugles, etsourds?»Unequestion que se pose également Simonetta Greggio, car, au-delà des responsabilités des uns et des autres,
il y a tout un pays qui a préféré fermer les yeux face au cauchemar. p
Nicolas Weill
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Côte d’Ivoire Dans l’éditorial
du Monde daté 5-6 décembre,
nous avons écrit par erreur que
la Guinée a reconnu la victoire
de Laurent Gbagbo à l’élection
présidentielle contestée de Côte
d’Ivoire. En réalité, il s’agit de
l’inverse. Le président Laurent
Gbagbo a salué, samedi 4 décembre, l’élection d’Alpha Condé à la
présidentielle guinéenne du
7 novembre.
baisse de 1,4 point par rapport au
scrutin de 2006, selon la direction.
RATP Le taux de participation
Controverse Dans la page
aux élections professionnelles à la
RATP est un peu plus important
que l’estimation donnée par
l’UNSA avant la publication des
résultats officiels (Le Monde du
4 décembre). Il s’élève à 65,9 %, en
consacrée à l’entretien de Michela
Marzano (Le Monde du 4 décembre), nous avons omis d’indiquer
le nom du photographe. Le crédit
est Richard Dumas/Vu pour Le
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24 Décryptages Débats
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Bienvenue à bord du «Titanic» et de son commandant Laurent Gbagbo!
Alassane Ouattara est capable de reconstruire la Côte d’Ivoire déchirée
N
ous savons que la comédie
qui se joue depuis quelques jours à Abidjan, où
s’affrontent désormais
deux présidents, peut rapidement tourner au drame.
Mais ce que nous connaissons moins sont
les raisons profondes qui, en un quart de
siècle, ont conduit le fleuron de l’Afrique
occidentale à sombrer dans une spirale
d’échecs qui le met désormais au bord de
la guerre civile. Faisant mentir les sombres
prévisions de René Dumont, le modèle
ivoirien constituait jusqu’à la fin des
années 1970 un triple succès. Un impressionnant succès économique avec des
taux de croissance asiatiques qui, s’ils
s’étaient maintenus, classeraient aujourd’hui ce pays dans la même catégorie que
la Thaïlande.
Un modèle de paix sociale entre groupes ethniques fort différents aux plans
culturels et religieux. Enfin, un modèle de
partenariat entre un pays nouvellement
indépendant et son ancienne métropole.
Ce modèle s’est lentement effondré au
cours du dernier quart de siècle. Or pour
comprendre le chaos actuel, sans doute
n’est-il pas inutile de retrouver le sens de
l’histoire longue.
Le miracle économique ivoirien a été le
produit d’une politique de développement agricole intelligente soutenue dans
un contexte de paix sociale par de grandes
infrastructures voulues par le président
Félix Houphouët-Boigny. Malgré la multiplication des PME et des industries de
transformation des produits de la terre, ce
miracle agricole n’a pas eu le temps de
déboucher sur une diversification industrielle.Face aux crises desmatières premières qui l’ont périodiquement frappé à partir de 1977, le pays s’est au contraire enlisé
dans des politiques d’ajustement structu-
Serge Michailof
Professeur à Sciences Po
Auteur de « Notre maison brûle
au Sud » (Fayard, 366 p., 23 euros)
rel qui de façon incroyable, pendant quinze ans, jusqu’en 1993, ont échoué.
Ces politiques ont échoué non parce
que les crises périodiques qui frappaient la
Côte d’Ivoire étaient plus graves que celles
qui justement touchaient, par exemple, la
Thaïlande, autre exportateur de matières
premières agricoles, mais parce que l’ampleur des chocs externes auxquels était
soumise la Côte d’Ivoire ne permettait pas
le rétablissement de ses grands équilibres
sans dévaluation de la monnaie. Malheureusement, l’entêtement du président
Houphouët-Boigny et le manque de
culture économique du président François Mitterrand, le souci des dirigeants
français de ne rien entreprendre qui puisse alors contrarier l’arrimage de la France à
l’Europe et d’un franc fort au deutschemark, ont interdit les ajustements monétaires qui auraient permis à laCôte d’Ivoire
de rebondir comme les pays asiatiques.
Pendant cette longue période au cours
de laquelle au succès économique a succédé une crise de longue durée, la Côte d’Ivoire a subi un incroyable choc démographique. En cinquante ans, sa population est
passée de 3 à 21 millions d’habitants. Si la
France avait subi le même choc, sa population serait aujourd’hui égale à celle des
Etats-Unis. Or le mélange de flambée
démographiqueetde stagnation économiqueest, on lesait,explosif. Dans un contexte où l’on espérait toujours voir la lumière
au bout du tunnel, l’ajustement économi-
que a reposé pendant toute cette période
de crise sur une longue politique de déflation. La dégradation de la compétitivité de
l’économie, qui a atteint 65 %, a étouffé
l’économieréelle,interdisant ladiversification industrielle qui aurait permis l’essor
des emplois urbains.
Certes, cette crise économique est longtemps restée silencieuse car les fonctionnaires étaient payés, parfois grâce aux
aides budgétaires françaises, et la surévaluation de la monnaie permettait aux élites de continuer leurs achats de Mercedes.
Mais l’asphyxie de l’économie a progressivement laminé les classes moyennes qui
s’étaient constituées au cours des deux
décennies antérieures. La pauvreté a triplé
de 1985 à 1993.
Or le mélange
de flambée
démographique et
de stagnation économique
est, on le sait, explosif»
Le décès du président Houphouët-Boigny en décembre 1993 a certes enfin permis de procéder à l’indispensable dévaluation du franc CFA ; mais c’était avec quinze ans de retard, après des années de croissance négative. Le rebond de croissance
que cette mesure a permis au cours des
années 1995 à 1997 s’est enlisé dans la corruption du régime Henri Konan Bédié. La
pauvreté ne s’est sur cette période que
marginalement réduite d’un dérisoire 2 %
dans un contexte marqué par la croissance des inégalités régionales et sociales. Un
quart de siècle de crise, un quart de siècle
de baisse du revenu par habitant, une
croissance démographique prodigieuse,
une immigration incontrôlée, une corruption généralisée.
Comment s’étonner dans un tel contexte ducoup d’Etat de 1999 du général Robert
Gueï, mollement accepté par une communauté internationale découragée par la
gouvernance déplorable du régime Bédié ?
Comment s’étonner de la flambée des passionset haines ethnico-religieusesinitialement attisées par Bédié et reprises par Laurent Gbagbo avec pour même objectif la
volontéd’écarter AlassaneOuattara ? Peuton s’étonner que, dans un tel contexte, un
peuple déboussolé se confie à de mauvais
guides ? Si la France avait été soumise à
pareil traitement, c’est Jean-Marie Le Pen
qui aurait eu 80 % aux élections de 2002 !
Politicien habile, retors et sans scrupule, Laurent Gbagbo, dont le haut fait en
tantqu’opposant historiqueà HouphouëtBoignyfutladestruction defaitdel’université d’Abidjan par l’anarchie organisée par
le syndicat étudiant qu’il contrôlait, a
ensuite présidé pendant dix ans à la poursuite de la descente aux enfers de la Côte
d’Ivoire. Accaparant au bénéfice de son
clan les rentesdu café,du cacao etdu pétrole, poursuivant une politique d’exclusion
deshabitants du norddu pays et des immigrés,il est ébranlépar une rébellion nordiste qui conduit à la partition de fait du pays
en 2002. Il profite de la confusion liée à cette rébellion pour faire assassiner le malheureux général Gueï et sa famille, manquant d’un cheveu Ouattara.
Dès lors, le régime se durcit encore. Il
arme ses milices, fait pourchasser ses
opposants par des escadrons de la mort,
attise la xénophobie de ses partisans, se
fait le chantre du nationalisme ivoirien,
fait mitrailler par un de ses avions des soldats français dont la présence le gênait,
organise, pour répondre à une réaction
imprudente d’un président Jacques Chirac
exaspéré par cette affaire, une chasse aux
Françaisà traversAbidjan,organise oucouvre la disparition d’un de nos compatriotes journaliste enquêtant sur la corruption
dans le secteur du cacao. Pendant cinq ans,
son mandat achevé, il reporte pour des raisons inacceptables des élections qu’il
savait devoir perdre. Aujourd’hui battu à
une élection que des sondages lui avaient
fait croire qu’il pouvait aisément gagner,
Gbagbo doit partir.
Maisles bufflesblessés sont lesplusdangereux et le rideau n’est pas encore tombé
sur le drame ivoirien. Gbagbo et son clan,
acculés, toujours assis sur le trésor que
constituent les rentes de café, de cacao et
de pétrole, protégés par leurs milices, leurs
mercenaires, une gendarmerie, une garde
républicaine et une armée qu’ils contrôlent,peuventsebunkérisercomme auZimbabwe. Ils peuvent au mieux présider à la
poursuitede la longue descente aux enfers
d’une économie qui sera paralysée par la
mise de son régime aux bans des nations,
au pire encore attiser la haine ethnique et
religieuse et, dans une fuite en avant,
déclencher une guerre civile.
Ancien haut fonctionnaire ayant dirigé
la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest,
ancien dirigeant du Fonds monétaire
international (FMI), économiste expérimenté, homme de consensus, élu avec
une large majorité incluant le vote des
Baoulé chrétiens, Alassane Ouattara est
l’un des rares hommes capables de remettre l’économie ivoirienne en marche et de
reconstruire une nation déchirée. Souhaitons que sa modération contribue à écarter les risques de dérapages. Souhaitons
aussi que la vigueur espérée des pressions
internationales sur Laurent Gbagbo fissure son clan et permette enfin à la démocratie et au progrès de s’instaurer dans ce
pays au bord du gouffre. p
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Culture 25
0123
Jeudi 9 décembre 2010
JanelleMonae,princessemutantedelasoul
Lachanteuseseproduirale10décembre auxTransmusicalesdeRennes,l’undesfestivalslesplusouvertsàl’inconnu
C
omme chaque automne
depuis 1979, Rennes verra
atterrir, du 9 au 11 décembre, une ribambelle d’ovnis rock,
hip-hop, pop ou électro, à l’occasion des Trans Musicales, le festival français le plus ouvert à l’inconnu. Parmi la centaine de groupes et d’artistes programmés, souvent originaires de galaxies inexplorées, Janelle Monae se présentera en reine mutante de la soul,
auréolée d’une réputation de
future étoile.
Deux fois nominée aux prochains Grammys (« meilleure performance de musique urbaine »,
pour le single Tightrope et
« meilleur album de R’n’B contemporain », pour son album The
Archandroid), cette prodige de
25 ans, à l’impressionnante banane afro, possède la créativité
transgenre et les racines underground appréciées d’ordinaire
par le public de l’événement rennais. Elle dégage aussi une soif de
perfection comme seules les
divas du show-biz américain semblent en avoir le secret.
