Les illustrations dans Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier

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Les illustrations dans Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier
Les illustrations dans Vendredi ou la vie sauvage
Les illustrations dans
Vendredi ou la vie sauvage
de Michel Tournier
L’illustrateur : Paul Durand
ISBN : 9782081254114 - 5,70 €
- FICHE ÉLÈVE -
Illustration 1 page 11 : La Virginie dans la tempête
C’est une marine. Les teintes sombres (gris, bleu, noir)
dominent et font ressortir par contraste la voile blanche
au centre et l’écume des vagues. C’est une scène de tempête nocturne, les contours flous, les lignes obliques et
les zébrures donnent une impression de mouvement
violent, de chaos où fusionnent la mer et le ciel, la voile
blanche au premier plan est gonflée par le vent de la tempête ; c’est la pleine lune ; celle-ci est traversée de nuages
noirs qui l’obscurcissent et lui donnent un aspect encore
plus inquiétant. Les lignes obliques qui s’entrecroisent
(mâts, voilures, câbles…) créent une impression fantomatique de bateau livré aux éléments déchaînés.
Exercice : Recherchez tous les éléments qui sont présents dans l’image. Qu’apporte l’illustration au récit ?
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Illustration 2 page 17 : Robinson découvre qu’il est sur une île déserte
La scène est plus calme. Les couleurs claires sont apaisantes, solaires. Le décor naturel est sauvage, désert, mais
les lignes et les teintes douces du tableau offrent l’image
d’un paysage accueillant. Au premier plan, le rocher sur
lequel se trouve Robinson et les troncs noueux des arbres
autour de ce rocher sont les seuls éléments sombres de
l’illustration. Ce premier plan est donc plus tourmenté.
Que traduit-il ? Sans doute les angoisses du personnage
qui se retrouve seul face à ce monde inconnu qu’il découvre. La petite taille et la finesse du personnage de dos
au centre de l’image soulignent d’ailleurs son statut : celui
d’un naufragé perdu sur une île inconnue, dans l’immensité du monde. Néanmoins la lumière du ciel apparaît
comme un espoir, peut-être la promesse d’une aventure
heureuse ou d’une réalisation personnelle. Tous les possibles sont ouverts. C’est ce que symbolise ici l’ouverture
sur l’horizon.
Exercice : Retrouvez dans le texte les indices qui permettent d’interpréter le rocher noir comme
une image de l’état d’esprit de Robinson à ce moment-là de son aventure.
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Illustration 3 page 25 : Robinson sur le radeau
Au premier plan, Robinson est sur son radeau, dans une
position verticale, dans le prolongement de l’avant du navire, qui est situé à l’arrière-plan. On ne voit qu’une partie
de l’épave échouée du bateau qui se trouve dans un état
désastreux après la tempête. Les couleurs éteintes, dans
une tonalité sépia, offrent la vision d’un monde abandonné par la vie. Le bateau appartient désormais au passé du
personnage et le radeau est une transition entre le passé
et le présent, comme le confirme la ligne verticale qui
traverse l’image (corps de Robinson, proue du bateau) et
délimite deux moments de l’histoire : la tempête passée et
la nouvelle vie que Robinson a devant lui. La seule touche
de couleur (un bleu verdâtre) qui contraste avec la tonalité
dominante est celle de la mer, qui symbolise le nouvel
espace de vie du personnage. Le radeau est comme une
île en miniature sur laquelle il faudra apprendre à survivre
avec le maigre butin trouvé sur le navire.
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Exercice : Quels sont les éléments du texte que vous retrouvez dans l’image ?
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Illustration 4 page 33 : Robinson victime d’une hallucination
C’est une étape importante de l’histoire. Robinson, victime d’une hallucination à cause des vapeurs de la boue,
allume un feu. À la suite de cet épisode, Robinson prendra conscience de la réalité et décidera de se créer une vie
sur l’île. L’image a une dimension onirique, les contours
sont peu définis, les couleurs sombres dominent, ce qui
traduit une vision floue qui correspond à l’hallucination
de Robinson. La falaise noire est inquiétante, Robinson
est couvert de boue, peu vêtu. Il tourne le dos à la mer
pour ne pas sombrer dans la folie. Son attitude dénote
une certaine impuissance : il se tient les bras ballants,
écrasé par le paysage imposant, ici la falaise qui symbolise le destin. Le héros est seul et impuissant, ce qui
lui donne une dimension tragique. L’image confuse où
les éléments semblent se mêler (terre, feu, air) exprime
bien une image intérieure, l’état d’esprit du personnage
à la lisière de la folie. Les couleurs claires du feu (qui
contrastent avec celles de la falaise) traduisent un espoir,
qui n’est cependant qu’illusoire. Désormais le personnage devra faire corps avec l’île et se fondre dans le paysage (comme dans l’image) pour pouvoir survivre.
