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I NFO-SO C IÉ T É
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Mars 2012 - Volume 7
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Pangkor Laut Resort
Dans ce numéro vous pourrez lire (entre autres) :
Mieux comprendre les barrières influençant l’accès aux soins dentaires pour les prestataires
d’une aide financière de dernier recours (p. 3)
Le rôle du dentiste dans le dépistage, la prévention et la cessation des dépendances aux
substances d’abus (p. 9)
Pour l’amitié et l’unité de la profession
SOMMAIRE
Mot de
Mot de l’éditeur................... 1
L’accident.............................. 2
Mieux comprendre les
barrières influençant l’accès
aux soins dentaires pour les
prestataires d’une aide
financière de dernier
recours.................................. 3
Le coin universitaire :
Le rôle du dentiste dans le
dépistage, la prévention et
la cessation des dépendances
aux substances d’abus.......... 9
l’éditeur
2012 – une année charnière pour les dentistes !
De nombreux chantiers concernant la profession verront
leur aboutissement en 2012. Chacun d’entre nous rêve
d’une profession idéale. Mais que signifie le mot «idéal» pour la dentisterie ?
Je crois qu’il commence par le respect de chacun dans ses fonctions et dans
sa formation. Vous connaissez surement tous cette phrase célèbre de Martin
Luther King, «I had a dream» (j’ai fait un rêve). On pourrait dire maintenant,
j’ai rêvé à une profession idéale où tout le monde s’accorde et travaille
ensemble. J’ai rêvé à une collaboration respectueuse ; j’ai rêvé à un professionnalisme interdisciplinaire ; j’ai rêvé à un changement positif pour la
dentisterie, tout cela revient à la même phrase, «I had a dream». Peut-être
que les années futures permettront la réalisation de ce rêve.
Bulletin d’inscription.......... 22
Dans cette édition, vous trouverez un article portant un coté humaniste par
Dre Graziella Jarjoura intitulé «L’accident». Dre Nancy Wassef nous livre un
article présentant les difficultés pour l’accessibilité aux soins dentaires pour
un certain groupe de la population. Finalement, dans le coin universitaire
vous trouverez un article sur le dentiste et les drogues illicites - découvrir,
prévenir et aider.
Calendrier scientifique....... 23
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et que vos rêves se réalisent.
Claude Monette, B.Sc., M.Sc., D.M.D.
Éditeur en chef
Conception : SDM et ID-GRAPH
Mise en page : ID-GRAPH
ID-GRAPH - 514 573-7266
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NOTE :
Le contenu du présent Bulletin ne peut être reproduit sans l’autorisation de la
Société dentaire de Montréal.
Les opinions et propos exprimés dans l’Info-Société ne reflètent que la pensée
de leurs auteurs et n’engagent en aucune façon la responsabilité de la Société
dentaire de Montréal.
© 2012
1
Info-Société
L’ACCIDENT
Extrait du «prophète» De Khalil Gibran
«Vos enfants ne sont pas vos enfants,
Ce sont les fils et les filles de la vie qui se désire
Ils vous traversent mais ne sont pas de vous,
Et s’ils vous entourent, ils ne sont pas à vous.»
Dre Graziella Jarjoura
Shana bouge sur sa chaise… mal à la
tête, son œil est douloureux ; elle essaie
d’attirer l’attention de sa maman. Il faut
lui raconter toute la vérité, mais tout
s’est passé tellement vite. Elle se
rappelle de la promenade en motoneige
dans le bois ; elle était assise en arrière
de son papa… elle l’aime et le serre fort,
mais ce soir-là, il avait bu et elle a eu
peur… trop rapide la motoneige, ralentis
papa…
Et puis bang, la collision avec l’autre
motoneige. Shana vole et retombe sur la
glace ; elle ne porte pas de casque…
tout va trop vite… le nez qui saigne, les
caillots de sang dans la gorge.
Elle voudrait dormir, mais il ne faut
pas… pourquoi papa ne m’amène-t-il
pas à l’hôpital ? Polyana, sa sœur, prend
soin d’elle pendant la nuit.
Shana a subi un traumatisme crânien,
une fracture de la mâchoire et de l’orbite
de l’œil et a quelques dents brisées.
Depuis ce moment, tout est chamboulé,
rien n’est plus pareil !
Maman s’inquiète, a de la douleur, est
remplie de colère et d’incompréhension… d’accord papa est irresponsable,
mais pourquoi avoir attendu aussi
longtemps avant d’être allé à l’hôpital ?
Shana, son ange de douceur, se métamorphose… elle montre des signes
d’agressivité, d’impatience et ne veut
plus écouter ; la douleur est amère !
Le cerveau prend une pause par
moments ; il faut répéter, réapprendre à
lire et à écrire, commencer les chiffres…
elle qui était, parmi les premières de sa
classe. Les mots ne sont plus les mêmes,
dans la tête de Shana, qui tourne sans
cesse… et les cauchemars se font plus
fréquents.
La réhabilitation s’amorce avec un défilé
de spécialistes : en orthopédagogie,
ophtalmologie, pédodontie, neurochirurgie…
Shana est bien encadrée, de sa maman
et grand-maman, et doucement recommence à sourire, même si la concentration n’est plus la même.
Société dentaire de Montréal
1
On évite de parler de l’accident. Shana
s’ennuie de son papa, mais il est encore
trop tôt… le corps et l’âme doivent
guérir… il faut leur donner le temps
nécessaire.
« Quand ton esprit part en vagabond sur
le vent,
Quel seul et sans réfléchir, tu causes du
tort à autrui et donc à toi-même.
Et pour avoir commis ce tort tu devras
frapper à la porte des bienheureux plus
longtemps, sans qu’on t’entende ! »
Khalil Gibran - Le prophète
2
MIEUX COMPRENDRE LES BARRIÈRES INFLUENÇANT L’ACCÈS
AUX SOINS DENTAIRES POUR LES PRESTATAIRES D’UNE AIDE
FINANCIÈRE DE DERNIER RECOURS
Nancy Wassef
BSc, DMD, MSc
Il est généralement reconnu qu’il existe des déterminants sociaux qui ont
des répercussions majeures sur la santé. La pauvreté figure parmi ces
déterminants et ses effets touchent toutes les dimensions de la santé,
incluant la santé dentaire1. Au-delà de la santé en soi, la pauvreté nuit
souvent à l’accès aux soins et aux services, ce qui ne fait qu’exacerber le
cercle vicieux des facteurs contribuant à la maladie.
Contrairement aux soins médicaux, les citoyens québécois
doivent prendre en charge les coûts liés aux traitements
dentaires. C’est ainsi que les personnes provenant des milieux
favorisés et les travailleurs avec des assurances privées ont plus
tendance à fréquenter les cabinets privés régulièrement que les
personnes provenant des milieux défavorisés. Or, les Québécois
recevant une aide financière de dernier recours par le gouvernement sont admissibles au programme des services dentaires
où certains traitements dispensés par les dentistes en cabinet
privé sont pris en charge par la Régie de l’assurance maladie du
Québec (RAMQ). À première vue, il semble que la contrainte
financière pouvant nuire à l’accès pour les personnes en situation de pauvreté serait absente pour les personnes prestataires.
Par contre, les statistiques démontrent que seulement 39% des
personnes admissibles utilisent le programme gouvernemental
des services dentaires2. Ce paradoxe apparent confirme qu’il y
a certainement d’autres facteurs ayant des impacts importants
sur l’accès aux soins dentaires.
Barrières à l’utilisation des soins dentaires par les personnes
prestataires d’une aide financière de dernier recours
Les personnes prestataires d’une aide financière de dernier
recours rencontrent plusieurs barrières nuisant à l’accès aux
traitements dentaires. Pour chaque personne, une combinaison
unique des barrières est souvent à la source de leurs problèmes.
Les barrières principales sont de nature financière, socioculturelle, psychologique et informationnelle.
Barrières financières
Il existe le mythe que les personnes prestataires d’une aide
financière de dernier recours n’ont aucune barrière financière
3
pour accéder aux soins dentaires au Québec puisque certains
soins de base sont assurés par la RAMQ. Or, plusieurs d’entre
elles doivent débourser les frais d’un transport pour se rendre
au cabinet et souvent aussi pour une gardienne pour leurs
enfants3. Le Règlement sur l’aide aux personnes et aux familles
(2008) stipule qu’une prestation spéciale peut être versée pour
les frais de déplacement pour recevoir des soins à l’endroit le
plus proche de la résidence de la personne prestataire moyennant une attestation écrite par le dentiste. La personne prestataire doit évidemment utiliser le moyen de transport le moins
coûteux selon les circonstances de son déplacement. Toutefois,
à moins de recevoir une somme d’argent à l’avance, il est
possible que la personne prestataire n’ait pas les moyens pour
payer son déplacement, surtout si le rendez-vous a lieu à la fin
du mois et que les ressources financières s’épuisent. Autrement,
il est possible que le délai de remboursement amplifie les
difficultés de survie rencontrées quotidiennement. Une personne
prestataire devant prévoir une gardienne pour ses enfants peut
également rencontrer des difficultés à se rendre chez le
dentiste. Ces contraintes prennent encore plus d’importance si
les soins requis s’étalent sur plusieurs séances.
Au-delà des coûts réels associés aux déplacements et à la garde
des enfants, il y a les coûts anticipés qui empêchent certaines
personnes prestataires de consulter le dentiste. Les coûts anticipés
prennent la forme de traitements que la personne prestataire
pourrait nécessiter, mais qui ne sont pas assurés par la RAMQ.
Certaines personnes prestataires préfèrent ignorer leur état de
santé dentaire plutôt que d’être obligés de confronter le dentiste et d’avoir à faire un choix entre des traitements non assurés et les autres besoins quotidiens personnels et familiaux4.
Info-Société
Barrières socioculturelles
Étant donné les défis quotidiens qu’affrontent les personnes
prestataires d’une aide financière de dernier recours, la santé
dentaire est rarement prioritaire5. En conséquence, dans les
milieux pauvres, souvent les notions d’hygiène buccale et de
prévention ont peu de place. Ces contraintes tracent le chemin
vers la négligence et l’indifférence par rapport à la santé buccodentaire6.
Les personnes prestataires d’une aide financière de dernier
recours évaluent leurs besoins en santé dentaire différemment
des professionnels dentaires. Non seulement le volet préventif
est peu reconnu chez les personnes prestataires, mais une
étude qualitative auprès d’un échantillon de personnes prestataires révéla que, lorsqu’il n’y a pas de douleur ou de cavité
visible, certaines d’entre elles considèrent qu’il y aussi une
absence de besoin et elles ne consultent pas nécessairement le
dentiste7. Au Québec, 40 % de la population générale ne
consultant pas le dentiste régulièrement n’en perçoivent pas la
nécessité8. Les personnes prestataires vont parfois chez le
dentiste pour un nettoyage de dents, mais la façon dont elles
perçoivent la maladie dentaire pourrait les amener à refuser le
traitement de lésions débutantes et asymptomatiques7.