Si elle a intégré la maison de
production Bad Boy, dirigée par
le nabab du rap bling-bling, Sean
« Diddy » Combs, son album et
ses spectacles planent loin des clichés sentimentaux, sexuels et
musicaux du R’n’B. Poussant plus
loin un concept qu’elle approchait déjà dans un premier minialbum, Metropolis : the Chase Suite (2007), Janelle Monae a élaboré
comme toile de fond de The
Archandroid, un univers futuriste dans lequel son clone bionique,
le chant, la comédie et la danse,
jusqu’à intégrer, à l’adolescence,
l’école new-yorkaise de l’American Musical Dramatic Academy.
Elle quittera avant le diplôme cette voie royale pour Broadway, persuadée que son avenir passe par
ses propres chansons.
Déménageant à Atlanta, pôle
sudiste du renouveau des musiques noires américaines, elle tente de se faire connaître par les chemins de traverse d’Internet et de
l’autoproduction. « J’ai reçu beaucoup de soutien de la scène d’Atlanta, constate l’artiste aujour-
Elle s’est trouvé
des héroïnes
inattendues, comme
Marlene Dietrich ou
Katharine Hepburn
La prodige de 25 ans embrasse passé et futur avec la même énergie. CATHERINE KOHLER/DALLE
une certaine Cindi Mayweather,
se fait libératrice des opprimés.
Autant inspiré de Fritz Lang
que de Star Wars ; de Dali que de
Matrix et de Walt Disney, ce
Programme des Transmusicales de Rennes
Le 9 décembre
Aire libre : Mujuice, Stromae ;
Liberté l’étage : Eat Your Toys,
Lena Deluxe ; Parc Expo : Egyptian Hip Hop, Funeral Party, The
Pack A.D., Magnetic Man.
Le 10 décembre
Aire libre : Mujuice, Stromae ;
La Cité : LA Corda, Dengue Fever ;
Liberté l’étage : AD, Garbo ; Parc
Expo : Janelle Monae, Oy, Witty
Crew, Connan Mockasin, Salem,
M.I.A., Systema Solar.
Le 11 décembre
Aire Libre : Mujuice, Stromae ; La
Cité : Ava Luna, Wu Lyf ; Parc
Expo : Crocodiles, Roky Erickson,
Filewile, Gonjasufi, Matthew Dear.
Pratique
De 15 ¤ à 28 ¤.
Pass week-end-Parc Expo : 45 ¤.
Pass 3 jours-Parc Expo : 60 ¤.
Majoration de 4 ¤ au Parc Expo
le soir même. Tél. :
02-99-31-12-10. Lestrans.com
décor de science-fiction est surtout prétexte à une étourdissante exploration stylistique.
Embrassant passé et futur avec
une même énergie, cette intense
gamine malaxe avec une fantaisie en Cinémascope – et parfois
jusqu’au trop-plein – les couleurs du funk, du jazz, du rock, de
la soul, de l’électro ou des comédies musicales.
« Il ne faut pas y voir de concept
trop compliqué », assure Janelle
Monae, jointe par téléphone,
quelques heures avant un show
londonien. « Cet album parle
avant tout d’amour, de liberté,
d’unité, de tolérance. » Adaptant
au monde digital une tradition
de révélation mystique inhérente à la soul, l’auteure-compositri-
ce-interprète raconte que nombre de ses chansons lui sont apparues en rêve, son esprit recevant
des messages, « tel un terminal
d’ordinateur ».
Comme d’autres exemples au
croisement des musiques noires
et de la science-fiction – Sun Ra,
Funkadelic –, cet « afro-futurisme » dénonce aussi sous forme
allégorique les discriminations
sociales, raciales et sexuelles. Se
revendiquant de la « génération
Obama », traçant sa voie au-delà
des couleurs et des genres, Janelle Monae s’est trouvé des héroïnes inattendues, comme Marlene Dietrich (1901-1992) ou Katharine Hepburn (1907-2003), « la
première à marcher en pantalon
sur les tapis rouges d’Hollywood,
à redéfinir la liberté d’habillement des femmes ».
A l’opposé des looks sexuellement provocateurs des stars du
rhythm’n’blues contemporains,
la jeune féministe virevolte sur
scène en chemise et pantalon
noir et blanc, sur des chorégraphies largement inspirées de
James Brown. « Je porte cet uniforme en hommage à la classe ouvrière et à l’oppression qu’ils ont eu à
subir », affirme la chanteuse.
Démagogie ? Pas pour cette
fille d’un éboueur, accro au crack,
et d’une femme de ménage, repartie chez sa mère élever sa famille.
Janelle dit parfois que son ambition est née de sa colère face aux
blocages de la hiérarchie sociale.
A 11 ans, elle apprend le solfège,
d’hui distribuée par Warner.
Là-bas, les gens suivent et encouragent ce que font les autres. »
Repérée par Outkast, stars locales du rap progressiste, la chanteuse participe à leur album
Idlewild, tout en fréquentant des
excentriques du milieu rock comme le groupe Of Montreal. Encouragée par ces multiples rencontres, elle crée son propre label discographique, Wondaland, petit à
petit transformé en collectif, fédérant dessinateurs, scénaristes,
cinéastes, musiciens, stylistes, à
la façon de la Haus of Gaga, unité
pluridisciplinaire de l’icône pop
new-yorkaise, Lady Gaga.
Janelle Monae a même eu
l’adoubement de son idole, Prince. Ce modèle en brassage stylistique l’a d’ailleurs programmée
en première partie de ses trois
prochains concerts new-yorkais
au Madison Square Garden. Aussi ambitieuse que son nouvel
« ami et mentor », la chanteuse
espère que The Archandroid sera
adapté en comédie musicale ou
au cinéma. p
Stéphane Davet
Janelle Monae à Paris. Le 9 décembre à
La Cigale, 120, boulevard de Rochechouart, Paris 18e. Mo Pigalle. 29,90 ¤
Dans la calme effervescence de l’Art Basel Miami Beach
La petite sœur de la foire d’art contemporain de Bâle, ouverture sur le continent sud-américain, s’est tenue du 2 au 5décembre
ger la moitié de son stand. « Cela
nous permet de faire un travail de
fond»,explique laParisienneChantal Crousel, dont le programme ne
s’accommodeguèredetropdelégèreté. Car les collectionneurs sont
bel et bien là : les Latino-Américains, véritables piliers de cette
foire toute ouverte à leur continent, mais aussi beaucoup d’Européens, qui achètent vaillamment.
Miami
Envoyée spéciale
L
es paillettes, c’est fini ! » : voilà
le leitmotiv que l’on entendait partout dans les allées de
l’Art Basel Miami Beach, qui s’est
déroulé du 2 au 5 décembre. Classé
parmi les meilleures foires d’art
contemporain au monde, l’événement a souvent été comparé au
Festival de Cannes.
Dès ses débuts, en 2002, il a attiré les amateurs d’art venus de toute la planète, mais aussi une foule
de starlettes du monde de la mode,
du design et de la nuit. Venus se
greffer sur la foire, ils en avaient
rapidement fait une des belles
dates du calendrier mondain international. Résultat ? « Une ambiance un peu chaotique et peu rassurante pour les marchands »,
avouent les organisateurs de la
foire elle-même.
Où sont passés tous ces fêtards
cette année ? Même le jour du
prévernissage, mercredi 1er décembre, les allées du Convention Centerétaient d’un calmeinattendu, et
les somptueux hôtels branchés de
South Beach n’étaient plus pris
d’assaut. L’acteur américain
Adrian Brody pouvait s’extasier de
longues minutes devant Miro sans
être submergé de demandes
d’autographes. Pas de file d’attente
à la soirée « Fuck me I’m famous »
organisée par les Guetta.
PourArt Basel Miami Beach, voi-
La galerie berlinoise Neugerriemschneider a presque
tout vendu le jour du prévernissage. J PAT CARTER/AP
ci venu le temps de la maturité.
«Nous avons drastiquement réduit
lenombre d’invités VIP,pourfavoriserlesgrands professionnelsetinstitutionnels du monde de l’art »,
explique Marc Spiegler, directeur
de la foire. A quoi s’ajoute l’annulation de nombreux vols venus de
New York ou d’Europe pour des raisons météorologiques. Désormais,
ce qui était loin d’être le cas auparavant,lesconversations et conférences du matin attirent davantage
quelescocktails etpartiesqui continuent de fleurir le long de South
Beach.
Si la foire attire encore quelques
aventuriers, c’est sans grand succès : peut en témoigner le Français
Romain Tichit, qui a tenté de monter à Miami en moins de trois
semaines une foire off, YIA, après
une tentative réussie en marge de
laFIAC.Beaucoupdegaleristes parisiens ont répondu à l’appel, mais
les œuvres sont restées bloquées à
la douane, le site s’est révélé
affreux et YIA n’a jamais ouvert.
Quant à ce climat nouveau,
nombre de galeries assurent qu’il
est paradoxalement bénéfique
pourleurs affaires. Lejour de lapreview, l’ultra-puissant Larry Gagosian avait assez vendu pour chan-
« Comme un rêve très lent »
« Le jour du prévernissage a été
comme un rêve très lent et, au final,
nous avons vendu quasiment tout
le stand sans même nous en rendre
compte », assure-t-on à la galerie
Neugerriemschneider, de Berlin.
Partis sans effort, les écorchés de
plastique de Pawel Althamer, les
lustres de Jorge Pardo, le mobilier
de Rirkrit Tiravanija.
Forte d’un remarquable stand
mêlant James Turrell, Kounellis et
Pistoletto, la galerie Stein de Milan
a également le sourire: « J’ai vendu
quelques belles pièces, et surtout j’ai
eu beaucoup de compliments, ce
qui est presque aussi important ! »
Mais tous ne sont pas aussi
enthousiastes : notamment les
plus jeunes, exilés dans un appendice du Convention Center. En termesde ventes, le calme sepaie. Certains avouent à demi-mot que la
foire de Bâle, grande sœur de Miami, reste plus porteuse pour eux.
« Quand les allées de Bâle étaient
noires de monde en juin dernier, là
c’était vraiment clairsemé cette
année, ce qui fait que tout le monde
travaille, mais que les résultats ne
sont pas terribles », résume la galerie berlinoise Esther Schipper, qui
représente notamment Carsten
Höller et Philippe Parreno.
Un jeune galeriste new-yorkais
avoue lui aussi que « le public américain est plus conservateur, et
moins curieux que celui de Bâle en
cequi concerne les artistes dont il ne
connaît pas le nom ».
Est-ce cette quiétude nouvelle
qui explique la rumeur persistante
selon laquelle l’Art Basel Miami
Beachdésireraits’exiler àLos Angeles ? Dans le milieu de l’art de Miami, cette crainte semble prégnante. Mais Marc Spiegler la rejette
d’un revers de la main : « C’est ridicule, nous avons un contrat et un
engagement à long terme avec la
ville de Miami, il est totalement
excluque nous partions.Aucune ville ne peut nous ouvrir une telle porte sur le continent sud-américain. Si
nous allions partout où l’on nous
demande, on pourrait inaugurer
un Art Basel tous les quinze
jours! » p
Emmanuelle Lequeux
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auteur européen au cœur de la saison 2010–2011
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26 Culture
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Mario Vargas Llosa, Nobel de littérature
Architecture
L’écrivain a lancé, le 7décembre, un appel à combattre le fanatisme, le terrorisme et les dictatures
l’autre métier auquel l’écrivain
doit tant, ne fut pas moins vibrant.
