Mon livret de poèmes - Département de l`Eure

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Mon livret de poèmes - Département de l`Eure
Mon livret
de poèmes
Place à la poésie ! / 9e édition / 11 au 24 mars 2013
Boris Vian
La java des bombes
atomiques
Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur
Des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C’était un vrai génie
Question travaux pratiques
Il s’enfermait tout’ la journée
Au fond d’son atelier
Pour fair’ des expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en trans’
En nous racontant tout
Il a bossé pendant des jours
Tâchant avec amour
D’améliorer l’modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il avalait d’un coup
Sa soupe au vermicelle
On voyait à son air féroce
Qu’il tombait sur un os
Mais on n’osait rien dire
Et pis un soir pendant l’repas
V’là tonton qui soupir’
Et qui s’écrie comm’ ça
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d’Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n’en est rien resté
Pour fabriquer une bombe « A »
Mes enfants croyez-moi
C’est vraiment de la tarte
La question du détonateur
S’résout en un quart d’heur’
C’est de cell’s qu’on écarte
En c’qui concerne la bombe « H »
C’est pas beaucoup plus vach’
Mais un’ chos’ me tourmente
C’est qu’cell’s de ma fabrication
N’ont qu’un rayon d’action
De trois mètres cinquante
Y a quéqu’chos’ qui cloch’
[là-d’dans
J’y retourne immédiat’ment
A mesur’ que je deviens vieux
Je m’en aperçois mieux
J’ai le cerveau qui flanche
Soyons sérieux disons le mot
C’est même plus un cerveau
C’est comm’ de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j’essaye d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je n’me suis pas rendu compt’
Que la seul’ chos’ qui compt’
C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombe
Y a quéqu’chose qui cloch’
[là-d’dans,
J’y retourne immédiat’ment
Tonton devant ce résultat
Ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au Tribunal on l’a traîné
Et devant les jurés
Le voilà qui bafouille
Messieurs c’est un hasard affreux
Mais je jur’ devant Dieu
En mon âme et conscience
Qu’en détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D’avoir servi la France
On était dans l’embarras
Alors on l’condamna
Et puis on l’amnistia
Et l’pays reconnaissant
L’élu immédiat’ment
Chef du gouvernement
Charles d’Orléans (1394-1465)
Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Le temps a laissé son manteau.
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Le cantonnier
Ces cailloux, tu les nivelles
Et c’est, comme troubadour,
Un cube aussi de cervelles
Qu’il me faut ouvrir par jour.
Le crieur d’imprimés
Toujours, n’importe le titre
Sans même s’enrhumer au
Dégel, ce gai siffle-litre
Crie un premier numéro.
Le marchand d’ail et d’oignons
L’ennui d’aller en visite
Avec l’ail nous l’éloignons
L’élégie au pleur hésite
Peu si je fends des oignons.
La marchande d’habits
Le vif œil dont tu regardes
Jusques à leur contenu
Me sépare de mes hardes
Et comme un dieu je vais nu.
Rondeau
Il n’y a bête, ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie,
Chacun s’habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.
Charles d’Orléans est le fils aîné de Louis Ier,
duc d’Orléans, frère du roi de France Charles VI
et le père de Louis XII. À la débâcle d’Azincourt,
le 25 octobre 1415, Charles d’Orléans est fait
prisonnier et emmené en Angleterre. C’est
au cours de sa longue captivité anglaise (25
ans) qu’il réalise son œuvre poétique. Il est
ainsi l’auteur de 131 chansons, 102 ballades,
7 complaintes et pas moins de 400 rondeaux.
Chanson bas
Le vitrier
Le pur soleil qui remise
Trop d’éclat pour l’y trier
Ote ébloui sa chemise
Sur le dos du vitrier.
Extrait de : Poésies, Éditions Librio,
1996 (1re édition, 1899)
Né dans une famille aisée de hauts fonctionnaires, Stéphane Mallarmé
devient professeur d’anglais par passion pour l’écrivain Edgar Allan Poe
(dont il traduira les poèmes). En réalité il fut un professeur médiocre,
son unique centre d’intérêt étant, dès son plus jeune âge, la poésie.
D’abord influencé par Baudelaire et Poe, sa poésie devint progressivement
de plus en plus hermétique. L’ambition de Mallarmé était de créer
une œuvre expérimentale, une œuvre de poésie pure, libérée
de la nécessité du sens. Son écriture qui joue avec les mots – dont
le sens est souvent étymologique – égare volontairement le lecteur.
Ce personnage énigmatique suscita l’admiration de ses pairs dès
les années 1880. D’abord reconnu par Verlaine et Huysmans, il devint
ensuite l’idole d’une nouvelle génération d’écrivains, celle de Paul Claudel,
André Gide, Paul Valéry et beaucoup d’autres.