D’ailleurs, une étude française démontre que 20% des usagers
de centres de soins gratuits pensent que les soins dentaires
sont inutiles ou secondaires9. Lorsqu’une douleur est présente,
mais tolérable, les personnes prestataires constatent le besoin
de consultation. Par contre, elles vont souvent tenter de
diagnostiquer le problème elles-mêmes ou avec l’aide de la
famille et des amis plutôt que d’aller chez le dentiste. Parfois,
elles vont également essayer de se traiter avec des remèdes
maison et de maîtriser la douleur avec des analgésiques disponibles à la pharmacie sans prescription5. Les personnes prestataires considèrent que la consultation en cabinet privé est le
dernier recours lorsque la douleur culmine à une intensité
intolérable. La plupart du temps, la douleur empiète sur les
fonctions quotidiennes comme le sommeil et la mastication7. Il
n’est pas rare que les personnes prestataires attendent plus
d’un mois avant de consulter le dentiste et qu’elles cessent de
se faire soigner une fois que la douleur a disparu, peu importe
si le traitement est complet ou non4.
Au Québec, 42 % des personnes prestataires d’une aide financière de dernier recours n’ont pas de diplôme d’études secondaires10. La différence du niveau d’éducation produit un effet
culturel qui peut engendrer des difficultés de communication
entre la personne prestataire et le professionnel11. D’un côté, la
personne prestataire décrit parfois ses symptômes d’une façon
qui est difficile à comprendre pour le dentiste. Au revers de la
médaille, le dentiste n’est pas toujours bien outillé pour savoir
comment communiquer adéquatement avec la personne prestataire. Les différences culturelles se retrouvent aussi lors de la
proposition des plans de traitement par le dentiste et lors du
choix de traitement par le patient11. Entre autres, les personnes
prestataires sont parfois obligées de choisir l’extraction d’une
dent plutôt que d’accepter le traitement visant la conservation
des dents comme recommandé par le dentiste. Pour certaines
personnes prestataires, l’absence de recours aux soins
dentaires est le résultat de perceptions que les dentistes sont
malhonnêtes et que les traitements sont inefficaces et ne font
que retarder une perte éventuelle des dents. En plus, certaines
personnes prestataires se perçoivent comme étant vulnérables
sur la chaise du dentiste et elles pensent que le dentiste
abusera de son autorité pour leur imposer des traitements non
nécessaires12.
Barrières psychologiques
La situation de pauvreté vécue par les personnes prestataires
peut produire des sentiments de honte et une faible estime de
soi rendant les premiers pas en cabinet dentaire irréalisables13.
L’obligation des personnes prestataires de divulguer à la secrétaire dentaire leur situation financière amplifie ces sentiments
en plus d’enfreindre parfois sur la confidentialité de la vie
privée du patient, surtout lorsque celui-ci doit confirmer son
statut de prestataire dans une salle d’attente pleine d’étrangers3.
Le budget restreint des personnes prestataires fait en sorte que
leurs activités sociales peuvent être grandement limitées. À la
longue, ces limites causent un retrait de la société culminant en
une absence de soutien social. Ce rejet sociétal peut faire en
sorte que la personne prestataire perd son estime de soi déjà
fragilisée et qu’elle ne valorise plus sa santé malgré des besoins
importants. Ainsi, la réinsertion sociale sous la forme d’une
visite en cabinet privé peut devenir une étape difficilement
franchissable surtout si les traitements dentaires sont perçus
comme étant hors de la portée socioéconomique du patient3.
Les peurs jouent aussi un très grand rôle dans les barrières
empêchant les personnes prestataires d’une aide financière de
dernier recours à consulter le dentiste. Comme plusieurs
individus de la population générale, il y a des personnes prestataires qui ont peur de subir de la douleur lors des traitements
dentaires. Souvent, les personnes prestataires ne consultent le
dentiste que lorsqu’elles jugent que la douleur de leur problème
est pire que la douleur qu’elles pensent ressentir pendant le
traitement7. Une autre forme de peur exprimée par des
Société dentaire de Montréal
4
personnes prestataires est celle d’être rejeté ou stigmatisé par
les professionnels dentaires et leur équipe13. Une étude aux
États-Unis démontre que les parents d’enfants assurés par
Medicaid ont vécu des interactions négatives avec l’équipe
dentaire lors de rendez-vous en cabinet privé. En particulier, les
parents rapportaient le manque de respect, la discrimination et
un sentiment d’infériorité lors des consultations avec leurs
enfants14.
Barrières informationnelles
Le régime gouvernemental de services dentaires ne couvre pas
nécessairement tous les soins requis pour préserver la santé
dentaire des personnes prestataires d’une aide financière de
dernier recours. La compréhension des détails se complique
davantage avec les délais de carence qui s’imposent. Le résultat
est que les personnes prestataires ne sont pas toujours au
courant de tous les soins auxquels elles ont droit. Même les
personnes prestataires de longue date ayant consulté des
dentistes dans le passé sont parfois incertaines de leur couverture. Les membres de l’équipe dentaire sont en mesure de fournir les explications nécessaires, mais plusieurs personnes
prestataires ne sont pas à l’aise de s’informer auprès d’eux3.
Difficultés rencontrées par les dentistes lors de la
fréquentation des personnes prestataires d’une aide
financière de dernier recours dans leur cabinet privé
Les dentistes perçoivent des difficultés lorsqu’ils reçoivent des
patients qui sont prestataires d’une aide financière de dernier
recours dans leur cabinet. Des problèmes au niveau de l’observance par les patients du fonctionnement du cabinet et des
lacunes issues de l’assurance offerte par la RAMQ font état des
plaintes principales des professionnels dentaires.
L’observance
Plusieurs dentistes constatent que les personnes prestataires
d’une aide financière de dernier recours manquent leurs
rendez-vous plus souvent que les autres patients. Une étude
française convoquant des personnes avec et sans une couverture gouvernementale à subir un examen dentaire a démontré
que 13 % des bénéficiaires de la couverture gratuite ne se sont
pas présentés à leur rendez-vous contre 8 % des autres
personnes (p < 0,001)11. Certaines personnes prestataires
rapportent des absences à des rendez-vous parce qu’elles ne
sont pas à l’aise avec le traitement en cours. Ainsi, elles
préfèrent manquer le rendez-vous plutôt que de confronter les
recommandations du dentiste avec une opinion personnelle
discordante7.
5
Même lorsque les personnes prestataires d’une aide financière
de dernier recours se présentent pour leur rendez-vous, les
dentistes éprouvent de la résistance relativement à l’acceptation des plans de traitements dentaires. Le refus de traitement
est souvent lié au manque de connaissances dentaires, à la
faible importance accordée à la santé dentaire, aux contraintes
financières et aux perceptions que les dentistes sont malhonnêtes et que les traitements sont inefficaces15. Pour les
dentistes, le maintien d’une santé dentaire optimale est très
difficile quand les patients refusent les traitements proposés7.
Avec la consultation dentaire viennent habituellement des
conseils ou des instructions pour l’amélioration ou le maintien
de la santé dentaire. Les recommandations varient des
instructions pour l’hygiène de base jusqu’aux consignes postopératoires. Les personnes prestataires d’une aide financière de
dernier recours ne respectent pas toujours les recommandations
qui leur sont données. Il est possible que leurs autres préoccupations issues de leur précarité rendent difficile l’observance
des conseils. Il est également possible que les explications
fournies par le dentiste ne soient pas adéquatement assimilées
par les personnes prestataires. Plusieurs dentistes ressentent
une frustration lorsque les personnes prestataires présentent
un état buccal qui aurait dû être contrôlé par les instructions
données. Les dentistes pensent parfois qu’ils perdent leur temps
à essayer d’améliorer l’état buccodentaire de ces patients et ils
peuvent montrer de la réticence à s’investir dans leur santé par
la suite15.
Les tarifs de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ)
Un certain nombre de services dentaires de base sont assurés
par la RAMQ pour les personnes prestataires d’une aide financière de dernier recours. Or, les tarifs sont considérablement
plus bas que ceux suggérés par l’Association des chirurgiens
dentistes du Québec (ACDQ) et facturés aux patients non
assurés par la couverture gouvernementale. Cette différence
rend la pratique dentaire auprès des personnes prestataires
difficilement rentable pour le dentiste traitant. Au besoin, les
personnes prestataires peuvent choisir des traitements qui ne
sont pas assurés par la RAMQ, mais les patients sont responsables d’acquitter les honoraires. Parfois, le dentiste accepte
des versements sur une période de temps prolongée pour aider
les patients à s’offrir leurs traitements; par contre, cette
pratique est de moins en moins courante parce qu’il y a des
personnes qui ne sont pas fidèles à leur arrangement. Dans de
tels cas, le dentiste peut refuser de poursuivre les traitements
du patient délinquant.
Info-Société
Perception par les dentistes des personnes prestataires
d’une aide financière de dernier recours
En 2007, un sondage auprès des dentistes québécois révéla que
plusieurs d’entre eux ont des perceptions négatives des
personnes prestataires d’une aide financière de dernier recours
qu’ils rencontrent dans leur cabinet. Certains dentistes pensent
que les personnes prestataires ont un manque de motivation,
une hygiène dentaire déficiente, des habitudes de vie
malsaines, une personnalité déplaisante, de la difficulté à
comprendre les instructions données, un vocabulaire désagréable,
une faible éducation et une mauvaise attitude par rapport au
travail16.
Ces perceptions, jumelées avec les difficultés discutées ci-dessus,
amènent certains dentistes à mettre en œuvre des stratégies
qui nuisent à l’accès aux traitements en cabinet privé. Entre
autres, les stratégies d’exclusion incluent l’annulation des
rendez-vous de rappel, l’exigence de l’auto-confirmation des
rendez-vous, de la difficulté à prendre un rendez-vous, des
rendez-vous d’une durée plus courte, des pénalités pour les
rendez-vous manqués, la référence du patient à un autre
dentiste, la non- participation à la RAMQ par le dentiste et
moins d’instructions d’hygiène données au patient16.
CONCLUSION
Le comportement de la personne prestataire sera modifié par
les barrières qu’elle rencontre lorsqu’elle veut accéder aux
soins dentaires. Chaque personne prestataire a sa combinaison
de barrières qui lui est particulière. Par exemple, certaines
personnes prestataires vont être plus vulnérables sur le plan
psychologique souffrant beaucoup de peurs et de problèmes
reliés à la confiance en soi. D’autres personnes prestataires
peuvent avoir plus de difficultés avec les barrières financières,
particulièrement si elles ont des enfants à leur charge. Le
comportement des personnes prestataires sera aussi modifié
par la couverture gouvernementale. Sachant que certains soins
sont couverts, les personnes prestataires peuvent être motivées
à consulter le dentiste et recevoir les soins nécessaires. Néanmoins, sachant que plusieurs soins sont non seulement absents
de la couverture gouvernementale, mais qu’ils sont également
hors de leur portée socio-économique, d’autres personnes
prestataires seront beaucoup plus réticentes à se rendre en
cabinet privé.
être positive pour certains dentistes et négative pour d’autres.
Les dentistes sont plus motivés à soigner les personnes prestataires qui respectent l’organisation du cabinet et qui valorisent
leur santé dentaire. Mais les personnes prestataires qui
semblent avoir peu de respect pour l’équipe dentaire et qui
sont négligentes au niveau de leur santé peuvent susciter des
sentiments négatifs chez l’ensemble de l’équipe dentaire. L’attitude des dentistes est particulièrement importante parce que
ce sont eux qui établissent l’organisation de leur clinique. La
couverture gouvernementale va aussi influencer l’organisation
de la clinique, surtout chez les dentistes ayant une clientèle
élevée de personnes prestataires, parce que les tarifs modiques
établis par la RAMQ peuvent compromettre la survie de la
clinique. Finalement, ce sont tous ces éléments ensemble qui
vont faciliter ou nuire à l’accès aux services dentaires pour les
personnes prestataires d’une aide financière de dernier recours.
