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CHICANE journal le du CAUE34 N ° 9 4 • DÉCEMBRE 2012 © Photo. F. Hébraud - CAUE34 conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de l’Hérault DOSSIER Réinvestir les centres anciens SOMMAIRE Actualités et P. 2 Communes en bref P. 3 «Les itinéraires du CAUE 34» P. 4 Espaces publics en LR Rencontres P. 6 photographiques d’Arles «Une rentrée en image 2012» Elus et professionnels savoyards P. 8 En visite dans l’Hérault Cazedarnes P. 9 Le groupe scolaire remarqué EXPOSITIONS P. 10 L’âne musicien FORMATION P. 12 Etalement urbain Réinvestir les centres anciens actualités Les particuliers conseillés gratuitement par les professionnels du CAUE 34 Depuis sa création, le CAUE de l’Hérault conseille gratuitement les maîtres d’ouvrage privés : particuliers engagés dans un projet de construction ou de réhabilitation ou qui souhaitent aménager un terrain, mais aussi agriculteurs et artisans. Ces conseils, qui excluent toute maîtrise d’œuvre, sont largement appréciés. Rendez-vous et consultances téléphoniques permettent de répondre aux préoccupations des uns et des autres : Comment implanter et orienter une construction neuve dans son contexte paysager et urbain ? Comment prendre en compte le climat et optimiser le confort thermique ? Comment utiliser les énergies renouvelables tout en se protégeant du soleil l’été ? Quel mode de chauffage choisir ? Quels matériaux privilégier ? Comment utiliser la végétation et quelles essences planter pour économier l’eau ? Comment assurer une bonne maîtrise du projet ? Comment interpréter le cadre réglementaire ? Permanences sur rendez-vous Montpellier au siège du CAUE de l’Hérault, 19 rue Saint Louis. Tél. 04 99 133 700 Saint-André-de-Sangonis à la Maison des Entreprises. Tél. 04 67 570 101 Se munir de documents facilitant la compréhension du projet envisagé (photographies du terrain, plan cadastral, esquisses, réglementation…). P. 13 Panorama des problématiques P. 14 Le centre ancien de Lodève P. 18 Objectifs et projets Espaces publics et habitat ancien P. 20 Au CRDP de Montpellier Samedi 19 janvier 2013 Communauté de communes Vallée de l’Hérault Ganges P. 24 Un programme d’ensemble Ailleurs P. 28 D’autres exemples Uzerches et Tulle (Corrèze), Le Muy (Var) Les outils de la rénovation P. 31 Déballage P. 32 Une journée de rencontres et de débats sur les nouvelles conditions de la ville contemporaine Pour la cinquième année consécutive, les étudiants des première et deuxième année de Master de l’Ecole d’architecture de Montpellier prennent en charge l’organisation d’une journée d’échanges sur le thème des «Métropoles du Sud». Cette année les interrogations porteront sur le développement et l’urbanisation des métropoles, sur des modèles d’urbanisation alternatifs ou encore sur l’importance des mobilités évaluées à l’aune du développement durable. Avec les interventions de : Xavier Leibar, architecte - Bordeaux, Henri Bava, paysagiste - France, François Fontes, architecte - France, Andréas Ruby, architecte - Allemagne, Francisco Mangano, architecte - Espagne, Jean Nouvel, architecte - France, Laurent Duport, architecte - France. Entrée libre - Renseignements et inscriptions [email protected] 2 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 SOMMAIRE en bref actualités communes • Assas - Un projet urbain à l’épreuve du paysage Les CAUE en formation «Concevoir et organiser une concertation» La municipalité d’Assas a progressivement mis en place une démarche de définition de projet urbain. Elle a sollicité, pour l’accompagner, le partenariat de la Région -en répondant à l’appel à projets Nouvelles Formes Urbaines Durables- et celui du CAUE pour bâtir une méthode. A la suite d’une consultation, la municipalité a choisi l’équipe pluridisciplinaire formée par l’Agence N. Lebunetel, architectesurbanistes et N. Lucas et P. Mercier, paysagistes pour établir des orientations dans le cadre d’une étude urbaine préparatoire à une révision du document