Les Diablogues

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Les Diablogues
Les Diablogues
de Roland Dubillard
Thèmes
Cinéma, littérature, musique, théâtre
Mise en scène : Anne Bourgeois
Assistante à la mise en scène : Marie Heuzé
Production : Félix Ascot, Le Théâtre du Rond-Point, Les Productions de l’Explorateur, La Coursive/SN
de la Rochelle
Production déléguée : Valérie Lévy et Corinne Honikman
Créé en novembre 2007 à La Coursive/SN de La Rochelle et filmé en novembre 2008 au Théâtre du
Rond-Point
Avec : Jacques Gamblin et François Morel
Directeur technique : Pascal Araque
Costumes : Isabelle Donnet
Décor : Edouard Laug
Lumières : Laurent Béal
Musique originale : Jacques Cassard
Réalisation : Jean-Michel Ribes
Durée: 1h21
Présentation
Pour visionner les extraits choisis de la pièce de théâtre Les Diablogues, allez sur le site
www.tv5monde.com/theatre et choisissez Les Diablogues.
Résumé :
En trois coups de cuillère à pot et à peine deux répliques, le quotidien bascule dans le fantastique,
l'ordre cède la place au chaos le plus hilarant.
« Absurde et drôle dans son acharnement à suivre une logique déviante, la conversation est une fête
du langage et les personnages, interprétés par Jacques Gamblin et François Morel, inattendus, fragiles
et touchants. » Télérama
Trois scènes utilisables en classe :
1. (0’31 à 3’10) Scène 1 : Le plongeon.
2. (10’10 à 13’28) Scène 2 : Le compte-gouttes.
3. (1h08’38 à 1h11’37) Scène 3 : Huit millimètres.
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
Les Diablogues 1/14
Texte
Cliquez ici pour accéder au texte des scènes sélectionnées.
Objectifs
•
•
Objectifs communicatifs :
o
associer des images du spectacle aux titres des saynètes,
o
improviser une scène à partir d’une posture,
o
commenter une mise en scène,
o
reconstituer un dialogue,
o
étudier le jeu des comédiens,
o
apprécier le comique d’une scène,
o
commenter une revue des critiques de presse,
o
inventer des répliques,
o
jouer avec les mots,
o
créer des saynètes inspirées de plusieurs « diablogues »,
o
s’entraîner à mémoriser un texte,
o
monter un spectacle.
Objectif linguistique :
o
•
utiliser les onomatopées.
Objectif (inter-) culturel :
o
découvrir le théâtre de Roland Dubillard.
À noter : dans cette fiche, le symbole
indique une activité d’expression théâtrale à réaliser avec
les apprenants avant le visionnage d’une scène ou en complément de celui-ci.
Suggestions pour la classe
B1, B2, C1 Mise en route.
Avant de travailler avec la ou les scènes sélectionnées
B1, B2, C1 Le plongeon.
Scène 1
B1, B2, C1 Le compte-goutte.
Scène 2
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
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B1, B2, C1 Huit millimètres.
Scène 3
B1, B2, C1 Pour aller plus loin.
Après avoir travaillé avec les trois scènes
Mise en route.
Avant de travailler avec la ou les scènes sélectionnées
Niveaux
B1, B2, C1
Inviter le groupe à réfléchir sur la composition et la signification du titre Les Diablogues puis :
À votre avis, en quoi consiste un diablogue ?
Pistes de correction / note culturelle :
Néologisme formé par l’auteur à partir de dia-logos (en grec, circulation de la parole) et diabolos (au contraire,
ce qui divise).
Les Diablogues sont de courtes pièces de théâtre de Roland Dubillard.
En 1953, Roland Dubillard joue quotidiennement dans des sketches radiophoniques qu'il écrit à la demande de
Jean Tardieu : Grégoire et Amédée. Par la suite, il adapte pour la scène ces dialogues absurdes sous le titre Les
Diablogues en 1975. Devant le succès de ces petites pièces à l'humour déroutant et loufoque, il écrit en 1987 Les
nouveaux diablogues.
Distribuer la fiche apprenant 1.
