ONAC info SD51 N°8.p65 - ARAC de la Marne

Transcription

ONAC info SD51 N°8.p65 - ARAC de la Marne
Retrouvez le dossier
«La Marne au cœur de
la Grande Guerre»
LE JOURNAL DE L’OFFICE
NATIONAL DES ANCIENS
COMBATTANTS ET VICTIMES
DE GUERRE DE LA MARNE
avril 2014 / numéro 8
www.onac-vg.fr
CONSEIL DÉPARTEMENTAL
UNITÉ ET
MODERNITÉ
ANDRÉE PATÉ
FÊTE SES 100 ANS
p. 2
RENCONTRE
AVEC J. CHABAUD
p. 4
DU 2 AU 11 MAI
COLLECTE DU
BLEUET DE FRANCE
p.10
02 / ACTUALITÉ
Andrée PATÉ
EDITORIAL
Après la pause électorale et l’arrivée du
printemps, vient le temps des concours
scolaires et des voyages mémoriels. Ce
sont toujours des moments forts en
échange et en lien intergénérationnel qui
aident
indéniablement
à
la
compréhension et donc à l’apprentissage
des valeurs citoyennes.
er
Depuis le 1 janvier 2010, l’ONACVG est
chargé de la gestion, de l’animation et de
la valorisation mémorielle des nécropoles
nationales. Pour la Marne, deux projets
concernent ces lieux particuliers. D’abord,
la réalisation d’un livret pour chacune des
33 nécropoles du département qui sera
à la disposition du public, à l’entrée de
chacune d’elles, lors d’opérations
d’accueil qui seront mises en place lors
du week-end du 3 août pour le centenaire
de l’entrée en guerre et pour le 11
novembre. Par ailleurs, nous organisons
un grand concours photos intitulé
MAR’NEcropole, avec nos partenaires,
autour de ces sites. L’idée est de valoriser
ces lieux et les ouvrir au plus grand
nombre. Une nécropole, si elle est la
propriété de l’Etat, est avant tout notre
patrimoine à tous, notre histoire
commune, lieu de recueillement pour nos
générations, mais aussi héritage moral
pour les futures. Car les noms inscrits sur
les plaques des sépultures, ou des
ossuaires, sont bien réels et sont autant
d’histoires individuelles qui se confondent
avec la grande histoire.
Le mois de mai rime aussi avec
générosité, à travers la collecte au profit
du Bleuet de France. Une fois encore,
votre mobilisation nous permettra de
mettre en place différentes actions de
mémoire mais aussi de venir en aide à
celles et ceux qui ne sont pas épargnés
par les coups durs de la vie et notamment
la nouvelle génération du feu.
Une fois encore, cette lettre est la vôtre.
N’hésitez pas à la diffuser à vos contacts
et à nous faire connaître vos avis, vos
informations ou encore les sujets que
vous souhaiteriez voir évoqués.
Bruno DUPUIS
Directeur départemental ONACVG 51
Résistante, déportée et...
Centenaire !
Née le 15 mars 1914 à SaintFlorentin (Yonne), Andrée Paté
s’installe à Reims avec son mari René.
En 1937, elle donne naissance à sa
fille Maryse. Tous deux militants
communistes, ils rejoignent le Front
national de lutte pour l’indépendance
de la France. Ils sont chargés du
recrutement et diffusent la presse
clandestine. Après avoir été corsetière
à la bonneterie Mazoyer, Andrée est
employée aux verreries mécaniques
de Saint-Brice tout en poursuivant son
action dans la résistance : distribution
de tracts, rédaction de journaux
clandestins, transports de machines à
écrire et de papier, recrutement,
collecte de vêtements pour les
clandestins,...
Arrêtée le 24 avril 1943 sur
dénociation, elle est successivement
internée à Reims, à Laon, au camp de
Compiègne et au Fort de Romainville.
Le 18 avril 1944, elle est déportée à
Ravensbrück (matricule 35265) et
affectée le 4 juin 1944 au Kommando
d’Holleischen (matricule 52759). Elle
sera libérée par des partisans polonais
et tchèques le 5 mai 1945 et rentrera
en France le 24 mai.
Son mari, arrêté à Reims le 3 juin
1941, fut condamné à 5 mois de prison
puis à 5 ans par la section spéciale de
la Cour d’Appel de Paris. Il sera
finalement déporté le 12 mai 1944 à
Buchenwald (matricule 51320) et
rentrera en France le 29 avril 1945.
René Paté est décédé en 1978.
Aujourd’hui en maison de retraite,
Andrée n’aura eu de cesse, jusqu’à
récemment, de témoigner et de
rencontrer les élèves des collèges et des
lycées de l’arrondissement de Reims,
notamment dans le cadre du concours
national de la Résistance et de la
déportation (CNRD).
Le 18 mars, une délégation de
l’association de la mémoire et de la
Déportation (AFMD) de la Marne, et sa
présidente Hélène Lebrec, a souhaité
être à ses côtés pour fêter son 100ème
anniversaire. Naturellement, le service
de la Marne
de l’Office
national des
a n c i e n s
combattants
et victimes de
g u e r r e
(ONACVG)
s’est associé
à cette initiative, en la personne d’Eric
Rochette. A noter la présence de
Jocelyne et Jean-Pierre Husson qui ont
rédigé les biographies d’Andrée et
René, présentes dans le dvdrom «La
Résistance dans la Marne».
70ème anniversaire de la cérémonie du 6 mai
Mardi 6 mai, rendez-vous à 06H45
sur le site de la Butte des fusillés
entre Châlons et l’Epine
Pour l’hommage annuel
aux résistants marnais exécutés.
Colloque des 5, 6 et 7 mai 2014 - REIMS
GUERRE ET PAIX EN CHAMPAGNE-ARDENNE ET AILLEURS,1914-2014,
QUELS PATRIMOINES ?
Ce colloque organisé par l’Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne (APIC) et le
Rectorat de Reims avec le soutien de la ville de Reims, de la Région, du département de la Marne et son service
d’archives, de la DRAC se déroulera les 5 et 6 mai dans l’amphithéâtre du CRDP de Reims.
La journée du 5 mai sera consacrée aux patrimoines des temps de guerre, le 6 mai aux patrimoines des temps de paix
(reconstruction). Enfin le 7 mai, se déroulera une journée d’excursion sur le Chemin des Dames sur les traces de la guerre
et des témoins de la Reconstruction. Parmi les nombreuses personnalités marnaises, à noter les interventions programmées
de Jean-Pierre Husson, Chantal Ravier, Marie-Clair Ruiz, Marc Bouxin,...
