Comment peut-on favoriser l`intégration et l`autonomie des enfants

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Comment peut-on favoriser l`intégration et l`autonomie des enfants
Comment peut-on favoriser l’intégration et
l’autonomie des enfants déficients visuels au sein de
l’école ?
Comportement de l’enfant
Professeur : Christian Gautellier
Année 2006/2007
Aurélie LEBARS
Laurent PELTIER
Master 2 Management des Produits de l’Enfant
1
En France, les aveugles représentent environ un français sur 1000 et 1% de la
population est malvoyante. Leur principal outil de lecture et d'écriture reste le braille, inventé
il y a près de deux siècles. Cependant, le développement de l'informatique et des nouvelles
techniques numériques ces dix dernières années ont fondé de nouveaux espoirs dans les
perspectives de communication pour les personnes handicapées visuelles, notamment pour les
enfants, qu'ils soient scolarisés en écoles spécialisées ou non.
En effet, l'accès à la documentation et aux supports pédagogiques reste une carence
importante pour les élèves déficients visuels. La déclaration universelle des droits de
l’homme précise pourtant que "Toute personne à le droit à l’éducation. ». L'apprentissage de
l'élève aveugle ou mal voyant reste soumis à l'accès à l'information dont il bénéficie.
Dans le cadre de notre étude, nous nous demanderons quelles mesures peuvent être
mises en place afin de favoriser l'autonomie et l'insertion des enfants mals et non voyants au
sein des écoles.
Afin de répondre à cette question, nous structurerons ce dossier en trois parties. Dans
un premier temps, nous étudierons la place des enfants handicapés visuels dans la vie scolaire.
Ensuite, à travers une analyse de logiciels et de CD-DVD Rom adaptés à leur déficience, nous
analyserons comment ces outils peuvent favoriser leur autonomie et quelles sont leurs limites.
Enfin, nous verrons si Internet peut répondre au besoin de communication et d'intégration des
élèves déficients visuels.
2
I - HANDICAP, SCOLARISATION ET INTEGRATION
Avant d'étudier les dispositifs mis en place pour favoriser l'insertion des enfants
handicapés dans les écoles, nous allons définir ce qu'est la déficience visuelle.
A) Le handicap visuel chez l’enfant
1) La notion de handicap
Selon la classification internationale des handicaps émanant de l’organisation mondiale
de la santé (OMS), la notion de handicap chez l’enfant est analysée selon trois niveaux :
♦ La déficience qui correspond à une détérioration d’une structure ou d’une fonction
physiologique, psychologique ou anatomique.
♦ L’incapacité qui est une réduction partielle ou totale de la capacité d’accomplir une activité.
♦ Le désavantage, conséquence de la déficience ou de l’incapacité sur les conditions d’insertion
sociale, particulièrement vraie pour le cadre scolaire.
Les handicaps se classent en 5 catégories. L’une d’elles correspond aux Handicaps
d’origine sensorielle qui concernent essentiellement les déficiences auditives et visuelles.
C’est justement sur cette catégorie, la déficience visuelle, que va porter notre étude.
Cependant avant d’aller plus loin, il est important de bien comprendre de quoi l’on parle. La
déficience visuelle peut recouvrir des déficits très divers : perte d’acuité visuelle (faculté de la
vue à distinguer des détails très fins), difficulté à percevoir les couleurs, photophobie
(hypersensibilité de la rétine), vision tubulaire (rétrécissement progressif du champ visuel).
Mais, la déficience visuelle fait l’objet d’une définition officielle, de caractère
réglementaire1. On distingue ainsi :
-
- la malvoyance : acuité visuelle comprise entre 1/20 et 4/10 pour le meilleur œil, après
correction.
- la cécité : acuité visuelle inférieure à 1/20 pour le meilleur œil après correction.