À deux, faites l’activité 1.
Mise en commun en classe.
Pistes de correction :
N° 3 : Le plongeon / N° 2 : Le compte-gouttes / N° 4 : Musique de placard / N° 1 : Huit millimètres / N° 5 :
L’arbre de noël
Théâtre-image
En tandems, les apprenants reproduiront la pose adoptée par les comédiens sur l’image de leur choix
et improviseront une saynète (mimée et dialoguée) à partir de cette posture de départ. Le temps de
préparation de chaque groupe ne devra pas excéder 10 minutes pour préserver la spontanéité de
l’improvisation.
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Le plongeon.
Scène 1 (0’31 à 3’10)
Niveaux
B1, B2, C1
Présentation de l’extrait :
- personnages : UN et DEUX.
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- situation : UN et DEUX tentent de plonger ensemble à « Hop » mais n’y parviennent pas.
Faire écouter le début de la scène (jusqu’à « UN […] Si je ne m'étais pas retenu juste à temps… ») en
masquant l’écran.
Combien de personnages entendez-vous ?
Que font-ils ?
Où sont-ils, à votre avis ?
Quelle est la cause de leur désaccord ?
Faire écouter le reste de la scène, toujours sans le son.
Autour de quelle onomatopée1 française la scène est-elle construite ?
Quelle est la signification de cette interjection dans la scène ?
Pistes de correction :
« Hop ! » : invitation à sauter, à se dépêcher.
En petits groupes.
Imaginez quelle mise en scène pourrait mettre en valeur ce texte, conçu à l’origine pour une diffusion
radiophonique.
Montrer la scène, image rétablie.
À deux.
Décrivez/caractérisez le décor, les costumes, les lumières.
Expliquez leur fonction (dans la construction du sens de la scène).
Mise en commun.
Pistes de correction :
- Le décor et les costumes sont en complet décalage avec ce que le texte peut laisser imaginer lors d’une
première écoute : les comédiens portent des costumes de ville et non des maillots de bain, le décor est abstrait,
minimaliste, multifonctionnel (prêt à accueillir les autres saynètes)…
- Production d’un effet de contraste et libre cours laissé à l’imaginaire du spectateur. La pénombre qui enveloppe
les comédiens extrait les deux personnages de la réalité et les place dans un espace en marge de toute réalité…
Montrer à nouveau la scène.
Pouvez-vous donner des précisions sur l’identité ou le caractère des personnages. Pourquoi (pas) ?
Pistes de correction :
C’est impossible, car les personnages n’ont aucune épaisseur psychologique. Ils n’ont pas d’identité définie. Ce
sont des « messieurs tout le monde ». Le conflit qui les oppose est purement langagier…
Distribuer le texte du plongeon.
Que remarquez-vous (concernant les personnages) ?
Qu’est-ce que cela implique concernant le choix des comédiens et la mise en scène ?
Pistes de correction :
- Les personnages se nomment UN et DEUX.
1
Mot tendant à suggérer une chose en imitant le son qu'elle produit (ex: areu areu, boum, tic-tac).
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- Un très grande liberté…
À vous de jouer !
- En tandem, faites la liste de toutes les interjections et onomatopées que vous connaissez en français.
- Choisissez ensuite celle que vous trouvez la plus appropriée pour servir de base à une saynète dans
le même esprit que « Le plongeon ».
- Créez votre saynète
- Jouez-la devant le groupe.
Aide :
Une liste d’onomatopées est disponible à l’adresse : http://fr.vikidia.org/wiki/Onomatopée
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Le compte-gouttes.
Niveaux
B1, B2, C1
Scène 2 (10’10 à 13’28)
Présentation de l’extrait :
- personnages : les mêmes.
- situation : UN compte les gouttes du remède prescrit par son médecin. Quand il se trompe, DEUX
tente maladroitement de lui venir en aide.
Dialogue en lambeaux
Découper les répliques-étiquettes de l’activité 2, fiche apprenant 2. Distribuer chaque réplique à un
apprenant ou à un groupe d’apprenants différent. Au signal de l’enseignant, chacun circulera dans la
classe pour retrouver le plus vite possible les apprenants/groupes possédant les répliques voisines et
finalement reconstituer le dialogue original.