Exercice : Pourquoi Robinson a-t-il allumé un feu ?
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Illustration 5 page 40 : La traite des chèvres
Cette image s’enchaîne logiquement avec la précédente.
Le personnage semble avoir trouvé une certaine sérénité
en ayant organisé sa vie. Il est en adéquation avec le paysage environnant. La domestication des animaux montre
qu’il a maîtrisé le monde sauvage. La traite des chèvres,
qui est le thème retenu par l’illustrateur, est au premier
plan : elle est en cela symbolique du changement de vie
de Robinson. Ce dernier a remporté une certaine victoire
sur son environnement et sur lui-même. Les éléments de
l’image sont identifiables, plus dessinés ; l’approche est
plus réaliste. C’est l’éloge du travail acharné, de l’effort
pour rester sain d’esprit et survivre. Les couleurs claires
et printanières (importance du vert) de l’arrière-plan
constituent un décor bucolique, qui nous fait oublier la
nature sauvage et hostile de l’île déserte. L’accent est mis
sur l’harmonie. Robinson semble avoir trouvé sa place.
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Illustration 6 page 45 : La maison de Robinson
Cette illustration est elle aussi reliée par un lien logique
de causalité à la précédente. La maison représente une
étape de plus vers la civilisation et la victoire sur le monde
sauvage. Tenn, le chien de La Virginie, a été retrouvé. Il
est présent sur l’image. C’est parce qu’il a retrouvé un
compagnon que Robinson a mis à exécution son projet
de construction de la maison. Au premier plan, l’enchevêtrement des troncs et des lianes sombres montre que la
menace existe toujours. Visuellement ces lianes encadrent
la maison qui apparaît donc comme un refuge au sein du
monde sauvage. La trouée vers la mer rappelle qu’on est
sur une île. La couleur (mélange de jaune et de vert) du
toit indique bien le choix des matériaux (roseaux, feuilles
de figuier). Robinson s’active à fabriquer du mortier (ici
c’est le texte qui apporte la précision). C’est la fin de la
solitude et le début d’une vie plus civilisée.
Exercice : Relire le texte pages 44 à 46 : quel objet important n’est pas représenté sur l’image ?
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Illustration 7 page 51 : Une étrange cérémonie sur la plage
On remarque que les illustrations des pages 51, 63 et 79
forment un triptyque. On reviendra ultérieurement sur
cette analyse.
Au premier plan, Robinson est de dos, avec son chien et
un fusil. La plage est face à lui. Il est en position d’observateur, caché par la nature, qui ici est protectrice. La
scène est représentée avec des couleurs claires (vert, bleu,
jaune) qui sont celles du paysage insulaire. Au centre de
la plage il y a un feu ; des personnages à peine esquissés semblent danser autour du feu ; trois pirogues sont
esquissées. Une grosse fumée blanche s’élève du feu. On
apprend grâce au texte que cette fumée est due à la poudre
jetée par la sorcière sur le feu, juste avant l’exécution de
la victime (ensuite la fumée deviendra noire). C’est une
scène importante : elle montre un rituel qui aboutit à la
désignation d’un bouc-émissaire, entraînant un sacrifice
humain. L’illustration gomme ici la violence barbare de
la scène (qui est décrite dans le texte) en la présentant de
loin, juste avant la mise à mort. L’illustration insiste sur
le côté mystérieux de ce que voit Robinson. Cet épisode
provoquera un rebondissement de l’histoire : poussé par
la crainte, Robinson déclare l’île fortifiée. Cette scène annonce aussi une autre scène décisive : la rencontre avec
Vendredi, l’autre personnage important de l’histoire.
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Illustration 8 page 63 : Tenn, un compagnon fidèle
Le dessinateur a illustré la solitude de Robinson : la taille
infime du personnage et du chien perdus dans le décor
immense de l’île montre la perte d’identité qui guette le
personnage. La tortue au premier plan est plus grosse
que l’homme et le chien au loin.
Robinson prend conscience qu’il a perdu son sourire,
son expressivité à cause de cette terrible solitude. Les
tortues au premier plan sont symboliques de ce repli sur
soi ; comme elles, Robinson s’est enfermé dans une carapace.
