Laventedes avionsRafale auBrésilest compromise
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Laventedes avionsRafale auBrésilest compromise
Jeudi 9 décembre 2010 - e upbybg La vente des avions Rafale au Brésil est compromise Julian Assange dans la nasse judiciaire Le fondateur de WikiLeaks est en prison à Londres. La Suède, où il est accusé d’agressions sexuelles, demande son extradition. Les Etats-Unis cherchent le moyen juridique de l’incriminer pour la fuite des notes du département d’Etat. Page 21 t Lula renonce à «conclure un accord avec la France », laissant à la future présidente, Dilma Rousseff, le soin de choisir ou non l’avion de combat de Dassault S oucieux de ne pas laisser « un héritage très lourd au Brésil », le président sortant, Luiz Inacio Lula da Silva, a affirmé, mardi 7 décembre, qu’il n’engagera pas, avant de quitter le pouvoir fin décembre, de négociations exclusives avec Dassault pour la fourniture de 36 appareils de combat, laissant le soin au prochain gouvernement de se prononcer. Ce revirement de Lula, qui s’était montré très favorable au choix de l’avion français, est de mauvais augure. L’armée brésilienne a manifesté sa préférence pour le Page 14 concurrent suédois. p LUKE MAcGREGOR/REUTERS K Contre-enquête Réguler davantage les marchés d’actions? Côte d’Ivoire: l’ONU se divise sur le soutien à M. Ouattara a L’Union européenne doit-elle réviser la directive qui les a libéralisés en 2007, ouvrant à la concurrence les places boursières ? a Le pourcentage d’opérations invisibles, réalisées sur des plates-formes où s’échangent des blocs de titres souvent considérables, est-il un danger ? Page 12 Nations unies La Russie refuse d’adopter la déclaration du Conseil de sécurité reconnaissant la victoire du challenger de Laurent Gbagbo. En France, les socialistes ne cachent pas leurs dissensions. Page 5 Avions de combat: la désunion européenne UK price £ 1,50 E chec ou simple report avant une nouvelle décision ? En annonçant, mardi 7 décembre, qu’il ne choisirait pas l’avion devant équiper l’armée de l’air de son pays avant de quitter le pouvoir en janvier, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, pourrait avoir porté un coup fatal au Rafale. C’est une mauvaise nouvelle pour Dassault. L’avionneur français risque, en cas d’ouverture d’une nouvelle offre par la présidente élue, Dilma Rousseff, qui prendra la succession de Lula, de ne plus être le favori. Il se retrouverait alors face à ses deux concurrents – l’américain Boeing avec le F18, le suédois Saab avec le Gripen –, qui ont multiplié les pressions pour déconsidérer l’offre française. Si elle est lancée, la course sera acharnée : elle se déroulera dans un environnement mon- dial où tous les budgets de défense sont en baisse. Elle sera d’autant plus féroce que le Gripen et le Rafale jouent leur avenir industriel : il est indispensable pour eux d’emporter un contrat à l’exportation. Pour Dassault, ce serait la cinquième déconvenue depuis 2001, après des échecs aux Pays-Bas, en Corée du Sud, à Singapour et au Maroc. Reste un espoir ténu avec l’Etat des Emirats arabes unis. Faute de quoi, le Rafale n’aura eu Editorial qu’un débouché : la France. Sur ce marché des avions de combat – hyperconvoité et dominé par les Américains –, les Européens, une fois de plus, arrivent en ordre dispersé. L’exemple brésilien est révélateur avec deux can- didats européens face à un américain. Même scénario en Inde, où l’Eurofighter, autre appareil européen, se trouve en compétition avec le… Rafale. Ces deux avions sont nés d’une mésentente. Les Européens ont été incapables de s’unir en 1985 pour lancer ensemble un avion de combat. Les Français ont fait cavalier seul, pendant que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne s’unissaient. Parallèlement, les Suédois développaient le Gripen ! Et voilà comment l’Europe se trouve avec trois avions de chasse. A la plus grande satisfaction des Américains, qui, dans la même période, ont réorganisé leur industrie et lancé un programme d’avions de combat, le JSF. Pour le développer, ils ont proposé à certains pays européens de participer. Ceux-là sont devenus à la fois financiers et clients, fermant la porte à des avions européens. Morcelée, l’aéronautique européenne militaire doit s’unir pour maîtriser les technologies nécessaires au développement d’une nouvelle génération d’avions de chasse. La priorité est de nouer des coopérations européennes en tirant les leçons des erreurs des années 1980. Elles nécessitent une entente sur un programme commun, et surtout sur l’industriel qui sera maître d’œuvre. Hélas, l’heure est aujourd’hui aux rivalités, alors qu’arrivent de nouveaux acteurs, chinois et indiens. Des décisions doivent être prises. Elles sont difficiles. Les uns et les autres en Europe sont légitimement attachés à leurs industries de défense. Mais l’alternative, la désunion, c’est la disparition. p Le flirt «risqué» de Paris avec Damas L’ouverture de Nicolas Sarkozy en direction du régime syrien a provoqué la «consternation» de Washington. a Les liens «dangereusement étroits» de la mafia russe avec le Kremlin. a Tunisie: le régime «sclérosé» de Ben Ali. Les rapports secrets d département du d’Etat Pages 18-19 Verts: la démission de M.Besset révèle la crise Ecologie Lassé par un «climat délétère de guerre froide», Jean-Paul Besset s’est démis de ses responsabilités au sein d’Europe Ecologie- Les Verts. Proche de Nicolas Hulot, il a été l’un des initiateurs du récent rassemblement des différentes «familles» écologistes. Page 9 Le regard de Plantu le meilleur du cinéma en VoD Découvrez + de 1500 films à télécharger sur www.universcine.com Abonnés Free internet & TV, retrouvez UniversCiné sur le canal 107 de votre Freebox HD © D. R. : Solutions Locales pour un désordre global 2010 Memento Films Distribution - Les petits ruisseaux 2010 Ad Vitam - Le premier qui l’a dit 2010 Pyramide Distribution - La stratégie du choc 2010 Haut et Court Distribution - Soul Kitchen 2009 Pyramide Distribution. Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, 24 heures dans le monde Les gens t François-Marie Banier conservera 300millions d’euros de Mme Bettencourt 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Les faits Les chiffres aInternational Haïti: Mirlande Manigat en tête au premier tour de la présidentielle matinée, à Scotland Yard. L’Australien de 39 ans, qui a comparu devant un tribunal de Westminster, s’est vu refuser sa demande de liberté conditionnelle, en vertu de « l’extrême gravité des accusations » et des « moyens et [de] la capacité de s’enfuir » dont il dispose. Il restera en détention dans l’attente d’une nouvelle comparution, fixée au 14 décembre. Le tribunal examinera, à cette date, la recevabilité de la demande d’extradition formulée par la Suède. Lire pages 18 à 21 n Sur Lemonde.fr : En vertu du droit européen, l’extradition de Julian Assange semble inévitable aFrance Le PS manifeste son soutien à M.Huchon, menacé d’être invalidé Aux termes de l’accord de réconciliation entre l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt et sa fille, Françoise Bettencourt Meyers, le photographe François-Marie Banier conservera 300 millions d’euros de dons de la milliardaire. Son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille, a déclaré que son client « gardera tous les dons accordés jusqu’ici par Liliane Bettencourt » mais qu’il s’est « engagé à ne plus rien recevoir à l’avenir (…) en échange de l’abandon des poursuites » et qu’il renonce aux assurances-vie dont il était le bénéficiaire. (PHOTO : AFP) t Eric Cantona fait «un flop» avec son initiative anti-banques L’ex-star du football, Eric Cantona, 44 ans, qui avait appelé à « faire la révolution dans les banques », devait effectuer un « retrait de 1 500 euros » dans une agence de la BNP d’Albert (Somme), commune où il était en tournage, mardi 7 décembre. Mais il ne l’a pas fait. Lors d’une interview à Presse Océan, début octobre, l’ancien attaquant de Manchester United avait estimé que si 20 millions de gens retiraient leur argent des banques « le système s’écroulerait ». Son appel, relayé sur Internet, n’a pas été entendu. Lire page 15 t Luc Besson tourneun film sur l’opposantebirmane Aung San Suu Kyi Le réalisateur et producteur français Luc Besson, 51 ans, a tourné, en Thaïlande, des scènes de son prochain film sur l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, intitulé Dans la lumière. L’opposante, Prix Nobel de la paix, est interprétée par la star hollywoodienne Michelle Yeoh. Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication : Eric Fottorino Vice-président, directeur général : David Guiraud Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain Directeur du « Monde » : Eric Fottorino Directeur adjoint : Laurent Greilsamer Editeur : Michel Sfeir Directrice de la rédaction : Sylvie Kauffmann Directeurs éditoriaux : Gérard Courtois et Alain Frachon. Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet, Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès, Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »). Chef d’édition : Françoise Tovo. Directrice artistique : Sara Deux. Veille de l’information : Eric Azan. Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco Médiatrice : Véronique Maurus Conseil de surveillance : Louis Schweitzer, président. Gilles van Kote, vice-président Le Monde est édité par la Société éditrice du «Monde» SA Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA. Rédaction :80,boulevardAuguste-Blanqui,75707Paris Cedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21 Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778. (0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48ou www.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresse etsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min) 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037 Président : David Guiraud Directrice générale : Bénédicte Half-Ottenwaelter PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui, 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 Fax : 01-57-28-39-26 Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg, 94852 Ivry cedex Le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a été l’invité, mardi 7 décembre, du bureau national du PS, une réunion qui se tient ordinairement à huis clos. Il était venu s’expliquer sur la menace d’invalidation par le Conseil d’Etat de sa réélection, en mars, recommandée par le rapporteur public, Edouard Geffray, le 3 décembre. En cause : une campagne d’affichage sur les transports jugée litigieuse dans un contexte électoral. M. Huchon a été reçu par Martine Aubry avant le bureau national. Le Conseil d’Etat rendra sa décision jeudi 9 décembre. Des manifestations et des tirs sporadiques ont été signalés à Port-au-Prince et dans plusieurs autres villes haïtiennes, mardi 7 décembre au soir, après l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 28 novembre. Le second tour, organisé le 16 janvier 2011, devrait opposer l’ex-première dame Mirlande Manigat (31,37 % des voix) et le candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin (22,48 %). Le chanteur populaire Michel Martelly est arrivé troisième (21 %), avec seulement 6 000 voix de moins que M. Célestin. Les Etats-Unis se sont dits « préoccupés » par les résultats « incohérents » de l’élection. Ils ont appelé la population au calme et offert d’examiner toute fraude éventuelle. La veille, le Conseil national d’observation électorale, financé par l’Union européenne, plaçait M. Martelly devant M. Célestin, avec respectivement 25 % et 20 % des suffrages. (PHOTO : AFP) Lire page 6 Les Etats-Unis renoncent à obtenir un gel de la colonisation en Cisjordanie Les Etats-Unis ont annoncé officiellement, mardi 7 décembre, la cessation de leurs efforts pour obtenir d’Israël un nouveau moratoire de 90 jours de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. Ce renoncement apparaît comme un sérieux échec pour Barack Obama, qui avait fait de la résolution du conflit israélo-palestinien l’un des grands projets de son mandat et avait fixé l’objectif de parvenir à une solution à deux Etats dans un délai d’un an. Les responsables américains ont tenu à souligner que des négociateurs israélien et palestinien se retrouveraient quand même la semaine prochaine, à Washington. Mais après la décision américaine, le « processus de paix » semble plus que jamais dans une impasse. Lire page 6 n Sur Lemonde.fr : la présidence de la région Ile-de-France suspendue à une décision du Conseil d’Etat Le président d’Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Paul Besset, démissionne Trois semaines après l’union, à Lyon, le 13 novembre, d’Europe Ecologie et des Verts, Jean-Paul Besset, 64 ans, proche de Nicolas Hulot, qui avait été choisi pour présider ce rassemblement a annoncé, mardi 7 décembre, qu’il démissionnait de toutes ses fonctions. Dans une lettre envoyée aux responsables du mouvement, il dénonce « le climat délétère de guerre froide » qui s’est, selon lui, installé chez les écologistes depuis les élections régionales et estime que « la fusion-dépassement » des différents courants et mouvements écologistes n’a pas eu lieu. La première réunion du conseil fédéral du nouveau parti doit se tenir samedi 11 décembre. Lire page 9 aEconomie L’Islande sort de la récession n Sur Lemonde.fr : Portfolio sonore : « La situation risque de basculer en confrontation directe entre militaires » Le fondateur de WikiLeaks arrêté et placé en détention à Londres Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, à l’origine de la divulgation de documents secrets américains a été placé en détention, mardi 7 décembre, à Londres, dans le cadre de deux affaires d’agression sexuelle, en Suède. Sous couvert d’un mandat d’arrêt européen, il s’est livré, en début de 73 millions de Français en 2040 Selon une étude de l’Insee, publiée mardi 7 décembre, si les tendances démographiques récentes perdurent, la France comptera 73 millions d’habitants en 2040, soit 15 % de plus qu’en 2007, date du dernier recensement. Les régions de l’Ouest devraient être les plus attractives : d’ici à 2040, la population devrait augmenter de 28,5 % en Languedoc-Roussillon, 26 % dans les Pays de la Loire et 23 % en Aquitaine. Lire page 11 t Automobile 20 millionième Peugeot offerte à Haïti La marque au lion a annoncé, mardi 7 décembre, avoir offert la 20 millionième voiture produite dans son usine historique de Sochaux, dans le Doubs, à la Fédération protestante d’Haïti. Le véhicule, une Peugeot 5008, doit assurer le transport scolaire d’orphelins de Port-au-Prince. t Justice 14 ex-militaires de la dictature chilienne jugés en France La Russie bloque une déclaration de l’ONU sur la Côte d’Ivoire La Russie a fait obstacle, mardi 7 décembre, à l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle ivoirienne. Le représentant spécial des Nations unies en Côte d’Ivoire, M. Choi, avait reconnu la victoire de M. Ouattara, après l’avis de la commission électorale indépendante. Dans les chancelleries occidentales, on juge que l’émissaire de l’ONU était à même de certifier les résultats en vertu des accords de paix de 2005. « J’ignore pourquoi la Russie tergiverse avec des résolutions qu’elle a elle-même votées », a déploré Susan Rice, ambassadrice américaine à l’ONU. L’attitude de Moscou est primordiale dans la mesure où les déclarations du Conseil de sécurité sont adoptées à l’unanimité. Lire page 5 t Démographie Pour la première fois depuis la faillite de son secteur bancaire à la fin de 2008, l’Islande atteint une croissance de 1,2 % de son produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre. Le pays avait enregistré une récession de 6,8 %, en 2009. Grâce à une sévère cure d’austérité et au soutien du Fonds monétaire international (FMI), les signes de convalescence se multiplient : la consommation des ménages s’est accrue de 3,8 % au troisième trimestre, tout comme l’indice de confiance des ménages qui a bondi à 50,6 points, en novembre, contre 32, en octobre. Lundi 6 décembre, la première ministre, Johanna Sigurdardottir (photo), a déclaré qu’un accord serait signé dans les prochains jours à propos du remboursement aux gouvernements britannique et néerlandais des 5 milliards d’euros qu’ils ont dû verser à leurs épargnants, lésés par la faillite de la banque islandaise Icesave. (PHOTO : AFP) Le procès de quatorze ex-militaires chiliens commence mercredi 8 décembre aux assises de Paris et devrait durer jusqu’au 17 décembre. Ils comparaîtront par défaut pour « enlèvement et séquestration avec actes de torture et de barbarie », pendant la dictature d’Augusto Pinochet, à l’encontre de quatre Français, Georges Klein, membre du cabinet de Salvador Allende, disparu le 11 septembre 1973, Etienne Pesle, disparu le 19 septembre 1973, Alphonse Chanfreau, disparu le 30 juillet 1974, et Jean-Yves Claudet-Fernandez, disparu le 1er novembre 1975. C’est la première fois que se tient une audience abordant la nature du régime issu du coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir. Lire page 8 L’histoire Alexandre Bollengier (Belfort, correspondance) Les scores Un patron trop social épinglé par l’Urssaf t Football C laude Goudron est un patron attentionné, proche de ses salariés. Alors, quand l’un ou l’autre a un souci financier, il n’hésite pas à mettre la main à la poche, mais « seulement dans les cas exceptionnels, qui sont malheureusement plus nombreux depuis le début de la crise », précise-t-il. Ultralu, sa PME spécialisée dans la fabrication d’échafaudages en aluminium, est située au pied du ballon d’Alsace, à Giromagny, dans le Territoire de Belfort. Au cours des trois dernières années, il a ainsi prêté, sans intérêts, des sommes comprises entre 200 et 3 000 euros à sept de ses vingt-trois salariés, en échelonnant les remboursements sur plusieurs mois en fonction des capacités de chacun. Surendetté et interdit bancaire, l’un d’eux, « un gars formidable, bosseur, sur qui on peut compter », avait un besoin urgent de 3 000 euros afin de s’acquitter de la totalité de ses arriérés de loyer. A défaut, il risquait de se retrouver à la rue, du jour au lende- main, avec son épouse et ses deux enfants en bas âge. Ces gestes de générosité, Claude Goudron les pratique depuis la création de son entreprise, voilà trente ans, sans que l’Urssaf y ait jamais rien trouvé à redire. Mais, en juillet, un inspecteur du recouvrement s’est présenté. « L’absence d’un intérêt d’emprunt est un avantage bénéficiant au salarié, a-t-il constaté dans sa lettre d’observations. Il convient donc de réintégrer dans l’assiette de cotisations les intérêts des prêts accordés à vos salariés ». Soit 2 596 euros de charges sociales pour l’ensemble des prêts consentis (environ 10 200 euros sur trois ans). Grossière erreur Particulièrement zélé, le vérificateur n’a, au passage, pas oublié d’appliquer une pénalité à ce chef d’entreprise à la fibre trop sociale… « Il faut avoir l’esprit un peu tordu pour procéder à un tel redressement, mais légalement, je ne peux rien faire », constate Claude Goudron. A cela près que l’inspecteur de l’Urssaf a commis une grossière erreur dans le calcul des intérêts en le basant sur un taux annuel et non pas mensuel. « Le résultat est délirant, poursuit le patron d’Ultralu. L’Urssaf a évalué à 5 152 euros le montant des intérêts ! Pour le seul prêt de 3 000 euros, les intérêts sont de 3 410 euros, soit un taux de 68 % par an. C’est dix fois le seuil fixé par la loi ! » Claude Goudron a, bien évidemment, contesté le redressement. « Les éléments que vous avancez ne me permettent pas de revenir sur ma décision, et je me vois dans l’obligation de maintenir ma position », lui a répondu l’inspecteur du recouvrement en évoquant la possibilité de saisir la Commission de recours amiable. Ce que Claude Goudron s’est empressé de faire le 1er octobre. Son dossier doit être examiné début 2011. Le 8 octobre, il a néanmoins reçu une mise en demeure de payer… avec une majoration de 270 euros pour pénalité de retard. p Ligue des champions : l’OL, nul face à l’Hapoël Tel-Aviv L’Olympique lyonnais s’est classé deuxième du groupe B de la Ligue des champions après avoir concédé le nul face au club israélien d’Hapoël Tel-Aviv (2-2), mardi 7 décembre, sur son terrain en match de la 6e et dernière journée de la 1re phase. Le parcours de l’OL dans cette poule a débuté par trois victoires, puis s’est terminé par deux défaites et un nul face au dernier du classement. t Handball Euro féminin : la France s’incline face à la Norvège L’équipe de France féminine de handball s’est inclinée (33-22) face à celle de la Norvège, championne olympique et d’Europe, lors du tour préliminaire de l’Euro 2010, mardi 7 décembre, à Lillehammer. Ce mercredi, les Bleues devaient rencontrer les Hongroises. Page trois 0123 Jeudi 9 décembre 2010 La rébellion étudiante britannique contre la réforme des frais universitaires s’organise. Même la London School of Economics est occupée. Du jamais-vu Lafrondedes«enfantsdeThatcher» Londres Correspondante P as d’alcool ni de drogue. Extinction des feux entre minuit et 8 h 30 ensemaine, entre2 heures et 8 h 30 le weekend.» Il ne s’agit pas du règlement intérieur d’un pensionnat chic britannique mais des contraintes que se sont imposées les étudiants rebelles de la London School of Economics (LSE). Ils les «Les plus radicaux d’entre nous sont le plus souvent des étudiants européens non-britanniques» Isla Woodcock étudiante à la LSE ont affichées dans la salle Vera Anstey du Old Building, l’un des nombreux bâtiments de la très prestigieuse université londonienne. Ils occupentlapiècedepuisunesemaine pour protester contre le projet du gouvernement de tripler les frais de scolarité dans le supérieur. Ils sont, chaque nuit, une bonne quinzaine à y dormir par terre les uns à côté des autres. « Je n’ai pas vu mon petit ami depuis huit jours », plaisante Isla Woodcock, une spécialiste des relations internationales de 21ans, encore mal réveillée ce matin-là. Vishal Chauhan, un ancien élève qui se prépare, à 21 ans, à être docteur, vient de troquer son paréo à carreaux bleu turquoisedenuitpourunbasdesurvêtement gris foncé avant de convoquer une réunion. Il est 9 heures, mardi 7 décembre, et il y a du pain sur la planche. Préparer les affiches. Distribuer des tracts. Ecrire aux députés. Décider qui montera sur le toit à l’heure du déjeuner avec le mégaphone pour appeler au combat. Il faut mobiliser sur le campus. Et amener le plus de monde possible à manifester, jeudi 9 décembre, dans les rues de la capitale pour la quatrième (et sans doute dernière) fois depuis le 10 novembre. Les organisateurs attendent plus de 20 000 jeunes – des étudiants mais aussi des lycéens ou des collégiens furieux de la suppression annon- Journée d’action des étudiants de la London School of Economics de Londres, le 7 décembre. GUILHEM ALANDRY/DOCUMENTOGRAPHY POUR « LE MONDE » cée d’une allocationde 30 livrespar semainepourlespluspauvresd’entre eux. Des milliers d’autres pourraient les suivre dans les grandes villes universitaires du pays. Ce même jeudi, les membres de la Chambre des communes doivent voter la hausse de 3 290 à 9 000 livres des droits d’inscription universitaire annuels. Le mouvement étudiant a certes pris des proportions inattendues dans ce pays où la contestation sociale n’est pas populaire – tous les jours, ici ou là, il y a des manifestations ; une trentaine d’universités sont occupées – mais il n’a pas suffi à faire plier le premier ministre et son vice premier ministre, le lib-dem Nick Clegg. Les « enfants de Thatcher », comme les appelle la presse britannique parce qu’ils sont nés dans les années 1980 quand la Dame de fer était aux manettes, n’ont pas l’habitude de hausser la voix pour se faire entendre. Et obtenir gain de cause. Les syndicats d’étudiants traditionnels restent très frileux et se fontsouventdéborderpardesorganisations plus à gauche. Ainsi, le National Union Student (NUS), le principal d’entre eux, n’a pas appelé ses membres à manifester à chaque occasion qui s’est présentée. Il préfère, de manière générale, que sesaffiliésharcèlentles députéslibdem qui, avant la formation de la coalition, promettaient la gratuité des études supérieures. A la London School of Econo- Vian Œuvres romanesques complètes * Chez les libraires participant à l’opération et dans la limite des stocks disponibles. Simon Wright a craqué. Il a choisi «sa circonscription » contre «la coalition». Le député libéral-démocrate de Norwich South, à force d’être harcelé par les étudiants de sa ville, a promis de voter contre la hausse des droits d’inscription universitaires, jeudi 9décembre, à Westminster. Comme il s’y était engagé, avec son parti, durant la campagne aux élections de mai dont est issu le gouvernement de coalition entre les conservateurs de David Cameron et les libérauxdémocrates de Nick Clegg. Ils devraient être une douzaine de lib-dem, dont deux anciens leaders du parti, Charles Kennedy et Sir Menzies Campbell, à faire de même. Les autres s’abstiendront ou voteront pour. Une cacophonie qui ne permettra pas de bloquer le projet. Mais qui étalera au grand jour le mal être du troisième parti britannique et de ses 57 élus à la Chambre des communes (sur 649). Vince Cable, ministre du commerce et responsable des universités, votera pour la réforme qu’il a aidée à concevoir. Tout comme M.Clegg. Le vice-premier ministre juge « juste» le projet qui porte de 3290 à 9 000livres (10 700euros) les frais d’inscription annuels. L’Etat avance l’argent aux étudiants et se fait rembourser lorsque ceux-ci sont diplômés et gagnent plus de 21 000livres par an. Et les mieux payés sont soumis à un taux d’intérêt plus élevé quand les plus démunis reçoivent une à deux années gratuites d’université. In fine, affirme M. Clegg, les riches paieront plus qu’aujourd’hui et les pauvres moins. Un message qui ne convainc pas: alors que 45 % des moins de 25ans ont voté Clegg en mai, ils seraient à peine 15 % à le faire, selon les sondages, si un scrutin avait lieu aujourd’hui. p V. Ma. ve-t-elle, consciente de la faiblesse des chiffres. «La LSE est une université particulière », juge Sasha Salmon, une étudiante en droit et anthropologie de 20 ans qui regrette l’indifférence de ses camarades quandelledistribuedes tracts :«Ily a beaucoup d’étudiants du monde entier [plus de 65 % ne sont pas Britanniques] et ils viennent souvent d’un milieu aisé. » Mais si ailleurs la mobilisation est parfois plus importante, elle n’est pas pour autant plus radicale. Boris Les libéraux-démocrates se divisent sur le projet Londres Correspondante mics, d’ailleurs, ce sont les étudiants qui ont initié le mouvement, en signant une pétition, et pas leur syndicat qui, depuis, leur a apporté son soutien. «Nous ne voulions pas empêcher les gens de travailler », se justifie Charlotte Gerada, 22 ans, secrétaire générale du syndicat étudiant de la LSE. Ilsontété464àvoterpourl’occupation et 261 contre. Sur un total de près de 9 000 étudiants. « C’est la plus forte participation à un vote que nous ayons connue », relè- « Les plus radicaux d’entre nous sont le plus souvent des étudiants européens non-britanniques », confie Isla Woodcock, qui évoque la passion de ce jeune homme grec. Ou de ce Français, « Nico, avec des dreadlocks», lance-t-elle à sa voisine, qui vient à toutes les réunions. « Ils ont plus l’habitude que nous, explique-t-elle, ils peuvent nous donner des conseils. » Tout comme l’organisation écologiste Climate Camp, spécialisée dans l’action directe. L’équipe juridique de l’ONGestvenueexpliquerauxnouveaux rebelles de la LSE comment se comporter face à la police pendant les manifestations. Outre-Manche,enmatièresociale, on préfère souvent faire primer le respect des autres sur l’efficacité de la lutte. Pas question de bloquer l’accès aux universités ou d’empêcher les étudiants d’étudier. «Nous avons choisi d’occuper la salle Vara Anstey, qui sert exclusivement à abriter des réunions du management », explique Sasha Salmon. La direction leur a envoyé une lettretype pour signaler qu’ils outrepassaientleursdroits.Mais«lasecrétaire de la direction nous a dit que ça allait, que nous n’étions pas trop gênants», assure Charlotte Gerada. «Ce qui compte, finalement, c’est la prise de conscience », ajoute Isla Woodcock.Decepointdevue,l’opération est une réussite, comme en témoigne le parcours de Sasha Salmon. Née d’une mère irlandaise et d’un père à moitié jamaïcain, cette jeune femme n’a jamais défendu la moindre cause, si ce n’est dans des discussions avec ses amis ou sa famille. « A la LSE, je ne participe à aucun club, je ne fais que travailler, dit-elle, mais là, j’ai été vraiment choquée. » Pour la première fois, elle a donc décidé de s’engager. Mais attention : elle se débrouille pour ne rater aucun cours. p Virginie Malingre Deux volumes sous coffret 100 € jusqu’au 31 janvier 2011 115 € ensuite Chaque volume est également disponible séparément. Votre libraire vous offre l’Agenda Pléiade* illustré de 12 dessins d’écrivains pour l’achat de deux volumes de la collection La Pléiade Gallimard www.la-pleiade.fr 4 Planète 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Gorilles sauvés Dons détournés au Mali Un recensement des gorilles des montagnes, une espèce menacée, vivant au Rwanda, en Ouganda et au Congo-Kinshasa, aboutit à un total de 786 individus, selon African Wildlife Foundation. Ces populations sont en hausse, notamment dans le massif du Virunga, au Congo. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a suspendu, le 7 décembre, trois dons fait au Mali pour traiter le paludisme et la tuberculose, en raison de détournements par des officiels de 4 millions de dollars (3 millions d’euros) et de dépenses non justifiées. www.greenlefilm.com PatrickRouxel a filmé la déforestation en Indonésie à travers le regard d’une de ses victimes innocentes: Green, une femelle orang-outan. Ce documentaire, qui a reçu plusieurs récompenses, peut être visionné librement surle site de l’auteur. Climat: les ministres au secours de la négociation A trois jours de la fin du sommet de Cancun, les blocages demeurent. Tous les pays jurent vouloir un compromis semble du Moon Palace. Bien que leur groupe des Basic se soit montré discret à Cancun, après s’être imposé comme un acteur majeur à Copenhagueen 2009, chacunpressent que ces pays pourraient détenir la clé de la négociation. L’Inde et le Brésil déploient d’intenses efforts pour proposer une solution de compromis sur le dossier de la transparence des politiques climatiques. Et la Chine commence à accepter l’idée de soumet- Cancun (Mexique) Envoyé spécial L a pression est montée d’un cran, mardi 7 décembre, dans le décor paradisiaque du Moon Palace de Cancun transformé en camp retranché pour l’entrée en scène officielle des ministres et de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement dans la conférence sur le climat. Les représentants des gouvernements sont appelés à s’emparer du pilotage politique d’une négociation qui menace de tourner à la guerre de position. « Je suis très préoccupé par le fait que les efforts ont été jusqu’ici insuffisants, tous les pays doivent faire plus », a averti Ban Ki-moon, appelant les 194 Etats à trouver des compromis, fussent-ils modestes : « Le monde ne peut pas s’offrir le luxe d’un accord parfait », a plaidé le secrétaire général des Nations unies, qui a inauguré, aux côtés du président mexicain Felipe Calderon, ce « segment de haut niveau », dernière ligne droite de la conférence. A trois jours de la clôture, les discussions continuent de buter sur deux questions, qui menacent les fragiles progrès enregistrés sur d’autres points : l’engagement des pays industrialisés dans une deuxième période du protocole de Kyoto à partir de 2013, exigée par les pays émergents et en développement mais refusée par le Japon, le Canada et la Russie. Et la définition des procédures destinées à vérifier que chaque pays remplit Au «paquet équilibré» de décisions, présent sur toutes les lèvres au début de la conférence, s’est ajouté un autre Graal collectif: la «formule ambiguë» Des manifestants de l’organisation paysanne Via Campesina tentent de rejoindre Cancun, mardi 7 décembre. EDUARDO VERDUGO/AP bien ses engagements internationaux en matière de réduction des émissions, objet d’une confrontation entre la Chine et les EtatsUnis. Ministres et diplomates devai- ent plancher sur une nouvelle base d’accord proposant des options simplifiées, mercredi matin. « Les textes ne sont pas prêts à être utilisés par les ministres, ils sont toujours trop longs, trop compliqués, avec trop d’options », avait estimé la commissaire européenne au climat, Connie Hedegaard, lundi. Les politiques auront-ils le pouvoir de faire ces arbitrages et de mettre en œuvre les compromis Moins de 2000 manifestants pour la «justice climatique» Cancun (Mexique) Envoyé spécial Le mouvement de la « justice climatique», qui s’était affirmé avec force à Copenhague en décembre2009, a de nouveau tenté de se faire entendre à Cancun, mardi 7décembre. Mais la cité balnéaire est d’un accès difficile, et ce sont moins de deux mille manifestants qui ont arpenté les avenues, sous un ciel bleu et un chaud soleil. Si des participants de nombreux pays étaient présents, ce sont surtout les mouvements paysans mexicains qui ont animé le cortège, bruyant et coloré. Certains manifestants portaient des chapeaux en carton fustigeant le nom d’une grande entreprise multinationale : Nestlé, Syngenta, Shell, Coca-Cola, Pemex… De nombreux drapeaux et banderoles proclamaient : « Les paysans sont la solution au changement climatique». Chants et slogans ont rythmé la marche qui a duré plus de trois heures. « Propagande verte » Des associations locales avaient fait le déplacement pour alerter sur un problème spécifique. Ainsi, Lorence Gonzalez Lopez, des Femmes productrices de Cunduacan, racontait la lutte de son mouvement contre la pollution provoquée par la société pétrolière Pemex dans la région du Tabasco. Venue du Guatemala voisin, l’Assemblée pour la défense des ressources naturelles a dénoncé des projets de barrages «qui ne sont pas destinés à servir les gens, mais à générer des profits pour les multinationales». Une délégation coréenne protestait contre la destruction de l’environnement dans ce pays : «La croissance verte n’est pas la solution, dit Bo Young Cho, de l’Institut énergie et climat de Séoul, c’est de la propagande verte. » Quelques politiques étaient présents, comme Porfirio Munoz Ledo, député du Parti des travailleurs et ancien ambassadeur du Mexique à l’ONU : « Les négociations sur le climat démontrent leur impuissance, dit-il. Quand un problème apparaît, on le met dans un sac, et le sac grandit, sans qu’on résolve le problème. Nous devons réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre liées aux énergies fossiles – et lutter contre la puissance des compagnies pétrolières. » Mais la vigueur des préoccupations et des idées n’a pas caché le fait que le mouvement pèse peu sur la conférence. Celle-ci n’en a pas ressenti l’écho. Une autre manifestation, organisée par l’organisation paysanne Via Campesina, a rassemblé quelques centaines de personnes. Elles ont été bloquées à cinq kilomètres du centre de conférence par la police. p Hervé Kempf que chacun jure souhaiter ? La méthode de travail proposée par le Mexique, consistant à fondre les ministres parmi les négociateurs, suscite un certain scepticisme. «Les ministres risquent d’être marginalisés par les techniciens sur ces dossiers complexes», redoute l’ambassadeur français chargé du climat, Brice Lalonde. Surtout, le doute subsiste sur les marges de manœuvre des différents ministres. « Une des difficultés est qu’il n’y a plus de leadership nulle part », analyse M. Lalonde. Les pays industrialisés apparaissentprofondémentdivisés, notamment sur la question de l’avenir du protocole de Kyoto. L’Union européenne ne veut pas prendre le risque de s’engager seule. Et les EtatsUnis ont peu de cartes à jouer depuis la victoire des Républicains aux élections de mi-mandat en novembre. C’est désormais vers les représentants des grands émergents, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine que les regards se tournent. Eux dont les interventions et les conférences sont scrutées par l’en- tre ses réductions d’émissions à une vérification internationale et ses engagements volontaires à un cadre onusien contraignant. «Noussouhaitonsadopterune attitude transparente et ouverte », a assuré le principal négociateur chinois, Xie Zhenhua. Pour beaucoup d’observateurs, Pékin n’assumera pas d’endosser une deuxième fois la responsabilité d’un échec et serait prêt à négocier des concessions. Reste une inconnue : les pays africains accepteront-ils des compromis passés entre grands émergents et pays industrialisés ? « S’il n’y a aucune garantie sur Kyoto ni sur les financements promis aux pays pauvres, les Africains pourraient être tentés de créer un clash », analyse le Français Pierre Radanne, proche de nombreux pays africains. Le processus onusien requérant l’unanimité, le travail des négociateurs consiste désormais, sur tous les sujets qui fâchent, à ciseler des phrases assez floues pour être acceptées par tous. C’est ainsi qu’au « paquet équilibré » de décisions, présent sur toutes les lèvres au début de la conférence, s’est ajouté un autre Graal collectif : la «formule ambiguë ». Grâce à quoi le processus onusien, mis « en danger » par l’enlisement des négociations selon la secrétaire exécutive de la convention sur le climat des Nations unies, Christiana Figueres, serait temporairement sauvé. p Grégoire Allix L’aspirine à faible dose réduirait les décès dus au cancer Les médecins restent réservés sur une prise systématique de ce médicament F aut-il généraliser la prise quotidienne d’aspirine à faible dose pour limiter les risques de cancer ? C’est la question soulevée par la publication, mardi 7 décembre, sur le site de la revue médicale britannique The Lancet, d’un article indiquant que la prise quotidienne et à long terme d’aspirine à faible dose réduit le risque de décès par cancer. L’article du professeur Peter Rothwell (université d’Oxford) et de ses collègues a analysé des donnéesdehuitessaisréaliséspourétudier l’intérêt préventif de l’aspirine dans le domaine des maladies cardiovasculaire. Près de 25000 participants ont été suivis pendant quatre ans. Les résultats montrent que le risque de décès diminue d’environ 20 % au cours de la durée des essais. Mais le bénéfice est encore plus important – de 30 % à 40 % – après cinq ans de traitement quotidien à l’aspirine. Ces résultats sont confirmés chezles casquiont puêtresuivis au cours d’une vingtaine d’années. L’effet bénéfique de l’aspirine s’accroît avec la durée du traitement mais n’est pas modifié par des doses