Aragon (1897-1982)
Robert Desnos (1900-1945)
Semeur
La poudre aux yeux n’est que le sable du sommeil
Le sabre du soleil comme c’est déjà vieux
Tu prends ton cœur pour un instrument de musique
Délicat corps du délit
Poids mort
Qu’ai-je à faire de ce fardeau
Fard des sentiments
Je mens et je mange
La vie courante et le ciel pur
On ne sait pas d’où vient le vent
Quel charme
Je n’ai pas de tête
Le temps me sert de pis aller
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu’elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu’à nous.
Poésie
Extrait de : Le Mouvement perpétuel, 1925, © Éditions Gallimard
La Voix
Bien qu’elle semble sortir d’un tombeau
Elle ne parle que d’été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l’écoute. Ce n’est qu’une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L’écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous ? Ne l’entendez-vous pas ?
Elle dit « La peine sera de courte durée »
Elle dit « La belle saison est proche. »
Ne l’entendez-vous pas ?
Extrait de : Calixto suivi de Contrées, 1944, © Éditions Gallimard
Louis Aragon est né en octobre 1897 à Paris. Il commence des études
de médecine et rencontre, en 1917, à l’hôpital du Val-de-Grâce,
Breton. En 1919, il fonde la revue Littérature avec Philippe Soupault
et André Breton. Louis Aragon est un membre du mouvement Dada
et du mouvement surréaliste. Il publie Anicet ou le Panorama
en 1921 et le Paysan de Paris en 1926. L’année suivante, en 1927,
il adhère au parti communiste. Il devient par ailleurs journaliste
à L’Humanité. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans
la Résistance et publie des poèmes dédiés à Elsa Triolet,
sa compagne. Il s’agit du Crève-cœur en 1941 et des Yeux d’Elsa
en 1942. En 1982, Aragon meurt en décembre à Paris.
Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920
dans les milieux littéraires modernistes. Il rejoint en 1922 l’aventure
surréaliste mais rompt avec le mouvement quand André Breton veut
l’orienter vers le Communisme. Durant l’Occupation, il continue à écrire
dans la presse, cette activité lui permettant surtout de couvrir ses activités
de résistant actif : il est arrêté par la Gestapo en 1944 et déporté
à Buchenwald. Il passe par d’autres camps avant de mourir à Theresienstadt
(Térézin), en Tchécoslovaquie, épuisé et malade, un mois après la libération
du camp par les Russes. Son œuvre comprend un certain nombre de recueils
de poèmes publiés de 1923 à 1943 – par exemple Corps et biens (1930)
ou The Night of loveless nights (1930) – et d’autres textes sur l’art, le cinéma
ou la musique, regroupés dans des éditions posthumes.
Pablo Neruda (1904-1973)
El alfarero
Le potier
Todo tu cuerpo tiene
copa o dulzura destinada a mí.
Ton corps entier possède
la coupe ou la douceur qui me sont destinées.
Cuando subo la mano
encuentro en cada sitio una paloma
que me buscaba, como
si te hubieran, amor, hecho de arcilla
para mis propias manos de alfarero.
Quand je lève la main
je trouve en chaque endroit une colombe
qui me cherchait,
comme si, mon amour, d’argile on t’avait faite
pour mes mains de potier.
Tus rodillas, tus senos,
tu cintura
faltan en mí como en el hueco
de una tierra sedienta
de la que desprendieron
una forma,
y juntos
somos completos como un solo río,
como una sola arena.
Tes genoux, tes seins
et tes hanches
me manquent comme au creux
d’une terre assoiffée
d’où l’on a détaché
une forme,
et ensemble
nous sommes un tout comme l’est un fleuve
ou comme le sable.
Extrait de : Los versos del capitán, Les Vers du capitaine,
Traduction de Claude Couffon, 1re édition en 1952, © Éditions Gallimard
Pablo Neruda est un poète, homme politique et penseur
chilien. Il commence à écrire dès son adolescence et publie
son premier recueil de poésie, Crépusculaire en 1923.
Il mène de front une carrière littéraire et politique et occupe
plusieurs postes de Consul (Espagne, 1935) puis devient
sénateur communiste des provinces du nord du Chili en
1945. Opposé au président Gonzalez Videla qui fait interdire
le Parti Communiste, il est dans l’obligation de fuir le pays.
Il publie en 1950, Le Chant général – son œuvre majeure –
où il exalte les luttes des peuples d’Amérique latine et pour
laquelle il reçoit en 1971 le prix Nobel de littérature.
En 1970, il est nommé ambassadeur du Chili en France
par le président socialiste Allende et meurt en 1973, peu
après le putsch du général Pinochet.
