FESTIVAL ACTION! Le travail à l`écran - Comprendre

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FESTIVAL ACTION! Le travail à l`écran - Comprendre
On croise au cinéma bien des super-héros, détectives et agents secrets en
tous genres, et bien peu d’ouvriers, de commerçants, d’employés de bureau.
Ancré dans le quotidien plus que dans notre imaginaire collectif, le travail est
pourtant au cœur des interrogations actuelles. Durcissement des conditions
de travail, chômage de masse, nouvelles méthodes managériales : le travail
est avant tout, et aujourd’hui plus que jamais, une préoccupation. S’il définit
nos conditions matérielles de vies, il distribue aussi les rôles et les statuts
sociaux, constitue bien souvent notre identité.
Les films que nous proposons sont de toutes les époques, du plus ancien au
plus récent. Nous les avons choisis car tous disent quelque chose du monde
d’aujourd’hui, de l’ordre établi, de la façon de le comprendre et, éventuellement,
d’en sortir. Certains choisissent la dénonciation frontale (It’s a free world,
La classe ouvrière va au paradis), d’autres préfèrent manier la dynamite de
l’humour (Mammuth, Bienvenue à Bataville, L’invitation…), d’autres encore
l’émotion du témoignage (Ils ne mourraient pas tous, Entre nos mains, Le dos
au mur… ). Dans leur diversité de formes, tous à leur manière bousculent les
idées reçues et invitent à l’action. En attendant, bien sûr, la retraite.
Depuis sa création, le cinéma municipal Louis Daquin soutient des œuvres fortes,
traversant les conflits, interrogeant ou dénonçant les pouvoirs, interpellant les
forces sociales, battant en brèche les préjugés et autres idées reçues. Il le fait
car c’est son rôle de cinéma public que d’abriter le débat social, politique et
culturel dont le cinéma est porteur. Il le fait sans tabou, et avec une exigence
forte : celle de la qualité cinématographique des œuvres présentées.
Corentin Bichet,
Hervé BRAMY,
Directeur du cinéma Louis Daquin.
« ACTION ! », festival du cinéma engagé prolonge ce travail mené tout au long
de l’année. Moment fort dans la vie du cinéma, il proposera chaque saison au
public, une semaine entière de programmation dédiée au cinéma engagé, sur
une thématique unique. Le Festival « Action ! » sera non seulement l’occasion
de découvrir ou de redécouvrir des œuvres, mais aussi de rencontrer des
cinéastes, de débattre avec des journalistes ou des critiques de cinéma, de
confronter les points de vue en toute convivialité. Cette première édition traite
« le travail à l’écran » ; elle constituera, nous en sommes sûrs, un moment
intense d’échanges, de débats et de partage pour le public blanc-mesnilois.
Agréable façon de contribuer à cette chose précieuse et pourtant trop rare :
la circulation des idées.
Adjoint au maire, délégué à la culture,
Conseiller général de Seine-Saint-Denis.
Didier MIGNOT,
Maire du Blanc-Mesnil.
MARDI 5 OCTOBRE
SAMEDI 9 OCTOBRE
19:00 > 19:51 0h46
Le bruit de l’herbe qui pousse
14:00 > 15:44 01:39 L’invitation
20:30 > 22:02 01:27 Entre nos mains
16:15 > 17:52 01:32 Mammuth
Invités : Jeanne Delafosse et Clary Demangeon
Invité : Medhi Benallal / Le Monde Diplomatique
MERCREDI 6 OCTOBRE
18:15 > 20:00 01:40 20:30 > 22:40 02:05 La voix de son maître
Invités : Gérard Mordillat, Vincent Chenille et Marc Gauchée
La classe ouvrière va au paradis
14:00 > 15:38 01:23 Les Temps Modernes
18:30 > 20:05 01:27 Bienvenue à Bataville
Invité : Jean-Pierre Thorn
DIMANCHE 10 OCTOBRE
20:30 > 22:20 01:45
Le dos au mur
10:30 > 11:58 01:23 Invité : Claudine Lepallec-Marand
Invités : Jean-Pierre Thorn et Tangui Perron
14:00 > 16:03 01:58 JEUDI 7 OCTOBRE
19:00 > 19:57 0:52 Le chômage a une histoire (première partie)
20:30 > 22:08 01:33
It’s a free world
Les Temps Modernes
Ciné p’tit déj : petit-déjeuner à partir de 10h, projection à 10h30
Les LIP, l’imagination au pouvoir
Invité : Christian Rouaud
16:30 > 17:50 01:15 Au piano : Evdokija Danajloska
CINE-CONCERT Le dernier des hommes
Invité : Guillaume Duval / Alternatives Économiques
Invité : Guillaume Duval / Alternatives Économiques
VENDREDI 8 OCTOBRE
19:00 > 19:57 0:52 Le chômage a une histoire (deuxième partie)
20:30 > 22:18 01:43 Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés
Invité : Eugenio Renzi / Independencia
Invité : Stéphane Vincent / Santé & Travail
Tarifs :
Normal : 6€
Réduit : 4,50€
Abonnés : 3,50€
Billets par carnet de 10 : 3,90€
Les spectateurs ayant assisté à une séance dans la journée bénéficient
d’un tarif préférentiel de 2,90€ pour les autres films de la journée.
