Chapitre 5 La diversité culturelle et l`action internationale

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Chapitre 5 La diversité culturelle et l`action internationale
Chapitre 5
La diversité culturelle
et l’action internationale
La diversité culturelle et l’action internationale
Le thème de la diversité culturelle est au cœur des préoccupations du ministère de la
Culture et de la Communication. Face aux risques de la mondialisation et à la menace réelle
de l’uniformité culturelle, la culture est une réalité à protéger et à développer. En effet, dans
le domaine de la création artistique, les mécanismes du marché ne garantissent pas la
pluralité de l’offre. C’est pourquoi la France souhaite que dans les négociations
commerciales la spécificité des biens et services culturels soit reconnue afin qu’ils ne soient
pas traités comme de simples marchandises. Il ne s’agit pas d’exclure du champ du
commerce international les biens et services culturels mais de donner aux États un cadre
juridique international approprié pour que chacun puisse accéder à un contenu culturel
diversifié.
L’adoption de la convention sur la diversité culturelle à
l’UNESCO
Le vote le 20 octobre 2005 par l'UNESCO de la Convention sur la protection et la
promotion de la diversité des expressions culturelles a constitué un succès majeur. En effet,
cette convention a été adoptée à la quasi unanimité (148 sur 154 pays membres) lors de la
session plénière de la 33e conférence générale de l’UNESCO.
La Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles affirme non seulement que la diversité des cultures est un principe fondamental,
mais comporte également des conséquences dans l'ordre du droit international et dans les
relations entre les États. En effet, cette convention, en donnant naissance à un nouveau droit
international de la culture, après le droit à l'environnement et le droit à la santé, marque une
nouvelle étape dans le combat pour une mondialisation maîtrisée. La France, après
l’impulsion donnée par le discours du Président de la république prononcé au sommet
mondial du développement durable du 3 septembre 2002, peut être particulièrement fière de
ce succès, auquel ce ministère a activement contribué.
Cette convention a des impacts multiples : conçue prioritairement pour défendre
l’exception culturelle en faveur des industries culturelles et audiovisuelles et pour préserver
les politiques de soutien à ces industries dans les négociations commerciales
internationales, la convention concerne aussi la coopération internationale et la dimension
culturelle du développement dans les pays les plus pauvres, et consacre le droit de chacun à
préserver son identité culturelle propre.
Désormais, l’ensemble de la politique culturelle doit prendre en compte ce principe de
préservation de la diversité culturelle. Dans le discours qu’il adressait à l’ensemble des
membres du réseau culturel français à l’étranger, le 19 juillet 2005, Renaud Donnedieu de
Vabres avait résumé ainsi la problématique : « Faire vivre la diversité culturelle résume
assez fidèlement l’ambition qui doit être la nôtre aujourd’hui. C’est une question identitaire
pour les personnes comme pour les civilisations : comment être soi parmi d’autres ? ».
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La « convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles » a pour objet de consacrer en droit la légitimité des politiques en faveur de la
protection et de la promotion de la diversité culturelle et a vocation à devenir un cadre de
référence pour les États et les autres organisations internationales. Elle permet ainsi d’établir
un équilibre entre les règles du commerce international et les normes culturelles qui ne
peuvent être subordonnées aux accords internationaux et doivent bénéficier d’un règlement
des différends efficace. Elle réaffirme la spécificité des biens et services culturels, souligne le
droit des États à mettre en œuvre des politiques culturelles pour préserver la diversité de la
production et de l’offre culturelle, renforce la coopération et la solidarité en faveur des pays
en développement. En effet, la diversité culturelle ne saurait justifier un repli sur soi sur une
identité fermée. Elle exige par nature l’ouverture aux autres cultures.
Les rencontres européennes de Paris (2-3 mai)
À l’initiative de Renaud Donnedieu de Vabres, les Rencontres pour l’Europe de la culture ont
rassemblé les 2 et 3 mai à la Comédie française les ministres de la Culture des vingt-cinq
États membres de l’Union et près de 500 artistes et intellectuels européens parmi lesquels
Jeanne Moreau, Michel Serres, Marianne Faithfull, Peter Brook ou Jorge Semprun.