Louise de Vilmorin (1902-1969)
L’île
Aimé Césaire (1913-2008)
Tam-tam I
À Benjamin Péret.
L’île a des lis
Et des lilas
Pour les délices il y a des lits là.
Pas de soucis,
Cent liserons
Viens tes soucis vite s’enliseront.
Un cycle amène
Cycle centaure,
Sous les lilas où j’oublie tes cent torts,
Un cyclamen
Des centaurées
Et des pensées pour le temps dépensé.
L’île à délices
A des lilas,
Avec des lis j’ai porté ton lit là.
à même le fleuve de sang de terre
à même le sang de soleil brisé
à même le sang d’un cent de clous de soleil
à même le sang du suicide des bêtes à feu
à même le sang de cendre le sang de sel
[le sang des sangs d’amour
à même le sang incendié d’oiseau feu
hérons et faucons
montez et brûlez
Extrait de : Les Armes miraculeuses, 1946, © Éditions Gallimard
Extrait de : L’alphabet des aveux, 2004,
© Éditions Gallimard / collection Le promeneur
Louise de Vilmorin (1902-1969) n’a écrit qu’une
poignée de romans et récits, quelques poèmes
et des reportages. Elle fut une ‘conversationniste’
remarquable et l’une des actrices principales
de la vie mondaine et intellectuelle des années
trente aux années soixante. Virtuose
de la trouvaille, du jeu de mots et du coq-à-l’âne
métaphysique, elle fit surgir un univers
de nostalgie et de séduction douces-amères.
Sa fantaisie se manifeste dans les figures de style
dont elle est friande, notamment les holorimes
et les palindromes dont elle a écrit un grand
nombre. Francis Poulenc fait d’elle l’égale de Paul
Éluard et de Max Jacob. Il trouve dans ses poèmes
« une sorte d’impertinence sensible, de libertinage,
de gourmandise […]. »
Aimé Césaire est un poète, dramaturge et politicien né
à la Martinique. Après avoir obtenu son baccalauréat,
il obtient une bourse et arrive à Paris en 1931 pour
poursuivre ses études, qui le conduiront du lycée Louisle-Grand à l’École normale supérieure. En 1934,
il fonde la revue L’Étudiant noir notamment avec Léopold
Sédar Senghor. En 1936 il commence à écrire. Père
du mouvement de la négritude, il déposera sur un cahier
les mots de la colère, de la révolte et de la quête
identitaire donnant ainsi naissance à son œuvre
poétique majeure, le Cahier d’un retour au pays natal,
publié en 1939 date de son retour en Martinique.
Il entre en politique aux côtés du parti communiste,
qu’il quitte en 1956 pour fonder le Parti Progressiste
Martiniquais (PPM). Maire pendant cinquante ans
de Fort-de-France et parlementaire, il n’a jamais cessé
d’affirmer son hostilité au colonialisme européen.
Michel Butor (1926)
Sur l’océan des livres
Les voyelles éclaboussent
dans le ressac du savoir
les radeaux des couvertures
transportant leurs cargaisons
jusqu’aux ports de la mémoire
au milieu des tourbillons
parmi les monstres marins
qui dévorent les romans
Orages de théories
creusant des gouffres de doutes
remontent des profondeurs
des algues de citations
qui réveillent à la vie
noyés des siècles passés
nous redonnant les trésors
que l’on croyait disparus
Des vagues d’anciennes langues
viennent lécher nos carènes
les plongeurs des traductions
endossent leurs dictionnaires
pour explorer les épaves
oubliées sur leurs falaises
où les attendent vaisselles
pour nous servir un festin
Sucer les secrets des huîtres
gratter le cuir des poissons
déguster l’encre des seiches
les accents des crustacés
l’intonation des coquilles
dans le chant des astrolabes
sous le tournoiement des phares
qui font respirer nos lignes
Extrait de : Poésies de langue française,
144 poètes d’aujourd’hui autour du monde,
Anthologie présentée par S. Bataillon, S. Clancier
et B. Doucey, 2008, © Éditions Seghers
Poète, romancier et essayiste français,
Michel Butor a été professeur de langue
française en Égypte, professeur
de philosophie à Genève, puis professeur
de littérature aux États-Unis, en France
et en Suisse jusqu’à sa retraite en 1991.
Connu du grand public comme romancier
(La Modification), proche au départ
du groupe du Nouveau Roman (Sarraute,
Robbe-Grillet, Simon), il a ensuite tenté
d’expérimenter des formes nouvelles
et collabore avec de nombreux artistes
contemporains (réalisation de livres-objets
avec des artistes plasticiens). Michel Butor
a délaissé le genre du roman proprement
dit depuis les années 60. Outre l’écriture
de nombreux essais, il pratique divers
genres qui s’apparentent à la poésie.