1
Source : Ministère de la santé
3
2) Quelques chiffres
De nombreuses évaluations chiffrées concernant les déficients visuels existent mais elles
sont parfois floues. En effet, personne actuellement, ni dans les ministères, ni dans les
administrations, n’est capable de donner des chiffres précis concernant les enfants déficients
visuels Les chiffres suivants concernent la situation en France, et sont donc à prendre avec
beaucoup de précautions.
- 5 100 000 : nombre de personnes handicapées (7,5 % de la population totale)2
- 1 139 000 : nombre de personnes (adultes et enfants) aveugles ou malvoyants3.
- 250 000 : nombre d’enfants et adolescents handicapés scolarisés. 4
- 11 000 : nombre d’enfants handicapés visuels scolarisés (toutes écoles confondues, spécialisées
ou ordinaires). 5
Ces enfants déficients visuels bénéficient de droits favorisant leur intégration dans les écoles.
B) Les textes sur la scolarité des enfants handicapés visuels
Plusieurs dispositifs favorisent l'intégration des enfants handicapés visuels :
1) La loi du 30 juin 1975
Depuis 1975, la loi française stipule que : « Les enfants et les adolescents handicapés
sont soumis à l’obligation éducative ». Cela signifie que tout enfant qui présente un handicap,
quels qu’en soient la nature et le degré, doit bénéficier du droit à la scolarisation et à l’éducation.
Le droit à l’école pour tous découle tout simplement du « principe de non-discrimination ».
Cette loi du 30 juin 1975 en faveur des personnes handicapées a donc institué l’obligation
éducative pour les enfants et adolescents handicapés. Elle a fixé comme objectif prioritaire
leur intégration en milieu scolaire ordinaire.
2
Source : Insee
Source : drees : direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. « Etudes et résultats »,
n° 416, juillet 2005
4
Source : Le Monde 16/10/06
5
Source : Numéro spécial de « Réadaptation », n°455
3
4
2) La loi du 11 février 2005
La loi pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées » du 11 février 2005 apporte des évolutions importantes afin de répondre
aux attentes des personnes handicapées. Toute personne handicapée a le droit « à la solidarité de
l’ensemble de la collectivité nationale ». Cette politique volontariste concrétise notamment un
principe fort : l’accessibilité généralisée pour tous les domaines de la vie sociale et
notamment pour l’éducation.
Ainsi, le droit d’inscrire à l’école tout enfant qui présente un handicap constitue une des
évolutions fondamentales de la loi. Celle-ci reconnaît la responsabilité de l’éducation nationale
vis-à-vis de tous les enfants et adolescents.
♦ La scolarisation en milieu ordinaire est posée comme principe. Les établissements répondent
aux besoins de l’élève par l’intermédiaire d’aménagements d’horaires ou de « projet
personnalisé ». Les éventuels surcoûts dus au transport de l’élève vers un établissement autre
que celui de référence sont à la charge de la collectivité locale compétente.
♦ La scolarisation en établissement médico-éducatif peut être plus adaptée aux besoins de
l’enfant et est ainsi proposée par la commission des droits et de l’autonomie des personnes
handicapées aux parents.
♦ Le projet personnalisé de scolarisation est mis en place en réponse aux besoins de l’élève,
une fois une évaluation de ses compétences réalisée par l’équipe pluridisciplinaire.
♦ L’égalité des chances lors des concours et examens. Les élèves présentant un handicap
bénéficient d’aménagements nécessaires, sur avis d’un médecin spécialisé (majoration de temps,
conditions matérielles, aides techniques).
5
3) La charte HANDISCOL’
HANDISCOL’ est un organisme placé sous l’égide du ministère de l’éducation nationale,
du ministère délégué à la famille, à l’enfance et aux personnes handicapées et au ministère de
l’emploi et de la solidarité. HANDISCOL’ est destiné aux familles d'enfants handicapés ou
malades, souvent en difficulté face aux problèmes de scolarisation, ainsi qu'aux enseignants qui
interviennent auprès de ces enfants et adolescents. Il permet d’identifier l’ensemble des mesures
ou dispositifs (plan de scolarisation, cellules d’écoute, guides, groupes départementaux,) mis en
place depuis 1999 pour favoriser la scolarisation des enfants et adolescents handicapés en
milieu scolaire ordinaire (école, collège, lycée).