supérieures à 75 mg par jour. La réduction absolue des décès liés à un cancer était plus importante chez les patients âgés. Prématuré Enfin, les délais d’apparition d’unbénéfice entermesdemortalité étaient de cinq ans pour les cancers de l’œsophage, du pancréas, ducerveau etdupoumon;lesbénéfices étaient plus tardifs s’agissant des cancers du côlon, de l’estomac et de la prostate. L’étudeconfirmeainsidesobservationsantérieuresfaiteschezl’animal et quelques essais chez l’homme qui avaient indiqué que ce médicament réduisait le risque de certaines tumeurs malignes, notamment colorectales. Lesmédecinssemontrenttoutefois réservés sur l’intérêt d’une prise quotidienne d’aspirine de façon généralisée. Ce serait prématuré, juge François Bourdillon, président de la Société française de santé publique : « Pour les personnes qui prennent déjà de l’aspirine en prévention après un accident cardiovasculaire ou parce qu’ils ont des facteurs de risque, cette étude renforce le rapport bénéfice-risque.» Qu’en est-il des personnes n’ayant pas de problème de santé ? « D’une manière générale, donner des médicaments en prévention chez des personnes saines n’est pas une bonne idée, surtout quand il existe des mesures efficaces non médicamenteuses», poursuit-il. Reste le cas des personnes ayant un risque de cancer plus élevé que la moyenne. « La question peut être posée, car chez quelqu’un qui a eu des polypes intestinaux ou dans la famille duquel il y a eu des cancers du côlon. Mais, cela nécessite préalablement des études et un consensus des experts », estime le docteur Bourdillon. Le rapport bénéfice-risque pourrait en effet être favorable, car la dose efficace, 75 mg par jour, n’expose pas à un risque important de saignements. L’aspirine pourrait donc jouer un rôle complémentaire dans la prévention des cancers et des décès qui en découlent. p Paul Benkimoun International 5 0123 Jeudi 9 décembre 2010 La Côte d’Ivoire divise le Conseil de sécurité de l’ONU Aux Nations unies, la Russie bloque une déclaration avalisant l’élection de M.Ouattara à la présidence ivoirienne New York (Nations unies) Correspondante P endant qu’à Abidjan, le président sortant Laurent Gbagbo formait son nouveau gouvernement pour mettre en échec son rival, Alassane Ouattara, le président élu reconnu par la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l’ONU se séparait, mardi 7 décembre, après plus de cinq heures de consultations à huis clos, sur un aveu d’impuissance : « Nous continuons de discuter sur les contours d’une possible réponse », a déclaré, un brin agacée, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, qui assure la présidence du Conseil ce mois. « La plupart des délégations sont impatientes de parler d’une seule voix » mais « d’autres ne sont pas encore prêtes à le faire », a insisté Susan Rice à l’issue d’une séance souvent « tendue », selon des diplomates. La voix discordante est celle de la Russie, qui depuis que la Côte d’Ivoire s’est retrouvée dans une situation sans précédent avec deux présidents, deux premiers ministres et deux gouvernements, rechigne à adopter une déclaration conjointe déclarant Alassane Ouattara vainqueur du scrutin. Pour Konstantin Dolgov, représentant permanent adjoint de la Le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, mardi 7 décembre, vient de nommer les membres de son cabinet ministériel. REBECCA BLACKWELL/AP Russie à l’ONU, le Conseil de sécurité outrepasse ses droits en cherchant à certifier les résultats de l’élection présidentielle ivoirienne du 28 novembre. « Les Russes estiment qu’il en va de la souveraineté nationale, et n’ont pas pour habitude de céder Deux premiers ministres, deux gouvernements Deux gouvernements se disputent désormais la direction de la Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara a formé le sien, dimanche 5 décembre, dirigé par Guillaume Soro, auparavant premier ministre de M. Gbagbo et chef de l’exrébellion des Forces nouvelles qui tient le nord du pays depuis 2002. Quant à Laurent Gbagbo, il a constitué son équipe mardi 7 décembre. Sa composition a été annoncée par le nouveau secrétaire général de la présidence, Désiré Tagro, ex-ministre de l’inté- rieur et homme fort du camp Gbagbo. Dirigé par l’universitaire Gilbert Marie N’gbo Aké, il compte de nombreux proches de M. Gbagbo, comme Alcide Djédjé, nommé ministre des affaires étrangères, et Charles Blé Goudé, ministre de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi. M. Blé Goudé est le chef des « patriotes » pro-Gbagbo et a été le fer de lance de manifestations antifrançaises aux heures les plus critiques de la crise née du coup d’Etat manqué de 2002. – (AFP.) sur le sujet. La Côte d’Ivoire, c’est un peu leur Ukraine, nous ne sommes pas au bout de nos peines », lâche un diplomate occidental. Quatre jours après la proclamation de la victoire de M. Ouattara par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1 % des suffrages, certifiée par le représentant spécial de l’ONU mais invalidée par le Conseil constitutionnel ivoirien, les 15 pays membres du Conseil de sécurité n’avaient toujours pas pris position. En dépit d’importants enjeux. L’opération de maintien de la paix en Côte d’Ivoire (Onuci) a coûté 2,26 milliards d’euros en six ans. La crédibilité de l’ONU est en jeu. « Je ne sais pas pourquoi la Russie pinaille à propos de résolutions qu’elle a elle-même votées », s’est énervée Susan Rice face à la presse, en référence aux deux résolutions de l’ONU adoptées après l’accord de paix conclu en 2005 à Pre- Le Parti socialiste français fait entendre des dissonances au sujet de la crise ivoirienne ALORS QUE LA CÔTE D’IVOIRE menace de replonger dans la guerre civile, le Parti socialiste (PS) français ne parvient pas à faire taire ses voix dissonantes à propos du maintien au pouvoir de Laurent Gbabgo, reconnu comme battu à l’élection présidentielle par l’ONU, mais dont le parti (le Front populaire ivoirien) est affilié à l’Internationale socialiste. Certes, le communiqué publié mardi 7décembre par le bureau national du PS est sans ambiguïté. Il appelle M.Gbagbo à «respecter le choix du peuple ivoirien » et lui «demande de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara ». Certes, Martine Aubry, première secrétaire du parti a fait état d’une «vraie continuité» avec les propos tenus en 2004 par son prédécesseur François Hollande, qui avait qualifié M.Gbagbo d’« infréquentable». Mais Mme Aubry, interrogée mardi matin sur France-Inter, a reconnu l’existence d’un différend à propos du déplacement d’une délégation du parti en Côte d’Ivoire, composée de Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national chargé des relations internationales, et du député Jean-Marie Le Guen, à la mi-octobre, pendant la campagne électorale. «Il n’y a pas eu de délégation socialiste, a-t-elle déclaré. Je lui [M. Cambadelis] avais demandé de ne pas y aller au nom du PS. Il y est allé, mais en son nom propre, comme Jean-Marie Le Guen. La position du PS est claire: nous n’avons pas à entrer dans les affaires ivoiriennes ». Pourtant, Jean-Christophe Cambadélis, répondant le 16 octobre à Abidjan aux questions de Radio France internationale, avait déclaré qu’il était venu « dans le cadre de son mandat » de secrétaire national du PS. Interrogé mercredi 8décembre par Le Monde, M.Cambadélis a répondu par écrit qu’il avait annoncé lors du «bureau national du 2 septembre » qu’il se rendrait en Côte d’Ivoire «si les élections étaient maintenues ». «Martine Aubry, a-t-il précisé, était absente, et nous n’avons évoqué ce sujet qu’à mon retour », suite à l’article du Monde relatant son voyage. « Suspicion, dénigrement » Adjoint au maire de Paris chargé de la santé, M.Le Guen admet qu’il n’est « pas un spécialiste de l’Afrique». Il dit s’être rendu à Abidjan en octobre «à titre personnel » et avoir « croisé » M.Cambadélis, tout en reconnaissant avoir rencontré M. Gbagbo avec lui. Il affirme avoir eu, de son côté, des entretiens avec les autres candidats à la présidentielle ivoirienne. «Laurent Gbagbo doit appliquer les décisions des organisations internationales, déclare aujourd’hui le député de Paris. En même temps, tempère-t-il, ces organisations doivent utiliser la diplomatie pour éviter des tensions extrêmes. Parler de vainqueur et de vaincu me paraît dangereux. » Sur le blog de M. Cambadélis, un long historique de la crise en Côte d’Ivoire se termine ainsi : « A chaque instant, on peut tomber dans la guerre civile. L’impasse est totale. Seul Laurent Gbagbo, en se retirant, peut éviter une nouvelle épreuve à son peuple. » La sympathie à l’égard de Laurent Gbagbo s’affiche plus nettement dans les propos d’Henri Emmanuelli, député socialiste des Landes et ami personnel du président ivoirien sortant. « Le résultat [de l’élection] n’est pas clair. Laurent Gbagbo est en tête dans la plupart des régions, estime-t-il dans le quotidien Sud Ouest du 4 décembre. Si les choses sont rétablies, le vote peut très bien être inversé. » Dans un texte cosigné avec le député François Loncle et publié vendredi 3 décembre, M. Emmanuelli dénonce même «une campagne de suspicion et de dénigrement à sens unique dirigée contre les autorités ivoiriennes (…) entreprise [par] la majorité des médias français (…). Dès qu’il s’agit d’Afrique, ils sont, une fois de plus, les champions des donneurs de leçons», ajoutent-ils. Quant à Guy Labertit, ami proche de Laurent Gbagbo et ancien responsable Afrique du PS, il se targue d’avoir assisté à la « prestation de serment » de Laurent Gbagbo «qui respecte les lois et les procédures républicaines ». Les médias ivoiriens favorables à Laurent Gbagbo mettent en avant les propos amicaux de ces « camarades» français. Sur le site Facebook de M. Gbagbo, à côté d’une photo de l’intéressé rayonnant, ceint de l’écharpe rouge de président, est publié le texte de M.Emmanuelli gratifié du titre de «grand démocrate de la France ».p Philippe Bernard toria chargeant les Nations unies d’un rôle central dans le processus électoral ivoirien, dont la certification des résultats. Face au silence embarrassé du Conseil de sécurité, et alors que l’Union européenne, la France et les Etats-Unis ont apporté leur soutien au vainqueur Ouattara, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, s’est fendu de trois déclarations en l’espace de quatre jours : pour féliciter Alassane Ouattara, demander au président sortant de s’incliner et exprimer sa « profonde inquiétude » à propos de l’impasse politique « en dépit du résultat transparent et crédible » de la présidentielle. Une réalité que l’envoyé spécial de Ban Ki-moon en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, a tenu à confirmer à ceux qui en douteraient encore au sein du Conseil de sécurité. « Les résultats obtenus par mes méthodes de certification sont très clairs », a martelé l’émissaire lors d’une vidéoconférence, mardi 7 décembre. « Un seul candidat a remporté l’élection, avec une nette avance. Même si toutes les plaintes du camp présidentiel étaient prises en compte, les résultats ne changeraient pas et le candidat Ouattara resterait le vainqueur de l’élection. » Le Sud-Coréen, qualifié d’« agent de déstabilisation » par Abidjan, a souligné qu’il avait luimême « procédé à l’évaluation et l’analyse des procès-verbaux » transportés par le personnel de l’ONU et reçu par la CEI. Choi Young-jin, qui dirige l’Onuci depuis octobre 2007, est devenu le bouc émissaire du camp Gbagbo. L’ambassadeur ivoirien auprès des Nations unies, Alcide Djédjé, qui conseille Laurent Gbagbo et vient d’être promu ministre des affaires étrangères, le menace d’expulsion, mais l’ONU reste confiante. « Une action à son encontre ne nous surprendrait pas, mais cela sous-entendrait un gros risque politique », estime un fonctionnaire onusien, expert de l’Afrique de l’Ouest. L’émissaire de Ban Ki-moon devrait donc pouvoir rentrer sans souci à Abidjan, après sa visite à Abuja, au Nigeria, où il participait à un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette organisation sousrégionale africaine a exhorté Laurent Gbagbo à « rendre le pouvoir sans délai » et suspendu la Côte d’Ivoire, l’un de ses 15 membres. L’envoyé spécial de Ban Ki-moon en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, est devenu le bouc émissaire du camp Gbagbo Sur le terrain, les Nations unies ont commencé, mardi matin, à retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, « du fait de la situation sur le plan sécuritaire ». L’ONU refuse toutefois de parler d’« évacuation ». Ces civils vont être « relogés » en Gambie. L’Onuci dispose de 9 150 casques bleus et policiers et d’environ 1 500 employés civils, dont un tiers seulement de ressortissants internationaux. La priorité, assure une source spécialiste du maintien de la paix, c’est la protection des civils : « Nous sommes dans une logique de renforts militaires et pourrions déployer des centaines de troupes supplémentaires dans les jours qui viennent. » p Alexandra Geneste 18 À PARTIR DE VOYAGEZ AVEC .99 € ALLER SIMPLE, CHARGES ET TAXES INCLUSES GOTHENBURG - Escapade lumineuse pour un shopping de Noël réussi ! A Gothenburg, deuxième ville de Suède, découvrez LA ville de Noël par excellence qui, parmi ses nombreux marchés de Noël, compte l’un des plus grands de Scandinavie. Objets des plus traditionnels au plus design, jeux de lumières et projections géantes sur les plus grandes façades de la ville, concerts de Noël et une excellente cuisine régionale mise en valeur dans le traditionnel « buffet de Noël » suédois. Gothenburg vous attend à seulement 2h15 de Paris Beauvais! Pour réserver et accéder aux offres : www.ryanair.com/fr/west-sweden Réservez jusqu’au 09.12.10. Voyagez entre le jan et fév. Soumis à disponibilités, termes et conditions. Visitez www.ryanair.com pour plus d’informations. Les frais optionnels supplémentaires ne sont pas inclus dans les tarifs mentionnés. Vols directs au départ de Paris Beauvais. 6 International 0123 Jeudi 9 décembre 2010 La «sale guerre» afghane à Salavat, village rétif aux appels de l’OTAN Prise entre les talibans et les troupes de l’Alliance, la population refuse de choisir son camp Reportage Salavat (province de Kandahar) Envoyé spécial U ne plaine poussiéreuse au sud-ouest de la ville de Kandahar, près de la rivière Arghandab, qui coule vers le désert bordant le Pakistan. Le village de Salavat, dans le district de Panjwayi, est réveillé depuis longtemps. Cette matinée fraîche de fin novembre, une patrouille de l’armée canadienne accompagne des soldats afghans venus distribuer des couvertures, des cahiers et des blousons aux enfants. L’événement attire aussi des adultes, circonspects, qui protestent contre la présence de soldats sur une butte qui domine les maisons protégées par ces hauts murs de pierre sèche qui jalonnent les rues de terre de tous les villages afghans. Au terme de la distribution, près des enfants et des militaires, une bombe artisanale est découverte, enterrée dans le sol. Les démineurs du camp canadien de Folad, situé à l’entrée de Salavat, sont dépêchés et la neutralisent. Peu de tempsaprès, un soldat canadien est interpellé par un enfant, T U R K M É N I STA N O U Z B. TA DJ I K . IRAN Salavat PA K I STA N Abdul Khaliq, qui lui désigne un endroit suspect au pied d’un mur. Un autre explosif y est dissimulé. Les militaires s’affairent de nouveau. Soudain, c’est l’explosion. Un démineur croyait la bombe désamorcée après avoir sectionné un détonateur,mais c’était un leurre. Il perdra un bras et son visage devra subir de la chirurgie réparatrice. Il devait terminer sa mission en Afghanistan sept jours plus tard. « C’était notre 71e sortie, confie Mike Gabriel, chef du groupe, une tous les deux jours, le plus grand nombre depuis que les Canadiens sont en Afghanistan. » Ainsi va la « sale guerre » afghane, comme la qualifie le capitaine Jocelyn Demetre. L’essentiel des morts et des blessés canadiens, comme ceux des autres pays envoyés sur place, sont tombés de cette manière, sans jamais avoir vu l’ennemi. Ils faisaient souvent partie de ces patrouilles à pied qui parcourent les ruelles des villages. Chaque fois, c’est la roulette russe : la nuit dépose son lot de pièges mortels que les soldats s’efforcent d’éviter le jour venu. Salavat est un gros village étendu, de plus de 3 000 personnes, entouré de champs et de vignes, bordé par un cimetière accroché à flanc de colline. Quatre « anciens » désignés par la population tentent de le gérer en dépit de divisions internes. Le véritable leader, Haji Khairullah Khan, a été menacé par les talibans pour leur avoir demandé de ne pas impliquer le village dans leurs activités. Il doit maintenant vivre à Kandahar. Un autre homme agit en coulisse, Haji Pir Mohammad, jugé plus accommodant. Présent lors de la distribution des fournitures scolaires, la tête coiffée d’un grand turban blanc, Pir Mohammad ne mâche pas ses mots. « On n’en a pas besoin, ce qu’il nous faut, c’est de l’argent, Des soldats canadiens discutent avec les habitants de Salavat au cours d’une patrouille, le 11 septembre. ANJA NIEDRINGHAUS/AP donnez-nous 2 millions d’afghanis [35 000 euros], ce sera plus utile. » A ses côtés, un habitant répond aux soupçons. « On a dit aux talibans qu’on pouvait leur donner de l’eau, de la nourriture, mais qu’on ne se battrait pas avec eux », explique Haji Gulalam. Assis au bord de son champ, Atha Jan Halladad caresse sa barbe grise en parlant du village. « C’est le manque d’éducation qui pousse les jeunes vers les insurgés. Certains habitent ici, ils ne respectent pas leurs parents et se cachent derrière les talibans pour avoir des armes. » Selon les services de renseignement afghans (NDS), le district de Panjwayi, où se trouve Salavat, est un lieu stratégique pour l’insurrection: voies de ravitaillement, zone de culture du pavot. C’est là que les talibans ont refait surface en 2004 et2005.C’estlàaussiqu’ilsontcompris qu’ils ne gagneraient jamais une guerre frontale contre l’OTAN, après avoir perdu des centaines de combattants en septembre 2006 face aux troupes canadiennes. Un réseaudense de petits mollahs constitue, dans les 150 villages de Panjwayi, la structure sociale de base du mouvement taliban. Source d’information, de recrutement et support idéologique, ils les aident à tenir un terrain où pourtant, selon l’organisation afghane Tribal Liaison Office, la pratique religieuse de la population locale est moins rigoriste que celle professée par les talibans. Toujours selon le NDS, à Panjwayi, cohabitent d’anciens piliers du régime taliban au pouvoir entre 1996 et 2001, partisans d’une ligne dure, et de nouveaux venus. Le chef taliban de Panjwayi, Malem Fida Mohammad, est un ancien professeur qui s’est battu Soudain, l’explosion. Un démineur croyait la bombe désamorcée après avoir sectionné undétonateur, mais c’était un leurre contre les Russes avant de devenir chef de la police de Panjwayi sous les talibans. Arrêté en 2002 par les Américains, il fut relâché après intervention de leaders de sa tribu. Fin 2009, les talibans tenaient 70 % du grand Panjwayi (qui inclut le district voisin de Zhari). Après l’offensive américaine lancée à la fin de l’été, ils en contrôleraient moins de 30 %. Les Canadiens ont été concentrés dans le seul district de Panjwayi alors qu’ils avaient depuis 2002 la charge de toute la province de Kandahar. Mais, à sept moisdu retrait des troupesde combat canadiennes et du début du retour au pays des premiers éléments américains, la coalition est engagée dans une course contre la montre pour gagner le soutien d’une population qui paraît lasse et hostile. Lors d’une choura (assemblée de village), la veille de l’explosion à Salavat, dans le village voisin de Chalgor, face à quelques rares « anciens », prévenus dans la précipitation, le général Dean Milner, chef des forces canadiennes en Afghanistan, livra le message de l’OTAN : « C’est un moment-clé, on n’a jamais eu autant de moyens pourlutter contre les talibans,profitez-en et venez nous dire qui sont les talibans qui viennent dans vos villages la nuit. » Dubitatifs devant cette urgence après huit ans de présence de l’OTAN dans le pays, l’assistance clairsemée exprima en retour son refus de se battre contre les talibans. Egalement présent, le seul appui local afghan de la coalition, le chef du district de Panjwayi, Haji Baran, dont la vie est menacée, exhorta les quelques participants à la choura à « pardonner l’OTAN et l’armée afghane pour ce qu’ils ont fait dans le passé ». A Salavat, comme à Chalgor, les Canadiens veulent rouvrir l’école, alors que la population se satisfait de l’enseignement religieux donné dans les mosquées du village. « Les gens veulent qu’on les laisse tranquilles, estime l’un des mollahs de Salavat, Nour Ahmad, ils ne veulent plus être fouillés sans cesse et craignent d’être victimes des combats,beaucoup quittent levillage. » En écho à ses propos résonne aumême moment,à l’ouestdePanjwayi, comme chaque jour, le bruit de tirs de mortiers et, plus loin, de frappes de chasseurs-bombardiers faisant la traque aux insurgés. Deux jours après l’explosion de la bombe à Salavat, une patrouille a remis la main sur Abdul Khaliq, le jeune garçon qui avait prévenu de la présence d’un objet suspect. Il a assuré qu’il avait vu, le matin même, quelque chose de changé au bas du mur situé face à sa maison. Avait-il été envoyé pour qu’un soldat tombe dans le piège ? Personne ne le saura. Abdul, tête baissée, l’air apeuré, est parti sans se retourner, laissant intacts une incompréhension réciproque et le sentiment que le dialogue est loin d’être acquis. « Mon but est peutêtre utopique, conclut le major Jean-Christian Marquis, le chef du camp de Folad. Mais il est de revenir sans aucune victime. » p Jacques Follorou La médiation de Washington échoue sur la question de la colonisation israélienne Haïti: le secondtour de la présidentielle opposeraMirlande Manigat et JudeCélestin Le revers américain condamne les négociations directes israélo-palestiniennes Des partisans de Michel Martelly, candidat évincé, ont érigé des barrages Jérusalem Correspondant L esEtats-Unisontannoncéofficiellement, mardi 7 décembre, la fin de leurs efforts pour obtenir d’Israël un nouveau moratoire sur la construction dans les territoires occupés palestiniens. L’administration américaine a tenté d’habiller ce qui se révèle être un sérieux revers pour le président Barack Obama comme un possible « changement de tactique » et non un « changement de stratégie », selon la litote utilisée par le porteparole du département d’Etat, Philip Crowley. «Après des efforts considérables, nous sommes parvenus à la conclusion que cela [un nouveau moratoire] ne crée pas de fondation solidepourparveniràl’objectifcommund’unaccord-cadre»,a-t-il ajouté. La décision américaine laisse le « processus de paix » dans une impasse. Contrairement au précédent moratoire de dix mois arrivé à échéance fin septembre, qui ne concernait que la Cisjordanie, l’Autorité palestinienne avait accepté le principe d’une reprise des négociations directes à condition que le nouveau gel de la construction s’applique également à Jérusalem-Est. Bien que cette condition ait été rejetée avec constance par le premier ministre israélien, Washington s’est efforcé ces dernières semainesdefaire fléchirBenyamin Nétanyahou en offrant à Israël un ensemble de mesures incitatives, incluant la livraison de vingt chasseurs furtifs F-35, et l’engagement d’opposer son veto à toute résolution considérée comme anti-israélienneaux Nations unies.Méfiants, les responsables israéliens ont exigé que cela fasse l’objet d’une propositionécritestipulantquele nouveau moratoire ne s’appliquerait pas à Jérusalem-Est. Débloquer les pourparlers L’administration américaine s’y est refusée, et la proposition de Washington n’a jamais été officiellement transmise aux autorités israéliennes. En réalité, l’instauration d’un nouveau gel de la colonisation de trois mois permettant la reprise de négociations directes avait toutes les chances d’être aussi stérile que le précédent : aucun expert n’imaginait qu’un tel délai serait suffisant pour aboutir à un accord, d’autant que les Palesti- niens demandaient que le premier sujet évoqué soit celui du tracé des frontières de leur futur Etat, ce qu’Israël refusait. Et maintenant ? Les responsables américains ont souligné que les négociateurs israéliens et palestiniens se retrouveraient la semaine prochaine à Washington pour envisager, avec l’administration américaine, la possibilité de débloquer les pourparlers, au cours de «cette deuxième phase » des négociations. En tout état de cause, il ne s’agira pas de négociations directes, tout au plus de « discussions de proximité », lesquelles n’ont permis aucune avancée dans le passé. Cenouveléchec dela diplomatie américaine ouvre une période d’incertitude, que les Palestiniens comptent utiliser pour faire progresser, sur le plan international, leurobjectif de faire reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967. L’Autorité palestinienne a exprimé sa « grande satisfaction » mardi, après l’annonce par l’Argentine et le Brésil de leur reconnaissance d’un tel Etat. Outre l’Uruguay, plusieurs pays d’Amérique latine devraient faire de même au cours des prochaines semaines. p Laurent Zecchini Saint-Domingue Correspondant M irlande Manigat, une juriste âgée de 70 ans, disputera le second tour de l’élection présidentielle haïtienne le 16 janvier 2011 avec Jude Célestin, le dauphin du président René Préval, qui ne pouvait se représenter. Neufjours après le scrutin marqué par d’importantes irrégularités, par des violences et des accusations de fraude, le conseil électoral a annoncé que Mme Manigat était arrivée en tête au premier tour avec 31,37 % des suffrages. Obtenant 22,48 % des voix, Jude Célestin, un ingénieur âgé de 48 ans qui dirige la compagnie nationale de travaux publics, devance de moins d’un point Michel Martelly, un chanteur populaire. Surnommé « Sweet Micky », il a obtenu ses meilleurs résultatsdans la capitale, où la popularité du président Préval s’est effondrée depuis le tremblement de terre du 12 janvier, qui a fait 250 000 morts et plus d’un million de sinistrés vivant toujours dans des conditions inhumaines. Des partisans de M. Martelly ont érigé des barrages de pneus enflammés peu après l’annonce desrésultats dans la capitale et plusieurs villes de province. Des tirs ont été entendus, selon Radio Kiskeya,une station locale. L’ambassade des Etats-Unis a lancé un appel aucalme dans la soirée.«Le gouvernement américain est préoccupé par la publication des résultats préliminaires (…) qui ne correspondent pas avec les résultats publiés par le conseil national d’observation électorale (…) ni avec les observations faites le jour du vote par des officiels américains », souligne l’ambassade. Incidents violents Douze candidats à la présidence ontdemandél’invalidationduscrutin, entaché, selon eux, de « fraude massive» et marqué par la désorganisation qui a empêché de nombreux électeurs de voter. Mme Manigat et M. Martelly, qui s’étaient d’abord joints à cette demande, ont fait volte-face et ont annoncé qu’ils respecteraient les résultats. Des manifestations, émaillées d’incidents violents, ont eu lieu la semainedernièrepourréclamerl’annulation des élections et la démission du conseil électoral et de M.Préval. La seule mission d’observation internationale, créée par l’Organisation des Etats américains (OEA) et la Communauté des Caraïbes, avait conclu que les graves irrégularités constatées « n’invalidaient pas nécessairement le processus électoral ». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a reconnu, vendredi, que les irrégularités étaient « plus sérieuses qu’on ne le pensait initialement ». Les représentants de la communauté internationale se sont inquiétés des conséquences des violences postélectorales sur l’accès aux soins, alors qu’Haïti est en proie à une épidémie de choléra qui a fait 2 120 morts et a concerné près de 90 000 personnes depuis la mi-octobre, selon le dernier bilan officiel. La diffusion, à la veille de l’annonce des résultats électoraux, du rapport de l’épidémiologiste français Renaud Piarroux, situant l’origine de l’épidémie dans le camp des casques bleus népalais, risque de raviver les manifestations contre la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah). L’ONU a répété, mardi, qu’il n’existait « aucune preuve concluante » sur l’origine de l’épidémie. p Jean-Michel Caroit Dès le 12 décembre 2010 Enfin voisins ! 3h05 9 A/R quotidiens Lyria SAS, capital de 80 000€, RCS Paris B 428 678 627, 25 rue Titon, 75011 Paris, France. * Plus rapide et encore plus de services avec Lyriapremière. Avec votre billet 1ère classe, votre bien-être est assuré tout au long de votre voyage par notre personnel de restauration. 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Barroso avance très prudemment qu’il « attend que ne se reproduise pas » une crise du gaz comme celle de 2009, quand un désaccord entre la Russie et l’Ukraine avait entraîné Bruxelles Bureau européen L a diplomatie européenne, qui n’a pas enregistré de résultats tangibles lors des récents sommets qu’elle a tenus à Lisbonne, avec les Etats-Unis, et à Tripoli, avec l’Union africaine, risquait d’engranger un autre bilan bien maigre lors de la réunion qu’elle tenait, à Bruxelles, avec la Russie, mardi 7 décembre. Heureusement, il y avait le dossier très symbolique d’une possible adhésion de Moscou à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) : après dix-sept années de tractations, dont six avec l’Union européenne (UE), la Russie devrait, en principe, intégrer l’OMC en 2011, ont annoncé Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, respectivement président du Conseil européen et président de la Commission de Bruxelles. Pour les Vingt-Sept, dont le déficit commercial avec la Russie a atteint 50 milliards d’euros en 2009, c’est la perspective de relations commerciales plus simples et plus équilibrées. Pour la Russie – qui a signé un accord similaire avec les Etats-Unis en 2009 –, c’est un motif de «grande satisfaction », a indiqué le présidentMedvedev,etlesignequeMoscou veut poursuivre sur la voie du Partenariat pour la modernisation, une initiative lancée en juin qui semblait enlisée. Les dirigeants russes insistaient surtout sur la modernisation de leur économie tandis que Bruxelles faisait du respect de la règle de droit un préalable à toute véritablecoopération dans divers domaines : la recherche, l’espace, les transports, la lutte contre la corruption, les droits de la propriété intellectuelle, etc. L’accord annoncé mardi officia- M. Van Rompuy a voulu «encourager» M. Medvedev à «œuvrer pour une société démocratique» Dmitri Medvedev avec M. Van Rompuy, président du Conseil européen, et M. Barroso, président de la Commission. G. COBET/AFP lise la fin de désaccords concernant des taxes douanières sur certaines matières premières, la tarification du fret ferroviaire ou, à terme, de droits à l’exportation discriminatoires, pour le pétrole brut, par exemple. Il suppose aussi que la Russie se soumette aux normes de l’OMC et libéralise une série de réglementations, surtout destinées à brider les importations et les investissements étrangers. Les dirigeants européens n’ont pas répondu aux récents appels du premier ministre, Vladimir Poutine, à créer une zone de libreéchange « de l’Atlantique à Vladivostok » ni aux critiques de la Russie sur les difficultés qu’elle rencontre pour investir dans l’UE, dans le domaine de la distribution d’énergie entre autres. Dans l’immédiat, les deux parties s’en tiendront d’ailleurs à ce l’interruption des livraisons à l’UE. « Nos rapports avec l’Ukraine sont meilleurs et la meilleure garantie pour les fournitures, c’est l’argent », a indiqué le président russe. Reste un autre axe majeur de défiance, celui du respect des droits del’homme.M. VanRompuyavoulu « encourager » M. Medvedev à «œuvrer pour une société démocratique». Il a évoqué le sort de journalistes ou de militants des droits de l’homme. Il a appelé au respect de l’intégrité et de la souveraineté de laGéorgie.Surcessujets,M. Medvedev n’a pas répliqué. Il préférait répondreaux questionssoigneusement triées de journalistes russes surlacrise delazone euro etconfier sa «préoccupation » à ce sujet. p Jean-Pierre Stroobants avec Philippe Ricard ProcèsàParispour quatreFrançais disparusauChili dans les années 1970 Quatre ans après la mort du général Pinochet, la cour d’assises juge quatorze accusés A quoi sert un procès Pinochet quatre ans après la mort du dictateur ? A la manifestation de la vérité. Pour les victimes et leurs familles, pour les nouvelles générations guettées par l’oubli, cette mission va au-delà de sa valeur symbolique. Même si le dictateur chilien ne peut plus être condamné, les exactions du régime du général Augusto Pinochet (1973-1990) méritent d’être jugées. C’est du moins ce qu’a estimé la justice française, les plaignants – proches des victimes – et des défenseurs des droits de l’homme, qui se sont constitués partie civile. La cour d’assises de Paris devait entendre, mercredi 8 décembre, la lecture de l’acte d’accusation. Les juges ont retenu des cas de disparitions forcées, car le caractère continu de ce crime suspend la prescription, contrairement à l’homicide. Et la justice française se déclare compétente parce que les quatre victimes sont des Franco-Chiliens. Le premier disparu, Georges Klein, conseiller du président socialiste Salvador Allende, a été arrêté au palais présidentiel de La Moneda lors de l’assaut desmilitaires, le 11 septembre 1973. Le deuxième, Etienne Pesle, ancien prêtre, a été détenu huit jours plus tard par la force aérienne dans la région de Temuco, où il était chargé de la réforme agraire. Les deux autres étaient des militants du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR). Alphonse Chanfreau a été arrêté à Santiago le 30 juillet 1974, et a disparu après avoir été torturé dans des centres clandestins de détention. JeanYves Claudet a été séquestré à Buenos Aires, le 1er novembre 1975, dans le cadre du « plan Condor », une opération de coordination des dictatures sud-américaines. La procédure avait démarré après l’arrestation du général Pinochetà Londres, en 1998, à la demande du juge espagnol Baltasar Garzon. La Chambre des lords avait fini par renvoyer le général dans son pays, où il est mort en 2006, sans avoir rendu compte de ses actes. Tribunaux chiliens bloqués L’initiative du juge Garzon a néanmoins relancé la justice internationale et a mis en lumière les blocages des tribunaux chiliens. Depuis, 277 militaires, policiers ou civils impliqués dans les crimes de la dictature ont été condamnés au Chili, pour exécutions sommaires, disparitions ou tortures. Parmi eux, 53 purgent leur peine, 89 bénéficient d’une remise de peine ou d’une liberté surveillée et 135 attendent la confirmation de leur sentence. Près de 350 procédures sont encore en cours. Le nombre des victimes de la dictature s’élève à 3 197 morts ou disparus et 29 000 torturés. A Paris, à défaut de Pinochet, les 14 accusés restants sont des officiers chiliens et un de leurs collaborateurs, argentin. Ils seront tous jugés en leur absence. Le plus gradé est le général Manuel Contreras, le créateur de la Direction nationale durenseignement(DINA),condamné et emprisonné au Chili. p Paulo A. Paranagua Un officier des services russes est mis en cause pour une série d’attentats organisés en Géorgie Iran Moscou s’est opposé à ce que le «conflit» géorgien soit mentionné au dernier sommet de l’OSCE GENÈVE. La première rencontre depuis octobre 2009 entre l’Iran et le groupe des Six (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine, Allemagne) a abouti à l’annonce qu’une nouvelle réunion se tiendrait fin janvier 2011 à Istanbul. Lors des discussions, lundi 6 et mardi 7 décembre, à Genève, les participants ont campé sur leurs positions : l’Iran insistant sur son « droit inaliénable » à l’enrichissement d’uranium, et les Six le pressant de se conformer à ses obligations internationales. Aucune percée n’a été annoncée, bien que la haute représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton, ait parlé de discussions « substantielles, constructives et détaillées ». Aucune rencontre bilatérale n’a eu lieu entre le représentant américain, Bill Burns, et l’émissaire iranien, Saïd Jalili. A Téhéran, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a indiqué, mardi, que les sanctions internationales devaient être levées contre l’Iran pour que « les discussions soient productives ». p Moscou Correspondante L es autorités géorgiennes ont confirmé, mardi 7 décembre, l’arrestation de six personnes impliquées dans une récente série d’attentats à la bombe. Ces derniers mois, six explosions d’origine criminelle ont eu lieu en Géorgie. La première, le 22 septembre, survenue à proximité de l’ambassade des Etats-Unis à Tbilissi, n’a pas fait de victime. La dernière, le 28 novembre, a causé la mort d’une femme qui passait non loin des locaux d’un parti d’opposition, au cœur de la capitale géorgienne. D’après les premiers éléments de l’enquête, les suspects, des Géorgiens, auraient agi pour le compte du renseignement militaire russe Sur France Info Olivier Emond “En direct du Monde” du lundi au vendredi à 21h25 avec (GRU). Deux autres personnes sont recherchées, dont un officier russe basé en Abkhazie. « Intégrité territoriale » L’Abkhazie est une ancienne région autonome géorgienne dont l’indépendance, après la guerre russo-géorgienne d’août 2008, n’a été reconnue que par quatre pays : la Russie, le Nicaragua, le Venezuela et Nauru. Moscou y maintient des milliers de soldats ainsi que des missiles S300, en violation des accords de paix signés sous l’égide de l’Union européenne (UE). Selon le ministère géorgien de l’intérieur,lessuspects, dontlechef du réseau Goguita Arkania, un ancien artificier de l’armée géorgienne, ont avoué avoir reçu leurs ordres, plans d’attaque et explosifs des mains d’un représentant du GRU. Cet officier, Evgueni Borissov, actuellement en service en Abkhazie, n’est pas un inconnu. En 2008, il faisait partie de la « mission de paix» russe en Abkhazie. Evgueni Borissov a ensuite été, côté abkhaze, le principal contact de la « ligne d’urgence » mise en place par la mission d’observation de l’UE en Géorgie (EUMM) pour la prévention des incidents. « Les témoignages des personnes arrêtées, les relevés de leurs portables font de cet officier un suspect. Nous demandons à la Russie de coopérer à l’enquête, comme le prévoit le droit international », explique le porte-parole du ministère de l’intérieur, Chota Outiachvili. Cette série d’attentats est prise au sérieux par les diplomates occidentaux, agacés par le déploiement récent de lance-roquettes multiples russes de type Smerch sur le territoire de l’Ossétie du Sud, autre Etat autoproclamé. Installés non loin de l’ancienne ligne de front, les lance-roquettes, d’une portée de 70 à 120 kilomètres, menacent directement Tbilissi. Ce regain d’activité militaire russe n’est pas un bon signe. Il intervient alors que le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, n’a eu pourtant de cesse, ces derniers mois, d’inviter Moscou au dialogue. « La Russie ne reconnaît ni notre gouvernement ni nos frontières. L’Europe a un rôle important à jouer pour créer un meilleur climat de négociation », avait-il déclaré devant les députés européens, le 23 novembre, à Strasbourg. La Russie ne veut rien savoir. Lorsduderniersommetdel’Organisationdelasécuritéetdelacoopération en Europe (OSCE) à Astana (Kazakhstan) début décembre, Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, s’est vivement opposé à ce que la déclaration mentionnel’existence d’un «conflit » en Géorgie. «Il ne peut être question de l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières du passé », a-t-il déclaré. En revanche, pour son homologuegéorgien,GrigolVachadze,«tôtoutard,laRussiedevradialoguer » et « mettre fin à l’occupation des territoires géorgiens».p Marie Jégo Relance des discussions entre Téhéran et les grandes puissances Inde Un mort dans un attentat à Bénarès, ville sainte NEW DELHI. Un attentat à l’explosif a fait un mort – une fillette de deux ans – et 35 blessés, mardi 7 décembre, à Varanasi (Bénarès), ville sainte hindoue au bord du Gange et l’un des hauts lieux du tourisme en Inde. L’engin de fabrication artisanale avait été dissimulé sur l’un des « ghat », esplanades de marche d’où la foule de pèlerins et de touristes assiste aux rituels mortuaires sur le fleuve. L’attentat a été revendiqué par les Moudjahidines indiens (IM), un groupe djihadiste indien. Il s’agit de la première attaque terroriste en Inde depuis l’attentat de Pune (Maharashtra) en février qui avait fait neuf morts. – (Corresp.) Corée du Nord Séoul, Washington et Tokyo demandent à Pyongyang de cesser ses « actes de belligérance » TOKYO. La Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon ont annoncé, lundi 6 décembre, qu’ils n’entendaient pas reprendre les négociations sur la dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) tant que celle-ci n’aurait pas mis fin à ses « provocations » et à ses « actes de belligérance » et pris « des mesures concrètes de démantèlement de son arsenal atomique ». La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, le ministre sud-coréen des affaires étrangères, Kim Sung-hwan, et son homologue japonais, Seiji Maehara, étaient réunis à Washington pour coordonner leurs trois pays face à la RPDC. – (Corresp.) Etats-Unis Dépôt de plainte contre un ancien officier nazi WASHINGTON. Mark Gould, un chercheur américain infiltré pendant quatre ans dans les milieux néonazis en Allemagne, a annoncé, mardi 7 décembre, avoir porté plainte à Washington contre l’ancien officier nazi Benhardt Frank, 97 ans, pour avoir signé un ordre, le 28 juillet 1941, ayant entraîné la mort de plusieurs milliers de juifs par les SS, en Europe centrale. Mais des historiens et Efraim Zuroff du Centre Simon-Wiesenthal ont émis des doutes quant à l’efficacité d’une telle procédure. France 9 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Première crise au sein du mouvement écologiste Deux lignes s’affrontent après la démission de Jean-Paul Besset de la présidence d’Europe Ecologie-Les Verts C ’est un véritable coup de poing sur la table que vient de donner Jean-Paul Besset. Dans un courrier envoyé aux responsables du mouvement et publié sur le site de Marianne, le président du conseil fédéral d’Europe Ecologie - Les Verts s’est démis de toutes ses responsabilités internes pour protester contre la « situation de conflit interne » qu’il dit vivre au sein du tout nouveau parti. Il dénonce un « climat délétère de guerre froide et de paix armée » qui se serait installé dans les rangs écologistes depuis les élections régionales de mars. Voilà deux semaines que ce proche de Nicolas Hulot, co-initiateur du rassemblement des écologistes, avait fait part de son exaspération. Lui qui œuvrait depuis trois ans au mariage des diverses traditions de l’écologie – celle des Verts, celle des amis de Daniel Cohn-Bendit ou celle des écologistes issus du milieu associatif – a expliqué à tous les cadorsdumouvementqu’ilnevoulait plus couvrir leurs petits jeux. Il explique que les vieux réflexespolitiques, coupstordus et campagnes de dénigrement internes l’ont épuisé. « La fusion-dépassement n’a pas eu lieu », écrit-il. Les assises de Lyon, le 13 novembre, célébrant dans une grande messe le nouvel attelage écolo sont, selon lui, un échec et un leurre. Jean-PaulBesset aurait été particulièrement meurtri par deux épisodes récents, démontrant les jeux de pouvoir incessants. Tout d’abord, la vague d’adhésions massives, notamment tamoules, en Seine-Saint-Denis tentée par les amis de Stéphane Gatignon à l’occasion des assises de fondation et le silence gardé par Daniel CohnBendit semblant couvrir son ami. Ensuite, comme en écho, la négociationsecrète tenue par JeanVincent Placé et Jean-Marc Brulé avec les négociateurs du PS pour té de Paris Yves Cochet. Eva Joly reste silencieuse, préférant ne pas entrer dans les conflits internes. Le retrait de M. Besset sonne comme un premier échec. Celui d’un mouvement qui se voulait différent et ouvert. Le président démissionnaire – il va prendre la tête de la futurefondation du mouvement – espère cependant que son geste provoquera un « sur- «C’est dommage, mais cela va peut-être obliger les uns et les autres à plus de responsabilité» Daniel Cohn-Bendit Conseil national des Verts, à Paris, dimanche 28 mars. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE » préparer les sénatoriales de 2011 en « oubliant » de prévenir les deux personnalités issues d’Europe Ecologie normalement conviées. « C’était une stupidité », convient Mme Duflot, elle aussi inquiète de l’état du mouvement. Deuxcampss’affrontentaujourd’hui, comme le décrit le démissionnaire dans son courrier : d’un côté, les artisans du parti, où bon nombre d’anciens Verts ont pris des responsabilités locales et nationales et «reproduisent » les mêmes pratiques ; de l’autre, Daniel Cohn- Les échéances avant l’élection présidentielle 13 novembre Assises de fondation d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), fusion des deux entités. Quelque 15 000 adhérents revendiqués. 11 décembre Le conseil fédéral, parlement du parti, se réunit pour la première fois. 250 cadres doivent arrêter le calendrier des échéances internes. Avril Premier congrès d’EELV avec adoption d’une ligne stratégi- que, discussion du projet 2012 et première élection des instances dirigeantes. Juin Organisation de la « primaire écolo » où, pour le moment, en plus de trois « petits » candidats, Eva Joly et Yves Cochet sont en lice. Les adhérents actuels, ajoutés à ceux qui se seraient inscrits avant le début du processus, seraient appelés à désigner leur champion pour l’élection présidentielle. Bendit et ses amis, favorables à une coopérative donnant un rôle aux sympathisants dans laquelle JeanPaulBessetvoit unetentatived’instrumentalisation « en machine de guerre contre le parti ». De fait, le congrès prévu au printemps se prépare activement à Bruxelles. Les amis de « Dany » veulent y mener à nouveau la bataille sur les rôles des coopérateurs qu’ils veulent associer à toutes les décisions et élaborations du parti, et ainsi atténuer l’influence des Verts. Le débat cache aussi la tentation toujours présente du député européen de tirer les écologistes français vers le positionnement de leurs homologues européens, plus au centre et plus enclins aux alliances alternatives avec la droite et la gauche. Mais, pour cela, il lui faut peser en interne avec un courant identifié. Jean-Paul Besset a tenté de dissuader Daniel Cohn-Bendit en le ralliant à une motion unique qu’il aurait présentée avec Cécile Duflot pour montrer un visage uni et rassembleur. En vain. « Je veux un débat au congrès sur l’idée d’organisation et comment on fait émerger des idées nouvelles», insiste « Dany », qui avait réuni ses amis dimanche soir. Le congrès s’annonçait conflictuel. Jean-Paul Besset a préféré jeter l’éponge pour ne pas avoir à jouer les arbitres. « Il s’est frotté à l’exercice de la synthèse, et c’est difficile. Son retrait est douloureux », avoue la secrétaire nationale. « Je crains que les bisbilles ne reprennent de plus belle », souffle le dépu- saut ». C’est aussi le souhait de ses amis, soudain tout penauds. «C’est dommage, maiscela va peutêtre obliger les uns et les autres à plusde responsabilité et de confiance », prédit M. Cohn-Bendit. Depuis quinze jours, tout ce petitmondese reparle. Deuxentrevues entre Jean-Vincent Placé et « Dany», des rendez-vous collectifs entre les ténors du mouvement et une volonté commune de trouver un fonctionnement plus ouvert… Et « Dany » a été associé aux négociations avec le PS. Le conseil fédéral du 11 décembre sera l’occasion d’une catharsis collective. Et peutêtre celle d’avancer sur les modalités de mise en route du réseau coopératif et du calendrier prévoyant des primaires. p Sylvia Zappi Les tentations de Nicolas Hulot pour 2012 L’OMBRE de Nicolas Hulot plane sur Europe Ecologie-les Verts (EELV) depuis la fondation du mouvement le 13 novembre. L’animateur de télévision a salué la naissance du rassemblement des écologistes en indiquant qu’il n’excluait pas de se présenter à l’élection présidentielle de 2012. Et ses soudaines « envies » viennent jeter le trouble. Le coup n’avait rien du hasard. Le 8 novembre, la « quasi-candidate » Eva Joly avait raté sa prestation à l’émission « Mots croisés » sur France 2 face à Nadine Morano, alors secrétaire d’Etat à la famille. Des voix, dans le mouvement, avaient critiqué son éloignement du terrain et sa méconnaissance de certains dossiers. Les sondages ont commencé à faire douter en montrant que, pour un Français sur trois, Nicolas Hulot, le père du Pacte écologique, est la personnalité écologiste susceptible de réaliser le meilleur score lors de l’élection présidentielle. Yves Cochet confiait mi-novembre au Figaro: «s’il se déclare avant le printemps, je retire ma candidature». Daniel Cohn-Bendit ajoutait qu’il fallait savoir si Hulot y allait ou non. La plupart des amis de la fondation créée par Nicolas Hulot ont rejoint les rangs d’Europe Ecologie et s’y sentent bien depuis que les résultats électoraux sont au rendez-vous. «Il a le virus et se pose de manière récurrente la question de savoir s’il doit franchir le pas», assure Jean-Paul Besset. Le pari n’est pourtant pas joué. Les contraintes familiales et professionnelles qui l’avaient fait reculer en 2007 pèsent toujours. Passerde lobbyiste médiatique à acteur politique est une décision difficile Passer du statut de lobbyiste médiatique à celui d’acteur politique est une décision difficile. L’animateur est parvenu à faire signer son Pacte écologique à 500 000 personnes dont la plupart des acteurs politiques de droite et de gauche. Ses thèses ont inspiré le Grenelle de l’environnement et il se prévalait d’avoir l’oreille de Nicolas Sarkozy. Il a diffusé grâce à son film Le Syndrome du Titanic les thèmes altermondialistes à une échelle de masse. « La politique n’est pas sa tasse de thé, il préfère rester sur la frontière », remarque encore M. Besset. La situation politique de l’écologie n’est plus celle de 2007. La pédagogie sur l’urgence à préserver la planète, chère à M.Hulot, a porté ses fruits. La plupart des partis l’ont intégrée. Le nouveau parti écologique, malgré les tensions, est plus fort que les Verts, qui avaient recueilli 1,53% à la présidentielle de 2007 avec la candidature de Mme Voynet. «Là, on a une candidate qui apparaît légitime et des sondages qui lui donnent entre 7% et 11% », note Pascal Durand, membre du conseil fédéral. Enfin, surtout, la polarisation gauche-droite après cinq ans de sarkozisme pousse à une orientation plus tranchée des écologistes. « Le positionnement sur le deuxième tour est essentiel : il faut battre Sarkozy », martèle le député européen Yannick Jadot. Nicolas Hulot doit rencontrer Eva Joly le 18décembre pour «échanger ». La députée européenne lui redira son «envie d’y aller ». p S. Z. by € T TC A/R 10 France 0123 Jeudi 9 décembre 2010 La régularisation des sans-papiers est bloquée MauriceLeroyassumelamodestie dela politiquedelavilledugouvernement La Cité de l’immigration à Paris, occupée depuis deux mois, est désormais fermée L C ela a fait deux mois, mardi 7décembre, que laCité nationale de l’histoire de l’immigration, à Paris, est occupée par des immigrés sans papiers soutenus parla CGT,qui réclament leur régularisation. Depuis une semaine, le musée a fermé ses portes, aussi longtemps que le conflit, enlisé dans des négociations entre le syndicat et le ministère de l’intérieur, ne trouverait pas d’issue. Jusqu’au 29 novembre, la Cité était pourtant restée ouverte au public. A la fois par empathie pour le mouvement et souci d’apaisement, son directeur, Luc Gruson, avait refusé de demander son évacuation. Il ne souhaitait pas que le musée, contesté depuis sa création, s’attire de nouvelles critiques. « Mais ça n’est plus soutenable », confie-t-il au Monde. Dans le hall du Palais de la PorteDorée, depuis deux mois, le personnel vit au rythme des allers et venues des occupants – des hommes, tous d’origine subsaharienne, âgés de 20 à 40 ans. Certains somnolent sur les bancs d’ordinaires réservés au public. Une pièce est aussi occupée par des matelas pour ceux qui dorment sur place. Il n’y a pas eu de dégradations, d’après M.Gruson. Mais, pour assurer la sécurité, il a dû embaucher du personnel de nuit. Des manifestations et visites de groupes ont été annulées. Et « un effort financier exceptionnel » de « 100 000 euros » – soit 10 % des dépenses de fonctionnement annuel – a été consenti. Aujourd’hui, il a le sentiment d’être « piégé ». Côté CGT, on comprend la position du musée. Un compromis est envisagé pour que l’occupation ne se fasse plus que durant la journée. Mais, sur le fond, la balle est renvoyée au gouvernement. « Il ne respecte pas ses engagements », estime Raymond Chauveau, leader CGT du mouvement. Le 18 juin, après neuf mois de conflit, la CGT et le défunt ministère de l’immigration s’étaient en effet félicités d’un accord sur un texte assouplissant les critères de régularisation par le travail (Le Monde du 20 juin). Mais depuis, d’après M. Chauveau, sur 3 515 dossiers déposés, seuls 675 ont obtenu un récépissé. Soit un justificatif de l’examen du dossier et l’autorisation, pendant ce temps, pour la per- sonne, de chercher un emploi. Dans les faits, le blocage est le résultat de subtilités, aussi bien du ministère que de la CGT (Le Monde du 31 mai). Car, pour rentrer dans les critères de l’accord du 18 juin, un sans-papiers doit attester de plusieurs mois de travail déclaré durant la période précédant la signature du texte. Or, la plupart de ceux soutenus par la CGT ont perdu leur emploi lorsqu’ils se sont engagés dans le mouvement. Beaucoup travaillaient aussi avec de faux papiers, en intérim, ou trop peu pour justifier de revenus au moins égaux au smic. Du coup, il y a eu un autre Il y a eu un autre accord. Tacite celui-là. Il prévoyait que les immigrés estampillés «CGT» seraient régularisés même s’ils n’entraient pas dansles critères accord le 18 juin. Tacite celui-là. Il prévoyait que les immigrés estampillés « CGT » seraient régularisés, même s’ils n’entraient pas dans les critères. Or, c’est cet accord qui a volé en éclats. M. Chauveau impute ce blocage à la Préfecture de police de Paris, où ont été déposés 1 375 dossiers. Il redoute que ne soit jouée la montre : l’accord arrive à échéance le 31 mars 2011. Le ministère de l’intérieur, qui a récupéré la gestion du conflit depuis le remaniement, ne souhaite pas s’exprimer. En réalité, il lui est délicat de s’exposer sur un sujet – les régularisations – qui va à l’encontre de la politique de fermeté affichée envers l’immigration clandestine. Or, bien que les résultats se fassent encore attendre dans la délivrance de récépissés, notamment dufaitdel’engorgement despréfectures, d’après des documents dont Le Monde a obtenu copie – parmi lesquels un télégramme du 15octobre adressé aux préfets –, des instructions ont bien été données « pour que la période de grève soit prise en compte comme une période d’activité professionnelle ». p Elise Vincent Fiscalité Emplois à domicile: les exonérations de charges sociales supprimées Le gouvernement a imposé, mardi 7 décembre, au Sénat, lors d’une seconde délibération, la suppression de l’abattement de 15 % sur les charges sociales des particuliers employeurs, cotisant sur l’assiette réelle. Cette suppression concerne quelque 760 000 particuliers employeurs et 250 000 salariés. « Elle constitue l’une des économies les plus importantes du projet de budget : 460 millions d’euros l’année prochaine, 700 millions en 2012 », a indiqué le ministre du budget, François Baroin. Le crédit d’impôt de 50 % dont bénéficient ces emplois étant maintenu, « l’effet sur la réduction du déficit sera plus modeste : 335 millions la première année, environ 250 millions en régime de croisière », selon le député (PS) de Meurthe-et-Moselle Christian Eckert, rapporteur spécial pour la mission travail et l’emploi. p Philippe Le Cœur Rythmes scolaires La semaine de quatre jours au banc des accusés Il faudrait interdire la semaine de quatre jours, estime la présidente de la mission parlementaire sur les rythmes scolaires, la députée UMP des Alpes-maritimes Michèle Tabarot. Cette mission, composée d’une quinzaine de députés, de droite comme de gauche, devait présenter, mercredi 8 décembre, son rapport à la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale. Mme Tabarot en a exposé les grandes lignes quelques heures plus tôt sur RTL. Selon elle, cette organisation est « mauvaise, délirante et aberrante » pour les écoliers et le travail. Le rapport, dans lequel la mission préconise de repasser à quatre jours et demi mais aussi de moduler les heures de cours en fonction de l’âge des écoliers, sera remis, mercredi 15, à Luc Chatel. p «Je ne suis pas Merlin l’Enchanteur», a déclaré le ministre lors d’un déplacement à Genevilliers a politique de la ville, c’est comme la bicyclette. Une fois qu’on a appris à pédaler, on n’oublie jamais comment faire. » La métaphore vient de Maurice Leroy, le nouveau ministre de la ville, successeur de Fadela Amara. Comprenez : s’il est bien élu dans le département rural du Loir-etCher depuis plus de quinze ans, son expérience de conseiller auprès de Charles Pasqua dans les Hauts-de-Seine, entre 1993 et 1997, puis auprès du ministre de la ville, Eric Raoult, entre 1995 et 1997, lui donne l’expérience pour s’occuper des quartiers sensibles. «J’ai conscience du terme de ma mission : il reste dix-huit mois avant l’élection présidentielle », affirme-t-il au Monde. D’où son refus affiché du « spectaculaire » : «Je ne suis pas Merlin l’Enchanteur, je n’ai pas de baguette magique. Si dans les dix-huit mois qui viennent, j’ai réussi à faire en sorte que, sur les CUCS [contrats urbains de cohésion sociale], les crédits arrivent dans les communes fin mars, et non plus en décembre comme aujourd’hui, j’aurais plus fait que tous les autres ministres de la ville. » « Continuité » L’ancien apparatchik communiste, qui travailla auprès d’élus PCF de la banlieue rouge avant de tomber dans les bras du RPR Charles Pasqua au milieu des années 1990, veut se placer dans « la continuité » de ses prédécesseurs au ministère de la ville. « La politique Maurice Leroy, lors de son déplacement à Gennevilliers, lundi 6 décembre. VERNIER/JBV NEWS de la ville n’est pas de droite, pas de gauche – ni du centre », clame-t-il. Au Sénat, pour sa première intervention, le 29 novembre, M. Leroy s’est donné pour mission de changer l’image des quartiers : « Les banlieues intégrées à la ville constituent une chance pour la France, et non un handicap. Elles sontpour moi synonymes derichesse, de diversité culturelle et d’innovation. » Volonté confirmée lors de son premier déplacement à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), au milieu des chantiers de la rénovation urbaine, lundi 6 décembre : « Je veux être le ministre qui valorise ce qui fonctionne. Pour un véhicule qui flambe, on a 100 ou 1 000 actions merveilleuses », souligne M. Leroy en citant le bon exemple, à ses yeux, du slameur Abd El Malik, porteur d’un message de paix et non de « haine ». La diminution significative des crédits de son ministère en 2011 Le Fregoli de la politique Profil « Momo, c’est de la bonne pâte », disent ses amis. « Modelable en fonction des circonstances », précisent ceux qui apprécient moins le personnage. Maurice Leroy, 51 ans, nouveau ministre de la ville du gouvernement de François Fillon, est un cas, une sorte de Fregoli de la politique, passé de l’habit de l’apparatchik communiste au costume de notable de droite sans être le moins du monde gêné aux entournures. Mais, comme il le dit lui-même, jubilant comme à l’accoutumée de son bon mot : « Avoir été dans le parti de la dialectique, ça aide à surmonter ses contradictions. » A 17 ans, il adhère au PCF. Titulaire d’une maîtrise d’économie, il entre dans l’appareil des municipa- lités communistes de la « banlieue rouge » : Nanterre, Colombes, Orly, où il officie en tant que directeur du cabinet de Gaston Viens, avant de devenir secrétaire général du groupe communiste du Sénat. Premier changement de cap : en 1992, il passe au service de Charles Pasqua, le sénateur (RPR) et président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui a repéré au Sénat cet habile négociateur, en qui il se trouve pas mal de points communs. Le voilà embarqué dans l’éphémère aventure du « Pacte 92 », au cabinet du conseil général, ce qui lui permettra ensuite d’obtenir un poste de chargé de mission auprès du ministre chargé de la ville, un autre gaulliste de choc, Eric Raoult. Mais c’est sous l’étiquette de l’UDF qu’il va se trouver un point de chute électoral dans le Loir-etCher, un bastion centriste, et y conquérir, en 1997, un siège de député. Il devient alors un des piliers de l’équipe des « bédouins » qui accompagneront François Bayrou jusqu’à la campagne présidentielle de 2007. Il fallait l’entendre chanter sa flamme pour celui qui allait mener la petite troupe « en finale », au second tour de l’élection présidentielle. Jusqu’au lendemain du premier tour. Avec Hervé Morin, il se rend chez Nicolas Sarkozy, qui leur garantit un avenir moins incertain. Adieu Bayrou, bonjour le «Nouveau Centre», ses députés et ses ministres. Mais « Momo», lui, n’en fait pas partie. L’opportuniste, que chantait Jacques Dutronc, voit sa patience enfin récompensée.p P. Rr. – supérieure à 10 % – et les interrogations sur le financement du programme de rénovation urbaine n’entament pas son optimisme. La politique de la ville n’est pas une question de moyens, souligne-t-il, en faisant part de sa volonté d’éviter la « dilution » des crédits. Le fait d’avoir obtenu un ministère de plein exercice – alors que Fadela Amara avait dû se contenter d’un secrétariat d’Etat – lui donnera plus de poids dans les arbitrages interministériels, affirme-t-il. A court terme, cela lui permet de disposer d’un cabinet étoffé, avec une vingtaine de membres officiels, un tiers issus de l’équipe Borloo au ministère de l’écologie, un tiers de l’équipe de Michel Mercier sur le Grand Paris, un tiers des rangs du cabinet de Fadela Amara. Ses premiers chantiers concernent l’expérimentation de nouveaux contrats urbains de cohésionsociale–unetrentainedequartiers,surles750classés enzone sensible, devraient être concernés – et la mobilisation des crédits des autres ministères (éducation, intérieur, santé, emploi, etc.) pour renforcer la politique de la ville. Pas de promesse de « plan Marshall » donc : « Vous ne m’entendrez jamais employer cette expression. Moi, j’ai des burettes d’huile et un dé à coudre, je ne veux pas faire des usines à gaz. Il faut qu’on arrête avec les contrôles tatillons, on a besoin de choses simples. »p Luc Bronner La majorité s’inquiète de l’état réel des finances publiques Pour M.Carrez (UMP), le collectif budgétaire est «emblématique» de la fragilité des comptes A vecun peu deretard sur l’horaire prévu – le ministre du budget, François Baroin, a dû batailler ferme, au Sénat, pour faire adopter le projet de loi de finances pour 2011 –, les députés ont commencé, mardi 7 décembre, l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2010. Le quatrième depuis le début de l’année ! C’est peu dire que ce collectif budgétaire de fin d’année ne lève pas les inquiétudes sur l’état réel des finances publiques, y compris au sein de la majorité. Le rapporteur général de la commission des finances, Gilles Carrez (UMP, Valde-Marne) l’a jugé « emblématique » de la fragilité des comptes publics, en appelant à « une très grande prudence ». Les dépassements de crédits sont contrebalancés par un « miracle » : 2,2 milliards d’euros d’économies sur les intérêts de la dette. « Mais les miracles, en général, ne se reproduisent pas, a-t-il ajouté, et les dépassements de crédits vont se reproduire. » Le redressement des recettes fiscales annoncé par le gouvernement lors du précédent collectif, en juin, n’est pas plus au rendezvous : « Les dépenses fiscales, telles des termites, ont miné l’assiette de l’impôt sur le revenu », déplore M. Carrez, tandis que le produit de la TVA « s’effrite » et que l’impôt sur les sociétés va enregistrer une moins-value de 360 millions sur les prévisions. A cela s’ajoute le coût réel – environ 8 milliardsd’euros, soit deux fois plus que prévu – dela réforme de la taxe professionnelle (Le Monde du 7 décembre). « Se moquer du monde » Dans ces conditions, les députés accueillent avec perplexité les « orientations réformatrices » que le gouvernement veut mettre en œuvre dans ce projet de loi de finances rectificative qui, à bien des égards, a toutes les apparences d’un projet de loi de finances bis. Le projet du gouvernement comporte notamment un long article – 18 pages, 370 alinéas – réformant le régime fiscal des sociétés de personnes. Au nom, explique M. Baroin, de l’« attractivité de la France », ce qui laisse entendre que le nouveau régime serait plus favorable auxdites sociétés que l’ancien. « C’est un des dispositifs les plus compliqués que j’aie vus depuis que je suis rapporteur général, s’étonne M. Carrez. Les services de l’Etat m’ont gentiment assuré qu’il était au point parce qu’ils y travaillent depuis quatre ans. C’est pour cela que nous n’avons que quelques jours pour l’examiner ! » Méfiante, la commission des finances propose de n’en adopter que la première partie – « Celle dont on est sûr qu’elle ne va pas grever les recettes de l’Etat », précise M. Carrez – et de ne pas adopter « la partie qui risque de conduire à une multiplication d’optimisations fiscales. » La discussion avec le gouvernement promet d’être rude. Ce collectif met en place un dis- positif exceptionnel d’avance aux départements en difficulté, doté de 150 millions d’euros. « Voilà qui, on peut le dire, est se moquer du monde », a relevé Jean-Pierre Balligand (PS, Aisne). Il prévoit aussi des mesures de financement du Grand Paris à partir d’une majoration de la taxe sur les bureaux et de la création d’une taxe spéciale d’équipement, additionnelle à la taxe foncière en Ile-de-France. Autres points importants : la réforme de la taxe d’urbanisme ainsi que l’expérimentation d’une révision des valeurs locatives foncières des entreprises dans cinq départements. La discussion risque aussi d’être vive sur le durcissement du barème du malus automobileà partir de 2012. Et de se crisper sur la levée des restrictions d’achat de tabac à l’étranger. Les députés UMP, « sensibilisés » par les buralistes, s’y opposent catégoriquement. Le gouvernement va tenter un compromis. p Patrick Roger France 11 0123 Jeudi 9 décembre 2010 L’Insee dessine la France de 2040 et la répartition de ses 73 millions d’habitants La démographie reste plus dynamique au sud et à l’ouest TAUX DE CROISSANCE ANNUELS MOYENS DE LA POPULATION, en % Moins de 0 de 0 à moins de 0,2 de 0,2 à moins 0,4 entre 1990 et 2007 de 0,4 à moins de 0,6 de 0,6 à moins de 0,8 0,8 et plus entre 2007 et 2040 Publiée mardi 7 décembre, l’étude table sur une augmentation de 15,1% de la population et confirme la coupure du pays en deux parties A u moment où la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR) lance une réflexion sur l’avenir du pays en 2040, l’Insee s’est livrée à une étude prospective portant sur les évolutions de populations dans les régions, au cours des trente prochaines années. L’exercice reste aléatoire puisqu’il s’appuie sur les tendances démographiques actuelles. Mais il fournit des indications intéressantes sur les perspectives de croissance et les besoins prévisibles pour l’accueil et la prise en charge des différentes catégories d’âge. Publiée mardi 7 décembre, l’étude table sur une augmentation de 15,1 % de la population qui porterait ainsi le pays à 73 millions d’habitants en 2040, dont près de 71 millions dans l’Hexagone (+14,5 %). La croissance démographique devrait continuer de se renforcer dans les métropoles, les régions méridionales, RhôneAlpes, avec une attractivité particulière vers le Grand Ouest et la façade atlantique. Déjà perceptible aujourd’hui, cette tendance s’explique par les effets conjoints du dynamisme économique et de l’activité dite résidentielle, touristique ou d’accueil de jeunes retraités. Sur la base de ces critères, l’Insee table sur des taux de croissance élevés pour le LanguedocRoussillon (28,5 %), Midi-Pyrénées (27,9 %), les Pays de Loire (26 %), la Bretagne (24,1 %), Rhône-Alpes (22,8 %) et Poitou-Charentes (+18,6 %). Lesécarts entre les régions pourraient aussi se resserrer. Le Limousin (+10,2 %) et l’Auvergne (+8,1 %) devraient enrayer le déclin de leurs zones rurales avec une évolu- Les moins de 20 ans ne devraient progresser que de 4 % tion proche de l’Alsace (+10,7 %). Amplifiant un phénomène en cours depuis le début des années 1980, la tendance au fléchissement de la croissance en Ile-deFrance (+10,1 %) se poursuivrait. Les scénarios de l’Insee confirment la coupure du pays en deux parties selon une diagonale nordouest-sud-est. Le Nord-Pas-deCalais (+3,2 %), la Lorraine (+2 %), voire la Bourgogne (+5,6 %) ne parviendraient pas à enrayer le déclin démographique. La région Champagne-Ardenne serait même la seule dans le pays à enregistrer une diminution de sa population (-2 %). Pour l’Insee, « davantage que le solde naturel, ce sont les migrations entre les régions qui deviendraient le principal moteur de la croissance démographique. » Cette hypothèse justifierait ainsi la perte d’attractivité – relative – de La réponse du ministère aux piètres résultats scolaires français ne convainc pas Luc Chatel a annoncé un «plan sciences» et l’élargissement de «l’accès à l’excellence» A lors que la France décroche à peine la moyenne au PISA, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Le Monde du 8 décembre), les réactions des acteurs de l’école ont ponctué la journée de mardi 7 décembre. Seul le ministère semble rester campé sur ses réformes en cours au lendemain de ce classement, qui fait de l’école française l’une des plus inégalitaire des pays développés et montre qu’elle laisse sur le bord du chemin un élève sur cinq, enmathématiques comme enmaîtrise de la langue. Pour toute réponse, le ministre Luc Chatel propose de développer un«plansciences»quivisera«àfaire en sorte que tout au long de leur scolarité, les élèves soient davantage inspirés par les sciences et aient plus de possibilités de s’engager dans ces filières ». Ce plan palliera-t-illeslacunesextrêmementgraves d’un cinquième des élèves qui, arrivés en fin de collège, voire en début de lycée professionnel, maîtrisent trop peu les mathématiques pour faire autre choses qu’appliquer des formules, et trop peu la lecturepourcomprendreun texte? Les acteurs de l’école n’en semblent pas convaincus et craignent que la chute de l’école française ne continue. L’étude de l’OCDE souligne l’incapacité du système éducatif français à réduire les inégalités de naissance. «Le système fonctionnebienpourlesélèveslesplusfavorisés et écarte les élèves en difficulté de manière extrêmement forte », regrette Patrick Gonthier, le secrétaire général de l’UNSA-Education. Et la FSU, première fédération, de préciser que «si l’on veut que l’écart ne se creuse pas davantage, il faut rompre avec la politique actuelle de ghettoïsation et de ségrégation sociale et scolaire». Aucun bilan global de la libéralisation du choix des collèges et lycées n’a été publié depuis 2007 par le ministère de l’éducation, mais tous les travaux de chercheurs et les enquêtes des proviseurs montrent qu’on construit peu à peu un système à deux vitessesavecdesétablissementsengrande difficulté qui n’accueillent que les élèves qui ne peuvent les fuir. ZEP oubliées Les acteurs des zones d’éducation prioritaires (ZEP), qui scolarisent 20 % des élèves français, et une bonne part de la grande difficulté scolaire, se sont aussi rappelés hier au bon souvenir du ministre. L’accent que souhaite mettre Luc Chatel sur « l’élargissement de l’accès à l’excellence », ne leur semblant pas vraiment l’urgence. Les ZEP se sentent oubliées depuis que la politique d’aide aux élèves les plus défavorisés se limite à repérer des jeunes méritants pour leur offrir une place dans des internats d’excellence, ou à mettre en place un programme expérimental autorisant les chefs d’établissements à choisir leurs enseignants. Marc Douaire, président de l’Observatoire des zones prioritaires, a même estimé hier qu’« il est de la responsabilité du ministère de faire un bilan public des politiques d’éducation prioritaires». p Maryline Baumard Provence Côte d’Azur (+14,0 %) déjà amorcée. La France de 2040 sera très largement marquée par le vieillissement de sa population. L’hypothèse principale de l’Insee retient que l’âge moyen passera de 39,1 ans à 43,6 ans, une moyenne qui s’apparente à celle de l’actuel Limousin. Al’échelle de 2040, laCorse deviendrait la région la plus âgée avec une moyenne de 48,9 ans. L’impact majeur sur les politiques publiques et les infrastructures d’accueil concerne l’augmentation des plus de 80 ans, qui passeront de 3 à 7 millions. En Limousin, en Corse et même en Alsace, cette partie de la population devrait dépasser 10 %. Phénomène tout aussi préoccupant : les Guadeloupe Martinique Guyane Réunion SOURCE : INSEE moins de 20 ans ne devraient progresser que de 4 %. Toutefois, l’augmentation pourrait atteindre 13 % en Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Bretagne et Pays de Loire. Conséquence également de la chute démographique et du déficit migratoire, la baisse des effectifs salariés devrait atteindre 13 % en Lorraine et 17 % en Champagne-Ardenne. L’étude prospective de l’Insee relève enfin la progression exponentielle de la population de la Guyane qui pourrait passer de 213 000 habitants à 574 000 habitants (+169 %). Avec un taux moins élevé, mais une augmenta- tion de 33,6 %, l’île de La Réunion franchirait labarre du million d’habitants. A l’inverse, la Martinique et la Guadeloupe devraient surtout affronter le choc du vieillissement. Pour les pouvoirs publics, cette évolution contrastée mérite une particulière attention. p Michel Delberghe 12 Contre-enquête Economie 0123 Jeudi 9 décembre 2010 K L’UE doit-elle réguler davantage les marchés d’actions? K Doit-elle réviser la directive qui les a libéralisés? Décodage L ’aveu d’échec est à peine voilé. Trois ans après avoir provoqué un « Big Bang » sur les Bourses en Europe, la Commission européenne fait machine arrière. La directive Marché d’instrument financier (MIF), entrée en vigueur le 1er novembre 2007, qui a ouvert à la concurrence les places boursières de l’Union sera révisée. « Sans précipitation », assure-t-on à Bruxelles, mais le plus vite possible tout de même. Le 8 décembre commence le processus visant à collecter remarques et observations des experts du monde financier, politique et économique, afin d’obtenir une nouvelle copie du texte européen au printemps 2011. Bruxelles en profitera pour se pencher sur les produits dérivés, les ventes à découvert, et la transparence du marché des matières premières, dont les exubérances ont eu un rôle dans les émeutes de la faim en Haïti ou au Burkina Faso, en 2008. L’objectif : remettre de l’ordre dans des marchés qui se sont transformés en une « jungle », dixit un régulateur. Un Far West où règne l’opacité. En ligne de mire : l’essor inquiétant des « Dark Pools », ces plates-formes financières venues de Londres ou des Etats-Unis qui permettent de passer des ordres de Bourse dans l’ombre. « On a pris beaucoup de mauvaises habitudes. Je veux mettre de la lumière partout, explique Michel Barnier, commissaire européen aux marchés intérieurs et aux services financiers. Remettre les marchés au service de l’économie réelle. » se de Paris », incarnée à l’époque par l’opérateur Euronext (aujourd’hui Nyse-Euronext). Depuis la directive « MIF », cette organisation a explosé. Ce texte avait été pensé, au début des années 2000, à une époque où les économistes adeptes de la dérégulation avaient de l’influence. Les Bourses de Paris, Londres ou Francfort opéraient dans un cadre monopolistique. Le très libéral commissaire Charlie McCreevy, prédécesseur de M. Barnier, a défendu sans mal l’idée de casser cette structure jugée un peu archaïque. Aux Etats-Unis, le monopole des opérateurs historiques avait été rompu en 2005. L’Europe voulait permettre à de nouveaux acteurs de jouer, eux aussi, le rôle de Bourses et de créer un véritable marché paneuropéen. «Il faut se souvenir du contexte. On sortait de sept années de croissance, l’industrie financière était en plein boom », se souvient un professionnel des marchés. se… Compétitives, agressives, elles ont vite pris des parts de marché auxopérateurshistoriques.Aujourd’hui, à peine plus de la moitié des ordres de Bourse transitent encore par le London Stock Exchange. Les nouveaux acteurs ont pris la place qu’on leur a donnée. Mais ils sont allés trop loin, trop vite. Les ordres sont éparpillés et le régulateur ne sait plus où donner de la tête. Tandis que les opérateurs historiques dénoncent une distorsion de concurrence. Ces petites Bourses bénéficient decontraintes allégées, dangereuses, disent-ils, pour l’intégrité du marché. « C’est tout simplement faux », se défend Alasdair Haynes, directeur général de Chi-X. Selon lui, les obligationsdes plates-formescomme la sienne sont à la mesure de leurs activités. Chi-X ne peut que faire transiter des ordres et non introduire en Bourse de nouvelles sociétés comme le font les anciens monopoles. « On peut faire une analogie avec le transport aérien, explique M. Haynes. Quand vous voyagez sur une compagnie “low cost”, vous vous attendez à avoir moinsde services à bordetplus d’attente mais autant de contrôles de sécurité que sur Air France. C’est la même chose pour nous. » Ces plates-formes alternatives proposent néanmoins des services sophistiqués. Comme ceux qui permettent d’exécuter des ordres à lamicroseconde (le trading à haute fréquence). De quoi faire perdre le fil aux gendarmes des marchés. « Les régulateurs n’ont jamais rien compris à ce qu’on faisait. Ils ont toujours été dépassés », relativise Pierre-Antoine Dusoulier, patron de Saxo Banque. 