Il a reçu le prix Mallarmé pour Seize lustres
en 2006 et le grand prix des poètes
de la SACEM en 2007. Depuis 2006,
les Éditions de La Différence ont commencé
la publication an dix volumes de ses
œuvres complètes.
Blanche Maynadier (1923-2004)
Louis Calaferte (1928-1994)
Quand vient le temps d’écrire, on ne peut plus se taire !
Les souvenirs enfouis viennent à la surface
Et donnent à penser… On pense à sa jeunesse,
On pense à ses amours, à ses amis perdus,
A ce que fut sa vie.
J’éternue le soleil
Je suis ganté de buis
Je mâchonne des immortelles
Je crache des allumettes
J’enfante de bleus ramoneurs
Je dorlote des chats
J’assassine des roses
Je décore des gâteaux
J’esquisse des demoiselles
Je resquille à l’enfer
J’amuse des oiseaux
J’aspire des sirènes
J’allume des lanternes
J’allonge des landaus
J’encense des fontaines
Je file des fuseaux
J’ose des souvenirs
J’use des escarcelles
Juge d’un temps révolu
Gisant
Je gis.
L’Oiseau Bleu
Une plume à la main on aligne des mots
Et chacun prend sa place en entrant dans l’écrit.
Parmi tout ce qui fut, il faut pourtant choisir !
Tout ne peut être dit.
Il y a des secrets que l’on veut retenir,
Il y a des regrets que l’on garde pour soi
Et tout ce que le temps a sans doute effacé !
Et puis les rêves fous…
L’important c’est d’écrire en y prenant plaisir,
Sans s’arrêter pourtant quand surviennent les larmes…
On ne rit pas toujours, mais le temps passe vite
Et l’on ne s’ennuie pas…
On écrit pour laisser un petit rien de soi,
Moins muet qu’une tombe, au jour du grand départ…
Si un bel oiseau bleu veut m’offrir un plume !
Vous me lirez demain.
Blanche Maynadier est un écrivain et femme de lettres française.
Née dans le petit village Jurassien de Molay, très tôt orpheline de père
et de mère, elle travaille dès l’enfance comme paysanne, puis dès
ses quatorze ans comme ouvrière à Paris. Autodidacte, elle découvre
la poésie et la littérature, par ses lectures de Lamartine et Musset.
Elle se tourne dès lors vers une poésie chantante et versifiée. Auteure
de nombreux recueils de poèmes : Chants visuels, Messidor, À l’ombre
d’un figuier, Fructidor… Elle est aussi l’auteure d’une trilogie
autobiographique L’École des Champs, Le ciel de Paris, Le temps d’Écrire.
Je vous écris de l’hôpital (1972-1990)
Extrait de : Sauf-Conduit : veuf de lune, 2002, © Éditions Tarabuste,
Collection « Doute B.a.t. »
Après une expérience directe de la vie, Louis Calaferte publie
son premier livre, Requiem des innocents, en 1952, puis, l’année
suivante, Partage des vivants. Il consacre alors quatre ans
à la rédaction de Septentrion, fresque autobiographique, ouvrage
taxé de pornographie qui fut interdit à la vente et réédité
seulement vingt ans plus tard. Après un long silence Louis
Calaferte recommence à publier un récit, Rosa Mystica,
et un recueil de textes, Satori, partageant à partir de cette
époque son travail entre littérature et expressions picturales.
Il fut un poète vigoureux et sensible, à l’écriture précise
et crue, violente et acerbe. Son œuvre se compose d’une bonne
quarantaine de volumes, nouvelles et de récits, poèmes, essais,
carnets et pièces de théâtre.
Vénus Khoury-Ghata (1937)
Poésie-Poésie
Québécoise
Rupestre. Sent les prairies et les pierres
ensevelies sous fleuves et neiges
pierreuses. Taillée dans la chair des
écorces.
Antillaise
Pétrie de superstitions et du sang noir de la
canne à sucre. Voix d’hommes pliés jusqu’à
terre par soleil armé d’une serpe. Pierres
brûlantes : révolte sous la cendre.
Africaine
Exaltée tel l’arbre à pain, diserte comme
fleuve qui charrie des arbres déracinés
par la tempête, et parfois cette apparence
impassible alors que le visage saigne sous
le masque.
Poésie d’orient
Charnelle, spirituelle, soufie, riche de vois
diverses allant de l’Andalousie arabe à
celle d’un Liban jadis terre de miel devenue
terre de larmes. Voix de conteur dans salle
enfumée, voix tonitruante des armes.
Lente comme pas de caravane chargée d’or,
d’épices, d’encens.