Conseil dépar
14 :
départtemental 20
201
Unité e
ett modernité !
M. Jean-Edmond BEYSSIER, Directeur de cabinet de la préfecture
avec à sa gauche, les deux vice-présidents Jean CHABAUD et Jean
HENDZIAK et, à sa droite, Bruno DUPUIS
Le préfet excusé, c’est Jean-Edmond Beyssier, directeur de
cabinet, Sous-préfet de Châlons-en-Champagne, qui a
présidé le Conseil départemental pour les anciens
combattants et victimes de guerre de la Marne et la mémoire
de la Nation qui s’est tenu ce 13 mars à la salle de Malte.
Après le mot d’accueil et la minute de silence, M. Beyssier a
précisé les grandes lignes de la politique du ministère pour
l’exercice 2014 et notamment le maintien des acquis malgré
les contraintes budgétaires nationales, l’extension du bénéfice
de la carte du combattant pour l’AFN au-delà du 2 juillet 1962,
la réévaluation de l’Aide différentielle aux conjoints survivants
(ADCS) à 932 euros et la confirmation du rôle de guichet
unique des services départementaux de l’ONACVG et la prise
en compte des missions jusque là gérées par les ex-services
des rapatriés des préfectures. A l’occasion du 60 ème
anniversaire de la fin de la guerre d’Indochine, une semaine
sera consacrée partout en France à ce conflit entre le 26 avril
Jean HENDZIAK
Agé de 82 ans, Jean Hendziak
est titulaire du Titre de
Reconnaissance de la Nation
et de la carte du combattant au
titre de la Guerre d’Algérie et
des combats en Tunisie et au
Maroc. Depuis 6 ans, il est le
2ème Vice-président du Conseil
départemental, dont il est
membre depuis plus de 20 ans.
Par aillleurs, il est viceprésident de la FNACA Marne, trésorier de l’amicale des retraités
de la Préfecture, trésorier du Comité d’entente des ACVG de
Châlons-en-Champagne et de ses environs, trésorier de
l’association départementale Camerone et trésorier de
l’association de la Maison du Combattant de Châlons-enChampagne.
Très impliqué et assumant parfaitement ces différentes
responsabilités, il est connu et respecté du monde combattant à
l’échelle départementale et possède les qualités humaines qui en
font un homme écouté et apprécié.
Très attaché aux valeurs citoyennes et de solidarité, il participe
chaque année activement - depuis plus de 15 ans - à l’opération
Colis douceurs auprès des ressortissants placés. Très sensible à
la transmission aux jeunes générations, il s’implique aussi avec
beaucoup d’enthousiasme et d’énergie lors du traditionnel Rallye
de la Liberté.
Autant de raisons qui ont motivé l’attribution de la médaille d’argent
de l’ONACVG, que M. Beyssier lui a décerné en marge du Conseil
départemental.
03 / ACTUALITÉ
et le 4 mai. Du coup, exceptionnellement, la journée nationale
d’hommage aux morts d’Indochine se déroulera cette année
le 29 avril et non le 8 juin.
L’intervention de Bruno Dupuis a permis de revenir sur le
bilan 2013 et les projets 2014 de l’Office. Bilan qui a démontré
que le service de la Marne figurait parmi les départements
ayant les plus importantes activités. Pour 2014, deux projets
verront le jour. Le premier concerne l’organisation d’une
grande journée sur le thème de la solidarité qui a pour ambition
de réunir, autour de l’Office, les différents acteurs de la
solidarité. L’objectif étant de permettre aux différents acteurs
de la solidarité de mieux se connaître pour être plus réactif et
efficace au profit des bénéficiaires. Le second projet, est le
lancement prochain d’un grand concours photo, intitulé
«MAR’NEcropole», ouvert à tous, sur le thème des 33
nécropoles nationales que compte le département.
Les autres moments forts sont liés à la mémoire et aux grands
rendez-vous mémoriels liés au Centenaire et au 70 ème
anniversaire des deux conflits mondiaux. Une année qui sera
particulièrement intense pour l’ONACVG qui assure le
secrétariat des deux comités départementaux concernés.
Avant de remercier les partenaires, le monde associatif et
les porte-drapeaux, Bruno Dupuis a précisé que l’accent sera
mis sur la nouvelle génération du feu (OPEX), notamment en
terme de solidarité, et que le service poursuivra sa
modernisation citant pour exemple la lettre d’information
électronique débutée en janvier 2013. Pour conclure, Jean
Chabaud (1er vice-président) a exhorté le monde combattant
a rester uni et solidaire et a remercié l’ONACVG pour la qualité
et la densité du travail mené tout au long de l’année.
Exposition
ème
le 8 Zouaves
2014 est l’année du
centenaire de la
ème
création du 8
Zouaves.
Durant la Grande
Guerre, il gagne ses
lettres de gloire et fera
preuve d’héroïsme et
de vaillance jusqu’à la
guerre d’Algérie et des
combats en Tunisie et
au Maroc.
Cette exposition
retrace le parcours de
ce régiment de 1914
jusqu’en 1962.
du 8 au 10 mai 2014
entrée gratuite
Camp militaire de
Mourmelon-le-Grand
04 / RENCONTRE
Nos grands témoins
Jean Chabaud
Après l’interview de Pierre Dartout, Préfet de la région Champagne-Ardenne et préfet de la
Marne (N°2 - mars 2013) et celle du Général Bruno Guibert, Délégué militaire départemental
(N°3 - mai 2013) , nous avons souhaité donner la parole à nos grands témoins. Pour ce numéro,
nous sommes partis à la rencontre de Jean CHABAUD. Agé de 88 ans, cet ancien résistant de
er
l’intérieur est le 1 vice-président du Conseil départemental pour les anciens combattants et
les victimes de guerre et la mémoire de la Nation, l’instance paritaire de l’Office national des
anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) présidée par le préfet.
ONAC Info 51 : Jean CHABAUD, en cette année 2014 qui va
être marquée par le centenaire de la Grande Guerre, quel
regard portez-vous sur la politique de mémoire ?
Jean CHABAUD : A l’heure où sont nombreuses les questions
sur le monde d’aujourd’hui, il est important de prendre du recul
et comprendre d’où nous venons. Bien sûr, un centenaire est
toujours un anniversaire particulier. Mais celui-ci l’est sans
doute plus encore.