La formation en médecine dentaire touche très peu les divers
aspects sociaux influençant la vie des patients. En général, les
dentistes savent quelles précautions prendre pour un patient
diabétique ou une femme enceinte. Mais savent-ils traiter un
patient en situation de pauvreté? Savent-ils quels effets cette
situation a sur sa santé buccodentaire et sa capacité d’obtenir
des soins? L’éducation des professionnels de la santé est un
premier pas vers la compréhension de la réalité des personnes
en situation de pauvreté et l’amélioration de l’accès aux soins
dentaires.
L’auteur désire remercier Christophe Bedos et Jacques
Durocher pour avoir révisé la première version de cet
article.
Le comportement des personnes prestataires d’une aide financière de dernier recours influence la perception et les attitudes
que les dentistes développent envers elles. Cette influence peut
Société dentaire de Montréal
6
RÉFÉRENCES
(1) de la Fuente-Hernandez J, Acosta-Gio AE. The effect of poverty on access to oral health care. J Am DentAssoc 2007;138:14431445.
(2) RAMQ. Tableau SD.05: Évolution du programme de services dentaires pour les prestataires d’une aide financière de dernier
recours âgés de 10 ans et plus, rémunération à l’acte - Services dentaires, Québec, 2005-2009. 2010. 21-12-2010.
Ref Type: Online Source
(3) À l’écoute les uns des autres: Les prestataires de l’assistance-emploi parlent aux professionnels de la santé buccodentaire.
[DVD], Montréal: Université McGill; 2007.
(4) Bedos C, Brodeur J-M, Benigeri M, Olivier M. Dental care pathway of Quebecers after a broken filling. Community Dental Health
2004;21:139-146.
(5) Mertz E, Manuel-Barkin CE, Isman BA, O’Neill EH. Improving oral health care systems in California: A report of the California
Dental Access Project. 1-250. 2000. San Francisco, The Centerforthe Health Professions, University of California.
Ref Type: Report
(6) Jamieson L, Thomson M. Dental health, dental neglect, and use of services in adult Dunedin population sample. New Zealand
Dental Journal 2002;98:4-8.
(7) Bedos C, Brodeur J-M, Levine A, Richard L, Boucheron L, Mereus W. Perception of dental illness among persons receiving public
assistance in Montréal. American Journal of Public Health 2005;95:1340-1344.
(8) Brodeur J-M, Payette M, Olivier M, Chabot D, Benigeri M, Williamson S. Étude 1994-1995 sur la santé buccodentaire des adultes
québécois de 35 à 44 ans. 1-159. 1995. Montréal, Ministère de la Santé et des Services sociaux, Direction des communications.
Ref Type: Report
LA SOCIÉTÉ
DENTAIRE
DE MONTRÉAL
CONSEIL
D’ADMINISTRATION
2011-2012
PRÉSIDENT
Dr Claude Bissonnette
TRÉSORIER
Dr Mario Auger
BIENVENUE AUX NOUVEAUX MEMBRES
DE LA SOCIÉTÉ DENTAIRE DE MONTRÉAL
Dr Stefan Ciobanu
Dre Pauline Phang
Dr Dominic Côté
Dr Dave Rioux
Dre Mélanie Campese
Dre Elissar Srouji
Dr Ahmed-Zouhir Chiali
Dr Laurent Franco
Dr François Gagnon
Dr Bassel Kano
Dre Sonia Lapointe
COMITÉ INFO-SOCIÉTÉ
Dr Claude Monette
Dre Marie-Claude Michaud
Dre Louma Neeme
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Dre Nada Malouf
COMITÉ RECRUTEMENT
ET COMMANDITE
Dre Graziella Jarjoura
(9) Beynet A, Menahem G. Problèmes dentaires et précarité. Questions d’économie de la santé 2002;48:1-6.
(10) Remarais F-H, Crépeau F. Rapport statistique sur la clientèle des programmes d’assistance sociale. 1-14. 2008. Québec,
Direction de la statistique et du soutien aux expérimentations, Direction générale adjointe de la recherche de l’évaluation et de la
statistique, Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS).
Ref Type: Report
(11) Borgès Da Silva G, Minguet-Fabbri J, Orgebin JY, Herter G, Chanut G, Mabriez JC. Qualité des soins dentaires et
inégalités sociales de santé. Revue Médicale de l’Assurance Maladie 2002;33:193-200.
(12) Bedos C, Brodeur J-M, Boucheron L et al. The dental care pathway of welfare recipients in Quebec. Social Science & Medicine
2003;57:2089-2099.
(13) Un grand défi pour la profession: L’accès aux soins buccodentaires des populations vulnérables. Journées dentaires internationales du Québec; Montréal: 2008.
(14) Mofidi M, Rozier G, King R. Problems with access to dental care for Medicaid-insured children: What caregivers think. American
Journal of Public Health 2002;92:53-58.
(15) Freeman R. Barriers to accessing and accepting dental care. British Dental Journal 1999;187:81-84.
(16) Arpin S. Perceptions et offre de services des dentistes à l’égard des personnes en situation de pauvreté [ Département de
médecine sociale et préventive, Faculté de médecine, Université de Montréal; 2007.
7
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Société dentaire de Montréal
8
LE COIN UNIVERSITAIRE
2. Un désir irrépressible de continuer à
consommer malgré les conséquences
négatives qu’engendre la substance ;
Chers collègues,
Plusieurs d’entre nous ont du faire face de plus en plus à une clientèle qui consomme
des substances illicites.
Dr Denys Ruel
Dans cet article, deux jeunes étudiants de la faculté dentaire de l’Université de Montréal partagent avec vous un travail qu’ils ont réalisé au CLSC des Faubourgs de
Montréal dans le cadre de leur stage.
Bonne lecture.
3. Le soulagement ressenti lors de la
consommation ;
Mathieu Vachon et Shawn Blanchard
Provenance : Travail dirigé par Dr Ruel et complété à l’Université de Montréal, en coopération avec la
bibliothèque du CLSC des Faubourgs de Montréal - 2010
INTRODUCTION
En tant que stagiaires à la clinique dentaire du CLSC des Faubourgs de Montréal, nous avons eu à traiter des personnes avec des
problèmes de consommation de toutes sortes. Suite à plusieurs traitements dentaires, nous nous sommes questionnés à savoir si
notre rôle en tant que chirurgien dentiste, devait se limiter à fournir les soins dentaires nécessaires ou si nous pouvions faire notre
part pour aider nos patients à cesser de consommer. Nous avons donc décidé de faire ce projet dans lequel nous parlerons du
rôle du dentiste, des drogues et de leurs méfaits ainsi que du dépistage, de la prévention et de la cessation des dépendances aux
substances d’abus.
9
1. Impossibilité de résister au besoin de
consommer ;
2. Accroissement de la tension interne,
de l’anxiété avant la consommation habituellement ;
LE RÔLE DU DENTISTE DANS LE DÉPISTAGE, LA PRÉVENTION ET LA CESSATION DES
DÉPENDANCES AUX SUBSTANCES D’ABUS.
La dentisterie est bien souvent perçue
comme une profession très technique
et spécialisée où le dentiste se restreint
à traiter les problèmes bucco-dentaires.
Cependant, la profession à beaucoup
évoluer au fil du temps. Le dentiste
d’aujourd’hui ne se limite plus seulement
à guérir, il possède en effet un champ
La dépendance peut être physique et/ou
psychologique et se caractérise par les
symptômes généraux suivants (2) :
Lors de la lecture de ce travail dirigé, vous constaterez que le rôle du dentiste devient
de plus en plus important dans le dépistage et l’aide vis-à-vis cette clientèle problématique.
Denys F. Ruel B.Sc, DMD, D,E,E.S.
LE RÔLE DU DENTISTE ET DE
SON ÉQUIPE
3. Des changements physiologiques et
psychologiques lors du sevrage.
d’action plus vaste faisant de lui un
professionnel de la santé avec un rôle
important à jouer en matière de prévention. Maintenant, revient-il aux chirurgiens
dentistes d’intervenir en matière de dépendance aux drogues ? Le cas échéant,
se sentent-ils compétents pour intervenir ?
Avant même de répondre à ces questions,
il est tout d’abord très important de
définir ce qu’est un «abus de substance».
Info-Société
Il s’agit de consommer une substance
afin de modifier ou contrôler l’humeur
ou l’état d’esprit d’une manière qui est
illégale ou qui peut nuire à soi-même ou à
autrui (1). L’abus de substance peut mener
à la dépendance. Trois facteurs peuvent
nous indiquer qu’il y a dépendance
soit (1) :
1. Une augmentation de la consommation
de la substance ;
4. Le sentiment de perte de contrôle de
soi pendant la consommation.
Il est important de comprendre qu’une
dépendance ne s’installe jamais du jour
au lendemain. C’est donc dire qu’un
patient peut abuser de certaines substances pendant un certain temps sans
toutefois en être encore dépendant.
Donc, si l’on intervient rapidement avec
le patient, la dépendance pourrait être
évitée (1). C’est pourquoi il est primordial
de dépister un abus à un stade précoce,
afin de venir en aide au patient le plus
tôt possible. Malheureusement, trop souvent les intervenants en toxicomanie sont
consultés lorsque le patient éprouve déjà
une conduite addictive. C’est pour cette
raison qu’ils ont besoin de partenaires,
parmi les intervenants de santé primaire,
qu’ils soient médecins généralistes, pharmaciens ou chirurgiens dentistes (3).
En effet, le dentiste occupe une position
stratégique pour prévenir ou détecter
des dépendances et informer sur leurs
méfaits et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, ils ont l’opportunité de
voir leurs patients chaque 6 à 12 mois, ce
qui permet un meilleur suivi du patient.
Deuxièmement, comme nous le savons
et comme nous allons le voir, la bouche
reflète assez fidèlement l’hygiène de
vie d’un patient. Par le fait même nous
sommes en mesure de voir si le patient
a une bonne hygiène corporelle, une
bonne alimentation ou des problèmes
bucco-dentaires qui témoignent d’une
mauvaise hygiène, de carences alimentaires ou mêmes de certaines maladies
systémiques.
Troisièmement, le dentiste doit tenir
compte des facteurs de risques des traitements qu’il doit effectuer. Plusieurs
drogues, nous allons le voir, sont un obstacle au succès de certains traitements.
Par exemple, la cigarette est un facteur de
risque lorsqu’on prévoit faire des chirurgies parodontales ou la pose d’implants
dentaires (4). C’est pourquoi le dentiste
est appelé à donner des conseils pour
faciliter la guérison soit d’une pathologie
ou de la région soignée. C’est d’ailleurs
ce que nous retrouvons à l’article 28 de
la loi sur les dentistes : «le dentiste peut,
dans l’exercice de sa profession, donner
des conseils permettant de prévenir les
maladies des dents, de la bouche ou des
maxillaires et promouvoir les moyens
favorisant une bonne dentition». Ces
conseils s’ils sont écoutés et appliqués,
entraîneront un sevrage de la substance
consommée. Le dentiste se trouve donc
en bonne position pour la lutte contre les
dépendances (5), car les conseils donnés
par un professionnel de la santé envers
lequel nous avons confiance, sont très
influençant. En effet, les gens ont tendance à écouter et croire davantage leur
dentiste ou médecin lorsque ces derniers
les avisent de cesser de consommer une
substance d’abus que lorsqu’il s’agit d’un
conseil d’un ami. Or, le dentiste doit profiter de cette confiance qu’on lui donne,
sans toutefois en abuser, pour éduquer
son patient (6).