MARDI 5 OCTOBRE
Le bruit de l’herbe qui pousse (Avant-première)
de Jeanne Delafosse avec Clary Demangeon et Alain Fride.
Film français. Comédie. 0h46. 2010.
Une jeune fille est perdue en rase campagne, alors que l’entretien d’embauche auquel elle se rendait est
brutalement annulé. Elle croise par hasard le chemin d’un homme dont la voiture est en panne, et tous
deux décident de faire route ensemble. A l’abri du monde moderne et de sa frénésie, le temps s’arrête
enfin. Une parenthèse qui permettra à ces deux naufragés de prendre un peu de recul et, pour une fois,
d’écouter le bruit de l’herbe qui pousse.
Se donner à fond pour son travail, à défaut se donner à fond pour en trouver un, s’insérer coûte que
coûte dans une société toute entière vouée à l’activité… Le pas de côté que nous propose Jeanne
Delafosse, tout en légèreté, est aussi une charge puissante contre l’absurdité de ce projet collectif
imposé.
Séance en présence de la réalisatrice Jeanne Delafosse et de la comédienne Clary Demangeon.
Entre nos mains (Avant-première)
de Mariana Otero.
Film français. Documentaire. 2010. 1h28.
Pour faire face à la faillite de leur entreprise qui fabrique et commercialise de la lingerie féminine, des
salariés - majoritairement des femmes – tentent de la reprendre sous forme de coopérative. Au fur et à
mesure que leur projet prend forme, ils se heurtent à leur patron mais aussi à la réalité du « marché ».
L’entreprise devient alors un petit théâtre où se jouent sur un ton espiègle, entre soutiens-gorges et
culottes, des questions fondamentales, économiques et sociales. Entre nos mains, c’est le travail manuel bien fait, mais aussi une certaine idée de la liberté et de
l’autonomie. Le film est évidemment grave au vu de la situation, mais aussi bourré d’humour, grâce à
certaines employées naturellement drôles et cinégéniques. Otero magnifie la dignité ouvrière, dénonce
par la bande et sans discours appuyé les méfaits des mutations économiques et des patrons indélicats.
Serge Kaganski
Séance animée par Medhi Benallal, journaliste au Monde Diplomatique.
MERCREDI 6 OCTOBRE
Les Temps Modernes
de Charles Chaplin, avec Charles Chaplin, Paulette Godard, Henry Bergman…
Film américain. Comédie burlesque. 1936. 1h23. Noir & blanc. Muet.
Au cœur de la grande dépression, après avoir connu le chômage et la misère, Charlot est engagé
comme ouvrier spécialisé dans la grande industrie, employé sur une chaîne de production. Soumis à
des cadences infernales qui tournent au corps à corps avec la machine, Charlot ne veut en aucun cas
perdre sa place.
Dernier film muet de Chaplin, Les Temps Modernes est aussi le dernier film mettant en scène le personnage
de Charlot, qui joue ici le rôle du grain de sable dans la mécanique trop bien huilée de la chaîne de
production. La grande industrie avait tout pour plaire au maître du burlesque : rythme endiablé de la
production, absurdité du travail parcellaire, univers hostiles et incompréhensibles... Les situations les
plus folles peuvent s’enchaîner, pour mieux révéler la réalité d’un travail harassant et déshumanisant.