d’urbanisme. L’université d’été des CAUE en juillet 2011, qui portait sur la concertation, a mis en évidence la professionnalisation croissante des intervenants dans ce domaine. C’est pour répondre à cette demande de qualification que la Fédération Nationale des CAUE a inscrit, dans son programme annuel de formation, 2 jours pour : «Concevoir et organiser une concertation». Le CAUE 34, organisateur de ces journées, s’est adressé à Gilles-Laurent Rayssac, consultant, cofondateur et gérant de Res Publica, et professeur associé à l’Université de Caen en ingénierie de concertation. Insistant sur l’importance du travail de préparation, Gilles-Laurent Rayssac a pour coutume de dire qu’une réunion de concertation, c’est avant tout «l’art de faire travailler les autres». Il ne s’agit pas d’obtenir un consensus mais d’identifier les divergences et de les expliquer. Les participants devraient être désormais capables de : • Formuler les objectifs et les finalités du processus, • Identifier les acteurs et les mobiliser, • Choisir les outils de communication pour la mobilisation, • Phaser et respecter les différentes étapes du processus, • Décider de ce qui peut être mis au débat et de ce qui ne doit pas l’être, • Organiser et animer les différents types de réunions en fonction des phases où intervient la concertation. Plus qu’une obligation légale, un projet citoyen Une concertation transforme le processus de décision sans modifier la responsabilité décisionnelle du commanditaire. Elle permet de : • Prendre des décisions plus performantes, plus efficaces et plus pertinentes, • Comprendre et s’approprier le projet, • Associer le citoyen à la vie démocratique. Les compétences acquises par les participants leur permettront, dès à présent, de mieux accompagner les communes qui le souhaitent dans les processus de concertation, qu’ils soient obligatoires (comme dans le cadre de la révision d’un PLU par exemple) ou facultatifs, issus d’une volonté politique. • Valros - • Mons-la-Trivalle Restructuration de la base de plein air La base de plein air, équipement d’accueil pour la pratique d’activités de pleine nature construit dans les années 80, nécessite aujourd’hui une remise à niveau globale. Dans le prolongement de la réflexion sur la mise en valeur du village, le CAUE accompagne la commune dans sa démarche de restructuration de cet équipement situé non loin des gorges d’Héric. Res Publica a été choisi pour organiser la concertation autour du devenir du site militaire de l’École d’Application de l’Infanterie (EAI) de Montpellier. Voyage dans la ville Rens : Julie Marchand, coordinatrice du projet Tél : 04 67 73 18 18 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 3 © Photo - Centre Pompidou Beaubourg Une «Œuvre-jeu» du sculpteur Miquel Navarro à destination des publics scolaires de 5 à 12 ans. La Maison de l’architecture Languedoc-Roussillon accueille cette exposition du Centre Pompidou Beaubourg, à l’Hôtel de Ville de Montpellier du 13 mai au 22 juin 2013. «Sous la lune II est une ville imaginaire que l’on peut lire de mille façons. C’est aussi un jeu où les enfants sont invités à remodeler l’espace et à le transformer selon des règles de jeux que chacun pourra sans cesse réinventer». Le CAUE 34 s’associe à cette initiative dans le cadre des ateliers pédagogiques. Etude urbaine Préalablement à la révision de son document d’urbanisme, la commune de Valros a souhaité travailler à la définition de son projet urbain. Dans le cadre d’un avis public à la concurrence, elle a choisi l’Agence d’architecture et d’urbanisme TorresBorredon associée au paysagiste Jérôme Classe Atelier 6.1. Cette étude urbaine, subventionnée par le Conseil Général de l’Hérault, vise à définir, par le biais d’un plan d’aménagement d’ensemble, de nouvelles façons d’habiter le territoire communal pour les parties restant à urbaniser et à redonner du sens à ce qui est déjà construit. Les espaces publics en Languedoc-Roussillon … Un premier itinéraire pour les élus