histoire-clemenceau.

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histoire-clemenceau.
Un grand Merci à D. Duthil,présidente des Anciens Elèves du Lycée G.Clemenceau, pour son précieux
travail de recherche et de rédaction...
Coups d'oeil sur l'Histoire du Collège G.Clemenceau de Montpellier
Deux remarques préalables s'imposent : l'histoire du Collège G.Clemenceau est
indissociable de celle du Lycée G.Clemenceau, et celle du 1er cycle de
l'enseignement secondaire des élèves de cet établissement est indissociable de
l'histoire de l'enseignement des jeunes filles en France, et plus particulièrement à
Montpellier. Donc, ce n'est pas faire digression par rapport à notre sujet d'étude:
petite histoire du Collège G.Clemenceau que de vous en parler un peu en détail.
Evoquer le Collège G.Clemenceau d'aujourd'hui, c'est tout d'abord le situer au 31,
avenue G.Clemenceau, à l'adresse même de son prestigieux compagnon de route :
le Lycée G.Clemenceau.
Parler du Collège C.Clemenceau, c'est s'exprimer à propos d'un établissement qui
n'a pas toujours existé, car son existence s'est fondue dans celle du Lycée de Jeunes
Filles de l'avenue de Toulouse, 1er Lycée de Jeunes Filles créé en France en 1881 de
par la volonté de Jules Ferry, Camille Sée et certains autres élus de la III ème
République.
En effet, il nous faut remonter au XIXème siècle pour apprendre que rien n'était prévu
pour que des jeunes filles - et encore moins, comme de nos jours, de jeunes gens et
des jeunes filles - puissent entreprendre ensemble et côte à côte des études au-delà
de leur 11 ème année.
En 1833, selon l'article 3 de la loi Guyot, «l'instruction primaire (était) privée ou
publique.» 'Pour le ministre en effet l'Eglise et l'Etat étaient dans ce domaine' «les
seules puissances efficaces» ; à l'échelle nationale, chaque commune de plus de
500 habitants avait l'obligation de se doter d'une école primaire publique,
principalement pour les garçons puisque rien n'était alors obligatoire pour les filles.
Au niveau du privé, des écoles libres avaient malgré tout été créées pour les filles; et
de ce fait, à partir de 1850, c'est l'enseignement catholique qui contribua au
développement spectaculaire des écoles primaires pour filles.
Donc, pour rester centrés sur l'enseignement des jeunes filles au milieu du XIX ème
siècle, il n'existait pas d'enseignement secondaire pour ces dernières, entendez parlà à la fois de 1er et de 2ème cycles de l'enseignement secondaire comme nous les
connaissons de nos jours. «Les bourgeois français» ( le terme de bourgeois a pour
origine, tout habitant des bourgs à partir du Xlllème siècle, il prendra par la suite, disons
au XVlllème et XIXème siècles, une connotation basée plus spécifiquement sur l'aisance
financière dont disposaient certaines catégories socioprofessionnelles) «ont
longtemps été hostiles à une véritable formation intellectuelle des femmes ». De
deux choses l'une : ou la jeune fille appartenait à une famille aisée et on lui faisait
donner des cours particuliers pour parachever son éducation plus que son
instruction, notez la différence, ou bien, elle était d'un milieu très modeste, et on la
mettait au travail pour qu'elle rapportât quelque argent au foyer de ses parents dès
que la scolarisation n'était plus légalement obligatoire.
En 1867, on constate une avancée notable: Victor Dury «lance son projet de cours
spéciaux d'enseignement secondaire pour les jeunes filles dans des locaux
municipaux avec des professeurs masculins pour un cycle d'études de 3 à 4 ans se
terminant par un diplôme». Ce projet aura un succès très limité et il faudra attendre
1881-82 avec Jules Ferry, et la loi Camille Sée pour voir se créer de véritables collèges
et lycées de jeunes filles publics.
