Prendre en charge le mal-être des jeunes - PHARE Enfants
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Prendre en charge le mal-être des jeunes - PHARE Enfants
le grain de sel de Marcel Rufo Pédopsychiatre L a remarquable association Phare EnfantsParents (1) œuvre depuis vingt ans pour la prévention du suicide des jeunes. Elle nous alerte, à travers un sondage réalisé par l’institut Viavoice, sur le fait qu’un Français sur quatre est confronté au mal-être d’un jeune dans son entourage. Mais pour une large majorité des parents ou des proches (63 %), il s’agit d’une situation difficile à repérer. Une autre étude entre en résonance avec cette enquête d’opinion. Effectuée auprès de 508 jeunes homosexuels, elle vient d’être publiée par le Refuge (2), association qui a pour vocation d’agir contre l’isolement des jeunes. 30 % des répondants y déclarent avoir fait une tentative de suicide (soit douze fois plus que les hétérosexuels). L’étude dresse le portrait édifiant d’une génération toujours victime de discriminations et aspirant à une vie sociale « normale ». Or, les relations avec la famille restent encore très difficiles. Pour preuve, la révélation aux parents est plus tardive : 20-22 ans (contre 18-19 ans en 1984). Les responsables du Refuge espèrent une prise de conscience du grand public et des dirigeants politiques de ces souffrances auxquelles la société doit remédier. Face au mal-être de ces jeunes plus nombreux qu’on ne le croit et quelle que soit leur orientation sexuelle, comment changer la donne ? Phare EnfantsParents souligne que la majorité des parents pense que le soutien le plus efficace est donné en milieu scolaire. C’est vrai ! La chercheuse Marie Choquet, dont les études épidémiologiques font autorité, note que les adolescents en situation de mal-être font d’abord confiance, pour 74 % d’entre eux, au système de santé scolaire (médecin, assistante sociale, infirmière) mais aussi, pour 70 %, à leur pédiatre ou généraliste. Les renforcements de ces moyens et leur articulation représentent en soi une prévention du malaise. Phare Enfants-Parents nous oriente aussi vers « l’éducation à la santé ». Cela me donne l’occasion de formuler une proposition. Les professeurs d’université qui sont praticiens hospitaliers reçoivent un salaire de leur administration hospitalière ainsi que de l’Éducation nationale. On peut se féliciter de ce double statut. Peut-on envisager la possibilité – l’obligation ? – de consacrer 5 demi-journées aux collèges, aux lycées, en présence des élèves, parents, enseignants ? Sommesnous enseignants seulement pour les étudiants de médecine ou également pour apporter nos savoirs au public ? Bien sûr, je plaide pour cette vulgarisation, qui est tout sauf vulgaire. Le partage de la connaissance est le meilleur levier pour une prise de conscience et un outil de prévention. l ALAIN TENDERO Prendre en charge le mal-être des jeunes La majorité des parents pense que le soutien le plus efficace est donné en milieu scolaire (1) Tél. : 01 42 66 55 55 ; www.phare.org Une ligne d’écoute : 0 810 810 987 (n° Azur). (2) Association proposant un hébergement temporaire et un accompagnement aux jeunes majeurs dans plusieurs villes ; www.le-refuge.org N°6747 → 22 mars 2012 → 37