Destinées à donner la parole aux artistes eux-mêmes, ces Rencontres ont été l’occasion de
débats et discussions multiples, foisonnants, contradictoires parfois, passionnés toujours.
Les plus hautes autorités européennes, le président du Conseil, Jean-Claude Juncker, et le
président de la Commission, José Manuel Barroso, ont rappelé que le traité constitutionnel
protégeait la diversité culturelle et les aides des États à la création et ont plaidé pour une
augmentation du budget consacré à la culture par l’Union européenne. Quinze ministres de
la Culture ont signé le 3 mai une déclaration commune posant le cadre d'une charte pour
l'Europe de la culture.
Les rencontres européennes de Budapest (17-19 novembre)
Après les Rencontres pour l’Europe de la culture à Paris, la Hongrie a souhaité à son tour
promouvoir l’idée d’une Europe unie autour de la culture.
Lors de l’ouverture de ces rencontres au Parlement hongrois, symbole de la démocratie et
joyau du patrimoine européen, Renaud Donnedieu de Vabres a souligné que la culture était
« plus que jamais au cœur du projet politique européen. C’est par elle que nos concitoyens
retrouveront le goût de l’Europe. » Le Ministre a par ailleurs proposé une série d’initiatives
concrètes et complémentaires des programmes européens, élaborées lors des Rencontres
de Paris par des artistes et professionnels de la culture. Il s’agit de constituer un groupe de
coopération avec les États membres disposés à apporter une contribution matérielle et
financière aux actions communes européennes :
semaine du cinéma européen
création d’un fonds de sous-titrage des œuvres théâtrales et musicales
mise en place d’un réseau de librairies européennes sur le modèle d’Europa Cinéma
projet de bibliothèque numérique européenne (qui a déjà le soutien de 6 chefs d’État et
de gouvernement)
5. création d’un label « Patrimoine de l’Europe » sur le modèle « Patrimoine de l’Humanité »
de l’Unesco
6. constitution d’un système d’inter-prêt de longue durée entre lieux de diffusion et
promotion de la création contemporaine en arts visuels
1.
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3.
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7. réalisation d’une plate-forme de musique européenne. Cette démarche a reçu le soutien
de la Commission européenne par la voix de M. Figel
La Déclaration de Madrid
Réunis les 11 et 12 juin à Madrid sous l’égide de Carmen Calvo, ministre de la Culture
espagnole, de Gilberto Gil, ministre de la Culture brésilien et de Renaud Donnedieu de
Vabres, plus de soixante-dix ministres de la Culture latino-américains, africains et européens
ou leur représentants, ont réitéré leur engagement à soutenir l’avant-projet de convention.
Dans la déclaration finale de la réunion de Madrid, ils confèrent à cette convention le même
rang juridique que d’autres accords internationaux, réaffirment la spécificité des biens et
services culturels qui ne sont pas des marchandises comme les autres, et souhaitent éviter
la subordination du projet de convention de l’UNESCO aux autres traités en vigueur. Le but
de la convention est que les règles de la concurrence et du marché intérieur n’interdisent pas
aux États de subventionner les biens et les services culturels.
La rencontre des ministres de la Culture de l’ASEM (Paris, 7-8 juin)
L’ASEM (Asia-Europe Meeting), enceinte intergouvernementale informelle de dialogue
politique entre l’Europe et l’Asie, est née en 1996 à la suite d’une initiative conjointe de la
France et de Singapour prise en octobre 1994. L’ASEM regroupe les 25 États membres de
l’Union européenne, les 10 États membres de l’Association du sud-est asiatique, la
République populaire de Chine, la République de Corée et le Japon.