C'est ainsi que «le Conseil municipal de Montpellier - suivant les directives du Maire
A.Laissac - « s'empresse dès octobre 1880 d'ouvrir un collège municipal», sur
!'emplacement de notre actuel lycée. La création d'un enseignement secondaire
pour jeunes filles sera effective lorsque la municipalité Laissac en donnera le coup
d'envoi avec le décret du 18 mars 1882.
Le lycée de jeunes filles de l'avenue de Toulouse ( on ne parle nullement alors de
Collège G.Clemenceau) sera un prototype pour la nation entière.
Après 1890, date de l'achèvement des travaux de construction, le lycée de jeunes
filles (il ne deviendra lycée G.Clemenceau que lors de la rénovation de 1981-82 à la
demande du Proviseur de l'époque, Madame Delclos) comptera à la fois des classes
enfantines et des classes primaires (11ème, 10ème, 9ème, 8ème, 7ème), véritable pépinière
pour les classes secondaires du Lycée (1er et 2ème cycles de l'enseignement
secondaire).
On n'allait donc pas dans un Collège pour y suivre le 1er cycle des études
secondaires (6ème, 5 ème, 4 ème,3 ème), on allait au Lycée de l'avenue de Toulouse qui
intègrait 1er et 2ème cycle de l'enseignement secondaire. Ainsi, si les parents le
souhaitaient, une jeune fille pouvait passer 13 ans de sa vie - de l'âge de 5 ans à
celui de 18 - au lycée de l'avenue de Toulouse, comme interne, externe ou demipensionnaire. Désormais et dès 1906, une jeune fille peut quitter le lycée avec son
certificat de 3ème année, son brevet élémentaire, son brevet supérieur ou son
diplôme d'études secondaires «bâton de maréchal pour les filles du Lycée», le
baccalauréat étant avant tout réservé aux garçons des lycées de garçons (filles et
garçons, rappelons-le n'étudiant pas ensemble).
Pour la petite ou la grande histoire, notez, si vous le souhaitez, que par le décret du
25 mars 1924, !'enseignement secondaire féminin sera enfin assimilé à l'enseignement
secondaire masculin et les lycéennes auront véritablement accès au Baccalauréat,
ce qui leur permettra, comme les garçons, d'envisager des études supérieures.
Entrons dans les détails du 1er cycle de l'enseignement secondaire au Lycée de
l'avenue de Toulouse :
il compte par exemple en 1941-42 : 4 classes de 6ème, 3 classes de 5ème, en 4ème (4
classes) une distinction apparaît: on parle de classes de A, A', A" et B; les mêmes
sections se retrouvant dans les 4 classes de 3ème.
En 6ème:
Les cours d'Allemand étaient dispensés dans une seule 6ème; dans les trois autres, il y
avait des cours d'Anglais, d'Espagnol. A noter des cours d'instruction religieuse avec
culte protestant. En 6ème, les élèves suivaient des cours de Langue française, de
Composition française, de diction, de Latin, d'Histoire-Géographie, d'Arithmétique,
d'Histoire Naturelle ou de Sciences Naturelles, d'Enseignement ménager ou de
Couture, de Dessin, de Solfège, d'Education Physique.
En 5ème:
Pour la même époque, dans les trois classes de 5ème, les mêmes matières qu'en 6ème
étaient étudiées avec cependant quelques petites différences : cours de thème
latin et de version latine, Mathématiques en 5ème1, Arithmétique en 5èmes 2 et 3.
En 4ème:
En 4ème, apparaissent les notions de séries A/A'/A"/B. De quoi s'agissait-il?
Les A étudiaient la Lg française, la Composition française, la diction, le thème latin,
la version latine, les exercices grecs, l'Histoire-Géographie, les Mathématiques, la
Géologie, le Dessin, la Couture, le Solfège, l'Education Physique.
Les A' et les A" faisaient de même avec des cours d'Enseignement ménager, et pas
d'exercices grecs.
Les B : pas de Latin, pas de Grec, mais de la Physique-Chimie.
Pour les 4èmes : des cours communs de langues étrangères: Allemand Ig1, Anglais Ig1,
Espagnol lg1, Allemand Ig2, Anglais2, Espagnol2, Italien.