Séance à destination du jeune public, animée par Claudine Lepallec-Marand, professeure de cinéma à
l’Université de Saint-Denis (Paris 8). À partir de 5 ans.
(+ Dimanche 10 octobre, ciné p’tit déj : petit-déjeuner à partir de 10h, projection à 10h30)
Bienvenue à Bataville
de François Caillat
Film français. Documentaire. 2007. 1h30.
Tomas Bata, l’homme qui voulait chausser l’humanité entière, décide dans les années 1930 de créer en
Lorraine une usine à chaussures, une cité idéale et un modèle de vie : Bataville. Le film nous raconte
l’âge d’or de cette utopie patronale : une aventure joyeuse et terrifiante, véritable mise en scène d’un
bonheur devenu obligatoire.
Il fut un temps pas si lointain où les patrons se souciaient du bonheur des ouvriers… Ce fut le cas
de l’industriel tchèque Tomas Bata, qui développa en Lorraine sa Bataville. Mais quand le patron se
fait démiurge, le totalitarisme n’est jamais loin. Dans une mise en scène innovante, toujours ironique
mais jamais méprisante, entre reconstitution jazzy et textes d’époque, la caméra de François Caillat
se promène en toute liberté. La subtilité du ton si singulier qui en résulte est à l’image de l’ambiguïté
fondamentale du projet de Tomas Bata.
Séance présentée par Jean-Pierre Thorn.
Le dos au mur
de Jean-Pierre Thorn
Film français. Documentaire. 1981. 1h45.
En 1971, Jean-Pierre Thorn comme des milliers de militants, souvent maoïstes, « s’établit » en usine, au
plus bas de l’échelle : ouvrier spécialisé chez Alsthom, à Saint-Ouen. Il y travaillera jusqu’en 1978. Un an
plus tard, les travailleurs de l’Alsthom Saint-Ouen, parallèlement à ceux de Belfort, affrontent l’AlsthomAtlantique, un des principaux groupes industriels français, filiale de la CGE. Jean-Pierre Thorn revient
dans l’usine pour filmer la grève et l’occupation. Il en ressort plus qu’un simple documentaire : une
histoire poignante, vécue de l’intérieur, au cours de 43 jours d’une grève longue et âpre, qui entraîne le
spectateur au cœur des espoirs et des interrogations du monde ouvrier.
Le Dos au mur, écrit Jean-Pierre Thorn lors de sa sortie en salles en mai 81, c’est avant tout cela :
l’aboutissement d’une double expérience à la fois ouvrière et cinématographique. En présence du réalisateur Jean-Pierre Thorn et de Tangui Perron, historien du cinéma militant et ouvrier.
JEUDI 7 OCTOBRE
Le chômage a une histoire (première partie)
de Gilles Balbastre.
Film français. Documentaire. 2004. 2 x 52min.
Le chômage est une invention récente, née avec le salariat. Notre pays vit, depuis plus de trente ans,
une période de chômage de masse inédite dans son histoire. La crise de 1929 avait certes provoqué une
augmentation rapide du nombre de chômeurs, mais jamais dans de telles proportions ni sur une telle durée.
Le chômage a une histoire retrace en deux volets les grandes étapes du phénomène de 1967 à 1981, puis
de 1981 à 2001. Chaque volet s’appuie sur des témoignages d’hommes politiques qui étaient au pouvoir
à l’époque, mais aussi sur des images d’archives, des reportages sur les hommes et les femmes sans
emploi, des fictions ou des émissions de télévision.
Dans ce documentaire classique réalisé pour La Cinquième, Gilles Balbastre retrace avec précision
l’apparition et le développement du phénomène. Un de ses grands mérites est de mettre en parallèle
évolution économique et choix politiques : jugée insoutenable au milieu des années 1970, la constante
montée du chômage semble en effet devenue une fatalité, et n’a pas constitué une priorité pour les
gouvernements qui se sont succédés depuis 30 ans.
Séance suivie d’un débat avec Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel Alternatives Économiques.
It’s a free world
de Ken Loach, avec Kierston Wareing, Juliet Ellis…
Film britannique. VO. 2008. 1h33.