Sa passion de la politique ne fut
pas non plus esquivée, même si
l’ancien candidat à la présidence
de son pays est désormais rangé
des voitures. Tout en condamnant
le nationalisme et la religion « cause des pires boucheries de l’Histoire », il tint à ce que grâces soient
rendues à Raymond Aron, JeanFrançois Revel, Isaiah Berlin et Karl
Popper«à qui je doisma revalorisation de la culture démocratique et
des sociétés ouvertes. Ces maîtres
furent un exemple de lucidité… »
Mario Vargas Llosa, qui n’aime
rien tant que raconter des histoires, ne pouvait faire moins que ter-
Stockholm
Envoyé spécial
M
ario, tu ne sers qu’à une
chose, à écrire. » C’était
mardi 7 décembre, en fin
d’après-midi, sous les lambris de
l’Académie suédoise à Stockholm
où Mario Vargas Llosa, Prix Nobel
delittérature 2010, prononçait son
discours de réception devant
450 personnes.
Au premier rang se trouvait
Patricia, son épouse depuis quarante-cinq ans et sa cousine depuis
toujours (en premières noces, ce
doit être l’esprit de famille, il avait
déjà épousé sa tante qui lui inspira
La Tante Julia et le Scribouillard).
Le lauréat se trouvait donc à la
onzième page d’un texte qui en
comptait treize quand, soudain, sa
voix trembla à l’évocation de ses
enfants et petits-enfants placés
juste derrière, et de « cette femme
au caractère indomptable qui supporte encore mes manies, mes
névroses et ces crises de rage qui
m’aident à écrire », une personne
qui a l’œil à tout, éloigne les
fâcheux et leurre les indiscrets,
boucle et déboucle les valises, lui
donnait le matin même au petit
déjeuner une pleine poignée de
pilules de toutes les couleurs tout
en le rassurant, et s’imagine le
gronder en lui adressant régulièrement un éloge qui le comble tant il
lui rappelle qu’il n’est décidément
bon qu’à ça : lire et écrire.
Alors sa voix s’étrangla d’émotion et, bravant le conseil très suédois de s’abstenir de manifester la
moindre émotion, l’auditoire ne
put s’empêcher de lancer une salve d’applaudissements dans l’espoir que cet élan le soutiendrait
dans l’épreuve.
Le fait est que son « Eloge de la
lecture et de la fiction », prononcé
en espagnol et rendu en français
avec beaucoup de finesse par
Albert Bensoussan, son traducteur
depuis Les Chiots (1974), était un
Le roi de Suède lui
remettra son prix
vendredi au cours du
banquet traditionnel
L’écrivain péruvien, ému, lors de son discours de réception
à l’Académie suédoise. HENRIK MONTGOMERY/REUTERS
discours fort et émouvant de part
en part. Vargas Llosa pratique
volontiers l’exercice d’admiration,
non par flagornerie (la plupart des
écrivainsauxquels il rend hommage sont morts), ni pour briller à
leurs côtés (un écrivain guérit vite
de ce genre d’illusions) mais bien
par gratitude. Une reconnaissance
éternelle, que l’on dirait naïve tant
elle est récurrente. Son discours
fut un « Ce que je dois » ponctué de
noms d’écrivains (Flaubert au premier chef, pour sa persévérance
exemplaire dans le travail) et de
personnages à commencer par
d’Artagnan et sa bande ainsi que
Jean Valjean. Les villes aussi l’ont
fait, Lima, Paris, Barcelone.
Sa dette à la France est profonde, au risque du paradoxe car il y a
appris la mise à distance : « Ce dont
je suis peut-être le plus reconnaissant à la France, c’est de m’avoir
fait découvrir l’Amérique latine » à
commencer par le Pérou, son pays
d’origine, où il dit avoir tant aimé,
haï, joui, souffert et rêvé (encore
qu’il ait omis gocé, « joui ») qui
était dans son texte…).
Au passage, il décocha une flèche en direction de l’Espagne et de
l’Amérique latine pour « cet opprobre et cette honte : depuis deux siècles, l’émancipation des indigènes
est de notre responsabilité exclusive et nous l’avons manquée ».
Son éloge du journalisme,
mineren louant haut et fort le pouvoir fallacieux de la littérature ; il
eut des accents rousseauistes pour
évoquer l’envoûtement naturel
des premiers conteurs, avant de
louer la fiction pour sa capacité à
susciter en nous « la rébellion et la
non-conformité»en rendant possible l’impossible. Puis il se leva,
embrassa son épouse avant de
consoler une vielle dame en larmes assise dans un fauteuil roulant, à qui il voulut réserver la place d’honneur, son amie et agent littéraire Carmen Balcells, icône de
l’édition « hispano-parlante », qui
nous confiait juste avant : « C’est le
couronnement de ma vie professionnelle. Je n’aurais manqué cela
pour rien au monde. »
Le roi de Suède lui remettra son
prix vendredi au cours du banquet
traditionnel. Après quoi, il se pliera avec délices à l’injonction de sa
femme : « Mario, tu ne sers qu’à
une chose, à écrire. » p
Pierre Assouline
LeCNCreportelasortiede«Rosesàcrédit»,d’AmosGitaï
ConçupourFrance2et pourle cinéma,lefilm devra d’abord être diffusé à la télévision
Moati, pour France 2. La diffusion
est prévue pour février ou
mars 2011. Le film a d’ailleurs reçu
le soutien du CNC au titre de la fiction télévisuelle. Mais Amos Gitaï
tenait à ce que son film soit exploité préalablement en salles, ce que
la chaîne avait accepté, à condition que deux versions de l’œuvre
soient présentées.
Restait à obtenir le feu vert de
la commission d’agrément du
CNC (Centre national du cinéma
et de l’image animée) composée
exclusivement de professionnels : producteurs, réalisateurs,
scénaristes… Lesquels ont estimé,
L'actualité du
monde en musique
Du lundi au vendredi de 7h à 9h
Musique Matin
Alex Taylor
le 1er décembre, que l’existence de
deux œuvres distinctes n’était
pas avérée. L’enjeu est aussi économique, prévient le président de la
commission d’agrément, Frédéric
Brillion : « La commission estime
qu’il n’y a qu’une seule œuvre.
Dans ce cas, on ne peut pas accepter qu’un film soit diffusé sur une
chaîne non payante seulement
trois mois après sa sortie en salles.
Si on remet en cause la chronologie des médias, c’est la mort de
l’économie du cinéma. »
Tout le monde y perd des plumes. « Je respecte la décision de la
commission, mais elle ne repose
sur aucune règle écrite », constate
Alexandra Henoschsberg, directrice d’Ad Vitam. Lady Chatterley, de
Pascale Ferran, avait obtenu l’agrément de la commission, mais pas
Carlos d’Olivier Assayas. « La commission d’agrément est une instance indépendante. Le CNC n’a pas
son mot à dire », prend-on soin de
préciser dans l’entourage de Véronique Cayla, présidente du CNC.
Roses à Crédit pourra toujours
sortir en salles après son passage
sur France 2, et ceci sans délai. Mais
cela se fera sans Ad Vitam. Amos
Gitaï voit dans la commission un
« monstre administratif » et observe, perplexe : « Mon film tourne
dans des festivals, à Toronto, à Sao
Paulo, à Tokyo. Et, dans son “pays
natal”, on lui met des bâtons dans
les roues. » p
Clarisse Fabre
Vous aurez toute la nuit
pour rêver de notre
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à partir
La vente des pièces ayant appartenu
au chauffeur de Picasso reportée
La vente des œuvres de Pablo Picasso ayant appartenu au dernier chauffeur du peintre, prévue jeudi 9 décembre, à Drouot, est reportée. Ces
enchères qui comportent 143 lots de diverses provenances, réalisés ou
possédés par l’artiste, parmi lesquels les pièces ayant appartenu à Maurice Bresselu, alias « Nounours », auront lieu « dans quelques mois », a indiqué au Monde Pierre Blanchet, commissaire-priseur chargé de l’opération. « Les propriétaires ont souhaité que la vente ait lieu dans des conditions plus sereines », a-t-il précisé. La polémique déclenchée récemment
par la saisie de 271 œuvres inédites de Picasso au domicile d’un électricien ayant travaillé pour le peintre (Le Monde du 1er décembre) rendait le
moment « peu favorable » à l’événement. Au service de l’artiste de 1967
à 1973, Maurice Bressenu, mort en 1991, reçut des mains du maître de
nombreuses œuvres. Il en négocia certaines, en conserva d’autres, dessins, gravures, photos, livres dédicacés. Un trésor dont hérita sa femme.
A la mort de celle-ci, un généalogiste retrouva les descendants. Me Blanchet souligne qu’il n’y a pour l’heure « aucune contestation sur la provenance ou l’authenticité des pièces ». p Nathaniel Herzberg
Le « livre le plus cher du monde » augmente encore
Birds Of America (« Les Oiseaux d’Amérique ») a été vendu chez Sotheby’s à Londre, mardi 7 septembre, pour 7,3 millions de livres (8,6 millions d’euros), soit un nouveau record mondial pour une œuvre imprimée. Le précédent record avait déjà été obtenu pour un autre exemplaire de Birds of America, qui avait été vendu à New York en 2000
près de 7 millions d’euros. Il n’existe plus qu’une centaine d’exemplaires de cette œuvre de l’ornithologue franco-américain John James
Audubon (1785-1851), un grand in-folio au format impressionnant (90
x 60 cm !) qui contient des planches de dessins d’oiseaux parmi les
plus belles connues. – (AFP.)
Arts
Le manuscrit de Vinci découvert à Nantes authentifié
et identifié
Carlo Pedretti, historien italien spécialiste de Léonard de Vinci, a formellement attribué au peintre un fragment de manuscrit oublié dans un
fond d’archives de la ville de Nantes et redécouvert par un journaliste
de Presse-Océan. Il s’agirait d’une partie du Codex Atlanticus, « des notes
sur l’air et le vent, en rapport avec une étude sur le vol des oiseaux, qui
date d’environ 1504 ». Selon M. Pedretti, l’existence de ce fragment de
manuscrit, légué, en 1872, à la ville de Nantes par le collectionneur Pierre-Antoine Labouchère, a été publiée la première fois par Renzo Ciachi
en 1957. La collection Labouchère comprend quelque 5 000 autographes et documents originaux, parmi lesquels avait déjà été identifiée,
en 2007, une partition originale de Mozart. – (AFP.)