Ainsi, en France, une charte a été élaborée avec comme objectif principal que
l'intégration de toutes les différences soit une chance pour l'école et une leçon de citoyenneté
pour tous. Cette charte résume en dix points (voir annexe I) les grandes ambitions du groupe
HANDISCOL’ en matière d’intégration scolaire d’enfants handicapés.
C) L’intégration scolaire chez les enfants handicapés
L’intégration scolaire des enfants handicapés est régie par la loi. L’objectif est de
maintenir l’enfant handicapé dans un milieu ordinaire chaque fois que possible. Cependant, en
pratique, les dispositions réglementaires sont rarement respectées et l’intégration reste souvent
un combat quotidien. Avant 6 ans, les jeunes enfants handicapés ne sont pas soumis à
l’obligation scolaire, au même titre que les enfants valides. Ils peuvent être accueillis dans des
établissements et services d’accueil : crèches, haltes-garderies.
1) Les Classes d’intégration scolaire (CLIS)
Dans certaines formes de handicaps, le recours à des classes ou à des établissements
spécialisés est parfois nécessaire. L’éducation nationale dispose de classes spécialisées
compatibles avec des soins qui peuvent être conduits. Il s’agit dans le primaire des Classes
d’Intégration Scolaire (CLIS) réparties en quatre catégories selon la nature du handicap :
-
CLIS 1 : handicap mental
-
CLIS 2 : handicap auditif
-
CLIS 3 : handicap visuel
-
CLIS 4 : handicap auditif
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2) Les formes de l’intégration scolaire d’un enfant déficient visuel…
Concrètement, les formes de l’intégration scolaire d’un enfant déficient visuel sont
variées. En effet, l’intégration peut être individuelle ou collective. Elle peut se faire dans une
classe ordinaire ou spécialisée et à temps plein ou partiel. Le processus d’intégration doit être
dynamique. Ainsi, la formule du temps partiel peut constituer une étape vers une intégration à
temps plein. L’intégration collective en « classe spéciale » d’enfants présentant les mêmes types
de handicaps peut, quant à elle, conduire à une intégration individuelle en classe ordinaire,
notamment avec le soutien d’auxiliaires d’intégration scolaire. Cependant, la chose la plus
importante à retenir ici est qu’il n’y a pas d’intégration idéale. Chaque cas est à considérer de
manière individuelle. En effet, la scolarisation doit se faire en fonction de l’enfant, du degré de
son handicap, de sa personnalité, de ses motivations. Ainsi, son avis doit être pris en compte au
même titre que ceux de ses parents et des spécialistes qui s’en occupent dans le choix d’une
forme de scolarisation.
3) …Pour une intégration positive et stable
Une intégration positive et stable peut supposer aussi le concours d'intervenants
extérieurs, spécialisés dans l'orientation scolaire et l'utilisation des nouvelles technologies
(informatique notamment). L'orientation choisie pour l’enfant déficient visuel peut conduire
celui-ci à commencer ou poursuivre sa scolarité dans un établissement d'éducation spécialisé ou,
au contraire, à viser son intégration dans des classes ordinaires. Cette intégration des jeunes
déficients visuels a sensiblement évolué ces dernières années. Autrefois, le placement dans des
établissements spécialisés était quasiment systématique, puis lui a succédé dans les années 1970
une volonté d'intégration à tout prix. Aujourd'hui les attitudes rigides semblent se réduire.
Enfin, même si l’enseignement adapté reste la voie la plus répandue pour les jeunes
déficients visuels, l’intégration en milieu ordinaire se démocratise depuis une quinzaine
d’années. Mais elle reste un projet complexe dont la réussite est encore conditionnée à la bonne
volonté des parents et des professionnels.