Angie n’a pas fait d’études, mais elle est jeune, énergique et ambitieuse. Mère célibataire, elle a connu
des moments difficiles, voguant de jobs d’appoint en emplois sous-payés. Décidée à obtenir cette fois sa
part du gâteau, elle crée un cabinet de recrutement avec sa colocataire Rose, se jetant dans le monde
trouble des agences pour l’emploi, des contremaîtres corrompus et des ouvriers sans-papiers. It’s a free
world nous plonge au cœur du miracle anglo-saxon, une réalité faite de travail flexible, de globalisation
et d’horaires doubles.
Habitué d’un certain cinéma social, Ken Loach signe avec It’s a free world son film le plus implacable, et
trouve avec Angie son héroïne la plus ambiguë. Dans une économie transformée en jungle, seuls les plus
forts, en fait les moins scrupuleux, survivent. Il n’y aura de réussites que matérielles, et aucun principe
moral n’entravera la voie du succès.
Séance suivie d’un débat avec Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel Alternatives Économiques.
VENDREDI 8 OCTOBRE
Le chômage a une histoire (deuxième partie) Voir jeudi 7 octobre.
Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés
de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil.
Film français. Documentaire. 2006. 1h20.
Chaque semaine, dans trois hôpitaux publics de la région parisienne, une psychologue et deux médecins
reçoivent des hommes et des femmes malades de leur travail. Ouvrière à la chaîne, directeur d’agence...
Les trois professionnels spécialisés écoutent et établissent peu à peu la relation entre la souffrance
individuelle du patient et les nouvelles formes d’organisation du travail.
À travers l’intimité, l’intensité et la vérité de tous ces drames ordinaires filmés avec une sobriété
exemplaire, le film témoigne de la banalisation du mal dans le système économique actuel. Ils ne
mouraient pas tous mais tous étaient frappés est un huis clos cinématographique où prend corps et
sens une réalité invisible et silencieuse : la souffrance au travail.
En présence de Stéphane Vincent, rédacteur en chef adjoint du magazine Santé & Travail
SAMEDI 9 OCTOBRE
L’invitation
de Claude Goretta, avec Jean-Luc Bideau, François Simon, Michel Robin, Corinne Corderey…
Film suisse. Comédie. 1973. 1h39. Prix du Jury au festival de Cannes en 1973.
À la mort de sa mère, Rémy Placet, vieux garçon complexé et modeste employé de bureau, hérite d’une
somme conséquente. Il prend un peu de temps libre et achète une luxueuse maison à la campagne où
il décide d’organiser une garden-party pour ses collègues de bureau. Après quelques verres, les invités
perdent peu à peu leurs inhibitions. Employés médiocres aux pâles intrigues, aux relations mesquines,
ils vont progressivement se laisser aller dans la liberté du grand parc…
Claude Goretta ne cesse d’interroger le rapport de classes, qu’il approfondira trois ans plus tard avec
Isabelle Huppert dans La dentellière. Ici, il est aussi question de hiérarchie, de rapports entre collègues,
et pour certains de compétition, dans une comédie acide qui révèle la fausseté des liens superficiels
créés dans le cadre étriqué du travail. Toutes ces caricatures s’agitent sous le regard du mystérieux
maître d’hôtel (l’excellent François Simon)… et sous celui, désabusé, du réalisateur, cinq ans après mai 68.
Mammuth
de Gustave Kervern et Benoît Delépine, avec Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Anna Mouglalis…
Film français. Comédie. 1h32.
Serge Pilardosse vient d’avoir 60 ans. Jamais au chômage, jamais malade, il travaille depuis l’âge de
16 ans. Mais l’heure de la retraite a sonné, et c’est la désillusion : il lui manque des points, certains
employeurs ayant oublié de le déclarer... Poussé par Catherine, sa femme, il enfourche sa vieille moto des
années 70, une « Mammut » qui lui vaut son surnom, et part à la recherche de ses bulletins de salaires...
Avec un style inimitable, fait de tendresse et de provocation, Gustave Kervern et Benoît Delépine
dressent le portrait attachant d’un homme qui a voué sa vie au travail. Une réflexion sur le temps qui
passe et la conquête de la liberté.
La voix de son maître
de Nicolas Philibert et Gérard Mordillat.
Film français. Documentaire. 1979. 1h40. Noir & blanc.