Quatrièmement, nous devons prescrire
et administrer des médicaments et parmi
eux, plusieurs ont des effets adverses
avec des substances comme l’alcool,
le tabac et d’autres drogues. Selon la
Société dentaire de Montréal
Federal Drug Administration, plus de la
moitié des 100 drogues les plus prescrites contiennent des ingrédients qui ont
des effets adverses avec l’alcool et 2500
morts sont rapportés annuellement dû à
cette combinaison létale (1). Il est donc
de notre devoir d’avertir le patient, mais
également au patient de nous aviser qu’il
a des problèmes de consommation. Bien
entendu, si on explique au patient qu’il
est primordial pour sa santé et son bienêtre de nous avertir de ses problèmes de
consommation pour éviter des complications opératoires et/ou des interactions
médicamenteuses, celui-ci sera plus à
l’aise de nous en parler s’il comprend
l’importance de cette information.
Cinquièmement selon une étude de
Miller et associés, il a été démontré que
la plupart des patients s’attendent à ce
que les professionnels de la santé les
questionnent sur leurs habitudes de vie
et qu’ils s’intéressent à leur poids, leur
consommation d’alcool, de cigarettes et
à leur condition physique (7). Le dentiste
ne devrait donc pas s’abstenir d’aborder
de tels sujets par peur de déplaire à sa
clientèle mais plutôt se sentir à l’aise
puisque les patients s’attendent à ce
genre de questions. Par contre, les patients informeront plus souvent l’équipe
dentaire avant même de le dire au dentiste
(1). Pour cette raison, il est d’une importance primordiale que le dentiste éduque
tout son personnel, ses hygiénistes et
ses assistantes afin qu’ils contribuent au
dépistage des dépendances.
Sixièmement, selon l’article 2.01 du code
de déontologie des dentistes, il est de
notre devoir de participer à l’amélioration
de la santé publique.
Nous savons maintenant que le dentiste
a bel et bien un rôle à jouer dans le
traitement des dépendances et que les
patients s’attendent à recevoir de leur
aide. Cependant, intervenir de la bonne
façon n’est pas si simple et nécessite
des connaissances en toxicomanie et en
10
intervention, ainsi que des considérations
éthiques et légales. C’est sur ces sujets
que nous allons se pencher dans les
prochaines pages pour vous donner les
ressources nécessaires afin de réaliser
des interventions efficaces.
LES DROGUES ET LEURS MÉFAITS
Pour être en mesure de dépister un
usage abusif d’une quelconque drogue,
il faut d’abord et avant tout connaître
cette drogue, ces effets physiques et psychiques ainsi que les signes extérieurs
qui témoignent de l’usage abusif de cette
drogue. Voici donc une description des
principales drogues et de leurs effets.
A. STIMULANTS DU SYSTÈME NERVEUX
CENTRAL
Drogues qui stimulent le SNC.
1. TABAC :
1.1.Généralités :
«Le tabac est la deuxième substance
psychoactive la plus consommée dans
le monde après la caféine» (2). Selon
l’Organisation Mondiale de la Santé, il y
aurait 1,3 milliard (33% des gens âgés de
15 ans et plus) de fumeurs à travers la
planète. Le tabac est la deuxième cause
de mortalité mondiale après le VIH/SIDA
avec un total de 5 millions de personnes
par année (8).
Aux États-Unis, 45,8 millions (22,5%)
de personnes fument la cigarette (9).
70% d’entre eux affirment vouloir arrêter de fumer, mais seulement une petite
quantité en sont capables dû à la forte
dépendance que cause la nicotine (10). À
chaque jour, 3000 enfants et adolescents
deviennent de nouveaux consommateurs
(9). Chaque année 440 000 morts sont
directement attribuables au tabac et
35 000 à la fumée secondaire. Parmi ce
nombre, 33% meurent de problème cardiovasculaire, 28% du cancer du poumon,
11
22% de problèmes respiratoires et au
moins 7% d’un cancer autre que celui du
poumon. Un fumeur meurt en moyenne
10 ans plus jeune qu’un non-fumeur (10) .
Au Canada, le taux de tabagisme chez les
personnes de 15 ans et plus a passé de
25% (6,1 millions de personnes) en 1999
à 18% (4,9 millions de personnes) en
2008 (11). Pour ce qui est du Québec, le
pourcentage de fumeurs a passé de 28%
en 1999 à 18% en 2009 (12).
De plus, «il y a une nette corrélation entre
la consommation de cigarettes et celle
d’autres psychotropes. La dépendance
au tabac est commune chez les utilisateurs d’autres drogues. La prévalence des
fumeurs se situe entre 85 et 100% chez
les sujets qui consomment de manière
abusive de l’alcool, des opiacés et de la
cocaïne. Plusieurs études démontrent une
corrélation entre le degré de dépendance
à l’alcool et la dépendance au tabac. Les
alcooliques ont tendance à fumer davantage et à subir plus d’échecs lorsqu’ils
tentent de s’abstenir de la cigarette» (13).
1.2. Effets à court terme (13) :
Chez les non-fumeurs, les premières
bouffées de cigarette peuvent causer des
effets désagréables comme des étourdissements, des maux de tête, une irritation
de la gorge, de la toux, une faiblesse, des
tremblements, des vomissements, de la
diarrhée et des crampes abdominales.
Par contre, chez les fumeurs, le tabac provoque une poussée d’énergie, suivi d’une
sensation de calme, de relaxation et de
satisfaction. Les autres effets à court
terme du tabac sont les suivants :
• Réduction de l’anxiété, de l’irritabilité
et du stress
• Augmentation de la vigilance
• Facilitation de la mémoire, de l’attention
et de la concentration
• Constriction des vaisseaux sanguins
• Augmentation du rythme et du débit
cardiaques
Info-Société
• Augmentation de la pression artérielle
• Augmentation des sécrétions bronchiques
• Relaxation musculaire
• Diminution de l’appétit
• Augmentation du métabolisme de base
• Augmentation de la température corporelle
1.3. Effets à long terme (13) :
Le tabac consommé sur une longue période de temps peut entrainer de graves
problèmes de santé et même causer la
mort. Le tabac affecte plusieurs systèmes
dont le système respiratoire, le système
cardiovasculaire et le système gastrointestinal. Il contient aussi plusieurs
substances carcinogènes responsables
du cancer du poumon, de la bouche,
du pharynx, du larynx, de l’estomac, de
l’œsophage, du pancréas, de la vessie, du
rein et du col de l’utérus. De plus, le tabagisme augmente les chances d’avoir des
cataractes, de souffrir d’ostéoporose, de
diabète de type 2, d’avoir des problèmes
de goût, d’odorat, de cicatrisation ainsi
que des problèmes de sommeil. L’usage
du tabac est également néfaste sur la
grossesse et peut causer des problèmes
au nouveau-né.
1.4. Pathologies orofaciales :
Plusieurs lésions et pathologies sont
associées à l’usage du tabac. En voici la
liste :
• Halitose (14)
• Xérostomie (14)
• Gingivite ulcéro-nécrotique (14)
• Parodontite : Aux États-Unis, 50% des
parodontites chez les adultes ont été attribués à la cigarette (9).
• Pigmentation extrinsèque : Le goudron
présent dans le tabac se dissout dans la
salive et cause une coloration brune au
niveau de la surface lingual des incisives
inférieures. Pour les adeptes du tabac à
chiquer cette coloration se retrouve à
l’endroit où il place leur tabac (14).
• Langue chevelue : Accumulation de
kératine au niveau des papilles filiformes
de la surface dorsale de la langue. Les
papilles hypertrophiques sont colorées
par le tabac, ce qui peut donner une
coloration noire à la région affectée de la
langue (14).
• Stomatite nicotinique : C’est une forme
de kératose accompagnée d’inflammation. Elle se présente sous forme de
papules blanches avec un centre érythémateux et se voit surtout au niveau du
palais dur et parfois au palais mou. On la
retrouve surtout chez les fumeurs de pipe
et de cigare, car elle causée par la chaleur
(14).
• Lésion blanche associées à l’utilisation
du tabac à chiquer : Lésion blanche ou
grisâtre opalescente avec une surface
verruqueuse d’apparence ridée lui donnant une texture semblable à celle du
cuir. Ce type de tabac cause également
plusieurs problèmes dentaires et parodontaux comme une récession gingivale
et une perte d’os alvéolaire à l’endroit où
le tabac est placé. Il peut aussi causer la
carie lorsqu’il contient du sucre (14).
• Leucoplasie : Terme clinique pour décrire une lésion blanche de la muqueuse
buccale. Représente 85% de toutes les
lésions prémalignes de la cavité buccale.
La présence de dysplasie épithéliale ou
de carcinome épidermoïde est confirmée
histologiquement dans 5 à 25% des cas.
Dans le reste des cas il s’agit d’une hyperkératose (14).
• Érythroplasie : Lésion rouge de la
muqueuse buccale (14).
• Érythroleucoplasie : Lésion blanche
sur une zone érythémateuse. À l’histologie, elle démontre souvent un degré de
dysplasie épithéliale plus avancée que la
leucoplasie (14).
• Carcinome épidermoïde. Tumeur
maligne la plus fréquente en bouche.
Représente environ 94% de tous les
cas de cancer buccal. Les sites les plus
souvent affectés par ordre de fréquence
sont : la langue (surface latérale et
ventrale), la lèvre inférieure, le plancher
de la bouche, le palais mou et l’oropharynx. Les gencives, le coussin rétromolaire
et la muqueuse buccale peuvent aussi
être atteints. Le carcinome épidermoïde
peut se présenter sous plusieurs formes
(leucoplasie, érythroplasie, érythroleucoplasie, ulcération chronique, masse
exophytique, lésion verruqueuse…),
par contre la présence d’induration, de
fixation et d’ulcération est souvent notée
(14).
1.5. Considérations cliniques :
Le tabagisme est souvent associé à un
haut taux d’échec pour les traitements
parodontaux ainsi qu’à un faible taux
d’ostéointégration des implants dentaires.
De plus, la guérison des lésions en bouche
se fait plus lentement (9). Un examen
buccal fréquent est très important pour
essayer de dépister le plus tôt possible les
lésions prémalignes. Le dentiste devrait
également parler des conséquences du
tabac sur la santé à ses patients et leurs
donner toutes les ressources nécessaires
pour qu’ils puissent arrêter. Il est aussi
important de tenir compte des nombreuses interactions médicamenteuses
avec le tabac avant de prescrire certains
médicaments.
2. COCAÏNE :
(poudre, crack, rock, freebase)
2.1. Généralités :
La cocaïne est une fine poudre blanche
qui peut être prisée (reniflée), injectée par
voie intraveineuse ou fumée. Le crack,
aussi appelé ‘’rock’’ ou ‘’freebase’’, est un
mélange de cocaïne, de bicarbonate de
sodium et d’eau (2).
2.2. Effets à court terme :
L’effet est de très courte durée. «Son
usage provoque une euphorie fébrile,
un sentiment de puissance intellectuelle
et physique et une suppression de la
fatigue, de l’appétit et de la douleur»
Société dentaire de Montréal
(2). Le rythme cardiaque et respiratoire
augmente, les pupilles se dilatent, les
muqueuses buccales s’assèchent. Si
l’individu a consommé du crack les lèvres
peuvent être très gercées ou saignantes
(15). Après, la période d’euphorie, une
sensation de malaise (dysphorie) et
d’anxiété s’installe ce qui pousse le
consommateur à répéter la prise» (2).