44% C’est, selon les experts, le pourcentage d’opérations boursières invisibles, réalisées sur des plates-formes où s’échangent des blocs de titres de façon opaque Des plates-formes alternatives Mais les choses se sont emballées. Des plates-formes alternatives se sont créées : Chi-X, Bats, Turquoi- Nouveaux acteurs Avant que cette directive n’entre en vigueur, un particulier ou un professionnel qui souhaitait acheter ou vendre un titre du CAC 40 n’avait d’autres choix que detransiter par «laBour- Les effets secondaires de la directive MIF Restent les « Dark Pools ». Un terme intraduisible qui a contribué à créer une légende «On ne sait pas qui achète quoi, ni à quel prix» Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers cer la concurrence sur le marché et de faire ainsi baisser les prix. Entretien Les régulateurs ne se sont-ils pas aussi fait distancer par la technologie ? L’Europe a-t-elle fait fausse route en décidant de libéraliser les marchés boursiers ? Nous avons, c’est vrai, un train deretard surlestechnologiesfinancières.En quelquesannées, lesmarchés ont beaucoup évolué. C’est un point que n’avait pas anticipé la directive. Le trading algorithmique [achat et vente de titres selon des calculs mathématiques] a pris de l’ampleur et avec lui le trading à haute fréquence qui permet d’exécuter des ordres à la microseconde. Cette accélération des échanges a compliqué la surveillance du marché, et le régulateur américain la tient, pour partie, responsable du krachéclair quia secoué la Bourse de New York en mai. Nous n’avons pas eu une approche assez politique au moment de négocier la directive MIF [Marché d’instruments financiers, qui a ouvert à la concurrence les marchés boursiers en Europe]. On ne s’est pas posé les bonnes questions : de quels marchés voulonsnous ? Comment faire pour qu’ils financent au mieux l’économie ? Faute de cela, le bilan de la directive est très mitigé. Même si ce texte n’a pas que des défauts, car il a renforcé les obligations de conseil des banques envers leurs clients, il a gravement accentué le désordre des marchés boursiers et conduit à une fragmentation et à une plus grande opacité des transactions. Que les émetteurs – les entreprises cotées en Bourse – ne sachent plus ce qui se passe sur leurs titres est grave ! Quant à l’investisseur, il continue de payer aussi cher pour passer un ordre. Or l’objectif initial de la directive était de renfor- Cette directive est-elle responsable de l’essor des « Dark Pools » ? Elle a favorisé l’émergence de ces plates-formes boursières sur lesquelles s’échangent des blocs de titres de façon opaque. Résultat, on ne sait pas qui achète quoi ni à quel prix. Aujourd’hui, on estime que 44 % des transactions sont invisibles. Or le b.a.-ba de notre travail, c’est de savoir ce qui se passe. Le problème de transparence induit par cette directive est sans doute le plus inquiétant et concerne à la fois les émetteurs, les opérateurs et les investisseurs. Faut-il interdire ces plates-formes boursières ? Il ne s’agit pas d’interdire mais de mieux encadrer et de limiter strictement le recours à ces « Dark Pools ». Il y aura toujours des gens qui auront besoin de passer des ordres de façon discrète. Si, demain, je veux vendre 100 000 actions d’une société cotée, il vaut mieux éviter que l’information soit sur la place publique sous peine de faire dévisser le cours. On peut tolérer qu’une proportion raisonnable des ordres se fasse ainsi de gré à gré. Mais pas plus. En outre, une fois la transaction bouclée, il faut savoir qui a acheté quoi et à quel prix. L’Europe est-elle plus désordonnée que les marchés américains ? D’une certaine façon, oui. Aux Etats-Unis, où les Bourses sont aussi soumises à la concurrence, ils ont mis en place des outils qui leur permettent d’avoir une vision globale du marché. En outre, depuis le krach éclair de Wall Street, les régulateurs ont mis en place un systè- me de coupe-circuit qui permet d’arrêter la machine en cas d’emballement. Que peut-on faire ? On peut améliorer la transparence en créant une infrastructure qui centralise les ordres avant et après la négociation et obliger les acheteurs à verser des dépôts de garanties pour mutualiser les risques.Il faut aussi limiter les autorisations de recours aux « Dark Pools ». L’Europe devra aussi tenir compte des évolutions technologiques. Le nouveau régulateur européen, l’ESMA, qui verra le jour le 1er janvier 2011, devra mettre en place une veille pour surveiller ce qui se fait de nouveau et adapter la réglementation en conséquence. Doit-on ralentir le marché ? Cela relève plus d’une réflexion du G20 que de l’Europe, mais il faut réfléchir à ce qu’apporte cette accélération des échanges : quels sont les bénéfices financiers, économiques, pour quelle utilité sociale ? On ne doit pas s’interdire de ralentir les transactions si cela fait courir un risque systémique et facilite les abus de marché. p Propos recueillis par C. G. autour de ces opérateurs mystérieux. Ces Bourses laissées sans surveillance permettent de faire transiter des ordres en catimini. Ces échanges discrets n’ont a priori rien d’illégal. Mais ils étaient jusqu’ici réservés aux seuls échanges de gros blocs de titres. L’objectif étant d’éviter de déstabiliser le marché. Imaginez : si demain un investisseur annonçait qu’il va vendre 20 % du capital de Renault, l’action plongerait alors que le groupe pourrait aller très bien. Mais certains acteurs ont visiblement profité d’une nuance de la directive, voire d’une imprécision,pour faire transiter une quantité de plus en plus importante d’ordres gros mais aussi petits dans cet univers parallèle. « C’est non seulement totalement injustifié mais dangereux pour les marchés et les investisseurs, y compris les petits épargnants », s’emporte Dominique Cerutti, directeur général adjoint de Nyse Euronext, à Paris. De fait, de plus en plus d’opérations de Bourse se font ainsi « sous le tapis ». Selon les experts, près de 40 % des ordres auraient disparu des écrans radars. « Nous ne reprochons pas à la MIF d’avoir aboli le monopoledes Bourses traditionnelles, cela était nécessaire. Nous observons simplement que cette directive a eu des effets secondaires tels que permettre un manque de transparence, qui est intolérable en Europe », dénonce M. Cerutti. Pour les professionnels, ce n’est pas seulement le problème du régulateur. Car cette opacité perturbe aussi le fonctionnement des marchés et met à mal le mécanisme de formation des prix. Faute de transparence, celui-ci n’est plus le reflet de l’offre et de la demande. « C’est comme si on allait faire des courses et que l’on découvrait le prix de ce que l’on achète au momentde passerencaisse», explique M. Cerutti. Un enjeu colossal Saura-t-on revenir en arrière ? La crise a fait prendre conscience que les marchés financiers devaient obéir à des règles plus strictes. Des pistes s’esquissent:créerdes boîtesd’enregistrement qui permettraient de centraliser les ordres et de les recenser. «Les Etats-Unis ont réussi, pourquoi pas nous », soulignait récemment Christine Lagarde, ministre de l’économie et des finances. L’enjeu est colossal, mais essentiel pour s’assurer que la Bourse remplit tout à fait sa mission de « sponsor » des entreprises et de soutien à la croissance. Pour que lespetits épargnantset les investisseursne sedétournent pasdéfinitivement du marché, laissant la place à quelques spéculateurs professionnels. p Claire Gatinois Trois types de transactions à grande vitesse a High Speed Trading Pour les spéculateurs boursiers professionnels, l’arme suprême est la vitesse, et l’ordre de grandeur la milliseconde. Les décisions sont prises par des superordinateurs fonctionnant grâce à des algorithmes toujours plus sophistiqués. Un paquet d’actions peut être acheté et revendu plusieurs fois avant qu’un petit porteur n’ait eu le temps de lire le cours initial. Exemple : un investisseur programme son système pour acheter automatiquement des titres tant que leur cours reste sous les 100 dollars. Un « High Speed Trader » (trader à grande vitesse) détecte cet ordre, achète instantanément toutes les actions disponibles entre 95 et 98 dollars, les revend dans la seconde pour 99 dollars à l’investisseur « lent » et empoche la différence. Le client final achètera donc les actions au cours maximal qu’il s’était fixé, sans bénéficier des cours de départ plus avantageux ni des fluctuations. a Short Selling Le « High Speed Trading » permet aux professionnels d’amplifier leurs opérations de spéculation à la baisse (« Short Selling »), pratique qui a contribué à aggraver la chute des cours lors de la crise de septembre 2008. Le trader emprunte un paquet d’actions à un client, le vend, le rachète automatiquement dès que le cours baisse, puis le rend au client. Pour ce dernier, il s’agit d’une opération blanche, car le trader a capté le profit résultant de cet aller-retour. Il peut même effectuer l’opération avant d’avoir emprunté les actions, puis régulariser sa situation dans la foulée. a Flash Orders Certaines places boursières offrent des services très controversés. Le plus célèbre est le « Flash Order » : à titre préférentiel, certains bons clients de la plate-forme reçoivent les informations sur les mouvements d’actions trois centièmes de seconde avant leur publication officielle. Cette courte avance est suffisante : leurs algorithmes prédisent les tendances du marché et le comportement des autres investisseurs, et prennent des décisions avant tout le monde. Depuis 2008, les autorités américaines, soutenues par la Bourse de New York, ont envisagé d’interdire les « Flash Orders », qui ressemblent à un délit d’initié permanent. En 2009, le sénateur de l’Etat de New York, Charles Schumer, avait lancé une campagne pour inciter le Congrès à voter une loi interdisant cette pratique. Mais cette réforme a été bloquée par la résistance d’autres places financières, notamment le marché à terme des devises de Chicago. Yves Eudes SEVERIN MILLET Carrément vous. SFR - S.A. au capital de 1 344 254 685,15 € - RCS Paris 403 106 537 - Photographie : © Léa Crespi Illimythics Absolu Avant, Madame Noël appelait beaucoup. Avec Illimythics Absolu, elle peut enfin appeler beaucoup trop. sfr.fr OFFRE SOUMISE À CONDITIONS VALABLE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE. Édition Spéciale Illimythics Absolu valable du 16/11/10 au 31/12/10. Engagement de 12 mois minimum. Appels vers mobiles et fixes métropolitains, hors numéros spéciaux, services, appels depuis boîtiers radio et vers plateformes téléphoniques. 3H maximum par appel. INTERNET : exclusivement sur et depuis votre mobile (non relié à un ordinateur). Les surtaxes des téléchargements et services restent payantes. Peer to Peer et Newsgroups interdits. Pour permettre à tous les clients SFR d’accéder au réseau SFR dans des conditions optimales, le débit maximum de connexion sera réduit au-delà de 3 Go d’échanges de données par mois jusqu’à la prochaine date de facturation. MAILS : emails avec pièces jointes. Dans la limite des zones couvertes par les réseaux GSM/GPRS/3G/3G+ de SFR et des opérateurs étrangers ayant conclu un accord d’itinérance. Compatible avec les serveurs d’emails qui supportent les protocoles POP, IMAP, SMTP. Textos : métropolitains non surtaxés, hors textos Chat et Chat Wap. Selon le mobile choisi avec votre Édition Spéciale Illimythics Absolu, certaines options comprenant les usages Surf, Musique, TV, GPS, Mails (y compris Business Mail), Visio, Messenger, Chat, Carte Jumelle et les services accessibles depuis le portail Vodafone Live! et Gallery peuvent ne pas être compatibles. Données constructeurs. Mobile utilisable exclusivement sur le réseau GSM/GPRS/3G/3G+ de SFR. Détails, conditions et tarifs sur sfr.fr et dans les points de vente. 14 Economie 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Les cours du jour ( 08/12/10, 10h02 ) En hausse Introductions en Bourse En baisse Le microcrédit La valeur totale de ces opérations réalisées en 2010 dans le monde devrait dépasser le record établi en 2007 de 295 milliards de dollars (223 milliards d’euros), selon Ernst & Young. Le Prix Nobel de la paix Mohammad Yunus a appelé à « mettre de l’ordre » dans la microfinance. Certains « ont prêté n’importe comment », dénonce-t-il dans La Croix, mercredi 8 décembre. Euro 1 euro : 1,3363 dollar (achat) Or Once d’or : 1 420,00 dollars Pétrole Light sweet crude : 87,89 dollars Taux d’intérêt France : 3,249 (à dix ans) Taux d’intérêt Etats-Unis : 3,103 (à dix ans) La vente au Brésil des avions Rafale est compromise Lula laisse à la présidente élue, Dilma Rousseff, le soin d’acheter ou non les 36 appareils de Dassault Rio de Janeiro (Brésil) Correspondant A vant de céder le pouvoir à Dilma Rousseff, le 1er janvier 2011, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ne prendra pas de décision sur l’achat par son pays de 36 avions de chasse multirôles, un marché pour lequel l’avion français Rafale était le grand favori. Dansunentretien téléviséaccordé à la chaîne publique TV Brasil, qui sera diffusé en fin d’année – et dontl’agenceofficielleAgencia Brasila cité desextraits mardi 7décembre –, le président sortant déclare qu’il ne va pas « conclure un accord» avec la France sur la possible acquisition des Rafale et qu’il laisse cetteresponsabilité à la présidente élue. Cette décision est « un héritage lourd, un héritage à long terme pour le Brésil », souligne Lula. « Je pourrais signer et faire un accord avec la France, ajoute-t-il, mais je ne le ferai pas. » C’est une très mauvaise surprise pour le groupe français Dassault, constructeur du Rafale, et aussi pour l’Etat, qui le soutient dans cette affaire sans ménager ses efforts. Le Rafale est en concurrence avec le F/A-18 Super Hornet de l’avionneur américain Boeing et le Gripen NG du suédois Saab. Il n’a encore jamais été vendu à l’étranger. A l’export, il a ainsi subi, depuis 2002, échec sur échec. Son acquisition par le Brésil pourrait enfin rompre ce cycle malchanceux. Les propos de Lula da Silva marquent une volte-face. Le président avait déclaré qu’il annoncerait, avant dequitter le pouvoir, l’ouverture de négociations exclusives entre le Brésil et l’un des trois groupes concurrents, très probablement Dassault, pour lequel il avait laissé entrevoir à plusieurs reprises sa préférence, comme le ministre de la défense, Nelson Jobim. Les propos du président brésilien sortant marquent une volte-face Ce nouvel épisode de la « saga Rafale » au Brésil prolonge une attente déjà longue. Le 7 septembre 2009, le président Nicolas Sarkozy, en visite à Brasilia, avait réussi à « décrocher » quatre lignes cruciales dans un communiqué à l’issue d’une nuit de discussions : dans ces lignes, Lula da Silva annonçait la décision de son pays d’« entrer en négociations » pour l’achat des Rafale. Mais ce choix ne plaît pas aux chefs de l’armée de l’air qui, en outre, n’ont pas apprécié d’avoir été court-circuités par le président, avant d’avoir rendu leur rapport technique. Dans ce document de 27 000 pages, dont les conclusions ont été citées par la presse en janvier 2010, les militaires disent préférer, pour des raisons d’intendance, le Gripen, le moins cher des trois avions. Les pilotes jugent que le F18 est techniquement le meilleur. Le rapport relègue le Rafale en troisième position. Sous la pression de M. Jobim, l’armée de l’air a revu sa copie. En mars, elle a donné carte blanche au gouvernement en soulignant que les trois appareils répondent à ses besoins techniques – opérationnel et logistique – sans se prononcer sur le coût, qui n’est pas de son ressort. Entre-temps, le gouvernement est revenu sur la promesse faite à Dassault, en annonçant que la compétition demeurait ouverte. Des négociations ont continué jusqu’en juin, au cours desquelles le français aurait consenti à réduire son prix de 8 à 6 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). La décision finale étant politique, le dernier mot revenait à Lula. Les Brésiliens ont toujours dit qu’au-delà de la qualité commerciale de l’offre, ils privilégieraient Nicolas Sarkozy et Luiz Inacio Lula da Silva lors d’un voyage du président de la République française au Brésil, en septembre 2009. BRUNO DOMINGOS/REUTERS le vendeur qui consentirait à partager avec eux le maximum de connaissances techniques. Là réside le grand atout du Rafale, la France étant prête à un transfert total de technologie dans le cadre du « partenariat stratégique » scellé en 2008 entre Paris et Brasilia, qui permettra notamment au Brésil de se doter d’une véritable industrie de la défense. « C’est Nicolas Sarkozy qui a vendu le Rafale, ce n’est pas nous», estimait alorsCharlesEdelstenne, le PDG de Dassault Aviation. Une paternité également revendiquée par le chef de l’Etat. Selon un document diffusé par le site WikiLeaks et cité le 5 décembre par Le Monde, la France s’est diteprêteàcéder lescodesinformatiques du Rafale – le cœur de l’avioniquedel’appareil. C’estun avantage par rapport aux Etats-Unis, où le Congrès a le dernier mot dans ce domaine, ce qui rend incertaines les promesses de l’administration. Avant d’arrêter son choix, Lula da Silva devait convoquer et écouter le Conseil de la défense nationale, un organe consultatif de dix membres qui rassemble des parlementaires, des ministres et des militaires. Il ne l’a pas fait. Le fera-t-il dans les prochains jours, avant la trêve de Noël ? C’est l’espoir auquel on se raccroche du côté français, en mettant en avant deux interprétations possibles des propos de Lula. Ou bien le président voulait dire qu’il ne lui reviendrait pas de signer le contrat des Rafale. Ce que chacun savait déjà, les négociations exclusives devant durer entre six et neuf mois. Dans ce cas, il n’y a pas lieu de dramatiser son atermoiement. Ou bien il entendait marquer son désistement du dossier. Dans cette hypothèse, l’affaire serait amenée à prendre un nouveau départ. Avec une inquiétude essentielle : Dilma Rousseff s’est dite favorable à une réduction des dépenses publiques, y compris dans les budgets sociaux. Comment pourrait-elle continuer à « vendre » en même temps ce coûteux programme militaire ? La France estime conserver deux atouts : sa totale disponibilité aux transferts de technologies et le maintien annoncé à son poste de M. Jobim, partisan du Rafale. Elle continue à croire que si la compétition se poursuit, Dassault l’emportera. Plusieurs experts brésiliens, plus pessimistes, prédisent « la mort » du projet de modernisation de l’armée de l’air. Auquel cas l’histoire se répéterait : en 2002, le précédent programme d’achat d’avions de chasse avait été laissé en héritage par le président Fernando Henrique Cardoso à Lula da Silva, qui s’était empressé d’y renoncer au profit d’une augmentation des dépenses sociales. p Jean-Pierre Langellier Entre politique et divisions, vendre un appareil de combat est de plus en plus difficile La tenaille américaine Pour imposer leurs avions, les Américains ont un atout: le nombre. Leurs appareils sont produits par milliers et sont en permanence modernisés. Cela leur permet de les proposer à des prix très bas à l’exportation. Le F16 est ainsi le chasseur le plus vendu au monde avec 4 500 exemplaires, à comparer aux quelques centaines pour ses rivaux européens. Le Mirage 2000 de Dassault dont la production a été arrêtée en 2006 n’a été produit qu’à 612exemplaires. Le «best-seller» du groupe fut le Mirage 3 dans les années 1960-1970 et ses dérivés (1401 avions). Seuls les Russes avec les Mig ou les Sukhoï connaissent des productions élevées. «Les Américains exercent une double domination, explique Guillaume Rochard, associé responsable du secteur Aéronauti- res principalement en Suède, mais aussi en Hongrie, en République tchèque, en Afrique du Sud et en Thaïlande. Plus de la moitié du marché mondial est entre les mains des Etats-Unis FOURNISSEURS DOMINANTS D’AVIONS DE COMBAT, PAR PAYS (TENDANCE RÉCENTE) L’aspect politique « La vente SOURCES : INDUSTRIES, TEAL GROUP CORPORATION LA COMPÉTITION acharnée de ces derniers mois entre le Rafale du groupe français Dassault, le F/A-18 Super Hornet de l’avionneur américain Boeing et le Gripen NG du suédois Saab pour emporter un contrat au Brésil révèle des stratégies différentes. Pour les Etats-Unis, il s’agit d’une lutte d’influence en Amérique latine. Pour la Suède, comme pour la France, il en va de l’avenir de leur industrie d’aviation de combat. Décrocher un contrat à l’exportation est vital. Cela leur permet de rester dans la course face aux géants du secteur – les groupes américains Lockheed Martin (F16, F22, ou F35) et Boeing (F15, F18). La compétition est d’autant plus âpre qu’elle se déroule dans un monde où les budgets militaires sont réduits. RÉPARTITION DE LA PRODUCTION 2010-2019, en % 53,1% 34,7 % Etats-Unis Europe p France Rafale, Mirage et Alpha Jet 2 fournisseurs Russe Sukhoï et Mig Suède Chine Pays ayant une aviation très modeste F5, F16, F18, F15 et JSF que &Défense chez PricewaterhouseCoopers (PwC). D’un côté, ils proposent aux pays émergents des avions déjà très vendus dans le monde, ce qui leur permet d’offrir des prix compétitifs et de procéder à des transferts de technologie. De l’autre, ils lancent le Joint Strike Fighter (JSF ou F35), avion de nouvelle génération auquel s’associent des pays occidentaux qui deviennent ainsi des clients, sans bénéficier toutefois complètement de l’accès aux technologies américaines.» Une dizaine de pays dont le Royaume-Uni, l’Italie, les PaysBas, la Norvège et le Danemark, participent ainsi à la construction du JSF, qui sera fabriqué à plus de 2 000 exemplaires. Les cinq Européens ont déjà investi plusieurs milliards de dollars, autant d’argent qui n’ira pas à des projets européens… Dès le lancement de ce programme en 2000, Richard Aboulafia, le vice-président du cabinet de consultants spécialisé sur la défense et l’aéronautique Gripen F 7, JF 17 Teal Group, écrivait : « Le JSF pourrait faire à l’industrie européenne ce que le F-16 a presque réussi [à faire] : la détruire. » Les divisions européennes Alors que l’industrie de défense américaine opérait une concentration au milieu des années 1990, l’industrie européenne fut incapable de s’entendre. Du coup trois avions de combat s’opposent dans les compétitions, le Gripen, le Rafale, et l’Eurofighter, ce dernier lancé par EADS (Allemagne-Espagne), BAE Systems (Royaume-Uni) et Alenia (Italie). C’est l’appareil le plus vendu des trois avec 707 commandes émanant de ces pays d’origine mais aussi d’Autriche et d’Arabie saoudite. Un contrat est aussi espéré à Oman. Le Rafale, lui, est exclusivement français, L’objectif est de fournir 286 avions d’ici à 2021 à l’armée de l’air et à la marine françaises. Quant au JAS 39 Gripen, il a été vendu à plus de 240 exemplai- d’avions de combat est d’abord une affaire politique », souligne souvent le patron de Dassault, Charles Edelstenne. Mais toutes les compétitions ne sont pas ouvertes aux non-Américains. Il leur est quasiment impossible de pénétrer les marchés contrôlés par les Etats-Unis. Les échecs du Rafale en Corée du Sud, à Singapour et aux Pays-Bas en sont l’illustration. Dans ces appels d’offres, l’avion français était au coude-à-coude avec ses rivaux américains dans les évaluations techniques. L’avantage du dollar et l’aspect politique ont fait la différence. Les Européens ne peuvent concourir que dans des pays ne souhaitant pas ou ne pouvant pas acheter américain, ou dans ceux qui souhaitent disposer d’une double source d’approvisionnement. Une compétition s’ouvre en Inde Koweït, Suisse, Malaisie, Corée du Sud: les compétitions à venir se font rares et concerneront peu d’appareils. L’Inde fait figure d’exception avec son appel d’offres pour 126 avions de chasse. Cette proposition attire tous les avionneurs dans un pays qui achète traditionnellement des avions russes, où les Britanniques et les Français sont présents tout comme les Israéliens, et qui s’ouvre aux Américains. Les trois avions européens croiseront donc à nouveau Sukhoï et F-16, cette fois dans le ciel de l’Inde. p Dominique Gallois Economie 15 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Le gouvernement songe à instaurer un cachet «confidentiel entreprise» Un groupe de travail examine une nouvelle incrimination pénale d’atteinte au secret des affaires L ’administration travaille actuellement à la création d’un marquage « confidentiel entreprise », à l’instar de ce qui se pratique dans la défense, afin de mieux garantir « le secret des affaires ». Aujourd’hui, avec le droit sur la propriété intellectuelle, une entreprisepeut protéger un savoirfaire industriel ou une technique par le biais de brevets. Mais pas ses projets stratégiques, comme le rachat d’un concurrent ou la cession d’une activité, ses méthodes de gestion, ses fichiers clients ou des procédés de fabrication non couverts par un brevet… L’idée n’est pas neuve: le député Bernard Carayon (UMP, Tarn) a déjà déposé une proposition de loi en ce sens en 2009 et défendra encore un amendement réprimant l’atteinteausecretdesaffairesàl’occasion de l’examen en deuxième lecture à l’Assemblée du projet de loi « d’orientation et de programmation pour la performance de la sécuritéintérieure»(Loppsi2),àpartir du 14 décembre. Mais parallèlement, un groupe de travail coordonné par la délégation interministérielle à l’intelligence économique (DIIE) travaille activement sur ce sujet. Associant des représentants de nombreux ministères – Bercy, défense, intérieur, justice, agriculture… –, la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), le Medef, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), ou les chambres de commerce et d’industrie, ce groupe devrait proposer des réformes en sens « très rapidement, d’ici quelques mois je pense », selon le patron de la DIIE, Olivier Buquen. «Nous nous trouvons confrontés à de nombreux cas où les entreprises se trouvent dépourvues après la divulgation d’informations confidentielles,malgrél’existenced’incriminations comme la concurrence déloyale ou l’abus de confiance, explique M. Buquen. Et quand on arrive à poursuivre la personne à l’originedelafuite,cen’estpasforcément le cas de l’entreprise qui en bénéficie.» D’où l’idée de créer une nouvelle incrimination pénale « d’atteinte au secret des affaires» en cas de diffusion d’«informations à caractère économique protégé », en s’inspirant notamment d’un texte adopté en 1996 aux Etats-Unis, le Cohen Act. Mais selon des projets de réforme du code pénal et de décret, sur lequel le groupe de travail a trouvé un accord lors de sa dernière réunion début novembre et que Le Monde a pu consulter, il reviendra aux sociétés elles-mêmes de définir quelles sont ces « informa- L’Irlande présentelebudget leplussévère desonhistoire La cure d’austérité du pays est liée à l’octroi par le FMI et l’UE d’une aide de 85milliards d’euros Londres Correspondant T tionsàcaractèreéconomiqueprotégées » et d’apposer dessus un marquage « confidentiel entreprise ». Une liberté très large, car ce sceau pourra être déposé sur des « informations, procédés, objets, documents, réseaux informatiques, données informatisées ou fichiers de nature commerciale, industrielle, financière, scientifique, technique ou stratégique (…) ne présentant pas un caractère public ». Et en cas de diffusion de telles informations, le contrevenant pourra être condamné à un an de prison et 15 000euros d’amende. «Ce sont les dirigeants de l’entreprise qui sont les mieux à même de décider ce qui est stratégique », explique M. Buquen. Et de prévenir: «Le projet de réforme n’est pas finalisé, pas terminé, pas arbitré. » Dans sa mouture actuelle, ce « confidentiel entreprise » ne serait certes pas opposable à l’autorité judiciaire dans le cadre de poursuites pénales, ni aux autorités de régulation. Il ne pourrait pas non plus être appliqué en cas de dénonciation d’un délit ou d’une infraction, et ne peut dispenser les entreprises de certaines obligations de communication:dépôtsdescomptes aux greffes des tribunaux de commerce, informations aux marchés pour les sociétés cotées… Mais son champ d’application resterait très important. Et pourrait notammentposer desquestionsenmatière de garantie des libertés publiques, estime un magistrat. « La définition est totalement lâche, beaucoup trop large, juge Jacques Terray, vice-président de «Le “confidentiel entreprise” doit être très restreint pour que des sociétés ne soient pas tentées de camoufler les choses» un expert en intelligence économique Transparency International en France. Un tel texte sanctuariserait l’activité des entreprises. » « Il s’agirait d’une arme complémentaire d’un arsenal juridique très complet visant à opacifier la gestion des entreprises,estimedesoncôtél’avocat Jean-Marc Fédida, et serait notamment vecteur d’insécurité juridiquepourceux chargésdevéhiculer l’information. » Ainsi, la révélation, notamment à travers les médias, d’un projet de cession ou de rachat d’une activité, des émoluments versés à certains salariés comme les traders d’une banque, d’une note interne sur l’état d’une infrastructure ou d’un projet de lancement d’un nouveau produit pourrait provoquer des poursuites judiciaires sur la base de « l’atteinte au secret des affaires » si les entreprises classaient de telles informations « confidentiel entreprise». « Le “confidentiel entreprise” doit être très restreint pour que des sociétés ne soient pas tentées de camoufler les choses », explique, sous couvert d’anonymat, un expert en intelligence économique. « Sans garde-fou, les gens à l’intérieur des entreprises vont apposer partout le tampon “confidentiel entreprise”, de peur de mal faire, estime un autre spécialiste de l’intelligence économique. A la direction de la surveillance du territoire [DST, qui a fusionné avec les renseignementsgénérauxpour formerla DCRI], on a vu le tampon “confidentiel défense” être apposé jusque sur des commandes de couteaux et fourchettes.»p Clément Lacombe riste budget pour les Irlandais. Le coup d’arrêt que la crise financière a porté au miracle économique a contraint le ministre des finances, Brian Lenihan, à faire de la présentation, mardi 7 décembre, du budget le plus sévère de l’histoire du pays, un véritable exercice de funambule. L’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) ont lié l’octroi de l’aide de 85 milliards d’euros à Dublin à l’élaboration par l’ex-Tigre celtique d’une cure d’austérité sans précédent. « Cet ajustement de grande ampleur est exigeant mais il témoigne de notre détermination » : comme l’a indiqué M. Lenihan, la loi de finances 2011 marquée par la baisse drastique des dépenses publiques et la hausse des impôts doit dégager 6 milliards d’euros en vue de ramener le déficit budgétaire à 9,4 % du produit intérieur brut (PIB) dès l’exercice prochain. Il s’agit de la première étape du programme d’économies de 15 milliards d’euros sur quatre ans destiné à faire chuter le « trou » budgétaire actuel, soit 32 % du PIB, à 3 % en 2014. Baisse des dépenses sociales, de santé et d’éducation, suppressions d’emplois publics et compression des salaires et des retraites des fonctionnaires sont à l’ordre du jour. Sur le plan fiscal, les impôts directs et les accises vont augmenter. Surtout, les exemptions sur les droits de mutation, jugées en partie responsables du boom immobilier et de la ruée des ménages à revenus modestes sur les crédits hypothécaires, ont été fortement réduites. En revanche, l’impôt sur les sociétés est demeuré à 12,5 %, soit la moitié de la moyenne européenne, un taux jugé essentiel pour continuer d’attirer les investisseurs étrangers, en particulier américains. Ce tour de vis sans précédent reflète l’attente de la classe politique, des marchés comme de l’opinion publique, une attente tout autant chargée d’espoirs que de craintes. Chacun sait que même en cas de succès, M. Lenihan ne peut être que l’homme des miracles douloureux. Aux yeux de l’équipe de centre gauche au pouvoir, après quatre budgets d’austérité en trois ans, l’économie irlandaise est en train d’amorcer sa sortie de la dépression. Les exportations se sont accrues de 7 % en termes réels au cours du premier semestre. Les ventes de biens industriels à haute valeur ajoutée, essentiellement vers les pays européens hors de la zone euro et les marchés émergents, ont grimpé de 13 % lors du troisième trimestre. Le taux d’expansion de l’activité industrielle – pharmacie, chimie, high-tech et Internet – de 6 %, en 2010 devrait rester stable en 2011. Par ailleurs, le Trésor estime que la page de la crise bancaire est en voie d’être tournée grâce à l’injection de 56 milliards d’euros et la nationalisation de l’ensemble du secteur. L’assistance internationale de 35 milliards d’euros destinés aux cinq principaux établissements financiers devrait compléter la purge. Il s’agit de la première étape du programme d’économies de 15milliards d’euros sur quatre ans Dublin n’est toutefois pas au bout de ses peines. Le plan de sauvetage international est un prêt qui doit être remboursé d’ici une décennie. De plus, l’île Verte doit contribuer à cette bouée de sauvetage à hauteur de 17,5 milliards d’euros puisés dans le fonds de retraite national. Le second point noir reste l’incertitude politique créée par l’annonce d’élections législatives anticipées au début de l’année 2011. Alors que la popularité du gouvernement de Brian Cowen est au plus bas, l’opposition de centre droit, Fine Gael, est largement donnée favorite de cette consultation. Le budget 2010 a été adopté en première lecture à une très faible majorité. Faute de temps et de marge de manœuvre politique, il est difficile au grand argentier de faire oublier leurs désillusions à ses administrés ulcérés de devoir payer l’addition des méfaits des banquiers du cru. p Marc Roche Personne aux guichets pour supporter Cantona E ric Cantona l’assurait : « La révolution, c’est pas compliqué.» Dans un entretien filmé donné au quotidien PresseOcéan le 8 octobre, qui a depuis fait le tour de la Toile, l’ex-star du football invitait les Français à l’insurrection en leur suggérant de Une grande école mérite une grande prépa. L’expertise prépa depuis 1954 www.isth.fr 01 42 24 10 72 vider leur compte bancaire. « Le système tourne autour des banques (…). Pour que tout s’écroule, tu vas dans ta banque et tu retires ton argent», disait l’ancien joueur de Manchester United. Dont acte : les internautes donnèrent rendezvous mardi 7décembre. Simple? A fin septembre, les dépôts bancaires des ménages représentaient 270milliards d’euros en France. Mais cette somme n’est conservée qu’en partie dans les coffres des établissements qui utilisent ces fonds, notamment, pour prêter de l’argent à d’autres. Début novembre, les banques détenaient en réserve environ 41milliards. Pour les fragiliser, il eut donc «suffi » que 20 millions de Français retirent 2 050 euros en moyenne. Faisable, à condition de détenir cette somme et de prévenir sa banque 48 heures à l’avance, comme l’exigent la plupart. Au siège des établissements, personne ne s’est toutefois affolé. Aucun dispositif n’avait été prévu pour cet improbable « bank run », qualifié même de « non-événement » au Crédit agricole. « Il n’est pas venu » De fait, l’opération a tourné au fiasco. A Paris, dans le quartier de Strasbourg-Saint-Denis, l’agence BNPParibas n’avait relevé aucune fermeture de compte, ni retrait massif. Sur le trottoir d’en face, à la Société générale, « RAS », indiquait le responsable d’agence, tandis qu’à la Banque postale, on ne signalait « rien de spécial ». Cette révolution « sans arme, ni sang. A la Spaggiari », prônée par le « promoteur» des rasoirs Bic, est plus complexe qu’il n’y paraît. « Ce n’est pas bête mais retirer son argent, c’est bien beau, après on fait quoi? », dit Hakan D., devant la BNPParibas. « Je ne vais pas mettre mes billets sous un matelas», renchérit Jérémie Périn, client de la Banque postale peu enclin à affronter les lourdeurs administratives d’une telle démarche. L’opération n’a visiblement pas été si simple non plus pour M.Cantona. L’acteur avait prévu de retirer 1500 euros à la BNP Paribas d’Albert, dans la Somme, où il est en tournage. Mais mardi, « il n’est pas venu à l’agence », indique la banque. Plus étrange, selon le site d’informations Wansquare, celui que l’on surnomme « Che-Cantona» aurait, il y a quelques jours, retiré 750000 euros de la banque privée Banque Leonardo… pour les transférer au Crédit agricole. Contacté, le porte-parole d’Eric Cantona, son frère Jean-Marie, n’a pas donné suite à nos appels. p Claire Gatinois 490 € Bracelet «Trilogie g coeurs diamants» Or rose, diamants Commandez au 0800 400 250 ou sur www. BIJOUXPRIVES.com 16 Economie 0123 Jeudi 9 décembre 2010 La Bourse de Francfort est en train de retrouver ses niveaux d’avant-crise Le jeu «World of Warcraft» s’essouffle mais reste en tête sur sa catégorie Dopé par la reprise en Allemagne, l’indice DAX est repassé au-dessus des 7000points «WoW» rassemble 12millions d’abonnés mais depuis deux ans, leur nombre a peu progessé Berlin Correspondance F rancfort n’avait pas connu cela depuis deux ans et demi. Mardi 7 décembre, le DAX, le principal indice boursier allemand, a franchi la barre des 7 000 points – il a clôturé à 7 001,91 points. Ce seuil place la crise économique au rang des mauvais souvenirs : le DAX a repris plus de 90 % depuis son plus bas de mars 2009. Et depuis le 1er janvier, il a progressé de 17,5 % quand, à Paris, le CAC 40 a cédé dans le même temps 3,2 %. Cette barre des 7 000 points est surtout symbolique. L’annonce par les Etats-Unis du maintien des cadeaux fiscaux – accordés aux plus aisés par George W. Bush – en échange de la prolongation du versement des allocations chômage a profité à la quasi-totalité des places financières européennes. Elles ont fini la séance de mardi en hausse malgré l’instabilité sur le marché obligataire européen. Environnement optimal A Francfort, les valeurs poursuivent l’envolée amorcée en début d’année sur fond de performances record des grands groupes et d’excellente conjoncture. L’équipementier sportif Adidas (+ 2 %), le