Commentaires de poésie 2

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Commentaires de poésie 2
D. Guillaume
OPTION LETTTRES MODERNES (écrit)
PROGRAMME 2
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Du Bellay, Les Regrets
La Fontaine, Fables VIII, « Le rat et l’huître »
Delille, Les Jardins
Mallarmé, Poésies, « L’Azur »
Réda, Les Ruines de Paris
Corbière, Les Amours jaunes
Commentaire composé : la poésie
BIBLIOGRAPHIE
— Histoire de la poésie
. Yvonne BELLANGER (dir.), La Poésie, Bréal, coll. « Grand amphi », 1999
. Michel JARRRETY (dir.)
— La Poésie française du Moyen Âge jusqu’à nos jours, PUF « Premier
Cycle », 1997.
— Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, PUF, 2001
— Technique et interprétation
. Jean-Michel GOUVARD, La versification, PUF « Premier Cycle », 1999.
. Gérard DESSONS, Introduction à l’analyse du poème, Bordas « Lettres sup », 1991
DU BELLAY
Les Regrets (1558)
— Intro. : Du Bellay (1522-1560) et le sonnet élégiaque :
+ Ambition humaniste de la Pléïade (allusion à 7 poètes alexandrins : groupe de 7 jamais
formellement constitué — simple mention par Rons 1556 + dénonciation de cette ambition
par ses adversaires [rencontre Rons et Du Bellay au collège de Coqueret 1547, principal Dorat
helléniste + Peletier du Mans, Pontus de Tyard, Rémy Belleau, Jean-Antoine Du Baïf, Étienne
Jodelle,) : Ronsard représente avec le plus d’éclat refondation de la poésie française par
l’humanisme renaissant.
+ Carrière problématique malgré nom prestigieux =
. se cherche (droit, auprès de son cousin Jean Du Bellay) avant de rejoindre Ronsard >
exprime position du groupe ds Défense et illustration de la langue française 1549 [= sortie
du MA + bases lointaines du classicisme, qui prévalent jusqu’au romantisme] :
— Réponse à l’Art poétique de Thomas Sébillet (1848) = défend encore
genres anciens (ballade, rondeaux, lais…).
— > nécess. illustrer langue française en la renouvelant (lexique) ms aussi en
renouvelant genres poétiques, avec alliance d’art et de « fureur » poétique :
< antiquité surtout (ode, élégie, comédie, tragédie, épopée) + modèle italien
(sonnet
< Pétrarque : Canzoniere 1370 : reprend tradition de l’amour
courtois — « amour de loin » + se mêlera au néo-platonisme).
— DB. lui-même publie sonnet pétrarquiste : L’Olive 1549, 1550 (50 > 150
sonets).
+ Particularité de ce sonnet :
. Départ de DB à Rome (après période de maladie), avec Jean du Bellay (ambassade) >
enthousiasme puis désenchantement :
— / grandeur de la ville : Les Antiquités de Rome 1558
— / son propre sort (≠ carrière brillante de Ronsard : Odes pindariques de
1550, sera « Prince des Poètes », poète officiel de Charles IX) = doit
« ménager » auprès de son cousin ; vision satirique des mœurs courtisanes
romaines.
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. > tonalité singulière des Regrets = élégie non amoureuse, avec nostalgie de la terre
natale (Ovide) + veine satirique (cf. Horace + sermo pedestris = ton bas).
+ > Pbmatique = singulariser écriture de la perte / absence non amoureuse.
. Construction d’une subj. particulière
. Modulation d’une douleur
. Visée de poésie
— I. L’étoilement du sujet
+ 1> Une construction rhétorique forte.
. a) Symétrie
. b) Renversement
. c) Mouvement
+ 2> Une diffraction énonciative
. a) Creusement du temps
. b) Déixis ?