Illustration 9 page 79 : Robinson embusqué avec son fusil
Au premier plan, Robinson est caché derrière un arbre
avec lequel il fait corps d’un point de vue visuel : la palette de couleurs (nuances de bruns) est la même pour
l’homme et le tronc, et le corps de Robinson est dans le
même alignement que l’arbre. Le chien, dans les mêmes
tons, est dissimulé derrière les feuilles et les branchages.
Le fusil de Robinson, dont l’importance est essentielle
pour la suite de l’épisode (survie de l’Indien), est mis en
valeur par sa position perpendiculaire à celle de l’arbre.
Il se détache donc nettement du personnage. Les regards
de Robinson et de Tenn orientent le lecteur vers la scène
de poursuite qui occupe la partie droite de l’image sur
fond jaune clair (la plage) : en effet, trois silhouettes, au
second plan, se rapprochent de Robinson. La silhouette
la plus marquée est celle de l’Indien dont les tons bruns
marquent la différence de couleur de ce personnage qui
semble être un Noir. La position des bras et des jambes, à
peine esquissés, indique une course effrénée de l’Indien,
qui semble se diriger d’instinct vers l’espace protecteur
de Robinson. Non loin de là, l’éclat blanc sur le sol peut
symboliser l’espoir d’une survie possible pour l’Indien
poursuivi, qui vient d’échapper au sacrifice auquel il était
destiné.
Illustrations pages 51, 63 et 79
L’illustration page 51 annonce le sacrifice prévu de l’Indien (Vendredi) et celle de la page 79 montre
comment ce dernier y échappe en se dirigeant vers Robinson. Entre ces deux scènes, l’image de la page
63 souligne la solitude de Robinson et la nécessité pour lui de retrouver un compagnon humain, ce qui se
réalise avec l’arrivée de Vendredi.
Exercice : Relisez les pages 78 et 80. Quel sentiment éprouve Robinson embusqué derrière
l’arbre ?
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Illustration 10 page 87 : Vendredi et son maître
Cette scène représente la promenade dominicale de
Robinson, qui inspecte le domaine qu’il s’est approprié.
Vendredi le suit en tenant une ombrelle de peau de chèvre
pour le protéger du soleil. Au premier plan, Vendredi
et Robinson, debout, face au lecteur, occupent presque
toute l’image. Robinson est vêtu d’une redingote rouge
et d’une chemise à jabot, trouvées dans l’épave. Ce sont
ses habits de « gouverneur ». Il porte des armes, un fusil
et une épée, symboles d’autorité. Vendredi est vêtu d’un
simple pantalon blanc ; il est pieds nus et torse nu, ce qui
souligne son statut de serviteur et montre bien l’inégalité entre les deux personnages. Robinson se comporte
en maître. Il semble content, il a retrouvé son sourire.
Vendredi est content lui aussi. Plein de reconnaissance,
il a accepté la domination de Robinson. Les couleurs de
l’image sont lumineuses. La lumière est accentuée par
les nombreuses touches de blanc. Les palmiers de part
et d’autre des personnages créent un cadre, amplifiant
la majesté de cette promenade solennelle. Malgré un
rapport maître/esclave, les deux personnages semblent
vivre en harmonie.
Exercice : À partir de cette image, que pouvez-vous dire de la relation qui existe entre les deux
personnages ?
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Illustration 11 page 100 : Vendredi habille les cactus
Il faut noter que cette illustration rompt avec le style
des précédentes, même si la technique de l’aquarelle est
conservée. Hormis Vendredi et Tenn au premier plan,
qui restent très dessinés, le reste de l’image au second
plan est travaillé par touches de couleurs vives, ce qui
donne une dimension plus abstraite à la scène. Les
touches vertes représentent les cactus qui ont été habillés par Vendredi. De la scène se dégage une impression
festive et un sentiment de gaité, suscités par le mouvement tourbillonnant des touches de couleurs juxtaposées. L’espace est déconstruit comme dans une peinture
abstraite. Les personnages créés par Vendredi semblent
mouvants comme dans un bal masqué. Cet épisode,
où Vendredi devient créateur et contemple son œuvre,
marque le début d’une prise de conscience de sa condition. Sur l’image il se détache nettement au premier plan,
dans un mouvement de joie, bras levés. Il sourit, semblant apprécier cette nouvelle liberté qu’il s’est donnée,
loin de « l’ennuyeux Robinson ».