«De fortes doses peuvent entrainer une
forte agitation, de la paranoïa, un comportement changeant ou violent, des
tremblements, une mauvaise coordination, des mouvements convulsifs, des
hallucinations, des maux de tête, des douleurs ou des pressions dans la poitrine,
des nausées, une vision floue, de la fièvre,
des spasmes musculaires, des convulsions
et la mort» (16).
2.3. Effets à long terme :
«Les utilisateurs chroniques qui consomment des doses élevées et qui traversent
des épisodes de consommation excessive, puis des périodes d’abstinence
peuvent présenter des sautes d’humeur,
de l’agitation, une excitabilité extrême,
des troubles du sommeil, une attitude
soupçonneuse, des hallucinations et des
délires, des troubles de l’appétit, une
perte de poids, de la constipation et de
l’impuissance» (16). On associe également la consommation de cocaïne à
des troubles du rythme cardiaque et une
hypertension artérielle qui peuvent être
à l’origine d’accidents cardiovasculaires.
La cocaïne enlève aussi les inhibitions
et pousse le consommateur à divers
comportements indésirables ou même
criminels ce qui peut conduire à des actes
de violence ou d’agression sexuelle. Un
risque de transmission d’hépatites A, B
et C est possible avec le matériel utilisé
pour renifler la cocaïne et lorsqu’injectée
des risques de contracter le virus du SIDA
et des hépatites B et C sont possibles (2).
2.4. Pathologies orofaciales :
«Les signes caractéristiques que présente
un utilisateur chronique de cocaïne prisée
12
sont la congestion nasale et des écoulements de nez, les narines gercées et une
perforation du septum nasal» (16). En
bouche, il est possible de retrouver une
perforation du palais, des lésions gingivales, une érosion des surfaces dentaires
et des caries dentaires (17). Parfois, les
consommateurs de cocaïne frottent la
poudre sur la gencive pour obtenir un
soulagement des douleurs buccales ou
pour tester la pureté de la drogue. Cette
méthode cause de l’inflammation gingivale, une gencive qui saigne beaucoup et
une desquamation épithéliale (18).
2.5. Considérations cliniques :
Les traitements dentaires devraient se
faire entre 6 et 24 après la dernière
consommation de cocaïne pour éviter les
complications surtout lorsque le dentiste
doit utiliser un anesthésique local avec
épinéphrine ou des cordes à rétracter
(17).
3. MÉTHAMPHÉTAMINE
(speed, crystal,meth, ice)
3.1. Généralités :
Elle fait partie de la classe des amphétamines. Disponible sous forme de poudre.
Peut se prendre par voie orale, se fumer,
se reniflée ou s’injecter (16).
3.2. Effets à court terme :
Les effets de la méthamphétamine
sont imprévisibles. Certaines personnes
peuvent ressentir un accroissement
d’énergie, de la vivacité d’esprit et un
sentiment de bien-être, alors que d’autres
peuvent éprouver des crises de paniques
et de l’anxiété (15). La consommation
de méthamphétamine à court terme
peut produire beaucoup d’autres effets,
notamment un rythme cardiaque et respiratoire rapide, une hausse de la pression
sanguine, une transpiration excessive, la
dilatation des pupilles, un assèchement
de la bouche et des grincements de dents
(bruxisme). «Il est possible que le consommateur devienne volubile, agité, excité ou
13
qu’il se sente puissant, supérieur, agressif, hostile, qu’il se conduise d’une façon
bizarre ou répétitive. L’absorption de très
fortes doses provoque des rougeurs, une
pâleur, un rythme cardiaque très rapide
ou irrégulier, des tremblements, une grave
paranoïa, des hallucinations effrayantes.
Ces substances peuvent entraîner la mort
par rupture de vaisseaux sanguins dans
le cerveau, par insuffisance cardiaque ou
par une fièvre très élevée. La violence,
accidentelle ou autre, est la principale
cause de décès liée à la consommation
d’amphétamines» (16).
3.3. Effets à long terme :
«Les consommateurs chroniques de
doses élevées peuvent souffrir de malnutrition ou d’une psychose liée aux amphétamines, un trouble mental ressemblant à
la schizophrénie. Ils sont susceptibles de
devenir violent. Les impuretés injectées
avec la drogue peuvent obstruer ou affaiblir les petits vaisseaux sanguins. Il peut
s’ensuivre des lésions rénales, des affections pulmonaires, des accidents vasculaires cérébraux ou d’autres affections
des tissus» (16). Les consommateurs
peuvent également porter des lésions à la
peau (causées par le grattage compulsif
de la peau à la suite d’hallucinations tactiles donnant à penser que des insectes
rampent sous la peau). Ils peuvent aussi
ressentir de l’anxiété ou de la tension,
constater une diminution de l’appétit et
perdre du poids et développer des mouvements corporels répétitifs (15).
3.4. Pathologies orofaciales :
Les personnes qui consomment de la
méthamphétamine sont réputées pour
avoir plusieurs problèmes dentaires à
un point tel que dans la littérature, on
utilise l’expression ‘’bouche meth’’ pour
qualifier la bouche des consommateurs
de cette drogue. Une étude de Shetty &
coll., a remarqué que les consommateurs
ont souvent des douleurs au niveau des
dents, des caries rampantes, des dents
manquantes ou fracturées et des dents
Info-Société
avec de l’abrasion. La consommation de
méthamphétamine causerait également
de la xérostomie, du bruxisme et des
problèmes au niveau de l’articulation
temporo-mandibulaire. Cependant, les
résultats de cette étude montrent aussi
que les utilisateurs par voie intraveineuse
ont un taux significativement plus haut de
problèmes dentaires que les utilisateurs
qui fument ou qui inhalent la méthamphétamine (19). Selon Laslett & Crofts,
les problèmes dentaires ne seraient pas
nécessairement causés par la méthamphétamine, mais plutôt à une négligence
de l’hygiène dentaire, à des traumas, et
à une mauvaise alimentation (20). C’est
ce que conclut aussi une étude effectuée
par Morio, Marshall, Qian & Morgan.
Selon eux, il est vrai que les utilisateurs
de méthamphétamine ont plus de caries
que les non-utilisateurs. Par contre, ils ont
aussi une moins bonne alimentation, ils
se brossent moins les dents et ont des
habitudes qui favorisent la formation de
caries rampantes (21).
3.5. Considérations cliniques :
Les dentistes sont dans une excellente
position pour faire le diagnostic précoce
d’une consommation abusive de méthamphétamine. Ces patients devraient recevoir de bonnes instructions d’hygiènes et
des conseils nutritionnels (21). De plus,
plusieurs consommateurs se soucient de
leur apparence dentaire. Leur donner les
soins nécessaires afin qu’ils retrouvent
une bonne estime de soi peut être un
point tournant pour les aider à vaincre
leur dépendance (19).
B. DÉPRESSEURS
NERVEUX CENTRAL
DU
SYSTÈME
Drogues qui ralentissent le SNC.
1. ALCOOL
(bière, vin, apéritif, spiritueux)
1.1. Généralités :
Aux États-Unis, 14 millions de personnes
rencontrent les critères d’alcoolisme (22).
Au Canada, l’âge moyen lors de la première consommation est de 16 ans. En
2009, 89% des personnes de 15 ans et
plus avaient consommé de l’alcool au
moins une fois dans leur vie (15).
1.2. Effets à court terme :
Les effets engendrés dépendent du taux
d’alcool dans le sang. Dans un ordre
chronologique, l’alcool, à faible dose,
détend, procure un sentiment d’euphorie,
une baisse de l’inhibition, une altération
de l’attention puis du jugement. À forte
dose, l’alcool provoque un état d’ivresse
caractérisé par une diminution des perceptions sensorielles donc par un manque
de coordination, de la difficulté à marcher,
à articuler et à voir (23). Des troubles de
la mémoire, des étourdissements et des
vomissements peuvent aussi se manifester. Puis à très forte dose, l’alcool cause
l’inconscience, le coma et même la mort
(400 mg/ 100 ml de sang) dus à une dépression du système respiratoire (2).
1.3. Effets à long terme :
L’alcoolisme affecte de multiples organes
et est la source de plusieurs problèmes
de santé. Parmi ceux-ci, on retrouve des
maladies du foie (cirrhose), du pancréas
(pancréatite), du système nerveux, des
troubles gastro-intestinaux, cardiovasculaires, sanguins (hémorragies, anémie),
hormonaux et une augmentation de la
prévalence de certains cancers (bouche,
langue, œsophage, estomac, foie) (2).
La consommation d’alcool pendant la
grossesse peut entraîner des retards de
développement chez l’enfant avant et
après la naissance ainsi que des problèmes d’apprentissage et de comportements (16).
1.4. Pathologies orofaciales :
Les pathologies buccales associées à
l’alcool ne se manifestent pas après une
simple consommation mais résultent plutôt d’une consommation sur une base
régulière et excessive. Elles sont plus
souvent dues à une combinaison entre
un manque d’hygiène, la présence de
lipopolysaccharides dans leurs consommations et une nutrition pauvre en éléments nutritifs. De plus, l’alcool réduirait
la production de salive et diminuerait
son effet tampon (sialadénose). Tous ces
facteurs peuvent causer de l’halitose,
une glossite, une chéilite angulaire, des
ulcérations buccales, des gingivites, des
parodontites et un édentement total ou
partiel. Les dents restantes peuvent montrer des signes d’érosions dues à l’alcool,
à l’acidité des breuvages, aux vomissements ou aux reflux gastriques. Également, une forte corrélation existe entre
alcoolisme et tabagisme. Cette polyconsommation, augmente considérablement les parodontites et les risques de
cancer buccal (22).
1.5. Considérations cliniques :
Il est très important de donner des
bonnes instructions d’hygiènes aux
patients puisque selon certaines études
(Bofetta, Adami, Muci & Nyrèn, 2001;
Züller, Herrmann, Kreiss & Heller, 1993) la
microflore buccale des personnes alcoolique pourrait contribuer au cancer buccal. À cet égard, un examen buccal complet est de mise pour dépister les signes
précurseurs du cancer buccal. Un examen,
une prophylaxie et une application de
fluor 1% aux 3 mois sont conseillés. Vu
les risques de parodontites, les principaux
traitements devraient consister à un surfaçage et à un détartrage. Les patients
nécessitant d’importantes chirurgies et
qui sont alcooliques depuis longtemps,
devraient passer une évaluation médicale
incluant des tests sanguins et hépatiques
afin d’éviter des complications durant et
après l’opération (22) comme un saignement excessif, une cicatrisation difficile,
une infection ou même une ostéomyélite
(24). La prescription de salive artificielle
est recommandée pour ceux souffrant de
xérostomie. De plus, plusieurs médicaments sont à éviter de prescrire du aux
multiples interactions médicamenteuses
avec l’alcool et aux problèmes de foie
Société dentaire de Montréal
souvent rencontrés chez les alcooliques
(22).
2. ANALGÉSIQUES OPIOÏDES
(morphine, héroïne) :
2.1. Généralités :
Ces deux opiacés proviennent du plan de
pavot. L’héroïne est obtenue à partir de la
morphine et elle est, la plupart du temps,
injectée par voie intraveineuse après
avoir été diluée et chauffée. Elle peut
aussi être prisée ou fumée (2). L’héroïne
consommée passe dans la circulation
sanguine pour se rendre au cerveau où
elle redevient de la morphine (15).