La rencontre des ministres de la Culture de l’ASEM s’est tenue les 7 et 8 juin à Paris. Elle
rassemblait les délégations de trente-six pays et avait pour but de favoriser l’adoption de la
convention à l’UNESCO. Renaud Donnedieu de Vabres a souhaité favoriser le dialogue
interculturel entre les deux continents. Soulignant le rôle concret des réalisations de l’ASEM
dans les domaines des musées (ASEMUS) et du cinéma (SEA Images), le ministre de la
Culture et de la Communication a précisé que « les ministres de la Culture de l’ASEM ont
décidé de mettre en place un plan d’action en 15 points, parmi lesquels promouvoir les
échanges et encourager la circulation des spectacles, des expositions, des programmes
audiovisuels entre pays asiatiques et européens, faciliter le développement de coproductions
et de coopérations entre théâtres, centres d’art, musées et maisons d’édition ».
La rencontre de l’ASEM à Paris s'est déroulée au lendemain de la 3e réunion
intergouvernementale des experts de l’UNESCO. Celle-ci s’est terminée par l’approbation, à
la quasi unanimité des 130 pays représentés, d’un avant projet sur la protection et la
promotion de la diversité des expressions culturelles. En présence de Koïchiro Matsuura, le
directeur général de l’UNESCO, la réunion de l’ASEM a marqué un pas décisif vers
l’adoption de cette convention en octobre prochain.
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8e Réunion ministérielle annuelle du Réseau international sur la politique
culturelle (Dakar, 20-23 novembre)
La 8e Réunion ministérielle annuelle du Réseau international sur la politique culturelle (RIPC)
s’est déroulée à Dakar, au Sénégal, du 20 au 23 novembre 2005. 31 membres et des
représentants de 5 organisations internationales ont participé à cette réunion.
Mame Birame Diouf, Ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé du Sénégal et
président du RIPC en 2005, a présidé les discussions. La séance d’ouverture a permis aux
Ministres présents, aux chefs de délégations et à la représentante de l’UNESCO de
souligner l’importante contribution du RIPC à l’adoption de la Convention internationale pour
la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, ainsi que la nécessité
d’une entrée en vigueur et d’une mise en œuvre rapide. Ils sont revenus sur l’importance de
la coopération internationale, et ont discuté des enjeux et des défis liés à la diversité
culturelle sous l’angle de la cohésion sociale et du développement durable, ainsi que de
l’interaction entre la culture et l’économie.
Coopération européenne
Travaux spécifiques des Présidences du Conseil
Le Ministère a participé activement aux travaux du Conseil au cours des Présidences
luxembourgeoise (premier semestre) et britannique (second semestre). Par ailleurs, le
ministère a participé activement à la négociation, aux niveaux européen, national et régional,
de la future politique de cohésion économique et sociale pour la période 2007-2013 afin que
celle-ci prenne davantage en compte les thématiques culturelles et permette le financement
d’actions culturelles.
Accompagnement des opérateurs culturels sur les demandes de financements
européens
CULTURE 2000
En 2005, 47 opérateurs français ont bénéficié de ce programme. Les projets sélectionnés
représentaient les domaines suivants (par ordre d’importance) : patrimoine, spectacle vivant,
arts visuels, livre et lecture et traduction. Les opérateurs culturels français étaient chefs de
file de 16 projets et coorganisateurs de 31 projets.
La place de la culture dans la politique régionale européenne
Avec le soutien du Ministère et de la DATAR, le Relais Culture Europe et ses partenaires en
régions ont réalisé un site internet dédié à la thématique « Culture et politique régionale
européenne » : www.poles-rce.fr. Cet outil vise à fournir aux professionnels de la culture
une information claire et détaillée sur les enjeux et les modalités de participation et les
projets cofinancés par les fonds structurels.
Par ailleurs, une étude sur la coopération culturelle transfrontalière réalisée conjointement
par le Relais Culture Europe et la Mission Opérationnelle Transfrontalière a permis de mettre
en exergue le rôle que jouent les acteurs culturels locaux dans la coopération européenne.
Suite à cette publication, un séminaire a été organisé en mars 2005.
Avec le soutien du Ministère, de la DATAR et des régions Nord-Pas-de-Calais et Lorraine, le
Relais Culture Europe a conduit une étude/action, REGIOCULTURE, visant à permettre
d’inscrire la culture au sein de la politique de cohésion et de développement rural pour la
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période 2007-2013 en la positionnant comme un facteur de développement économique et
social des territoires. Dans le cadre de ce projet, un séminaire national s’est tenu à Paris en
octobre.