et les professionnels dans l’Hérault Un circuit d’une journée consacré à la visite d’espaces publics, en octobre dernier, a réuni plus d’une trentaine d’élus. Les questionnements des uns confrontés aux expériences des autres, tel était le but recherché par le CAUE de l’Hérault. Programmation, consultations de concepteurs, choix stratégiques d’aménagement, qualité des matériaux et des végétaux, ambiances et aspects techniques ont alimenté les visites, commentées par les concepteurs des réalisations. Chaque participant est ainsi reparti avec matière à réflexion et des pistes à explorer pour les espaces publics de sa propre commune. Les espaces publics choisis pour ce premier circuit présentent un éventail de typologies : places, placettes, traversées urbaines, aires de stationnement, promenades, esplanades… Vic la Gardiole Le boulevard des Aresquiers, ancienne voie départementale, assure le lien entre le centre ancien et les extensions contemporaines de la commune. A l’origine, cette portion de voirie se caractérisait par un ruban bitumé qui faisait office de place publique dans ce village qui n’en possédait pas. Les principaux équipements, mairie, poste, écoles, salle polyvalente, Office du Tourisme, s’y rattachent ainsi que la majorité des commerces. Sur la base d’un projet partagé avec les élus, le CAUE de l’Hérault a élaboré un programme d’orientations fixant le cadre du projet. Les concepteurs, choisis à l’issue d’une consultation, affinent leur parti d’aménagement en proposant un axe stratégique renforcé, accueillant, sécurisé. Le boulevard s’enrichit de placettes, chaque fois que l’espace le permet, pour mieux s’articuler au tissu bâti du village. Concepteurs : Atelier Sites, paysagistes, architectes © Photos - CAUE 34 Frontignan-La Peyrade 4 Consciente du rôle majeur de cette ancienne route nationale, la municipalité a opté pour un projet global phasé sur 10 ans. L’ancienne «route frontière» est désormais un espace public plus favorable à la vie collective et à la qualité des déplacements. Le recalibrage de la chaussée produit un ralentissement de la circulation et offre des trottoirs généreux. Les concepteurs ont créé une ligne de mobilier urbain en acier dont la légèreté s’associe à un encombrement réduit. Le traitement de sol unitaire est en béton désactivé de couleur claire. Les plantations d’arbres d’alignements marquent des séquences et contribuent au confort d’usage. Concepteurs : Agence Nicolas Lebunetel, architectes - Arcadi paysagiste le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 Mèze Lieu historique au coeur de la ville, l’esplanade créée à la fin du XIXe siècle avait perdu peu à peu ses fonctions urbaines et commerciales en laissant la voiture prendre le pas sur des activités propres à la vie de la ville. L’objectif était de retrouver, au centre-ville, un espace apaisé et convivial. L’enjeu résidait dans la négociation avec les commerçants focalisés sur la question du stationnement. Des alternatives ont été trouvées en combinant des offres diversifiées de stationnement. Ce vaste espace, redevenu piétonnier, favorise désormais le développement de commerces et d’activités. Concepteur : Atelier Sites, paysagistes, architectes Sète A l’Ouest de la ville, l’ancienne route nationale de la Corniche, trop routière et sans qualités, a été requalifiée en 2005 dans une expression contemporaine. Chacun y trouve naturellement sa place, le piéton comme le cycliste, séparés de la voie routière par un épais terre-plein planté. Côté route, une piste cyclable bidirectionnelle s’étire tout le long du linéaire de la Corniche. Bancs, corbeilles et luminaires rythment la promenade tout en séparant les espaces dédiés aux cycles et aux piétons. Les terrasses maritimes (photo) se caractérisent par leur revêtement en bois d’Ipé. Concepteurs : Olivier Kauffmann, architecte, urbaniste Pézenas Ce secteur sauvegardé bénéficie d’une forte notoriété et accueille plus de 600 000 visiteurs en période estivale. La ville doit