2.2. Effets à court terme :
Les effets de l’héroïne sont imprévisibles,
en partie parce que les consommateurs
ne connaissent pas le niveau de pureté de
la drogue qu’ils achètent (15). Lorsqu’elle
est injectée, les usagers ressentent immédiatement une sensation dite orgasmique
(‘’rush’’) de très courte durée qui est suivie
par de l’euphorie et de la somnolence. Un
bien-être persiste et supprime l’anxiété
et la douleur tant physique que mental.
L’individu peut avoir de la difficulté à se
concentrer (23). Des nausées, des vertiges
ainsi qu’un ralentissement du rythme
respiratoire et cardiaque peuvent se produire après le rush (2). Certains signes
physiques et symptômes nous permettent
de croire que l’individu a consommé de
l’héroïne. Nous retrouvons entre autres :
une sècheresse buccale, une contraction
des pupilles, une réduction de l’appétit,
de la transpiration, de la constipation et
de la rétention urinaire (16).
2.3. Effets à long terme :
Chez les usagers fréquents, le plaisir
intense des premières consommations ne
dure que quelques semaines. La dose et
la fréquence doivent alors être augmentées pour obtenir les mêmes effets ce qui
cause une forte dépendance. Chez les
héroïnomanes, les symptômes d’un
sevrage peuvent apparaître 5 à 12 heures
14
après la dernière injection. Ces symptômes ressemblent à ceux d’une grippe
(sueurs abondantes, spasmes musculaires,
frissons, grelottements) et sont accompagnés d’anxiété. Les symptômes sont
à leur plus fort après 36 à 72 heures de
sevrage et se traduisent par des troubles
gastro-intestinaux, des pupilles dilatées
et la chair de poule. L’individu peut devenir agressif et souffrir de délire paranoïde.
Un surdosage provoque une dépression
cardiorespiratoire et peut être mortel. De
plus, les injecteurs de drogues par voie
intraveineuse sont à risques de contractés
des maladies telles le VIH, l’hépatite B et
C et d’autres infections s’ils utilisent des
aiguillent contaminées (1).
2.4. Pathologies orofaciales :
Les conséquences orales dues à la
consommation d’héroïne résultent en
grande partie d’une négligence pour les
soins dentaires et d’une mauvaise alimentation. Parmi ces conséquences, nous
retrouvons, la carie rampante, la parodontite, la candidose, la dysplasie de la
muqueuse et le bruxisme (25).
2.5. Considérations cliniques :
Le dentiste devrait mettre l’emphase sur
l’importance d’une bonne hygiène ainsi
que sur les conseils alimentaires. Il devrait
suivre ce type de patient régulièrement,
faire des applications de fluor et prescrire
des sialagogues lorsque nécessaire (25).
3. GHB
(drogue du viol, liquid ecstasy, liquid
X, fantasy) :
3.1. Généralités :
On le vend souvent sous forme liquide
incolore et inodore. Le GHB peut aussi
être vendu sous forme de poudre blanche
ou de capsules. Dissout dans un verre
d’alcool, il n’a ni odeur, ni saveur. Il est
surtout consommé dans des partys raves.
Il est parfois administré à l’insu d’une personne dans le but de la voler ou la violer.
15
3.2. Effets à court terme :
«L’augmentation progressive de la dose
se traduit, dans l’ordre croissant, par
les réactions suivantes : diminution de
l’anxiété, relaxation musculaire, désinhibition, euphorie, sédation, somnolence,
incoordination des mouvements, hypnose, anesthésie générale, coma et puis
la mort. À forte dose, le GHB peut aussi
provoquer des convulsions, des hallucinations, un ralentissement cardiaque, de
l’hypotension, une dépression respiratoire
et de l’inconscience» (2). L’utilisateur peut
avoir des pertes de mémoire, des nausées, des vomissements et de la diarrhée.
Il peut également se sentir étourdi et ce
jusqu’à plusieurs jours après la consommation (15). On surnomme ce produit
drogue du viol, car il cause de l’amnésie
et une désinhibition sexuelle chez la victime surtout lorsqu’il est consommé avec
de l’alcool (2).
3.3. Effets à long terme :
La prise quotidienne peut causer une
tolérance et entraîner une dépendance
chez l’individu. Un arrêt pourrait alors
causer des symptômes de sevrages caractérisés par de l’anxiété, de la confusion et
du délire, des hallucinations, de la paranoïa, de l’insomnie et des tremblements
(15).
C. HALLUCINOGÈNES
Drogues qui affectent la perception, les
émotions et les processus psychologiques.
Ils déforment les perceptions sensorielles
et peuvent causer des hallucinations (16).
1. LSD
(acide, buvard) :
1.1. Généralités :
C’est l’hallucinogène le plus consommé
(16). Il se présente généralement sous
la forme de buvards (papiers imprégnés
d’une goutte d’une solution de LSD) ou
de comprimés (2).
Info-Société
1.2. Effets à court terme :
Les effets du LSD sont imprévisibles et
peuvent varier d’un individu à l’autre,
d’une consommation à l’autre ou même
au cours du même épisode de consommation. Le trip dure entre 5 et 12 heures.
Le consommateur peut passer par multitudes d’émotions qui vont du bien-être,
de la joie, et de l’émerveillement jusqu’à
la peur, à la panique, à l’agressivité, à la
confusion et à l’angoisse profonde. Ces
effets désagréables sont appelés «mauvais voyage» (bad trip). Le LSD peut aussi
causer une distorsion des sens et de la
perception, engendrer des effets visuels
intenses (hallucinations) et une altération
du jugement. Au niveau physique, l’usager peut avoir des engourdissements,
une augmentation du rythme cardiaque,
des étourdissements, une dilatation des
pupilles, une diminution de l’appétit, un
assèchement des muqueuses buccales,
des frissons, des nausées et des tremblements (15).
1.3. Effets à long terme :
La consommation prolongée de LSD peut
provoquer, notamment : une psychose,
une dépression, une bouffée délirante et
des épisodes de récurrence (flashbacks)
(15).
2. ECSTASY
(MDMA):
2.1. Généralités :
Se présente généralement sous forme de
comprimés de différentes couleurs avec
un motif gravé.
2.2. Effets à court terme :
«L’ecstasy provoque tout d’abord une légère anxiété, une augmentation de la tension artérielle, une accélération du rythme
cardiaque, la contraction des muscles de
la mâchoire, des grincements de dents, la
peau devient moite et la bouche sèche.
Par la suite l’usager ressent une sensation de bien-être et de satisfaction, une
relaxation, une réduction de la sensation
de fatigue, une confiance en soi et une diminution de ses inhibitions. Ceci s’accompagne d’une exacerbation des sens, d’une
facilitation de l’expression des émotions
et d’une plus grande communication
avec autrui. Cette phase de sensations
agréables est généralement suivie d’une
phase où l’individu devient fatigué, triste,
déprimé et de mauvaise humeur» (2).
L’individu peut également avoir des hallucinations et éprouver de la paranoïa (15).
De plus, l’usage de l’ecstasy provoque
une déshydratation de l’organisme et une
hausse de la température. Ceci peut être
dangereux dans des endroits où il fait
chaud et que la personne fait de l’activité
physique comme de la danse. «Cette augmentation de la température corporelle,
conjuguée à la hausse de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque, peut
entraîner une insuffisance rénale ou cardiaque, un accident vasculaire cérébral et
des crises convulsives.»
2.3. Effets à long terme :
L’utilisation à long terme peut causer une
perte de poids, un épuisement chronique,
de la fatigue, des douleurs musculaires,
de l’anxiété, et une dépression. Certains
peuvent aussi avoir des flashbacks, des
idées délirantes, des hallucinations et des
symptômes psychotiques qui persistent.
Selon des études sur les animaux, l’ecstasy peut endommager certaines cellules du
cerveau. Cependant, d’autres recherches
sont nécessaires pour évaluer la toxicité
neurologique de l’ecstasy chez l’humain
(15).
2.4. Pathologies orofaciales :
L’ecstasy peut causer de la xérostomie, du
bruxisme et des risques de développer de
l’érosion au niveau des dents. Des changements au niveau de la muqueuse ont
aussi été observés (26).
2.5. Considérations cliniques :
L’utilisation récente d’ecstasy peut interférer avec les traitements dentaires (26).
D. CANNABIS
Bien qu’il s’agisse d’un hallucinogène, le
cannabis produit aussi un effet dépresseur et accroît le rythme cardiaque (16).
1. CANNABIS
(marijuana, haschisch)
1.1. Généralités :
En 2002, environ 3 millions de Canadiens
de 15 ans et plus, soit 12,2%, ont dit avoir
consommé du cannabis, c’est-à-dire de la
marijuana ou du haschich, au moins une
fois au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. C’est une augmentation
significative par rapport à 1994 où la
proportion était de 7,4%. Près de la moitié des consommateurs (47%) prenaient
de la drogue moins d’une fois par mois.
10% en consommait chaque semaine et
une autre tranche de 10%, tous les jours.
En pourcentage du nombre total de personnes de 15 ans et plus, 1,1% des Canadiens consommaient du cannabis quotidiennement. Au Québec, la moyenne est
au dessus de la moyenne nationale avec
un total de 14% chez les 15 ans et plus (27).
1.2. Effets à court terme :
Les effets sont variables. Généralement,
l’usager devient euphorique (sensation
de bien-être et de satisfaction) et éprouve
une envie spontanée de rire (2). Cette
sensation peut s’accompagner d’une augmentation des perceptions sensorielles
et d’une distorsion de la perception du
temps, de l’espace et de l’image de soi.
Il peut aussi y avoir une augmentation de
l’appétit, particulièrement pour les friandises (23). Les principaux effets physiques
causés par la consommation de cannabis
sont les suivants : gonflement des vaisseaux sanguins (yeux rouges), diminution
de la salivation (bouche sèche), augmentation du rythme cardiaque et hypoglycémie (2).
1.3. Effets à long terme :
terme cause des problèmes au système
respiratoire, car le joint est souvent composé d’un mélange de tabac et de cannabis. «D’ailleurs, à poids égal, le cannabis fumé fournit 50 % plus de goudron
qu’une marque populaire de tabac fort. En
outre, la concentration de certains agents
cancérigènes retrouvés dans le goudron
de la marijuana est plus élevée que celle
d’un même poids de goudron de tabac.
Enfin, une cigarette de cannabis est habituellement inhalée plus profondément
et retenue plus longtemps dans les poumons qu’une cigarette ordinaire. Ainsi,
une cigarette de cannabis peut théoriquement causer autant de problèmes pulmonaires que 4 à 10 cigarettes ordinaires»
(2). Une consommation excessive causerait une perte de motivation, d’intérêt
et d’ambition ainsi que des difficultés de
concentration (syndrome d’amotivation).
Cependant, ce syndrome est controversé
et doit être étudié plus profondément (2).
Des troubles de l’humeur et des hallucinations peuvent également être observés
(23).
1.4. Pathologies orofaciales :
Les utilisateurs de cannabis ont généralement une moins bonne santé buccale que
les non-utilisateurs, avec un risque plus
élevé de caries dentaires et de maladies
parodontales. Comme mentionné auparavant, la fumée de cannabis contient des
agents carcinogènes au même titre que
celle du tabac. Par le fait même, fumer du
cannabis peut causer des dysplasies et
des lésions prémalignes. Les utilisateurs
sont également plus sujets aux infections
orales possiblement à cause de l’effet
immunosuppresseur du cannabis (28).