Rapide tels les fleuves qui coulent sur
pentes abruptes.
Poésie française
Sans cesse en mouvement et en crue
S’élague, se mutile, se fait maigrir pour
mieux se concentrer sur l’essentiel
Puis fond dans une prose généreuse. Pas de
berge pour la contempler
irriguer le tendre et le sec
Imprévisible, nourrie de mille courants,
n’est pas définissable,
parfois se détruit pour mieux se
reconstruire. Se remet toujours en question
avec le même matériau : le mot à mille
facettes.
Frottée au papier de verre, lourde de la
poussière des chemins
La poésie beatnik.
Extrait de : Poésies de langue française, 144 poètes d’aujourd’hui
autour du monde, Anthologie présentée par S. Bataillon, S. Clancier
et B. Doucey, 2008, © Éditions Seghers
Née au nord du Liban, Vénus Khoury-Ghata effectue
des études de lettres et débute sa carrière comme
journaliste à Beyrouth. Elle épouse en seconde noces
un médecin et chercheur français Jean Ghata. En 1972,
elle s’installe en France et collabore à la revue Europe,
dirigée alors par Louis Aragon qu’elle traduit en arabe
avec d’autres poètes. Son œuvre est riche et abondante :
quinze recueils de poèmes ont reçu plusieurs prix
et quinze romans, dont La Maestra couronnée
par le prix Antigona.
Andrée Chédid (1920-2011)
Emmanuelle K
L’onomatopée
Lolo, nono,
Mama, topée !
C’est pas possible
À prononcer !
Glouglou
Tictac
Dodo
Pé-pé,
Tout ça
C’est de l’O
NOMATOPÉE !
Lolo, nono
Mama, topée !
Un mot
À vous rendre toqué !
Envol
Cui-cui
Chut-Chut
Boum-boum
Yé-yé
Voilà des O
NOMATOPÉE !
Poignardée d’un désir aussi vrai que ma force
Un désir très ancien, que je portai plein ciel
Je volai, inconsciente, aimantée que j’étais par un point de l’espace
précieux, irrésistible
où brillaient les yeux d’or d’un grand vaisseau solaire.
Je l’avais toujours su.
Lolo, nono
Mama, topée !
Pourquoi vouloir
Tout compliquer !
« L’Onomatopée »,
extrait de La Grammaire en fête,
© Flammarion, 1993
Avec l’aimable autorisation
des auteurs et de Flammarion.
Et je volai, volai, de nuage en nuage
étourdie, chavirée, enfantinement sage
Et le vaisseau grandit, devint le ciel entier,
chatoyant, irisé, magnifique et troublant.
Ce n’était qu’un regard
et je plongeai dedans.
Un regard d’Oiseleur.
Emplis de cris limpides, de soleil et d’air pur
calmes, émerveillés, car il faisait grand vent,
Nous étions ce navire, volant sur l’infini d’une vision native
vieille
comme la vie.
Extrait de : L’Oiseleur (non édité)
Née au Caire en 1920 mais d’origine libanaise, Andrée Chédid,
installée à Paris depuis 1946, est l’auteur d’une vingtaine de recueils
de poésie mais également de plusieurs dizaines de romans, essais,
récits et pièces de théâtre. Son œuvre est un questionnement
continuel sur la condition humaine et les liens entre l’homme
et le monde, une célébration de la vie tant aimée, tout en ayant
une vive conscience de sa précarité. Aigle d’Or de la poésie en 1972,
Goncourt de la nouvelle en 1979 et Prix Goncourt de la poésie
en 2002, Grand officier de la Légion d’honneur, l’auteure dramatique
a donné son nom depuis 2009 au concours Andrée Chédid de poèmes
chantés, organisé par l’association du Printemps des poètes.
Poète, musicienne, diseuse et chanteuse, metteur en scène, réalisatrice de films…
Farouchement indépendante, Emmanuelle K est une créatrice insaisissable
qui voyage sans préjugés par les chemins de la vie, dérive avec les rêves, s’éclaire chez
Rimbaud, Breton, Artaud, respire avec Bakounine, Debord et Vaneigem, chante et joue
avec l’imaginaire populaire autant que savant. Passionnée avant tout, révoltée
par nécessité, le mot aventure lui convient. Son œuvre écrite lui ressemble.
