FABRICATION ET APPLICATIONS DES FIBRES
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FABRICATION ET APPLICATIONS DES FIBRES
FABRICATION ET APPLICATIONS DES FIBRES MICROSTRUCTUREES Nicholas Traynor1, Achille Monteville1, Laurent Brilland1, Johann Troles2, Denis Tregoat1,4, Laurent Provino1, Thierry Chartier3, et Thanh Nam Nguyen 3 1 PERFOS, 11 rue de Broglie, 22300 Lannion Sciences Chimiques de Rennes, UMR 6226 CNRS - Université de Rennes 1, Equipe Verres et Céramiques, Av Gal Leclerc, 35042 Rennes, France 3 Laboratoire Foton, CNRS UMR 6082, Enssat, BP 80518, 22305 Lannion cedex 4 ENIB-Laboratoire RESO, 29280 Plouzané, France 2 [email protected] RESUME Les fibres microstructurées trouvent des applications dans de nombreux domaines grâce à leurs propriétés optiques remarquables. Leur fabrication est cependant délicate et il est nécessaire de maîtriser la géométrie tout en évitant le risque de contamination. Nous monterons les étapes critiques du procédé de fabrication ainsi que leurs impacts sur les propriétés optiques pour les fibres à base de verre de silice et également à base de verre de chalcogénure. Plusieurs applications seront présentées afin de souligner l’importance du contrôle de fabrication. MOTS-CLEFS : Fibres Optiques ; Optique Non-linéaire ; verre de chalcogénure 1. INTRODUCTION Les fibres microstructurées, diversement connues sous les noms de fibres à cristal photonique, ou fibres à bande interdite photonique, constituent un sujet de recherche et de développement extrêmement actif depuis 19961. Ces fibres se distinguent par un très fort contraste d’indice entre le verre et les trous d’air, ce qui donne lieu à des propriétés optiques particulières, ouvrant de nouveaux champs d’applications dans les domaines des télécommunications, des sources optiques et des capteurs. 2. FABRICATION DES FIBRES MICROSTRUCTUREES Les préformes des fibres microstructurées en silice sont généralement fabriquées par la technique de « stack and draw » (figure 1). Les éléments de base (capillaires et baguettes) sont fabriqués par étirage de tubes et de barreaux en silice ultra pure ou dans certains cas de préformes primaires fabriquées par méthode MCVD (modified chemical vapour deposition). L’assemblage, le plus souvent de géométrie hexagonale, est constitué d’une baguette centrale, le futur cœur du guide, entourée d’une ou plusieurs couronnes de capillaires. L’ensemble est placé à l’intérieur d’un tube (appelé manchon), puis étiré pour former une canne. Celle-ci est manchonnée autant de fois qu’il convient avec des tubes en silice de manière à obtenir l’homothétie (rapport de taille cœur/gaine) souhaitée pour la fibre au final. Les performances de celle-ci sont étroitement liées à la qualité du contrôle des dimensions des capillaires et de la maîtrise du procédé d’étirage de la canne. L’accès à des niveaux de pertes acceptables nécessite par ailleurs d’apporter une attention particulière à l’état de surface (intérieur et extérieur) des capillaires et des baguettes tout au long des étapes de fabrication. Le procédé de fibrage des préformes des fibres microstructurées est similaire à celui des préformes plus classiques. L’extrémité est chauffée à très haute température (2000 °C) dans un four à induction de manière à former une goutte en fusion. La fibre ainsi étirée est captée et entraînée par un cabestan qui impose la vitesse de fibrage. Le diamètre de la fibre est mesuré en continu dès la sortie du four. Un contrôle très précis de ce diamètre est assuré par une boucle de régulation intégrant la vitesse de descente de la préforme, la vitesse de cabestan et la température du four. Un double revêtement (primaire et secondaire) en polymère est appliqué pendant le fibrage afin a) b) c) d’améliorer les propriétés mécaniques de la fibre. Le fibrage des préformes microstructurées nécessite également un système spécifique qui permet de contrôler précisément la surpression à l’intérieur des capillaires de manière à maîtriser la géométrie des trous dans la fibre finale. Ce système de surpression peut concerner une ou plusieurs zones afin de contrôler de manière précise les fibres de géométrie complexe. d) Figure 1 – Etapes de fabrication d’une préforme pour fibre microstructurée. (a) Etirage des capillaires et baguettes en silice ultra pure, (b) Assemblage autour de la baguette centrale (futur cœur de la fibre), (c) Etirage de canne, (d) Manchonnage Les préformes en verre de chalcogénure sont fabriquées par la même technique de « stack & draw » avec une étape préalable de fabrication des tubes utilisés pour l’étirage des capillaires. Les éléments constituants du verre (une combinaison de