Lisez chacun(e) à votre tour la réplique que vous possédez pour donner à entendre le dialogue dans sa
totalité.
Montrer le début de la scène (arrêter le visionnage avant que UN ne se mette à compter).
Comment l’attention du spectateur est-elle attirée sur le compte-gouttes ?
Pistes de correction :
L’objet est sorti d’un endroit insolite (l’accoudoir du fauteuil de UN renferme une cache), il est enfermé dans un
sac en papier qui doit être ouvert et retarde donc l’apparition du flacon. De plus, les regards des deux
personnages convergent, exclusivement concentrés sur cet accessoire.
Visionner toute la scène.
Comment la position et le jeu de scène des comédiens soulignent-ils l’antagonisme, l’opposition des
personnages ?
Pistes de correction :
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
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Au début de la scène, les comédiens sont assis de part et d’autre de la scène, éloignés l’un de l’autre. La
curiosité naïve de DEUX va le pousser à se rapprocher de UN pour observer les fameuses gouttes. Il fait ensuite
le tour du fauteuil avant de regagner sa place tandis UN reste statique, assis sur son fauteuil. Telle une
girouette, la tête de UN suit le mouvement dont il est exclu.
Visionner la scène une nouvelle fois.
Observez attentivement le comportement de UN et DEUX. Donnez trois adjectifs pour qualifier chaque
personnage.
Pistes de correction :
UN : attentif, concentré, ennuyé, fier, agacé…
DEUX : curieux, interrogateur, dubitatif, drôle…
En plusieurs occasions, la scène déclenche le rire du public. Donnez un exemple. Lequel de ces
moments vous a le plus amusé ?
Piste de correction :
Par exemple, la question absurde de DEUX à UN lorsqu’il demande s’il pense que les gouttes vont remonter dans
l’ordre dans le compte-gouttes.
À vous de jouer !
En tandem.
- Choisissez dans la liste suivante le nom composé d’objet que vous jugez le plus approprié pour servir
de base à une saynète dans le même esprit que « Le compte-gouttes » : taille-crayon / porte-monnaie
/ ouvre-boîte / coupe-vent / grille-pain / porte-document / sèche-cheveux / tire-bouchon / coupepapier
- Créez votre saynète.
- Jouez-la devant le groupe.
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Huit millimètres.
Scène 3 (1h08’38 à 1h11’37)
Niveaux
B1, B2, C1
Présentation de l’extrait :
- personnages : les mêmes.
- situation : UN montre un film de son enfance à DEUX. Mais UN se retrouve incapable d’identifier les
images du film et finalement, le vieux projecteur prend feu…
Distribuer à la moitié de la classe les 5 premières répliques de UN et à l’autre moitié les 5 premières
répliques de DEUX.
En tandem, imaginez les répliques manquantes.
Mise en commun : chaque tandem interprète le mini-dialogue créé. On commente les résultats obtenus.
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
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Visionner la scène sans le son.
Relevez les éléments comiques visuels de cette scène ?
Pistes de correction :
L’agitation des personnages, leurs mimiques, la taille démesurée du vieux projecteur chevauché par DEUX, la
fumée et le feu qui embrase le projecteur et le pied de DEUX…
À deux :
Imaginez les répliques échangées par les personnages.
Mise en commun. Tentatives de doublage d’une partie de la scène par les tandems d’apprenants.
Montrer le début de la scène, son rétabli (arrêter le visionnage avant l’apparition du feu).
Caractérisez ce qui fait la drôlerie de cette scène.
Pistes de correction :
La confusion de UN face à ces images qu’il ne peut pas identifier. Les réactions décalées de DEUX qui pense par
exemple voir une « jolie /femme/ brune » alors qu’il s’agit sans doute d’une chienne et de UN qui croit
reconnaître sa mère alors qu’il s’agit de la mer (la baie d’Arcachon). Le comique provient ici du texte de Roland
Dubillard qui joue, comme à son habitude, subtilement avec les mots…
Visionner le reste de la scène avec le son.