D’abord, car il coïncide avec une
période où nombreux sont celles et
ceux qui s’interrogent sur notre
société, ses valeurs, la Nation, notre
défense, sur l’Europe mais également
sur
les
grands
équilibres
internationaux. Beaucoup de
questions que devaient déjà se poser
nos aïeux il y a 100 ans.
Ensuite, parce que cet événement
reste exceptionnel un siècle après,
dans sa durée, son intensité, ses
ravages, ses nouveautés et ses
conséquences. Les chiffres et les
Jean CHABAUD
sur la Foire-expo 2011 échelles sont tels qu’ils nous semblent
parfaitement irréels. Imaginez, 72 pays
belligérants, 74 millions de soldats mobilisés, 9,5 millions de
tués et disparus et plus de 21 millions de blessés ! Et pourtant,
il n’est qu’à observer les listes des personnes inscrites sur les
monuments aux morts de nos communes, les superficies des
nécropoles et carrés militaires ou les nombreux stigmates que
la terre ressort encore chaque année pour comprendre la
véracité de ces chiffres. Ce conflit reste à part dans notre
mémoire collective. Aucune famille n’a été épargnée !
L’effervescence mémorielle actuelle et la production culturelle
sur le sujet se justifient par le besoin de comprendre comment
on a pu en arriver là en passant au crible les archives, par
cette volonté de rendre hommage à tous ces sacrifices
consentis mais aussi par ce besoin, au-delà de nos soucis
quotidiens et de nos divergences, de se rassembler autour
d’une mémoire collective et d’un héritage commun.
ONACVG : Outre le centenaire, nous commémorerons
e
également - entre 2013 et 2015 - le cycle du 70 anniversaire
de la Résistance, des débarquements, de la libération de la
France et de la victoire sur le nazisme. En tant qu’ancien
résistant, ce cycle vous concerne plus particulièrement ?
Vous avez raison, cette année est riche en grands
anniversaires de notre Histoire. Après l’accent mis sur la
Résistance intérieure l’an passé autour de Jean Moulin, cette
ème
année sera marquée par le 70
anniversaire des
débarquements mais aussi - et cela nous concerne plus
ème
particulièrement - par le 70 anniversaire de la libération de
nos villes. Si le 6 juin 1944, l’opération «Overlord», le
débarquement sur cinq plages de Normandie d’une force
inégalée a fait renaître un espoir dans notre pays, n’oublions
pas que ce même jour, sur le terrain dit de la Folie, entre
Châlons et l’Epine, des résistants étaient exécutés, aux
alentours de 17H30. Ce site, baptisé depuis Butte des Fusillés,
accueillera cette année encore la cérémonie du 6 mai en
hommage à l’exécution des membres du groupe Tritant et le
rallye de la Liberté, les 22 et 23 mai. Ces deux événements
ème
ont d’ailleurs été homologués «70 anniversaire» ce qui leur
offrira une plus grande notoriété, un caractère plus officiel et un
format plus conséquent. Des scolaires qui participent au Concours
national de la Résistance et de la Déportation seront présents
ce qui entretiendra le lien intergénérationnel et concrétisera cette
transmission de la mémoire et des valeurs citoyennes.
ONACVG : Justement, vous êtes depuis son origine dans la
Marne, une des locomotives du Concours national de la
Résistance et de la déportation (CNRD) ?
Ce concours a été cofondé par le ministère de l’Education
nationale et la Confédération nationale des combattants
volontaires de la Résistance (CNCVR). Mon parcours, celui
de mon père, m’obligeaient à témoigner auprès des élèves.
Non pas pour en tirer quelconque gloire mais bel et bien pour
informer et mettre en garde les jeunes générations. C’est l’état
d’esprit qui a toujours animé celles et ceux qui, aujourd’hui
encore, témoignent auprès des scolaires dans le cadre de ce
concours. Je pense bien sûr à Yvette (LUNDY, ndlr) à Epernay
et dans toute la région et je n’oublie pas l’engagement de
Jacques (SONGY) de son vivant.
Ces rencontres avec les
élèves, au cours de ces
décennies, ont toujours
été
des
moments
particuliers, souvent
intenses,
parfois
douloureux mais jamais
inutiles. Un témoignage La Butte des Fusillés
s’il est authentique et
sincère – prévaut tous les livres ou les cours d’histoire. Nous
avons souvent accompagnés l’ONACVG lors du voyage annuel
de récompense que nous offrions aux lauréats de ce concours.
Découvrir la Butte des Fusillés en présence d’un ancien
résistant ou visiter un camp de concentration avec une
ancienne déportée, offre une authenticité qu’un enseignant –
aussi doué soit-il – ne peut reproduire. Le concours n’est pas
obligatoire, y participer est un acte volontaire. Ainsi, les élèves
sont en meilleure condition pour appréhender le sujet, l’étudier,
le comprendre et le restituer avec leurs regards et leurs mots.
L’échange avec un témoin permet une approche plus humaine
et plus réelle car il y a un phénomène d’identification.
Pour cette raison, j’ai toujours été un fervent défenseur de ce
concours car il contribue, en parallèle de l’éducation familiale
et scolaire, à éveiller le sens des valeurs et a développer la
sensibilité au devoir de mémoire.
ONACVG : Après la disparition de Lazare Ponticelli en 2008,
il n’y a plus d’acteur de la Grande Guerre. D’ici quelques
années, il n’y en aura plus non plus de la Seconde. Ne craignezvous pas que la mémoire de ces conflits s’efface peu à peu ?
Le risque existe. L’un des enjeux du centenaire sera de parvenir
à ouvrir un nouveau chapitre et non à refermer le livre. Pour la
Seconde Guerre mondiale, nous ne sommes plus beaucoup,
c’est vrai, et encore
moins nombreux à être
en capacité de témoigner
dans les établissements
scolaires
ou
d’accompagner
les
voyages mémoriels.
Si j’insistais auparavant
sur
la
force
du
témoignage, je n’oublie
Remise des prix - CNRD 2013
pas que la transmission
est une responsabilité partagée par les parents et les
enseignants en premier lieu bien sûr, mais aussi les
associations d’anciens combattants et de la mémoire
combattante, les collectivités et les pouvoirs publics. C’est
d’ailleurs l’une des trois grandes missions de l’ONACVG pour
le compte du ministère de la Défense. Les cérémonies et les
journées nationales d’hommage sont des repères tout au long
de l’année, mais elles ne suffisent pas. La production culturelle,
les voyages mémoriels, les expositions, les concours,…
participent à cette transmission et doivent être encouragés.