En 3ème:
En 3ème, il y avait des cours communs de langues étrangères: Allemand1, Anglais1,
Espagnol1, Allemand2, Espagnol2, Italien2.
Et des différences entre les différentes sections:
- En A : Lg française, Littérature et diction, Thème latin, Version latine, Thème grec,
Version grecque, Histoire-Géographie, Mathématiques, Hygiène, Dessin, Couture,
Solfège, Education Physique.
- En A' et en A" : idem, mais pas de Grec.
- En B: Sciences Physiques et Hygiène.
Il est intéressant de remarquer que l'Allemand qui tenait la 1ère place dans l'étude
des langues, la perd avec la 1ère Guerre Mondiale, pas de professeurs d'Allemand
en 1925-26. Cet enseignement sera rétabli dans les années 1930.
Avec les années 1924-1931, programmes, horaires et durée de la scolarité sont unifiés
entre filles et garçons: l'enseignement secondaire féminin des lycées de jeunes filles
disparaît en tant que système original radicalement différent de celui des garçons.
Entre 1928 et 1930 (le 16/4/1930), gratuité des études pour les élèves des classes de
6ème et de 5ème, d'où effectifs en augmentation dans le 1er cycle de l'enseignement
secondaire.
Au cours des années 1930, les jeunes filles venues de la campagne sont beaucoup
trop âgées par rapport à celles nées et habitant en ville, d'où une sélection à
l'entrée dans l'établissement en 6ème. On interdit même l'accès de l'enseignement
secondaire aux jeunes filles peu capables.. ! (De nos jours, les élèves des classes
dites« européennes» entrent à la suite d'une commission d'admission en 6ème).
Et les effectifs?
Pour vous donner une idée, par exemple, de l'effectif des classes de 5ème en 1936-37
: 34 élèves selon un document photographique; pendant la Seconde Guerre
Mondiale, reportons-nous à un autre document photographique (photo de classe
de la 5ème2) : 30 élèves. En 1951-52 : 38 élèves en 5ème 3 Ml (la dénomination des
classes a changé, le nombre d'élèves aussi !)
En 4ème, pendant l'année scolaire 1937-1938 : 23. On peut se demander si l'effectif de
cette classe est vraiment représentatif...
Quant à celui d'une classe de 3ème pendant l'année scolaire 1939-1940 : 32.
Si nous voulons comparer ces effectifs avec ceux de 2003-2004 de l'actuel Collège
G.Clemenceau :
- en 6ème, les effectifs varient entre 26 et 27 élèves,
- en 5ème, ils vont de 24 à 27 élèves,
- en 4ème, on compte entre 27 et 28 élèves,
- en 3ème, cela va de 27 à 28.
Une conclusion : chiffres plutôt en baisse par rapport à ceux de certaines périodes
du XXème siècle.
Toutefois, si de nos jours, on compte presque autant de filles que de garçons dans les
classes de 6ème, 5ème, 4ème, 3ème, il ne faut pas oublier que les classes ne furent
composées que d'éléments féminins tout au long de l'histoire du 1er cycle de
l'enseignement secondaire au Lycée de l'avenue de Toulouse, et ce jusqu'en 1970 !
***
Petit à petit, on pourra noter une démocratisation du recrutement des élèves: on
recrutera moins dans les milieux bourgeois, le 1er cycle du secondaire s'ouvrira à tous
les milieux sociaux à condition d'habiter dans la zone de recrutement de
l'établissement, selon ce qui sera appelé « la carte scolaire », et bien des astuces
seront utilisées par les parents pour obtenir par dérogations le droit de voir leurs
enfants enseignés dans cet établissement d'excellente renommée.
***
De tout temps, et espérons-le encore au XXIème siècle, on s'est senti fier d'être élève
du Lycée du 31 de l'avenue de Toulouse (ultérieurement appelée avenue
G.Clemenceau), d'être admis à étudier dans cet établissement historique: côté
anecdotique, quand on entrait dans son 1er cycle de l'enseignement secondaire, la
perspective de passer 4 ans plus tard dans la section «des grandes » du 2ème cycle
(jusqu'en 1970), «des grands et des grandes» après 1970 une fois la mixité acquise,
nous ravissait. Dans l'attente de ce grand événement, on suivait (assez...) sagement
les cours dans « la cour du parc », sous la galerie ou dans les salles de la galerie. On
avait un professeur par matière, et non une institutrice polyvalente comme dans le
primaire. Madame la Directrice, Madame Durand, puis Madame Baladié avaient
sous leur unique responsabilité les deux cycles de l'enseignement secondaire.