réorganiser son fonctionnement urbain pour répondre à un engorgement du centre par les véhicules, faire face à des inondations régulières et marquer qualitativement les entrées. Une étude urbaine, lancée en 2003, a généré plusieurs aménagements. La place des «Etats Généraux du Languedoc» (photo) est une entrée stratégique bordée par le parvis de l’Hôtel Peyrat, l’espace Molière et l’Office du Tourisme. De grands emmarchements absorbent la légère déclivité du sol. Un mobilier urbain spécifique, le végétal et la sobriété du traitement d’ensemble qualifient cet espace public. Tout près, le parc de stationnement Voltaire est un autre des points clés de ce renouveau urbain. Concepteurs : Gilles Amphoux, Laurent Beauzédat, paysagistes Cournonterral La reconquête de deux places emblématiques de ce village est passée par la création de deux parkings à moins de 100 m de ces places. Un diagnostic, établi par le CAUE de l’Hérault, a conduit à une consultation de professionnels. Les concepteurs ont considéré les deux places comme un ensemble et se sont appuyés sur l’unité de traitement de sol pour en renforcer la lecture tout en leur conservant une ambiance propre. Concepteurs : Atelier Sites, paysagistes, architectes Michèle Bouis - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 5 Rencontres photographiques d’Arles Une rentrée en image 2012 « Attention, on rembobine … » ! «Regards sur 30 ans d’architecture», voilà le thème retenu par les CAUE des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Hérault, rejoints cette année par celui de l’Aude, pour leur 7ème participation à une rentrée en image, à l’adresse des scolaires. temps depuis les années 80 jusqu’à nos jours, évoquant 30 ans de création architecturale française, • un atelier proposant aux élèves de se projeter en 2042, d’imaginer un projet d’architecture, de l’associer à une invention technologique, un événement culturel, un contexte politique ou social particulier... et d’exprimer leur vision personnelle sous diverses formes : dessins, collages, expression écrite, réalisation de pop-up, de pliages ou de modelages plastiques…, toutes à inclure sur une affiche, support qui leur a été fourni. 660 élèves et 70 enseignants et accompagnateurs d’écoles élémentaires, collèges, lycées des académies de Montpellier et d’Aix Marseille ont fréquenté l’atelier ! Le thème s’accordait parfaitement avec celui des Rencontres qui fêtait les 30 ans de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles «Une école française». 30 projets emblématiques -choisis pour incarner un style architectural ou un architecte, traiter d’un programme remarquable, évoquer des matériaux et des techniques de construction spécifiques…, dans les contextes sociaux, culturels et environnementaux qui ont nourri la production architecturale de ces 30 dernières années- ont servi de matière à réflexion à cette animation qui s’est déroulée en deux temps : • la projection d’un diaporama, pour remonter le 2042 un futur imaginé par les élèves L’homme exploite ses capacités cérébrales (télékinésie) à l’aide des extra-terrestres Il n’y aura plus de place en ville et les gens iront vivre au-dessus de l’eau La téléportation a été inventée et beaucoup de personnes ont disparu La planète Mars devient habitable La modernité est à son apogée, mais quelques sentimentaux regrettent les anciennes modes © Photos CAUE 34 Premier robot président de la république 6 Création de la maison mobilier début de l’époque nomade le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 A la fin de l’atelier les élèves présentent leurs propositions à l’ensemble de la classe Auparavant, la fabrication de maquettes bat son plein ! La manipulation de différents matériaux... ... permet une expression libre et créative «Base sur le territoire international lunaire autonome» «Kitch parking pour soucoupes volantes» «Maison dans les airs» Odile Besème - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 7 Un voyage d’étude sous le signe de