ONACVG : Avec la disparition progressive des anciens se pose
la question du devenir des associations ?
En effet, l’une entraîne l’autre inéluctablement et faute de se
fédérer, de transmettre ou de s’ouvrir à d’autres, certaines
associations prennent le risque de devenir des coquilles vides.
N’oublions pas que les droits acquis par les anciens
combattants l’ont été par le poids associatif, au lendemain des
conflits. Aujourd’hui, un jeune ancien combattant qui rentre
d’Afghanistan a exactement les mêmes droits qu’avait un poilu
ème
ou que les anciens de la 2 génération du feu comme moi.
Pour autant, ces droits restent fragiles car modifiables. Le
monde associatif doit rester vigilant mais surtout uni. La division
et l’éparpillement seraient doublement funestes. En interne,
c’est le risque de moins peser sur les pouvoirs publics pour
défendre les acquis. En externe, c’est celui de déformer auprès
du grand public et des plus jeunes l’image du monde
combattant, solidaire, uni et respectueux des valeurs
citoyennes et républicaines.
ONACVG : En tant que vice-président du Conseil départemental,
vos liens avec l’ONACVG sont forcément nombreux ?
Ils sont permanents ! Le service départemental de l’ONACVG
est notre maison. C’est la maison de tous les combattants,
des plus anciens, comme moi, aux plus jeunes qui reviennent
du Mali aujourd’hui ou de CentrAfrique demain. Mais c’est aussi
la maison des veuves d’anciens combattants, des pupilles de
la Nation, des orphelins de guerre,… Les ressortissants de
l’Office, c’est environ 3,5 millions de personnes en France et
potentiellement 30.000 dans la Marne. C’est une grande
maison !
Bien sûr, mes fonctions au sein du Conseil départemental me
permettent d’entretenir des liens privilégiés avec le personnel
du service. Tout au long de l’année, nous menons différents
projets en commun comme le Rallye de la Liberté, la cérémonie
du 6 mai à la Butte des Fusillés, le concours du CNRD, les
préparations du Conseil et des commissions «mémoire et
solidarité».
ONACVG : Comment jugez-vous
le service de la Marne ?
Un service départemental est une
petite structure, de 4 personnes
actuellement dans la Marne. Son
image est, de fait, très liée à celle
de son directeur qui lui donne son
âme et sa personnalité. Bien
qu’ayant fait son service national,
Bruno DUPUIS n’est ni ancien
Jean CHABAUD
combattant, ni ancien militaire. Il
Bruno DUPUIS
arrive donc avec un regard
nouveau et une expérience
différente. De formation journalistique, passionné par les
grands conflits contemporains, maîtrisant le fonctionnement
des institutions et des collectivités territoriales, il a su
consolider les liens avec tous ses partenaires et valoriser
l’Office et ses missions. Je me souviens du coup d’envoi par
Yvette Lundy, avec un de nos jeunes pupilles de la Nation, du
è
match de foot Reims-Bastia à l’occasion du 70 anniversaire
er
du décès du résistant Auguste Delaune en 2013, du 1 loto
au profit du Bleuet de France en 2012 ou des opérations
mémorielles lors de la Foire-exposition de Châlons. C’est un
communicant et il a su imposer l’image de l’Office dans le
paysage institutionnel départemental. Cette lettre d’info en
est un autre exemple, quasi unique sur le territoire.
Officier dans la réserve citoyenne, auditeur IHEDN, sapeurpompier volontaire, il est très sensible au lien Armée-nation
et a une haute image des institutions. Père de famille, il est
également très concerné par la transmission de la mémoire
et des valeurs citoyennes. De fait, le service est un peu à son
image, tourné vers les nouvelles générations mais en puisant
dans les précédentes, avec cette volonté de moderniser
l’Office, comme pour donner un souffle nouveau à cette vieille
dame âgée bientôt de 100 ans.
Mais je sais que seul on n’est rien et qu’il peut s’appuyer sur
une équipe et notamment sur un adjoint de grande qualité Eric Rochette - en poste depuis 17 ans.
ONAC : En conclusion, un mot à destination de la jeunesse ?
Malgré tout ce que l’on peut entendre, j’ai confiance dans
cette jeunesse. Elle n’est ni meilleure, ni pire que les
précédentes. Elle est seulement différente. Elle a des
questions, nous devons lui apporter des réponses. Elle est
ème
née dans le confort que les conflits du XX siècle ont,
paradoxalement, imposé. Pourquoi s’en priverait-elle ? Pour
autant, si le confort est plus grand, les enjeux de demain le
sont aussi. Le chômage, la construction européenne, la
mondialisation sont autant de défis qu’elle aura à relever. Je
ne l’envie pas car elle connaîtra - elle aussi - son lot de
difficultés. Et puis, si l’année prochaine, notre vieille Europe
ème
fêtera son 70 anniversaire de paix, l’actualité quotidienne
démontre que celle-ci reste fragile et nécessite une attention
permanente.
A cette génération, je veux dire qu’elle
doit être consciente d’être un maillon
de la grande chaîne de l’humanité.
Cela sous-entend qu’il y a un maillon
précédent qui la maintient et, qu’à son
tour, elle maintiendra le prochain. Cela
exigera qu’elle prenne, le moment
venu, ses responsabilités en
assumant son époque et les
nouveaux défis, sans renoncer à vivre
Une personnalité
avec confiance, enthousiasme et
marnaise
conviction.
Né le 6 novembre 1925 à BoisColombes (92), il arrive à Châlons-surMarne en 1937 suite à la nomination de
son père (Alfred*) comme professeur à
l’Ecole nationale supérieure des arts et
métiers. En avril 1940, il part rejoindre
son père affecté à Cluny et mènera ses
premiers actes de clandestinité en
participant au camouflage de
l’armement de l’école des arts et
métiers. Il rentre à Châlons en juillet
1940. Dès la rentrée, au sein du collège
occupé par les Allemands, il participe à
des manifestations et des activités
hostiles envers l’ennemi. En parallèle,
de 1940 à 1942, au sein des éclaireurs
de France, il participe à des exercices
patriotiques dans les bois de Cheniers.
