23 octobre 2014 Remise des diplômes HEI Chers

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23 octobre 2014 Remise des diplômes HEI Chers
23 octobre 2014
Remise des diplômes HEI
Chers nouveaux ingénieurs, chères nouvelles ingénieures,
Ou faudrait-il dire: ingénieux et ingénieuses?
Vous arrivez au bout d'une formation de rang universitaire, et pourtant ce qu'elle vous demande,
cette formation, et ce qu'on attend de vous pour la suite, c'est davantage d'être ingénieux (et
ingénieuses) que de vous pavaner avec un titre académique comme on le fait dans certaines
facultés sans savoir enfoncer un clou. Ou dans certains pays, aussi, où tout le monde est
"ingegniere" quand on n'est pas « dottore » ou "cavaliere".
A l'heure où de nombreuses filières d'études supérieures servent entre autres choses, et parfois
essentiellement, à différer l'heure du vrai choix professionnel, à prolonger le séjour des jeunes
étudiants dans le cocon agréable de la maison familiale, voire à amenuiser les chiffres du
chômage, je me félicite de vous distribuer, à vous, chers Géo-Trouvetout, les diplômes qui vous
permettront d'entrer de plain-pied dans la vie active.
Ich zähle auf euch, liebe Aktivdienstler der Erfindung.
Baut mir aber bitte, bitte keine Fernbedienungen mit hundert Tasten mehr, die mich in
Verzweiflung bringen.
Erfindet einen Computer, der nie abstürzt.
Ein Budgetprogramm, das alle roten in schwarze Zahlen verwandelt.
Und bitte auch eine Vorrichtung, die mich an all das erinnert was ich nicht vergessen darf: den
Geburtstag meiner Kinder, meine Heiratsjubiläen und vor allem das obligate Kompliment über die
neue Frisur meiner Gattin, wenn sie vom Friseur heim kommt.
Chers diplômés, vous connaissez tous, sans doute, l'excellent film "Tanguy", mettant en scène une
famille de bobos dont le fils, qui a donné son nom au film, n'en finit pas de finir ses études, de les
reprendre ou de les perfectionner. Au désespoir, bien entendu, de ses parents. Au désespoir aussi,
mais cela n'est pas dit dans le film, car c'est peu photogénique, de la société qui doit soutenir et
entretenir ces érudits en devenir et ces grands savants en robe de chambre qui étudient le travail
à faire sans jamais mettre la main à la pâte.
Si le tanguy, en France, est devenu un nom commun, c'est bien que la société y a reconnu un
prototype, un cas de figure aussi ordinaire et aussi répandu qu'un frigo ou qu'un bic, pour citer
deux autres marques entrées dans le langage commun.
En Valais, nous ne disposons pas de ces filières luxueuses qui permettent aux Tanguy de tanguer
à l'infini. Par les temps qui courent, qui sont plutôt des temps qui se trainent de restriction en
disette budgétaire, je dirais que c'est heureux.
Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de formations de haut niveau. Bien au contraire. Vousmêmes, ingénieurs en systèmes industriels ou en technologies du vivant, êtes déjà à la pointe de
ce que notre société demande en tant que connaissances pratiques, effectives, dans des domaines
extrêmement sophistiqués.
Certes, votre formation n'a pas le privilège des filières de recherche qui sont, parfois, d'autant plus
prestigieuses qu'elles ont moins d'applications pratiques. Ce qu'on vous demande, à vous, c'est de
mettre en œuvre, sans tarder, la formation que vous avez reçue. C'est, en devenant ingénieurs, de
faire immédiatement preuve d'ingéniosité, voire de génie, puisque nous sommes dans la même
famille de mots.
De ce point de vue, le métier que vous avez en main correspond au plus près à l'esprit et à
l'origine du domaine de l'ingénierie. Qui consiste, en somme, à faire fonctionner les choses, au
mieux, plutôt qu'à les inventer, à les décomposer et à s'interroger sur leur finalité ou sur leur
nature cachée.
Le Valaisan est concret, pratique, ingénieux de nature. C'est en tout cas ce qu'en disent ses
meilleurs connaisseurs et ses meilleurs portraitistes, tels Maurice Chappaz.
Ihr seid Macher, liebe Diplomanden, ihr schaut, dass die Welt etwas runder läuft, etwas
geschmierter. Ihr habt den Blick für alles, was besser gemacht, intelligenter gebaut, gescheiter
verwirklicht werden könnte. Ihr seid ewig unzufrieden mit dem, was ist, ihr wollt das Unmögliche,
oder zumindest das, was es noch nicht gibt. Erfinderisch seid ihr, risikofreudig, tatendurstig.
Ingenieure, halt. Was ich persönlich höchstens in meinen Romanen auszudenken vermag
verwandelt ihr in Tat, in Realität. Ihr begnügt euch nicht, eure Wirklichkeit zu träumen, ihr
verwirklicht euren Traum.