1.5. Considérations cliniques :
Les traitements dentaires sur un patient
intoxiqué peuvent causer une augmentation de l’anxiété. L’utilisation d’anesthésique local avec épinéphrine peut sérieusement prolonger la tachycardie déjà
engendrée par le cannabis (28) .
La consommation de cannabis à long
Société dentaire de Montréal
16
DÉPISTAGE ET PRÉVENTION
Nous connaissons maintenant les principales substances d’abus et leurs méfaits
sur la santé. Cependant, il va de soi que le
patient ne sera pas toujours sous l’effet
de la drogue lorsqu’il viendra nous
consulter et qu’il n’aura pas nécessairement de pathologies perceptibles, surtout, s’il en est à un stade débutant de sa
consommation. Nous devons donc nous
doter de moyens pour dépister ses
consommateurs et intervenir efficacement
pendant qu’il est encore temps.
1. RÉVISER L’HISTOIRE MÉDICALE
Il existe plusieurs méthodes afin de dépister une dépendance chez un patient.
Sans aucun doute, la meilleure méthode
demeure un bon questionnement lorsque
le dentiste effectue la révision de l’histoire médicale. Au début de chaque rendez-vous, le dentiste se doit de réviser et
annoter s’il y a eu un changement au
niveau de la santé globale et dentaire de
son patient depuis la dernière visite.
Certains patients ne diront évidemment
pas la vérité puisqu’ils ressentiront de la
honte et de la culpabilité en l’avouant à
leur dentiste. Pour cette raison, il est
important de ne jamais juger le patient, et
lorsque le dentiste questionne son patient, il se doit en tout temps d’être le plus
neutre et empathique possible (1). La
confidentialité est primordiale avec tous
les patients et lorsqu’on demande de
l’information à notre patient, on se doit
de mentionner à ce dernier que cette
information est importante si l’on veut
faire des traitements ou administrer des
médicaments et que c’est seulement pour
sa propre santé et son bien-être que nous
devons connaître ses renseignements (1).
Il ne faut pas oublier que par le biais de
notre profession, nous possédons une
position stratégique pour dépister les
dépendances (5). Le patient consulte son
médecin puisqu’il fait confiance en celuici. Or, le dentiste doit poser toutes les
17
questions pertinentes afin de maintenir
une bonne santé de son patient. Voici
quelques questions que l’on ne doit pas
omettre dans l’histoire médicale (1) :
a) Y a-t-il quelqu’un dans votre famille
qui à déjà eu ou a présentement une
dépendance à l’alcool ou à toutes autres
drogues ?
b) Avez-vous déjà eu des problèmes de
dépendance à une drogue ?
c) Si oui, avez-vous déjà subi des traitements ou êtes-vous toujours sous traitement ?
4. si le patient demande fréquemment
pour des prescriptions inhabituelles.
L’assistante dentaire et les hygiénistes
devraient également être en mesure
d’aider le dentiste dans son dépistage car
ils peuvent (1) :
1. réviser l’histoire médicale du patient;
2. réviser la santé générale du patient;
3. réviser l’histoire médicamenteuse du
patient et l’usage de drogues illicites;
4. observer cliniquement des comportements ou signes étranges chez le patient.
De plus, le nom du médecin qui a traité le
patient, la durée de l’abstinence, ainsi
que le statut actuel du patient devraient
être noté dans le dossier médical. Surtout,
rappelez-vous qu’il n’existe aucun profil
stéréotype d’un toxicomane et que l’on
doit questionner tous les patients d’une
manière juste et égale, sans porter de préjugé, puisque la dépendance aux drogues
peut affecter tous les groupes d’âge (1).
Parmi les comportements et signes
étranges que l’on peut noter chez une
personne dépendante, l’on remarque
fréquemment de l’anxiété, de la peur, une
dépendance pour les bonbons et aliment
sucrés, un pourcentage plus élevé d’infection au virus de l’hépatite, au VIH et à la
tuberculose ainsi qu’une tendance plus
grande à ne pas vouloir se conformer au
plan de traitement (1).
2. ÉDUQUER SON ÉQUIPE DENTAIRE
Il faut notamment être prudent lorsqu’on
prescrit des médicaments. Un patient qui
arrive en urgence en fin de journée se
plaignant d’une douleur sévère pourrait
seulement venir dans le but d’obtenir une
prescription. Donc, une équipe dentaire
éduquée et alerte sera en mesure de dépister et prévenir contre les dépendances
aux substances d’abus.
Le dépistage contre les substances d’abus
est un travail d’équipe et ne peut pas être
seulement par le dentiste. Toute l’équipe
dentaire à son rôle à jouer et se doit de
demeurer alerte, car certains signes d’une
dépendance peuvent être observés hors
de la salle opératoire. Le dentiste se doit
alors d’éduquer tout son personnel à
propos de l’usage des substances d’abus.
À noter que la réceptionniste dentaire est
très bien placée pour avertir le dentiste
ou le personnel de problèmes potentiels
chez un patient. Elle devrait donc être en
mesure d’observer (1) :
1. l’apparence générale des patients
lorsqu’ils arrivent pour leur rendez-vous;
2. si le ou la patient(e) a une histoire
fréquente de rendez-vous manqué;
3. si le ou la patient(e) se plaint souvent pour des raisons douteuses;
Info-Société
3. DÉPISTER CONTRE L’ALCOOLISME
Pour débuter, il est important de définir ce
qu’est l’alcoolisme. Une personne est
dite alcoolique lorsqu’elle consomme de
l’alcool d’une façon telle que l’on remarque une détérioration dans son comportement social, accompagné d’une
dépendance physiologique ou psychologique (1).
Plusieurs moyens existent pour savoir si
une personne est alcoolique. Tout d’abord,
l’histoire médicale peut nous donner de
bons indices. Des indicateurs tels de
l’insomnie, des maux de tête, des indigestions, des palpitations, de la diarrhée, des
dysfonctions sexuelles, de l’anxiété, de
l’irritabilité, de la dépression, des traumas,
des accidents de voiture et des problèmes
de violence peuvent nous laisser présager
des problèmes d’alcoolisme (22). Ensuite,
il est possible de se fier aux signes et
symptômes que l’on peut observer chez
un patient souffrant d’abus d’alcool (1) et
que l’on retrouve dans la section les drogues et leurs méfaits.
Il est aussi possible d’effectuer un dépistage à l’aide du questionnaire DETA
(équivalent du questionnaire CAGE en
anglais) afin de dépister un usage abusif
d’alcool. Le questionnaire contient les
questions suivantes (1) :
1. Avez-vous déjà ressenti le besoin de
diminuer votre consommation de boissons
alcoolisées ?
2. Votre entourage vous a-t-il déjà fait
des remarques au sujet de votre consommation ?
3. Avez-vous déjà eu l’impression que
vous buvez trop ?
4. Avez-vous déjà eu besoin d’alcool
dès le matin pour vous sentir en forme ?
Une réponse positive à 2 questions ou
plus est un bon indice que le patient à
une consommation excessive d’alcool. Il
devrait alors être référé à son médecin
pour des examens de santé et à un intervenant en toxicomanie par la suite. À noter que ce questionnaire est plus efficace
lorsqu’il est rempli en même temps que
l’histoire médicale dans une section sur
les habitudes de vie incluant par exemple
l’exercice physique et la diète (22).
4. DÉPISTER CONTRE LE TABAGISME
Le dépistage du tabagisme se fait habituellement lors de la révision de l’histoire
médicale. Le dentiste se doit de demander
au patient s’il fume et si oui, combien de
cigarettes par jour. Si le patient a déjà
fumé dans le passé, mais qu’il a arrêté, le
dentiste doit s’y intéresser et demander
au patient quelles étaient ses habitudes
tabagiques. Également, plusieurs signes
cliniques mentionnés auparavant témoignent de l’usage de tabac ce qui
facilite le dépistage de cette dépendance.
5. INFORMER LE PATIENT À PROPOS
DES SUBSTANCES D’ABUS
Une méthode que l’on peut employer afin
d’éviter qu’une personne commence ou
continue à consommer une substance
d’abus est de prévenir et d’informer les
patients des dangers potentiels des drogues (1). Même si la grande majorité des
patients savent que leur dépendance à la
drogue est nocive pour eux, peu
connaissent les nombreuses répercussions que cette drogue peut entrainer sur
leur santé bucco-dentaire. Un patient
informé sera alors plus apte à prendre des
décisions concernant sa santé. D’ailleurs,
comme mentionné auparavant, les patients
s’attendent à ce que le dentiste prenne du
temps lors du rendez-vous pour livrer des
messages de prévention. Prévenir et
dépister contre les substances d’abus fait
donc partie de l’une de nos multiples
responsabilités en tant que dentiste.
INTERVENTION
L’impact que le dentiste peut jouer dans
le dépistage, la prévention et la cessation
des substances d’abus demeure malheureusement encore trop peu connu et
cloisonné (5). En effet, rares sont les
professionnels de la santé et les dentistes
qui interviennent, car la plupart ne savent
pas comment s’y prendre dans de telles
situations. Évidemment, le traitement des
toxicomanies n’est pas chose simple et
demande beaucoup de connaissances en
la matière pour intervenir efficacement.
C’est pourquoi des professionnels comme
des intervenants en toxicomanie se
concentrent à aider cette population qui a
Société dentaire de Montréal
besoin d’aide. Cependant, le dentiste
peut également faire sa part des choses
pour lutter contre les dépendances.
1. EN GÉNÉRAL
En premier lieu, le dentiste doit se poser
la question suivante : quand dois-je référer
un patient ? Il est conseillé de référer un
patient à un intervenant en toxicomanie
lorsque notre dépistage est positif ou
lorsque nous avons une évidence que le
patient souffre de dépendance envers
une drogue. Si le patient à déjà eu recours
à des traitements contre son problème de
consommation et qu’il a eu de mauvaises
expériences dans le passé, il est alors suggéré de le référer à un psychologue ou à
un travailleur social (1).
En second lieu, le dentiste doit s’assurer
d’avertir le patient qu’il le réfère avec un
spécialiste qui pourra l’aider. Il est possible
que le patient soit réticent à recevoir des
traitements d’un intervenant en toxicomanie. L’on doit alors lui mentionner que
cette réaction est tout à fait normale,
mais qu’il s’agit d’une décision nécessaire
pour sa santé et son bien-être (1). Le patient se sentira d’autant plus en sécurité
si on lui mentionne que nous travaillerons
conjointement avec ce professionnel afin
de nous assurer qu’il maintienne une
bonne santé bucco-dentaire.
En dernier lieu, il est conseillé que le
dentiste ou son équipe prennent le temps
d’appeler le spécialiste et de prendre un
rendez-vous avec le patient avant que
celui-ci quitte le cabinet dentaire. De
cette manière, on augmente les chances
que le patient consulte réellement l’intervenant en toxicomanie.
Il est important de se rappeler que le
dentiste ne peut pas divulguer une
dépendance à une substance d’abus à
quiconque, à moins d’avoir préalablement l’autorisation du patient et qu’il ne
peut utiliser cette information que pour
des fins professionnelles. Le dentiste doit
18
en tout garder le secret professionnel tel
que mentionné dans les articles suivant
du code de déontologie des dentistes :
3.06.01. Le dentiste doit respecter le
secret de tout renseignement de nature
confidentielle qui vient à sa connaissance
dans l’exercice de sa profession.