. c) Comment se dire
— II. Une plainte modulée
+ 1> Une écriture de l’enfermement
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. a) Structure rimique
. b) Structures phrastiques
+ 2> Dynamique de la plainte
. a) Éléments d’une syntaxe expressive
. b) Emportements rythmiques (CR, rythme de 3, modulation fin)
— III. Les ressource du manque
+ 1> Figurer l’absence
. a) Présence aux sens
. b) Infléchissement de la perte (adoucissement : registre bas)
+ 2> Une reconstruction poétique
. a) Mutation du cœur (être et avoir)
. b) Présence prosodique de l’absence
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LA FONTAINE
Jean de La Fontaine, Fables
VIII, 9. « Le rat et l’huître » (1678)
— Œuvre à la fois d’une grande notoriété et mal connue < utilisation pédagogique pour
jeunes enfants (dénoncée par Rss in Émile).
+ Tient au statut pbmatique de ce genre mineur, marginal / poétique classique (et ultérieure)
et qui ne constitue qu’un aspect / œuvre de Lf — surtt pê auteur de Contes grivois, ms aussi
de pièces de théâtre (L’Eunuque), roman vers et prose (Amours de Psyché et Cupidon), poésie
élégiaque (Songe de Vaux), religieuse (Poème de la captivité de St Malc)…
+ Gde complexité — inconstance revendiquée — pour un genre à l’histoire complexe :
. Double tradition :
— fables du grec Esope > latin Phèdre = récit sec > morale
— emblème = titre à valeur morale (sentence) > illustration > bref récit > long
commentaire moral.
. Génie de Lf = (enrichi par d’autres sources, dont l’indien Pilpaï) variations de plus en
plus libre àp de ces modèles.
— Livres 1-6, 1668 = proches des modèles antiques, morales assez peu
élaborées.
— Livre 7-11, 1678-9 = « fable égayée », largement enrichi (circ, variations
stylistiques) + approfondissement de la réflexion (morale, voire politique
— « Animaux malades de la peste » — voire métaphysique : « Discours à
Mme de La Sablière » : âme des bêtes…)
— Livre XII, 1694 = richesse, ms pour jne duc de Bourgogne, fils de Louis
14.
+ Pbmatique = mise en scène d’un art dans jeu avec le genre > porteuse d’une morale
pragmatique de la convenance.
. Cf. modèle = emblème (Alciat : humaniste italien 15e) > inversion de la place de la
morale, à la fin < valorisation du récit : plaisir de raconter + valeur de l’expérience (démarche
inductive, plus que déductive) : art même du récit comme expérience morale.
. Plan : art du récit / distance de tt modèle > humour / élaboration d’une morale
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LA FONTAINE
Jean de La Fontaine, Fables
VIII, 9. « Le rat et l’huître » (1678)
— Problématique.
Dans quelle mesure la mise en scène d’un jeu avec le genre de la fable est-elle porteuse d’une
morale ?
— I. L’art du récit
+ 1) Jeu du temps narratif
. a> Passé non simple
. b> Présent du conteur
+ 2) Jeu des voix
. a> Une construction polyphonique
. b> Dérision de l’énonciation
— II. Humour de l’art
+ 1) Jeu des registres
. a) Vers l’héroï-comique
. b) Vers le burlesque
+ 2) Jeu du rythme
. a> Variations du rythme poétique
. b> Vivacité narrative
— III. Art et morale
+ 1) Comédie du moraliste
. a> Mise en scène de la voix narrative
. b> Une morale en mineur
+ 2) Expérience et connaissance
. a> Jeunesse et tradition
. b> Classicisme et pertinence
— Conclusion
Tout en décalages de temps et de tons, montrant le désir de connaître ainsi que sa nécessaire limitation
par un savoir mûri, la fable fait preuve d’une grande retenue dans la prétention à professer une morale : tel
est chez La Fontaine l’empirisme classique de la convenance.
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DELILLE
Les Jardins (1782)
— Intro. : classicisme et romantisme poétique des Lumières
+ Apogée du classicisme < catégories majeures pas contestées :
. Pratiques des genres antiques : épopée (cf. Henriade de Voltaire), ode (LebrunPindare : AR > RF), élégie (Chénier), épigramme (Voltaire) et satire (Chénier « Iambes ») —
poésie didactique : Géorgiques de Virgile ou De natura rerum de Lucrèce > Delille,
Chénier…
. Prédominance de la raison et de l’esprit / fureur poétique vantée par Pléïade (réservé
à l’ode par Boileau) [compatibilité / « esprit géométrique » des philosophes héritiers de
Descartes].