la densité, de l’eau et du vin Elus et professionnels savoyards en visite dans l’Hérault Largement diffusés, les projets du territoire de l’agglomération de Montpellier comme ceux de la ville-centre attisent les curiosités. Ainsi une délégation composée d’élus de Métropole Savoie et d’architectes, pilotée par le CAUE 73, a été guidée par le CAUE de l’Hérault à travers le territoire montpelliérain, mais aussi La Grande-Motte et le Pays de Lunel, les 8 et 9 novembre derniers. Fraîchement débarquée, la délégation est accueillie par Michel Guibal, Président du CAUE 34 et Brigitte Mas, Directrice © Photos CAUE 34 Visite de l’Hôtel de ville de Montpellier. Et clôture du voyage à Boisseron, au Domaine de Theyron, après une visite de Viavino à Saint-Christol. 8 Le premier jour, en guise d’introduction, une balade urbaine, depuis le centre de Montpellier jusqu’aux nouveaux quartiers du bord du Lez, commentée par Patrick Buffard et Sylvaine Glaizol, architectes-urbanistes au CAUE 34, a permis aux différents membres du groupe de s’approprier les grandes étapes du développement urbain de la ville. Reçus à la Communauté d’Agglomération de Montpellier par Christophe Moralès, Vice-président en charge de l’urbanisme, ils ont découvert les différentes facettes du projet de territoire, le SCOT et ses premières évaluations, les sites stratégiques d’échelle métropolitaine avec notamment celui «De Montpellier à la mer» labellisé Ecocité par le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. En fin d’après-midi, Philippe Saurel, maire-adjoint à la culture et au patrimoine, a proposé une découverte du nouvel Hôtel de Ville (architectes J. Nouvel et Fr. Fontès), complétée par une présentation du projet urbainMontpellier horizon 2040 par Nicolas Roubieu, directeur du projet urbain de la ville. Le lendemain, sous un ciel menaçant, Fabien Blasco, directeur adjoint au Foncier et à l’Aménagement, a accompagné la délégation sur le territoire, en profonde mutation, du projet «De Montpellier à la mer» avec une description précise des multiples enjeux. En écho aux stations de montagne reconnues patrimoine du XXe siècle en Savoie comme les Arcs, le parcours s’est prolongé vers le littoral avec une visite, de La Grande Motte, commentée par Jean-Marc Lopez, chargé de mission à l’Office de Tourisme de la ville, station balnéaire classée patrimoine du XXe siècle, confrontée elle aussi à une mutation progressive. Changement d’échelle et d’environnement pour la fin d’après-midi, la délégation découvre le projet de pôle oenotouristique Viavino de la communauté de communes du Pays de Lunel, à Saint-Christol (architecte Ph. Madec). L’enthousiasme communicatif de Jean-Luc Bergeon, maire et président de l’Office de tourisme intercommunal qui présente les différents défis du projet -de l’équipement qui sort de terre au territoire concerné- déjoue la pluie et la pénombre qui s’installent. Une dégustation au domaine de Theyron prolonge la présentation et clôture la visite des savoyards qui projettent déjà de revenir. Sylvaine Glaizol - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 Face à la mairie, l’école est le premier des équipements qui viendra, à terme, délimiter la future place. Le groupe scolaire de Cazedarnes, finaliste du Prix d’Architecture du Languedoc Roussillon - Edition 2012 Prix organisé par l’Ordre des Architectes, cette année : «Les lieux d’enseignement et d’éducation» L’école de Cazedarnes, réalisée par l’agence Passelac & Roques architectes, s’est distinguée dans l’édition 2012 du Prix d’Architecture Languedoc Roussillon. En juin 2005, les élus de cette commune de 400 habitants, envisagent de construire une nouvelle école au vu de l’évolution démographique de la commune et sollicitent le CAUE pour avis et conseils. Les premières réflexions font apparaître des enjeux au-delà de la simple création de cet équipement symbolique. La construction de l’école est l’occasion de s’interroger sur la vie du village et sur la nécessité de créer un