chimiste BASF (+ 1,88 %), le constructeur BMW (+ 1,86 %) ainsi que le cimentier Heidelbergcement (+ 2,96 %) ont enregistré les plus belles performances. L’indice des valeurs moyennes du DAX a salué l’entrée du Qatar au capital du numéro un allemand du BTP Hochtief (+ 3,41 %), qui laisse envisager d’importantes potentialités de croissance et complique les projets de rachat du groupe par son rival espagnol ACS. Les analystes évoquent un environnement optimal pour les actions allemandes : des taux directeurs faibles, une industrie exportatrice qui profite de la croissance des pays émergents, des entreprises qui ont gagné en compétitivité. Bernhard Eschweiler, chef économiste du cabinet de conseil en investissement Silvia Quandt Research à Francfort est optimiste : « La hausse continue des bénéfices et la confiance dont jouissent les firmes allemandes devraient [permettre au] DAX de poursuivre son ascension en 2011. » Un sentiment partagé par les patrons. L’indice Ifo, principal indicateur du climat des affaires, a atteint, fin novembre, sa plus haute valeur depuis sa création en 1991, à 109,3 points. Calculé sur la base de sondages menés auprès de 7 000 firmes de l’industrie, de la construction, du commerce de gros et de détail, il reflète les perspectives positives du côté de la demande intérieure. Celle-ci jouera un rôle important dans les performances de l’économie en 2011. La consommation a progressé en octobre trois fois plus vite que les exportations, à 2,4 %. Et selon l’agence pour l’emploi, le nombre de salariés dans les services, très dépendants de la demande intérieure, était supérieur de 4 % à son niveau d’il y a un an, après 12 mois d’embauche ininterrompue. p Cécile Boutelet Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique Reuters Breakingviews Du métier ingrat des patrons de groupes pharmaceutiques J effrey Kindler, le patron de Pfizer, a quitté ses fonctions au motif qu’il se sentait très fatigué… fatigué d’entendre des actionnaires impatients réclamer sa démission peut-être. Au tableau des quatre années et demie que M.Kindler a passées à ce poste figurent une acquisition majeure très réussie et certaines erreurs, mais pour les actionnaires, la dite période se solde par une moins-value de 20 %. C’est vrai. Il est toutefois trop tôt pour émettre un jugement définitif sur le bilan de M.Kindler. Le problème, c’est que pour les groupes pharmaceutiques, le temps se compte en décennies. Ils consacrent des milliards aux activités de recherche et développement (R & D), mais les résultats mettent plusieurs années à venir. Pour Pfizer, l’urgence est de trouver une nouvelle source de chiffre d’affaires pour compenser la perte de revenu qui s’annonce en 2011 avec l’expiration du brevet sur le Lipitor – traitement destiné aux cas aggravés de cholestérol – qu’il fabrique. En 2009, le produit a rapporté 11milliards de dollars (8,32milliards d’euros). La molécule avait été synthétisée en 1985, par une société ensuite absorbée par Pfizer en 2000. La recherche initiale qui a permis de mettre au point cette catégorie de médicaments a été assumée par une société japonaise au début des années 1970. La lenteur et la rentabilité toujours incertaine des activités de R &D expliquent en partie pourquoi les patrons de groupe pharmaceutique préfèrent la croissance externe. M.Kindler avait ainsi racheté Wyeth pour 68 milliards de dollars. Les opérations de fusion ou d’acquisition sont génératrices de croissance et d’économies dans un délai compatible avec la durée normale d’exercice d’un directeur général. S’il est prématuré de tirer des conclusions définitives quant au bien-fondé du rachat de Wyeth, il faut reconnaître que M. Kindler n’a pas payé trop cher, puisque l’opération s’est faite juste après la crise financière, début 2009. Cela étant, les coûts cachés de ce genre de grandes manœuvres n’apparaîtront peutêtre pas avant plusieurs années. L es plus « accros » à World of Warcraft, alias « WoW», attendaient cela depuis des mois. Dans la nuit du mardi 7 décembre, ilsontpu,moyennant35euros,télécharger une nouvelle version du jeu vidéo en réseau sur Internet le plus populaire au monde. Il s’agit d’une « extension » baptisée « cataclysm»,unajoutdecontenu(monstres, décors), le troisième seulement depuis le lancement fin 2004 de ce jeu « massivement multijoueur » (plusieurs milliers peuvent participer simultanément). Blizzard Entertainment, le studio californien qui conçoit WoW, et surtout le français Vivendi, sa maison mère, espèrent que cet événement va donner un nouveau souffle à un énorme succès – 12 millions d’abonnés – qui marque le pas. Sur le fond, l’extension ne modifie par les règles de WoW, qui reste un jeu de rôles. Les participants choisissent d’incarner des personnages virtuels parmi des « races ». Ilssegroupentparéquipespourformer des « dongeons » ou lancer des « raids». Le but étant de tuer le plus (Traduction de Christine Lahuec) n Sur Breakingviews.com Plus de commentaires sur l’actualité économique et financière. joueurs pour assurer des vitesses de connexion optimales et éviter les « plantages ». Mais le jeu est réputé – et fréquemment critiqué – pour son caractère addictif: nombre de joueurs y consacrent des dizaines d’heures par mois, certains y sacrifiant même une partie de leur vie sociale. Croissance des jeux sociaux Reste que la concurrence n’a pas réussi à percer. « Aucun autre jeu en ligne massivement multijoueur, pas même Aion [du studio NC Soft] ou Warhammer [du géant Electronic Arts], ne tient la comparaison », assure Steeve Chauvet, un des rédacteurs du site spécialisé Jeuxonline. info. « Il y a WoW et le reste du monde. Sur les 40 millions de joueurs à ce type de jeux, près d’un sur trois a choisi la licence de Blizzard », souligne Laurent Michaud, de l’institut Idate. Néanmoins, il semble qu’une certaine lassitude se soit installée chez les joueurs. Et depuis deux ans, le nombre de nouveaux abonnés à WoW a peu progressé. «Trop de joueurs avaient atteint le niveau80[maximal]avecleurspersonnages. Certains se sont désabonnés dans l’attente de l’extension. C’est mon cas », indique M. Chauvet. Si l’accueil de Cataclysm est plutôt bon, les spécialistes n’attendent cependant pas une explosion du nombre de fans de WoW. « Le jeu cible les gros joueurs, pas le grand public, leur nombre est forcément limité», juge M. Michaud, pour qui il y a aura tout au plus 45 millions de joueurs à des jeux « massivement multijoueurs » en 2015. En réalité, le segment du jeu en ligne qui progresse le plus vite, même s’il apparaît pour l’heure moins lucratif (il n’est pas basé sur les abonnements), est celui des « jeux sociaux », ces milliers de programmes tournant essentiellement sur Facebook, qui visent un public très occasionnel. Selon l’Idate, les adeptes de ces divertissements « light » pourraient passer de70millionscetteannéeà210millions en 2015.p Cécile Ducourtieux Conjoncture & entreprises Conjoncture La croissance française attendue à 0,6 % au quatrième trimestre L’économie française devrait croître de 0,6 % au quatrième trimestre, selon une nouvelle estimation légèrement revue à la hausse, publiée mercredi 8 décembre par la Banque de France (BdF). La BdF rapporte aussi que l’activité industrielle et dans les services s’est accélérée en novembre. – (AFP.) Informatique Google dévoile un ordinateur équipé de Chrome Le géant de l’Internet Google a dévoilé, mardi 7 décembre, un ordinateur équipé de son système d’exploitation Chrome, un concurrent aux logiciels Windows de Microsoft, qui équipent aujourd’hui neuf ordinateurs sur dix dans le monde. Le système de Google n’est disponible qu’en test pour les professionnels, mais le coréen Samsung et le taïwanais Acer devraient commercialiser des machines au premier semestre 2011. Transports Le président de la SNCF veut «une convention collective du ferroviaire» Le président de la SNCF réclame la négociation d’une convention collective commune à l’ensemble du secteur ferroviaire afin d’éviter que l’ouverture à la concurrence – notamment dans les trains régionaux (TER) – n’engendre un « dumping social ». Guillaume Pepy, qui s’exprimait, mardi 7décembre, devant l’Association des journalistes de l’information sociale, a assuré qu’il ne s’agit pas de modifier le statut des cheminots, qui prévoit la garantie de l’emploi, mais de faire évoluer la durée du travail ou l’amplitude horaire. A défaut, il craint une «concurrence chaotique» à partir de 2015, voire l’émergence d’un « Ryantrain», allusion à la compagnie aérienne à bas coût Ryanair. M.Pepy a aussi souhaité que le « service garanti » soit appliqué au fret en cas de grève. p Finance Les entreprises soutenues par des fonds ont mieux résisté à la crise Selon une étude réalisée par le cabinet Ernst & Young pour l’Association française des investisseurs en capital (AFIC), les entreprises soutenues par des fonds d’investissements ont mieux résisté à la crise que le CAC 40. L’échantillon enregistre pour la première fois depuis sa création un fléchissement du chiffre d’af- Marchés faires France (– 5,9 % entre 2008 et 2009) ainsi qu’un recul modéré des effectifs France (– 1,8 %). Mais ces résultats sont à comparer avec la baisse plus élevée du chiffre d’affaires des entreprises du CAC 40 (– 6,8 %) sur la même période, signal l’étude. Le recul des effectifs a aussi été plus marqué pour les entreprises du CAC 40 (– 2,8 %) et pour l’ensemble des entreprises du secteur privé français (– 2,0 %). Presse Deux quotidiens déboutés de leur plainte en contrefaçon sur le Web Le tribunal de grande instance de Nancy a débouté, mardi 7 décembre, les quotidiens Le Bien public et Le Journal de Saône-et-Loire de leur plainte contre le site Internet Dijonscope, qu’ils accusaient de contrefaçon. Ils contestaient la reproduction sur Dijonscope d’extraits de leurs articles, accompagnés d’un lien vers le site original, dans une « revue de Web ». Le tribunal a considéré que la contrefaçon ou la concurrence déloyale n’étaient pas constituées. – (AFP.) Transports Un Français à la tête d’Austrian Airlines Le Français Thierry Antinori, 49 ans, a été nommé à la présidence du directoire d’Austrian Airlines (groupe Lufthansa), a annoncé, mardi 7 décembre, la compagnie autrichienne. Ancien d’Air France et ex-directeur du marketing de Lufthansa, M. Antinori devra assurer le redressement de la compagnie en difficultés. Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr LES BOURSES DANS LE MONDE 8/12, 10h02 VALEURS DU CAC40 Mercredi 8 décembre 9h45 Valeur Stratégie à long terme Lorsque M. Kindler avait pris ses fonctions, il avait parlé de redynamiser la filière médicaments de Pfizer. Il a essayé en répartissant l’effort de R &D entre plusieurs unités plus petites. Pour le moment, la stratégie n’est pas payante, mais il faudra peut-être une dizaine d’années ou davantage pour en percevoir le résultat. M.Kindler a par ailleurs déboursé 225 millions de dollars pour acquérir les droits sur un antihistaminique présenté comme un traitement contre la maladie d’Alzheimer, sur la foi de tests effectués sur un marché russe peu fiable. L’affaire a tourné au fiasco, l’une des erreurs qui ont terni sa réputation. Mais au fond, c’est probablement parce qu’il n’a pas su faire rebondir le cours de l’action Pfizer que M.Kindler se voit évincé de son fauteuil à 55ans. p Robert Cyran d’ennemis possibles et de ramener du butin pour passer au niveau supérieur. Avec « cataclysm », cet univers a été en partie bouleversé par une énorme catastrophe géologique. Et les joueurs peuvent choisir deux nouvelles « races » : les gobelins et les worgens (des loupsgarous). « Nous y avons travaillé deux années durant avec jusqu’à 200 développeurs » précise Carlos Guerrero, le producteur du jeu. WoW est une des perles du groupe Vivendi (propriétaire d’environ 60 % de l’entité Activision Blizzard). C’est l’une des quatre principales licences de Activision Blizzard (avec Guitar Hero, Call of Duty et StarCraft), sa division jeux vidéo, qui a engrangé 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2009 pour un résultat opérationnel ajusté de 620millions d’euros. Son économie est très efficace : WoW fonctionne par abonnement – entre 11 et 13 euros par mois. Les frais de structure sont conséquents, puisque des centaines de serveurs informatiques doivent être disposés au plus près des Pays Dernier cours Cours préc. ACCOR .........................◗ 33,66 AIR LIQUIDE .......................◗ 93,55 ALCATEL-LUCENT ...........◗ 2,23 ALSTOM ............................◗ 34,54 ARCELORMITTAL................ 27,08 AXA ....................................◗ 11,94 BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 49,20 BOUYGUES .......................◗ 31,47 CAP GEMINI ......................◗ 33,85 CARREFOUR .....................◗ 32,32 CREDIT AGRICOLE ............◗ 9,94 DANONE ............................◗ 46,76 18,44 EADS ...................................◗ EDF ......................................◗ 31,42 ESSILOR INTL ....................◗ 49,23 FRANCE TELECOM ............◗ 15,73 GDF SUEZ ...........................◗ 26,64 LAFARGE ...........................◗ 46,10 L’OREAL ............................◗ 85,20 LVMH MOET HEN. ............◗ 123,50 MICHELIN...........................◗ 54,86 NATIXIS ..............................◗ 3,66 PERNOD RICARD...............◗ 66,75 PEUGEOT............................◗ 31,80 PPR .....................................◗ 126,25 PUBLICIS GROUPE ...........◗ 36,17 RENAULT............................◗ 45,45 38,12 SAINT-GOBAIN..................◗ SANOFI-AVENTIS .............◗ 48,53 SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 118,20 SOCIETE GENERALE .........◗ 38,89 STMICROELECTR. .............◗ 7,58 SUEZ ENV. ..........................◗ 13,98 TECHNIP.............................◗ 66,92 TOTAL .................................◗ 39,00 UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 144,90 VALLOUREC .......................◗ 75,76 VEOLIA ENVIRON. .............◗ 21,13 VINCI...................................◗ 39,24 VIVENDI ..............................◗ 19,93 33,76 93,73 2,25 34,09 27,02 11,90 49,28 31,57 34,00 32,70 10,04 47,12 17,93 31,75 48,82 15,84 26,82 45,97 85,87 124,10 54,39 3,68 67,32 31,70 127,45 36,33 45,60 38,44 48,55 118,15 38,90 7,61 14,04 67,32 39,01 145,65 76,19 21,12 39,48 19,91 % var. /préc. % var. 31/12 Plus haut Plus bas -0,31 28,64 -0,19 20,37 -0,93 -6,38 1,33 -29,60 0,24 -15,85 0,29 -27,81 -0,17 -11,99 -0,32 -13,60 -0,44 5,88 -1,16 -3,69 -1,03 -19,60 -0,76 9,18 2,87 30,92 -1,05 -24,40 0,84 17,92 -0,63 -9,72 -0,67 -12,02 0,29 -20,26 -0,78 9,23 -0,48 57,57 0,86 5,99 -0,33 3,30 -0,85 11,42 0,35 34,40 -0,94 49,87 -0,41 26,93 -0,33 25,55 -0,82 0,13 -0,04 -11,86 0,04 44,53 -0,03 -20,55 -0,28 18,04 -0,36 -13,27 -0,59 35,47 -0,03 -13,34 -0,51 -5,73 -0,56 19,26 0,02 -8,63 -0,61 -0,58 0,08 -4,16 34,02 96,93 2,70 55,14 35,45 17,60 60,38 40,56 40,30 41,28 13,78 47,95 19,70 42,84 51,17 17,92 30,77 63,00 88,00 125,95 64,49 4,90 68,64 32,15 128,30 37,61 45,97 40,28 58,90 119,65 53,12 8,08 17,86 68,75 46,73 167,00 81,61 26,49 44,98 21,47 22,25 70,59 1,83 30,77 21,33 10,88 40,81 30,40 30,20 31,32 7,87 39,34 13,29 30,14 40,84 14,01 22,64 35,57 70,90 74,19 48,12 3,06 54,89 17,92 81,00 27,66 26,56 27,81 44,01 72,00 29,70 5,16 12,46 45,14 35,66 119,85 60,35 17,96 33,01 16,18 Divid. net 1,05 2,25 0,16 1,24 0,16 0,55 1,50 1,60 0,80 1,08 0,45 1,20 0,17 0,60 0,70 0,60 0,83 2,00 1,50 0,70 1,00 0,45 0,73 1,50 3,30 0,60 3,80 1,00 2,40 2,05 0,25 0,06 0,65 1,35 1,14 20,00 3,50 1,21 1,10 1,40 T T T T S T T T T T T T T S T A A T T A T T S T T T T T T T T A S T A D T T S T Code ISIN FR0000120404 FR0000120073 FR0000130007 FR0010220475 LU0323134006 FR0000120628 FR0000131104 FR0000120503 FR0000125338 FR0000120172 FR0000045072 FR0000120644 NL0000235190 FR0010242511 FR0000121667 FR0000133308 FR0010208488 FR0000120537 FR0000120321 FR0000121014 FR0000121261 FR0000120685 FR0000120693 FR0000121501 FR0000121485 FR0000130577 FR0000131906 FR0000125007 FR0000120578 FR0000121972 FR0000130809 NL0000226223 FR0010613471 FR0000131708 FR0000120271 FR0000124711 FR0000120354 FR0000124141 FR0000125486 FR0000127771 Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Indice % var. Maxi 2010 Mini 2010 PER CAC 40 3802,58 8/12 -0,21 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,70 DAX Index 6981,54 8/12 -0,29 7042,67 7/12 5433,02 5/2 12,40 FRANCE ALLEMAGNE Dernier cours ROYAUME UNI FTSE 100 index 5797,42 8/12 -0,19 5902,11 9/11 4790,04 1/7 12,20 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11359,16 7/12 -0,03 11451,53 5/11 9614,32 2/7 12,50 Nasdaq composite 2598,49 7/12 0,14 2623,60 7/12 2061,14 1/7 19,00 Nikkei 225 10232,33 8/12 0,90 11408,17 5/4 8796,45 1/9 16,50 JAPON PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. (Publicité) SICAV ET FCP SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 8/12 à 9h Valeur Multi-promoteurs CM-CIC EUROPE Cours en euro date valeur ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 38,76 ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 16,44 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2888,11 ECUREUIL OBLI CAPI C 61,08 ECUREUIL PROFIL 90 D 33,74 ECUREUIL PROFIL 75 D 37,97 ECUREUIL EURIBOR 1262,20 ECUREUIL EXPANSION C 18494,38 ECUREUIL INVESTISSEMENT D 43,74 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2386,15 ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2609,81 ECUREUIL TRESORERIE C 66,98 ECUREUIL OBLI EURO D 263,46 ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117529,63 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 7/12 6/12 7/12 6/12 7/12 6/12 7/12 Fonds communs de placements 24,02 6/12 19,54 7,69 21,26 170,97 33,80 32,02 72,67 27,89 135,35 33,07 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 6/12 7/12 6/12 Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C CM-CIC SELECT.PEA CM-CIC MID EUROPE CM-CIC TEMPERE C CM-CIC DYN.EUROPE CM-CIC FRANCE C CM-CIC EQUILIBRE C CM-CIC DYN.INTERN. CM-CIC OBLI C.T.D CM-CIC MID FRANCE Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. 27,89 6/12 CM-CIC OBLI C.T.D 135,35 7/12 CM-CIC OBLIGATIOND 26,21 7/12 CM-CIC MID FRANCE 33,07 6/12 CM-CIC PLANBOURSEC 18,81 6/12 CM-CIC TEMPERE C 170,97 6/12 CM-CIC EURO ACTS C 19,54 6/12 CM-CIC FRANCE C 32,02 6/12 ....................................................................................... Immobilier • .fr Reproduction interdite * (+ , -.%/ . 0.%/ &1 &##0 &1 &##" * (+ ). ( 3 )) , 4 (" (1 ). & ( # ### 5. 61 $1. 3 ( 3 & 7 6 ### 5. 01 " $ % & ' * )) (+ 3 ( 3 " 8 # . (+ 5 (( 3 6$# 9 -$# $.: ) (. 3; 3 ( <= 7 :0# >5? &.& ) ( 4 3 3 ( <* @ 7 : &&# >5?" (+ 5 4 . " " # $$ %& &$ ## '''"("") '''"" '''"(" *MARAIS* dans superbe Hôtel du XVIIème Duplex d’exception 215m2. Volumes. Authenticité. Tel : 01.45.44.44.45 GRENELLE/ RUE DRAGON *BEAU 5P. 140M2* Pierre/T. ét. élevé asc. *ALMA - 6P.* Immeuble 1930. Beau 230m2. Volumes. Belle vue. Soleil. PARIS 5E *ST PLACIDE* Pierre/T. 52m2, 3° asc. Soleil. 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Plus pratique, plus rapide, abonnez-vous via Internet sur www.lemonde.fr/journal 18 Décryptages WikiLeaks 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Les «mémos» du département d’Etat révélés par «Le Monde» reflètent les doutes américains sur les ouvertures du président français à la Syrie Le pari syrien de Nicolas Sarkozy L a politique d’ouverture de Nicolas Sarkozy au régime du président syrien Bachar Al-Assad aura suscité beaucoup de scepticisme côté américain. Washington aurait préféré une approche moins précipitée et plus clairement soumise à conditions, considérant que Damasdemeureunesourcemajeure de problèmes (transferts d’armes au Hezbollah libanais, soutien au Hamas, ingérences en Irak). Dans les télégrammes américains obtenus par WikiLeaks et consultés par Le Monde, l’approche du président français est décrite comme « un gros pari » comportant des « risques ». Certains câbles expriment une « consternation » face à l’attitude de l’Elysée, et notent des différences avec le Quai d’Orsay, perçu comme plus strict à l’égard de Damas. « La présidence française a appris sa leçon depuis ses tentatives ratées l’an dernier de travailler avec la Syrie », écrit ainsi un diplomate américain à Paris, en mai 2008. Un autre télégramme semble ironiser, en juin 2008, sur le fait que « les émissaires de l’Elysée considèrent leur visite à Damas comme un succès ». Les Américains avaient bien relevé qu’au début de sa présidence, M. Sarkozy avait envoyé un signal de continuité avec la ligne de Jacques Chirac, qui coopérait étroitement avec Washington depuis 2004 sur la Syrie, et boycottait Bachar Al-Assad depuis l’assassinat à Beyrouth de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Le 10 mai 2007, M. Chirac organisait une rencontre à l’Elysée entre Saad Hariri, le fils de l’homme politique assassiné (aujourd’hui premier ministre du Liban), et M.Sarkozy, qui «assura qu’il garderait le cap » à propos du Tribunal spécial pour le Liban, selon un télégramme américain. Le passage de relais semblait assuré. Par la suite, la diplomatie de George Bush s’interroge, en particulier à propos des déplacements à Damas de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée. Après une pause début 2008, l’Elysée renoue de plus belle avec Bachar Al-Assad pour préparer le sommet à Paris de l’Union pour la Méditerranée, projet phare de M. Sarkozy pour le monde arabe. Bachar Al-Assad est invité à la tribune d’honneur, lors du défilé du 14-Juillet. Lui qui « n’a pas été invi- M.Sarkozy salue Bachar Al-Assad lors du défilé du 14 juillet 2008 à Paris. J.-C. COUTAUSSE/FEDEPHOTO té dans une capitale occidentale depuis des années », note un câble, sort « de son isolement ». « Les Syriens se considèrent en position de force », ajoute le document. « Etre reçu à Paris représente pour HONDELATTE Al-Assad, à défaut d’autre chose, un gain en “relations publiques”. » L’Elysée ne fait qu’une petite tentative, vite abandonnée, sur les droits de l’homme. Le président Assad a rejeté de la manière la plus sèche la suggestion française qu’il libère des prisonniers politiques avant sa venue à Paris. « Les Syriens ont adroitement dévié ce message en suggérant que la France passe par le Qatar pour les demandes liées aux droits de l’homme, afin de “ne pas donner l’impression que la Syriesuccombe à des pressions occidentales” », écrit un diplomate américain. « Les Français semblent avoir avalé cet argument spécieux. » En septembre 2008, M. Sarkozy se rend à Damas. Un déplacement « prématuré » selon les Américains, car « il semble récompenser Assad pour de vagues promesses restées sans effet ». L’objectif français est d’amener la Syrie à devenir plus constructive sur le Liban, et d’essayer de la détourner de son alliance avec l’Iran. M. Sarkozy est « un pragmatique », explique Boris Boillon, un conseillerde l’Elysée, à un diplomate américain. « Si les Syriens se comportent mal, tant pis pour eux. » La France prétend traiter en toute fermeté avec la Syrie, qui « n’est pas un partenaire commercial important ». « Le plan français sur la Syrie », poursuit Boris Boillon, prévoit comme date butoir la fin de l’année 2008, pour l’envoi d’un ambassadeur syrien à Beyrouth. Il ajoute que « Sarkozy a réussi à peser sur l’approche d’Assad sur la question iranienne du nucléaire ». « Nous sommes quelque peu sceptiques sur ce moment d’épiphanie », observe un télégramme américain. « Les ambitions françaises au Moyen-Orient sont frustrées » L’ambassade américaine à Paris Début 2009, les tergiversations syriennes n’ont pas cessé. Un ambassadeur est nommé, mais pas encore envoyé à Beyrouth. En mars, un diplomate américain à Paris rend compte d’une conversation avec le diplomate français Jean-Claude Cousseran, salué com- me « l’arabisant le plus distingué de sa génération ». En « changeant de ton à l’égard des Occidentaux », la Syrie a opéré un « changement tactique, plutôt que stratégique », analyse M. Cousseran. « Ecarter la Syrie de l’Iran est une bonne idée, mais cela ne marchera jamais. » M. Cousseran « note que les Syriens sont maîtres dans l’art d’éviter de réelles concessions. Ils savent envelopper leurs interlocuteurs dans une atmosphère merveilleuse et des conversations réjouissantes, avant de les renvoyer les mains vides», poursuit le câble. Le président syrien joue la montre. Devant l’élu américain John Kerry, le 21 février 2009, il déclare qu’il ne cédera à aucune « pression pour envoyer rapidement un ambassadeur syrien à Beyrouth ». C’est une « question de souveraineté », dit-il, ajoutant que « les Français [lui] ont imposé contre sa volonté » la date butoir de décembre2008. L’ambassadeur présentera finalement ses lettres de créances le 21 mars 2009. « Bien que Sarkozy soit contrarié » par ce retard, note un câble américain, « lui et ses conseillers ont choisi de minimiser, et demeurent convaincus que le dialogue avec la Syrie a apporté des dividendes ». Finnovembre 2009, la diplomatie de Barack Obama se penche sur lesrésultats d’un nouveau déplacement à Paris du président Al-Assad. La France espère un rôle de médiation entre la Syrie et Israël. « On ne voit pas clairement, écrit un diplomate américain à Damas, comment Paris analyse la façondont, selonbeaucoup d’observateurs ici, Bachar Al-Assad instrumentalise les ambitions de Sarkozy. » Plus tard, l’ambassade américaine à Paris commente que « les ambitions françaises au MoyenOrient » sont « frustrées ». « Les officiels français sont convaincus que la main tendue de Sarkozy à la Syrie a fait du président Al-Assad un partenaire plus productif pour la résolution des problèmes dans la région – bien qu’ils aient du mal à fournir des exemples concrets de ce changement. » p Natalie Nougayrède Les ombres d’une campagne saoudienne P endant près de cinquante jours, du 5 novembre au 22 décembre 2009, l’Arabie saoudite est engagée dans une courte guerre avec la rébellion yéménite houthiste (du nom de son initiateur, Abdel Malek Al-Houthi) retranchée dans le nord du pays et qui s’était déployée au-delà de la frontière entre les deux pays. Pour un royaume habitué au « soft power » et qui a longtemps soustraité sa sécurité aux Etats-Unis, ce qui ressemble au départ à une escarmouche se transforme très vite en épreuve. Elle est suivie de très près par les Américains, appelés à la rescousse pour ravitailler l’armée saoudienne. « Il s’agit de l’engagement le plus significatif depuis qu’Abdel Aziz a combattu pour établir le royaume saoudien », il y a plus d’un siècle, écrit en décembre l’ambassade américaine à Riyad, selon un télégramme obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde. Mais le bilan dressé par les Américains des bombardements saoudiens jugés « disproportion- nés », aussi massifs qu’imprécis dans un théâtre d’opération montagneux, est particulièrement sévère, même si au final les Saoudiens assurent avoir repoussé les rebelles. Au point que lors d’une rencontre avec le vice-ministre saoudien de la défense qui a dirigé les opérations, le prince Khaled Ben Sultan, quelques semaines plus tard, l’ambassadeur américain s’inquiète du bon usage fait par l’aviation saoudienne des images prises par satellite transmises par les Etats-Unis. Cinq véhicules et huit pneus L’ambassadeur présente au prince la photo d’un bâtiment bombardé qui, selon les EtatsUnis, est un hôpital. « Cela me dit quelque chose », remarque le prince, avant d’ajouter : « Si nous avions eu des [drones] Predator, peut-être que nous n’aurions pas eu ce genre de problème. » Et le prince de mettre en cause la qualité des informations données par les Yéménites. Selon cette note, datée du 7février, les Saoudiens auraient ainsi reçu les coor- données d’un site correspondant au quartier général du commandant de la région nord du Yémen, le général Ali Mohsen Al-Ahmar, «qui est considéré comme un opposant politique au président [Ali Abdallah] Saleh », précise la note. Des critiques, les Saoudiens en ont également à faire valoir aux Etats-Unis. Sur la qualité des armes fournies tout d’abord, notamment les bombes GBU-10 à guidage laser, dont des dizaines n’auraient pas explosé. Les Saoudiens reprochent également les procédures américaines qui ont, selon eux, freiné le ravitaillement en munitions aux moments les plus critiques. C’est « comme lorsqu’une maison brûle et que les voisins disent qu’ils vont intervenir mais qu’ils ne le font pas », se plaint un général saoudien. Le même responsable compare alors les Etats-Unis à un vendeur de voitures qui céderait « cinq véhicules mais avec seulement huit pneus». Une guerre brève, donc, mais avec quelques dégâts collatéraux. p Gilles Paris WikiLeaks Décryptages 19 0123 Jeudi 9 décembre 2010 La mafia russe en Europe, une «pieuvre» qui bénéficie de protections à Moscou Des magistrats espagnols dénoncent les contacts «dangereusement étroits» entre le crime organisé et les cercles de pouvoir en Russie L a Russie exporte du gaz, du pétrole et des criminels. Plusieurs télégrammes diplomatiques américains, obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde, mettent au jour la pénétration de la mafia russe en Europe. Ils posent aussi la question des liens entre ce milieu et le pouvoir politique à Moscou. L’Espagne, terre d’accueil. Au début des années 1990, la côte catalane était un lieu de villégiature pour les criminels russes endurcis. Puis ils se sont aperçus que l’Espagne, avec sa législation tolérante, pouvait servir debasepour conduire leurs opérations transnationales. Quand les magistrats et la police ont décidé de se mobiliser contre cette criminalité, celle-ci était déjà enracinée. Pourtant,finaoût2009,l’ambassade souligne l’activité des autorités. « Le gouvernement espagnol a conduit deux opérations majeures – appelées Troïka (2008-2009) et Avispa (2005-2007) – contre les réseaux “russes” en Espagne, qui ont conduit à l’arrestation de plus de soixante suspects, dont quatre deshuit ou dix chefs de la mafia russe en dehors de la Russie. » Le 13 janvier 2010, lors de la réunion à Madrid du groupe de travail américano-espagnol sur le crime organisé d’Eurasie, la franchise du procureurJosé«Pepe»Grinda Gonzales stupéfait son auditoire. C’est lui qui a conduit l’opération Avispa, démembrant un réseau dirigé par Zakhar Kalachov, un Russe d’origine géorgienne. Ce jour de janvier, le procureur dessine un panorama sombre. Il « considère la Biélorussie, la Tchétchénie et la Russie comme des quasi “Etatsmafieux”»etditque«l’Ukraineendeviendra un»,relatel’ambassade américaine, le 8 février 2010. « Pour chacun de ces Etats, avance-t-il, on ne peut faire la différence entre les activités du gouvernement etceuxdesgroupes de la criminalité organisée.» Selon lui, Guennadi Petrov, cible principale de l’opération Troïka – remis en liberté au printemps à la surprise générale –, avait développé « un niveau de contact “dangereusement étroit” avec de hauts responsables russes », estime l’ambassade. En octobre 2008, la police avait perquisitionné la villa, à Majorque, de Vladislav Reznik, président du comité des marchés financiers à la Douma (Chambre basse du Parlement russe). Couvert par l’immunité, ce membre de Russie unie, le parti du pouvoir, était suspecté de liens avec le célèbre groupe criminel de Tombov. La tâche des autorités espagnoles demeure gigantesque. C’est ce qu’explique Fernando Bermejo, procureur de Barcelone chargé de la lutte contre la mafiaet leblanchiment, à un diplomate américain, le 29septembre 2009. Ce jour-là, il lui En Thaïlande, des îles prisées par les criminels Les criminels russes apprécient les plages thaïlandaises. Dans un télégramme daté du 4 décembre 2009, l’ambassade américaine à Bangkok souligne leurs nombreuses activités, alors que le nombre de touristes russes ne cesse de croître dans la région. Plusieurs agences américaines de renseignement et de police affirment que « les réseaux criminels composés essentiellement de Russes qui œuvrent à Pattaya et Phuket sont responsables de nombreux crimes » : extorsion, blanchiment d’argent, trafics de drogue, fraudes immobilières, fraudes financières, trafic d’êtres humains, importation illégale de voitures, etc. D’habitude discrets, ces groupes se sont signalés au gré de plusieurs faits divers spectaculaires qui ont fait la « une » de la presse locale, comme l’assassinat en février 2007 de deux femmes russes sur une plage à 10 kilomètres au sud de Pattaya. confiait que « le blanchiment d’argent à grande échelle avait lieu en Catalogne et que “beaucoup, beaucoup”de membres de la mafia russe étaient actifs dans la région », rapporte l’ambassade à Madrid, le 15 octobre. Les autorités doivent aussi faire face aux menaces et aux tentations. Plusieurs cibles de l’opération Avispa « ont comploté pour influencer les autorités judiciaires et policières espagnoles impliquées dans le dossier par un échange de cadeaux et de faveurs », souligne l’ambassade à Madrid, fin août2008. TarielOnani, undessuspects, a dû s’enfuir en Russie, non sans avoir annoncé un contrat sur la tête des responsables de l’enquête,«afindeprouveraumondecriminel russe qu’il n’était pas une taupe travaillant pour le gouvernement espagnol.» Il y aurait deux raisons de s’inquiéter, selon M. Grinda, au sujet delamafia russe.D’abord,elleexerce un « contrôle énorme » sur des secteurs stratégiques comme l’aluminium. La seconde raison est une «question non résolue » : quelle est «l’étendue de l’implication du premier ministre, Vladimir Poutine, dans la mafia russe et dans quelle mesure contrôle-t-il les actions de la mafia». Les diplomates américains, eux, n’établissent pas une équivalence entre le sommet du pouvoir russe et la mafia. Mais l’hypothèse d’un enrichissement personnel de M.Poutine, à travers la société suisseGunvor,revientàplusieursreprises dans leurs écrits. Cette société, dirigée par Guennadi Timchenko, nie tout lien avec le premier ministre. Les Américains n’en savent pas plus, en raison de l’opacité des réseaux d’exportation du pétrole, qui ont fait la fortune de Gunvor. Le procureur espagnol s’avance plus loin. Il reprend à son compte une«thèse»d’AlexandreLitvinienko, ancien agent russe mort à la suite d’un empoisonnement à Londres,fin 2006,quelquesmois après avoir renseigné les enquêteurs Guennadi Petrov, cible principale de l’opération « Troïka » en Espagne, est escorté vers le tribunal de Palma de Majorque, le 14 juin 2008. Il a été remis en liberté au printemps 2010. AFP espagnolssur certains criminels :le FSB (services secrets russes, ex-KGB) « absorbe la mafia russe », explique le magistrat ; il lui déléguerait certaines tâches, éliminant ceux qui refusent d’obéir. Kalachov, par exemple, le pivot du réseau Avispa, a « travaillé pour le renseignement militaire russe en Un procureur de Barcelone confie que «le blanchiment d’argent avait lieu en Catalogne et que beaucoup de membres de la mafia russe étaient actifs» L’ambassade américaine à Madrid, le 15 octobre 2009 vendant des armes aux Kurdes pour déstabiliser la Turquie », explique le magistrat. Enfin, «Grinda a dit que selon les informations venant des services de renseignement, de témoins et d’écoutes téléphoniques, certains partis politiques en Russie agissent “main dans la main” avec le crime organisé. Par exemple, poursuit l’ambassade, il a affirmé que le Parti libéral-démocrate [LDPR, dirigé par Vladimir Jirinovski] a été créé par le KGB et que son successeur, le SVR [service extérieur], abrite de nombreux criminels sérieux». Le secrétaire d’Etat américain à la défense, Robert Gates, semble Quand les diplomates américains pointent le régime «sclérosé» de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie d’un avis proche. Le 8 février, au cours d’une rencontre avec son homologue français de l’époque, Hervé Morin, il a déclaré, selon les propos rapportés par l’ambassade à Paris : « La démocratie russe a disparu et le gouvernement russe est une oligarchie dirigée par les services de sécurité. » Les diplomates américains s’interrogent sur les changements de prioritédesservices russes,enfonction des « vents politiques » (câble du 23 avril 2009). L’ambassade à Moscou cite l’exemple de Semion Moguilevitch, « figure du crime organisée », impliqué dans le circuit opaque de vente de gaz à l’Ukraine, arrêté en janvier 2008 après avoir bénéficié de « la liberté de mouvement en Russie et d’une protection officielle ». L’influence russe dans l’économie bulgare. La Bulgarie estentrée dans l’Union européenne le 1er janvier 2007. Pourtant, elle demeure rongéepar la criminalité organisée. L’ambassade américaine à Sofia y consacrait déjà un long télégrammele7juillet2005.