Afin de favoriser l'intégration des enfants déficients visuels dans les écoles, des
supports numériques se développent et tentent de répondre à leurs besoins spécifiques.
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II - CD-ROMS, DVD-ROMS ET LOGICIELS
A) Les cd-rom et dvd-rom
Le CNEFEI (Centre National d'Etudes et de Formation pour l'Enfance Inadaptée) de
Suresnes dispose d’un Service de Documentation Adaptée pour Déficients Visuels (SDADV).
Ce service a notamment pour mission la conception d’outils et de supports didactiques
adaptés dont l’usage se justifie dans le cadre d’une scolarisation en établissement spécialisé ou
en intégration dans un établissement ordinaire. C’est une des tâches ou le SDADV est le plus
investi.
Ainsi, il est intéressant et pertinent de prendre un exemple précis de cd-rom. En effet, cela
va permettre de mieux
comprendre comment un outil comme le cédérom peut favoriser
l’intégration et l’autonomie d’un enfant déficient visuel en milieu scolaire. Nous prendrons le cas
du cd-rom TACTIMAGE.
1) « TACTIMAGE », un outil au service
de l’intégration des élèves déficients
visuels.
Ce cd-rom a été conçu par le SDADV en 2003. TACTIMAGE est ainsi un outil
documentaire adapté, relatif au programme d’histoire de 6e. L’idée qui a présidé à la
conception du produit est simple : mettre à disposition, sous une forme facilement diffusable
(le Cédérom) une base de données iconographique. Les images stockées sur le support
électronique peuvent être imprimées sur un papier thermo-gonflable pour les élèves aveugles,
et en noir agrandi pour les élèves malvoyants.
Le cd-rom contient 120 documents graphiques déclinés en noir et en relief.
L’ensemble des documents a été défini selon deux critères : le premier implique que cet
ensemble de documents doit répondre aux objectifs du programme de la classe de 6eme.
Le second suppose que les documents ont été choisis pour leur valeur culturelle dans la
formation des jeunes déficients visuels.
La base de données iconographique est donc organisée simplement par périodes (voir
page ci-après), puis dans chaque période par thèmes (préhistoire, Egypte ancienne…).
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Figure 1 : Choix de la période
Figure 2 : Choix du document
La navigation dans la base est donc fort simple : il s’agit de choisir une période,
puis un thème, enfin le document final. L’interface de navigation possède un retour vocal,
elle est compatible avec des logiciels d’agrandissement (zoom) et avec des logiciels de
revue d’écran (ex : logiciel Jaws, voir partie II, B). Les documents présentés sont conçus
pour des élèves déficients visuels, aveugles et malvoyants. Ils sont destinés à être produits en
relief et en braille pour les non-voyants ou certains élèves très malvoyants, en noir et en
caractères agrandis pour les élèves possédant des restes visuels suffisants pour les utiliser
même partiellement.
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Figure 3 : Document relief
Chaque document (carte, plan, dessin, chronologie, etc…) est accompagné d’un guide
de lecture en braille et en gros caractères. Ce guide a pour objet principal d’aider l’élève
déficient visuel dans sa découverte du document en lui indiquant les éléments essentiels
(nomenclature, trames, symboles, etc.). Ainsi, l’élève déficient visuel peut de lui-même
retrouver certains indices graphiques non perçus lors d’une première lecture. De plus, le
guide peut entraîner l’élève dans sa découverte. Il peut aider également l’enseignant en
précisant les choix faits par les concepteurs du cd-rom (contenu de l’information, procédés
graphiques utilisés). Les documents en noir et en gros caractères peuvent être également
utilisés par les élèves n’ayant pas de problèmes visuels particuliers, ce qui fait du, un cdrom outil favorisant l’intégration.