centre qui lui fait défaut, en prenant appui sur les équipements existants comme la mairie. La création d’une place à l’échelle du village, l’organisation du stationnement et l’anticipation de l’arrivée des équipements à venir comme la salle polyvalente ou de nouveaux logements… sont autant d’éléments structurants à prendre en considération dans l’approche préalable. A partir du programme initial pensé par les élus, celui d’une école bordée par un grand parking, le CAUE propose des scénarios alternatifs d’aménagement, porteurs de qualités urbaines, de confort d’usage et moins consommateurs d’espaces. Le pré-programme de la nouvelle école est mis au point sur la base du scénario arrêté par les élus. La mission, confiée à l’agence Passelac & Roques, retenue après consultation, comprend la réalisation de l’école mais également l’aménagement de la place du village. Le dialogue qui s’est instauré entre les élus, les architectes et le CAUE a permis d’aboutir à ce projet aujourd’hui remarqué. Une nouvelle centralité s’ébauche autour de la mairie et de la nouvelle école. fiche technique • Maîtrise d’ouvrage : Commune de Cazedarnes • Maîtrise d’œuvre : Passelac & Roques Architectes - Coursan (11) • Bureaux d’études techniques : structure : Bet Virelizier, Infrastructure : Bet Infra étude, fluides : Bet Cité • Programme : 4 salles de classe, restaurant scolaire, salle polyvalente et locaux annexes • Réalisation : 2009 • Surface : 840 m2 • Coût : 1 250 000 € Alain Pérez - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 9 30 ans des FRAC L’Âne musicien Transmission et apprentissage, au cœur de trois expositions à Montpellier du 9 novembre au 21 décembre 2012 Design graphique Florence Girard «Il s’agissait de saisir l’occasion des 30 ans des FRAC pour fédérer des structures qui ont du mal à se trouver. C’est donc une première qui, je l’espère, sera reconduite. Trois lieux et trois injonctions qui nous ont tous, un jour ou l’autre, concernés. Les œuvres sont prêtées par le FRAC pour cette occasion». Patrick Perry*, commissaire général de cette exposition, précise le contexte de l’événement en poursuivant : «Il est un âne devant une lyre, comme le lecteur qui tient un livre et n’en comprend pas le sens, si ce constat pouvait encourager certains à voir l’exposition comme une métaphore des rapports entre l’art d’aujourd’hui et le public, soi-disant distendus, notre propos n’est pas, évidemment, une illustration renouvelée de la fable !» Photo © P. Buffard - CAUE 34 *Patrick Perry, professeur d’histoire de l’art à l’École Supérieure des Beaux Arts de Montpellier Agglomération. Chargé de cours d’histoire de l’art à l’Université Paul Valéry. Commissaire général de l’exposition avec Emmanuel Latreille directeur du FRAC LR et Eric Watier architecte et enseignant à l’ENSAM A l’Ecole d’architecture, une œuvre de Loïc Raguénès «L'âne, voyant une lyre abandonnée par terre dans une prairie, s'approcha et essaya les cordes avec son sabot, elles résonnèrent dès qu'il les toucha : - Joli instrument parbleu, mais c'est mal tombé dit l'âne, car je ne sais pas en jouer. Si quelqu'un de plus savant l'avait trouvé, il eût charmé les oreilles par de divines mélodies » - Extrait d'une fable antique de Phèdre. Ce texte connut une diffusion importante au Moyen Âge. Il fut particulièrement illustré à l'époque romane par le biais de la sculpture monumentale. Les nombreuses images d'un âne essayant de caresser de ses sabots le délicat instrument, très fréquentes dans l'Ouest et le Centre de la France, évoquent alors, d'abord l'ignorance, celle de l'homme charnel qui, par paresse spirituelle, ne veut et ne peut comprendre l'Esprit et les messages divins. Avant de générer l’image de l’âne qui ne veut pas apprendre, avec son bonnet, cette fable porte également en elle toute la méfiance de la culture occidentale envers les artistes, ceux qui ne sauraient se contenter d’un monde sur lequel aucune prise n’est possible». 