. Gde socialité du genre : jeux mondains (cf. Le Mondain de Volt.), honnêteté…
+ Évolution des conceptions et des pratiques > soubassements du romantisme :
. Remise en question des caractérisations formelles de la poésie : cf. ds nvelle querelle
des Anciens et des modernes < traduction en prose d’Homère par Mme Dacier : notamment
critique de la rime et recherche de poésie ds la prose (cf. Télémaque de Fénelon 1699 +
écriture de Rousseau).
. > conception de la poésie comme liée au « génie », à l’énergie de l’expression
(Diderot, Rousseau).
+ Importance du paysage ds évolution de la poésie : poésie descriptive et apparition du
« romantique ».
. Usage anglais de l’adjectif romantic < paysage qui transporte le spectateur ds monde
idéalisé, romanesque, des romances ≠ novels plus réalistes ; usage en fr. àp 1770 > traduction
par « pittoresque », « romanesque »
puis « romantique » : sens spécifique, de possible
épanchement sentimental d’un promeneur solitaire face à un paysage.
. Importance, ds cette évolution, de la poésie dite dès l’époque « descriptive » <
Seasons de Thomson (1730 > fr. 1759) = source ds poésie pastorale, ms ss prétexte narratif ni
didactique.
. Delille prend sa place ds ce mouvement, qu’illustre particulièrement :gde célébrité ds
toute l’Europe, funérailles triomphales en 1813 (> influence / Lamartine ou Hugo).
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— célèbres < traduction en vers des Géorgiques 1770 > L’Énéide 1804.
— 1782 Les Jardins ou l’art d’embellir les paysages = didactique, descriptif +
souci d’animer par « épisodes » qui dramatisent.
— 1806 L’Imagination
+ Pbmatique : spécifier écriture d’un didactisme travaillant les dimensions sensibles de
l’écriture, àp d’un souci classique de « plaire et toucher ».
— I. L’esprit géométrique ?
+ 1> Clarté didactique
. a) Composition
— Parties :
— Sous-parties :
. b) Syntaxe
— Généralités (présent, on) :
— Injonctions :
— Parallélismes et oppositions :
+ 2> Éthique de l’honnêteté
. a) Présence du lecteur
— Questions rhétoriques :
— Secondes personnes :
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. b) Modération du savoir
— Le poète et son lecteur : mise en scène
— Abstraction plutôt que technicité :
— II. Un classicisme du sensible
+ 1> L’art de la variété
. a) Une poétique du paysage
— Équilibre et variété
— Jardins et poèmes
. b) Souplesse phrastique
— Parallélisme dramatisé :
— Enjambements :
— Binaire et ternaire :
— Variations d’ordre (chiasme + inversion sxqs.) :
+ 2> Une peinture littéraire
. a) Feuilletage allégorique
— Du sensible au sentimental :
— Arts et facultés :
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. b) Abstractions sensibles
— Caractérisations par l’effet :
— Temporalité du visible :
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MALLARMÉ
Poésies (1899)
« L’Azur » (1866)
— Intro. : en deçà de la poésie pure
+ Développement de la poésie au fil du 19e = de + en + concentration du langage sur ses
propres moyens.
. Virtuosité romantique des débuts (cf. Odes et ballades 1826, Orientales 1828 VH,
Musset1829 : Contes d’Espagne et d’Italie) = affranchissement de la subjectivité, chatoiement
formels redécouvrant traditions diverses (formes MA + pittoresque méditerranéen +
exotique) : accompagne donc mouvement de l’histoire portant les sujets et les peuples.
. Scission : perceptible des 1830 (avènement de la MJ ne permettant pas libération
qu’elle laissait espérer, après Restauration) [> cf. muse désabusée de Musset, Nerval,
Gautier…] = rupture entre poète et histoire, poète et société [≠ implication ds politique et
histoire de Lamartine, Vigny, Hugo : sera tj. leur attitude] > opposition du poète (de l’artiste)
et du bourgeois : théorie de l’Art pour l’Art (Gautier, Émaux et camée 1852 > Parnasse 1866
[aussi contre épanchement sentimental type Lamartine et Musset]).