Multipliant les actes de résistance, il
reçoit plusieurs rappels à l’ordre de la
direction du collège qui le conduiront à
arrêter ses études en juin 1942. En
septembre, il est embauché comme
secrétaire au garage de la police où il
sera contacté par l’Armée secrète de
Reims. Jusqu’en juin 1943, il
transmettra
de
nombreux
renseignements et facilitera le
déplacement des véhicules de la
Résistance grâce à la falsification de
papiers. En juin 1943, il est affecté au
service des carburants de la préfecture
d’où
il
communiquera
des
renseignements sur les entreprises
travaillant pour l’organisation Todt. En
décembre 1943, il entre au noyautage
des administrations publiques (NAP).
Arrêté par la gestapo le 1er février 1944,
il est interrogé à plusieurs reprises cours
d’Ormesson, mais les Allemands dont
il comprend la langue ne parviennent
pas à le confondre. Il est libéré en avril.
«Brûlé» pour l’Armée secrète, il continue
son activité de résistant auprès de
Libération-Nord et participe activement
aux réunions préparatoires à la
libération de Châlons-sur-Marne et à la
sécurisation de la ville après le départ
des Allemands. Il deviendra, jusqu’en
janvier 1945, secrétaire de la
commission d’arrondissement du NAP
et inspecteur à la section économique
Jean
CHABAUD
ème
de la 12
brigade
mobile de Police
judiciaire de Reims.
A ce jour, il est viceprésident du Conseil
départemental pour
les
anciens
combattants et les
victimes de guerre et
la mémoire de la Nation présidé par le
préfet, président des CVR de la Marne
depuis 1976, président de Ceux de la
Libération Marne (CDLL) depuis 1985,
président de l’Amicale de la Résistance
châlonnaise et a siégé au conseil de
gérance de L’Union, grand quotidien
issu de la résistance, de 1964 à 1983.
Il est chevalier de la Légion d’Honneur,
officier de l’ordre national du Mérite,
Croix de guerre 1939-1945, officier du
Mérite militaire et titulaire de la croix du
combattant volontaire de la résistance.
(*) Alfred CHABAUD est né le 12/11/1989 à Antibes. Révoqué de son poste de professeur de l’Ecole nationale supérieure des
arts et métiers de Châlons-sur-Marne par le gouvernement de Vichy, il retrouve un poste à la préfecture de la Marne où il
devient un membre actif du réseau de résistance Brutus-Nord. Arrêté en janvier 1944, il est torturé puis déporté à Buchenwald sous le matricule N°43 635 avant d’être transféré à Dora où il mourra d’épuisement le 30 juillet 1944.
Trois corps de poilus retrouvés
au fort de la Pompelle
C’est lors de travaux de
terrassement dans la
cour intérieur du fort
que la découverte a eu
lieu le 14 mars.
Immédiatement alerté,
M. Yves Desfossés,
conservateur régional
de
l’archéologie
(DRAC) s’est rendu sur
place, a alerté les différents services et autorités concernés
et a programmer le relèvement des trois corps. Celui-ci s’est
opéré le 20 mars avec l’aide d’une archéologue et d’un
antropologue du laboratoire d’antropologie de Marseille.
Aucune pièce n’a permit de pouvoir procéder à l’identification
des corps, seuls les dents, les boutons et les guêtres retrouvés
ont permis de déterminer que ces soldats étaient jeunes,
certainement décédès dès 1914 et qu’ils appartenaient à un
bataillon de chasseurs à pied.
Pour l’heure, les corps ont été transportés au laboratoire de
Marseille afin de subir une étude antropologique. N’ayant ni
famille, ni identité, ils seront confiés
au Pôle des sépultures de guerre
afin d’être inhumé en nécropole
nationale.
Depuis décembre, ce fort, qui
accueille chaque année 12.000
visiteurs, fait l’objet d’un important
chantier prévu durant six mois.
Classé monument historique en 1922, il fut construit en 1883
et mis en service en 1884 pour compléter la ceinture fortifiée
de Reims, conçue par le général Séré de Rivières après la
guerre de 1870. Il fut la clé de voûte du système défensif
rémois, bombardé quotidiennement mais jamais tombé.
D’une superficie de 2 ha
31, le Fort de la
Pompelle était doté
d’une
artillerie
composée de 6 canons
de 155 mm longs,
modèle 1877, du
système de Bange et de
4 canons de 138 mm
auxquels s’ajoutaient des pièces de flanquement et des
mitrailleuses. Une compagnie de 277 hommes y tenait
garnison. Durant la Première Guerre mondiale, le site fut
bouleversé par quatre années de bombardements allemands
qui ne purent venir à bout de la résistance acharnée des
troupes françaises et russes qui s’y succédèrent.
Ces travaux permettront une valorisation historique et
muséographique
tout
en
améliorant la visibilité du Fort grâce
à une nouvelle signalétique. Une
mise en valeur de l’architecture
intérieure est également prévue,
l’espace d’exposition sera doublé,
les collections valorisées et des
outils
numériques
seront
disponibles. Rendez-vous dès cet
été pour découvrir ce site
prestigieux rénové !
PORTES OUVERTES
au 1er R.A.M.A.
Comission départementale
des Porte-drapeaux
La 1ère réunion de l’année de la «commission portedrapeaux» du Conseil départemental pour les anciens
combattants et les victimes de guerre et la mémoire de la
Nation de la Marne, s’est tenue au service départemental de
l’Office en date du jeudi 27 mars, sous la présidence de
Monsieur Jean Hendziak, en raison de l’absence excusée de
Monsieur Jean Chabaud, son 1er vice-président.
Au cours de celle-ci, ce sont dix dossiers de demandes de
diplômes d’honneur, présentés par les
associations, qui ont été instruits, tous
favorablement.
La prochaine commission se déroulera
au cours du mois d’octobre. Il est
demandé aux présidents d’association
de déposer leur dossier de demande
avant la fin du mois de septembre.
La commission nationale d’attribution du diplôme d’honneur
de porte-drapeau, qui s’est tenue le 12 mars 2014, a retenu
le département de la Marne parmi les différents services qui
avaient présenté un candidat pour l’opération de valorisation
des jeunes porte-drapeaux. Ainsi, Théo Lacroix sera invité à
Paris lors de la journée du 14 juillet, pour assister au défilé
militaire et profiter d’une visite historique et culturelle de la
capitale, prise en charge par l’ONACVG.