En construction et en extension permanente, exigeante et élaborée jusqu’aux abords
de la perfection, elle découvre et parcourt une grande variété de continents : Mélusine
(le krill éditeur, 2007), Quand l’obéissance est devenue impossible (Ed. de la différence,
le krill éditeur, 2008) etc. Site internet : www. emmanuelle-k.net
Albane Gellé (1971)
Alain Robinet (1948)
[Extrait]
[Extrait]
Je vous écris d’ici, à l’est de Nantes, ciel épais au-dessus, les deux
pieds posés plats sur une terre qui grogne. Je vous écris de l’eau,
vagues ou rivière, apaisante même si. Je vous écris de mes îles,
au silence peuplé d’abeilles. Je vous écris de mes nuits, bottes de
sept lieux, à toute vitesse. Je vous écris des prés, chardons orties
feuilles de carottes, une hirondelle dans les bras parce que le
monde pique maman. Je vous écris plantée là sous la pluie, d’hier
et d’aujourd’hui. Je vous écris depuis les bêtes réfugiés dans les
cœurs, transportés malmenés depuis longtemps longtemps. Je
vous écris pensive, de la table d’à côté pour vous dire que d’ici,
vos vies me paraissent idéales. Je vous écris d’un cheval, qui en
appelle un autre, dans le soir impeccable. Je vous écris de loin
sans faire trop de bruit je me rapproche de vous. Je vous écris le
soir, chouettes effraies chauves-souris, du grand parasol bleu qui
cache les étoiles. Je vous écris d’un arbre, tout en haut attentive à
retrouver ma route. Je vous écris de St Lyphard, tristesse bien sûr et
moi aussi, et de ma grand-mère, qui n’a pas disparu. Je vous écris
penchée, d’une table presque ronde, cris de corbeaux dans le noyer,
secoué. Je vous écris d’en bas, chaises et vin blanc, sourcils froncés
pour une conversation difficile. Je vous écris de ma langue, tais-toi
écoute les bruits du monde. Je vous écris de la vie que je mène,
tremblée sourires etcetera, dans le souvenir et l’attente de toutes
les autres. Je vous écris de toutes mes forces.
…C recréer comme du néo présent à partir d’l’ancien (enregistré) &
recrépir sans récrier, ni récriminer qu’@récrire ou réécrire le crime
sans recroqueviller la recrue des sens, recta & rectal, mais le trirectangle recteur rectifiant, rectite recto, rectoral recueil, pour
recuire ni même @reculons @tergo (récurer les écuries d’Augias en
6°travo) C très récurrent pour recycler les récits ; C très récurrent
pour recycler les récits ;
r.e.d.’, reddition ? jamais ! redécouper ? oui mais cut-up ! pour
redécouvrir & redéfinir & en redemander pour redémarrer sans
rédemption & redéployer, même @redescendre aux enfers, car ça redevance pour redevenir &rediffuser & re-rédiger sur re-ding-glotte &
redire & rediscuter & redistribuer jusqu’@la redondance & redonner
& redorer & re-redoubler sans redouter & redresser des listes n’est
pas réduire car rédupliquer C narrer scènario ;
r.é.é’, rééchelonner pour réécouter, réécrire pour rééditer, mais
rééduquer le réel C une tout autre histoire @réélire car réémettre C
réemployer, réemprunter, s’ré-engager, s’rééquilibrer, réescompter
conter C réel essayer, réétudier, réévaluer, réexaminer, réexpédier
pour + réexporter du réel ;
r.e.f.’, tjrs refaçonner, tjrs refaire, tjrs s’refendre d’1 référendum
com’ 1 référent, tjrs @s’référer, mais sans s’ refermer ! car refiler
& refilmer en boucles C s’refinancer & s’réfléchir ds les réflecteurs
qui s’reflètent & refleurissent comme réflexes-pavlof non réflexions
d’flux & reflux mais pour s’fondre & s’refondre ds l’mirage-tv, s’y
reforester, s’y reformer, sans s’réformer, s’y re fouler, s’y réfracter,
frain-refrain, sans réfréner l’éternel du retour, @l’réfrigérer sans
l’ré-fringer,
Albane Gellé est née en 1971 à Guérande (44) et vit à Saumur (49) où elle a animé
l’association La Maison des Littératures de 2006 à 2012. Elle se déplace également
un peu partout en France pour des lectures publiques et des interventions autour
de la poésie. Elle a publié une dizaine de recueils : À partir d’un doute (Éd. Voie Publique,
1993), En toutes circonstances (Éd. Le Dé Bleu, 2001), Quelques (Éd. InventaireInvention, 2004), Je, cheval (Éd. Jacques Brémond, 2007), Pointe des pieds sur le balcon
(Éd. La Porte, 2012), si je suis de ce monde (Éd. Cheyne, 2012), Nous valsons
(Éd. Potentille, 2012) etc.