3.06.02. Le dentiste ne peut être relevé
du secret professionnel qu’avec l’autorisation de son patient ou lorsque la loi
l’ordonne.
3.06.03. Le dentiste, aux fins de préserver
le secret professionnel :
1° doit garder confidentiel ce qui est
venu à sa connaissance dans l’exercice de
sa profession ;
2° doit s’abstenir de tenir ou de participer
à des conversations indiscrètes au sujet
d’un patient ou des services qui lui sont
rendus ;
3° doit prendre les moyens raisonnables
à l’égard des personnes qui collaborent
avec lui ou qui exercent ses activités au
sein de la société où il exerce ses activités
professionnelles pour que soit préservé le
secret professionnel ;
4° ne peut divulguer les faits ou confidences dont il a eu connaissance sauf
avec l’autorisation écrite de son patient
ou lorsque la loi l’ordonne ;
5° ne doit pas révéler qu’une personne
a fait appel à ses services lorsque ce fait
est susceptible de causer un préjudice à
cette personne à moins que la matière du
cas ne l’exige.
Ceci veut dire que le dentiste peut référer
le patient à un intervenant en toxicomanie
seulement si le patient est avisé et d’accord.
Il est primordial de respecter notre patient
si l’on désire garder sa confiance.
2. ALCOOLISME
Comme mentionné auparavant, le rôle
primaire du dentiste face à un patient
souffrant d’alcoolisme est d’être en mesure
19
de dépister ce problème et ensuite savoir
le référer à un professionnel adéquat.
Cependant, un dentiste sera en mesure
de mieux suivre le progrès de son patient
si ce dernier est au courant des traitements que son patient reçoit.
Les composantes principales du traitement
contre l’alcoolisme sont la confrontation,
la désintoxication et la réhabilitation. La
confrontation consiste à combattre le
déni du patient, c’est-à-dire le convaincre
que sa consommation d’alcool abusive
cause de nombreux méfaits sur sa santé
et le motiver à suivre un traitement. La
désintoxication consiste à éliminer totalement l’alcool du corps et protéger le patient contre les effets sérieux du sevrage.
Ce stade dure environ cinq jours et nécessite l’administration de médicaments
pour remplacer l’alcool. La médicamentation sera diminuée graduellement pour
diminuer les symptômes du sevrage. La
réhabilitation consiste à garder le patient
motivé à ne pas consommer et à s’habituer à un style de vie sans alcool. Cette
partie du traitement inclut des interventions psychosociales telles qu’une thérapie cognitive du comportement ou bien
une thérapie avec des groupes d’aide
comme Alcooliques Anonymes (A.A.)
(22).
Durant la phase de réhabilitation, le
patient est souvent tenté de retomber
dans l’alcool. Heureusement, il existe
trois médicaments que le médecin peut
lui prescrire soit la naltrexone, l’acamprosate et le disulfiram. Ces deux premiers
médicaments vont permettre de combattre la tentation de consommer de l’alcool et le dernier va produire des sensations désagréables chez le patient lorsque
celui-ci consomme de l’alcool (22). Par
contre, il est important de noter que ces
médicaments ne seront pas prescrits par
le dentiste, mais plutôt par le médecin.
3. TABAGISME
Tout d’abord, il est important de
Info-Société
comprendre que le tabac est une substance qui provoque une forte addiction.
Selon des personnes avec des dépendances à plusieurs drogues, celle au tabac
s’agit de la plus difficile à se défaire (6).
D’ailleurs, la majorité des fumeurs auront
besoins de plusieurs tentatives pour
vaincre leur dépendance. Il ne faut donc
pas croire que si le patient recommence à
fumer qu’il s’agit d’un échec ou d’un cas
perdu. Il s’agit plutôt d’un phénomène
normal dans la tentative de cesser de
fumer (9).
Les cinq étapes principales d’intervention
sont les suivantes (5 A’s en anglais) : demander (Ask), conseiller (Advise), évaluer
(Assess), assister (Assist) et suivre (Arrange). La première étape consiste à demander aux patients des informations sur
leur consommation. La deuxième étape
est de conseiller le patient de façon claire
et personnalisée d’arrêter de fumer en lui
expliquant pourquoi. La troisième étape
est d’évaluer la motivation du patient à
arrêter de fumer. Bien entendu, on ne
peut pas faire le travail seul, le patient
doit vouloir arrêter de fumer. La quatrième étape est d’assister le patient dans
sa démarche en lui donnant les ressources
et les moyens nécessaires pour y arriver.
Finalement la cinquième étape est de
faire un suivi pour éviter les rechutes (29).
Pour plus d’informations, l’ODQ a fait en
2005 un guide complet à l’intention des
dentistes et intitulé : Intervenir auprès des
patients fumeurs. Il est disponible en
ligne à l’adresse suivante : http://www.
ordredesdentistesduquebec.qc.ca/index.
html
4. AUTRES DROGUES
Comme nous l’avons vu, certaines drogues
causent de sérieux problèmes dentaires.
Malgré leurs problèmes de consommation, plusieurs personnes continuent de
se soucier de leur apparence. Aider ces
gens à retrouver leur fonction masticatoire et leur esthétique peut être pour eux
une source de motivation à cesser de
consommer et qui sait à changer leur vie (19). De plus, certains consomment des drogues, car ils ont des douleurs dentaires. Nous
devons donc éliminer toutes les causes de douleurs dentaires possibles pour éviter que nos patients aient mal et consomment pour
cette raison.
5. RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES
Alcooliques Anonymes : http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm
Défi j’arrête j’y gagne : http://www.defitabac.qc.ca/defi/fr/index.html
Maison Jean Lapointe : http://www.maisonjeanlapointe.com/accueil.html
ODQ : http://www.ordredesdentistesduquebec.qc.ca/index.html
Parlons drogue : http://www.parlonsdrogue.com
Santé Canada : http://www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/index-fra.php
CONCLUSION
Le dentiste a donc un grand rôle à jouer dans le dépistage et la prévention des dépendances aux substances d’abus. Suite au dépistage d’une consommation, le dentiste doit souvent référer le patient à d’autres spécialistes pour que ce dernier reçoive l’aide nécessaire. Le dentiste doit également fournir les soins dentaires requis pour la santé et le bien-être du patient en tenant compte des
risques occasionnés par la consommation de drogues. C’est pourquoi, médecins, intervenants en toxicomanie et dentistes doivent
collaborer pour permettre aux patients de retrouver une vie saine.
BIBLIOGRAPHIE
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2. Québec (Province). Comité permanent de lutte à la toxicomanie. Drogues : savoir plus, risquer moins. Éd. québécoise. ed. Montréal: Stanké; 2003.
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2000 August 1, 2000;131(8):1137-43.
5. Olesinski M. Une bonne santé bucco-dentaire pour lutter contre les addictions. Psychotropes. 2009;Vol. 15(2009/2):128.
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29. TOMAR SL. Dentistry’s role in tobacco control. J Am Dent Assoc. 2001 November 1, 2001;132(suppl_1):30S-5.
Être membre de la Société dentaire de Montréal, c’est :
• Accumuler des unités exigées par l’Ordre des dentistes en assistant gratuitement aux conférences
• Repas du midi ou du soir offerts gratuitement lors des conférences
• Site d’emploi disponible sans frais pour afficher un poste et rechercher des employé(e)s
Nom : Prénom :
Adresse de correspondance :
COÛT DE LA COTISATION ANNUELLE
Adresse (suite) :
Tél. bureau : Télécopieur :
Tél. résidence :
Courriel :
Payé par :
Chèque
Mastercard
Visa
Dentiste de 65 ans et plus
300,00 $
Dentiste diplômé depuis
moins d’un an
300,00 $
Hygiéniste
350,00 $
4730 rue Messier, Montréal (Québec) H2H 2J1
Signature :
Info-Société
500,00 $
S.V.P. libeller votre chèque à l’ordre de la Société
dentaire de Montréal et le poster, accompagné
du présent formulaire dûment rempli au :
Date d’expiration
21
Dentiste diplômé depuis une
année ou plus, mais âgé(e) de
moins de 65 ans
Société dentaire de Montréal
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Voici les adresses de nos divers lieux de conférence
CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES
DE LA SOCIÉTÉ DENTAIRE DE MONTRÉAL
CALENDRIER DES ACTIVITÉS PRINTEMPS 2012
Vendredi 16 mars 2012 - Journée (6 unités)
Tournée de l’ODQ
Conférencier :
Dre Stéphane Schwartz ou Dr Duy-Dat Vu
Sujet :
Dentisterie pédiatrique
Lieu :
Le Nouvel Hôtel
Le Nouvel Hôtel
1240 René-Lévesque Ouest à Montréal
Tél. : 514 931-8841
Henry Schein
3403 rue Griffith à Ville St-Laurent
Tél. : 514 337-3368
AVIS
1. Politique de l’Ordre des dentistes. L’article 4.2A stipule que : «Pour toute activité de formation continue se déroulant sur le
territoire du Québec, chaque dentiste doit posséder sa carte de formation continue et la présenter lors de l’activité afin de
pouvoir obtenir ses unités de formation».
2. Note : Ceux qui veulent souper lors des rencontres doivent obligatoirement confirmer leur présence selon les indications écrites
dans le programme scientifique ou les avis que la SDM vous adresse.
NOTE :
Vous n’êtes pas dans la région de Montréal ou vous ne pouvez pas vous déplacer pour assister à nos conférences ?
Mardi 24 avril 2012 - Soirée (3 unités)
Conférencière :
Dre Rania Azzi
Sujet :
Revue de produits et d’instrumentation en hygiène dentaire
Lieu :
Le Nouvel Hôtel
Grâce à nos e-conférences, disponibles sur notre site web, vous pouvez vous perfectionner et accumuler des unités
de formation tout en étant tranquillement installés dans votre salon ou à votre cabinet.
Les formations sont disponibles aux coûts de 45 $ pour les membres de la Société dentaire de Montréal et de 125 $
pour les non-membres.
NOUVEAU ! LES URGENCES MÉDICALES EN CABINET DENTAIRE
e-conférence gratuite pour membre et non-membres!
Cette e-conférence est offerte en partenariat avec l’Ordre des dentistes du Québec
Mardi 8 mai 2012 - Soirée (3 unités)
Assemblée générale et conférence
Conférencière :
Rose-Ange Proteau
Sujet :
Prévenir et réduire les douleurs
Lieu :
Le Nouvel Hôtel
Conférencier : Dre Sophie Labelle - Unités : 6
Résumé de la formation : Cette présentation permet aux participants de se familiariser avec les urgences médicales
les plus susceptibles d’arriver en milieu dentaire et de développer une réponse efficace à une urgence médicale,
entre autres les problèmes d’ordre cardiaque, glycémique, allergique, etc. Pour atteindre cet objectif, des urgences
seront détaillées tout en faisant une revue des médicaments de la trousse d’urgence recommandée par l’Ordre des
dentistes du Québec. Une attention particulière sera apportée sur la prévention de ces urgences médicales. De plus,
des protocoles pouvant aider lors d’urgences médicales seront suggérés afin d’aider l’équipe dentaire à bien gérer
le stress venant d’une situation d’urgence. Des points particuliers pour une bonne organisation en vue d’urgence
seront apportés afin de faire prendre conscience des embûches potentielles que réserve le milieu dentaire.
Rendez-vous sur notre site web au http://www.sdmtl.ca/pages/Education.html
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Info-Société
Société dentaire de Montréal
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Info-Société