Dans la cacophonie, le prix Turner a été attribué à un son
Le Turner Prize, le plus important à récompenser un artiste contemporain, dont Damien Hirst ou Tracy Emin furent lauréats, a été remis lundi 6 décembre à l’Ecossaise Susan Philipsz, pour son œuvre Lowlands.
Interprétation d’une ancienne chanson de marin, Lowlands Away, que
l’artiste a enregistré sous des ponts de la rivière Clyde à Glasgow, elle
n’a pas de forme visible, mais consiste en une installation sonore. Or
la remise du prix à la Tate Britain de Londres a été perturbée par une
manifestation bruyante d’étudiants en art qui protestaient contre
l’augmentation des tarifs d’inscription dans l’enseignement supérieur britannique. Susan Philipsz, 45 ans, s’est déclarée solidaire des
manifestants.
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Emission en podcast
Les 28e prix d’architecture des Editions du Moniteur, décernés chaque
année par un jury international, ont été attribués lundi 6 décembre.
L’Equerre d’argent est allée à la Médiathèque d’Oloron-Sainte-Marie
(Pyrénées-Atlantiques), réalisée par l’architecte Pascale Guédot, ainsi
qu’à son maître d’ouvrage, la communauté des communes du Piémont oloronais. Il s’agit d’un projet ambitieux mais équilibré au bord
de la rivière (le gave d’Oloron) qui traverse la cité, seule « Ville d’art et
d’histoire » de ce département. Parmi les projets nominés pour l’Equerre figuraient, cette année, l’extension du Musée d’art moderne, d’art
contemporain et d’art brut (LAM) à Villeneuve-d’Ascq (Nord) dessinée
par Manuelle Gautrand et le Centre Pompidou-Metz des architectes
Shigeru Ban et Jean de Gastines. Une mention a été attribuée aux logements de la ZAC du Grand-Large Neptune, à Dunkerque, réalisé par
Nicolas Michelin. Le prix de la première œuvre récompense un hangar
ostréicole et lieu de repos signé par l’atelier RAUM – Julien Perraud,
Benjamin Boré et Thomas Durand, construit à Locoal-Mendon (Morbihan). La cérémonie officielle de remise des prix aura lieu le 31 janvier
2011. p Frédéric Edelmann
SPÉCIAL SOLDES NEW-YORK
de
* Les hôtels qui aiment dire oui
L
es affiches étaient prêtes, la
bande-annonce aussi. Mais
Roses à crédit, le dernier film
d’Amos Gitaï, ne sortira pas en salles comme prévu, le 15 décembre.
Le distributeur, Ad Vitam, a fait
annuler la fabrication des copies à
destination des 50 exploitants
qui avaient programmé cette
adaptation du roman d’Elsa Triolet : dans les années 1950, une
jeune femme (Léa Seydoux)
découvre la société de consommation, jusqu’à s’y perdre.
A l’origine, Roses à crédit est
une œuvre produite par la société
Image & Compagnie, de Serge
L’Equerre d’argent
pour Pascale Guédot
radissonblu.fr
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laissée de quoi profiter des soldes. So exciting** !”
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redevances et frais de dossier. LIC 075 04 0001. **Si excitant.
& Vous 27
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Le bazar des arts
Des spots de théâtre, 20 euros, une lettre géante en plasti-
que rouge, 5 euros, une chaise blanche en métal et bois,
10 euros, et aussi d’énormes boules transparentes, des
cadres en tout genre… La Réserve des arts regorge de trouvailles « arty » à prix cassés dont le catalogue est consultable sur Internet. « Nous récupérons du matériel d’entreprises
inutilisé, nous le valorisons et le proposons aux acteurs du
monde artistique pour soutenir ce milieu économiquement
fragile », explique la cofondatrice Jeanne Granger, qui s’est
inspirée de l’expérience new-yorkaise Materials for the Arts
pour monter son projet. Seule condition pour accéder à ces
« trésors », avoir un projet artistique professionnel, que l’on
soit régisseur, décorateur mais aussi professeur des écoles,
responsable de crèche ou étudiant. « Après un an de fonctionnement, nous en sommes à 1,5 tonne de matériaux récupérés », poursuit Jeanne Granger. Les objets sont réservables en ligne ou vendus chaque mois dans des boutiques
éphémères annoncées sur le site. La prochaine vente est
programmée vendredi 10 décembre, au Palais de Tokyo à
Paris. p Laure Belot (PHOTOS : FABIEN DURING/LRDA)
Lareservedesarts.org
Assurer son téléphone portable
Opérateurs de téléphonie et banques proposent différents niveaux de
protection. Il convient de bien vérifier les conditions générales des contrats
L’offre de base des assurances couvre en général le vol à l’arraché. NEIL MASSEY/GALLERY STOCK
Pratique
S
ur les forums Internet, les
consommateurs sont de
plus en plus nombreux à se
plaindre de ne pas avoir été remboursés par l’assurance de leur
téléphone mobile le jour où celuici a été volé ou cassé. Elle ne couvrait ni le type de vol ni le type de
dommage subi… Est-il intéressant
ou pas de prendre une assurance
spécifique ?
Avant de répondre à cette question, on aura intérêt à vérifier si
son assurance multirisque habitation ne garantit pas déjà le vol ou
la casse, partout où l’on se trouve… Si ce n’est pas le cas et que l’on
souhaite souscrire une assurance
téléphonie mobile, on aura aussi
intérêt à bien lire les conditions
générales du contrat et notamment les exclusions. Elles sont
quasiment introuvables sur Internet mais, en boutique, les vendeurs ont l’obligation de les donner avant toute signature. Alors il
ne faut pas hésiter à les réclamer.
« La plupart des opérateurs de
téléphonie et des banques proposent trois niveaux de protection,
qui coûtent en moyenne 36, 72 ou
108 euros par an », résume Laurent Courtin, directeur commercial du groupe SPB, qui conçoit les
assurances de la plupart des marques et gère leurs sinistres.
L’offre de base couvre en général le vol à l’arraché – le téléphone
est dérobé alors qu’on est en train
de s’en servir. Elle couvre aussi le
vol caractérisé, ayant eu lieu par
effraction ou par agression et
menaces. « Attention, prévient
M. Courtin, elle fonctionne si le vol
a lieu au domicile, mais pas dans
la voiture ! » En cas de vol par agression et menaces, certains contrats
exigent la production d’un, voire
deux témoignages, ainsi que d’un
certificat médical. « Ce sont des
produits de voyou », tranche
M. Courtin, en conseillant de se
méfier des assurances que proposent certaines boutiques franchisées qui ne sont pas les assurances
des opérateurs. Ces dernières exigent « seulement la copie du dépôt
de plainte », précise-t-il.
Seuls 10,8%
des détenteurs
de téléphones
mobiles sont assurés,
selon la société
Finaccord
L’offre la moins chère rembourse le « dommage accidentel » seulement lorsqu’il est le fait d’un
« événement extérieur » : « Vous
êtes seul et votre téléphone vous
échappe des mains, vous n’êtes pas
couvert, explique M. Courtin.
Mais vous êtes bousculé dans le
métro et il vous échappe des
mains, vous êtes couvert. » Bon à
savoir lorsqu’on fera sa déclaration…
Cette offre bon marché ne protège pas en cas d’« oxydation »,
liée au séjour du téléphone dans
l’eau. Dommage pour les messieurs, « qui perdent souvent leur
téléphone dans les toilettes, où ils
passent des communications », ironiseM. Courtin. Le plafond de remboursement s’élève à 150 euros
environ pour le téléphone et
500 euros environ pour les communications frauduleuses passées après un vol.
Le niveau de protection intermédiaire, lui, protège en cas
d’« oxydation
accidentelle » :
« Vous êtes au bord d’une piscine
et vous plongez : vous n’êtes pas
couvert. Mais si l’on vous pousse,
vous êtes couvert », traduit le courtier de SPB. Bon à savoir aussi… Ce
type d’assurance prend en compte le vol à la tire (dans un sac à
main ou dans la poche de la veste).
Elle rembourse 500 euros environ
pour le téléphone et 48 heures de
communications frauduleuses.
La protection la plus chère joue
en cas de « perte accidentelle » :
« Vous skiez, et à la fin de la journée
vous n’avez plus le portable. Si
vous avez fait une chute dans la
journée, vous êtes couvert », traduit M. Courtin. Elle garantit toutes les sortes de vol sauf ceux qui
résultent de la négligence – on
quitte la table d’un café quelques
minutes, en laissant le téléphone
dessus. Elle couvre parfois le vol
de jour dans la voiture – jamais de
nuit. Elle ne prévoit pas de plafond pour l’indemnisation du téléphone, et peut rembourser
5 000 euros de communications.
On change de téléphone tous
les vingt mois, en moyenne. Attention à bien le déclarer à l’assurance qui, sinon, ne jouera pas, même
si l’on a cotisé… Il faut aussi noter
la date anniversaire de la souscription, pour résilier à temps, le fournisseur n’ayant pas l’obligation
de prévenir son client. Seuls,
10,8 % des détenteurs de téléphones mobiles sont assurés, selon la
société Finaccord. p
Rafaële Rivais
Israël et Palestine réunis sur
une plaquette touristique
O
ser faire ce que les voyagistes ne font plus depuis la
première Intifada : proposer dans une seule et même brochure Israël et la Palestine, pour
un hymne à la tolérance et à la
paix », résume sans provocation,
Jean-François Rial, le patron de
Voyageurs du monde (VDM) en
présentant sa nouvelle brochure
consacrée aux voyages individuels combinés Israël-Palestine.
Sans provocation, car ce projet,
enfin concrétisé, a été mûri pendant plus de quatre ans comme
un acte de foi.
« Ce projet et désormais cette
brochure, reconnaît le président
de VDM, sont le fruit d’un rencontre: celle que j’ai faite avec JR, artiste-photographe et son complice
Marco Berrebi. En 2007, JR et
Marco ont entrepris d’exposer
sans autorisation dans plusieurs
villes israéliennes et palestiniennes d’immenses portraits grimaces d’Israéliens et de Palestiniens
faisant le même métier. C’est ainsi
que le projet Face2Face est né. »
« Un outil de paix »
Le but recherché était de montrer qu’au-delà de ce qui les sépare, Israéliens et Palestiniens se
ressemblent suffisamment pour
pouvoir se comprendre. Un but,
semble-t-il, atteint pour JeanFrançois Rial pour qui « ce projet
est un véritable prolongement de
la démarche engagée par JR et
Marco où le tourisme devient un
outil de paix ».
Concrètement, aux traditionnels circuits qui, outre Israël, proposent généralement Bethléem
ou Jéricho (Cisjordanie), Voyageurs du monde, a ajouté Ramallah, Naplouse ou
Sébaste/Sebastia (la Samarie de la
Bible).
Le voyagiste propose ainsi plusieurs formules à la carte à partir
de 1 450 euros par personne pour
huit jours et sept nuits. En Palestine, par exemple, les ruines antiques de Sebastya, le maqam (mausolée) du Nabi Musa, les monastères de Mar Saba et de Saint-Georges de Koziba.