Né en 1948, écrit et peint à Paris. A publié depuis 1976 dans plus d’une centaine
de revues. A participé à des expositions d’Art Mail. A rédigé des comptes-rendus
d’expositions (Art-Press) et des textes de catalogues sur quelques peintres. S’est autoédité (pour être plus lu !). A publié 8 plaquettes & 28 ouvrages de création. Entre 1991
et 1994, a réalisé des textes électro-acoustiques (Lyon), compilés en 1 CD. A réalisé
avec M. Coste 3 vidéos-textes & 1 CD-Rom avec S. Roche (@rt data, Clermont-Fd).
A organisé, en 2003-2004, cinq soirées de lectures poétiques à l’Espace-TiphaineBastille à Paris (avec J.P. Bobillot, G. Cabut, Ch. Manon, A. Dufeu, J.-L. Lavrille,
G. Hassoméris, J. Game, J. Sivan, V. Maestri, P. Dubost, G. Fabre, H. Lucot…)
Bastien Maupomé, dit Mots paumés
Apnée [Extrait]
Halo pâle autour de la ville… Brouillard de poussière
qui poudroie…
Particules en suspension dans l’atmosphère… Ciel terne, éteint.
Air solide, irritant.
La ville tousse, titube, telle le titanique, tout entière atteinte
de tétanie…
La vie est à bout de souffle… Comme un souffle au coeur…
Au coeur de la ville…
Chaque être naît en apnée, inadapté au rythme de la métropole…
Mais hypnotisé, captif de ses turpitudes trop polluantes.
Une arête en travers des artères… La cité s’étrangle, mais
étrangement, personne ne s’arrête.
Personne ne bronche. C’est la guerre des trachées. Obturées.
Obstruées. Place au marasme.
La masse, prise de spasmes, passe à l’asthme. Absence
de soupape de sécurité.
L’obligation du port du masque agace, mais la science asphyxion
a dépassé la réalité. Hélas !
Quand tout t’étouffe, qu’autour la foule s’affale, que faire,
sinon fuir ?
Remonte à la surface, reprends tes esprits, suis ton instinct,
Respire !
Dans les cités d’occident, on vit sans oxygène, Le dioxyde
de carbone peut t’intoxiquer, t’occire à petit feu,
Pas de soucis ça n’gène personne de risquer l’accident, on reste
laxistes tant qu’on sait où poser son coccyx.
L’écosystème respiratoire de nos contrées ne fonctionne plus !
Entre surchauffe mécaniculaire et désorganisation organique,
Les gaz à effets d’ulcères cueillent nos enfants… Devenus
pneumopathes, dès l’âge du jardin d’enfer.
Et ma nation noyée dans ses émanations… Nécessitera-t-elle
un jour la respiration artificielle ?
On ne fait que cheminer, et cheminées encore, branchies
en continue sur des noeuds de vipères,
Des nids de vapeurs impures… De bouches à bouches
d’évacuations, en bouffées délirantes
De stimulation des zones cancérogènes, en constats à l’amiante,
De grenelles infructueux en grenades à diaphragmentation ?
L’énigme du spharynx résonne dans tous les points d’infrasuture
de la ville :
Quand arrêtera-t-on la compétition pour l’ascension des pics
de pollution ?
Quand tout t’étouffe, qu’autour la foule s’affale, que faire,
sinon fuir ?
Remonte à la surface, reprends tes esprits, suis ton instinct,
Respire !
Né à 24 ans pendant une slam session, Mots Paumés choisit son nom de scène d’après
son propre nom de famille, bien pratique : Maupomé.
Mots Paumés a le vertige de résumer sa vie en 13 lignes.
Aime Pierre Desproges, Terry Gilliam, Omar Sosa & tellement d’autres…
Aime les rêves irréalisables, les rêves réalisés, la tarte au citron, le son du gong
et la vieille dame qui dit toujours ‘Ça s’est radouci, non ?’.
N’aime pas la pluie, la vieille dame qui pousse dans la file d’attente et les prophètes
de la fin du monde : ‘Mon dieu, j’vais tous mourir !’
Signe distinctif : Agité du buccal. Un ‘Je veux’ sur la langue.
Qualité : Reconnaît ses défauts. Défaut : Compte trop sur ses qualités.
Signe astrologique : Caméléon daltonien. Ascendant : Carpe bavarde.
Amour : Vénus saura vous séduire. Sentiment, chair, possession.
Santé : Malgré la trentaine entamée, toujours pas de cancer.
Travail : Saltimbanque sculpteur d’histoires au scalpel.
Devise personnelle : Peu importent les flocons, pourvu qu’on ait l’Everest.
Mots Paumés assume sa schizophrénie.
Mots Paumés n’a donc aucun problème à parler de lui à la 3e personne.