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Exercice : Relevez dans le texte page 99 les différents vêtements et accessoires utilisés par
Vendredi pour réaliser son œuvre.
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Prolongement artistique : créer sa propre illustration de la scène.
Dessinez de grands cactus verts sur une feuille. Puis, à l’aide de vêtements et d’accessoires découpés dans
des magazines, habillez-les à votre tour selon votre fantaisie.
Illustration 12 page 109 : L’explosion des tonneaux de poudre
Cette image représente une étape essentielle dans la relation entre les deux hommes qui jusque-là se cantonnaient
aux relations établies depuis leur rencontre (dominant/
dominé). Il s’agit de l’explosion des tonneaux de poudre,
accident provoqué involontairement par Vendredi qui
jette sa pipe allumée dans la grotte où sont les tonneaux.
L’image présente un jaillissement de flammes et de rochers, suggérés par des touches de couleurs contrastées
(rouge, jaune et noir). Au premier plan, Robinson, son
fouet à la main, est projeté en l’air. On voit la force de
l’explosion car son corps se trouve au-dessus de la tête
de Vendredi. L’image suggère l’intention qu’avait Robinson de fouetter Vendredi, tout en montrant son impuissance face à la violence de l’explosion. Robinson n’est
plus le maître, il n’agit plus mais subit les événements.
Vendredi, quant à lui, est debout, il ne semble pas être
affecté par la déflagration, mais il regarde, impuissant, le
désastre qu’il a provoqué.
Exercice : Comment cette explosion va-t-elle modifier la relation qui s’était établie entre les deux personnages ?
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Illustration 13 page 118 : Vendredi tire à l’arc
Vendredi occupe toute l’image, il est en train de bander
son arc. Son visage exprime un plaisir évident pour cette
activité et aucune trace d’effort n’est perceptible. Le fond
de l’illustration, décliné dans des teintes orangées, est solaire. Cela amplifie le sentiment de joie du personnage,
qui prend plaisir à « voir planer [ses flèches] dans le ciel,
comme des mouettes. »
Vendredi est nu, vêtu seulement d’un pagne de plumes.
Cette illustration reflète l’identité retrouvée du personnage, c’est l’image du bon sauvage qui se sert de son arc
non pour tuer des proies mais pour se divertir, se lancer
des défis ludiques personnels (lancer les flèches le plus
loin possible).
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Illustration 14 page 154 : Andoar, le roi des chèvres
L’image représente Andoar, le bouc de la Speranza qui
avait repris sa liberté au moment de l’explosion. L’animal se dresse fièrement dans la montagne en haut d’un
rocher, il semble digne, fort et inaccessible. L’animal est
ici personnifié dans une attitude altière (de profil, cornes
démesurées, yeux mi-clos). Vendredi en parle comme
d’un « adversaire » : le bouc peut apparaître comme un
alter ego, un rival qu’il doit affronter et vaincre pour
conserver son bien : la petite chèvre Anda, qu’il avait
soignée et sauvée, et qui est attirée par Andoar. L’image
annonce le terrible corps-à-corps entre les deux rivaux,
dont Vendredi sort finalement vainqueur. À l’issue de
ce combat, Vendredi fait la promesse de faire « voler et
chanter » Andoar.
Illustration 15 page 169 : Le cerf-volant
L’illustration représente une paisible scène de pêche au
cerf-volant, qui est conforme à une tradition en vigueur
dans les îles Salomon. Le cerf-volant est au premier plan,
en haut de l’image dans un mouvement oblique ascendant, et survole la barque. C’est un grand losange de
couleurs vives terminé par une touffe de plumes qui sert
de leurre pour appâter les poissons. Dans la pirogue, les
deux hommes sont à peine esquissés ; tout le fond de
l’image représente la mer et ses miroitements.
La technique de pêche n’est pas clairement représentée
par l’illustrateur : il faut lire le texte pour la comprendre.
C’est plutôt l’aspect esthétique et symbolique du cerfvolant qui est mis en valeur, les couleurs donnant une
certaine magnificence à l’objet. Le texte nous apprend
qu’il a été réalisé par Vendredi à partir de la peau séchée
d’Andoar. Cela confirme la promesse de l’Indien de faire
voler le bouc. Ce cerf-volant est donc le symbole de l’ennemi vaincu. Il permet à Vendredi de prolonger au-delà
de la mort du bouc un rapport de domination vis-à-vis
de l’animal. Le cerf-volant apparaît comme un trophée
pour Vendredi.