Théo, âgé de 16 ans, est actuellement en classe
de première bac pro électrotechnique en convention avec la
Marine nationale au sein du lycée Georges Brière de
Tinqueux.
Théo est le porte-drapeau titulaire de l’Union
Fédérale Marnaise depuis février 2010, ainsi que le portedrapeau suppléant de l’association des Anciens combattants
de Sept-Saulx. Il s’est vu décerner le diplôme d’honneur de
porte-drapeau récompensant 3 années de service, lors de la
commission départementale du mois d’avril 2013.
Pour tout contact : [email protected]
08 / CENTENAIRE
LA MARNE AU CŒUR
DE LA GRANDE GUERRE
Si cette bataille reste à part dans ce conflit, c’est que ses conséquences vont
profondément influer le cours des choses. Sans cette victoire, la Première Guerre mondiale
ne se serait jamais appelée la «Grande Guerre». Elle aurait été, ce que chaque camp
croyait à l’époque, une guerre courte et d’offensive. Plus qu’une victoire militaire,
stratégique et psychologique, ce «miracle de la Marne» sera l’avènement du XXème siècle.
Eté 2014, tout s’accélère. Le 28 juin,
l’assassinat de l’archiduc FrançoisFerdinand, héritier du trône autrohongrois enflamme les Balkans. C’est
l’étincelle qui manquait à une poudrière,
mélange de montée des impérialismes,
de volontés expansionnistes, de rivalités
économiques et d’un complexe système
d’alliances militaires. En France, l’esprit
de revanche est fort suite à la défaite de
1870 et la perte de l’Alsace-Moselle.
Le 31 juillet, le député pacifique Jean
Jaurès est assassiné à Paris par Raoul
Villain. La mobilisation en France débute
le 2 août et durera 17 jours. C’est la
première fois qu’une mobilisation
générale est décrétée dans notre pays
car en 1870, seule l’armée de métier est
mobilisée. Elle comprend le transport,
l’habillement, l’équipement et l’armement
de plus de 3 millions d’hommes en
métrople et dans les colonies et leur
acheminement par voie ferrée
essentiellement vers la frontière francoallemande, selon la stratégie française
du plan XVII *.
Le 8 août, les troupes françaises rentrent
à Mulhouse, à peine deux jours ! La
percée en Lorraine, suivant cette
stratégie, se révèle un cuisant échec.
Nos armées sont contraintes de se
replier derrière la Meuse. La bataille des
frontières est une lourde défaite.
Côté allemand, c’est le plan Schlieffen*
qui est appliqué. Dès le 20 août ces
derniers entrent à Bruxelles et le 23, ils
obligent les Francais à reculer (bataille
de Charleroi), ainsi que le corps
expéditionnaire britannique (bataille de
Mons). Sur toute la ligne de front belge,
les Alliés reculent inexorablement et
doivent se replier précipitamment jusqu’à
la Marne.
Le repli défensif, imposé par les victoires
et la marche en avant inéxorable des
forces ennemies, s’opère somme toute
dans une certaine organisation. Joffre,
le général en chef de l’armée française
veille à cela depuis Vitry-le-François où
il a installé son
Grand
Quartier
Général (GQG)
depuis le 5 août.
Ainsi, il renforce
notre aile ouest afin
d’éviter
le
débordement et
l’encerclement de
nos armées.
A la fin du mois d’août, l’attaque de Paris
semble inévitable. Le 29, le
gourvernement décide de s’installer à
Bordeaux en laissant le gouvernement
militaire au général Galliéni et Joffre
déplace son GQG, d’abord à Bar-surAube (10) dès le 31 août, puis le 6
septembre à Châtillon-sur-Seine (21).
Le 1er septembre, des reconnaissances
d’aviation et de cavalerie révèlent que la
Ière armée du général Von Klück qui forme
l’aile marchante allemande, a infléchi sa
marche en direction de l’est de Paris. Von
Klück, négligent la capitale et
désobéïssant aux ordres de Moltke, perd
le contact avec la IIème armée et décide
de couper la retraite des alliés pour les
encercler et les anéantir. Le plan
Schliefen, jusque-là redoutablement
efficace, n’avait pas prévu cette initiative
de Von Klück, ni la résistance acharnée
de la Belgique qui prive l’armée
allemande de 150.000 soldats et d’une
importante artillerie retenue pour
combattre à Anvers et à Liège. Une force
qui fait cruellement défaut pour protéger
les flancs de l’armée allemande.
Alerté du pivot opéré et des combats de
Belgique, Joffre souhaite profiter
pleinement et immédiatement de cette
opportunité inespérée. Le 4 septembre,
il signe son fameux ordre du jour*,
La 1ère bataille
de la Marne
exhortant les troupes à se sacrifier plutôt
qu’à reculer, qui sonne le début de ce qui
deviendra la fameuse 1ère bataille de la
Marne.
La VIème armée qui protégeait Paris part à
l’attaque sur l’Ourcq, les Taxis de la
Marne* sont requisitionnés par Galliéni et
des troupes venues des colonies, ou
retirées du front de Lorraine, viennent
renforcer ce front pour le stabiliser puis
lancer une puissante contre-offensive. Les
troupes allemandes résistent pendant 4
jours - d’autant que nos troupes sont
épuisées après un mois de combats et
de marches incessantes - mais finissent
par reculer de 40 à 80 kms en
abandonnant quantités de prisonniers et
de matériels. Elles se replient sur l’Aisne
puis parviennent à se fixer en s’appuyant
sur les reliefs.
C’est la première véritable victoire alliée
depuis le début du conflit. Certes, ce ne
fut la victoire que d’une bataille et non de
la guerre. Elle ne mit un terme, ni à la
souffrance, ni à la misère, ni à la mort.
Cela fait à peine plus d’un mois que le
conflit a débuté et on sait aujourd’hui qu’il
durera 54 fois plus longtemps. On
dénombre déjà 150.000 morts depuis
l’entrée en guerre et quatre ans plus tard,
les calculs se feront en millions. Dans les
deux camps, les pertes sont dramatiques
et ces journées comptent parmi les plus
meurtrières de tout le conflit.