Chaque document comprend donc deux à trois pages : le guide, le dessin et
éventuellement une légende. Le tirage s’effectue à partir du logiciel Acrobat Adobe par la
seule frappe de la commande Ctrl-p sur une imprimante. Le choix de cette imprimante
est important car certaines d’entre elles permettent d’une part l’impression directe sur papier
thermo-gonflable sans photocopie et d’autre part l’impression couleur. Les textes des guides
de lecture (stockés sur le cd-rom au format.txt) peuvent également être embossés6 selon les
besoins.
6
Embosser = imprimer des textes d'un fichier informatique en écriture braille.
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Figure 4 : Tirage des documents électroniques du cd-rom
2) Le CD-ROM, le DVD-ROM, outils d’intégration et d’autonomie
On a pu constater à travers l’exemple du Cd-rom TACTIMAGE, que l’information
peut être présentée sur des supports informatiques intégrant du texte, des images et des
sources sonores. L’enfant peut ainsi lire plus facilement les documents. D’autre part, l’enfant
va à son rythme, il est « le seul maître à bord ». Il est complètement autonome, même si la
présence d’un enseignant est nécessaire à proximité. La navigation est très facile. Cela permet
ainsi à l’enfant, de se sentir « capable », de prendre confiance en lui, de prendre des initiatives
malgré le handicap, et donc, d’accepter son handicap. Il dispose d’une aide vocale, de
documents d’appui en braille et/ou en gros caractère. Cela lui permet une compréhension
optimale des documents. Ces derniers, pouvant être utilisés par les autres enfants de la classe,
procure au Cd-rom un outil d’intégration à pat entière.
3) Les limites et les recommandations à apporter
Le prix de ce cd-rom n’est pas un problème en soi car il est vendu à un prix de 60€, ce
qui est relativement abordable. Cependant, une des principales limites du cédérom, pour
l’école, est que son utilisation nécessite la possession d'un matériel complémentaire. En
effet, l’école doit être dotée tout d’abord d’un logiciel de revue d’écran comme le logiciel
Jaws ou bien d’un logiciel d’agrandissement, afin que l’utilisation de Tactimage soit efficace.
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L’école doit également posséder une imprimante thermo-gonflable afin de permettre à
l’enfant de garder une trace écrite de ses travaux ou recherches. L’ensemble du matériel
constitue un coût non négligeable pour l’école, surtout si celle-ci supporte seule ce coût.
Afin de rendre plus accessible ce matériel aux écoles et mieux répondre aux besoins
des enfants, il serait intéressant d’obtenir des subventions de la part des collectivités.
Cependant, les parents et plus largement les enfants font des démarches de manière
individuelle, démarches qui ne donnent généralement pas grand chose. Aussi, il serait
pertinent que les écoles qui rencontrent ce problème, se réunissent en un comité afin d’obtenir
des prix préférentiels auprès des fabricants.
Après avoir étudié le cas du cd-rom Tactimage, nous allons nous intéresser à l'étude de
deux logiciels adaptés aux déficients visuels, qu'il s'agisse d'enfants ou d'adultes.
B) Les logiciels
Nous pouvons classer les logiciels pour mal et non voyants en trois catégories :
lecteurs d’écran braille, synthèse vocale, grossissement de caractères. Nous allons nous
attarder sur deux logiciels : Jaws et Naturally Speaking.
1) Le logiciel de lecture d'écran Jaws (Edité par Freedom Scientific en partenariat
avec Microsoft)
Jaws est un logiciel de revue d'écran screen reader, qui transforme un texte affiché
sur un écran en un texte oral ou un texte en braille. Ce logiciel a été conçu en 1989 et une
nouvelle version est disponible tous les deux ans environ. C'est sans doute le logiciel le plus
connu et le plus efficace actuellement.
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♦ Comment le logiciel Jaws favorise t-il l'insertion des enfants déficients visuels ?