Les actions d’accueil et de formation
Les actions d’accueil et de formation
La politique d’accueil des artistes et des professionnels de la culture étrangers est l’une des
priorités du ministère en matière d’action internationale. En favorisant la constitution de
réseaux durables d’échanges, cette politique contribue au rayonnement international de la
France et à la promotion de la diversité culturelle.
En 2005, le programme « Courants du Monde » a réuni 126 professionnels provenant
d’une soixantaine de pays.
Dans le cadre de ce programme, les « Séjours culture » permettent à une quarantaine
d’invités de bénéficier pendant deux semaines de programmes individualisés de visites, dans
les domaines culturels qui les concernent.
Le stage Direction et gestion de projets culturels (réservé aux personnels recrutés locaux
des établissements du réseau français à l’étranger), les six « Stages culture » et le
Séminaire européen de conservateurs regroupent chacun entre quinze et vingt
professionnels pour des rencontres portant sur les pratiques et techniques muséales, les
industries culturelles, les politiques culturelles, le financement de la culture, la gestion de
projets en bibliothèque et les pratiques archivistiques.
Les voyages d’études bilingues s’adressent à des cadres culturels non francophones d’un
même pays et reposent sur un principe de réciprocité et de co-financement. En 2005, quatre
voyages d’étude ont été réalisés avec Israël (pour 5 architectes et urbanistes), les États-Unis
(pour 8 professionnels de la conservation, la protection et la valorisation du patrimoine), la
Chine (pour 14 professionnels du spectacle vivant et des arts visuels) et Taïwan (pour 5
responsables de l’organisation de festivals).
Le programme « Profession culture » a pour but de favoriser le développement de projets
de coopération entre établissements publics français et étrangers. En 2005, 25
professionnels étrangers ont été accueillis pour une durée moyenne de trois mois au Centre
Georges Pompidou, à la Cité des sciences et de l’industrie, au Parc de la Villette, à la Cité
de la musique, au Centre national de la danse, à la Bibliothèque nationale de France, à la
Bibliothèque publique d’information, à l’Institut national du patrimoine, à l’Institut national
d’histoire de l’art, à l’Opéra national de Paris, au Musée du Louvre et au Musée d’Orsay. Ils
ont bénéficié d’une bourse mensuelle et d’une offre d’hébergement.
Le programme « Odyssée », mis en œuvre par l’Association des centres culturels de
rencontre, permet d’offrir une bourse et une résidence à des artistes étrangers accueillis
dans un haut lieu du patrimoine français, sur la base de leur participation au projet artistique
ou culturel du site. En 2005, 45 artistes (auteur dramatique, scénariste, réalisateur,
photographe, musicien, compositeur) ont été accueillis en résidence au Moulin d’Andé, à la
Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, à l’Abbaye Royale de Fontevraud, à l’Abbaye
d’Ardenne, à l’Abbaye d’Ambronay, au Château de la Borie, à Lavoûte-Chillac, au Château
du Grand Jardin et au Domaine de Kerguehennec.
L’expertise
Les Rencontres Malraux s’adressent à des pays engagés dans une démarche de réforme
de leur politique culturelle et désireux de mieux connaître l’expérience française. En 2005,
trois rencontres ont eu lieu : en Macédoine (21-23 septembre) sur le mécénat ; en Ukraine
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(15-18 décembre) sur la protection et la rénovation des centres historiques ; au Royaume de
Bahreïn (20-21 décembre) sur la protection du patrimoine.