Le dispositif est simple : douze patrons des plus grandes entreprises françaises (L’Oréal, Paribas,
Waterman…) sont interrogés face à une caméra statique. Ces hommes (et une femme) parlent de la
légitimité de leur pouvoir, de la hiérarchie, et abordent des questions aussi diverses que celles du
syndicalisme, de l’autogestion ou de la démocratie dans l’entreprise. Sous le discours patronal pointe la
description d’un monde futur, dont les bases existent déjà, et auxquels les patrons aspirent.
Co-signé en 1979 par Gérard Mordillat (En compagnie d’Antonin Artaud, L’origine du Christianisme) et
Nicolas Philibert (La moindre des choses, Être et avoir), La voix de son maître fut victime de la censure
à la télévision sous deux Présidents de la République successifs. Un document rare et passionnant, qui
serait aujourd’hui impossible à reproduire : les interviewés sont en effet livrés à leur propre discours,
sans intervention orale de la part des réalisateurs. Une méthode implacable pour laisser poindre une
vérité sans fard…
Séance en présence de Gérard Mordillat ainsi que de Vincent Chenille et Marc Gauchée, auteurs des
livres Mais où sont passés les salauds d’antan ? 20 ans de patrons dans le cinéma français (1976-1997)
et Zorros, zozos et zéros, Quelques femmes et beaucoup d’hommes politiques dans le cinéma français
(1974-1998) aux éditions Mutine.
La classe ouvrière va au paradis (AVANT-PREMIERE COPIE NEUVE)
de Elio Petri avec Gian Maria Volonte, Mariangela Melato, Salvo Randone.
Film Italien. Comédie dramatique. 1972. 2h05. Palme d’or au festival de Cannes 1972. VO.
Lulù Massa est un ouvrier très apprécié de ses supérieurs, qui défie son syndicat par ses prouesses
de cadences. Il méprise ses collègues et leurs revendications sur les conditions de sécurité au travail.
Quand il se coupe un doigt accidentellement, les autres ouvriers se mettent immédiatement en grève par
solidarité. Face au comportement de ses patrons, Lulù décide alors de s’investir dans l’action syndicale
et engage toute son énergie dans ce nouveau combat…
En 1970, Elio Petri venait de remporter le prix du jury pour Enquête sur un citoyen au dessus-de tout
soupçon. Deuxième opus d’une trilogie politico-sociale, La classe ouvrière va au paradis est un film
excessif, troublant et entêtant, notamment grâce à la partition d’Ennio Morricone. A travers Massa, c’est
un portrait d’homme aliéné par les nouvelles données sociales qui se dessine, mais aussi l’inquiétude
et le désespoir d’Elio Petri lui-même.
Séance présentée par Eugenio Renzi, co-fondateur avec Antoine Thirion de la revue en ligne
Independencia.
DIMANCHE 10 OCTOBRE
Les Temps Modernes
de Charles Chaplin, avec Charles Chaplin, Paulette Godard, Henry Bergman…
Film américain. Comédie burlesque. 1936. 1h23. Noir & blanc. Muet.
Ciné p’tit déj : petit-déjeuner à partir de 10h, projection à 10h30.
Voir mercredi 6 octobre.
Les LIP, l’imagination au pouvoir
de Christian Rouaud.
Film français. Documentaire. 2007. 1h58.
Le film donne à voir et à entendre les hommes et les femmes qui ont mené la grève ouvrière la
plus emblématique de l’après 68, celle des usines horlogères LIP à Besançon. Un mouvement de lutte
incroyable qui a duré plusieurs années, mobilisé des foules entières en France et en Europe, multiplié
les actions illégales sans céder à la tentation de la violence, porté la démocratie directe et l’imagination
à incandescence. Le film retrace cette épopée, à travers des récits entrecroisés, des portraits, des
archives. Une histoire collective pour essayer de comprendre comment le combat des Lip porta l’espoir
et les rêves de toute une génération. C’est possible, les Lip l’ont fait.
« De la réflexion naît l’action », dit le proverbe. Chaque moment de la lutte des Lip est la démonstration
que cette relation-là est plus dialectique qu’il n’y paraît, et qu’elle réserve de belles surprises à ceux
qui osent prendre le risque de faire bouger les choses. Tracer ces portraits, c’est aussi essayer de
comprendre ce qui a poussé ces gens comme vous et moi à se lancer dans une lutte collective radicale,
et puis faire résonner les modes de réflexion, d’intervention, d’organisation d’il y a 30 ans aux oreilles
d’aujourd’hui, car je suis convaincu que cette histoire, pour de nombreuses raisons, nous parle de nous,
ici et maintenant. Christian Rouaud.
