Le cerveau et le muscle
Transcription
Le cerveau et le muscle
EDITORIAL Prof. Dr méd. Christophe Büla Prof. Dr méd. Gabriel Gold Dr méd. Jérôme Morisod Le cerveau et le muscle es dernières années, les travaux scientifiques ont clairement montré les bienfaits de l’activité physique chez les sujets âgés, tant sur le plan somatique que psychique. Plusieurs publications ont mis en évidence un rôle important de l’exercice physique dans la prévention des troubles cognitifs avec une diminution de l’incidence de la démence. La majorité des travaux ont évalué les effets des exercices d’endurance pour lesquels le bénéfice concerne différentes sphères cognitives. L’amélioration semble également corrélée à des modifications structurelles et fonctionnelles visible à l’IRM. Qu’en est-il pour les exercices de forces ? De plus en plus d’évidence existe sur le rôle positif du maintien, si possible du développement, de la masse musculaire. Le muscle a non seulement un rôle fonctionnel, mais aussi un rôle métabolique important de mieux en mieux compris. Or, on sait que la masse musculaire diminue avec l’âge. Cependant, les études montrent clairement une augmentation de la masse et de la force musculaire avec la réalisation d’exercices contre résistance également chez les sujets âgés. Ces exercices diminuent aussi la masse grasse, ont un effet bénéfique sur le métabolisme des lipides et des sucres. Pour autant qu’ils soient réalisés conformément aux recommandations, le profil de sécurité est également bon (1). Malheureusement, ce type de pratique est encore victimes d’a priori négatifs (image du bodybuilder, difficultés techniques, peu ludique, etc). Notons toutefois que l’enthousiasme pourrait être pondéré par la lecture d’un article sorti en 2011 (2) qui critique la significativité des résultats de plusieurs travaux antérieurs, sans réfuter complètement le bénéfice potentiel. Cependant, cette note négative est contrebalancée par deux autres revues dans lesquelles les auteurs constatent un bénéfice des exercices contre résistance sur les performances cognitives (3, 4). C Dr méd. André Laszlo info@gériatrie _ 02 _ 2013 En résumé, les effets bénéfiques globaux des exercices d’endurance et contre résistance semblent nets, que ce soit de manière directe ou indirecte par leurs actions sur le système cardio vasculaire et par leurs effets métaboliques. Ils sont donc à encourager, tout en respectant les limitations et les contre-indications. La combinaison des deux types d’exercices est probablement la plus utile. Une des questions qui restent ouvertes est depuis quand et sur quelle durée l’exercice physique doit être pratiqué pour un maximum de bienfaits. Dr méd. André Laszlo, Fribourg [email protected] Références : 1. Winett RA, Williams DM, Davy BM. Initiating and maintaining resistance training in older adults : a social theory-based approach. Br J Sports Med 2009; 43 : 114–119. 2. Snowden and al. Effects of exercise on cognitive performance in community-dwelling older adults : review of intervention trials and recommendations for public health practice and research. J Am Geriar Soc 2011; 59 : 704–716. 3. Ahlskog JE, Geda YE, Graff-Radford NR, Petersen RC. Physical exercise as a preventive or disease-modifying treatment of dementia and brain aging. Mayo Clin Proc. 2011 Sep; 86(9):876–84 4. Chang YK, Pan CY, Chen FT, Tsai CL, Huang CC. Effect of resistanceexercise training on cognitive function in healthy older adults: a review. J Aging Phys Act 2012; 20: 497–517. 1