Exercice : À l’aide du texte, en vous appuyant sur l’illustration, expliquez la technique de la
pêche au cerf-volant.
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Illustration 16 page 177 : L’arrivée d’une goélette
Il s’agit d’une très belle marine qui représente le Whitebird ancré, voiles repliées. Au premier plan, une chaloupe est mise à la mer. À peine esquissés, des hommes à
bord battent les flots avec de longs avirons. La sérénité,
l’harmonie et la stabilité qui se dégagent de cette image
sont dues à une construction graphique équilibrée (parallélisme des lignes verticales des mâts qui structurent
l’espace). Cette marine, qui pourrait traduire l’espoir
d’un départ possible, d’une délivrance, est en complète
opposition avec la première illustration (celle de La Virginie dans la tempête) : couleurs, lignes, atmosphère d’ensemble, tout oppose ces deux images.
Illustration 17 page 183 : Vendredi se hisse sur la hune
Cette illustration présente Vendredi se hissant dans les
haubans du Whitebird. Il semble heureux et tout à fait
dans son élément sur ce bateau. Cette scène se situe au
moment où Robinson et Vendredi sont invités à bord du
navire par le capitaine.
Le visage de l’Indien reflète la joie ; son désir de liberté
peut se concrétiser grâce à l’arrivée providentielle du
Whitebird. Vendredi semble faire corps avec le navire (ses
membres participent à l’enchevêtrement de la voile et des
cordages qui sont traités par l’illustrateur dans les mêmes
tonalités de bruns) comme s’il appartenait désormais à
ce monde-là. Cette illustration peut donc symboliser la
volonté de Vendredi de prendre son destin en main.
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Les illustrations dans Vendredi ou la vie sauvage
Illustration 18 page 193 : Jean, le mousse du Whitebird
Cette dernière image présente Jean, le mousse, qui occupe tout l’espace. L’arrière-plan est traité de façon abstraite, l’environnement insulaire est évoqué par l’esquisse
d’une végétation exotique. Le garçon porte les vêtements
traditionnels des mousses : pull rayé, pantalon blanc.
Son corps mince et son visage encore enfantin (cheveux roux, taches de rousseur, grands yeux) traduisent sa
grande fragilité et sa détresse. Néanmoins il semble afficher une certaine détermination. Il est le seul personnage
du roman dont le visage est clairement représenté. Son
regard est tourné vers le lecteur et semble interrogateur :
quelle sera sa vie avec Robinson ? Toutefois son visage
exprime de la confiance : son existence ne pourra pas
être pire sur l’île qu’elle n’a été sur le Whitebird où il était
un souffre-douleur, fouetté et injurié. Une nouvelle vie
qu’il espère heureuse l’attend. Cet espoir est traduit par
une palette de tons lumineux. Une nouvelle histoire peut
commencer.
Synthèse sur l’ensemble des illustrations
On remarque que le choix des illustrations met en évidence le thème de la liberté et révèle progressivement Vendredi comme le véritable héros du roman, ainsi que le titre de l’œuvre le laisse entendre. En
effet, à partir de la onzième illustration, Vendredi est le sujet principal traité par l’illustrateur, Robinson
n’apparaît plus que de façon anecdotique (explosion des tonneaux page 109 ; la pêche au cerf-volant page
169). Le véritable thème du roman, c’est la quête de liberté de Vendredi et la reconquête de son autonomie face à Robinson.
L’Indien est désormais présenté comme un homme qui décide de sa vie et non plus comme un simple
serviteur. Il maîtrise parfaitement cette vie sauvage qui a toujours été la sienne : il reste debout lors de
l’explosion (image page 109) et parvient à dominer le bouc, pourtant si fier (représentation de cette fierté
page 154). Avec le tir à l’arc (page 118), Vendredi apparaît comme un homme vraiment libre, qui s’accorde
des plaisirs, sans avoir à se justifier ou à se cacher. Il semble déterminé, il sait désormais ce qu’il veut, ce
qui est bon pour lui. Robinson n’intervient plus dans ses choix. Cette nouvelle maturité permet à l’Indien
de s’affranchir de son maître. L’image de la pêche au cerf-volant (page 169) pose les deux hommes sur
un pied d’égalité : ils sont assis dans la même pirogue et partage une activité commune. Cette autonomie
enfin conquise est ici symbolisée par l’escalade finale de Vendredi sur les haubans du bateau.
Étude réalisée par Flora Bongrand et Cécile Dusserre-Telmond
et Véronique Djabri, enseignantes.
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