Ce logiciel favorise l'utilisation de l'ordinateur par les aveugles et les mals voyants. Il
permet à leur utilisateur de surfer sur le Web et de naviguer dans les diverses applications
de l'ordinateur. Il fournit aussi un support pour les équipements braille et est équipé d'une
synthèse vocale intégrée. Le logiciel est associé à du matériel (haut-parleurs, synthèse vocale,
etc.) pour interpréter le texte et les images qui apparaissent sur l'écran. Ces données sont
ensuite restituées vocalement. La barrière visuelle n'est donc plus perçue comme une
difficulté car l'ensemble des informations sont retransmises.
♦ Limites et recommandations
L'utilisation de Jaws pour la navigation Internet n'est pas encore très performante. En
effet, certains sites ne permettent pas une lecture complète car ils ne sont pas adaptés à
l'utilisation du logiciel. Par ailleurs, Jaws reste cher à l'achat, il faut compter plus de 1000 €
pour se procurer ce logiciel.
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2) Le logiciel de reconnaissance vocale Dragon Naturally Speaking
Dragon Naturally Speaking est un logiciel de dictée et de commandes vocales
commercialisé par ScanSoft. Ce logiciel de reconnaissance vocale convertit, par
l'intermédiaire d'un microphone, la voix de l'utilisateur en commandes qui sont envoyées au
système d'exploitation, remplaçant ainsi le mouvement de souris ou la frappe du clavier. Il est
également possible de convertir un enregistrement vocal en texte à partir d'enregistreurs
numériques comme les Pocket Pc.
♦ Comment le logiciel Naturally Speaking favorise t-il l’intégration et l’autonomie ?
L'utilisateur peut dicter du texte, effectuer des corrections, piloter les logiciels à la
voix. De plus, les déficients visuels peuvent écouter les textes qu'ils dictent afin de vérifier
que la reconnaissance vocale est juste. Or, le taux de reconnaissance est égal à 99%, ce qui
rend l'application précise. En effet, des progrès ont été faits en termes de détection de voix.
On peut noter que ce logiciel a reçu une certification du département américain de la
Santé, et est donc considéré comme un outil d'aide à l'autonomie des personnes invalides.
La durée d'apprentissage est très rapide, il faut compter environ une dizaine de
minutes. Les problèmes de précision dans la transcription de la parole sont faibles (inférieur à
1%). Dragon Naturally Speaking fonctionne avec les logiciels les plus utilisés (Word, Excel,
Powerpoint, Outlook) et peut même être utilisé via Internet Explorer. Par ailleurs, ce logiciel
est capable de mémoriser les commandes orales (Ex : mettre en gras).
♦ Limites et recommandations
La version standard coûte 99 € et la version professionnelle dans laquelle le
vocabulaire est beaucoup plus vaste est au prix de 950 €, ce qui est évidemment cher. De plus,
tout ce qui est diffusé sous forme d'image reste muet pour les utilisateurs. Par ailleurs, le
logiciel de reconnaissance vocale à une utilisation moins vaste que les logiciels de revue
d'écran comme Jaws.
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3) Limites et avantages des logiciels de synthèse vocale
Des améliorations peuvent être apportées aux logiciels de synthèse vocale, notamment
en termes de qualité des voix. Par ailleurs, le principal inconvénient par rapport au braille est
la non restitution de l'orthographe. Cependant, l'avantage de ce type de logiciels est qu'il ne
mobilise pas les mains et nécessite peu d'apprentissage. De plus ils permettent une prise de
connaissance rapide du texte.
Les logiciels permettent de favoriser l'accès à l'information mais également à la
communication à des enfants qui sans ces outils risqueraient de se replier sur eux-mêmes. De
plus, ces outils peuvent servir d'intermédiaire entre l'élève et l'enseignant puisque ce dernier
peut stimuler les capacités de compréhension de l'enfant.
Après avoir étudié l'utilité des Cd Rom et logiciels, nous allons prêter attention à
l'usage d'Internet par les enfants déficients visuels.
III – INTERNET
Aujourd'hui les écoles utilisent de plus en plus Internet afin de diversifier les supports
utilisés en classe. Nous allons voir à présent comment Internet peut favoriser l'intégration des
handicapés visuels.