Pourquoi les personnages se retrouvent-ils soudain plongés dans le noir ?
Quelle interprétation erronée UN fait-il d’abord de cette situation ?
Pistes de correction :
- Les plombs ont sauté. L’électricité est donc coupée suite au court-circuit provoqué par l’incendie du projecteur.
- UN pense que la nuit est tombée. Il confond le contenu supposé du film et la réalité et scrute le ciel dans
l’attente des première fusées d’un improbable feu d’artifice…
La séance de projection
Sur le modèle de la scène qui vient d’être étudiée.
Déroulement : Par petits groupes de trois ou quatre, les apprenants vont faire face au reste du groupe
et, à tour de rôle, ils décriront et/ou réagiront à ce qu’ils voient sur un film imaginaire projeté devant
eux. Chaque membre de la petite troupe devra décrire avec conviction ce qu’il voit ou jouer ses
réactions de manière assez convaincante pour faire partager au groupe les émotions éprouvées et
donner vie au film imaginaire.
Durée : 5 minutes de préparation, 5 minutes de jeu par groupe.
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Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
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Pour aller plus loin.
Après avoir travaillé avec les trois scènes
Niveaux
B1, B2, C1
Lire et dire
Distribuer le texte d’une des trois scènes et former des binômes d’apprenants.
Binôme après binôme, face au groupe.
Chacun à votre tour, lisez en silence votre réplique et mémorisez-la. Dites ensuite votre réplique à
haute voix sans regarder le texte. Continuez ainsi, réplique après réplique.
Attention, la règle du jeu est la suivante : si l’un de vous lit et dit en même temps, votre binôme sera
éliminé et laissera la place au suivant.
Revue de presse
B2 Imprimer les articles critiques répertoriés à l’adresse suivante :
http://laval-spectacles.fr/public/theatre/pdfs/rev38.pdf
Former des petits groupes autour de la lecture des différents articles. Chaque groupe devra rendre
compte de sa lecture de manière synthétique à l’oral. La classe donnera à son tour son opinion sur le
spectacle Les Diablogues.
Des diablogues au féminin
Regardez le reportage à l’adresse suivante :
http://www.youtube.com/watch?v=ZKzO9U-mtqQ
Que pensez-vous de ce choix de distribution ?
Un projet théâtral : des diablogues à leur manière
- Faire rejouer aux apprenants leur scène préférée en les invitant à proposer d’autres indications de
jeu et de mise en scène. L’intérêt viendra alors de la diversité des propositions faites par le groupe.
- Faire créer, en petits groupes, d’autres saynètes s’inspirant des Diablogues : de leur forme, de leur
genre, de leur esthétique ; faire vivre les mêmes personnages dans d’autres situations absurdes.
- Monter un petit spectacle en reliant les saynètes rejouées et créées par des transitions musicales
choisies par la classe.
- Faire réaliser une affiche et des « flyers » pour promouvoir le spectacle auprès des autres apprenants
de l’établissement d’enseignement.
Exercices interactifs
Retrouvez les exercices autocorrectifs sur le site www.apprendre.tv dans la collection « Théâtre : en
scène(s) ! ».
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Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
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Mise en route.
Fiche apprenant 1
Activité 1 : associez l’image à la scène correspondante.
2
1
4
N°…
3
5
Le plongeon
UN et DEUX tentent de plonger ensemble à « Hop » mais n’y parviennent pas.
N°…
Le compte-gouttes
UN compte les gouttes du médicament prescrit par son médecin. Quand il se trompe, DEUX
tente maladroitement de lui venir en aide.
N°…
Musique de placard
Plus intime que la musique de chambre ? La musique de placard à base d’onomatopées
composée par UN.
N°…
Huit millimètres
UN montre un film de son enfance à DEUX. Mais le vieux projecteur prend feu…
N°…
L’arbre de Noël
UN vient d’acheter un sapin de Noël qui emplit entièrement sa salle de séjour…
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Le compte-gouttes.