Et pourtant, cette victoire connut un
formidable retentissement. Elle mit un
frein brutal et définitif au repli de nos forces
et à l’irréversible progression ennemie qui,
depuis un mois et depuis Charleroi,
semblait ne souffrir d’aucun obstacle. Elle
redonna l’espoir à toute une armée et, audelà, à toute une population. Dans la
Marne, quelques jours, parfois quelques
heures avant nos troupes, ce sont les
habitants qui ont les premiers reculé,
abandonnant tout pour prendre le chemin
de l’exode.
Ce coup d’arrêt des forces d’occupation,
puis leur repli dès le 10 septembre, est
donc plus qu’une simple victoire
stratégique et militaire. C’est la
renaissance d’un espoir qui semblait
disparu, c’est le moral qui rejaillit chassant
cette fatalité qui s’était abattue sur les
soldats et la population. C’est le cadenas
marnais qui permet de maintenir close la porte d’accès à la
capitale. C’est le fameux «Miracle de la Marne».
Il y aura un avant et un après cette bataille. Le
visage de la Guerre s’y dessinera, lors de ces
terribles combats au corps-à-corps où nos
soldats se battaient coiffés d’un simple képi et
portant le fameux pantalon Garance. Après
cette bataille, après la Course à la Mer, nous
passerons de la traditionnelle guerre
d’offensive, héritée des siècles précédents, à
une nouvelle forme de guerre, la guerre de
position. Les hommes se fixent, creusent et
s’enterrent. C’est le début de la guerre des
tranchées qui ont tant marqué le relief de nos
territoires, véritable champ de bataille du monde
durant plus de 4 ans. Tranchées dans lesquelles
apparaîtront nos valeureux poilus, génération
condamnée à survivre dans le froid et la boue,
entre les rats et les poux, souffrant de faim et de soif, redoutant
autant la maladie que la mort. C’est la fin d’une guerre qui se
voulait courte et le début de l’enlisement, rythmé par les
bombardements d’artillerie et les incessantes offensives et
contre-offensives, le long d’une ligne de front quasi immobile
durant quatre ans et qui partagea notre département en deux,
entre le nord et le sud.
Pour aller plus loin
Suite du dossier
La 1ère bataille
de la Marne
Reprise du château de Mondement
Plan XVII et plan Schlieffen
Conçu en 1913, le plan XVII est le 17ème plan militaire depuis
la fin de la guerre de 1870. Sa stratégie - consistant à
concentrer la majeure partie de nos forces le long des
frontières belges et allemandes (de Givet à Belfort) - est basée
essentiellement sur l’offensive et l’esprit combattif.
Le plan Schlieffen (du nom du général, chef d’Etat-major)
date de 1905 mais évoluera et sera appliqué par le général
Von Moltke. Il prévoit une concentration des troupes le long
des frontières occidentales du Reich au détriment du front
Est (Russie) puis une attaque à travers le Luxembourg et la
Belgique pour surprendre les troupes françaises en les
contournant par le nord, puis de faire pivoter l’aile droite vers
le sud pour prendre Paris et encercler les troupes françaises.
Mondement
C’est à Mondement que s’élève le
monument national symbolisant cette
1ère bataille de la Marne. Mondement
constituait un point stratégique du
dispositif de Joffre car son château
dominait les marais de Saint-Gond et
verrouillait le passage vers la capitale
par le sud. La reprise du château aux
Allemands le 9 septembre marque
l’arrêt de l’avancée allemande. Pour
autant, le front de cette bataille s’étira
d’Ouest en Est sur 250 kms, de la
Seine-et-Marne à la Meuse et sur notre territoire
départemental, sur plus de 110 kms, entre Esternay et
Sermaize-les-Bains. Ce champ de bataille est divisé en
plusieurs batailles : à l’ouest les batailles de l’Ourcq et des
deux morins, au centre (Marne) les batailles des marais de
Saint-Gond et de Vitry-le-François (Mont-Morêt et Sermaizeles-Bains) et à l’est la bataille de Revigny.
Le monument est un monolithe gigantesque de 35 mètres de
haut en béton constitué d’agrégats roses de Moselle dont
l’éréction s’est achevée en 1938.
Taxi de la Marne
Les taxis de la marne
désignent les taxis parisiens
ayant été réquisitionnés par le
général Galliéni, gouverneur
ère
de Paris, lors de la 1 bataille
de la Marne pour transporter
une brigade d’infanterie en renfort sur le front.
En réalité, ils ne mettront pas une seule roue dans la Marne,
déposant les soldats dans l’Oise. Au total, ce seront environ
6.000 hommes à bord de 1.200 taxis qui seront ainsi
rapidement transportés. Contrairement à la légende, cet
événement sera d’un point de vue militaire totalement
insignifiant eu égard au nombre de soldats concernés d’autant
ème
que les troupes transportées (103 et 104
RI) sont des
troupes épuisées, ayant essuyées de lourdes pertes et à forte
proportion de réservistes. Elles occuperont, d’ailleurs, des
positions défensives en seconde ligne. En revanche, cette
épopée inédite est une véritable victoire psychologique et sera
largement exploitée par la propagande pour symboliser l’unité
et la solidarité nationale.
Ordre du jour du 6 septembre
«Au moment où s’engage une
bataille dont dépend le salut du
pays, il importe de rappeler à tous
que le moment n’est plus de
regarder en arrière. Tous les
efforts doivent être employés à
attaquer et repousser l’ennemi.
Toute troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte,
garder le territoire conquis et se faire tuer sur place, plutôt
que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune
défaillance ne peut être tolérée. Signé Joffre»
Médaille de la Marne
Créée le 21 août 1937, la médaille de la Marne
honorait les anciens combattants des deux
batailles de la Marne (septembre 1914 et été
1918). Elle fut présentée au général de Gaulle
par le commandant Gauvin, fondateur de
l’association «Mondement 1914». Seule cette
association était habilitée à la décerner. Aujourd’hui, n’existant
plus de témoins de ces époques tragiques, et soucieux de
préserver l’intégrité de la valeur mémorielle de cette médaille,
le conseil d’aministration de l’association a décidé, en date
du 20 février 2009, de suspendre toute remise.
10 / MÉMOIRE
Recensement photographique de tous
les monuments aux morts français
La Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale s’est
associée à l’édition 2014 des Rencontres de la photographie
d’Arles afin d’établir le premier recensement photographique de
tous les monuments aux morts français.
Tous les maires de France - et leurs concitoyens - ont la
possibilité de faire parvenir à la Mission du Centenaire des
photographies numériques de leur monument aux morts avant
le 15 mai 2014, afin d’aboutir à la publication d’un livre et à une
exposition lors des Rencontres d’Arles, du 7 juillet au 21
septembre 2014.