10 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 J’m’énerve pas, j’explique ! Pierre Joseph, né en 1965, poursuit depuis 1980 un travail sur les questions du savoir et de sa transmission. Joseph 01 et 02 - L’Appareil digestif (Atlas image Restaurée), 2005-2007, 16 dessins schématiques de l’appareil digestif tels que se le représentent des étudiants de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier Agglomération sous la conduite de l’artiste, impression numérique sur papier, 105 x 80 chaque dessin A l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier - Le Cube. Les œuvres choisies font référence à l’aspect collectif, collaboratif, de l’apprentissage. Il n’y a pas de modèle, on apprend ensemble, sans qu’aucun maître n’impose sa règle. Artistes présentés : Roderick Buchanan, Adam Chodzko, Éric Duyckaerts, Joseph Grigely, Pierre Joseph, Bill Owens, Loïc Raguénès, Lawrence Weiner. Essaye encore une fois ! Tu vas y arriver ! A l’École Supérieure des Beaux Arts de Montpellier Agglomération - Le Pré carré. A partir de cette injonction pédagogique, les œuvres présentées évoquent la question des modèles, la manière de les interpréter, de les recopier, ceux que l’on recopie, que l’on réinterprète, dont on transmet la mémoire. TTaroop & Gl Glabel, b l Le Baiser de d Picasso (de d mémoire), 1er et 2e essais, 1998, peinture, collage, dyptique, adhésif découpé, bois, 2 x (45 x 45 cm). © Frac Languedoc-Roussillon Artistes présentés : Matthew Antezzo, John Baldessari, Étienne Bossut, Enna Chaton, Bert Duponstoq, Ann-Kathrin Feddersen, Filip Francis, Man Ray, Taroop & Glabel, Lawrence Weiner Déchire tout et recommence ! Toutes images : © Collection Frac Languedoc-Roussillon (Rip It Up and Start Again!) Au Fonds Régional d’Art Contemporain LanguedocRoussillon - Le créateur se met en situation de devoir tout inventer ou réinventer, avec ce dont il dispose, parfois à partir de rien, faire ce que l’on peut en se débrouillant seul, ou presque. Tom Friedman, Baby Demon, 2009, sacs en papier, découpés, froissés, papier, adhésif, 152,5 x 91,5 x 18 cm. Photo Frac Languedoc-Roussillon. © Tom Friedman Michèle Bouis - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 11 Photo © X. Berthaud L’étalement urbain mobilise les CAUE Un engagement inscrit dans la durée De l’étalement continu, en nappe, dans des territoires sous pression, à l’étalement par petites touches dans des territoires dits ruraux, l’étalement urbain recouvre des réalités différentes qu’il convient d’identifier et de décrypter pour être en capacité de projeter. Dans le cadre de l’Université Permanente des CAUE, avec l’appui du réseau des CAUE, le CAUE du Loir-et-Cher et la Fédération Nationale des CAUE ont initié deux cycles de quatre sessions de formation sur la problématique de l’étalement urbain. et envisager l’étalement comme une réalité, support de véritables projets ? Les CAUE ont voulu, en organisant ces formations, nourrir leur réflexion, enrichir leurs références et confronter leurs pratiques liées à des contextes très diversifiés. Les sessions ont été volontairement réparties sur le territoire national, de Paris à La Rochelle pour l’examen des mécanismes, à Montpellier pour une approche prospective, à Arras et Loos-en-Gohelle, à Strasbourg et sa première couronne, à Valence avec la plaine du Rovaltin pour des approches contextualisées, à Rodez avec la ville-territoire, et enfin, en guise de clôture, une exploration des notions d’espace public à Achères dans les Yvelines. A chaque session, des ateliers ont permis diverses expressions mettant à contributions les participants-stagiaires. Les restitutions, empruntant des modes de communication variés tels que l’exposédébat, les jeux de rôles, l’expression corporelle et même le roman-photo, ont souligné l’importance du jeu d’acteurs dans ce phénomène. La restitution du 1er cycle a fait l’objet d’une publication : «Comment questionner l’étalement urbain ?»