Activité 2 : étiquettes à découper pour l’activité « Dialogue en lambeaux »
Fiche apprenant 2

UN : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10. Dix gouttes, il a dit, le docteur, avant les deux principaux repas.
DEUX : Vous êtes sûr que vous en avez mis dix ? Moi, j'en ai compté douze.
UN : Vous êtes sûr ?
DEUX : Je me suis peut-être trompé. L'important c'est que vous, vous soyez sûr de votre compte.
UN : Sûr, sûr... Comment voulez-vous que je sois sûr. Il faudrait que je recompte.
DEUX : Moi, à votre place, je recompterais, parce que sur le flacon, c'est marqué : "Ne pas dépasser la
dose prescrite".
UN : Ben oui, mais comment voulez-vous que je les recompte, moi, les gouttes ! Maintenant, on ne les
voit plus. Elles se sont mélangées dans le verre.
DEUX : Oh, ben alors, ça fait rien.
UN : Comment, ça fait rien ?
DEUX : Ben oui, du moment qu'elles se sont mélangées, c'est plus des gouttes. C'est une flaque. Il peut
pas y en avoir dix... Il ne peut pas y en avoir douze non plus d'ailleurs.
UN : Alors je me demande vraiment pourquoi je me serais donné la peine de les compter avec mon
compte-gouttes !
Retour à l’activité
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
Les Diablogues 10/14
Texte
Le plongeon
UN : Un, deux, trois, hop !
DEUX : Voila, ça, c'est bien vous ! Vous dites "Hop !" et puis vous ne sautez pas.
UN : Mais comment donc ! Je n'ai pas sauté, parce que vous, vous n'avez pas sauté !
DEUX : Comment je n'ai pas sauté ! Bien entendu, je n'ai pas sauté ! Je n'allais pas sauter tout seul !
UN : Comment, tout seul ! Nous avons dit qu'à "Hop !", nous plongerions tous les deux ensemble. Si vous
ne plongez pas, moi, je ne plonge pas non plus, voilà tout.
DEUX : Mais si vous ne plongez pas, ne dites pas "Hop !". Parce que quand vous avez dit "Hop !" moi, pour
un peu, je plongeais. Il s'en est fallu d'un rien. Heureusement que je vous ai regardé.
UN : Mais moi aussi, je vous ai regardé ! Et c'est même pour ça que je me suis retenu. J'ai même failli
perdre l'équilibre. Si je ne m'étais pas retenu juste à temps…
DEUX : Quel menteur vous faites ! Vous avez dit "Hop !" pour que moi je plonge, mais vous, vous n'aviez
pas du tout l'intention de plonger. Ça se voyait bien, que vous n'étiez pas décidé.
UN : J'étais pas décidé parce que je ne veux pas plonger tout seul et que je n'ai pas confiance en vous. Et
j'ai eu raison de me méfier, parce qu'enfin quoi ! Avez-vous plongé oui ou non ?
DEUX : Non, j'ai pas plongé, parce que j'étais sûr que vous ne plongeriez pas.
UN : Mais qu'est-ce que vous en saviez que je ne plongerai pas ? Il fallait plonger quand j'ai dit "Hop!". À
ce moment-là, moi aussi j'aurais plongé.
DEUX : Alors si vous attendez que je plonge pour plonger, moi je n'appelle pas ça plonger ensemble.
UN : Si vous cherchez la petite bête, bien sûr qu'au millième de seconde, il y en aura toujours un qui
plongera avant l'autre. D'après vous, faudrait peut-être aussi décider à quelle lettre du mot " Hop ! " il faut
qu'on plonge. Parce que si vous plongez sur le H et que moi je plonge sur le P, moi je serai en retard.
DEUX : Y a qu'à plonger sur le O, voilà tout.
UN : Vous feriez mieux de plonger dedans.
DEUX : Quoi, dedans !
UN : Dans l'eau. […]
DEUX : Il y a longtemps que j'aurais plongé, si vous saviez dire "hop " d'une manière un peu convaincante.
UN : Eh bien dites-le, pour voir, puisque vous êtes si malin.
DEUX : Bon. Alors vous êtes prêt !