Les personnes intéressées sont invitées à se rendre sur le
portail internet de la Mission du Centenaire :
www.monuments.centenaire.org/rencontres-arles:depot
pour prendre connaissance du protocole de prise de vue et y
déposer ses photographies.
Par courrier du 13 mars, Monsieur le Préfet en a avisé
l’ensemble des 620 maires de la Marne.
Du vendredi 2 au dimanche 11 mai se déroulera
la traditionnelle collecte au profit de
l’Œuvre nationale du Bleue
rance
Bleuett de FFrance
rance.
Mobilisons-nous,
pour aider ceux q
ui res
qui
resttent !
16/04 - Châlons-en-Champagne
Jury départemental du CNRD
27/04 - Marne
Journée nationale du souvenir des
victimes et des héros de la déportation
29/04 - Marne
Journée nationale d’hommage aux
Morts pour la France en Indochine
Du 02 au 11 mai - Marne
Campagne nationale de collecte
au profit du Bleuet de France
05/05 - Reims
Permanence de l’ONACVG Marne
à l’Hôtel-de-Ville de 14H00 à 16H00
06/05 - Butte des Fusillés
07H00 - Cérémonie en hommage aux
résistants exécutés
08/05 - Marne
Commémoration de la victoire de 1945
14/05 - Châlons-en-Champagne
Jury départemental du concours des
«Petits artistes de la Mémoire» - PAM
22 et 23/05 - Butte des fusillés
Rallye de la Liberté
31/05 - Camp du Struthof
Voyage scolaire de récompense
des lauréats du CNRD
Symbole officiel de mémoire et de solidarité envers
le monde combattant et les victimes de tous les
conflits ayant engagé la France, la fleur de Bleuet
incarne le lien étroit entre la Nation et ceux qui l’ont
servie ou la servent encore aujourd’hui.
Les collectes nationales, chaque 8 mai et 11
novembre, permettent de participer au financement :
de l’action sociale en faveur des ressortissants de l’ONACVG (58%)
: Aide au maintien à domicile, amélioration des conditions de séjour en
maison de retraite, secours d’urgence, prise en charge des pupilles de la
Nation, aide aux victimes de guerre et du terrorisme et à leurs familles,
solidarité avec les soldats en OPEX
des projets et actions de mémoire auprès du grand public et surtout
des jeunes générations (25%) : voyages mémoriels, concours scolaires,
expositions, échanges intergénérationnels,....
Vous souhaitez collecter dans votre commune ou rejoindre un réseau de
collecteurs ?
Contactez-nous.
Vous souhaitez effectuer un don au profit du Bleuet de France ?
Venez déposer votre don au service
ou adressez-nous votre chèque
à l’ordre du «Régisseur du Bleuet de France».
ONACVG de la Marne - 8 quai Notre-Dame - BP 90 069
51 006 Châlons-en-Champagne / Téléphone : 03 26 65 17 60
Pour célébrer son 90ème anniversaire,
la CARAC invite ses adhérents,
leurs familles et le grand public
à participer à une série de balades
citadines et solidaires dans toute la France. Venez nombreux pour créer
le record de la plus grande balade solidaire de France.
Des balades insolites
La Carac propose des balades dans 35 villes de France. Les
parcours des balades, qui se dérouleront en mai, juin et
septembre, ont été conçus pour être accessibles au plus grand
nombre. Ils permettront aux parents et aux grands-parents de faire
découvrir le patrimoine historique, culturel, architectural et
paysager à leurs enfants, dans le but de favoriser l’échange
intergénérationnel. La mutuelle est consciente de l’importance du
partage de valeurs communes propres à servir l’intérêt collectif.
La plus grande balade
solidaire de France
La Carac a pour ambition de créer le record de la plus grande
balade solidaire de France et s’engage à reverser 1 euro par
participant* aux 5 associations partenaires : Association des
Paralysés de France, Arc-en-Ciel, Mécénat Chirurgie Cardiaque,
Solidarités Nouvelles face au Chômage et l’Oeuvre des pupilles
des Sapeurs-Pompiers. Ces balades citadines sont parrainées par
la navigatrice Maud Fontenoy.
*Dans la limite d’une somme totale de 30.000 euros
LA FRANCE MUTUALISTE
ET LE DEVOIR DE MÉMOIRE
Depuis sa fondation en 1925, liée au droit à reconnaissance des anciens combattants
de la Grande Guerre, La France Mutualiste a su conserver intact son esprit de
solidarité, tant sur le plan de son activité financière que sur celui de la transmission
intergénérationnelle.
Actrice du devoir de mémoire, la mutuelle commémore des événements ainsi que
l’action d’hommes et de femmes qui, par leur courage et leur sacrifice, nous ont transmis un pays en paix.
Une sensibilisation au souvenir pour que les générations futures préservent cet héritage.
Aujourd’hui, cette mutuelle conduit un «travail de mémoire» sur trois dimensions aussi complémentaires qu’indispensables :
Donner un sens à l’avenir des nouvelles générations, à l’occasion de la commémoration des évènements et des hommes, en
favorisant la transmission vers les jeunes générations,
Construire collectivement la mémoire avec tous les dépositaires de la mémoire commune : les témoins des évènements, les
communautés éducatives (familles, établissements scolaires, associations…), les communautés
académiques (universités, centres de recherche, institutions patrimoniales…) ;
Partager le travail de mémoire avec le grand public et les différentes générations.
Depuis dix ans, La France Mutualiste s’attache à faire vivre
le devoir de mémoire en remettant chaque année
«Le Prix Grand Témoin».
Ce prix littéraire récompense deux auteurs contemporains dont les récents ouvrages témoignent de
conflits armés de notre époque. En se faisant l’écho de la mémoire commune, La France Mutualiste
oeuvre auprès des générations actuelles et futures afin qu’elles prennent la mesure du chemin qu’il
reste à parcourir pour éviter les erreurs du passé.
MAR’NEcropole
11 / CONCOURS
Concours photo sur le thème des nécropoles nationales de la Marne
proposé par l’ONACVG de la Marne.
En partenariat avec le Conseil général de la Marne,
le Centre d’interprétation Marne 14-18 de Suippes et le club de photo «Clic Clac Club» de Cormontreuil.
Participation gratuite - Ouvert à tous
ONACVG de la Marne
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Rédaction
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