A) Internet, un outil au service de l'information
1) Comment lire une page Internet ?
Afin de « surfer » sur Internet, l’école où est scolarisé l’enfant doit utiliser un
navigateur qui est un programme d’accès aux sites Internet. On distingue ainsi, deux types de
navigateurs :
- les navigateurs classiques : Ce sont ceux utilisés par les voyants. Avec l’aide d’un logiciel
d’accès qui permet de diriger le matériel spécifique que constitue la plage braille ou la synthèse
vocale, il est possible d’utiliser un programme de navigation. Internet Explorer ou Netscape
Navigator sont les deux principaux navigateurs utilisés.
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- les navigateurs spécifiques : Ils ont une double fonction : piloter le matériel spécifique et
surfer. Cela signifie que l’école n’a pas besoin de logiciel d’accès comme Jaws, pour utiliser ce
type de navigateurs. BrailleSurf, développé par l’INSERM7, est un de ces navigateurs.
2) Un matériel spécifique pour une utilisation concrète en classe
A la question « Est-il possible pour un enfant déficient visuel d’accéder à
Internet » ? », la réponse est oui. Techniquement, l’enfant, et plus largement les écoles
accueillant un enfant déficient visuel, disposent de tout le matériel nécessaire pour y arriver. En
effet, l’enfant peut tout d’abord utiliser une plage braille (document 1). Elle permet de faire
défiler le contenu qu’affiche l’écran. Ensuite, il peut utiliser une synthèse vocale (document 2).
Elle permet une lecture rapide d’un document. De plus, son coût est relativement faible. La
plage braille et la synthèse vocale sont complémentaires, c'est-à-dire qu’on peut les utiliser
conjointement. Enfin, un logiciel de grossissement des caractères peut également être utilisé.
Cela dépend du degré de handicap visuel de l’enfant.
Il est maintenant intéressant de connaître concrètement la manière dont l’enfant utilise
Internet au sein de sa classe. L’enfant déficient est assis devant son écran d’ordinateur. Dès
qu’il a tapé l’adresse du site qui l’intéresse ou sur lequel il doit travailler, il pose sa main sur le
second clavier, plus petit, rajusté au dessous du premier. Il effleure la plage braille, 20
centimètres de petits points en relief, qui lui restaure toutes les informations de l’écran.
La synthèse vocale peut aussi l’aider en lui lisant doucement ou plus rapidement le
contenu de la page. L’enfant se sert ainsi d’un casque afin de ne pas déranger les autres élèves,
présents à proximité.
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Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
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Doc 1 : Une plage braille
Doc 2 : Une synthèse vocale
B) Limites et avantages de l'utilisation d'Internet par des déficients
visuels
1) Comment Internet favorise t-il l’intégration et l’autonomie ?
L’intégration dans la vie sociale commence à l’école. Ainsi, il faut veiller à rendre
Internet accessible aux déficients visuels. L’accès aux sites Internet est une véritable bouffée
d’oxygène pour eux. En effet, l’outil Internet confère une autonomie sans précédent et
représente un potentiel considérable qui donne accès aux enfants à des informations riches et
claires. Avec cet outil, l’enfant est libre et autonome ; il peut lire seul n’importe quel
document. Il est ainsi moins dépendant des autres élèves de la classe. Cependant, la présence
d’un adulte à proximité de lui est nécessaire. En apportant l’information à l’enfant, Internet peut
lui transformer la vie scolaire, la faciliter. Cet outil le met en confiance et facilite ainsi son
intégration au sein de sa classe car il fait la même chose que ses camarades, valides.
2) Les limites de l'accès à Internet
L’accès à Internet étant possible, il est légitime de se demander si toutes les
informations sont accessibles via du matériel adapté. Tout d’abord, la toute première limite
d’Internet est le prix du matériel spécifique nécessaire à l’utilisation de cet outil. En effet,
celui-ci est très élevé. A titre indicatif, le prix d’une plage braille varie entre 4 000 et 10 000€.