. Rupture max. : Baudelaire, pour qui culte de la forme (dandysme + rigueur métrique)
et du symbole (« Correspondance » : postulat de chiffres secrets, de relations occultes)
s’allient / vision très noire de la réalité contemporaine, dont ils sont comme le revers (spleen /
idéal, mal > fleurs) ; > poétique du choc, qui fondera invention du poème en prose.
+ Mallarmé construit sa poésie et sa poétique à partir de l’œuvre baudelairienne :
. 1> Jusque vers 1866 (publication ds premier Parnasse contemporain) = hantise de
perfection de l’œuvre (que dit Idée, Idéal, Azur…≠ inspiration) + de l’impuissance du poète à
la réaliser [projet vers 1866 du Livre, comme œuvre totale et parfaite : « explication orphique
de la terre »].
. 2> Crise de 1865-1870 : élaboration d’une nouvelle poétique, qui sera clé du
symbolisme àp des années 1880 (et nott. 1886 : manifeste) = « Peindre non la chose, mais
l’effet qu’elle produit » (1864 = date composition notre poème) > suggestion, par forte
concentration de l’œuvre sur elle-même : travail sur Hérodiade (projet scénique > poème
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[vierge obsédée de pureté]) : récit Igitur : > frôle folie et la mort : rencontre le Néant en lieu et
place de l’Idée.
. 3> > 1882 phase de quasi aphasie où travaille / Après-midi d’un faune + qqs poèmes
= claire que Idée = insubstantielle (> « littérature », « théâtre », « fiction ») : non pas suggérer
quelque chose, mais ce qui n’existe pas, par les moyens spécifiques du poèmes = mode de
signification propre (≠ communication) + rythme (Musique en gros synonyme de Idée,
comme système de rapports) [expose ses idées ds ses « Mardis », rue de Rome].
. 4> 1883-98 = trouve reconnaissance (< article de Verlaine, in Poètes maudits +
Huysmans in À rebours 1884), réponds à enquêtes et commandes, écrits divers textes en prose
> 1897 Divagations + continue de réfléchir au Livre (édition Schérer + forme approchante =
Poésies posthume 1899) + invention d’une forme spécifique = Coup de dés (1897 > NRF
1914).
+ Pbmatique : Dans quelle mesure poème se dégage d’un lyrisme spleenétique,
baudelairien, pour tendre vers une poétique de l’idée (abstraction et fiction produite par
les ressources propres de l’écriture) ?
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MALLARMÉ
Poésies (1899)
« L’Azur » (1866)
— Problématique :
Dans quelle mesure poème se dégage d’un lyrisme spleenétique, baudelairien, pour tendre vers
une poétique de l’idée ?
— I. Spleen et Idéal
+ 1) Une rhétorique baudelairienne
. a> Dramatisation binaire
. b> Allégories
+ 2) Un imaginaire baudelairien
. a> Le monde du mal
. b> La cloche fêlée
— II. Constellation lyrique
+ 1) Un sujet divisé
. a> Étoilement des instances
. b> Héroïsme et retrait
+ 2) Une voix désaccordée
. a> Ruptures
. b> Poétisation
— III. Fantôme de poésie
+ 1) Négativité
. a> L’Azur, l’absence
. b> La mort
+ 2) Vibration pure
. a> Substance du ciel ?
. b> Harmoniques de l’azur
— Conclusion :
Dramatisation formelle, lyrisme ambivalent, réalité poétique impalpable : la poétique de l’Idée se
marque par les indices concrets d’un deuil de la poésie dont elle hérite.
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RÉDA
Les Ruines de Paris (1977)
— Intro. : le désastre et la merveille (cf. Maulpoix / Réda)
+ Un retour au sol
. Après guerre se caractérise par volonté de retour au réel de nbx poètes, par réaction
contre surR et tout en évitant registre de la poésie engagée (cf. Aragon [résistance > Poésie
nationale ds Lettres françaises] et Eluard pendant la guerre : rôle important de Char comme
alternative).