«LaRussiecontinue d’exercer une influence signifiantesurl’économiebulgareautravers des importations d’énergie, y compris le pétrole brut, le gaz naturel et le combustible nucléaire », y était-il écrit. L’ambassade américaine évoquait les activités en Bulgarie d’une grande compagnie pétrolière russe,qui aurait euà l’époque « de forts liens avec les services russes de renseignement et le crime organisé. » L’ambassade cite aussi l’exemple de Mikhaïl Tchorny. Homme d’affaires russo-israélien, il est aujourd’hui visé par un mandat d’arrêt d’Interpol pour blanchiment d’argent, dans le cadre d’une enquête espagnole. Lui nie en justice toute assimilation au monde criminel. Interdit de séjour en Bulgarie en 2000, il y aurait gardé la main sur de nombreuses sociétés (un club de football, le Levski, l’hôtel Bankya Palace ou bien le journal Standard) en transférant leurs titres, selon l’ambassade, à un homme de confiance, Todor Batkov. Plus de quatre ans ont passé, le 11 septembre 2009, lorsque l’ambassade consacre un nouveau télégramme à la criminalité bulgare. Dans un volet intitulé « Russian Connection», on trouve davantage de détails sur le représentant de Mikhaïl Tchorny en Bulgarie, l’avocat et entrepreneur Todor Batkov. L’ambassade souligne ses «liens politiques solides », rappelant qu’il a été décoré en 2008 de la plus haute distinction gouvernementale par le président Georgi Parvanov, pour avoir promu la culture nationale. Batkov est aussi connu pour ses dons à des œuvres caritatives. p Piotr Smolar Le rendez-vous emploi et formation des étudiants et des jeunes diplômés L’ambassade détaille les transactions de la «quasi-mafia» qui entoure le chef de l’Etat tunisien L a Tunisie n’a pas grand-chose à se reprocher en matière de droits de l’homme. Il y a bien eu « quelques problèmes », mais le gouvernement y remédie, puisque « des dizaines » d’officiers de police ont été jugés pour « corruption ou autres délits ». Malheureusement, « certaines ambassades », à Tunis, et « des organisations de défense des droits de l’homme » ont pris prétexte de la lutte antiterroriste menée par le gouvernement pour multiplier les critiques. Ça n’est pas une « attitude amicale »… Le télégramme américain qui résume la rencontre, au printemps 2008 à Tunis, entre le président Zine El-Abidine Ben Ali et le sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires du ProcheOrient et de l’Afrique du Nord, David Welch, ne dit rien de la réponse du diplomate. Mais d’autres mémos, obtenus parWikiLeaksetrévélésparLeMonde, permettent de se faire une idée précise du régime tunisien vu par les diplomates américains. Dans un câble daté de juin 2008, sous le titre « Ce qui est à vous est à moi », l’ambassade décrit la corruption organisée par l’entourage familial duchefdel’Etat,« laFamille »– qualifié de «quasi -mafia ». Plus d’une dizaine d’exemples sont cités. Ici, c’est l’épouse du président qui se voit accorder gratuitement par l’Etat un terrain, qui sera viabilisé tout aussi gratuitement, pour construire un établissement scolaire privé, revendu depuis. Là c’est un gendre qui récupère « un immense manoir tape-à-l’œil » «Le gouvernement n’accepte ni critique ni conseil (…). Il ne cherche qu’à imposer un contrôle plus strict» construit sur un terrain exproprié par l’Etat, officiellement pour les besoins de l’Agence de l’eau. Plus loin c’est un autre gendre qui acquiert 17 % de la Banque du Sud à la veille de sa privatisation, et qui revendra ses actions « avec un confortable bénéfice » à un consortium bancaire hispano-marocain, lui assurant ainsi le contrôle majoritaire qu’elle souhaitait… A l’été 2009, un autre mémo élargit le champ de vision et, non sans avoir salué la robuste croissance économique (5 % en moyenne depuis dix ans) et le statut avancé de la femme, recense les « gros problèmes » du pays. « Le président Ben Ali prend de l’âge, son régime est sclérosé, et il n’y a pas de successeur avéré, peut-on lire. Beaucoup de Tunisiens sont frustrés par le manque de liberté politique et en colère contre la corruption de la famille de la première dame, le taux de chômage élevé et les disparités régionales. L’extrémisme reste une menace. Confronté à ces problèmes, le gouvernement n’accepte ni critique ni conseil, qu’il vienne de l’intérieur ou de l’extérieur. A l’inverse, il ne cherche qu’à imposer un contrôle plus strict, souvent en s’appuyant sur la police. Résultat : la Tunisie est à la peine et notre relation [avec elle] également. » Pour les diplomates, travailler en Tunisie est devenu très difficile. Les contrôles, « mis en place par le ministre des affaires étrangères », les contraignent à avoir une permission écrite avant tout contact avec un officiel. Une demande de réunion doit être accompagnée d’une note diplomatique. « Beaucoup restent sans réponse », précise un mémo. Maintenir des contacts avec les militants de la société civile est une gageure. Et l es Tunisiens invités à des réceptions par l’ambassade font l’objet d’intimidations par despoliciers en civil postés à proximité. Quelle devrait être la politique de l’administration Obama en Tunisie ? Poursuivre les contacts avec l’opposition et la société civile. Continuer à critiquer « l’absence de démocratie et le peu de respect pour les droits de l’homme », le faire « de façon très claire, le plus souvent possible, et à très haut niveau », mais, à rebours de l’administration Bush, en privilégiant la discrétion. LesEtats-Unis,ajouteletélégramme, devraient aussi demander aux pays européens d’intensifier leurs effortspour«persuaderlegouvernement tunisien d’accélérer les réformes politiques ». L’Allemagne et la Grande-Bretagnesontacquisàcette idée, mais «des pays-clés comme la Franceet l’Italie hésitent à faire pression» sur la Tunisie. p Jean-Pierre Tuquoi Vous souhaitez recevoir gratuitement (Edition novembre 2010) Faites votre demande par mail à l’adresse suivante : [email protected] en précisant vos nom, prénom et adresse postale complète ou bien téléchargez Le Monde Campus à l'adresse suivante : http://lemonde-emploi.blog.lemonde.fr WikiLeaks Décryptages 21 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Washington cherche à poursuivre WikiLeaks en justice Les Etats-Unis n’ont pas lancé de mandat d’arrêt contre Julian Assange. L’utilisation de la loi contre l’espionnage de 1917 divise les juristes Les experts se demandent comment le département de la justice pourra poursuivre Julian Assange sans poursuivre les journaux ? Les officiels américains insistent clairement sur la différence entre les médias qui ont repris le contenu des télégrammes, et qui de manière « responsable » ont pris l’avis du département d’Etat avant publication et WikiLeaks. « Assange n’est pas un journaliste », a répété le ministre de la justice, Eric Holder. Plusieurs sénateurs ont proposé de travailler à une modifica- Washington Correspondante U ne bonne nouvelle » : le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, n’a pas caché sa joie de voir le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, sous les verrous en Angleterre. Mais l’arrestation de l’Australien n’a pas résolu le casse-tête juridique posé à l’administration Obama. Comment poursuivre Julian Assange ? Et en vertu de quelle loi ? Pour la majorité de la classe politique, l’affaire n’est pas si compliquée. La loi contre l’espionnage (espionage act) de 1917 est l’instrument adéquat. Joseph Lieberman, le sénateur indépendant du Connecticut, a de nouveau réclamé des poursuites, mardi 7 décembre, indiquant ne pas comprendre pourquoi le responsable de WikiLeaks n’avait pas été inculpé dès les premières fuites en juillet. « Si nous ne passons pas à l’acte, d’autres seront tentés de copier WikiLeaks, a-t-il dit. Cela est la plus grosse violation de la loi sur l’espionnage de l’Histoire. » Sa collègue démocrate de Californie, Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement a, elle aussi, estimé que la loi de 1917 s’appliquait. Et Carl Levin, le président de la commission de la défense, a réclamé que l’Australien soit jugé pour complicité dans une action criminelle. Mais, pour les juristes, le dossier est moins simple qu’il n’y paraît. Rédigée en termes très généraux, la loi sur l’espionnage est largement « archaïque », estime l’avocat Floyd Abrams. « En la lisant, vous pourriez penser que tout ce que vous lisez tous les jours dans le journal viole les textes. » Floyd Abrams, 74 ans, était l’un des avocats du New York Times «Ceci est la plus grosse violation de la loi sur l’espionnage de l’Histoire» Joseph Lieberman sénateur indépendant du Connecticut Julian Assange à son arrivée au tribunal de Westminster, mardi 7 décembre, à Londres. STEFAN ROUSSEAU/AP pendant l’affaire des « papiers du Pentagone », la publication en 1971 de quelque 4 000 pages de documents historiques attestant que le Pentagone et la Maison Blanche avaient menti aux Américains pour justifier l’escalade de la guerre du Vietnam. L’avocat met en garde contre les rapprochements hâtifs. Les deux affaires ne se ressemblent pas, dit-il. Le plus récent des documents de l’époque remontait à trois ans. Avec WikiLeaks, les fuites sont quasiment en temps réel. Et les papiers du Pentagone avaient montré « les mensonges du gouvernement » américain. « WikiLeaks ne présente pas de mauvaise conduite systématique des diplomates, estime-t-il. Le gouvernement s’en sort plutôt bien. » Pour l’avocat, si le ministère de la justice n’a toujours pas prononcé de mandat d’arrêt contre Julian Assange, c’est qu’il n’a pas trouvé la faille. « La loi n’a jamais été utilisée avec succès contre quelqu’un qui avait été bénéficiaire de documents, par opposition à celui qui les fait fuiter », explique-t-il. En 2005, le ministère de la jus- tice avait, pour la première fois, poursuivi les bénéficiaires d’une fuite d’information classée : les deux lobbyistes pro-israéliens Steven Rosen et Keith Weissman, de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC). Le dossier avait été contesté par les défenseurs du 1er Amendement, et finalement classé sans suite en 2009. Selon Floyd Abrams, la jurisprudence requiert de prouver que la personne qui a révélé des documents secrets a agi de « mauvaise foi », pour causer sciemment du tort aux intérêts améri- M.Assange détenu à Londres dans une affaire privée APRÈS AVOIR mené une vie semiclandestine dans la région de Londres pendant des semaines, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a passé sa première nuit en prison. Il s’est livré à la police britannique, mardi 7 décembre, après qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui par la Suède, où il est soupçonné d’avoir agressé sexuellement deux femmes en août. La justice suédoise souhaite l’entendre pour un cas de « viol et agression », et un cas de « coercition et agression » – mais refuse de donner plus de détails. Mardi, Julian Assange est apparu, en costume bleu et chemise blanche, devant un tribunal de Westminster. Le juge a refusé de lui accorder la liberté conditionnelle, invoquant « l’extrême gravité des accusations » et « les moyens et la capacité de s’enfuir » dont dispose l’accusé. Il restera en détention au moins jusqu’au 14 décembre. Ce jour-là, le tribunal se prononcera sur la recevabilité de la demande d’extradition, en vertu des lois britanniques et de la convention des droits de l’homme. Diverses personnalités, dont le cinéaste Ken Loach, avaient proposé de se porter garants de M. Assange et de payer sa caution. Mais dans les affaires de ce type, la justice britannique accepte rarement la liberté conditionnelle – d’autant que M. Assange, toujours rebelle, a refusé de dire au juge où il résidait en Angleterre, se contentant de donner une adresse en Australie, son pays d’origine. Il a de nouveau nié les accusations, évoqué une « machination », et annoncé qu’il se battrait jusqu’au bout pour échapper à l’extradition : devant la Haute Cour, puis la cour d’appel et, enfin, la Cour suprême. Il pourrait même porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Ces procédures successives risquent de prendre des mois. Ses avocats londoniens du cabinet FSI vont tenter d’exploiter les faiblesses du dossier : en effet, la Suède n’a pas encore inculpé officiellement M. Assange, et ne lui a pas communiqué le détail exact des charges. De son côté, l’avocat suédois de M. Assange, Björn Hur- Diversespersonnalités, dontlecinéaste KenLoach,ontproposé deseportergarantes deM.Assange etdepayersacaution tig, avait déjà fait appel de la demande d’extradition. Or, la cour d’appel suédoise avait rendu un jugement ambigu : elle avait confirmé la validité du mandat d’arrêt, mais elle avait minoré certains chefs d’inculpation. Dans ces conditions, les avocats estiment qu’une extradition est disproportionnée. Au vu de l’acharnement des procureurs, ils doutent aussi de la capacité de la Suède à garantir à leur client un procès équitable. Autre ligne de défense : M. Hurtig a fait le lien entre les accusations de viol contre M. Assange et les activités de son site WikiLeaks. Depuis qu’il publie sur son site des documents confidentiels américains, l’administration de Washington le considère comme un ennemi et cherche à l’inculper. Selon M. Hurtig, si Julian Assange est extradé vers la Suède, ce ne sera peut-être qu’une étape avant une seconde extradition, cette fois vers les Etats-Unis. Aujourd’hui, M. Hurtig n’est pas très optimiste, car dans les pays qui, comme le Royaume-Uni, ont signé un traité d’assistance judiciaire avec la Suède, la règle est de suivre les décisions des tribunaux suédois. Tandis que M. Assange comparaissait devant le tribunal à Londres, la procureure suédoise, Marrianne Ny, organisait une conférence de presse à Göteborg. Elle a d’abord réfuté toute idée de conspiration : « Rien ne nous permet de penser qu’il s’agirait d’un complot. L’enquête n’a rien à voir avec WikiLeaks, elle le concerne personnellement (…). Cette arrestation était une condition pour pouvoir progresser dans cette affaire. J’insiste sur le fait que je n’ai pas été exposée à la moindre pression, de caractère politique ou autre. » Quant à une éventuelle extradition outre-Atlantique, elle a simplement répondu : « Si j’ai lancé un mandat d’arrêt européen, ce n’est pas pour le remettre aux Etats-Unis. » Avant son arrestation, M. Assange avait toujours refusé d’évoquer son affaire suédoise devant les médias. Apparemment, il avait décidé d’ignorer le plus longtemps possible cette menace, et de consacrer tout son temps et son énergie à travailler à la publication des documents diplomatiques américains – même si ce délai ne faisait qu’aggraver sa situation personnelle. Son entourage, en revanche, parlait parfois de l’affaire. L’un de ses proches collaborateurs affirme avoir lu l’acte d’accusation ori- ginal : « Il est complètement absurde. Ce “viol minoré” imagine une situation où la femme n’a ni refusé l’acte sexuel ni donné son consentement. » Selon lui, les plaignantes expliquent que leurs relations avec M. Assange étaient consenties, et qu’il s’agit seulement d’un problème de préservatif ôté prématurément (pour la première) ou rompu (pour la seconde). M. Assange est par ailleurs aussi attaqué sur le plan financier, à la fois en Europe et aux EtatsUnis. Le service américain de paiement sur Internet Paypal, puis les compagnies de carte de crédit MasterCard et Visa ont interrompu les transferts de fonds vers les comptes de WikiLeaks. De même, la banque suisse Postfinance a fermé le compte que M. Assange avait ouvert pour recevoir les dons de ses sympathisants désireux de l’aider à payer ses frais de justice. Les 31 000 euros déposés sur le compte sont donc gelés. Motif invoqué : M. Assange a fait une fausse déclaration en indiquant qu’il résidait à Genève. En fait, il aurait simplement donné l’adresse de son avocat suisse. L’équipe technique et éditoriale de WikiLeaks, composée de militants de plusieurs pays, a annoncé qu’en l’absence de Julian Assange, le site resterait ouvert et continuerait à publier quotidiennement les documents diplomatiques américains. Sauf, bien sûr, s’il est à nouveau victime de pirates informatiques ou si ses hébergeurs le suppriment de leurs serveurs, comme ce fut le cas la semaine dernière. p Yves Eudes, Virginie Malingre (à Londres) et Olivier Truc (à Stockholm) cains. A cet égard, « nombre des déclarations de Julian Assange pourront être utilisées contre lui », relève l’avocat. Mais le fondateur de WikiLeaks a aussi pris soin d’adresser une lettre, le 26 novembre, au département d’Etat pour proposer d’étudier les cas pouvant mettre en péril la vie d’individus cités dans les télégrammes. Le conseil du département d’Etat, Harold Koh, avait répondu qu’il était hors de question que le gouvernement s’engage dans une quelconque « négociation ». tion du texte de la loi de 1917 pour pouvoir incriminer les « fuiteurs ». A ceux qui s’inquiètent des brèches qui pourraient être introduites dans le sacro-saint 1er Amendement, qui garantit la liberté d’expression, la sénatrice Dianne Feinstein a répondu qu’il « ne constitue pas un feu vert pour abandonner la protection de nos intérêts vitaux. Le 1er Amendement ne donne pas le droit de crier “au feu” dans un théâtre bondé ». Mais les défenseurs de la libre expression n’ont pas été rassurés par la menace déguisée proférée par le sénateur Lieberman. En publiant les télégrammes, a-t-il dit, « le New York Times a pour le moins commis un acte de mauvaise citoyenneté. A-t-il commis un crime ? Cela mérite une enquête approfondie du ministère de la justice ». p Corine Lesnes L’onde de choc Russie-OTAN Moscou a fait part de sa « perplexité » face aux plans secrets de l’OTAN visant à protéger les Etats baltes contre une éventuelle attaquerusse. L’agence Interfax a cité une source officielle qui affirme que ces révélations « suscitent un grand nombre de questions et la perplexité ». Le comité pour les affaires étrangères de la Douma (Parlement) a indiqué qu’il allait demander des explications officielles. L’Alliance atlantique a de son côté déclaré que « l’OTAN et la Russie ne représentent pas une menace l’une pour l’autre ». Pologne Le premier ministre polonais, Donald Tusk, a estimé, mardi, queles documents américainssoulèvent un « problème grave » pour Varsovie. « Ce n’est pas un problème d’image comme dans le cas de certains Etats, ce n’est pas un problème de réputation comme c’est le cas des Etats-Unis. C’est un problème de perte des illusions en ce qui concerne le caractère des relations entre des pays, y compris des alliés aussi proches que les Etats-Unis et la Pologne », a-t-il dit, ajoutant que les documents publiés « jettent une lumièrecrue »sur la vraie nature de ces relations. p LA DIFFERENCE C’EST LA VIGILANCE Isabelle Giordano Service Public 10h franceinter.com FRANCE INTER LA DIFFÉRENCE franceinter.com 22 Décryptages Enquête 0123 Jeudi 9 décembre 2010 L’élection d’Alpha Condé à la présidence de la République de Guinée a été validée par la Cour suprême le 3 décembre. PASCAL GUYOT/AFP Christophe Châtelot D ans l’armée guinéenne, le commandant Naby Camara est davantage connu par son surnom : « B52 », comme les bombardiers américains. Un surnom qu’il doit sans doute à la force brute que dégagent son cou de taureau et ses cuisses d’haltérophile; et aussi à la rugosité de ses analyses. Peu après le 7 novembre, date du secondtour de la première élection démocratiqueorganiséeenGuinée depuisl’indépendance, en 1958, de cette ancienne colonie française, l’officier parachutiste veut faire passer un message : « Un coup d’Etat militaire ? Maintenant, c’est impossible. A cause de La Haye ! » A le croire, le risque de se retrouver devant la Cour pénale internationale (CPI) dissuade les militaires guinéens de perpétuer leurs mauvaises habitudes. Jusqu’à accepter de transmettre à l’ancien opposant et nouveau président guinéen, Alpha Condé, un pouvoir qu’ils retenaient en otage depuis plus d’un quart de siècle. A l’heure où la Côte d’Ivoire, voisine, flirte avec le chaos après le coup de force électoral de Laurent Gbagbo au scrutin présidentiel du 28 novembre, la transition en Guinée paraît exemplaire. Le rôle passé de l’armée ne prêtait pourtant guère à l’optimisme. C’est à la faveur d’un putsch que le « général président » Lansana Conté prit le pouvoir en 1984, au lendemain de la disparition du dictateur et père de l’indépendance guinéenne, Sékou Touré. Pouvoir que seule la mort parvint à lui arracher, le 22 décembre 2008. Le capitaine Moussa Dadis Camara fut alors propulsé à la tête d’une junte militaire, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), jusqu’à ce que son aide de camp lui tire une balle dans la tête, le 3 décembre 2009. Un parachutiste, Sékouba Konaté, a assuré l’intérim jusqu’à la victoire d’Alpha Condé. Au lendemain de la mort de Lansana Conté, tous les ingrédients étaient sur la table pour un cocktail explosif : une armée «clanique », « indisciplinée » et « criminalisée », selon les termes du cercle de réflexion International Crisis Group (ICG), des relations interethniques à vif, un Etat fantôme rongé par la corruption, des partis politiques inexpérimentés et des appétits étrangers aiguisés pour les ressources minièresinexploitées.Finalement,labombe a été neutralisée grâce notamment aux pressions croisées de la justice internationale, de capitales étrangères, de l’ONU et des organisations régionales. La CPI, qui a ouvert « une analyse préliminaire » sur le massacre du 28 septembre 2009 (plus de 150 opposants tués par des militaires), a joué son rôle de démineur de la crise. Ainsi, il n’a pas échappé à « B52 » que l’ancien président du Liberia voisin, Charles Taylor, est à La Haye depuis 2007, jugé pour des crimes commis dix ans plus tôt. Cela sonne comme la fin de l’immunité totale pour les présidents et leurs hommes de main. « B52 » en mesure la portée. En mai, il a étépromu coordonnateurdelagardeprésidentielle. Ces « bérets rouges » fournirent la soldatesque qui massacra plus de 150opposants et viola des dizaines de femmesle28septembre2009.Cettetuerie provoqua une prompte réaction internationale. Le Conseil de sécurité de l’ONU – saisi par la France, qui avait entraîné l’Union européenne, les Etats-Unis et nombre de pays africains sur cette affaire – avait condamné ce drame et envoyé une équipe sur place. Ils allaient qualifier cette tuerie de « crime contre l’humanité ». A posteriori, ce fut un moment charnière dans la transition guinéenne. La société civile reprenait des forces. « Enfin, la communauté internationale s’intéressait à nous », nous disait à l’époque Mamadi Kaba, un militant des droits de l’homme. Les hommes politiques guinéens passés à tabac par les bérets rouges regagnaient de la crédibilité auprès de la population. Et le pouvoir que Moussa Dadis Camara tentait d’annexer sortait de ce drame remanié. Le 3 décembre 2009, dans la foulée d’une rencontre avec les envoyés de l’ONU, Guinée Lapercée démocratique Plus d’un mois après l’élection du «civil» Alpha Condé à la présidence, la Guinée connaît une transition politique jusque-là assez pacifique. Et presque exemplaire à l’heure où la Côte d’Ivoire voisine flirte avec le chaos depuis le scrutin présidentiel du 28novembre le chef de la junte était victime d’une tentative d’assassinat de la part de son aide de camp,« Toumba » Diakité. Ilsentaitvenir le moment où le capitaine Dadis allait lui faireporterl’entièreresponsabilitédesmassacres du 28 septembre. Grièvement blessé, Dadis Camara, dont les dérives autocratiques et les délires politiques conduisaient la Guinée vers le gouffre, sortait du jeu. Quelques mois plus tôt, l’arrivée du jeune et bouillant capitaine Dadis à la tête du CNDD avait pourtant soulevé une vague d’espoir chez les Guinéens, prompts à croire à ses promesses : rajeunissement des dirigeants, fin du narcotrafic, de la corruption et du népotisme caractéristiques des dernières années d’agonie du régime du « général-président ». Surtout, Dadis s’engageait à rendre rapidement le pouvoir aux civils. Mais la lune de miel avec la population avait tourné court au rythme chaotique des engagements non tenus et desambitions présidentiellesdu capitaine. Ambitions brutalement stoppées par la tuerie du 28 septembre et la tentative d’assassinat du 3 décembre. Cesévénements propulsèrentlegénéral SékoubaKonatéàla têtedel’Etat, débutjanvier. Il accepta la charge un peu contre son gré, poussé notamment par les Etats-Unis, la France, le Maroc et le Burkina Faso. Dadis Camara avait été préalablement neutralisé pendant plusieurs semaines dans un hôpital marocain, puis envoyé en convalescence forcée à Ouagadougou, la capitale burkinabé, où le président Blaise Compaoré « veille » toujours sur lui. Aux yeux des AméricainsetdesFrançais,le généralKonatéétait le seulcapable de tenir l’armée. « On sait qu’il boit et qu’il aime l’argent, mais on n’a personne d’autre sous la main», jugeait alors sévèrement un diplomate occidental. Malgré les sanctions internationales contre la Guinée, le général fut traité comme un président à Paris, Beyrouth ou Washington. Avec d’autant plus d’attentions que ce parachutiste taiseux, mal à l’aise dansles arcanes politiques, « a menacé à plusieurs reprises de claquer la porte, il a fallu le retenir », explique un autre diplomate. En septembre, les Etats-Unis lui ont accordé un visa « en reconnaissance de ses efforts pour instaurer la démocratie ». Et Washington a dû le dissuader de l’utiliser immédiatement, alors que le pays était au bord de l’explosion avant le second tour de la présidentielle du 7 novembre. Avant la publication des résultats, dix jours plus tard, il fallut de nouveau lui déconseiller de s’envoler pour le Maroc où, affirme un homme d’affaires libanais de Conakry, « il a hâte d’aller profiter des millions de dollars qu’il a accumulés depuis qu’il est président par intérim ». Bon gré, mal gré, Sékouba Konaté aura tenu ses engagements : maîtriser les militaires et transmettre le pouvoir aux civils. « B52 » l’atteste : « Il a réorganisé l’armée. » Doté d’une réelle autorité sur ses pairs, « El Tigré » a fermé les camps d’entraînement des milices de Dadis en Guinée forestière. Il a écarté les officiers qui nourrissaient l’espoir d’un retour du capitaine au pays « Un coup d’Etat militaire ? Maintenant, c’est impossible. A cause de La Haye ! » Commandant Naby Camara et resserré les rangs autour du « groupe de Meknès », ces officiers formés comme lui à l’Académie royale du Maroc. Il a tenu ses troupes à coups de promotion, de rééquipement et de formation de certaines unités grâce aux programmes de coopération militaires (français et américains notamment) et d’investissements massifs dans les casernes. Autant de largesses financières que le futur pouvoir civil pourra difficilement supporter sans aide extérieure, étant donné l’état de faillite virtuelle du pays. Sékouba Konaté a d’ailleurs expliqué aux soldats et officiers tout le bénéfice qu’il y a à tirer d’une Guinée démocratique. «Il a laissé entendre que les dollars des aides bilatérales allaient couler à flots pour réformer une armée perçue à l’étranger comme une source de déstabilisation », rapporte un diplomate occidental. A écouter « B52 » dans sa villa du quartier de Sangoyah, à Conakry, les temps ont changé. Le 8 novembre, au lendemain du second tour, les analystes de la CPI étaient de retour dans la capitale. A ce moment-là, on redoutait encore que le résultat du scrutin ne dégénère en violences interethniques entre, d’un côté, les partisans peuls de Cellou Dalein Diallo et, de l’autre, les Malinkés et les Soussous soutenant Alpha Condé. L ’objectif officiel de la mission de la CPI était de faire le point sur l’enquête guinéenne sur le 28 septembre. Officieusement, « nous sommes une arme de dissuasion massive pour prévenir les violences post-électorales », dit l’un des analystes. Les militaires tentés de réprimer aveuglément, les responsables politiques ou chefaillons de quartiers appelant aux pogroms ont, semble-t-il, perçu la menace. La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a certes condamné «l’utilisation excessive de l’usage de la force » par les militaires contre les partisans de Cellou Dalein Diallo, mécontents de leur défaite. Human Rights Watch note également que « les chiffres [des blessés et des personnes arrêtées] évoquent une réponse à motivation ethnique [contre les Peuls] ». Mais pour inacceptable qu’il soit,le bilan(aumoinsseptmorts,des dizaines de blessés par balles, une centaine d’arrestations)doitêtre misen regardde précédents bains de sang en 2006 et 2007, ou le 28 septembre, où les morts se comptaient par dizaines, voire centaines. Le perdant de la présidentielle, Cellou Dalein Diallo, a aussi fait preuve de responsabilité en admettant sa défaite. Ce qui fait dire au journal burkinabé Le Pays que M. Diallo « refuse de rejoindre le lot de ces politiciens sans scrupule, prêts à mettre leur pays à feu et à sang pour accéder au trône ou le conserver. Il [Diallo] nous offre l’occasiond’affirmerqu’entreluietLaurentGbagbo de la Côte d’Ivoire, qui s’est fait investir après un hold-up électoral des plus indéniables, c’est le jour et la nuit ».p Analyses Décryptages 23 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Le «mélenchonisme» et le bon usage du populisme J e suis le bruit et la fureur. » Reprenant William Faulkner, Jean-Luc Mélenchon ne cache pas qu’il veut déranger. Depuis deux mois, le président du Parti de gauche (PG) attaque au lance-flammes le Parti socialiste, développe un discours radicalement antisystème et multiplie les piques contre les médias. Ses anciens camarades le taxent de populisme, l’assimilent même à l’extrême droite. Et pourtant ce nouveau ton, faisant vibrer les souvenirs de lafierté de laclasse ouvrière et de ses luttes, attaquant l’« oligarchie » et ses « laquais », porté dans cette posture de tribun façon IIIe République, ça marche. Le « mélenchonisme » a trouvé son public. Porté par son envie présidentielle, le député européen est parti en campagne. Un jour contre les « patrons hors de prix », le suivant à l’assaut de la « caste médiatico-politique », fulminant encore contre les socialistes « politiquement stériles »… c’est un vrai festival. On l’a vu partout sur les plateaux de télévision, entendu à presquetout cequelePAF(paysageaudiovisuelfrançais) compte d’émissions importantes et aperçu dans tous les défilés contre la réforme des retraites. Il frappe, il cogne et tape souvent juste. Tout en répétant : « Populiste ? J’assume. » « Mélenchon» est presque devenu une marque. Ce profil dérangeant commence à payer. DanslederniersondageTNS-SofrespourLeNouvel Observateur du 25 novembre, il obtient entre 6 % et 7 %, selon le candidat socialiste en lice. Pour Paris Match, IFOP le donne entre 6 % et 7,5%.Soitunscoreégalou supérieuràceluid’Olivier Besancenot. La campagne n’a pas encore démarré, le candidat du Front de gauche – l’alliance entre le Parti communiste, le Parti de gaucheet laGaucheunitaire–n’a mêmepasétédésigné. Mais on sent poindre un réel engouement à la gauche de la gauche. Le député attire un public nouveau dans ses Analyse Sylvia Zappi Service France meetings. Le blog qu’il anime est l’un des plus visités dans la blogosphère radicale. Son livre, Qu’ils s’en aillent tous ! (Flammarion, 142 p., 10euros), est devenu un best-seller politique. Et son passage à l’émission « Vivement dimanche » a attiré 3,7 millions de téléspectateurs, frôlant l’audience d’une Ségolène Royal. « C’est les petitsmiraclesdelavie»,se félicitel’anciensocialiste,qui préfèreles «dialoguesfracassants»parce que «le consensus c’est la mort ». Après le mouvement sur les retraites, la séquence politique semble propice aux discours radicaux assumés. Le PS prend son temps pour affiner son programme et se querelle sur ses primaires. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en perte de vitesse depuis un an, n’est plus le seul sur les créneaux de la gauche radicale. Et le PCF tente de donner le change avec André Chassaigne, mais il ne convainc pas. «Le discours tranchant et singulier de Mélenchon sort des codes et sa voix dissonante est clairement identifiée », remarque Jérôme Fourquet, directeur de l’IFOP. « Son écho est lié au creux du PS, sans leadership fort ni projet crédible », renchéritStéphane Rozes,présidentde Conseil analyses et perspective. M. Mélenchon profite du vide à gauche et séduit à la fois les militants en quête d’une alternative au PS et ceux qui veulent le réveiller, le jugeant trop mou. Et puis, son refrain antimédias rencontre un écho certain. On savait que chez les militants la méfiance vis-à-vis de la presse écrite et audiovisuelle était prégnante. Depuis le référendum de Vie moderne Sandrine Blanchard Juste pour rire S mai 2005, sur le projet de traité constitutionnel européen, où la majorité des médias ont suivi, voire relayé le discours favorable au oui, la défiance est palpable. Avec la crise, elles’est élargie à des franges moins politisées. « Sa critique des médias est bien fichue. Les attaques contre son populisme ont donné une image d’une corporation qui ne sait pas se remettre en cause », souligne Vincent Tiberj, chercheur au Centre d’études européennes de Sciences Po. M. Mélenchon avait prévenu dès la Fête de L’Humanité, à la mi-septembre : « Ça va secouer ! » Il voulait élargir son public. Atteindre les abstentionnistes et ne pas laisser les couches populaires, revenues de tout, au Front national. Mais le président du PG joue gros. A force d’accentuer les divisions à gauche, de taper comme un sourd sur ses anciens camarades, il s’est attiré des critiques parmi ses alliés. «Onnepeut menerune campagne surlepopulisme », a prévenu Pierre Laurent, numéro un du PCF. M. Mélenchon risque de brouiller son image alors que l’aspiration à battre la droite est très forte dans l’électorat de gauche. Pour durer, il va falloirsortird’unpositionnementtournécontre le PS, parler à toute la gauche. Et convaincre que, avec lui, le Front de gauche a des solutions. L’aspirant candidat semble l’avoir entendu. En marge du congrès de son parti le 19 novembre, il a remisé son slogan « Qu’ils s’en aillent tous ! », préférant un « je ne suis pas avec le peuple, je suis du peuple ». Sa cible au PS s’est recentrée sur le seul Dominique Strauss-Kahn, « bête noire » de la gauche radicale. Mais il prévient : « La violence des réactions me prouve que j’ai tapé juste. Ma manière d’être n’a pas fini de vous dérouter. » Pour l’instant, ça marche. Mais il ne devrait pas oublier que le roman de Faulkner se termine mal. p Courriel : [email protected] ur Facebook, j’ai reçu une invitation. Son intitulé : « Pour que le saucisson soit considéré comme un légume. » Je n’ai pas rejoint le groupe, mais cet appel à « manger la peau parce qu’elle concentre toute la vitamine » et à participer ainsi au « manifeste pour une diététique instinctive » m’a bien amusée. Bon, il s’agit d’un tout petit groupe à l’échelle de ce méga-réseau social. Il compte seulement 497 membres. Tout est prétexte à un groupe Facebook. On ne parle plus des apéros géants – cela reviendra sûrement avec les beaux jours –, mais les médias n’hésitent pas à relayer la création de certains groupes, même s’ils ne comptent que quelques centaines de personnes : « Contre la pub Crédit mutuel qui ose dire que le Père Noël n’existe pas » ; « Contre l’appellation Zoé pour la nouvelle voiture Renault » ; « Contre la boutique de l’OM à Paris » ; pour qu’on ne « Touche pas à mon Nutella », etc. C’est pourtant l’humour potache ou nostalgique qui remporte les suffrages. C’est inutile, souvent régressif, mais drôle. Petit florilège : « Si toi aussi tu trouves qu’il manque un jour entre samedi et dimanche » (1 389 268 personnes aiment ça). « Manger la pâte à gâteau avant qu’elle soit cuite » (948 417). « Encore devant l’ordi ? Bah, j’ai essayé derrière, on voit moins bien » (593 190). « Si toi aussi quand quelqu’un sort de ta chambre tu gueules la POOOORTE ! » (581 000). « Si toi aussi tu regardais ton âge au fond du verre à la cantine » (365 939). « Si toi aussi, quand tu téléphones, tu revisites ta maison » (224 034). « Si toi aussi quand tu pars pour deux jours, tu fais une valise pour deux semaines » (305 123). Et puis encore : « Jeter du sable sur les gens et leur dire bonne nuit, les petits » ; « Continuer à dormir cinq minutes après que le réveil a sonné » ; « Si toi aussi tu hurles QUOOOI ! à tes parents quand ils t’appellent ». Et pour les publivores : « Pour qu’Olivier de Carglass sorte avec Cerise de Groupama. » Enfin, mon préféré : « Contre les cons qui restent immobiles à gauche dans l’Escalator » (142 100 personnes aiment ça). « Si toi aussi tu trouves qu’il manque unjour entre samedi et dimanche » Les groupes à la mode ces derniers jours, c’étaient bien sûr ceux qui reprenaient la proposition d’Eric Cantona de vider son compte en banque le 7 décembre pour faire trembler le système. Le matin du jour J, l’événement « Bankrun 2010, Join Eric Cantona in a Global Revolution » comptait environ 20 000 membres, mais seulement 799 prêts à participer à l’opération. Pas de quoi faire sauter les banques, mais largement de quoi faire le buzz. 778 participants, c’est presque autant que ceux – ils sont 648 – qui se déclarent « pour que Tom bouffe enfin Jerry et pour que Grosminet bouffe enfin Titi » ! p Courriel : [email protected] Le livre du jour Italie, les années de boue E n dépit du titre qui renvoie au plus célèbre des films de Federico Fellini, les deux décenniesd’histoireitalienne abordées dans le dernier roman de Simonetta Greggio, Dolce Vita 1959-1979, n’ont été ni douces ni joyeuses. Au contraire, la promesse d’une vie insouciante, riche de charme et de sensualité, annoncée par la nuit magique de Marcello Dolce Vita 1959-1979 Simonetta Greggio Stock, 416 p., 21,50 euros Mastroianni et Anita Ekberg, a été irrémédiablement balayée par l’impressionnante suite de tragédies et de violences qui a marqué cesannées cruciales de l’histoire de la Péninsule. La romancière italienne – qui réside en France –, le souligne avec force, persuadée que, sans « ces vieilles histoires », comme le dit un despersonnages,« il serait impossible de comprendre ce qui se passe ». D’ailleurs l’Italie de Berlusconi, avec son cortège d’affaires et de scandales, ne serait que le produit de cette période trouble qui a affaibli la démocratie italienne : « Après les années de plomb, celles de la boue. » Les Français n’étant pas tous familiers de ces années sombres, SimonettaGreggiopropose unefficace rappel de mémoire sous for- mederoman,où,grâceà unmontage très cinématographique d’événements et de temps différents, ellemêle avec talent fiction et réalité. Au centre du récit, elle campe Malo, un vieil aristocrate, qui, après avoir connu les folies de la dolce vita, mais aussi les intrigues du pouvoir, éprouve le besoin, à la fin de sa vie, de se confesser. En suivant le fil de sa mémoire, où la chronologie laisse souvent la place à la libre association, il fait revivre la réalité chaotique et contradictoire des années 1960 et 1970, deux décennies pendant lesquelles l’Italie est passée de l’espoir lié à l’essor économique de l’aprèsguerre à l’abîme de la « stratégie de la tension », du terrorisme et des mystères d’Etat. « Quarante ans après, les faits parlent, le fil rouge est là. Un fil de sang» La romancière égrène les étapes les plus inquiétantes de cette effroyable dérive. De l’attentat qui coûta la vie au président du groupe pétrolier ENI, Enrico Mattei, à la bombe de la Banque de l’agriculture de Milan, qui, en 1969, fit 17morts etmarqua« lafin de l’innocence ». Des projets secrets de la logeP2 pourune involution autori- taire du pays à la tentative de coup d’Etat de Junio Valerio Borghese en 1970.Despremièresactions desBrigades rouges jusqu’à l’enlèvement et le meurtre d’Aldo Moro. Des actions « dévoyées » de certaines branches des services secrets aux assassinats de la Mafia et aux scandales financiers. Du viol de Franca Rame, la femme de Dario Fo, à qui on voulait faire payer son engagement politique, au meurtre de Pier Paolo Pasolini, l’intellectuel qui ne cessait de dénoncer les trames obscuresdu pouvoir.Etpuis «desbombes, encore, des massacres, sur des trains et sur des places pendant des réunions politiques, encore des tentatives de coups d’Etat, que l’on veut ignorer, minimiser – et dont on arrive même à nier l’existence ». Pour l’auteure, « quarante ans après, les faits parlent, le fil rouge est là. Un fil de sang. Délits d’Etat, procès inachevés, collusions entre poseurs de bombes et généraux de l’armée, complicités milliardaires entre banquiers, loge P2, Mafia – et ce cher Vatican ». Un constat accablant et sans appel, qui oblige un des personnages à se demander : « Quand avons-nous commencé à êtreaveugles, etsourds?»Unequestion que se pose également Simonetta Greggio, car, au-delà des responsabilités des uns et des autres, il y a tout un pays qui a préféré fermer les yeux face au cauchemar. p Nicolas Weill OFFRE RÉSERVÉE À NOS LECTEURS 0123 EN PARTENARIAT AVEC VENTE PRIVÉE DU 6 AU 12 DÉCEMBRE 2010 LES IMMANQUABLES DE VOS FÊTES DE FIN D’ANNÉE CHAMPAGNE, BORDEAUX, BOURGOGNE, SUD-OUEST, CÔTES