UN : Je suis prêt. Ça fait une demi-heure que je suis prêt.
DEUX : Alors, on plonge ensemble, hein ! À " Hop ! "
UN : D'accord. […]
DEUX : Allons-y. Un, deux, trois, hop ! Eh bien, alors quoi, vous restez là !
UN : Et vous ?
DEUX : Mais moi, je vous attends !
UN : Vous êtes navrant. Allez, on va dire "Hop" ensemble. Vous y êtes ?
DEUX : J'y suis.
UN et DEUX : Un, deux, trois, hop !
Ils sautent.
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
Les Diablogues 11/14
Le compte-gouttes
UN : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10. Dix gouttes, il a dit, le docteur, avant les deux principaux repas.
DEUX : Vous êtes sûr que vous en avez mis dix ? Moi, j'en ai compté douze.
UN : Vous êtes sûr ?
DEUX : Je me suis peut-être trompé. L'important c'est que vous, vous soyez sûr de votre compte.
UN : Sûr, sûr... Comment voulez-vous que je sois sûr. Il faudrait que je recompte.
DEUX : Moi, à votre place, je recompterais, parce que sur le flacon, c'est marqué : "Ne pas dépasser la dose
prescrite".
UN : Ben oui, mais comment voulez-vous que je les recompte, moi, les gouttes ! Maintenant, on ne les voit
plus. Elles se sont mélangées dans le verre.
DEUX : Oh, ben alors, ça fait rien.
UN : Comment, ça fait rien ?
DEUX : Ben oui, du moment qu'elles se sont mélangées, c'est plus des gouttes. C'est une flaque. Il peut pas
y en avoir dix... Il ne peut pas y en avoir douze non plus d'ailleurs.
UN : Alors je me demande vraiment pourquoi je me serais donné la peine de les compter avec mon comptegouttes !
DEUX : Ah moi aussi ! C'est des drôles de gouttes ! Je ne sais pas comment vous avez pu les compter, parce
que dans le flacon, j'en vois pas non plus.
UN : Mais mon pauvre ami, c'est dans le compte-gouttes qu'elles étaient ! D'ailleurs c'est bien simple, je vais
les remettre dedans.
DEUX : Oh, elles voudront pas y retourner.
UN : Je voudrais bien voir ça ! Avec un compte-gouttes comme j'en ai un !
DEUX : C'est vrai qu'il est superbe.
UN : Je pense bien ! C'est un compte-gouttes de Besançon. Y a pas plus puissant comme compte-gouttes.
Vous allez voir comment elles vont y remonter et plus vite que ça.
DEUX : Vous croyez qu'elles vont y remonter dans l'ordre ?
UN : Non, mais ça ne fait rien. Le docteur, il a dit dix gouttes, il n'a pas spécifié qu'il fallait que je les
choisisse particulièrement.
DEUX : Ca ne fait rien, ça ne doit pas être bon pour la santé, des gouttes qui se sont mélangées comme ça.
UN : L'essentiel, c'est que ce soit des gouttes. Et puis regardez bien, parce que je vous préviens que ça va
plus vite dans ce sens-là que dans l'autre.
DEUX : Allez-y. Je suis curieux de voir ça.
UN : Youp !
DEUX : Non, pas youp ; Ffuite, ça a fait. Ffuite.
UN : Voilà ce que j'appelle un compte-gouttes. Un outil soigné comme ça, je vous jure qu'on peut faire du
bon boulot avec.
DEUX : Oui, seulement elles sont remontées trop vite, vos gouttes. Vous n'avez pas eu le temps de les
compter.
UN : Mais j'ai pas essayé. Un compte-gouttes, si vous saviez un peu ce que c'est, ça ne fonctionne que dans
un sens.
DEUX : Ah.
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
Les Diablogues 12/14
UN : Bah, oui ! Ça compte les gouttes qui sortent, pas les gouttes qui rentrent. Y a un sens quoi. C'est
comme les tire-bouchons.
DEUX : Oh, ça hein ...
UN : Quoi : oh ça ? ...Les tire-bouchons, ça tire les bouchons vers le haut, le compte-gouttes ça pousse les
gouttes vers le bas.