Les échanges bilatéraux
En Europe (voir aussi La coopération européenne)
Coopération franco-allemande
Le Ministre, en compagnie de Christina Weiss, secrétaire d’Etat allemand pour la culture et
les médias auprès du Chancelier, et de Waldemar Dabrowski, ministre de la Culture
polonais, ont lancé le « TRIDEM 2005 Paris-Berlin-Varsovie » le 1er mai à Paris. Cent jeunes
de France, d’Allemagne et de Pologne, âgés de 18 à 25 ans, se sont ainsi rendus entre le 1er
et le 12 mai 2005 de Paris à Varsovie, via Berlin, le long d’un itinéraire culturel basé sur des
relations anciennes et de nouveaux chemins pour l’Europe. Lors de chaque étape, de
nombreux événements culturels (concerts avec des orchestres venus des trois pays, cinéma
en plein air, etc.), des manifestations sportives, des visites et des échanges entre les jeunes,
des personnalités et des responsables politiques locaux ont permis aux jeunes participants
et au public de renforcer leur sentiment d’appartenance commune à l’Europe en cultivant la
mémoire commune, en fêtant ensemble et en se rencontrant.
Le Conseil des Ministres franco-allemand le 26 avril 2005 à Paris a permis au Ministre de
s’entretenir avec Christina Weiss, secrétaire d’Etat pour la culture et les médias auprès du
Chancelier ainsi qu’avec Peter Müller, ministre plénipotentiaire pour les relations culturelles
franco-allemandes.
Europe centrale
L’adhésion à l’Union européenne de huit pays d’Europe centrale le 1er mai 2004 n’a fait que
renforcer une coopération culturelle déjà riche : après la Hongrie en 2001, la République
tchèque en 2002 et la Pologne en 2004, c’est la Lettonie qui a été mise à l’honneur avec
Étonnante Lettonie (voir encadré).
Parmi les nombreuses manifestations concernant cette zone géographique, le ministère a
notamment apporté son soutien au Festival Passages de Nancy consacré au théâtre des
pays d’Europe centrale et orientale (mai), à la création d’une antenne régionale, basée à
Bucarest, du réseau « Banlieues d’Europe, à Patrimoine sans frontière pour son travail de
restauration des églises de Voskopojë (Albanie), à la Maison d’Europe et d’Orient et aux
Éditions Antoine Vitez pour leur travail (traduction, publication, diffusion) de promotion des
littératures de l’Europe du Sud-Est.
Le Ministre a inauguré après Budapest (décembre 2004), l’exposition Ombres et Lumières
– Quatre siècles de peinture française au musée du Château royal de Varsovie (18 mars)
et au musée d’Art national de Roumanie (Bucarest, 14 juillet, en présence du chef d’État
roumain M. Traian Băsescu). Cette exposition exceptionnelle rassemblait 118 chefs
d’œuvres de la peinture française du XVIIe au XXe siècle, issus des collections du Musée du
Louvre, du Musée d’Orsay, du Musée Picasso, du Musée national d’art moderne, du Musée
d’Art de Dijon, des musées de Strasbourg. Plus de 150 000 visiteurs se sont déplacés pour
cette exposition à Varsovie et 85 000 à Bucarest, affluence jamais atteinte depuis la
réouverture du musée en 1990.
Enfin, l’édition 2005 des Belles Étrangères, manifestation organisée par le Centre national
du livre, a mis la Roumanie à l’honneur (14-26 novembre) avec la participation de douze
écrivains roumains. La Russie a été l’invitée du Salon du Livre (18-23 mars).
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Dans le reste du monde
Afrique
Dans le cadre de la convention France-Unesco, l'élaboration des inventaires des patrimoines
sénégalais a obtenu un soutien afin d’assurer la mise en place d'un inventaire de gestion du
patrimoine culturel sénégalais. En 2005, le soutien à la Direction du patrimoine culturel du
Sénégal s’est également concrétisé à travers le montage du dossier de nomination des
cercles mégalithiques du Sénégal et de la Gambie.
Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient
Un programme de coopération a été signé entre la France et l’Algérie relatif à la datation
absolue des peintures et gravures de l’art rupestre saharien dans les régions du Tassili des
Ajjer, de l’Ahaggar et de l’atlas Saharien. Dans le cadre de la convention France-Unesco,
des partenariats concernent la sauvegarde et le développement des Ksours fortifiés de la
vallée du M'zab ainsi que la sauvegarde et la mise en valeur de la Kasbah de Béjaïa.
En Iran, l'action de soutien à la reconstruction du patrimoine bâti de la ville de Bam, détruite
lors d' un tremblement de terre le 26 décembre 2003, est entrée en phase opérationnelle
avec le concours du laboratoire CRA-terre de l' École nationale d'architecture de Grenoble.