DU RHÔNE... Livraison garantie avant Noël** Rectificatifs&précisions Côte d’Ivoire Dans l’éditorial du Monde daté 5-6 décembre, nous avons écrit par erreur que la Guinée a reconnu la victoire de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle contestée de Côte d’Ivoire. En réalité, il s’agit de l’inverse. Le président Laurent Gbagbo a salué, samedi 4 décembre, l’élection d’Alpha Condé à la présidentielle guinéenne du 7 novembre. baisse de 1,4 point par rapport au scrutin de 2006, selon la direction. RATP Le taux de participation Controverse Dans la page aux élections professionnelles à la RATP est un peu plus important que l’estimation donnée par l’UNSA avant la publication des résultats officiels (Le Monde du 4 décembre). Il s’élève à 65,9 %, en consacrée à l’entretien de Michela Marzano (Le Monde du 4 décembre), nous avons omis d’indiquer le nom du photographe. Le crédit est Richard Dumas/Vu pour Le Monde. DÉCOUVREZ NOTRE NOUVEAU SITE INTERNET : www.wineandco.lemonde.fr OU COMMANDEZ PAR TÉLÉPHONE AU 0 810 510 320 Prix d’un appel local du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION *Réduction appliquée sur prix catalogue wineandco.com ou prix constaté **Voir mentions sur le site 24 Décryptages Débats 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Bienvenue à bord du «Titanic» et de son commandant Laurent Gbagbo! Alassane Ouattara est capable de reconstruire la Côte d’Ivoire déchirée N ous savons que la comédie qui se joue depuis quelques jours à Abidjan, où s’affrontent désormais deux présidents, peut rapidement tourner au drame. Mais ce que nous connaissons moins sont les raisons profondes qui, en un quart de siècle, ont conduit le fleuron de l’Afrique occidentale à sombrer dans une spirale d’échecs qui le met désormais au bord de la guerre civile. Faisant mentir les sombres prévisions de René Dumont, le modèle ivoirien constituait jusqu’à la fin des années 1970 un triple succès. Un impressionnant succès économique avec des taux de croissance asiatiques qui, s’ils s’étaient maintenus, classeraient aujourd’hui ce pays dans la même catégorie que la Thaïlande. Un modèle de paix sociale entre groupes ethniques fort différents aux plans culturels et religieux. Enfin, un modèle de partenariat entre un pays nouvellement indépendant et son ancienne métropole. Ce modèle s’est lentement effondré au cours du dernier quart de siècle. Or pour comprendre le chaos actuel, sans doute n’est-il pas inutile de retrouver le sens de l’histoire longue. Le miracle économique ivoirien a été le produit d’une politique de développement agricole intelligente soutenue dans un contexte de paix sociale par de grandes infrastructures voulues par le président Félix Houphouët-Boigny. Malgré la multiplication des PME et des industries de transformation des produits de la terre, ce miracle agricole n’a pas eu le temps de déboucher sur une diversification industrielle.Face aux crises desmatières premières qui l’ont périodiquement frappé à partir de 1977, le pays s’est au contraire enlisé dans des politiques d’ajustement structu- Serge Michailof Professeur à Sciences Po Auteur de « Notre maison brûle au Sud » (Fayard, 366 p., 23 euros) rel qui de façon incroyable, pendant quinze ans, jusqu’en 1993, ont échoué. Ces politiques ont échoué non parce que les crises périodiques qui frappaient la Côte d’Ivoire étaient plus graves que celles qui justement touchaient, par exemple, la Thaïlande, autre exportateur de matières premières agricoles, mais parce que l’ampleur des chocs externes auxquels était soumise la Côte d’Ivoire ne permettait pas le rétablissement de ses grands équilibres sans dévaluation de la monnaie. Malheureusement, l’entêtement du président Houphouët-Boigny et le manque de culture économique du président François Mitterrand, le souci des dirigeants français de ne rien entreprendre qui puisse alors contrarier l’arrimage de la France à l’Europe et d’un franc fort au deutschemark, ont interdit les ajustements monétaires qui auraient permis à laCôte d’Ivoire de rebondir comme les pays asiatiques. Pendant cette longue période au cours de laquelle au succès économique a succédé une crise de longue durée, la Côte d’Ivoire a subi un incroyable choc démographique. En cinquante ans, sa population est passée de 3 à 21 millions d’habitants. Si la France avait subi le même choc, sa population serait aujourd’hui égale à celle des Etats-Unis. Or le mélange de flambée démographiqueetde stagnation économiqueest, on lesait,explosif. Dans un contexte où l’on espérait toujours voir la lumière au bout du tunnel, l’ajustement économi- que a reposé pendant toute cette période de crise sur une longue politique de déflation. La dégradation de la compétitivité de l’économie, qui a atteint 65 %, a étouffé l’économieréelle,interdisant ladiversification industrielle qui aurait permis l’essor des emplois urbains. Certes, cette crise économique est longtemps restée silencieuse car les fonctionnaires étaient payés, parfois grâce aux aides budgétaires françaises, et la surévaluation de la monnaie permettait aux élites de continuer leurs achats de Mercedes. Mais l’asphyxie de l’économie a progressivement laminé les classes moyennes qui s’étaient constituées au cours des deux décennies antérieures. La pauvreté a triplé de 1985 à 1993. Or le mélange de flambée démographique et de stagnation économique est, on le sait, explosif» Le décès du président Houphouët-Boigny en décembre 1993 a certes enfin permis de procéder à l’indispensable dévaluation du franc CFA ; mais c’était avec quinze ans de retard, après des années de croissance négative. Le rebond de croissance que cette mesure a permis au cours des années 1995 à 1997 s’est enlisé dans la corruption du régime Henri Konan Bédié. La pauvreté ne s’est sur cette période que marginalement réduite d’un dérisoire 2 % dans un contexte marqué par la croissance des inégalités régionales et sociales. Un quart de siècle de crise, un quart de siècle de baisse du revenu par habitant, une croissance démographique prodigieuse, une immigration incontrôlée, une corruption généralisée. Comment s’étonner dans un tel contexte ducoup d’Etat de 1999 du général Robert Gueï, mollement accepté par une communauté internationale découragée par la gouvernance déplorable du régime Bédié ? Comment s’étonner de la flambée des passionset haines ethnico-religieusesinitialement attisées par Bédié et reprises par Laurent Gbagbo avec pour même objectif la volontéd’écarter AlassaneOuattara ? Peuton s’étonner que, dans un tel contexte, un peuple déboussolé se confie à de mauvais guides ? Si la France avait été soumise à pareil traitement, c’est Jean-Marie Le Pen qui aurait eu 80 % aux élections de 2002 ! Politicien habile, retors et sans scrupule, Laurent Gbagbo, dont le haut fait en tantqu’opposant historiqueà HouphouëtBoignyfutladestruction defaitdel’université d’Abidjan par l’anarchie organisée par le syndicat étudiant qu’il contrôlait, a ensuite présidé pendant dix ans à la poursuite de la descente aux enfers de la Côte d’Ivoire. Accaparant au bénéfice de son clan les rentesdu café,du cacao etdu pétrole, poursuivant une politique d’exclusion deshabitants du norddu pays et des immigrés,il est ébranlépar une rébellion nordiste qui conduit à la partition de fait du pays en 2002. Il profite de la confusion liée à cette rébellion pour faire assassiner le malheureux général Gueï et sa famille, manquant d’un cheveu Ouattara. Dès lors, le régime se durcit encore. Il arme ses milices, fait pourchasser ses opposants par des escadrons de la mort, attise la xénophobie de ses partisans, se fait le chantre du nationalisme ivoirien, fait mitrailler par un de ses avions des soldats français dont la présence le gênait, organise, pour répondre à une réaction imprudente d’un président Jacques Chirac exaspéré par cette affaire, une chasse aux Françaisà traversAbidjan,organise oucouvre la disparition d’un de nos compatriotes journaliste enquêtant sur la corruption dans le secteur du cacao. Pendant cinq ans, son mandat achevé, il reporte pour des raisons inacceptables des élections qu’il savait devoir perdre. Aujourd’hui battu à une élection que des sondages lui avaient fait croire qu’il pouvait aisément gagner, Gbagbo doit partir. Maisles bufflesblessés sont lesplusdangereux et le rideau n’est pas encore tombé sur le drame ivoirien. Gbagbo et son clan, acculés, toujours assis sur le trésor que constituent les rentes de café, de cacao et de pétrole, protégés par leurs milices, leurs mercenaires, une gendarmerie, une garde républicaine et une armée qu’ils contrôlent,peuventsebunkérisercomme auZimbabwe. Ils peuvent au mieux présider à la poursuitede la longue descente aux enfers d’une économie qui sera paralysée par la mise de son régime aux bans des nations, au pire encore attiser la haine ethnique et religieuse et, dans une fuite en avant, déclencher une guerre civile. Ancien haut fonctionnaire ayant dirigé la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest, ancien dirigeant du Fonds monétaire international (FMI), économiste expérimenté, homme de consensus, élu avec une large majorité incluant le vote des Baoulé chrétiens, Alassane Ouattara est l’un des rares hommes capables de remettre l’économie ivoirienne en marche et de reconstruire une nation déchirée. Souhaitons que sa modération contribue à écarter les risques de dérapages. Souhaitons aussi que la vigueur espérée des pressions internationales sur Laurent Gbagbo fissure son clan et permette enfin à la démocratie et au progrès de s’instaurer dans ce pays au bord du gouffre. p Tarifs 01/01/10 Bonnes Adresses ACHETE ET EXPERTISE TABLEAUX ANCIENS DETAILLANT - GROSSISTE VEND AUX PARTICULIERS TOUTES LES MARQUES AUX MEILLEURS PRIX 5 50 D’EXPO0 M 2 SITION U FIXES OLES B RELEVA RENOVATION D'APPARTEMENTS Maîtrise d'oeuvre, architecture d'interieur SOMMIERS • MATELAS Tempur - Treca - S mmons - Bultex - Sealy - Dunlop llo... FIXES ou RELEVABLES Et une gamme spéc ale pour dos sens bles MOBECO 50, av. d’Italie 75013 PARIS M° Pl. d’Ital e 148, av. 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Deux fois nominée aux prochains Grammys (« meilleure performance de musique urbaine », pour le single Tightrope et « meilleur album de R’n’B contemporain », pour son album The Archandroid), cette prodige de 25 ans, à l’impressionnante banane afro, possède la créativité transgenre et les racines underground appréciées d’ordinaire par le public de l’événement rennais. Elle dégage aussi une soif de perfection comme seules les divas du show-biz américain semblent en avoir le secret. Si elle a intégré la maison de production Bad Boy, dirigée par le nabab du rap bling-bling, Sean « Diddy » Combs, son album et ses spectacles planent loin des clichés sentimentaux, sexuels et musicaux du R’n’B. Poussant plus loin un concept qu’elle approchait déjà dans un premier minialbum, Metropolis : the Chase Suite (2007), Janelle Monae a élaboré comme toile de fond de The Archandroid, un univers futuriste dans lequel son clone bionique, le chant, la comédie et la danse, jusqu’à intégrer, à l’adolescence, l’école new-yorkaise de l’American Musical Dramatic Academy. Elle quittera avant le diplôme cette voie royale pour Broadway, persuadée que son avenir passe par ses propres chansons. Déménageant à Atlanta, pôle sudiste du renouveau des musiques noires américaines, elle tente de se faire connaître par les chemins de traverse d’Internet et de l’autoproduction. « J’ai reçu beaucoup de soutien de la scène d’Atlanta, constate l’artiste aujour- Elle s’est trouvé des héroïnes inattendues, comme Marlene Dietrich ou Katharine Hepburn La prodige de 25 ans embrasse passé et futur avec la même énergie. CATHERINE KOHLER/DALLE une certaine Cindi Mayweather, se fait libératrice des opprimés. Autant inspiré de Fritz Lang que de Star Wars ; de Dali que de Matrix et de Walt Disney, ce Programme des Transmusicales de Rennes Le 9 décembre Aire libre : Mujuice, Stromae ; Liberté l’étage : Eat Your Toys, Lena Deluxe ; Parc Expo : Egyptian Hip Hop, Funeral Party, The Pack A.D., Magnetic Man. Le 10 décembre Aire libre : Mujuice, Stromae ; La Cité : LA Corda, Dengue Fever ; Liberté l’étage : AD, Garbo ; Parc Expo : Janelle Monae, Oy, Witty Crew, Connan Mockasin, Salem, M.I.A., Systema Solar. Le 11 décembre Aire Libre : Mujuice, Stromae ; La Cité : Ava Luna, Wu Lyf ; Parc Expo : Crocodiles, Roky Erickson, Filewile, Gonjasufi, Matthew Dear. Pratique De 15 ¤ à 28 ¤. Pass week-end-Parc Expo : 45 ¤. Pass 3 jours-Parc Expo : 60 ¤. Majoration de 4 ¤ au Parc Expo le soir même. Tél. : 02-99-31-12-10. Lestrans.com décor de science-fiction est surtout prétexte à une étourdissante exploration stylistique. Embrassant passé et futur avec une même énergie, cette intense gamine malaxe avec une fantaisie en Cinémascope – et parfois jusqu’au trop-plein – les couleurs du funk, du jazz, du rock, de la soul, de l’électro ou des comédies musicales. « Il ne faut pas y voir de concept trop compliqué », assure Janelle Monae, jointe par téléphone, quelques heures avant un show londonien. « Cet album parle avant tout d’amour, de liberté, d’unité, de tolérance. » Adaptant au monde digital une tradition de révélation mystique inhérente à la soul, l’auteure-compositri- ce-interprète raconte que nombre de ses chansons lui sont apparues en rêve, son esprit recevant des messages, « tel un terminal d’ordinateur ». Comme d’autres exemples au croisement des musiques noires et de la science-fiction – Sun Ra, Funkadelic –, cet « afro-futurisme » dénonce aussi sous forme allégorique les discriminations sociales, raciales et sexuelles. Se revendiquant de la « génération Obama », traçant sa voie au-delà des couleurs et des genres, Janelle Monae s’est trouvé des héroïnes inattendues, comme Marlene Dietrich (1901-1992) ou Katharine Hepburn (1907-2003), « la première à marcher en pantalon sur les tapis rouges d’Hollywood, à redéfinir la liberté d’habillement des femmes ». A l’opposé des looks sexuellement provocateurs des stars du rhythm’n’blues contemporains, la jeune féministe virevolte sur scène en chemise et pantalon noir et blanc, sur des chorégraphies largement inspirées de James Brown. « Je porte cet uniforme en hommage à la classe ouvrière et à l’oppression qu’ils ont eu à subir », affirme la chanteuse. Démagogie ? Pas pour cette fille d’un éboueur, accro au crack, et d’une femme de ménage, repartie chez sa mère élever sa famille. Janelle dit parfois que son ambition est née de sa colère face aux blocages de la hiérarchie sociale. A 11 ans, elle apprend le solfège, d’hui distribuée par Warner. Là-bas, les gens suivent et encouragent ce que font les autres. » Repérée par Outkast, stars locales du rap progressiste, la chanteuse participe à leur album Idlewild, tout en fréquentant des excentriques du milieu rock comme le groupe Of Montreal. Encouragée par ces multiples rencontres, elle crée son propre label discographique, Wondaland, petit à petit transformé en collectif, fédérant dessinateurs, scénaristes, cinéastes, musiciens, stylistes, à la façon de la Haus of Gaga, unité pluridisciplinaire de l’icône pop new-yorkaise, Lady Gaga. Janelle Monae a même eu l’adoubement de son idole, Prince. Ce modèle en brassage stylistique l’a d’ailleurs programmée en première partie de ses trois prochains concerts new-yorkais au Madison Square Garden. Aussi ambitieuse que son nouvel « ami et mentor », la chanteuse espère que The Archandroid sera adapté en comédie musicale ou au cinéma. p Stéphane Davet Janelle Monae à Paris. Le 9 décembre à La Cigale, 120, boulevard de Rochechouart, Paris 18e. Mo Pigalle. 29,90 ¤ Dans la calme effervescence de l’Art Basel Miami Beach La petite sœur de la foire d’art contemporain de Bâle, ouverture sur le continent sud-américain, s’est tenue du 2 au 5décembre ger la moitié de son stand. « Cela nous permet de faire un travail de fond»,explique laParisienneChantal Crousel, dont le programme ne s’accommodeguèredetropdelégèreté. Car les collectionneurs sont bel et bien là : les Latino-Américains, véritables piliers de cette foire toute ouverte à leur continent, mais aussi beaucoup d’Européens, qui achètent vaillamment. Miami Envoyée spéciale L es paillettes, c’est fini ! » : voilà le leitmotiv que l’on entendait partout dans les allées de l’Art Basel Miami Beach, qui s’est déroulé du 2 au 5 décembre. Classé parmi les meilleures foires d’art contemporain au monde, l’événement a souvent été comparé au Festival de Cannes. Dès ses débuts, en 2002, il a attiré les amateurs d’art venus de toute la planète, mais aussi une foule de starlettes du monde de la mode, du design et de la nuit. Venus se greffer sur la foire, ils en avaient rapidement fait une des belles dates du calendrier mondain international. Résultat ? « Une ambiance un peu chaotique et peu rassurante pour les marchands », avouent les organisateurs de la foire elle-même. Où sont passés tous ces fêtards cette année ? Même le jour du prévernissage, mercredi 1er décembre, les allées du Convention Centerétaient d’un calmeinattendu, et les somptueux hôtels branchés de South Beach n’étaient plus pris d’assaut. L’acteur américain Adrian Brody pouvait s’extasier de longues minutes devant Miro sans être submergé de demandes d’autographes. Pas de file d’attente à la soirée « Fuck me I’m famous » organisée par les Guetta. PourArt Basel Miami Beach, voi- La galerie berlinoise Neugerriemschneider a presque tout vendu le jour du prévernissage. J PAT CARTER/AP ci venu le temps de la maturité. «Nous avons drastiquement réduit lenombre d’invités VIP,pourfavoriserlesgrands professionnelsetinstitutionnels du monde de l’art », explique Marc Spiegler, directeur de la foire. A quoi s’ajoute l’annulation de nombreux vols venus de New York ou d’Europe pour des raisons météorologiques. Désormais, ce qui était loin d’être le cas auparavant,lesconversations et conférences du matin attirent davantage quelescocktails etpartiesqui continuent de fleurir le long de South Beach. Si la foire attire encore quelques aventuriers, c’est sans grand succès : peut en témoigner le Français Romain Tichit, qui a tenté de monter à Miami en moins de trois semaines une foire off, YIA, après une tentative réussie en marge de laFIAC.Beaucoupdegaleristes parisiens ont répondu à l’appel, mais les œuvres sont restées bloquées à la douane, le site s’est révélé affreux et YIA n’a jamais ouvert. Quant à ce climat nouveau, nombre de galeries assurent qu’il est paradoxalement bénéfique pourleurs affaires. Lejour de lapreview, l’ultra-puissant Larry Gagosian avait assez vendu pour chan- « Comme un rêve très lent » « Le jour du prévernissage a été comme un rêve très lent et, au final, nous avons vendu quasiment tout le stand sans même nous en rendre compte », assure-t-on à la galerie Neugerriemschneider, de Berlin. Partis sans effort, les écorchés de plastique de Pawel Althamer, les lustres de Jorge Pardo, le mobilier de Rirkrit Tiravanija. Forte d’un remarquable stand mêlant James Turrell, Kounellis et Pistoletto, la galerie Stein de Milan a également le sourire: « J’ai vendu quelques belles pièces, et surtout j’ai eu beaucoup de compliments, ce qui est presque aussi important ! » Mais tous ne sont pas aussi enthousiastes : notamment les plus jeunes, exilés dans un appendice du Convention Center. En termesde ventes, le calme sepaie. Certains avouent à demi-mot que la foire de Bâle, grande sœur de Miami, reste plus porteuse pour eux. « Quand les allées de Bâle étaient noires de monde en juin dernier, là c’était vraiment clairsemé cette année, ce qui fait que tout le monde travaille, mais que les résultats ne sont pas terribles », résume la galerie berlinoise Esther Schipper, qui représente notamment Carsten Höller et Philippe Parreno. Un jeune galeriste new-yorkais avoue lui aussi que « le public américain est plus conservateur, et moins curieux que celui de Bâle en cequi concerne les artistes dont il ne connaît pas le nom ». Est-ce cette quiétude nouvelle qui explique la rumeur persistante selon laquelle l’Art Basel Miami Beachdésireraits’exiler àLos Angeles ? Dans le milieu de l’art de Miami, cette crainte semble prégnante. Mais Marc Spiegler la rejette d’un revers de la main : « C’est ridicule, nous avons un contrat et un engagement à long terme avec la ville de Miami, il est totalement excluque nous partions.Aucune ville ne peut nous ouvrir une telle porte sur le continent sud-américain. Si nous allions partout où l’on nous demande, on pourrait inaugurer un Art Basel tous les quinze jours! » p Emmanuelle Lequeux Soirée unique Cycle Valère Novarina, auteur européen au cœur de la saison 2010–2011 Direction Olivier Py Mardi 14 décembre à 20h «Pour Louis de Funès» de Valère Novarina par Dominique Pinon > Théâtre de l’Odéon – Grande salle Tarifs de 6€ à 18€ Réservation theatre-odeon.eu / 01 44 85 40 40 / fnac 26 Culture 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Mario Vargas Llosa, Nobel de littérature Architecture L’écrivain a lancé, le 7décembre, un appel à combattre le fanatisme, le terrorisme et les dictatures l’autre métier auquel l’écrivain doit tant, ne fut pas moins vibrant. Sa passion de la politique ne fut pas non plus esquivée, même si l’ancien candidat à la présidence de son pays est désormais rangé des voitures. Tout en condamnant le nationalisme et la religion « cause des pires boucheries de l’Histoire », il tint à ce que grâces soient rendues à Raymond Aron, JeanFrançois Revel, Isaiah Berlin et Karl Popper«à qui je doisma revalorisation de la culture démocratique et des sociétés ouvertes. Ces maîtres furent un exemple de lucidité… » Mario Vargas Llosa, qui n’aime rien tant que raconter des histoires, ne pouvait faire moins que ter- Stockholm Envoyé spécial M ario, tu ne sers qu’à une chose, à écrire. » C’était mardi 7 décembre, en fin d’après-midi, sous les lambris de l’Académie suédoise à Stockholm où Mario Vargas Llosa, Prix Nobel delittérature 2010, prononçait son discours de réception devant 450 personnes. Au premier rang se trouvait Patricia, son épouse depuis quarante-cinq ans et sa cousine depuis toujours (en premières noces, ce doit être l’esprit de famille, il avait déjà épousé sa tante qui lui inspira La Tante Julia et le Scribouillard). Le lauréat se trouvait donc à la onzième page d’un texte qui en comptait treize quand, soudain, sa voix trembla à l’évocation de ses enfants et petits-enfants placés juste derrière, et de « cette femme au caractère indomptable qui supporte encore mes manies, mes névroses et ces crises de rage qui m’aident à écrire », une personne qui a l’œil à tout, éloigne les fâcheux et leurre les indiscrets, boucle et déboucle les valises, lui donnait le matin même au petit déjeuner une pleine poignée de pilules de toutes les couleurs tout en le rassurant, et s’imagine le gronder en lui adressant régulièrement un éloge qui le comble tant il lui rappelle qu’il n’est décidément bon qu’à ça : lire et écrire. Alors sa voix s’étrangla d’émotion et, bravant le conseil très suédois de s’abstenir de manifester la moindre émotion, l’auditoire ne put s’empêcher de lancer une salve d’applaudissements dans l’espoir que cet élan le soutiendrait dans l’épreuve. Le fait est que son « Eloge de la lecture et de la fiction », prononcé en espagnol et rendu en français avec beaucoup de finesse par Albert Bensoussan, son traducteur depuis Les Chiots (1974), était un Le roi de Suède lui remettra son prix vendredi au cours du banquet traditionnel L’écrivain péruvien, ému, lors de son discours de réception à l’Académie suédoise. HENRIK MONTGOMERY/REUTERS discours fort et émouvant de part en part. Vargas Llosa pratique volontiers l’exercice d’admiration, non par flagornerie (la plupart des écrivainsauxquels il rend hommage sont morts), ni pour briller à leurs côtés (un écrivain guérit vite de ce genre d’illusions) mais bien par gratitude. Une reconnaissance éternelle, que l’on dirait naïve tant elle est récurrente. Son discours fut un « Ce que je dois » ponctué de noms d’écrivains (Flaubert au premier chef, pour sa persévérance exemplaire dans le travail) et de personnages à commencer par d’Artagnan et sa bande ainsi que Jean Valjean. Les villes aussi l’ont fait, Lima, Paris, Barcelone. Sa dette à la France est profonde, au risque du paradoxe car il y a appris la mise à distance : « Ce dont je suis peut-être le plus reconnaissant à la France, c’est de m’avoir fait découvrir l’Amérique latine » à commencer par le Pérou, son pays d’origine, où il dit avoir tant aimé, haï, joui, souffert et rêvé (encore qu’il ait omis gocé, « joui ») qui était dans son texte…). Au passage, il décocha une flèche en direction de l’Espagne et de l’Amérique latine pour « cet opprobre et cette honte : depuis deux siècles, l’émancipation des indigènes est de notre responsabilité exclusive et nous l’avons manquée ». Son éloge du journalisme, mineren louant haut et fort le pouvoir fallacieux de la littérature ; il eut des accents rousseauistes pour évoquer l’envoûtement naturel des premiers conteurs, avant de louer la fiction pour sa capacité à susciter en nous « la rébellion et la non-conformité»en rendant possible l’impossible. Puis il se leva, embrassa son épouse avant de consoler une vielle dame en larmes assise dans un fauteuil roulant, à qui il voulut réserver la place d’honneur, son amie et agent littéraire Carmen Balcells, icône de l’édition « hispano-parlante », qui nous confiait juste avant : « C’est le couronnement de ma vie professionnelle. Je n’aurais manqué cela pour rien au monde. » Le roi de Suède lui remettra son prix vendredi au cours du banquet traditionnel. Après quoi, il se pliera avec délices à l’injonction de sa femme : « Mario, tu ne sers qu’à une chose, à écrire. » p Pierre Assouline LeCNCreportelasortiede«Rosesàcrédit»,d’AmosGitaï ConçupourFrance2et pourle cinéma,lefilm devra d’abord être diffusé à la télévision Moati, pour France 2. La diffusion est prévue pour février ou mars 2011. Le film a d’ailleurs reçu le soutien du CNC au titre de la fiction télévisuelle. Mais Amos Gitaï tenait à ce que son film soit exploité préalablement en salles, ce que la chaîne avait accepté, à condition que deux versions de l’œuvre soient présentées. Restait à obtenir le feu vert de la commission d’agrément du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) composée exclusivement de professionnels : producteurs, réalisateurs, scénaristes… Lesquels ont estimé, L'actualité du monde en musique Du lundi au vendredi de 7h à 9h Musique Matin Alex Taylor le 1er décembre, que l’existence de deux œuvres distinctes n’était pas avérée. L’enjeu est aussi économique, prévient le président de la commission d’agrément, Frédéric Brillion : « La commission estime qu’il n’y a qu’une seule œuvre. Dans ce cas, on ne peut pas accepter qu’un film soit diffusé sur une chaîne non payante seulement trois mois après sa sortie en salles. Si on remet en cause la chronologie des médias, c’est la mort de l’économie du cinéma. » Tout le monde y perd des plumes. « Je respecte la décision de la commission, mais elle ne repose sur aucune règle écrite », constate Alexandra Henoschsberg, directrice d’Ad Vitam. Lady Chatterley, de Pascale Ferran, avait obtenu l’agrément de la commission, mais pas Carlos d’Olivier Assayas. « La commission d’agrément est une instance indépendante. Le CNC n’a pas son mot à dire », prend-on soin de préciser dans l’entourage de Véronique Cayla, présidente du CNC. Roses à Crédit pourra toujours sortir en salles après son passage sur France 2, et ceci sans délai. Mais cela se fera sans Ad Vitam. Amos Gitaï voit dans la commission un « monstre administratif » et observe, perplexe : « Mon film tourne dans des festivals, à Toronto, à Sao Paulo, à Tokyo. Et, dans son “pays natal”, on lui met des bâtons dans les roues. » p Clarisse Fabre Vous aurez toute la nuit pour rêver de notre Super Buffet Petit-Déjeuner 119€ à partir La vente des pièces ayant appartenu au chauffeur de Picasso reportée La vente des œuvres de Pablo Picasso ayant appartenu au dernier chauffeur du peintre, prévue jeudi 9 décembre, à Drouot, est reportée. Ces enchères qui comportent 143 lots de diverses provenances, réalisés ou possédés par l’artiste, parmi lesquels les pièces ayant appartenu à Maurice Bresselu, alias « Nounours », auront lieu « dans quelques mois », a indiqué au Monde Pierre Blanchet, commissaire-priseur chargé de l’opération. « Les propriétaires ont souhaité que la vente ait lieu dans des conditions plus sereines », a-t-il précisé. La polémique déclenchée récemment par la saisie de 271 œuvres inédites de Picasso au domicile d’un électricien ayant travaillé pour le peintre (Le Monde du 1er décembre) rendait le moment « peu favorable » à l’événement. Au service de l’artiste de 1967 à 1973, Maurice Bressenu, mort en 1991, reçut des mains du maître de nombreuses œuvres. Il en négocia certaines, en conserva d’autres, dessins, gravures, photos, livres dédicacés. Un trésor dont hérita sa femme. A la mort de celle-ci, un généalogiste retrouva les descendants. Me Blanchet souligne qu’il n’y a pour l’heure « aucune contestation sur la provenance ou l’authenticité des pièces ». p Nathaniel Herzberg Le « livre le plus cher du monde » augmente encore Birds Of America (« Les Oiseaux d’Amérique ») a été vendu chez Sotheby’s à Londre, mardi 7 septembre, pour 7,3 millions de livres (8,6 millions d’euros), soit un nouveau record mondial pour une œuvre imprimée. Le précédent record avait déjà été obtenu pour un autre exemplaire de Birds of America, qui avait été vendu à New York en 2000 près de 7 millions d’euros. Il n’existe plus qu’une centaine d’exemplaires de cette œuvre de l’ornithologue franco-américain John James Audubon (1785-1851), un grand in-folio au format impressionnant (90 x 60 cm !) qui contient des planches de dessins d’oiseaux parmi les plus belles connues. – (AFP.) Arts Le manuscrit de Vinci découvert à Nantes authentifié et identifié Carlo Pedretti, historien italien spécialiste de Léonard de Vinci, a formellement attribué au peintre un fragment de manuscrit oublié dans un fond d’archives de la ville de Nantes et redécouvert par un journaliste de Presse-Océan. Il s’agirait d’une partie du Codex Atlanticus, « des notes sur l’air et le vent, en rapport avec une étude sur le vol des oiseaux, qui date d’environ 1504 ». Selon M. Pedretti, l’existence de ce fragment de manuscrit, légué, en 1872, à la ville de Nantes par le collectionneur Pierre-Antoine Labouchère, a été publiée la première fois par Renzo Ciachi en 1957. La collection Labouchère comprend quelque 5 000 autographes et documents originaux, parmi lesquels avait déjà été identifiée, en 2007, une partition originale de Mozart. – (AFP.) Dans la cacophonie, le prix Turner a été attribué à un son Le Turner Prize, le plus important à récompenser un artiste contemporain, dont Damien Hirst ou Tracy Emin furent lauréats, a été remis lundi 6 décembre à l’Ecossaise Susan Philipsz, pour son œuvre Lowlands. Interprétation d’une ancienne chanson de marin, Lowlands Away, que l’artiste a enregistré sous des ponts de la rivière Clyde à Glasgow, elle n’a pas de forme visible, mais consiste en une installation sonore. Or la remise du prix à la Tate Britain de Londres a été perturbée par une manifestation bruyante d’étudiants en art qui protestaient contre l’augmentation des tarifs d’inscription dans l’enseignement supérieur britannique. Susan Philipsz, 45 ans, s’est déclarée solidaire des manifestants. 5 JOURS/3 NUITS is 879€ TTC* SURCLASSEMENT HÔTEL & EXCURSION MAGASINS D’USINE. Aix-Les-Bains, Biarritz, Les Arcs, Lyon, Marseille, Nice, Paris (x6), Disneyland® Paris,Toulouse Tarifs valables jusqu’au 31/12/2010. Demandez simplement le tarif Bed & Breakfast lors de votre réservation par telephone. francemusique.com Ventes EVENTI 4* par cham br petit-déj e, euner co mpr 00800 3333 3333 Emission en podcast Les 28e prix d’architecture des Editions du Moniteur, décernés chaque année par un jury international, ont été attribués lundi 6 décembre. L’Equerre d’argent est allée à la Médiathèque d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), réalisée par l’architecte Pascale Guédot, ainsi qu’à son maître d’ouvrage, la communauté des communes du Piémont oloronais. Il s’agit d’un projet ambitieux mais équilibré au bord de la rivière (le gave d’Oloron) qui traverse la cité, seule « Ville d’art et d’histoire » de ce département. Parmi les projets nominés pour l’Equerre figuraient, cette année, l’extension du Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut (LAM) à Villeneuve-d’Ascq (Nord) dessinée par Manuelle Gautrand et le Centre Pompidou-Metz des architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines. Une mention a été attribuée aux logements de la ZAC du Grand-Large Neptune, à Dunkerque, réalisé par Nicolas Michelin. Le prix de la première œuvre récompense un hangar ostréicole et lieu de repos signé par l’atelier RAUM – Julien Perraud, Benjamin Boré et Thomas Durand, construit à Locoal-Mendon (Morbihan). La cérémonie officielle de remise des prix aura lieu le 31 janvier 2011. p Frédéric Edelmann SPÉCIAL SOLDES NEW-YORK de * Les hôtels qui aiment dire oui L es affiches étaient prêtes, la bande-annonce aussi. Mais Roses à crédit, le dernier film d’Amos Gitaï, ne sortira pas en salles comme prévu, le 15 décembre. Le distributeur, Ad Vitam, a fait annuler la fabrication des copies à destination des 50 exploitants qui avaient programmé cette adaptation du roman d’Elsa Triolet : dans les années 1950, une jeune femme (Léa Seydoux) découvre la société de consommation, jusqu’à s’y perdre. A l’origine, Roses à crédit est une œuvre produite par la société Image & Compagnie, de Serge L’Equerre d’argent pour Pascale Guédot radissonblu.fr * “Au cœur de Manhattan, mon cœur a battu plus fort. Hôtel en plein Fashion District, déco géniale et un prix qui m’a laissée de quoi profiter des soldes. 