D’autres voyages plus longs
sont également réalisés en partenariat avec Terre d’aventure. Sur
une base de 2 800 euros par personne, on peut ainsi partir pour
une randonnée de dix jours à travers de la Palestine décrite par la
Bible : les collines de Judée, les
montagnes du Moa, la mer Morte, Artas puis descente vers le
désert de Judée, puis Massada, la
mer Morte et Jérusalem.
Pour Jean-François Rial, c’est
une région « extraordinaire tant
au plan spirituel qu’humain qui
permet également de traverser
des paysages et des villes incroyables » comme Naplouse « peutêtre plus belle que Jérusalem », ou
Ramallah «branchée et cosmopolite » à l’image de Tel-Aviv.
Du point de vue de la sécurité,
le Quai d’Orsay a classé Israël et la
Cisjordanie en orange, une couleur qui signale les régions dont
la visite est possible mais nécessite une vigilance particulière.
Les responsables de Voyageurs
du monde ainsi que les spécialistes de la destination au siège du
voyagiste restent toutefois en
liaison permanente avec le ministère des affaires étrangères pour
pouvoir réagir en temps réel si tel
ou tel endroit de la région posait
problème. p
François Bostnavaron
Evasio
E
Ev
asio
asio
ion
Publicités
28 Météo & Jeux
< -5°
0 à 5°
-5 à 0°
5 à 10°
Ecrans
10 à 15°
15 à 20°
35 km/h
35 km/h
7
Edimbourg
Metz
-2 2
-5 0
-2 2
Nantes
Londres
Besançon
-1 4
Odessa
Chamonix
-3 -2
-1 1
0 2
Barcelone
Barcelone
Lyon
2 4
7
7 8
Montpellier
Toulouse
Marseille
7 10
6 8
10 10
Front chaud
Front froid
Occlusion
Thalweg
11 16
Lever 11h15
Coucher 20h50
Jours suivants
Samedi
2 5
-1 4
-3 6
-2 2
-3
Beyrouth
Rabat
Tripoli
Tripoli
Jérusalem
Le Caire
Islande Un temps pluvieux et doux s’imposera
4 8
Les conditions vont rapidement
s'améliorer. Quelques flocons
voltigeront encore près des frontières
de l'est et de faibles pluies se
produiront au sud de la Garonne le
matin. Partout ailleurs, le ciel se
dégagera, permettant au soleil de
faire de belles apparitions.
L'atmosphère s'annonce assez froide
avec des gelées fréquentes.
Tunis
Tunis
Dépression
12 15
Vendredi
Aujourd’hui
D
Nice
Ajaccio
75 km/h
Lever 08h32
Coucher 16h52
Saint Pierre
Coeff. de marée 74
D
Anticyclone
En Europe
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Athènes
Alger
Perpignan
10 11
Istanbul
Ankara
Séville
A
Biarritz
Bucarest
Sofia
Rome
Lisbonne
Grenoble
2
Zagreb
Belgrade
Madrid
3 4
Bordeaux
25 km/h
Budapest
Berne
Milan
Clermont-Ferrand
Limoges
Kiev
Munich Vienne
Paris
-1 3
-2 4
Copenhague
Bruxelles
-1 1
Dijon
Poitiers
25 km/h
A
-4 1
Orléans
Moscou
Minsk
Amsterdam Berlin
Varsovie
Prague
Dublin
Strasbourg
Rennes
-1 5
St-Pétersbourg
Riga
-5 1
PARIS
0 5
Helsinki
Oslo
Stockholm
Châlonsen-champagne
Caen
Brest
0
www.meteonews.fr
0 4
-1 4
Chronique Franck Nouchi
> 40°
Comédie française
Amiens
Rouen
35 à 40°
Reykjavik
0 3
5
30 à 35°
09.12.2010 12h TU
Lille
1
25 à 30°
En Europe
Jeudi 9 décembre
Retour au calme pour tout le monde
Cherbourg
20 à 25°
1
-1 6
-2 3
-3 6
4 11
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
pluieetneige
assezensoleillé
assezensoleillé
aversesmodérées
faibleneige
faibleneige
pluieetneige
averseséparses
pluieetneige
bienensoleillé
bienensoleillé
cielcouvert
faibleneige
assezensoleillé
pluieetneige
bienensoleillé
risqueorageux
aversesmodérées
bienensoleillé
aversesdeneige
bienensoleillé
faibleneige
bienensoleillé
brouillard
neigemodérée
pluiemodérée
2
17
15
9
-3
0
0
6
9
0
-1
0
-3
14
1
18
14
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0
-5
12
-8
12
-7
-2
2
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21
16
16
0
1
3
11
9
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3
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17
5
19
18
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-1
17
1
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-7
1
7
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
-6
14
6
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-4
13
0
3
-2
12
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17
19
-2
-2
18
0
4
0
14
17
6
24
19
19
16
25
25
22
14
6
23
16
2
-10
15
24
18
31
21
28
31
26
27
25
20
18
30
20
22
-9
26
neigesoutenue
assezensoleillé
assezensoleillé
trèsnuageux
faibleneige
averseséparses
faibleneige
aversesdeneige
neigesoutenue
aversesmodérées
Dans le monde
Alger
éclaircies
Amman
bienensoleillé
Bangkok
assezensoleillé
Beyrouth
bienensoleillé
Brasilia
risqueorageux
Buenos Aires beautemps
Dakar
beautemps
Djakarta
risqueorageux
Dubai
beautemps
Hongkong bienensoleillé
Jérusalem bienensoleillé
Kinshasa
risqueorageux
Le Caire
bienensoleillé
Mexico
bienensoleillé
Montréal
éclaircies
Nairobi
averseséparses
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
beautemps
beautemps
bienensoleillé
risqueorageux
beautemps
averseséparses
beautemps
risqueorageux
risqueorageux
beautemps
bienensoleillé
bienensoleillé
bienensoleillé
assezensoleillé
11 20
-3 -1
-5 3
17 30
17 23
25 29
-2 2
25 31
22 31
7 15
10 13
16 24
-3 2
12 15
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
risqueorageux
beautemps
averseséparses
risqueorageux
beautemps
assezensoleillé
24
27
22
27
24
26
Outremer
31
30
24
30
29
30
Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
Dimanche Lundi
Nord-Ouest
1
9
3
7
1
4
Ile-de-France
4
6
4
6
3
4
Nord-Est
2
3
3
4
0
2
Sud-Ouest
-1
8
0
8
1
6
Sud-Est
1
9
2
11
2
9
LA FRANCE
BAGAGE
ENREGISTREMENT
48
PRESSE ET CAFÉ
INCLUS
€ T TC
ALLER
SIMPLE
jusqu’au 16 décembre
Partez du 03/01 au 03/04/2011. Tarif à partir de, hors frais de service,
soumis à conditions, sur 69 liaisons directes en France métropolitaine.
air france.fr
Mots croisés n˚10-293
Sudoku n˚10-293
3
4
5
6
7
8
9
10 1 1 12
9
3
IV
VI
VII
VIII
IX
5
4
5
3
6
4
1
7
5
9
8
4
9
7
6
5
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2
3
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9
3
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4
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8
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6
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2
4
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7
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2
6
5
8
3
2
4
9
7
1
3
2
9
5
7
1
4
8
6
Moyen
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.
Tous les jours Mots croisés et sudoku.
X
Verticalement
1. Ne participera pas aux concours
de beauté. 2. Mise au point.
Cadeau du ciel. 3. Cours africain.
Tels qu’on le dit. 4. Antique cité
syrienne. Du neuf dans les mots.
5. Fait le plein pour nourrir toute
sa famille. Le strontium. 6. Note.
Bien heureuses. 7. Equipé avant de
partir. 8. Habit qui fait le moine.
Maréchal de France. 9. Sans
aucune fantaisie. Singe aux bras
longs. 10. Débarqué de Riga. Piégé.
11. Attaqués en surface. 12. Une
classification pour les huiles.
Assure une bonne base.
Philippe Dupuis
I. Prêts-à-monter. II. Hâtif. Aparté.
III. Youp. Prévert. IV. Ludique.
Emir. V. Ali. UTC. Tapa. VI. Adorait.
En. VII. Ton. Tigres. VIII. Est. Idée.
Euh. IX. Ré. Oté. Nonne. X. Erigé.
Fessée.
2
2
toute la
6
5
7 3 Complétez
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
1 4 2 9
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
9
8
seule fois par ligne,
par colonne et par
8
3
2
carré de neuf cases.
http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html
V
Horizontalement
4
4
III
Solution du n° 10 - 292
2
6
II
Horizontalement
1
1
I
I. Remuants et agissants, mais pas
bien nombreux. II. Ses filets
s’apprécient grillés. Lac de Russie.
III. Impossible de faire mieux.
Victime de l’ouverture sur le
plateau. IV. Joliment troussé.
Possessif. V. Grande réunion.
A approché le soleil de trop près.
Supprima. VI. Indubitable.
Parfum d’étoiles. VII. Grand vide.
Encadrent les garnisons. VIII. Eve
y retrouva son compagnon.
Reprises insupportables. Négation.
IX. Pas toujours faciles à tenir.
Appelées à distance. X. Vous aurez
beaucoup de mal à résister à ses
charmes.
Solution du n˚10-292
Mercredi 8 décembre
TF 1
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2
D
u théâtre. Et du grand ! De
l’inédit ! Une tragédie qui
finit en comédie à l’eau de
rose, avouez que ce n’est pas
banal. Il y a quelque chose du
génie français dans l’affaire Bettencourt. Une affaire nationale
qui se transforme en pièce de Feydeau. On imagine le repas, dimanche prochain, autour de la grande
table de l’hôtel particulier de
Neuilly. Toute la famille enfin rassemblée. Le désormais infréquentable Monsieur Banier mis à
l’écart. Et Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune qui savait si
bien faire fructifier la sienne :
dehors !
« Madame Liliane Bettencourt et
sa fille Françoise Bettencourt
Meyers, assistées de leur conseil respectif, Maître Pascal Wilhelm et
Maître Didier Martin, se sont rapprochées pour mettre un terme
aux conflits qui ont perturbé leur
vie familiale, ainsi qu’aux procédures engagées. Elles ont décidé de se
tourner vers l’avenir et ont pris
pour cela, d’un commun accord,
toutes les dispositions nécessaires » : le texte du communiqué est
admirable. Tout comme cette
déclaration de Liliane Bettencourt : « La décision que Françoise
et moi avons prise est pour moi
source d’espérance. Elle correspond à mon souhait de voir la
famille réunie. Nous allons ensemble pouvoir aller de l’avant. Pour
notre bien commun et pour
L’Oréal, qui fait tant partie de ma
vie. » Celle de Françoise Bettencourt Meyers est pas mal aussi :
« Cette entente nous fait enfin
retrouver l’harmonie familiale,
partagée tout autant par mon
mari et nos enfants que par ma
mère. J’y aspirais aussi pour toute
l’entreprise L’Oréal, qui poursuit
sa merveilleuse épopée et à laquel-
le je suis profondément attachée. »
On comprend le soulagement du
patron de L’Oréal, qui s’est réjoui
lundi de ce « dénouement heureux ».
