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Alerte presse – Paris, le 14 septembre 2014
Bonjour,
Nous tenons à vous signaler la parution des travaux ci-dessous dans la revue Nature, le dimanche 14
septembre 2014.
La mousson asiatique a précédé l’élévation de l’Himalaya
Grâce à l’étude de fossiles birmans et de sédiments chinois, alliée à des modélisations
paléoclimatiques, une équipe internationale impliquant principalement des chercheurs du CNRS,
de l’Université de Poitiers et de l’UPMC1 a découvert que le régime de mousson asiatique était
déjà en place il y a 40 millions d’années, alors que les massifs tibétain et himalayen étaient bien
moins élevés. Ces travaux, coordonnés par Alexis Licht (IPHEP1 et CRPG1), en collaboration
étroite avec Géosciences Rennes1 et le LSCE1, montrent que la mousson asiatique a démarré
bien plus tôt qu’on ne pensait, et qu’elle est sensible au moins autant à la concentration
atmosphérique globale de CO2 qu’au relief himalayen.
Jusqu’ici, l’origine de la mousson asiatique était attribuée à l’élévation du Tibet et de l’Himalaya, datée
de 25 millions d’années. Ce phénomène climatique caractérisé par l'inversion saisonnière des vents et
par d'importantes précipitations estivales est en effet amplifié par la chaîne himalayenne et le plateau
tibétain. Mais trois faisceaux d’indices viennent bousculer ce consensus. Au pied des contreforts
himalayens, en Birmanie, l’analyse de l’oxygène de coquilles de gastéropodes et de dents de
mammifères fossiles, âgées de 41 à 34 millions d’années, a révélé que la mousson d’été était déjà très
intense à cette époque. A 1800 km au nord, de l’autre côté de la chaîne himalayenne, en Chine, la
morphologie et la distribution de sédiments vieux de 40 millions d’années indiquent que soufflaient déjà
des tempêtes de poussières caractéristiques de la mousson d’hiver. Enfin, des modélisations
paléoclimatiques montrent que le fort taux de CO2 atmosphérique (deux à quatre fois le taux actuel) a
été la clé de la forte intensité des moussons d'alors, compensant la faible élévation des massifs.
Ces nouvelles données géologiques suggèrent, en accord avec les prédictions issues des derniers
rapports du GIEC, que l'augmentation actuelle du CO2 dans l’atmosphère va probablement intensifier la
mousson de manière significative.
Par ailleurs, ces résultats révèlent que les tout premiers primates anthropoïdes, nos plus vieux ancêtres
primates, qui vivaient dans la région de Birmanie explorée dans cette étude, habitaient des paysages
mixtes de forêts ouvertes et de marécages saisonniers, et non des forêts très denses comme on le
pensait jusqu’alors.
Ces travaux ont mobilisé des chercheurs de six laboratoires rattachés au CNRS1, en collaboration avec
des collègues des Pays-Bas, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Belgique, de Chine et de Birmanie.
1
Les six laboratoires français impliqués sont :
l’Institut de paléoprimatologie, paléontologie humaine : évolution et paléoenvironnements (IPHEP, CNRS/Université de
Poitiers), pour l’étude de terrain en Birmanie ;
le Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (CRPG, CNRS/Université de Lorraine) et le Laboratoire de géologie
de Lyon : Terre, planètes et environnement (LGL-TPE, CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/ENS de Lyon) pour les
analyses des échantillons ramenés de Birmanie ;
le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE, CNRS/CEA/UVSQ) pour la partie modélisation ;
le Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CR2P, CNRS/MNHN/UPMC) pour la reconstitution
des paléoenvironnements en Birmanie ;
Géosciences Rennes (CNRS/Université Rennes 1) pour l’étude de terrain en Chine.
Contacts chercheurs :
Alexis Licht a accompagné la mission paléontologique franco-birmane dans le cadre de sa thèse à
l’IPHEP1 et au CRPG1. Il est maintenant en post-doctorat à l’Université d’Arizona, Tucson.
+1 520 912 61 74 (portable, 9h de décalage horaire avec la France) | [email protected] | skype :
[email protected]
Jean-Jacques Jaeger est professeur émérite à l’IPHEP1. [email protected]
Référence de l’article :
Asian monsoons in a late Eocene greenhouse world. A. Licht, M. van Cappelle, H. A. Abels, J.B.
Ladant, J. Trabucho-Alexandre, C. France-Lanord, Y. Donnadieu, J. Vandenberghe, T. Rigaudier, C.
Lécuyer, D. Terry Jr., R. Adriaens, A. Boura, Z. Guo, Aung Naing Soe, J. Quade, G. Dupont-Nivet, J.-J.
Jaeger. Nature, 14 septembre 2014. DOI: 10.1038/nature13704
Pour en savoir plus : en pièce jointe, un résumé détaillé de l’étude.
Illustrations : merci de respecter les crédits ci-dessous.
Image 1
Légende : ces fossiles birmans de gastéropodes vieux de 35 millions d’années sont une véritable
archive du climat passé. Les analyses réalisées par Alexis Licht et ses collègues ont montré que ces
animaux ont vécu sous un climat de mousson, avec des hivers secs et des étés pluvieux.
Crédit : Alexis Licht (2012)
Image 2
Légende : site fossilifère birman prospecté par la mission paléontologique franco-birmane.
Crédit : Alexis Licht (2012)
Image 3 :
Légende : les dépôts sédimentaires du bassin de Xining, en Chine du Nord.
Crédit : Guillaume Dupont-Nivet