Ainsi, les écoles ne peuvent supporter, seules, le coût de ce matériel.
De plus, même si
l’informatique simplifie considérablement le travail des enfants déficients, il ne remplace pas le
support papier mais le complète.
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Une autre limite concerne les sites Internet à proprement parler. En effet, aujourd’hui
il est important de noter qu’un grand nombre de sites Internet ne sont pas accessibles aux
déficients visuels. Cela signifie qu’ils ne sont pas susceptibles d’être lus par une synthèse
vocale ou une plage braille, alors que cela ne demande qu’un aménagement technique assez
simple. De plus, certains sites Internet sont à la limite du lisible (même parfois pour les
voyants), tellement les pages sont chargées de liens, d’animation et autres gadgets multimédias.
Ainsi, l’architecture du site, c'est-à-dire l’agencement des pages du site entre elles, peut
constituer un obstacle considérable.
Enfin, une dernière limite concerne l’apprentissage par l’enfant. En effet, il faut du
temps pour que l’enfant assimile correctement l’outil Internet. Ainsi, il a besoin, du moins au
départ, d’une aide extérieure d’une personne voyante (enseignant, personnel spécialisé…). Les
professeurs des écoles ne sont pas forcément formés à enseigner au public non ou mal voyant.
3) Quelques recommandations…
Commercialement, le développement d’un site accessible ne prend pas plus de temps
que le développement d’un site qui ne prendrait pas cette problématique en compte. En résumé :
pas de surcoût, pas de déficit au niveau de la convivialité du site. Le handicapé visuel n’est
donc pas hors course pour naviguer sur Internet. Cependant, un effort doit être fait, par les
concepteurs de sites Internet, afin de les rendre plus accessibles aux déficients visuels. Des
projets sont d’ores et déjà en cours afin de répondre à cet objectif. Par exemple, l’association
Braillenet vise à encourager le développement de sites plus accessibles. L’accessibilité est
ainsi aujourd’hui devenue une véritable problématique avec laquelle il faut compter.
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Conclusion
Bien que les écoles aient mis en place une réglementation afin de favoriser
l'intégration des handicapés mal et non voyants, l'autonomie n'est pas toujours facilitée au sein
de la classe. En effet, tout dépend de la volonté des professeurs et de la force de conviction
des parents.
Les supports numériques occupent une place de plus en plus importante dans l'univers
de l'enfant. Par ailleurs, son utilisation tend à augmenter dans les milieux scolaires. Or, leur
développement dans les écoles, qu'elles soient spécialisées ou non, peuvent faciliter l'accès
des handicapés à l'information. En effet, l’outil informatique bouleverse les modalités de
lecture et d’écriture pour les enfants déficients visuels. De plus, l’accès à Internet, par
l’intermédiaire de logiciels de navigation spécialisés, leur permet l’accès à une information
autonome qu’ils ne pourraient obtenir par les moyens classiques.
Bien que cela puisse paraître paradoxal, les supports numériques peuvent donc
permettre l'intégration des handicapés visuels. Ainsi, il semble nécessaire de mettre ces
nouvelles technologies à portée de tous. Cependant, les créateurs de cd-rom et dvd-rom
doivent prendre en compte les handicaps dans la conception de ces outils. De même, les
parents doivent être informés des dangers de l'utilisation d'Internet. Ainsi, des enjeux éthiques
apparaissent car il est nécessaire de protéger ce public, particulièrement vulnérable.
S’il faut rappeler le coût financier des nouveaux outils informatiques, il est important
de signaler le continuel effort de formation des élèves et de leurs enseignants. Ainsi,
l’informatique doit être enseignée le plus tôt possible pour que la qualité de l’intégration soit
au rendez-vous. Par ailleurs, il est primordial de sensibiliser les pouvoirs publics sur l’apport
considérable des supports numériques dans l’intégration d’enfants déficients visuels.
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