Alors, tout est bien qui finit bien ?
Pas pour tout le monde. Ce pauvre Monsieur Woerth pourrait
bien être le dindon de cette histoire. Et puis, que dire de ce mystérieux fil à la patte qui relie tous
les protagonistes ? Du Feydeau,
avons-nous dit. Et pour vous en
convaincre, courez voir… Un fil à
Chez Feydeau,
comme chez
les Bettencourt,
l’art de la construction
est poussé
à la perfection
la patte à la Comédie-Française.
Mise en scène par Jérôme Deschamps, c’est la pièce la plus drôle
qui se puisse applaudir ces joursci à Paris. Les personnages, dit Deschamps, « sont dans un monde où
l’argent a une place absolument
déterminante ; et ils courent après,
chacun à sa façon. L’argent préside à la destinée de chacun. Rien ne
les arrête. Cela ne va pas sans une
espèce de cynisme, de détachement par rapport à la vie sentimentale, à l’honnêteté des sentiments ».
Chez Feydeau, comme chez les
Bettencourt, l’art de la construction est poussé à la perfection.
Allez voir la pièce, elle le vaut
bien. Vous y découvrirez un
acteur extraordinaire : Christian
Hecq. Il reprend le rôle de Bouzin,
minable clerc de notaire et compositeur raté, créé au Français en
1961 par Robert Hirsch. Génial ! p
Les soirées télé
Les jeux
1
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Verticalement
1. Phylactère. 2. Raoul. Oser.
3. Etudiant. 4. Tipi. Og. 5. SF.
Quotité. 6. Putride. 7. Marécage.
8. OPE. Irène. 9. Navette. Os.
10. Tréma. Sens. 11. Etripe. Une.
12. Retranchée.
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
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Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
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Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
20.35 Football.
Ligue des champions (1re phase, 6e et dernière
journée, gr. F) : Marseille - Chelsea. En direct.
22.55 V.
Série. Une ère nouvelle. La Cinquième Colonne.
Bienvenue au front (S1, 3 à 5/12, 145 min) U
FRANCE 2
20.35 Fais pas ci, fais pas ça.
Série. Couper le cordon. Aimez-vous Chopin ?
(saison 3, 5 et 6/8). Avec Isabelle Gélinas.
22.25 Le Bureau des plaintes.
0.10 Journal de la nuit, Météo.
0.25 Des mots de minuit.
Invités : Muriel Mayette, Anne Nguyen,
Jean-Pierre Jouyet, Liz McComb (70 min) .
FRANCE 3
20.35 Le Festin de Noël.
Documentaire. Jean-Pierre Petit (2010).
22.30 Soir 3.
22.55 Ce soir (ou jamais !).
0.25 Couleurs outremers.
Le Tatouage à Tahiti. Magazine.
0.50 Espace francophone (30 min).
CANAL +
Jeudi 9 décembre
TF 1
20.45 R.I.S. Police scientifique.
Série. Revivre encore (saison 6, 2) U ; Cercueil
volant U. Nuit blanche (saison 4, 13 et 11/16).
23.45 Esprits criminels.
Série. Sœurs jumelles U. Le 7e Passager V
(S1, 5 et 9/22). Avec Thomas Gibson (100 min).
FRANCE 2
20.35 A vous de juger.
Magazine. Invitées : Rachida Dati, Marine Le Pen.
23.10 Infrarouge.
Françafrique. [1/2] La Raison d’Etat.
Documentaire. Patrick Benquet (2010) U.
0.50 Voile sur la République. Documentaire.
Bernard Debord (Fr., 2009, 60 min).
0.35 Journal de la nuit, Météo.
FRANCE 3
20.35 Anthony Zimmer
Film Jérôme Salle. Avec Yvan Attal (Fr., 2005) U.
22.10 Soir 3.
22.35 Ce soir (ou jamais !). Magazine.
0.05 Le Match des experts.
0.20 Tous vos amis sont là...
Antoine de Caunes (55 min).
CANAL +
20.50 Coco Chanel
20.50 Les Piliers de la Terre.
& Igor Stravinsky p
Film Jan Kounen. Avec Anna Mouglalis, Mads
Mikkelsen, Yelena Morozova (France, 2009).
22.45 Football. Ligue des champions.
23.55 Humains
Film Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier
Thévenin. Avec Lorànt Deutsch (Fr., 2009, 85min).
Série (saison 1, 1 et 2/8). Avec Clive Wood V
22.40 Mad Men. Série (saison 3, 13/13).
23.25 30 Rock. Série (S4, 21 et 22/22).
0.10 Le Prof
Film Alexandre Jardin. Avec Jean-Hugues
Anglade, Yvan Attal (France, 1999, 145 min).
ARTE
ARTE
20.40 Les Mercredis de l’Histoire.
Quand les nazis filmaient le ghetto. Documentaire.
22.10 Le Dessous des cartes.
22.20 7 ans
Film Jean-Pascal Hattu. Avec Valérie Donzelli,
Cyril Troley, Bruno Todeschini (France, 2006).
23.45 New Pop Festival 2010 (90 min).
M6
20.45 La France
a un incroyable talent (2e demi-finale).
23.00 « La France
a un incroyable talent », ça continue.
23.55 Stéphane Guillon,
« formule épicée ». En 2009 (50 min) U .
20.40 Rois et reine ppp
Film Arnaud Desplechin. Avec Emmanuelle Devos,
Mathieu Amalric, Catherine Deneuve (Fr., 2004).
23.05 Jeans, une planète en bleu.
0.05 Tracks. Spécial mystery.
1.00 Serbis
Film Brillante Mendoza. Avec Gina Pareño,
Jaclyn Jose, Dan Alvaro (Phil., 2008, 85 min).
M6
20.45 Lie to Me.
Série. L’Enfer du devoir. Dans ses yeux... (S2,
14 et 15/22, inédit) U ; Question de conscience.
Mort dans l’âme U (saison 1, 7 et 8/13).
23.55 Sons of Anarchy.
Série. Le Schisme (saison 2, 8/13, 70 min).
Carnet 29
0123
Jeudi 9 décembre 2010
Le Carnet
Faites part
de vos événements
par téléphone : 01 57 28 28 28
par e-mail : [email protected]
par fax : 01 57 28 21 36
au journal ou par courrier :
Le Monde - Le Carnet
80 boulevard Auguste Blanqui
75707 Paris cedex 13
Tarifs 2010 (prix à la ligne)
Naissances, Anniversaires
de naissance, Mariages,
Fiançailles… : 18 TTC
Décès, remerciements,
Avis de messe, Anniversaires
de décès, Souvenirs : 24 TTC
Thèses : 15 TTC
Réduction abonnés
Un justificatif d’identité sera demandé.
Vous pouvez nous transmettre
vos annonces la veille pour
le lendemain :
du lundi au jeudi jusqu’à 18 h ;
jusqu’à 16 h.
01 57 28 28 28
AU CARNET DU «MONDE»
Naissance
Mélanie et Denis SALLOIS
partagent avec
Céleste,
l’immense joie d’annoncer la naissance de
Nathalie, Vincent et Etienne
Boulenger,
ses enfants,
Krischan Schroth et Cécile Vergès,
son gendre et sa belle-fille,
Roxane Boulenger,
sa petite-fille,
Frédéric Senèze,
son beau-frère,
Laure et Julien Senèze,
sa nièce et son neveu
et leurs conjoints,
Gérard et Marianne Hanau,
son cousin et son épouse,
Evelyne Poirier-Burtin,
sa petite-cousine,
François Mikol,
son cousin,
Les familles Brunswick, Hury
et Arnal
Et Juliette,
ont la tristesse de faire part du décès de
Mme Simone BOULENGER,
née GRÜNFELD,
La cérémonie religieuse aura lieu le
vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en
l’église Notre-Dame-de-Grâce de Passy,
Paris 16e.
survenu le 3 décembre 2010,
à l’âge de soixante-dix-huit ans.
La cérémonie aura lieu le jeudi
9 décembre, à 15 h 20, au crématorium
du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.
Nathalie Boulenger,
40, rue Henri Chevreau,
75020 Paris.
Etienne Boulenger,
12, rue de la Glacière,
75013 Paris.
ont la tristesse de faire part du décès de
leur très estimé confrère,
Annie Del Corso,
Benjamin, Colomba,
Aboubacar, Elage
Mme Josie Perrière,
Les familles Del Corso, Sedoni
et Rignault,
Tous ses amis,
Alexandre DEL CORSO,
a conclu avec la vie le plus beau des
contrats, en présence et sous le regard
forcément émerveillé de ses parents,
Ses cendres seront déposées
ultérieurement dans le caveau familial
à Monaco
Paris. Bratislava.
Françoise et Pierre DESVERGNES
et toute la famille,
sont très heureux d’annoncer la naissance
de
Matisse,
Décès
M. et Mme Alain Simon,
M. et Mme Bernard Fuchs,
ses sœurs et beaux-frères,
Vincent et Stéphanie Simon,
Thomas, Julie, Tristan,
Marie et Pierre Devie,
Jules, Hector, Octave,
Jean et Céline Simon,
Emma Noah,
Pauline et Edouard Quinat,
Célestine, Ninon, Balthazar,
Guillaume Fuchs et Lætitia Vona,
ses nièces et neveux,
Les familles Barçon, Jaffrelo, Marchiset,
Nalet, Sihr
Et tous ses amis,
ont la douleur de faire part du décès de
Daniel BERTHAULT,
ingénieur général de l’Armement
X 63
survenu le 6 décembre 2010.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le vendredi 10 décembre, à 14 h 30,
en la chapelle du Val-de-Grâce.
Daniel repose au funérarium de l’hôpital
du Val-de-Grâce.
Ni fleurs ni couronnes.
Famille Simon Berthault,
78, rue Amiral Mouchez,
75014 Paris.
Sa fille,
Sa belle-fille,
Ses petits-enfants
Et ses arrière-petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès de
médecin psychanalyste,
chevalier de la Légion d’honneur,
évadé de France,
médaille militaire,
croix de guerre 1939-1945
avec palmes,
survenue le 4 décembre 2010 à Paris.
Bernard GUINOTTE
a retrouvé la Paix auprès du Seigneur,
le vendredi 3 décembre 2010,
à l’âge de soixante-dix-neuf ans.
Catherine Guinotte,
son épouse,
François, Christian, Anne et Xavier,
ses enfants,
Anne, Caroline, Bruno et Marianne,
leurs conjoints,
Mathilde, Gabrielle, Daphné, Marine,
Alexis, Philippine, Valentin et Arthur,
ses petits-enfants,
Yves Guinotte,
son frère
Et toute la famille,
vous convient à la cérémonie religieuse
qui sera célébrée le vendredi 10 décembre,
à 10 h 30, en l’église Saint-Médard,
39, rue Daubenton, Paris 5e.