— 1967-1972 : cahiers de L’Éphémère = Bonnefoy (cf. présence : critique de
l’image), Du Bouchet, Dupin, Des Forêts — voire Jaccottet (v. spécificité) :
cf. déclaration d’intention = « il existe une approche du réel dont l’œuvre
poétique est seulement le moyen », « cette instauration d’absolu où
l’extériorité se résorbe » [articulation / Mallarmé].
— 1941-1961 : moins intellectuelle, réaction à la fois au vichysme et à
l’autoritarisme du groupe surR (> certaine proximité du gaullisme, ms
jamais militantisme) ; priorité = « dire la vie », poésie de la réalité concrète
voire prosaïque, inflexion hunamiste ; membres fondateurs = Jean Bouhier
et René-Guy Cadou ; surtout lieu de passage de poètes importants : Follain
(pas Frénaud), Guillevic — momentanément jne Réda (Cahiers 1952-64).
* Premiers poèmes (1952-55), qu’il renia par la suite : lyrisme et
inspiration surR, proche de Michaux aussi.
. Œuvre marquante se développe à partir de Amen (1968), Récitatif (1970) et La
Tourne (1975) : se singularise en des années qui sont avant tout celle de l’avant-garde
triomphante.
— Cf. revue Tel Quel (1960-1982, Seuil) [> L’Infini, 1983 : « une sorte de
nerf hors la loi » / société médiatique] et théorisation du « texte », à partir
de la poésie de Ponge, pensée de la poésie au sens large, comme travail du
signifiant (pulsion + matérialité) : cf. Kristeva (La Révolution du langage
poétique, 1972), Barthes et Sollers [voire Derrida, Lacan] ; poésie pensée
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aussi à partir de Lautréamont, comme saccage des formes trad.
accompagnant libération de la subj. (Denis Roche : « La poésie est
inadmissible, d’ailleurs elle n’existe pas » : Éros énergumène 1968 > Le
Mécrit 1972) = à retentissement politique (cf. mai 68 : moment maoïste).
— Réda participe activement aux Cahiers du Chemin (1967-1977), dirigés par
G. Lambrichs (Gallimard) : renouvellement littéraire et critique, mais
moins programmatique, plus empirique : cf. Deguy (défense et illustration
du « comme » : poésie comme travail de rapprochement [critique]), Perros,
Stéfan, Réda en poésie.
+ Parcours :
. Logique poétique = celle de la modernité et qui a traversé la symbolisme puis est
revenu du surR : recherche de l’épiphanie d’un sentiment d’évidence dont signification pas
évidente [poétique du choc de Baud. : « Un éclair, puis la nuit »] (sentiment du monde, de son
appartenance à lui : cf. thématique heideggerienne depuis les années 50 > 80 sq. : poésie
comme dévoilement de l’être).
— ce que manifeste paysage et poésie : devenir du monde auquel participe le
S : se détache / dominante existentielle mélancolique, déréliction d’un S ds
monde privé de sens, d’unité.
* écriture = dispositif de captation de cet évidence fugitive : cf. jazz + Celle
qui vient à pas légers (1985).
— > Amen et Récitatif = réflexion religieuse en même temps qu’agencement
du monde, s’obscurcit et se dramatise (vers s’allonge, àp du 14) < perte de
la f. aimée.
* Montée en puissance de l’ordre métrique : La Tourne (1975) > surtout
Hors les murs (1983) > cf. Lettre sur l’univers (1991) [néoclassicisme : cf.
dirige NRF 1987-95]
— Tvl. de la prose = ds prolongement du récitatif : dynamique rythmique,
accompagnant pérégrination, ds Paris (Récitatif 1977), campagne française
et ailleurs (L’herbe des talus, 1984).
+ > Pbmatique du texte : RP. = s’inscrit nécessairement ds filiation du Spleen de Paris :
renversement / « Correspondances » [horizontales ≠ verticales], écriture du flâneurs ds « villes
énormes » et « croisement de leurs innombrables rapports » > « idéal d’une prose […] assez
souple et assez heurtée pour d’adapter aux mvts. lyrique de l’âme, aux ondulations de la
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rêverie, aux soubresauts de la conscience » + écriture de la modernité, articulant éternel sur
l’éphémère [= donnant sens au monde : entrevue d’une unité, d’un dépassement de la
disparate prosaïque du monde contemporain : cf. Ruines d’un monde, 1977 comme 1864-9].