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Seule condition pour accéder à ces « trésors », avoir un projet artistique professionnel, que l’on soit régisseur, décorateur mais aussi professeur des écoles, responsable de crèche ou étudiant. « Après un an de fonctionnement, nous en sommes à 1,5 tonne de matériaux récupérés », poursuit Jeanne Granger. Les objets sont réservables en ligne ou vendus chaque mois dans des boutiques éphémères annoncées sur le site. La prochaine vente est programmée vendredi 10 décembre, au Palais de Tokyo à Paris. p Laure Belot (PHOTOS : FABIEN DURING/LRDA) Lareservedesarts.org Assurer son téléphone portable Opérateurs de téléphonie et banques proposent différents niveaux de protection. Il convient de bien vérifier les conditions générales des contrats L’offre de base des assurances couvre en général le vol à l’arraché. NEIL MASSEY/GALLERY STOCK Pratique S ur les forums Internet, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se plaindre de ne pas avoir été remboursés par l’assurance de leur téléphone mobile le jour où celuici a été volé ou cassé. Elle ne couvrait ni le type de vol ni le type de dommage subi… Est-il intéressant ou pas de prendre une assurance spécifique ? Avant de répondre à cette question, on aura intérêt à vérifier si son assurance multirisque habitation ne garantit pas déjà le vol ou la casse, partout où l’on se trouve… Si ce n’est pas le cas et que l’on souhaite souscrire une assurance téléphonie mobile, on aura aussi intérêt à bien lire les conditions générales du contrat et notamment les exclusions. Elles sont quasiment introuvables sur Internet mais, en boutique, les vendeurs ont l’obligation de les donner avant toute signature. Alors il ne faut pas hésiter à les réclamer. « La plupart des opérateurs de téléphonie et des banques proposent trois niveaux de protection, qui coûtent en moyenne 36, 72 ou 108 euros par an », résume Laurent Courtin, directeur commercial du groupe SPB, qui conçoit les assurances de la plupart des marques et gère leurs sinistres. L’offre de base couvre en général le vol à l’arraché – le téléphone est dérobé alors qu’on est en train de s’en servir. Elle couvre aussi le vol caractérisé, ayant eu lieu par effraction ou par agression et menaces. « Attention, prévient M. Courtin, elle fonctionne si le vol a lieu au domicile, mais pas dans la voiture ! » En cas de vol par agression et menaces, certains contrats exigent la production d’un, voire deux témoignages, ainsi que d’un certificat médical. « Ce sont des produits de voyou », tranche M. Courtin, en conseillant de se méfier des assurances que proposent certaines boutiques franchisées qui ne sont pas les assurances des opérateurs. Ces dernières exigent « seulement la copie du dépôt de plainte », précise-t-il. Seuls 10,8% des détenteurs de téléphones mobiles sont assurés, selon la société Finaccord L’offre la moins chère rembourse le « dommage accidentel » seulement lorsqu’il est le fait d’un « événement extérieur » : « Vous êtes seul et votre téléphone vous échappe des mains, vous n’êtes pas couvert, explique M. Courtin. Mais vous êtes bousculé dans le métro et il vous échappe des mains, vous êtes couvert. » Bon à savoir lorsqu’on fera sa déclaration… Cette offre bon marché ne protège pas en cas d’« oxydation », liée au séjour du téléphone dans l’eau. Dommage pour les messieurs, « qui perdent souvent leur téléphone dans les toilettes, où ils passent des communications », ironiseM. Courtin. Le plafond de remboursement s’élève à 150 euros environ pour le téléphone et 500 euros environ pour les communications frauduleuses passées après un vol. Le niveau de protection intermédiaire, lui, protège en cas d’« oxydation accidentelle » : « Vous êtes au bord d’une piscine et vous plongez : vous n’êtes pas couvert. Mais si l’on vous pousse, vous êtes couvert », traduit le courtier de SPB. Bon à savoir aussi… Ce type d’assurance prend en compte le vol à la tire (dans un sac à main ou dans la poche de la veste). Elle rembourse 500 euros environ pour le téléphone et 48 heures de communications frauduleuses. La protection la plus chère joue en cas de « perte accidentelle » : « Vous skiez, et à la fin de la journée vous n’avez plus le portable. Si vous avez fait une chute dans la journée, vous êtes couvert », traduit M. Courtin. Elle garantit toutes les sortes de vol sauf ceux qui résultent de la négligence – on quitte la table d’un café quelques minutes, en laissant le téléphone dessus. Elle couvre parfois le vol de jour dans la voiture – jamais de nuit. Elle ne prévoit pas de plafond pour l’indemnisation du téléphone, et peut rembourser 5 000 euros de communications. On change de téléphone tous les vingt mois, en moyenne. Attention à bien le déclarer à l’assurance qui, sinon, ne jouera pas, même si l’on a cotisé… Il faut aussi noter la date anniversaire de la souscription, pour résilier à temps, le fournisseur n’ayant pas l’obligation de prévenir son client. Seuls, 10,8 % des détenteurs de téléphones mobiles sont assurés, selon la société Finaccord. p Rafaële Rivais Israël et Palestine réunis sur une plaquette touristique O ser faire ce que les voyagistes ne font plus depuis la première Intifada : proposer dans une seule et même brochure Israël et la Palestine, pour un hymne à la tolérance et à la paix », résume sans provocation, Jean-François Rial, le patron de Voyageurs du monde (VDM) en présentant sa nouvelle brochure consacrée aux voyages individuels combinés Israël-Palestine. Sans provocation, car ce projet, enfin concrétisé, a été mûri pendant plus de quatre ans comme un acte de foi. « Ce projet et désormais cette brochure, reconnaît le président de VDM, sont le fruit d’un rencontre: celle que j’ai faite avec JR, artiste-photographe et son complice Marco Berrebi. En 2007, JR et Marco ont entrepris d’exposer sans autorisation dans plusieurs villes israéliennes et palestiniennes d’immenses portraits grimaces d’Israéliens et de Palestiniens faisant le même métier. C’est ainsi que le projet Face2Face est né. » « Un outil de paix » Le but recherché était de montrer qu’au-delà de ce qui les sépare, Israéliens et Palestiniens se ressemblent suffisamment pour pouvoir se comprendre. Un but, semble-t-il, atteint pour JeanFrançois Rial pour qui « ce projet est un véritable prolongement de la démarche engagée par JR et Marco où le tourisme devient un outil de paix ». Concrètement, aux traditionnels circuits qui, outre Israël, proposent généralement Bethléem ou Jéricho (Cisjordanie), Voyageurs du monde, a ajouté Ramallah, Naplouse ou Sébaste/Sebastia (la Samarie de la Bible). Le voyagiste propose ainsi plusieurs formules à la carte à partir de 1 450 euros par personne pour huit jours et sept nuits. En Palestine, par exemple, les ruines antiques de Sebastya, le maqam (mausolée) du Nabi Musa, les monastères de Mar Saba et de Saint-Georges de Koziba. D’autres voyages plus longs sont également réalisés en partenariat avec Terre d’aventure. Sur une base de 2 800 euros par personne, on peut ainsi partir pour une randonnée de dix jours à travers de la Palestine décrite par la Bible : les collines de Judée, les montagnes du Moa, la mer Morte, Artas puis descente vers le désert de Judée, puis Massada, la mer Morte et Jérusalem. Pour Jean-François Rial, c’est une région « extraordinaire tant au plan spirituel qu’humain qui permet également de traverser des paysages et des villes incroyables » comme Naplouse « peutêtre plus belle que Jérusalem », ou Ramallah «branchée et cosmopolite » à l’image de Tel-Aviv. Du point de vue de la sécurité, le Quai d’Orsay a classé Israël et la Cisjordanie en orange, une couleur qui signale les régions dont la visite est possible mais nécessite une vigilance particulière. Les responsables de Voyageurs du monde ainsi que les spécialistes de la destination au siège du voyagiste restent toutefois en liaison permanente avec le ministère des affaires étrangères pour pouvoir réagir en temps réel si tel ou tel endroit de la région posait problème. p François Bostnavaron Evasio E Ev asio asio ion Publicités 28 Météo & Jeux < -5° 0 à 5° -5 à 0° 5 à 10° Ecrans 10 à 15° 15 à 20° 35 km/h 35 km/h 7 Edimbourg Metz -2 2 -5 0 -2 2 Nantes Londres Besançon -1 4 Odessa Chamonix -3 -2 -1 1 0 2 Barcelone Barcelone Lyon 2 4 7 7 8 Montpellier Toulouse Marseille 7 10 6 8 10 10 Front chaud Front froid Occlusion Thalweg 11 16 Lever 11h15 Coucher 20h50 Jours suivants Samedi 2 5 -1 4 -3 6 -2 2 -3 Beyrouth Rabat Tripoli Tripoli Jérusalem Le Caire Islande Un temps pluvieux et doux s’imposera 4 8 Les conditions vont rapidement s'améliorer. Quelques flocons voltigeront encore près des frontières de l'est et de faibles pluies se produiront au sud de la Garonne le matin. Partout ailleurs, le ciel se dégagera, permettant au soleil de faire de belles apparitions. L'atmosphère s'annonce assez froide avec des gelées fréquentes. Tunis Tunis Dépression 12 15 Vendredi Aujourd’hui D Nice Ajaccio 75 km/h Lever 08h32 Coucher 16h52 Saint Pierre Coeff. de marée 74 D Anticyclone En Europe Températures à l’aube 1 22 l’après-midi Athènes Alger Perpignan 10 11 Istanbul Ankara Séville A Biarritz Bucarest Sofia Rome Lisbonne Grenoble 2 Zagreb Belgrade Madrid 3 4 Bordeaux 25 km/h Budapest Berne Milan Clermont-Ferrand Limoges Kiev Munich Vienne Paris -1 3 -2 4 Copenhague Bruxelles -1 1 Dijon Poitiers 25 km/h A -4 1 Orléans Moscou Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague Dublin Strasbourg Rennes -1 5 St-Pétersbourg Riga -5 1 PARIS 0 5 Helsinki Oslo Stockholm Châlonsen-champagne Caen Brest 0 www.meteonews.fr 0 4 -1 4 Chronique Franck Nouchi > 40° Comédie française Amiens Rouen 35 à 40° Reykjavik 0 3 5 30 à 35° 09.12.2010 12h TU Lille 1 25 à 30° En Europe Jeudi 9 décembre Retour au calme pour tout le monde Cherbourg 20 à 25° 1 -1 6 -2 3 -3 6 4 11 Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Bucarest Budapest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik pluieetneige assezensoleillé assezensoleillé aversesmodérées faibleneige faibleneige pluieetneige averseséparses pluieetneige bienensoleillé bienensoleillé cielcouvert faibleneige assezensoleillé pluieetneige bienensoleillé risqueorageux aversesmodérées bienensoleillé aversesdeneige bienensoleillé faibleneige bienensoleillé brouillard neigemodérée pluiemodérée 2 17 15 9 -3 0 0 6 9 0 -1 0 -3 14 1 18 14 6 0 -5 12 -8 12 -7 -2 2 5 21 16 16 0 1 3 11 9 0 4 3 -2 17 5 19 18 8 4 -1 17 1 19 -7 1 7 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb -6 14 6 -9 -4 13 0 3 -2 12 -1 17 19 -2 -2 18 0 4 0 14 17 6 24 19 19 16 25 25 22 14 6 23 16 2 -10 15 24 18 31 21 28 31 26 27 25 20 18 30 20 22 -9 26 neigesoutenue assezensoleillé assezensoleillé trèsnuageux faibleneige averseséparses faibleneige aversesdeneige neigesoutenue aversesmodérées Dans le monde Alger éclaircies Amman bienensoleillé Bangkok assezensoleillé Beyrouth bienensoleillé Brasilia risqueorageux Buenos Aires beautemps Dakar beautemps Djakarta risqueorageux Dubai beautemps Hongkong bienensoleillé Jérusalem bienensoleillé Kinshasa risqueorageux Le Caire bienensoleillé Mexico bienensoleillé Montréal éclaircies Nairobi averseséparses New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington beautemps beautemps bienensoleillé risqueorageux beautemps averseséparses beautemps risqueorageux risqueorageux beautemps bienensoleillé bienensoleillé bienensoleillé assezensoleillé 11 20 -3 -1 -5 3 17 30 17 23 25 29 -2 2 25 31 22 31 7 15 10 13 16 24 -3 2 12 15 Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis risqueorageux beautemps averseséparses risqueorageux beautemps assezensoleillé 24 27 22 27 24 26 Outremer 31 30 24 30 29 30 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h Dimanche Lundi Nord-Ouest 1 9 3 7 1 4 Ile-de-France 4 6 4 6 3 4 Nord-Est 2 3 3 4 0 2 Sud-Ouest -1 8 0 8 1 6 Sud-Est 1 9 2 11 2 9 LA FRANCE BAGAGE ENREGISTREMENT 48 PRESSE ET CAFÉ INCLUS € T TC ALLER SIMPLE jusqu’au 16 décembre Partez du 03/01 au 03/04/2011. Tarif à partir de, hors frais de service, soumis à conditions, sur 69 liaisons directes en France métropolitaine. air france.fr Mots croisés n˚10-293 Sudoku n˚10-293 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12 9 3 IV VI VII VIII IX 5 4 5 3 6 4 1 7 5 9 8 4 9 7 6 5 8 1 2 3 5 8 1 9 3 2 7 6 4 8 1 3 7 6 9 2 4 5 9 4 2 1 8 5 6 3 7 7 6 5 2 4 3 8 1 9 1 7 4 8 9 6 3 5 2 6 5 8 3 2 4 9 7 1 3 2 9 5 7 1 4 8 6 Moyen Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés et sudoku. X Verticalement 1. Ne participera pas aux concours de beauté. 2. Mise au point. Cadeau du ciel. 3. Cours africain. Tels qu’on le dit. 4. Antique cité syrienne. Du neuf dans les mots. 5. Fait le plein pour nourrir toute sa famille. Le strontium. 6. Note. Bien heureuses. 7. Equipé avant de partir. 8. Habit qui fait le moine. Maréchal de France. 9. Sans aucune fantaisie. Singe aux bras longs. 10. Débarqué de Riga. Piégé. 11. Attaqués en surface. 12. Une classification pour les huiles. Assure une bonne base. Philippe Dupuis I. Prêts-à-monter. II. Hâtif. Aparté. III. Youp. Prévert. IV. Ludique. Emir. V. Ali. UTC. Tapa. VI. Adorait. En. VII. Ton. Tigres. VIII. Est. Idée. Euh. IX. Ré. Oté. Nonne. X. Erigé. Fessée. 2 2 toute la 6 5 7 3 Complétez grille avec des chiffres allant de 1 à 9. 1 4 2 9 Chaque chiffre ne doit être utilisé qu’une 9 8 seule fois par ligne, par colonne et par 8 3 2 carré de neuf cases. http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html V Horizontalement 4 4 III Solution du n° 10 - 292 2 6 II Horizontalement 1 1 I I. Remuants et agissants, mais pas bien nombreux. II. Ses filets s’apprécient grillés. Lac de Russie. III. Impossible de faire mieux. Victime de l’ouverture sur le plateau. IV. Joliment troussé. Possessif. V. Grande réunion. A approché le soleil de trop près. Supprima. VI. Indubitable. Parfum d’étoiles. VII. Grand vide. Encadrent les garnisons. VIII. Eve y retrouva son compagnon. Reprises insupportables. Négation. IX. Pas toujours faciles à tenir. Appelées à distance. X. Vous aurez beaucoup de mal à résister à ses charmes. Solution du n˚10-292 Mercredi 8 décembre TF 1 Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 2 D u théâtre. Et du grand ! De l’inédit ! Une tragédie qui finit en comédie à l’eau de rose, avouez que ce n’est pas banal. Il y a quelque chose du génie français dans l’affaire Bettencourt. Une affaire nationale qui se transforme en pièce de Feydeau. On imagine le repas, dimanche prochain, autour de la grande table de l’hôtel particulier de Neuilly. Toute la famille enfin rassemblée. Le désormais infréquentable Monsieur Banier mis à l’écart. Et Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune qui savait si bien faire fructifier la sienne : dehors ! « Madame Liliane Bettencourt et sa fille Françoise Bettencourt Meyers, assistées de leur conseil respectif, Maître Pascal Wilhelm et Maître Didier Martin, se sont rapprochées pour mettre un terme aux conflits qui ont perturbé leur vie familiale, ainsi qu’aux procédures engagées. Elles ont décidé de se tourner vers l’avenir et ont pris pour cela, d’un commun accord, toutes les dispositions nécessaires » : le texte du communiqué est admirable. Tout comme cette déclaration de Liliane Bettencourt : « La décision que Françoise et moi avons prise est pour moi source d’espérance. Elle correspond à mon souhait de voir la famille réunie. Nous allons ensemble pouvoir aller de l’avant. Pour notre bien commun et pour L’Oréal, qui fait tant partie de ma vie. » Celle de Françoise Bettencourt Meyers est pas mal aussi : « Cette entente nous fait enfin retrouver l’harmonie familiale, partagée tout autant par mon mari et nos enfants que par ma mère. J’y aspirais aussi pour toute l’entreprise L’Oréal, qui poursuit sa merveilleuse épopée et à laquel- le je suis profondément attachée. » On comprend le soulagement du patron de L’Oréal, qui s’est réjoui lundi de ce « dénouement heureux ». Alors, tout est bien qui finit bien ? Pas pour tout le monde. Ce pauvre Monsieur Woerth pourrait bien être le dindon de cette histoire. Et puis, que dire de ce mystérieux fil à la patte qui relie tous les protagonistes ? Du Feydeau, avons-nous dit. Et pour vous en convaincre, courez voir… Un fil à Chez Feydeau, comme chez les Bettencourt, l’art de la construction est poussé à la perfection la patte à la Comédie-Française. Mise en scène par Jérôme Deschamps, c’est la pièce la plus drôle qui se puisse applaudir ces joursci à Paris. Les personnages, dit Deschamps, « sont dans un monde où l’argent a une place absolument déterminante ; et ils courent après, chacun à sa façon. L’argent préside à la destinée de chacun. Rien ne les arrête. Cela ne va pas sans une espèce de cynisme, de détachement par rapport à la vie sentimentale, à l’honnêteté des sentiments ». Chez Feydeau, comme chez les Bettencourt, l’art de la construction est poussé à la perfection. Allez voir la pièce, elle le vaut bien. Vous y découvrirez un acteur extraordinaire : Christian Hecq. Il reprend le rôle de Bouzin, minable clerc de notaire et compositeur raté, créé au Français en 1961 par Robert Hirsch. Génial ! p Les soirées télé Les jeux 1 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Verticalement 1. Phylactère. 2. Raoul. Oser. 3. Etudiant. 4. Tipi. Og. 5. SF. Quotité. 6. Putride. 7. Marécage. 8. OPE. Irène. 9. Navette. Os. 10. Tréma. Sens. 11. Etripe. Une. 12. Retranchée. Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] Médiatrice : [email protected] Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ Changement d’adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,15 TTC/min) Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤ Internet : site d’information: www.lemonde.fr finances : http://finance.lemonde.fr Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Documentation : http ://archives.lemonde.fr Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 20.35 Football. Ligue des champions (1re phase, 6e et dernière journée, gr. F) : Marseille - Chelsea. En direct. 22.55 V. Série. Une ère nouvelle. La Cinquième Colonne. Bienvenue au front (S1, 3 à 5/12, 145 min) U FRANCE 2 20.35 Fais pas ci, fais pas ça. Série. Couper le cordon. Aimez-vous Chopin ? (saison 3, 5 et 6/8). Avec Isabelle Gélinas. 22.25 Le Bureau des plaintes. 0.10 Journal de la nuit, Météo. 0.25 Des mots de minuit. Invités : Muriel Mayette, Anne Nguyen, Jean-Pierre Jouyet, Liz McComb (70 min) . FRANCE 3 20.35 Le Festin de Noël. Documentaire. Jean-Pierre Petit (2010). 22.30 Soir 3. 22.55 Ce soir (ou jamais !). 0.25 Couleurs outremers. Le Tatouage à Tahiti. Magazine. 0.50 Espace francophone (30 min). CANAL + Jeudi 9 décembre TF 1 20.45 R.I.S. Police scientifique. Série. Revivre encore (saison 6, 2) U ; Cercueil volant U. Nuit blanche (saison 4, 13 et 11/16). 23.45 Esprits criminels. Série. Sœurs jumelles U. Le 7e Passager V (S1, 5 et 9/22). Avec Thomas Gibson (100 min). FRANCE 2 20.35 A vous de juger. Magazine. Invitées : Rachida Dati, Marine Le Pen. 23.10 Infrarouge. Françafrique. [1/2] La Raison d’Etat. Documentaire. Patrick Benquet (2010) U. 0.50 Voile sur la République. Documentaire. Bernard Debord (Fr., 2009, 60 min). 0.35 Journal de la nuit, Météo. FRANCE 3 20.35 Anthony Zimmer Film Jérôme Salle. Avec Yvan Attal (Fr., 2005) U. 22.10 Soir 3. 22.35 Ce soir (ou jamais !). Magazine. 0.05 Le Match des experts. 0.20 Tous vos amis sont là... Antoine de Caunes (55 min). CANAL + 20.50 Coco Chanel 20.50 Les Piliers de la Terre. & Igor Stravinsky p Film Jan Kounen. Avec Anna Mouglalis, Mads Mikkelsen, Yelena Morozova (France, 2009). 22.45 Football. Ligue des champions. 23.55 Humains Film Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thévenin. Avec Lorànt Deutsch (Fr., 2009, 85min). Série (saison 1, 1 et 2/8). Avec Clive Wood V 22.40 Mad Men. Série (saison 3, 13/13). 23.25 30 Rock. Série (S4, 21 et 22/22). 0.10 Le Prof Film Alexandre Jardin. Avec Jean-Hugues Anglade, Yvan Attal (France, 1999, 145 min). ARTE ARTE 20.40 Les Mercredis de l’Histoire. Quand les nazis filmaient le ghetto. Documentaire. 22.10 Le Dessous des cartes. 22.20 7 ans Film Jean-Pascal Hattu. Avec Valérie Donzelli, Cyril Troley, Bruno Todeschini (France, 2006). 23.45 New Pop Festival 2010 (90 min). M6 20.45 La France a un incroyable talent (2e demi-finale). 23.00 « La France a un incroyable talent », ça continue. 23.55 Stéphane Guillon, « formule épicée ». En 2009 (50 min) U . 20.40 Rois et reine ppp Film Arnaud Desplechin. Avec Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Catherine Deneuve (Fr., 2004). 23.05 Jeans, une planète en bleu. 0.05 Tracks. Spécial mystery. 1.00 Serbis Film Brillante Mendoza. Avec Gina Pareño, Jaclyn Jose, Dan Alvaro (Phil., 2008, 85 min). M6 20.45 Lie to Me. Série. L’Enfer du devoir. Dans ses yeux... (S2, 14 et 15/22, inédit) U ; Question de conscience. Mort dans l’âme U (saison 1, 7 et 8/13). 23.55 Sons of Anarchy. Série. Le Schisme (saison 2, 8/13, 70 min). Carnet 29 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Le Carnet Faites part de vos événements par téléphone : 01 57 28 28 28 par e-mail : [email protected] par fax : 01 57 28 21 36 au journal ou par courrier : Le Monde - Le Carnet 80 boulevard Auguste Blanqui 75707 Paris cedex 13 Tarifs 2010 (prix à la ligne) Naissances, Anniversaires de naissance, Mariages, Fiançailles… : 18 TTC Décès, remerciements, Avis de messe, Anniversaires de décès, Souvenirs : 24 TTC Thèses : 15 TTC Réduction abonnés Un justificatif d’identité sera demandé. Vous pouvez nous transmettre vos annonces la veille pour le lendemain : du lundi au jeudi jusqu’à 18 h ; jusqu’à 16 h. 01 57 28 28 28 AU CARNET DU «MONDE» Naissance Mélanie et Denis SALLOIS partagent avec Céleste, l’immense joie d’annoncer la naissance de Nathalie, Vincent et Etienne Boulenger, ses enfants, Krischan Schroth et Cécile Vergès, son gendre et sa belle-fille, Roxane Boulenger, sa petite-fille, Frédéric Senèze, son beau-frère, Laure et Julien Senèze, sa nièce et son neveu et leurs conjoints, Gérard et Marianne Hanau, son cousin et son épouse, Evelyne Poirier-Burtin, sa petite-cousine, François Mikol, son cousin, Les familles Brunswick, Hury et Arnal Et Juliette, ont la tristesse de faire part du décès de Mme Simone BOULENGER, née GRÜNFELD, La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en l’église Notre-Dame-de-Grâce de Passy, Paris 16e. survenu le 3 décembre 2010, à l’âge de soixante-dix-huit ans. La cérémonie aura lieu le jeudi 9 décembre, à 15 h 20, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e. Nathalie Boulenger, 40, rue Henri Chevreau, 75020 Paris. Etienne Boulenger, 12, rue de la Glacière, 75013 Paris. ont la tristesse de faire part du décès de leur très estimé confrère, Annie Del Corso, Benjamin, Colomba, Aboubacar, Elage Mme Josie Perrière, Les familles Del Corso, Sedoni et Rignault, Tous ses amis, Alexandre DEL CORSO, a conclu avec la vie le plus beau des contrats, en présence et sous le regard forcément émerveillé de ses parents, Ses cendres seront déposées ultérieurement dans le caveau familial à Monaco Paris. Bratislava. Françoise et Pierre DESVERGNES et toute la famille, sont très heureux d’annoncer la naissance de Matisse, Décès M. et Mme Alain Simon, M. et Mme Bernard Fuchs, ses sœurs et beaux-frères, Vincent et Stéphanie Simon, Thomas, Julie, Tristan, Marie et Pierre Devie, Jules, Hector, Octave, Jean et Céline Simon, Emma Noah, Pauline et Edouard Quinat, Célestine, Ninon, Balthazar, Guillaume Fuchs et Lætitia Vona, ses nièces et neveux, Les familles Barçon, Jaffrelo, Marchiset, Nalet, Sihr Et tous ses amis, ont la douleur de faire part du décès de Daniel BERTHAULT, ingénieur général de l’Armement X 63 survenu le 6 décembre 2010. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en la chapelle du Val-de-Grâce. Daniel repose au funérarium de l’hôpital du Val-de-Grâce. Ni fleurs ni couronnes. Famille Simon Berthault, 78, rue Amiral Mouchez, 75014 Paris. Sa fille, Sa belle-fille, Ses petits-enfants Et ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de médecin psychanalyste, chevalier de la Légion d’honneur, évadé de France, médaille militaire, croix de guerre 1939-1945 avec palmes, survenue le 4 décembre 2010 à Paris. Bernard GUINOTTE a retrouvé la Paix auprès du Seigneur, le vendredi 3 décembre 2010, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Catherine Guinotte, son épouse, François, Christian, Anne et Xavier, ses enfants, Anne, Caroline, Bruno et Marianne, leurs conjoints, Mathilde, Gabrielle, Daphné, Marine, Alexis, Philippine, Valentin et Arthur, ses petits-enfants, Yves Guinotte, son frère Et toute la famille, vous convient à la cérémonie religieuse qui sera célébrée le vendredi 10 décembre, à 10 h 30, en l’église Saint-Médard, 39, rue Daubenton, Paris 5e. Suivie de la crémation au cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e, à 14 h 10. Ni fleurs ni couronnes. Dons souhaités au profit de l’association France Alzheimer, 21, boulevard Montmartre, 75002 Paris. 84, boulevard Arago, 75014 Paris. Le docteur Gabriel Nemes, son compagnon, Mark Jackman, Ian Jackman, Paul Jackman, Lee Jackman, ses frères, Florence et Manuelle Miailhe, Patrick Zachmann, Fanny, Mario, Théo et Anna, René et Conchita Glodek, Elise, Anita et Sarah Glodek, Tous ceux qui ont été près d’elle jusqu’aux derniers moments de sa vie, Mawa, Cheikh et les amis de Mario, ont la tristesse de faire part du décès de Jean-Paul, Pierre, Bruno, ses enfants, Ses petits-enfants Et arrière-petits-enfants, Luc et Anne, ses neveux, Gyuri Nemes, Charles Nemes, Michel Nemes, ses beaux-frères, ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu de Eugenia et Rosa, qui l’ont accompagné avec tant d’amour et de compétence Mireille Glodek MIAILHE, artiste peintre, résistante à Toulouse, survenu le 6 décembre 2010. La cérémonie aura lieu au crématorium du Père-Lachaise, le jeudi 9 décembre, à 10 h 20. «... alors, il n’y a plus de roman, puisque Mireille Miailhe a cessé d’être un personnage imaginaire. » Louis Aragon, Blanche ou l’oubli. Paris. Alep. Une cérémonie religieuse sera célébrée en sa mémoire le 22 janvier 2011, à 11 heures, en l’église Saint-Eustache à Paris 1er. Cet avis tient lieu de faire-part. Cet avis tient lieu de faire-part. [email protected] [email protected] 9, rue Berteaux-Dumas, 92200 Neuilly-sur-Seine. est partie avec la première neige de l’année sur Paris. En ce monde qui n’est plus le sien, le bel éclair du souvenir au moins traverse le voile du chagrin et des appels en vain. Les familles Claraz et Kergomard ont le regret de faire part du décès de Véronique ROUSSEL, musicologue, ethnomusicologue, ancien producteur à France Musique, Une messe aura lieu le vendredi 10 décembre, à 9 h 30, en l’église NotreDame-de-Lorette, à Paris, suivie d’une crémation au cimetière du Père-Lachaise. « J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne Qu’il fait jour à midi qu’un ciel peut être bleu Tu m’as pris par la main comme un amant heureux. » Cet avis tient lieu de faire-part. Les entreprises du Club ADEME International ont la grande tristesse de faire part du décès de M. Jean-Claude OPPENEAU ingénieur chimiste, doctorat CEA, officier de la Légion d’honneur. t Il participa ainsi à la création du ministère de l’Environnemen en 1971 et y fut directeur de la recherche. Arrivé à l’ADEME en 1995, il occupa les postes de conseiller r général et de directeur adjoint de l’Action Internationale. directeu du des équipes Retraité depuis quelques années, il était resté très proche International, de l’ADEME et intervenait comme conseiller du Club ADEME françaises reprises éco-ent des tion l’innova de service au où il mettait son talent contribué à créer. et notamment celle du Club ADEME International qu’il avait la grande valeur Jean-Claude était reconnu pour son dynamisme ainsi que er. l’étrang qu’à France en de son expertise tant qualités de cœur, Très apprécié pour son caractère chaleureux et ses grandes son chemin croisé ont qui amis et es collègu les tous à Jean-Claude manquera en France et de par le monde. re, Une cérémonie en sa mémoire sera organisée le jeudi 9 décemb au (Essonne). à 11 heures, en l’église Saint-Martin, boulevard Viala, Palaise la peine de sa famille Les entreprises du Club ADEME International s’associent à et de ses proches. ont la tristesse de faire part du décès de Mme Charles TURQUIN, née Thérèse LAPRUN, survenu dans sa quatre-vingt-quinzième année. La cérémonie religieuse aura lieu en l’église Saint-Flavien, à Toulon, le 10 décembre 2010, à 15 heures. Remerciements survenu le 3 décembre 2010, à l’âge de soixante et un ans. Très émue, Maryse Délot remercie toutes les personnes qui ont manifesté leur attachement à Une cérémonie aura lieu le jeudi 9 décembre, à 13 h 30, 11, rue Marmontel, à Clermont-Ferrand. Suivra l’inhumation au cimetière d’Aubière. Véronique aurait apprécié un don à La Cimade, soit directement, soit à Eve Claraz, 43, rue Christian Lacouture, 69500 Bron. Pierre DÉLOT, décédé brutalement le 23 novembre 2010. Anniversaires de décès Le 8 décembre 2010, à Lyon, Michel FLORET-MIGUET, agrégé d’histoire-géographie, nous a quittés à l’âge de soixante-quinze ans. Orliénas. M. Jean-Claude Salètes, son époux, Marine et Julien Desecures, Fabienne et Benoit Lefevre, Maude et Grégoire Salètes, ses enfants, Mathis, Marguerite, Aïna, Laure, Lise, Béryl, Jeanne et Cléo, ses petits-enfants, Les familles Forest, Salètes et alliées, Ses amis et proches, Papa, Papi, nous pensons fort à toi. Cécile et Edith Floret-Miguet, Violette, Lionnelle et Olivier. 3, rue des Cliquets, 92380 Garches. Souvenir Il y a vingt ans, Carmen BASSAN MUGNIER ont la grande tristesse de faire part du décès de M Marie-Joseph SALÈTES, née FOREST, nous quittait. Elle reste dans nos cœurs. Bruno, Anne et Philippe, ses enfants. survenu le 4 décembre 2010, au Centre Léon Bérard de Lyon, à l’âge de soixante-quatre ans. Francis MAYER, La cérémonie religieuse aura lieu le jeudi 9 décembre 2010, à 14 h 30, en l’église d’Orliénas, Rhône. directeur général de la Caisse des Dépôts, nous quittait il y a quatre ans. L’incinération aura lieu dans l’intimité familiale. Il aurait aujourd’hui soixante ans. Nous pensons chaque jour à lui. Cet avis tient lieu de faire-part. Que ceux qui l’ont connu se souviennent de sa formidable force de vie. ont la peine de faire part du décès de Christian POCHE, Anne et Jacques Comby, Béatrice et Yves Chatellier, ses filles, Antoine et Raphaëlle Comby, Romain Chatellier et Irène Bellomo, ses petits-fils, Ses arrière-petits-enfants, Sa belle-sœur, ses neveux et nièces, La famille Traoré Turquin, née KERGOMARD, ont l’immense douleur d’annoncer la disparition brutale de survenue le 3 décembre 2010, à Paris. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine, 90, avenue du Roule. née KOHN-ABREST, le 6 septembre 1925, Josette Tolman, sa nièce, Alexandre Engelhorn, son beau-frère, Sa famille Et ses amis, David JACKMAN, survenu en son domicile, à Neuilly-sur-Seine, le 6 décembre 2010, à l’âge de quarante-six ans. Louise JANSSENS, Radhia, son épouse, Clément, son fils, Les familles Dziri, Nouzeilles, Poche, Marrache Et tous ses amis, ont la douleur de faire part du décès de L’inhumation a eu lieu dans l’intimité familiale au cimetière de Crécy-Couvé (Eure-et-Loir). Le jeudi 25 novembre 2010, me Mme Sonja Nemes, sa belle-mère, survenu le 27 novembre 2010, dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année. Katarina et Aurélien. survenu le 5 décembre 2010. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 10 décembre, à 14 h 30, en l’église Notre-Dame-de-Grâce de Passy, 10, rue de l’Annonciation, Paris 16e. Et tous ses proches, chez X 42, Ni fleurs ni couronnes. M. Paul FACCHETTI, le 27 septembre 2010, à Paris, Robert CLAUSSE, membre de l’Académie nationale de médecine, commandeur de la Légion d’honneur, Paris. Brunoy. Jacques FINKELSTEIN, le professeur Didier-Jacques DUCHÉ, survenu à Paris, le 5 décembre 2010, à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans. ont la tristesse de faire part du décès de Charles, Anne-Cécile NÈGRE-BAUD et Emmanuel BAUD. Le président Et le secrétaire perpétuel, Les membres Tous ses proches ont le chagrin d’annoncer la disparition de de l’Académie nationale de médecine, Une cérémonie œcuménique aura lieu dans la stricte intimité à la Maison Jeanne Garnier, suivie d’une incinération au crématorium du Père-Lachaise, Paris 20e, jeudi 9 décembre, à 13 h 15. Le 29 novembre 2010, à Paris, au mépris du terme convenu, professeur Didier-Jacques DUCHÉ, survenu le 5 décembre 2010, dans sa quatre-vingt-quinzième année. enfant cachée sous le nom de « Rey-Golliet », survenu le 2 décembre 2010. à Paris, le 23 novembre 2010. ont la tristesse d’annoncer le décès du membre de l’Académie nationale de médecine, commandeur de la Légion d’honneur, pharmacien biologiste, Anatole, Marguerite-Marie Duché, née Lorilleux, son épouse, Marie-Emmanuelle (†), Bénédicte et Éric Katlama, Jean-Baptiste et Marie-Agnès Duché, Jérôme et Claude Duché, Christophe et Marie-Odile Duché, Clotilde et Dominique (†) Manoury, Pascaline et Michel Sicot, Sébastien et Béatrice Duché, Angélique et Jean-François Wirth, L’abbé Emmanuel Duché, ses enfants, Ses petits-enfants, Ses arrière-petits-enfants, Andrée Mayer, son épouse, Sophie, Philippe, Alexandra, ses enfants. Communications diverses La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 9 décembre 2010, en l’église SaintAugustin, Paris 8e, à 14 h 30. Centre Communautaire de Paris : Colloque - « L’autre visage d’Israël ». Dimanche 12 décembre 2010 - 14 h 30 « Les paramètres de la paix : Les voies et les pièges » animé par Alexis Lacroix avec Dominique Moïsi, Frédéric Encel - 16 h 30 - « L’Etat juif, les Etats arabes : un dialogue est-il possible ? » avec Antoine Sfeir, Ivan Levaï - 19 heures « La démocratie israélienne entre sacré et profane » par Denis Charbit. 119, rue La Fayette, Paris 10e. Tél. : 01 53 20 52 52. www.centrecomparis.com - (PAF). L’inhumation aura lieu au cimetière parisien de Pantin, dans la sépulture de famille, à 16 h 30. Joël Cuénot, grand amoureux de Paris, vous conseille de visiter son site : www.joel-cuenot.com Me Yvonne TOLMAN, épouse ENGELHORN, présidente du Comité inter ONG pour les jeunes de la rue, présidente d’honneur de la Fédération internationale des femmes des carrières juridiques, représentante à l’UNESCO, avocat honoraire. ! ! " !!!! # $ ! % ! & # ' ( ) * !!+! & ) , ,, # -, '.! /! /!&!! 0 # 111# ,# 2!# 30 0123 Jeudi 9 décembre 2010 Riosifflelafinde partiepourlesnarcos Lettre d’Amérique du Sud Jean-Pierre Langellier P endant plusieurs jours, son visage a envahi les écrans et les journaux du Brésil. Menton dressé, œil dur, mâchoires closes. Humilié, déchu, menotté, mais le regard noir lancé dans un dernier défi aux témoins de sa défaite. Torse nu, encadré par deux policiers militaires, Elizeu Felicio de Souza, alias « Zeu», 31 ans, symbolise, à lui seul, la récente victoire remportée par les forces de l’ordre sur les trafiquants de drogue à Rio de Janeiro. En 2002, un reporter de TV Globo, Tim Lopes, enquête avec une caméra cachée sur l’exploitation sexuelle de mineures recrutées par les « narcos » pour animer leurs fêtes dans la favela de Vila Cruzeiro. Démasqué par les malfrats, le journaliste est capturé, torturé, achevé à coups de sabre par le chef de la bande, Elias Pereira da Silva, dit « Elias le Fou». Cet assassinat émeut et choque le Brésil, pourtant coutumier des pires violences. Zeu est l’un des bourreaux. Il a aussi acheté l’essence qui enflammera le pneu auquel est harnaché le corps de la victime. La justice le condamne à vingt-trois ans et six mois de prison. Cinq ans plus tard, elle lui concède un régime de semi-liberté. Le détenu en profite, dès le premier soir, pour partir en cavale. En août dernier, un reportage télévisé, filmé clandestinement, le montrait en train de vendre de la drogue, avec quelques complices. Le 28novembre, l’armée et la police se lancent à l’assaut des collines du Complexo do Alemao, un ensemble d’une dizaine de favelas, devenu la forteresse de la drogue à Rio, et qu’elles occupent depuis en permanence. Prévenus par un informateur anonyme, les hommes en uniforme savent que Zeuse cache chez sa sœur. Réfugié sous un lit, il se rend, seul et sans armes, après avoir reçu la promesse qu’il aura la vie sauve. Aussitôt présenté à la presse en pleine rue, il essuie les quolibets des passants : «Alors, le grand macho, ça va ? » Ce jour-là, plusieurs redditions prennent une tournure familiale. Carlos Augusto, dit « Pingo », 25 ans, est livré par son père, un pompier. Ce dernier «remercie» la police d’avoir attrapé son fils vivant: « Il doit payer pour ce qu’il a fait. Je l’ai persuadé de se rendre. J’ai quatre fils, lui seul a mal tourné. » Diego Raimundo da Silva dos Santos, alias « Mister M », 25 ans, numéro 2 du trafic local, se rend, accompagné de sa mère, Nilza Maria, dont il est un des dix enfants : «Je suis heureuse de l’avoir convaincu, ditelle, car il allait mourir. » Pendant des années, les narcos ont imposé leur loi en utilisant la population comme « bouclier humain ». Tels de nouveaux seigneurs féodaux, ils vivaient au sommet des collines, parfois dans des maisons luxueuses, d’où ils pouvaient surveiller la favela et être avertis à temps des incursions policières. Cette fois, la communauté les lâche. L’opération contre eux est si massive – 2 700 hommes – si résolue, et si médiatisée – retransmise en boucle à la télé avec un hélicoptère à l’appui, que le mythe de leur invincibilité vole en éclats en moins de deux heures, incitant les habitants, rassurés et soulagés, à rompre l’omerta. Ce dimanche-là, le numéro vert de la police réservé aux dénonciations reçoit plus de 500 appels. Le butin policier est impressionnant : 50 tonnes de marijuana, la plus grosse prise de l’histoire du Brésil, 300 kg de cocaïne, plus de 300 armes lourdes et fusils, 370motos et voitures volées, des grenades par dizaines, des munitions par milliers. Les hommes en uniforme savent que «Zeu» se cache chez sa sœur. Réfugié sous un lit, il se rend, seul et sans armes, après avoir reçu la promesse qu’il aura la vie sauve Parmi la trentaine de prisonniers, figurent certains caïds aux sobriquets sonores: « le Roi », « le Playboy», « l’Indien », « le Pilote», « le 2 D », « Mao » – soupçonné d’avoir tué dix policiers – et Sandra « la Longue Chaussure », la femme la plus recherchée de Rio. Mais plusieurs gros poissons échappent aux mailles du filet. Avant l’encerclement de la favela, l’un des « gérants » du trafic, «Pezao» («Grands Pieds ») abandonne sa maison à trois étages, avec piscine, Jacuzzi géant, et une jolie réserve de Dom Pérignon. Fabio Atanasio da Silva, dit « FB», laisse derrière lui sa puissante moto Suzuki, estimée à 25000 euros, mais pas les colliers et bracelets en or qu’il aime exhiber, les soirs de fête. Des narcos parviennent à quitter discrètement la favela sous des accoutrements divers, déguisés en éboueurs, en employés municipaux, en policiers ou en pasteurs évangéliques. La plupart, découvrira-t-on ensuite, s’enfuient à travers le réseau d’égouts, une enfilade de vastes galeries où ils peuvent se tenir debout. Le « nettoyage», puis l’occupation, du Complexo do Alemao portent un coup dur au Commando rouge (CV), la plus ancienne organisation de narcos, déjà affaiblie par la concurrence de deux factions rivales, le Troisième Commando pur (TCP) et les Amis des amis (ADA). Au fil des ans, nombre de ses leaders ont été tués ou incarcérés. Derrière les barreaux, l’actuel chef toutpuissant du CV, Marcio Nepomuneco, dit « Marcinho VP», 33 ans, continue de donner ses ordres. Il a orchestré la récente vague de violences qui a conduit l’Etat de Rio à réagir avec une fermeté inédite. Sa femme et deux de ses avocats, aujourd’hui emprisonnés, transmettaient ses directives à ses complices en liberté. Ils servaient, comme on dit dans le milieu, de « pigeons voyageurs». La police leur a coupé les ailes. p Courriel : [email protected] Billet Robert Solé Exercice du culte BERNARD ARNAULT vient de se faire un petit cadeau de Noël. Deux opérations financières lui ont permis de réaliser une plus-value de 50 millions d’euros : il a acheté 600 000 actions de son groupe LVMH à 65 ¤ pièce, alors qu’elles étaient cotées 125 ¤ sur le marché, et 200 000 actions de Dior, au prix de 50 ¤, soit moins de la moitié de leur valeur. C’est parfaitement légal. M. Arnault a « exercé ses stockoptions », selon la formule officielle, comme d’autres exercent la médecine ou l’autorité parentale. Le verbe prend ici toute sa signification. Un homme plein aux as doit exercer ses muscles financiers. S’entraîner et s’entretenir. En effet, se faire un peu de blé pour arrondir ses fins de mois suppose un exercice régulier : acheter par-ci, vendre par-là, au bon moment. Le détenteur de stock-options exerce un privilège, car cette forme de rémunération est à sens unique : on gagne beaucoup si l’action monte, mais dans le cas contraire on ne perd rien. L’exercice du culte de l’argent s’imposait en cette veille de Noël. Généreusement, M. Arnault a exercé une charité bien ordonnée qui, on le sait, commence (et finit souvent) par soi-même. p LES SOINS EXPERTS POUR FORTIFIER LES PEAUX SENSIBLES. En lisant l’article intitulé « Manifestations contre la réforme de l’enseignement supérieur en Italie » (Le Monde du 2 décembre), je me demande quel peut être l’intérêt de donner les rangs, en l’occurrence ici celui de l’Italie, pour les dépenses liées à l’enseignement supérieur. Ce qui est important pour une comparaison significative, c’est la somme effectivement allouée. Il est sans doute plus intéressant de savoir si les dépenses par étudiant en Italie et en France sont, par exemple, voisines ou varient du simple au double. L’article cité n’est pas seul en cause, on retrouve trop souvent cette façon de donner des statistiques. En fait, peu m’importe de savoir qui est en tête ou à telle place, ce n’est pas une compétition ! Alain Magoutier Landéda (Finistère) Notre veau d’or Comment peut-on s’exprimer avec autant d’assurance, de certitude, que M. Fougerolles dans son courrier « Notes à l’école » (Le Monde du 3décembre)? Ce qui me semble destructeur, à l’heure actuelle, c’est justement notre système de notation, de 0 à 20, apparemment rigoureux. Est-ce que la note est « le seul moyen » de s’évaluer ? Je vois tous les jours des élèves, et derrière les élèves, des enfants, brisés par les notes. Certains ont baissé les bras : ils renoncent, ils se sentent « nuls » et ne font plus d’efforts. D’autres travaillent et, malgré leurs efforts, obtiennent de mauvaises notes : quand ils les reçoivent, leur regard se voile. Les enfants, comme les parents et les enseignants, sont obsédés par la note : dès que les élèves en reçoivent une, ils sortent leur calculette pour connaître leur moyenne. La première question posée par les parents, le soir, c’est : « Combien tu as eu à ton contrôle ? » Les parents ne devraient-ils pas plutôt demander : « Qu’est-ce que tu as appris aujourd’hui ? Est-ce que c’était intéressant ? Qu’est-ce qui t’a fait réfléchir ? » La note, depuis des années, est devenue notre veau d’or. Fabienne Albanel Albi Courrier et contributions des lecteurs : [email protected] Fax : 01-57-28-21-74 Demain dans 0123 « Le Monde des livres » Arts, photographie, histoire, littérature, cinéma, architecture, musiques: supplément spécial beaux livres pTirage du Monde daté mercredi 8 décembre 2010 : 359 321 exemplaires. 123 N°1 EN PHARMACIE* CAF – SNC au capital de 21 435 € – Siège social : 28, rue du Président Wilson, 03200 Vichy – RCS Cusset 325 202 711 Education Evaluation * Source : panel distributeur – Pharmatrend 2010 – Marché de produits de beauté pour Homme – Ventes en volume, cumul annuel mobile à septembre 2010. Le courrier du jour Découvrez l’ensemble des produits de soin et de rasage Vichy Homme sur www.vichyhomme.fr