Suivie de la crémation au cimetière
du Père-Lachaise, Paris 20e, à 14 h 10.
Ni fleurs ni couronnes.
Dons souhaités au profit
de l’association France Alzheimer,
21, boulevard Montmartre, 75002 Paris.
84, boulevard Arago,
75014 Paris.
Le docteur Gabriel Nemes,
son compagnon,
Mark Jackman,
Ian Jackman,
Paul Jackman,
Lee Jackman,
ses frères,
Florence et Manuelle Miailhe,
Patrick Zachmann,
Fanny, Mario, Théo et Anna,
René et Conchita Glodek,
Elise, Anita et Sarah Glodek,
Tous ceux qui ont été près d’elle
jusqu’aux derniers moments de sa vie,
Mawa, Cheikh et les amis de Mario,
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean-Paul, Pierre, Bruno,
ses enfants,
Ses petits-enfants
Et arrière-petits-enfants,
Luc et Anne,
ses neveux,
Gyuri Nemes,
Charles Nemes,
Michel Nemes,
ses beaux-frères,
ont la tristesse de faire part du rappel
à Dieu de
Eugenia et Rosa,
qui l’ont accompagné avec tant d’amour
et de compétence
Mireille Glodek MIAILHE,
artiste peintre,
résistante à Toulouse,
survenu le 6 décembre 2010.
La cérémonie aura lieu au crématorium
du Père-Lachaise, le jeudi 9 décembre,
à 10 h 20.
«... alors, il n’y a plus de roman,
puisque Mireille Miailhe a cessé d’être
un personnage imaginaire. »
Louis Aragon, Blanche ou l’oubli.
Paris. Alep.
Une cérémonie religieuse sera célébrée
en sa mémoire le 22 janvier 2011,
à 11 heures, en l’église Saint-Eustache
à Paris 1er.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Cet avis tient lieu de faire-part.
[email protected]
[email protected]
9, rue Berteaux-Dumas,
92200 Neuilly-sur-Seine.
est partie avec la première neige de l’année
sur Paris.
En ce monde qui n’est plus le sien,
le bel éclair du souvenir au moins traverse
le voile du chagrin et des appels en vain.
Les familles Claraz et Kergomard
ont le regret de faire part du décès de
Véronique ROUSSEL,
musicologue, ethnomusicologue,
ancien producteur à France Musique,
Une messe aura lieu le vendredi
10 décembre, à 9 h 30, en l’église NotreDame-de-Lorette, à Paris, suivie d’une
crémation au cimetière du Père-Lachaise.
« J’ai tout appris de toi
pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi
qu’un ciel peut être bleu
Tu m’as pris par la main
comme un amant heureux. »
Cet avis tient lieu de faire-part.
Les entreprises du Club ADEME International
ont la grande tristesse de faire part du décès de
M. Jean-Claude OPPENEAU
ingénieur chimiste, doctorat CEA,
officier de la Légion d’honneur.
t
Il participa ainsi à la création du ministère de l’Environnemen
en 1971 et y fut directeur de la recherche.
Arrivé à l’ADEME en 1995, il occupa les postes de conseiller
r général et de directeur adjoint de l’Action Internationale.
directeu
du
des équipes
Retraité depuis quelques années, il était resté très proche
International,
de l’ADEME et intervenait comme conseiller du Club ADEME
françaises
reprises
éco-ent
des
tion
l’innova
de
service
au
où il mettait son talent
contribué à créer.
et notamment celle du Club ADEME International qu’il avait
la grande valeur
Jean-Claude était reconnu pour son dynamisme ainsi que
er.
l’étrang
qu’à
France
en
de son expertise tant
qualités de cœur,
Très apprécié pour son caractère chaleureux et ses grandes
son chemin
croisé
ont
qui
amis
et
es
collègu
les
tous
à
Jean-Claude manquera
en France et de par le monde.
re,
Une cérémonie en sa mémoire sera organisée le jeudi 9 décemb
au (Essonne).
à 11 heures, en l’église Saint-Martin, boulevard Viala, Palaise
la peine de sa famille
Les entreprises du Club ADEME International s’associent à
et de ses proches.
ont la tristesse de faire part du décès de
Mme Charles TURQUIN,
née Thérèse LAPRUN,
survenu dans sa quatre-vingt-quinzième
année.
La cérémonie religieuse aura lieu
en l’église Saint-Flavien, à Toulon,
le 10 décembre 2010, à 15 heures.
Remerciements
survenu le 3 décembre 2010,
à l’âge de soixante et un ans.
Très émue, Maryse Délot
remercie toutes les personnes
qui ont manifesté leur attachement à
Une cérémonie aura lieu le jeudi
9 décembre, à 13 h 30, 11, rue Marmontel,
à Clermont-Ferrand.
Suivra l’inhumation au cimetière
d’Aubière.
Véronique aurait apprécié un don à
La Cimade, soit directement, soit à
Eve Claraz, 43, rue Christian Lacouture,
69500 Bron.
Pierre DÉLOT,
décédé brutalement le 23 novembre 2010.
Anniversaires de décès
Le 8 décembre 2010, à Lyon,
Michel FLORET-MIGUET,
agrégé d’histoire-géographie,
nous a quittés
à l’âge de soixante-quinze ans.
Orliénas.
M. Jean-Claude Salètes,
son époux,
Marine et Julien Desecures,
Fabienne et Benoit Lefevre,
Maude et Grégoire Salètes,
ses enfants,
Mathis, Marguerite, Aïna, Laure, Lise,
Béryl, Jeanne et Cléo,
ses petits-enfants,
Les familles Forest, Salètes et alliées,
Ses amis et proches,
Papa, Papi, nous pensons fort à toi.
Cécile et Edith Floret-Miguet,
Violette, Lionnelle et Olivier.
3, rue des Cliquets,
92380 Garches.
Souvenir
Il y a vingt ans,
Carmen BASSAN MUGNIER
ont la grande tristesse de faire part
du décès de
M Marie-Joseph SALÈTES,
née FOREST,
nous quittait.
Elle reste dans nos cœurs.
Bruno, Anne et Philippe,
ses enfants.
survenu le 4 décembre 2010,
au Centre Léon Bérard de Lyon,
à l’âge de soixante-quatre ans.
Francis MAYER,
La cérémonie religieuse aura lieu
le jeudi 9 décembre 2010, à 14 h 30,
en l’église d’Orliénas, Rhône.
directeur général
de la Caisse des Dépôts,
nous quittait il y a quatre ans.
L’incinération aura lieu dans l’intimité
familiale.
Il aurait aujourd’hui soixante ans.
Nous pensons chaque jour à lui.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Que ceux qui l’ont connu se souviennent
de sa formidable force de vie.
ont la peine de faire part du décès de
Christian POCHE,
Anne et Jacques Comby,
Béatrice et Yves Chatellier,
ses filles,
Antoine et Raphaëlle Comby,
Romain Chatellier et Irène Bellomo,
ses petits-fils,
Ses arrière-petits-enfants,
Sa belle-sœur, ses neveux et nièces,
La famille Traoré Turquin,
née KERGOMARD,
ont l’immense douleur d’annoncer la
disparition brutale de
survenue le 3 décembre 2010, à Paris.
La cérémonie religieuse sera célébrée le
vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en
l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine,
90, avenue du Roule.
née KOHN-ABREST,
le 6 septembre 1925,
Josette Tolman,
sa nièce,
Alexandre Engelhorn,
son beau-frère,
Sa famille
Et ses amis,
David JACKMAN,
survenu en son domicile,
à Neuilly-sur-Seine, le 6 décembre 2010,
à l’âge de quarante-six ans.
Louise JANSSENS,
Radhia,
son épouse,
Clément,
son fils,
Les familles Dziri, Nouzeilles, Poche,
Marrache
Et tous ses amis,
ont la douleur de faire part du décès de
L’inhumation a eu lieu dans l’intimité
familiale au cimetière de Crécy-Couvé
(Eure-et-Loir).
Le jeudi 25 novembre 2010,
me
Mme Sonja Nemes,
sa belle-mère,
survenu le 27 novembre 2010,
dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année.
Katarina et Aurélien.
survenu le 5 décembre 2010.
La cérémonie religieuse sera célébrée le
vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en
l’église Notre-Dame-de-Grâce de Passy,
10, rue de l’Annonciation, Paris 16e.
Et tous ses proches,
chez
X 42,
Ni fleurs ni couronnes.
M. Paul FACCHETTI,
le 27 septembre 2010, à Paris,
Robert CLAUSSE,
membre
de l’Académie nationale de médecine,
commandeur de la Légion d’honneur,
Paris. Brunoy.
Jacques FINKELSTEIN,
le professeur
Didier-Jacques DUCHÉ,
survenu à Paris, le 5 décembre 2010,
à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans.
ont la tristesse de faire part du décès de
Charles,
Anne-Cécile NÈGRE-BAUD
et Emmanuel BAUD.
Le président
Et le secrétaire perpétuel,
Les membres
Tous ses proches
ont le chagrin d’annoncer la disparition de
de l’Académie nationale de médecine,
Une cérémonie œcuménique aura lieu
dans la stricte intimité à la Maison Jeanne
Garnier, suivie d’une incinération au
crématorium du Père-Lachaise, Paris 20e,
jeudi 9 décembre, à 13 h 15.
Le 29 novembre 2010, à Paris,
au mépris du terme convenu,
professeur
Didier-Jacques DUCHÉ,
survenu le 5 décembre 2010,
dans sa quatre-vingt-quinzième année.
enfant cachée sous le nom de
« Rey-Golliet »,
survenu le 2 décembre 2010.
à Paris, le 23 novembre 2010.
ont la tristesse d’annoncer le décès du
membre
de l’Académie nationale de médecine,
commandeur de la Légion d’honneur,
pharmacien biologiste,
Anatole,
Marguerite-Marie Duché,
née Lorilleux,
son épouse,
Marie-Emmanuelle (†),
Bénédicte et Éric Katlama,
Jean-Baptiste et Marie-Agnès Duché,
Jérôme et Claude Duché,
Christophe et Marie-Odile Duché,
Clotilde et Dominique (†) Manoury,
Pascaline et Michel Sicot,
Sébastien et Béatrice Duché,
Angélique et Jean-François Wirth,
L’abbé Emmanuel Duché,
ses enfants,
Ses petits-enfants,
Ses arrière-petits-enfants,
Andrée Mayer,
son épouse,
Sophie, Philippe, Alexandra,
ses enfants.
Communications diverses
La cérémonie religieuse sera célébrée
le jeudi 9 décembre 2010, en l’église SaintAugustin, Paris 8e, à 14 h 30.
Centre Communautaire de Paris :
Colloque - « L’autre visage d’Israël ».