Ge, Ga, S, Sb, As, Se) subissent des étapes de purification et de distillation et le verre est synthétisé dans une ampoule en silice sous vide. Un tube de silice contenant ce verre de chalcogénure est placé dans un moule en inconel Ce dernier est porté au-delà de la température de transition vitreuse (Tg) du verre de façon à ce que le verre soit liquide. Le moule est ensuite positionné dans un dispositif mécanique le faisant tourner autour de son axe à 3000 tours/min. Après quelques minutes, la viscosité du verre est suffisamment importante pour qu’un tube soit formé (figure 2). Le verre est alors trempé puis recuit à Tg pendant quelques heures. Ces verres sont plus volatils que le verre de silice et un contrôle particulier de la température et de l’atmosphère est nécessaire pendant toutes les étapes de fabrication afin d’éviter les problèmes de dévitrification et de contamination. Figure 2 – Tube en verre de chalcogénure fabriqué par « rotational casting » (gauche), préforme fabriquée par « Stack & Draw » (centre) et fibre finale (droite) 3. APPLICATIONS DES FIBRES MICROSTRUCTUREES La réduction des pertes dans les fibres microstructurées est un enjeu majeur pour de nombreuses applications. La figure 3 représente les pertes optiques de 2 fibres réalisées à partir de la même préforme mère. La courbe en trait plein représente l’atténuation d’une fibre avec un diamètre de cœur de 9 µm, avec des pertes minimales de 0.9 dB/km à 1550 nm (correspondant aux pertes intrinsèques des matières premières). La courbe en pointillés représente l’atténuation d’une fibre avec un diamètre de cœur de 2.5 µm. Les pertes globales sont plus élevées mais les pertes supplémentaires, liées aux OH (pics à 1383 nm), sont identiques à la fibre précédente, avec un niveau qui correspond aux spécifications des matières premières (concentration OH de 0.6 ppm). Pour atteindre ce résultat, difficile à obtenir avec des fibres microstructurées de faible aire effective2, des étapes de polissage chimique et un contrôle parfait de l’atmosphère pendant toutes les étapes de fabrication sont nécessaires. La trace OTDR de la deuxième fibre est parfaitement linéaire sur 800m indiquant une bonne homogénéité de fabrication sur de grandes longueurs. 26 30 25 Backscatter (dB) Loss (dB/km ) 35 25 20 15 10 23 22 21 20 19 5 0 1000 y = -5.6552x + 27.074 R2 = 0.9989 24 18 1100 1200 1300 1400 1500 0.3 1600 0.5 0.7 0.9 1.1 Length (km) Wavelength (nm) Figure 3 – Pertes optiques (gauche) de deux fibres (photos) réalisées à partir de la même préforme mère. Trace OTDR (droite) pour 800m de la fibre de faible aire effective. Les faibles pertes de ces fibres, associées à leur faible aire effective, permettent l’exaltation des effets non-linéaires. L’amplification Raman a été démontrée dans une longueur modeste de fibres microstructurées (700 m) avec un coefficient de gain comparable aux fibres classique3 (figure 4a). La génération d’un supercontinuum de 3.2 W dans 300 m de fibre avec une pompe optique continue de forte puissance a été observée sans trou spectral associé au pic OH4 (figure 4b). (a) (b) 20 18 on/off Gain (dB) 16 1295 mW 14 12 880 mW 10 8 580 mW 6 275 mW 4 2 0 1530 1540 1550 1560 1570 Wavelength (nm) Figure 4 – Amplification Raman (a) et génération de supercontinuum (b) dans les fibres microstructurées de faibles aires effective et faibles pertes Au cours de cette communication, nous présenterons d’autres applications des fibres microstructurées, notamment des fibres en verre de chalcogénure, dans les domaines des télécommunications et des sources optiques. REFERENCES [1] J.C. Knight, T.A. Birks, P.St.J. Russell and D.M. Atkin, “All-silica single-mode optical fiber with photonic crystal cladding”, Opt. Lett., 21, 1547-9 (1996). [2] J. C. Travers, R. E. Kennedy, S. V. Popov, J. R. Taylor, H. Sabert and B. Mangan, “Extended continuous-wave supercontinuum generation in a low-water-loss holey fiber”, Opt. Lett. 30, 1938-40 (2005). [3] A. Monteville, D. Landais, O. LeGoffic, D. Tregoat, N.J. Traynor, T. N. Nguyen, S. Lobo, T. Chartier and J.-C. Simon, “Low Loss, Low OH, Highly Non-linear Holey Fiber for Raman Amplification”, CLEO O6 paper CMC1 (2006). [4] J.C. Travers, B.A. Cumberland, S.V. Popov, J.R. Taylor, N. Traynor and A. Monteville, “Pump Format Influence on Noise Characteristics and Spectral Extent of CW Continuum Generation in New Low water loss Holey Fibers”, CLEO O6 paper CMGG5 (2006). [5] Laurent Brilland, Fréderic Smektala, Gilles Renversez, Thierry Chartier, Johann Troles, Thanh Nam Nguyen, Nicholas Traynor, Achille Monteville, “Fabrication of complex structures of Holey Fibers in Chalcogenide glass”, Optics Express 14, 1280-85 (2005)