Par ailleurs, dans le contexte de la préparation de l'ouverture du département des Arts de
l'Islam, le Louvre a multiplié ses contacts en vue de coopérations scientifiques en Arabie
Saoudite et dans les pays du Golfe.
Amérique
Suite au déplacement du ministre aux États-Unis en novembre 2005, le Ministère a décidé
d’apporter son soutien aux projets de reconstruction de la Nouvelle-Orléans après les
ravages de l’ouragan Katrina. Une mission de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des
monuments historiques et inspecteur général des monuments historiques, a permis de
définir une zone sur laquelle il serait possible d’intervenir dans le domaine du patrimoine
architectural. Un partenariat avec French Heritage society est envisagé.
Asie
La coopération entamée en 1993 entre la France et le Cambodge a été renforcée par la
poursuite de la mission des architectes des bâtiments de France concernant la réhabilitation
et la sauvegarde du site d’Angkor : les ABF formeront pour les deux années à venir les
personnels sur place pour faire en sorte que le site soit à terme géré par les Cambodgiens et
non plus par le dispositif international existant, mis en place par l'Unesco.
Dans le cadre de la convention France-Unesco, le temple de Preah Vihear, situé à la
frontière nord du Cambodge, a été proposé à l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial.
Parallèlement, en étroite collaboration avec le ministère de la Culture et des Beaux-Arts du
Royaume du Cambodge, les grandes lignes d'un plan de sauvegarde et de mise en valeur
du temple ont été définies.
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La promotion des cultures étrangères
La promotion des cultures étrangères en France s’inscrit dans la politique de soutien
à la diversité culturelle. Depuis plusieurs années la possibilité est donnée à un pays
étranger, invité officiel de la France, de présenter les différentes facettes de sa culture à
travers un ensemble de manifestations culturelles. En 2005, deux pays ont été à l’honneur :
le Brésil et la Lettonie.
Brésil Brésils, Année du Brésil en France (mars – décembre 2005).
L’Année du Brésil en France avait pour ambition de faire découvrir un pays à la fois savant et
populaire, un Brésil de la diversité et de la modernité, un Brésil pluriel décliné selon trois
thématiques :
« Raízes do Brasil », titre emprunté à l’œuvre de Sérgio Buarque de Holanda (1902-1982),
a exploré les Racines du Brésil à travers de grandes expositions sur les identités indiennes,
les sources africaines, les trésors du baroque et les inspirations de la musique populaire.
« Verdade tropical », expression empruntée à l’essai de Caetano Veloso publié en 1997, a
recherché cette Vérité tropicale dans l’organisation de nombreux concerts mêlant les genres
très variés des musiques brésiliennes, la tenue de colloques et de rencontres sur des
thèmes tels que la diversité culturelle, l’environnement ou encore la citoyenneté.
« Galáxias », en référence au texte d’Haraldo de Campos (1929-2003), a présenté les
Galaxies de la création contemporaines brésilienne dans les domaines de la danse, du
théâtre, des arts plastique, de la photographie et du cinéma.
Pour le 14 juillet, la place de la Bastille a accueilli un concert mémorable de Gilberto Gil,
ministre de la Culture, et d’autres artistes renommés : Lenine, Gal Costa, Daniela Mercury,
Jorge Ben Jr…, en présence du Président de la république M. Lula da Silva.
http://www.bresilbresils.org
Étonnante Lettonie (31 octobre – 10 décembre 2005).
Ce festival a fait découvrir la richesse et la vitalité de la culture d’un pays balte surprenant,
méconnu et récemment entré dans l’Union européenne. Parmi les événements, une
installation spectaculaire et emblématique de la culture lettonne, « Les pierres parlantes »,
présentée pendant une semaine à Paris, Strasbourg, Lyon et Bordeaux, ainsi que la visite
officielle de la Présidente de la République de Lettonie, Mme Vaira Vīķe-Freiberga, à
l’occasion du concert de la Maîtrise chorale de la Cathédrale de Riga à l’église Saint-Roch le
7 novembre.
http://www.etonnantelettonie.org
En 2005, le ministère a apporté son soutien à la quatrième édition de la Semaine des
cultures étrangères (26 septembre – 2 octobre) dont le thème était « Étrangement
proche ». Cette manifestation est organisée par le Forum des instituts culturels étrangers à
Paris (FICEP) qui regroupe 38 centres et instituts culturels étrangers.