Dimanche 12 décembre 2010 - 14 h 30 « Les paramètres de la paix : Les voies
et les pièges » animé par Alexis Lacroix
avec Dominique Moïsi, Frédéric Encel
- 16 h 30 - « L’Etat juif, les Etats arabes :
un dialogue est-il possible ? » avec
Antoine Sfeir, Ivan Levaï - 19 heures « La démocratie israélienne entre sacré et
profane » par Denis Charbit.
119, rue La Fayette, Paris 10e.
Tél. : 01 53 20 52 52.
www.centrecomparis.com - (PAF).
L’inhumation aura lieu au cimetière
parisien de Pantin, dans la sépulture de
famille, à 16 h 30.
Joël Cuénot, grand amoureux de Paris,
vous conseille de visiter son site :
www.joel-cuenot.com
Me Yvonne TOLMAN,
épouse ENGELHORN,
présidente du Comité inter ONG
pour les jeunes de la rue,
présidente d’honneur
de la Fédération internationale
des femmes des carrières juridiques,
représentante à l’UNESCO,
avocat honoraire.
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Jeudi 9 décembre 2010
Riosifflelafinde
partiepourlesnarcos
Lettre d’Amérique du Sud
Jean-Pierre Langellier
P
endant plusieurs jours, son visage a
envahi les écrans et les journaux du
Brésil. Menton dressé, œil dur,
mâchoires closes. Humilié, déchu, menotté, mais le regard noir lancé dans un dernier défi aux témoins de sa défaite.
Torse nu, encadré par deux policiers
militaires, Elizeu Felicio de Souza, alias
« Zeu», 31 ans, symbolise, à lui seul, la
récente victoire remportée par les forces
de l’ordre sur les trafiquants de drogue à
Rio de Janeiro.
En 2002, un reporter de TV Globo, Tim
Lopes, enquête avec une caméra cachée
sur l’exploitation sexuelle de mineures
recrutées par les « narcos » pour animer
leurs fêtes dans la favela de Vila Cruzeiro.
Démasqué par les malfrats, le journaliste
est capturé, torturé, achevé à coups de
sabre par le chef de la bande, Elias Pereira
da Silva, dit « Elias le Fou». Cet assassinat
émeut et choque le Brésil, pourtant coutumier des pires violences.
Zeu est l’un des bourreaux. Il a aussi
acheté l’essence qui enflammera le pneu
auquel est harnaché le corps de la victime.
La justice le condamne à vingt-trois ans et
six mois de prison. Cinq ans plus tard, elle
lui concède un régime de semi-liberté. Le
détenu en profite, dès le premier soir,
pour partir en cavale. En août dernier, un
reportage télévisé, filmé clandestinement,
le montrait en train de vendre de la drogue, avec quelques complices.
Le 28novembre, l’armée et la police se
lancent à l’assaut des collines du Complexo do Alemao, un ensemble d’une dizaine de favelas, devenu la forteresse de la
drogue à Rio, et qu’elles occupent depuis
en permanence.
Prévenus par un informateur anonyme, les hommes en uniforme savent que
Zeuse cache chez sa sœur. Réfugié sous un
lit, il se rend, seul et sans armes, après
avoir reçu la promesse qu’il aura la vie sauve. Aussitôt présenté à la presse en pleine
rue, il essuie les quolibets des passants :
«Alors, le grand macho, ça va ? »
Ce jour-là, plusieurs redditions prennent une tournure familiale. Carlos
Augusto, dit « Pingo », 25 ans, est livré par
son père, un pompier. Ce dernier «remercie» la police d’avoir attrapé son fils
vivant: « Il doit payer pour ce qu’il a fait. Je
l’ai persuadé de se rendre. J’ai quatre fils, lui
seul a mal tourné. »
Diego Raimundo da Silva dos Santos,
alias « Mister M », 25 ans, numéro 2 du trafic local, se rend, accompagné de sa mère,
Nilza Maria, dont il est un des dix enfants :
«Je suis heureuse de l’avoir convaincu, ditelle, car il allait mourir. »
Pendant des années, les narcos ont
imposé leur loi en utilisant la population
comme « bouclier humain ». Tels de nouveaux seigneurs féodaux, ils vivaient au
sommet des collines, parfois dans des maisons luxueuses, d’où ils pouvaient surveiller la favela et être avertis à temps des
incursions policières.
Cette fois, la communauté les lâche.
L’opération contre eux est si massive –
2 700 hommes – si résolue, et si médiatisée – retransmise en boucle à la télé avec
un hélicoptère à l’appui, que le mythe de
leur invincibilité vole en éclats en moins
de deux heures, incitant les habitants, rassurés et soulagés, à rompre l’omerta. Ce
dimanche-là, le numéro vert de la police
réservé aux dénonciations reçoit plus de
500 appels.
Le butin policier est impressionnant :
50 tonnes de marijuana, la plus grosse prise de l’histoire du Brésil, 300 kg de cocaïne,
plus de 300 armes lourdes et fusils,
370motos et voitures volées, des grenades
par dizaines, des munitions par milliers.
Les hommes en uniforme
savent que «Zeu» se cache
chez sa sœur. Réfugié
sous un lit, il se rend,
seul et sans armes, après
avoir reçu la promesse
qu’il aura la vie sauve
Parmi la trentaine de prisonniers, figurent certains caïds aux sobriquets sonores: « le Roi », « le Playboy», « l’Indien », « le
Pilote», « le 2 D », « Mao » – soupçonné
d’avoir tué dix policiers – et Sandra « la
Longue Chaussure », la femme la plus
recherchée de Rio.
Mais plusieurs gros poissons échappent aux mailles du filet. Avant l’encerclement de la favela, l’un des « gérants » du
trafic, «Pezao» («Grands Pieds ») abandonne sa maison à trois étages, avec piscine,
Jacuzzi géant, et une jolie réserve de Dom
Pérignon. Fabio Atanasio da Silva, dit
« FB», laisse derrière lui sa puissante moto
Suzuki, estimée à 25000 euros, mais pas
les colliers et bracelets en or qu’il aime
exhiber, les soirs de fête.
Des narcos parviennent à quitter discrètement la favela sous des accoutrements
divers, déguisés en éboueurs, en employés
municipaux, en policiers ou en pasteurs
évangéliques. La plupart, découvrira-t-on
ensuite, s’enfuient à travers le réseau
d’égouts, une enfilade de vastes galeries
où ils peuvent se tenir debout.
Le « nettoyage», puis l’occupation, du
Complexo do Alemao portent un coup
dur au Commando rouge (CV), la plus
ancienne organisation de narcos, déjà
affaiblie par la concurrence de deux factions rivales, le Troisième Commando pur
(TCP) et les Amis des amis (ADA). Au fil des
ans, nombre de ses leaders ont été tués ou
incarcérés.
Derrière les barreaux, l’actuel chef toutpuissant du CV, Marcio Nepomuneco, dit
« Marcinho VP», 33 ans, continue de donner ses ordres. Il a orchestré la récente
vague de violences qui a conduit l’Etat de
Rio à réagir avec une fermeté inédite.
Sa femme et deux de ses avocats,
aujourd’hui emprisonnés, transmettaient
ses directives à ses complices en liberté. Ils
servaient, comme on dit dans le milieu, de
« pigeons voyageurs». La police leur a coupé les ailes. p
Courriel : [email protected]
Billet Robert Solé
Exercice du culte
BERNARD ARNAULT vient de se faire un petit cadeau de Noël. Deux
opérations financières lui ont permis de réaliser une plus-value de
50 millions d’euros : il a acheté 600 000 actions de son groupe LVMH
à 65 ¤ pièce, alors qu’elles étaient cotées 125 ¤ sur le marché, et
200 000 actions de Dior, au prix de 50 ¤, soit moins de la moitié de
leur valeur. C’est parfaitement légal. M. Arnault a « exercé ses stockoptions », selon la formule officielle, comme d’autres exercent la
médecine ou l’autorité parentale.
Le verbe prend ici toute sa signification. Un homme plein aux as
doit exercer ses muscles financiers. S’entraîner et s’entretenir. En
effet, se faire un peu de blé pour arrondir ses fins de mois suppose un
exercice régulier : acheter par-ci, vendre par-là, au bon moment. Le
détenteur de stock-options exerce un privilège, car cette forme de
rémunération est à sens unique : on gagne beaucoup si l’action monte, mais dans le cas contraire on ne perd rien.
L’exercice du culte de l’argent s’imposait en cette veille de Noël.
Généreusement, M. Arnault a exercé une charité bien ordonnée qui,
on le sait, commence (et finit souvent) par soi-même. p
LES SOINS EXPERTS
POUR FORTIFIER
LES PEAUX SENSIBLES.
En lisant l’article intitulé « Manifestations contre la réforme de
l’enseignement supérieur en Italie » (Le Monde du 2 décembre), je
me demande quel peut être l’intérêt de donner les rangs, en l’occurrence ici celui de l’Italie, pour les
dépenses liées à l’enseignement
supérieur. Ce qui est important
pour une comparaison significative, c’est la somme effectivement
allouée. Il est sans doute plus intéressant de savoir si les dépenses
par étudiant en Italie et en France
sont, par exemple, voisines ou
varient du simple au double. L’article cité n’est pas seul en cause,
on retrouve trop souvent cette
façon de donner des statistiques.
En fait, peu m’importe de savoir
qui est en tête ou à telle place, ce
n’est pas une compétition !
Alain Magoutier
Landéda (Finistère)
Notre veau d’or
Comment peut-on s’exprimer
avec autant d’assurance, de certitude, que M. Fougerolles dans son
courrier « Notes à l’école » (Le Monde du 3décembre)? Ce qui me semble destructeur, à l’heure actuelle,
c’est justement notre système de
notation, de 0 à 20, apparemment
rigoureux. Est-ce que la note est
« le seul moyen » de s’évaluer ? Je
vois tous les jours des élèves, et
derrière les élèves, des enfants, brisés par les notes. Certains ont baissé les bras : ils renoncent, ils se sentent « nuls » et ne font plus d’efforts. D’autres travaillent et, malgré leurs efforts, obtiennent de
mauvaises notes : quand ils les
reçoivent, leur regard se voile. Les
enfants, comme les parents et les
enseignants, sont obsédés par la
note : dès que les élèves en reçoivent une, ils sortent leur calculette pour connaître leur moyenne.
La première question posée par
les parents, le soir, c’est : « Combien tu as eu à ton contrôle ? » Les
parents ne devraient-ils pas plutôt demander : « Qu’est-ce que tu
as appris aujourd’hui ? Est-ce que
c’était intéressant ? Qu’est-ce qui
t’a fait réfléchir ? » La note, depuis
des années, est devenue notre
veau d’or.
Fabienne Albanel
Albi
Courrier et contributions des lecteurs :
[email protected]
Fax : 01-57-28-21-74
Demain dans 0123
« Le Monde des livres » Arts, photographie,
histoire, littérature, cinéma, architecture,
musiques: supplément spécial beaux livres
pTirage du Monde daté mercredi 8 décembre 2010 : 359 321 exemplaires.
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