En 1971, bien que le premier cycle devenu Collège et le 2ème cycle, toujours Lycée,
continuaient à co-exister dans les mêmes locaux, la nomination de Madame
Menardo en tant que sous-directrice marqua la première séparation du Collège,
appelé désormais CE.S. (Collège d'Enseignement Secondaire) du Lycée. En 1973, les
professeurs eurent le choix d'enseigner uniquement au Collège, ou d'être à cheval
sur le Collège et le Lycée ou carrément d'opter pour le Lycée.
En 1975, les C.E.S. des années 60 devinrent des Collèges uniques, donnant ainsi à
tous les élèves la même formation de base leur permettant d'accéder lors des
orientations de fin de 3ème à des sections diversifiées du 2ème cycle avant que les
2èmes ne deviennent elles-mêmes des secondes de détermination.
Par le décret du 10 octobre 1977, le Collège de notre établissement devint
autonome (034.0111 L) par transformation du premier cycle du Lycée. Une gestion
autonome effective fut définie par arrêté rectoral en date du 16 novembre 1977. La
gestion financière du Collège d'Etat fut alors jumelée à celle du Lycée d'Etat. Les
écritures de comptabilité administrative et de comptabilité des deux établissements
étant centralisées au sein d'une section économique et financière commune
installée au Lycée d'Etat no034.0039 H de Montpellier. Madame Delclos, Proviseur au
Lycée (et non plus Directrice du Lycée) resta chargée des fonctions de Principal du
Collège.
A Madame Menardo succéda Monsieur Césari, à Monsieur Césari, Monsieur Pierre
Basset, à Monsieur Pierre Basset, Monsieur Philippe Talbot qui est depuis le 1
septembre 1998, Principal adjoint du Collège désormais connu sous le nom de
Collège G.Clemenceau, avec Madame Annick Foulquier, Proviseur du Lycée
G.Clemenceau, comme Principale. A la rentrée 2004, Madame Barbé, nouveau
proviseur du lycée, a succédé à Madame Foulquier en tant que Principale du
collège.
Le Collège G.Clemenceau fonctionne toujours, à la satisfaction de tous, derrière les
grilles et les murs du vénérable Lycée G.Clemenceau. L'intérêt, pour ne pas dire
!'engouement, que suscite ce collège du Centre ville auprès des parents reste
indéniable. Il compte actuellement 106 élèves de 6ème, 104 de 5ème, 111 de 4ème, 111
en 3ème, soit un effectif total de 432 élèves répartis entre 4 sixièmes, 4 cinquièmes, 4
quatrièmes, 4 troisièmes.
Souhaitons au Collège G.Clemenceau longue vie et beaucoup de succès!
OUVRAGES DE REFERENCES CONSULTES ET SOURCES DIVERSES:
-L'Eglise et L'Ecole en France (XIXe-XXe siècles) de M.Launay , Editions Desclée
-Cent ans de vie dans le premier lycée de Jeunes Filles de France(G.Cholvy
;L.Segondy ;C. Vitse)
-Archives et souvenirs des Anciens Elèves du Lycée G.Clemenceau et de D.Duthil,
présidente de l'association des Anciens Elèves du Lycée G.Clemenceau (A.E.L.C.),
ancienne élève et professeur du Lycée, auteur de cet article.
L'association A.E.L.C. regroupe les Anciens et Anciennes Elèves du lycée Georges
Clemenceau. Selon l'article II de ses statuts, cette association a pour but d'établir
entre ses membres un centre commun de relations amicales et de renforcer les liens
entre les anciennes, les anciens élèves et les élèves actuels du lycée.

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