. > Quelle construction (forme) le texte oppose-t-il à ce qu’il donne par ailleurs comme
la destruction d’un monde ?
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RÉDA
Les Ruines de Paris (1977)
— Problématique :
Quelle forme le texte oppose-t-il à la banalité d’une scène qu’il présente pourtant comme celle d’une
destruction du monde ?
— I. Écrire la ville
+ 1) L’espace urbain
. 1> Géométrie
. 2> Intrication
+ 2) Le temps des marges
. a> Devenir
. b> Suspens
— II. Écrire la cité
+ 1) Position du poète
. a> Foyer perceptif
. b> Humeur diffuse
+ 2) Une foule sans personne
. a> Marginalité mystique ?
. b> Déchets allégoriques
— III. « Perte d’auréole » ?
+ 1) Ruines du sacré
. a> Rémanences
. b> Inspiration, expiration
+ 2) Souffle et cabotinage
. a> Pulsation fondamentale
. b> Mise en scène
— Conclusion :
La forme de cette prose ne sauve pas le monde en ruines : un certain humour montre simplement la
déréliction d’une époque mais suggère aussi la résistance (vitale, sacrée) d’un effort poétique de liaison.
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CORBIÈRE
Les Amours jaunes(1873)
— Corbière et la crise du lyrisme
+ Situation.
. Perte de croyance accompagnant la longue sortie du romantisme (qui constitue ce
dernier pour une part) : religieuse, mais aussi historique et métaphysique.
— Hugo = reste seul représentant de la position du « mage » (id. : Lamartine,
Vigny), d’un messianisme que revisitera Rimbaud : alliance de l’expression
subjective, de la révélation métaphysique, et d’une pensée politique
« humanitaire » : Contemplations (1856) > Légendes (1859-77-83).
— Sorties artistes du lyrisme romantique : art pour l’art (Gautier) > Parnasse
(1866-71-76) : formalisme et distance critique / R contemporaine.
. > diverses recherches de salut passant par une destruction : cf. Baud. = « La
destruction fut ma Béatrice » : noirceur, discordances (Baud. > Verlaine), refondation
(Rimbaud) / négation sans issue : Corbière.
+ L’option d’un marginal =
. Corbière (1845-75) = breton (Roscoff) venu à Paris sur le tard (1871 < actrice), et
connu pour un unique recueil de vers publié à compte d’auteur, mis en valeur par Verlaine ds
Poètes maudits (1883).
. Choix d’une posture critique marginale > fréquentation de la bohème parisienne :
suite de la critique du lyrisme romantique (personnel) ms aussi du Parnasse (formalisme), qui
se cristallise en 1886 (décadence) et se dépassera en symbolisme.
— même temps : recherche d’une nvelle authenticité : parole des humble et
voix des éléments (≠ culture et tradition).
+ Pbmatique : dans un poème démarqué de la tradition de poésie amoureuse,
caractérisation d’une poésie critique, prenant pour O tant le lyrisme amoureux (I) que
l’esthétisation formelle (II) (l’héritage romantique que la relève parnassienne) > énonciation
singulière à force de polyphonie voire de contradictions.
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CORBIÈRE
Les Amours jaunes(1873)
— I Bonsoir l’amour
+ 1> L’idole injuriée
. a) L’ingrate, la cruelle
. b) Grisette et Bovary
+ 2> L’amant éteint
. a) L’oblique
. b) L’absent
— II. Bonsoir la poésie ?
+ 1> Une défiguration
. a) Le sonnet revisité
. b) L’image, « éclat de tain »
+ 2> Les grincements de l’art
. a) Une parole négative
. b) Intensités prosodiques
— III. Voix d’un autre
+ 1> La gouaille du rimailleur
. a) Oralité
. b) Canaille
+ 2> Contradictions polyphoniques
. a) Niaiseries
. b) Crucifixion ?
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