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La Direction des musées de France
Les musées sont particulièrement actifs dans l’intense mouvement européen et
international des expositions. Dans une coopération culturelle mondiale indispensable à la
paix et à l’ouverture réciproque des civilisations, dans une construction européenne culturelle
indispensable à l’émergence d’une conscience politique commune des peuples de l’Union
européenne, les musées de France ont à jouer et jouent de fait un rôle capital.
Dans le cadre des années croisées France Chine-année de la France en Chine,
l’exposition du musée d’Orsay « Trésors impressionnistes des collections nationales,
françaises », après Pékin et Shangaï, a été présentée en 2005 à Hong-Kong et a connu un
gand succès (plus de 900 000 visiteurs au cours de ces trois étapes) tout comme « Louis
XIV, le Roi Soleil, Trésors du château de Versailles » du musée national des châteaux de
Versailles et de Trianon, présenté à la cité interdite de Pékin.
Grands succès également pour l’exposition « Camille Claudel et Rodin, la rencontre de deux
destins » au musée national des Beaux Arts du Québec (avec 186 450 visiteurs), présentée
ensuite à l’Institut national de Détroit et la Rétrospective Rodin qui a accueillli plus de 320
000 visiteurs au musée des Beaux-Arts de Santiago du Chili.
Le FRAME (French Regional and American Museums Exchange) continue de
développer ses activités en intégrant désormais douze musées de chaque pays. Parmi les
expositions proposées en France, il faut citer « La photographie pictorialiste en Europe,
1888-1918 » au musée des Beaux-Arts de Rennes. Alors que « Bonjour Monsieur Courbet !
Masterpieces of French Art from the Bruyas Collection from the Musée Fabre », Montpellier,
était présentée successivement à Dallas et San Francisco, et « Le Maître au feuillage
brodé », qui réunit les cinq panneaux dispersés aujourd’hui entre Williamstown, Minneapolis
et Lille d’un magnifique polyptique flamand dû à un artiste anonyme du XVe siècle était
présentée successivement à Minneapiolis et à Lille.
Dans une période où toutes les institutions sont à la recherche de ressources propres, la
règle est réaffirmée selon laquelle les prêts d’œuvres des collections publiques ne peuvent
être consentis que dans le seul but culturel d’intérêt général et ne doivent pas exclure, bien
au contraire, les bénéficiaires de prêts qui n’ont aucun moyen de réciprocité financière ou
patrimoniale.
Cette règle a donné lieu à des expositions remarquables comme « Ombres et
Lumières, quatre siècles de peinture française ». Cette exposition réalisée à partir des
collections des musées des Beaux-Arts français a été présentée en 2005 à Varsovie, puis à
Bucarest, parès Budapest en 2004. Hommage de l’art français aux cultures hongroise,
polonaise et roumaine, elle est bien le symbole de l’appartenance de la France à une Europe
fondée sur un héritage culturel commun. Ce principe de prêts désintéressés est compatible
avec les partenariats croissants mécénat, apport intellectuel et financement des musées, tel
celui conclu en 2005 entre le Louvre et le High Museum d’Atlanta, pour un programme
normal d’échanges se déroulant à partir de l’automne 2006.
C’est dans cet état d’esprit de dialogue et d’échanges que la France favorise l’élaboration
d’un pla d’action de l’Union européenne sur la mobilité des collections et les normes de prêts
et d’assurances en Europe. La circulation des expositions est l’un des moteurs d’une
coopération intense entre institutions muséales.
Enfin, au titre de la construction de réseaux de professionnels européens, le deuxième
séminaire européen des jeunes conservateurs sur les thèmes de musée et informatique, les
musées français et les collectionneurs et les arts du textile, a réuni une trentaine de
conservateurs français et étrangers en juin 2005.