Séance en présence du réalisateur Christian Rouaud.
CINE-CONCERT
Le dernier des hommes
de Friedrich-Wilhelm Murnau, avec Emil Jannings, Hermann Valentin, May Delschaft…
Film allemand. Drame. 1924. 1h15. Muet. Noir & Blanc.
Le portier du grand hôtel Atlantic est un homme important et admiré de tous, ainsi qu’en atteste la
magnifique livrée dont il est revêtu. Mais un jour, le directeur de l’hôtel décide que le vieux portier a
fait son temps et lui annonce sans ménagement que le moment est venu pour lui de céder la place. Il le
dépouille de la livrée qui est toute sa raison d’être et le relègue à l’entretien des toilettes.
Toute son aventure se limite à l’échange d’une livrée contre une autre, et le contraste entre l’orgueil qu’il
tirait de la première et l’humiliation que lui cause la seconde a quelque chose d’aberrant, qui ajoute
encore au caractère pitoyable de sa destinée. Murnau sait décrire dans une même vision synthétique
l’immense souffrance de son personnage et son aliénation. Celui-ci ne vit en effet que dans le regard
d’autrui et, pour établir un lien avec le film précédent de Murnau, Nosferatu, on pourrait dire qu’il est
vampirisé par le regard d’autrui. Jacques Lourcelles.
Le dernier des hommes est accompagné au piano par Evdokija Danajloska
En partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement Départemental Erik Satie.
Evdokija Danajloska, compositrice et interprète de renommée internationale, a participé à de nombreux
projets artistiques à travers l’Europe. En solo ou accompagnée d’interprètes prestigieux, elle s’est
intéressée en particulier à la musique électronique et aux nouveaux moyens informatiques, ainsi qu’à
la technique de l’improvisation. +…
En avant-programme chaque soir, aux séances de 20h, un portrait de femme au
travail d’Alain Cavalier, tiré de la série « 24 portraits d’Alain Cavalier »
Alain Cavalier, s’il n’est pas un cinéaste militant, n’en reste pas moins engagé dans sa pratique artistique
radicale. En 1986, il réalise pour la télévision une série de 24 portraits de 13 minutes de femmes exerçant
des métiers dans les ateliers ou à domicile. Nous avons sélectionné en avant-programme 6 films de
cette série.
Ces portraits sont des rencontres que je voudrais garder de l’oubli, ne serait-ce que pendant les
quelques minutes où elles sont devant vous. Ce sont des femmes qui travaillent, qui font des enfants et
qui, en même temps, gardent un esprit d’indépendance. J’ai tourné 24 portraits de 13 minutes. J’ai choisi
cette courte durée pour plusieurs raisons : ne pas ennuyer, échapper à toute coupure publicitaire,
réaliser le film vite, dans un élan et sans trop de ratures. Je ne suis pas un documentariste. Je suis
plutôt un amateur de visages, de mains et d’objets. Alain Cavalier.
PRATIQUE :
Cinéma Louis Daquin
76 rue Victor Hugo, 93150 Le Blanc-Mesnil
Renseignements : 01 48 65 52 35 / [email protected]
www.cinemalouisdaquin.fr
•
tout au long de la semaine, le Louis Daquin proposera aux festivaliers un service de petite
restauration, ouvert chaque soir de 19h30 à 20h30.
• Une navette gratuite au départ des gares de Bobigny Pablo Picasso (Métro M5 – Tramway T1)
et du Blanc-Mesnil (RER B) est à votre disposition pendant toute la durée du festival.
Des retours vers ces deux gares sont également prévus en fin de soirée.
Horaires de passage :
Départ de Bobigny Pablo Picasso : 30 minutes avant l’heure de la séance.
Arrêt Blanc-Mesnil Sud (CMS Lamaze) : 15 minutes avant l’heure de la séance.
Arrêt gare RER Blanc-Mesnil : 10 minutes avant l’heure de la séance.
JÉRÔME CHARBONNIER
Retours autour de 23h chaque soir, dimanche autour de 18h.