Ihr werdet dabei oft auf Skepsis und Unverständnis stossen, aber euer Tatendrang wird euch
erlauben, euch durchzusetzen. Denn der Geist muss über die Materie triumphieren, soll es mit dem
menschlichen Fortschritt weiter gehen.
Euch ist es zu verdanken, dass wir keine Gleichgewichtsübungen auf türkischen Toiletten mehr
machen müssen, sondern beim Zeitungslesen auf dem stillen Örtchen komfortabel sitzen können.
Euer Verdienst ist es, wenn wir das Fleisch der im Geheimen erlegten Wölfe nicht mehr roh
verschlingen müssen und sogar in Gämsfleisch zu verwandeln wissen.
C’est grâce à vous que le Cénovis sort des tubes, le lait upérisé, mais non coupé sort des
berlingots et l’air reste dans les ballons du FC Sion, même quand Constantin dégonfle les
entraîneurs.
Chers diplômés, vous êtes une septantaine cette année à incarner le haut du panier de cet idéal
identitaire de notre canton qui consiste dans la capacité de faire plutôt que de disserter, d’agir
plutôt que de spéculer. Vous êtes une nette majorité de garçons, un peu moins nette, du reste,
dans les technologies du vivant.
C’est que la technologie du vivant, personne ne la maîtrise autant qu’une femme … enceinte,
évidemment.
La grossesse, ça c’est de la technologie du vivant dernier cri!
Die Schwangerschaft ist in der Tat ein schneller Brüter, der alles Dagewesene übersteigt.
Und manchmal wird dabei sogar ein Ingenieur oder eine Ingenieurin geboren!
Ist es eine Frau, dann geht es weiter mit dem Gebären.
Ist es ein Mann, dann gibt es als Kompensation für den Frust, nicht gebären zu können, lauter
Kopfgeburten.
Dazu braucht man auch nicht zu zweit zu sein.
Es ist lediglich eine Art wissenschaftliche Selbstbefriedigung.
Aber das ist wurscht, denn es dient ja der Menschheit.
Je ne suis pas certain, cependant, que les dames, même dans le Valais traditionnel, soient moins à
même d'affronter les réalités concrètes, physiques et mécaniques, de notre société sophistiquée.
Je pencherais plutôt pour un malentendu. Et je crois aussi que lorsque les autres filles, chères
ingénieures-ingénieuses, vous verront prendre les commandes des systèmes qui assurent le
fonctionnement quotidien et réel de notre société, elles comprendront que la science et la
technique n'ont pas de sexe et qu'il y a encore bien des places à prendre.
Wo steht geschrieben, dass die Frauen für Sozialberufe prädestiniert sind und unfähig sind, eine
Glühbirne einzuschrauben oder einen Nagel einzuschlagen?
Nun mal ehrlich: Sie tun nur so, als wären sie unfähig dazu, damit ihre lieben Männer sich nützlich
und wenigstens auf diesem Gebiet überlegen fühlen können. Es ist lediglich eine Strategie, um bei
den Männern kein Minderwertigkeitsgefühl aufkommen zu lassen.
Denn im Grunde sind Frauen die besseren Männer.
Und Männer die schlechteren Frauen.
Das sag ich als frustriertes Exemplar der männlichen Gilde.
Darum auch der Rossschwanz.
Pour le moment, tout ce que je peux vous dire, à vous Mesdemoiselles, c'est : chapeau ! Et à
vous, Messieurs, ne baissez pas les culottes : défendez vos couleurs et celles de notre canton dans
la rude bataille des métiers de l'excellence et de la rigueur auxquels vous avez voué votre carrière!
Qu’importe l’interdiction de construire des résidences secondaires ! Vous bâtirez des hôtels de
passe pour que les loups et les moutons puissent copuler.
Das sollte heisse Liebesszenen und tollen Nachwuchs generieren, denn die Wölfe haben die Schafe
zum Fressen gern.
Sooo gern, dass es wohl viele Schafe brauchen wird!
Liebe Ingenieure, baut uns bitte ein Computerprogramm, das die Wölfe depressiv macht und in
den Selbstmord treibt!
Aber das gibt es ja schon.
Glauben Sie mir, es hat schon mancher Wolf vor dem Fernseher Selbstmord begangen, weil
gerade die Filmübertragung der Walliser Parlamentsdebatten kam.
Und warum beging so mancher Wolf beim Zuschauen Selbstmord?
Weil er angesichts der endlosen Palaver die Hoffnung verlor, jemals von einem Wildhüter oder
Jäger getötet zu werden.
Also besorgte es sich manch einer selbst.
Und wer sich das, was er braucht, selber besorgt, ist ein Ingenieur.
Quod erat demonstrandum.
Je vous souhaite une bonne soirée.
Oskar Freysinger, Conseiller d’Etat