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L’Académie française à Rome
L’Académie a organisé en 2005 de nombreuses manifestations alors même que se
poursuivaient dans le bâtiment principal les travaux et consolidation des murs porteurs de la
Villa et l’aménagement de la poterie.
L’année 2005 s’est ouverte sur une grande exposition « Die Frauen » d’Anselm Kiefer
(27 janvier – 20 mars), dans les galeries d’exposition restaurées, qui a présenté une
sélection d’œuvres conçues pour la Villa rendant hommage aux figures féminines les plus
significativesde l’histoire de la mythologie classique. Un livre a été réalisé à cette occasion.
Trois autres expositions d’envergure se sont déroulées : « Les Dessins de la Renaissance »,
collection des Musées de Francec(9 avril – 22 mai) ; « Robert Guinan », artiste américain
singulier (9 juin – 25 juillet), « Perdre la tête », photographies de François-Marie Banier (26
octobre – 9 janvier 2006). Enfin, une exposition personnelle du photographe italien Gabriele
Basilico a eu lieu dans l’atelier du Bosco intitulée « Laboratoire Beyrout 1991 » (22 avril – 5
juin).
Un cycle de concerts s’set déroulé tout au long de l’année 2005, comme par exemple
un concert de Michael Levinas, compositeur et ancien pensionnaire (8 janvier), ou encore un
concert « De Berlioz à nos jours » présentant des œuvres et des écrits des anciens Prix de
Rome (28 octobre). D’autres concerts étaient également en relation avec les expositions :
« L’ivresse de la matière » (23 février) et un concert de jazz dans le cadre de l’exposition de
Robert Guinan (16 juin).
Divers colloques ont ponctué l’année ; le premier, en mars, « L’artiste et sa muse »,
deux autres en avril : « Jean Rouch ; Anthropologie et cinéma » et « Programme et invention
dans l’art de la Renaissance » en liaison avec l’exposition des « Dessins de la
Renaissance ».
En juin a eu lieu un colloque sur la dimension urbaine et la fin des utopies dans les arts du
XXe siècle, rencontre dans le cadres de l’exposition de Robert Guinan.
Dans le cadre des activités scientifiques, le département de l’histore de l’art de
l’A.F.R a poursuivi l’édition de la revue « Studiolo » et des Actes du Colloque.
La programmation cinématographique a également été importante : Cycle de
« Stracult » (12 – 20 janvier et 12 – 20 mai), « Figures de dévoration, vampires, monstres
anciens et monstres modernes » (9 – 10 février et 16 – 17 février) puis « l’art au cinéma »
(21, 22, 28 et 29 avril), et enfin, en liaison avec l’exposition Guinan (13 – 23 juin), « Le jazz,
la rue, la nuit ».
Le public est également venu à la Villa Médicis pour divers évènements qui ont
marqué l’année : en collaboration avec le Festival Roma Europa a eu lieu, dans le grand
salon de la Villa, une représentation théâtrale en présence de la metteuse en scène
sicilienne Emma Dante, et le 13 octobre, une rencontre avec une personnalité insolite,
Bartabas, qui a connu avec son spectacle équestre un grand succès auprès du public
romain. Patrice Chéreau enfin est venu faire à la fin de l’année une lecture de Dostoievsky
du « Grand Inquisiteur », extrait des Frères Karamazov.
Autres évènements : le 17 septembre, ouverture à l’occasion de la « Nuit Blanche »
de Rome où pour la première fois, la participation d’un pensionnaire plasticien, d’une
scénographe et d’un compositeur, a connu un très grand succès (exposition prolongée
durant 15 jours). Les 18 et 19 septembre, la Villa Médicis a participé à la 22e édition des
journées européennes du partimoine.
Puis, un pensionnaire architecte, David Serero, a exposé son travail sur le dôme
acoustique. Enfin, au mois de décembre a eu lieu la présentation du livre sur les trois
scénographes italiens Luciano Damiani, Piero Tosi, Lia De Nobili, en avant première de
l’exposition qui leur a rendu hommage en début d’année 2006.
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