À partir d’ici, vous en savez assez pour en apprendre plus ailleurs…
Site internet : http://motspaumes.com
Mathias Imbert, dit Imbert Imbert
La Mouche [Extrait]
Il avait sept ans et demi, c’était un bon petit
Tout plein de soleils dans les yeux, de ceux qu’on garde peu
Il était calme, il était sage, pas très grand pour son âge
Mais on sentait dans ses façons, que c’était pas un con
Il aimait à être tout seul, jouer à compter les moutons
Adossé au tronc du tilleul.
Un jour qu’il n’avait pas école, sous son arbre, tranquille
Il aperçut dessus le sol une mouche immobile
Elle semblait morte, bel et bien, il la prit dans la main
Mais quand il lui toucha le nez, il la sentit bouger
Il accourut dans la cuisine, sortit le miel, la margarine
Lui prépara une tartine.
A partir de ce jour
De ce geste d’amour
De ce don du dedans
Il trouva une amie
Et un sens à la vie
Il l’aima tellement
Que la mouche s’en remît.
Il lui donnait à butiner aux heures de repas
Elle avait bien récupéré, mais ne volait toujours pas
Il la prenait jusqu’à l’école, perchée sur son épaule
Mais un jour en sortant de la douche, plus trace de la mouche
Et alors qu’il pleurait des nues, un grattouillis sur son dos nu
La mouche lui était revenue.
A partir de ce jour
Dans un geste d’amour
Dans un don du dedans
C’est en mari fidèle
Qu’il aima sa donzelle
Et l’aima tellement
Qu’il lui coupa les ailes.
Cette histoire n’est pas terminée, attention à la chute
Car du troisième où il vivait, elle fut un peu abrupte
Comme il était vraiment content de ce vieux coup fumant
Il s’en alla radieux et fier, la montrer à sa sa mère
Elle en fit une anastomose, mais en contenant sa colère
Elle lui dit de faire quelque chose.
Sans plus faire de détour
Il rendit son amour
Aux libertés du vent
Reniant tout son être
El la voulant renaître
Il l’aima tellement
Qu’il la jeta par la f’nêtre.
Extrait de : Débat de boue, 2007, © Label Le Temps des Assassins
Poète mélomane. Ancien contrebassiste des groupes Derien (chanson)
et Jim Murple Mémorial (rock steady, ska, rythm’n’blues), Imbert Imbert a aussi
pratiqué le free-jazz avec son trio Split, le rock déglingué de Scénic Railway
et a joué avec bon nombre de groupes que l’on ne s’aventurera pas à citer ici.
Et puis son stylo ne dormant que d’un œil et sa contrebasse que d’une corde,
Imbert Imbert accouche de poèmes mélodiques et de mélodies poétiques. Certains
de ceux-ci parlent du mal de vivre, certaines de celles-là au contraire chantent
la vie à pleines mains. Certains ont l’amère nostalgie d’amours perdus, certaines
la nostalgie de lendemains heureux.
Grand imprécateur des privilèges et des passe-droits, ce refuseur du monde
tel qu’il est, ce révolté, révolté de ne pas l’être assez, a de grandes fenêtres ouverte
sur la lumière et sa tendresse, fragile, souriante, à fleur d’archet, est aussi grosse
et lourde à porter que sa contrebasse. Site internet : www.imbertimbert.com
Georges Brassens
Les Copains d’abord
Non, ce n’était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau
Qu’on se le dis’ au fond des ports
Dis’ au fond des ports
Il naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards
Et s’app’lait les Copains d’abord
Les Copains d’abord
C’étaient pas des anges non plus
L’Évangile, ils l’avaient pas lu
Mais ils s’aimaient toutes voiles dehors
Toutes voiles dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie
C’était leur seule litanie
Leur credo, leur confiteor
Aux copains d’abord
c’est fluctuat nec mergitur
C’était pas d’la littérature
N’en déplaise aux jeteurs de sort
Aux jeteurs de sort
Son capitaine et ses mat’lots
N’étaient pas des enfants d’salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d’abord
Au moindre coup de Trafalgar
C’est l’amitié qui prenait l’quart
C’est elle qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse
Qu’leurs bras lançaient des S.O.S.
On aurait dit des sémaphores
Les copains d’abord
C’étaient pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe
Sodome et Gomorrhe
C’étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boétie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d’abord
Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l’un d’entre eux manquait à bord
C’est qu’il était mort
Oui, mais jamais, au grand jamais
Son trou dans l’eau n’se refermait
Cent ans après, coquin de sort
Il manquait encore
Des bateaux j’en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n’ait jamais viré de bord
Mais viré de bord
Naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards
Et s’app’lait les Copains d’abord
Les Copains d’abord
Manifestation organisée dans le cadre du Printemps des poètes
Production Conseil général de l’Eure / Mise en œuvre par la Fabrique Éphéméride
Renseignement et programme : www.eureenligne.fr / 02 32 31 95 35
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