DEUX : Vous êtes sûr que c'est vraiment un compte-gouttes de Besançon ?
UN : Tout ce qu'il y a de plus authentique. C'est maman qui l'a acheté là-bas.
DEUX : Elle est de Besançon, votre maman ?
UN : Oui.
DEUX : Oui... ce n'est pas une raison, parce qu'y a pas que votre maman qui soit de Besançon. Y a des tas
de gens qui sont de Besançon. Et puis il me semble qu'un compte-gouttes vraiment perfectionné, ça devrait
compter les gouttes dans les deux sens : quand elles rentrent et quand elles sortent.
UN : Je vous demande un peu à quoi ça servirait de les compter deux fois, les gouttes, pour un comptegouttes. Et puis ça aurait l'air malin si on trouvait pas le même compte la deuxième fois.
[…]
Huit millimètres
[…]
UN : Vous allez me voir prendre mon bain sur la plage d’Arcachon.
DEUX : Chouette ! Je ferme la lumière ?
UN : Allez-y, je tourne la manivelle. C’est parti ! Tiens, ça y est, vous voyez, me voilà.
DEUX : C’est vous ça ?
UN : Vous ne me reconnaissez pas ?
DEUX : Si, bien sûr, mais où ?
UN : Ah ben, c’est trop tard, c’est passé… Ah non, non, non, je suis bête, me voilà ! Cette fois c’est moi, je
me reconnais.
DEUX : Ah bon, mais alors ce qu’il y avait avant c’était quoi ?
UN : Eh ben c’était l’amorce du film, rien du tout. C’est là que ça commence. Vous voyez, vous voyez
comme je fais trempette ?
DEUX : Y’avait de la brume, hein ?
UN : Attendez que je voie… Ah mais non, c’est pas moi… c’est Charles ! Vous savez, l’oncle Charles ?
DEUX : Non, moi, mon oncle Charles, il s’appelait pas Charles.
UN : Quand même, on le reconnaît bien à son ventre, enfin, vous voyez son ventre. Ah non, c’est maman !
DEUX : Alors le ventre, qu’est-ce que ça peut être ?
UN : Ça doit pas être un ventre. Non, c’est pas un ventre… C’est moi !
DEUX : Oh, zut, j’ai pas eu le temps de vous reconnaître. Oh, la belle brune !
UN : Oh oui, Ah, ça c’était une grande chienne qu’on avait… Oh voilà ma mère en gros plan.
DEUX : Elle fait des grosses vagues.
UN : Vous avez raison, c’est pas ma mère, c’est la baie d’Arcachon… Et maintenant, on a l’impression qu’il y
a de l’orage mais c’est ma tante Emma qui obstrue l’objectif avec son chapeau.
DEUX : Vous savez, j’ai mon pied qui me brûle. C’est pas ma chaussure qui brûle, ce qu’on sent ?
UN : Attendez, qui c’est ce gros, là avec ses grosses moustaches, là, celui qui s’en va là, je l’ai pas reconnu.
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
Les Diablogues 13/14
DEUX : C’était un cheval.
UN : Vous croyez ? Oh ce que je suis content de revoir tout ça !
DEUX : Oui, il est content, mais moi…
UN : Oh, voilà Papa, ah non, c’est encore mon oncle, ah non c’est….. mais celui là, je le connais pas ? Eh,
c’est vous, mon vieux !
DEUX : J’ai jamais mis les pieds à Arcachon ! Par contre, les pieds, j’en ai un qui me brûle.
UN : Ouah ! Voilà la scène du feu d’artifice !
DEUX : C’est tout noir !
UN : Forcément, ça se passe la nuit. Il faut attendre les fusées.
Ils attendent.
DEUX : C’est long !... Il a fait nuit longtemps, cette nuit-là ?
UN : Oh oui ! Oh la la oui, oui. Un temps. Je me rappelais pas que c’était si long. Ça doit pas être la nuit,
voyez-vous. Si ça se prolonge encore, c’est pas la nuit… c’est probablement les plombs qui ont sauté.
Noir
Retour
Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy
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