*, synthèse des contributions d’intervenants et participants, commentée par Jean-Louis Violeau, dans le rôle d’un observateur attentif aux postures des CAUE présents. L’édition de journauxweb** a été choisie pour le second cycle. Aujourd’hui, les CAUE planchent sur un ouvrage qui permettrait de diffuser plus largement la richesse des interventions, des expériences et des références relevées. Après un premier cycle qui a exploré les mécanismes de production, la complexité des demandes et des évolutions sociétales, en 2008 et 2009, un deuxième cycle a été lancé en 2011et 2012, consacré aux projets territoriaux, aux stratégies de projets et à l’accompagnement des élus et décideurs. Ces cycles ont bénéficié de nombreuses interventions ciblées de professionnels, universitaires et élus concernés, et successivement, de l’accompagnement de Jean-Louis Violeau, sociologue et de Martin Vannier, géographe, enseignants et chercheurs. Les professionnels des CAUE, confrontés quotidiennement au phénomène de l’étalement urbain, notamment dans le cadre du conseil aux collectivités, peuvent participer à la définition d’orientations stratégiques à l’échelle d’un grand territoire, de projets urbains à l’échelle communale ou intervenir sur des micro-projets. • Comment accompagner l’évolution du périurbain ou «des tissus pavillonnaires», espaces qui sont encore ceux qui bénéficient le moins d’études et de projections ? • Comment approcher la complexité du sujet afin d’éviter toute forme de dogmatisme, souvent inapproprié Photo © S. Glaizol, CAUE34 Des visites d’opérations ont contribué à alimenter le travail de réflexion. Ici, une partie du groupe à Breda (Pays-Bas) en 2009. 12 *«Comment questionner l’étalement urbain», FNCAUE avec le soutien de la DGP du ministère de la Culture et de la communication **Liens vers les journaux web et l’inventaire des publications des CAUE sur la question de l’étalement urbain, des lotissements, de l’habitat individuel, de l’urbanisme en milieu rural : http///www.asso.fr Sylvaine Glaizol - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Réinvestir les centres anciens La salle du peuple de la mairie de Lodève accueillait, le 25 octobre dernier, le 4ème atelier des territoires organisé par le CAUE de l’Hérault sur la thématique de la reconquête des centres anciens. Une soixantaine d’élus, techniciens et administratifs de collectivités, architectes et urbanistes ont partagé leur réflexion, leurs démarches et leurs expériences en matière de projets, de contenus, de méthodes et d’outils. La présentation d’exemples de quelques villes et territoires, s’impliquant pour améliorer les conditions de vie, restructurer les tissus urbains et réhabiliter logements et espaces publics, ont servi d’illustration aux débats. le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 13 DOSSIER Constats généraux pour un état des lieux mitigé et parfois alarmant D’origine moyenâgeuse, en ce qui concerne la trame des voies et le parcellaire, les centres anciens de l’Hérault sont d’une très forte densité bâtie. Rares, en France, sont les régions où de telles densités existent (50 logements à l’hectare et un coefficient d’emprise au sol de 90-95%) ! L’espace public y est très réduit et grandement sollicité. Revendiqué par tous, il est extrêmement précieux! Espace de la marche à pied, de l’échange et de la parole, c’est un «espace de contact», par opposition à celui de la Renaissance ou du Baroque, espace «de représentation et de spectacle»*. En fonction des topographies et des contextes, les centres anciens vont développer des typologies d’une grande variété. Des trames orthogonales côtoient des trames Trame orthogonale et trame circulaire dans la vallée de l’Hérault : Pouzols (à gauche), Paulhan (à droite). Certains centres sont abandonnés en raison de leur inadaptation aux critères de confort actuel. Photo © CAUE 34 Réinvestir les centres anciens circulaires, dans les mêmes unités paysagères. De part et d’autre du fleuve Hérault, les villages de Canet (trame orthogonale) et du Pouget (trame circulaire) en sont l’illustration. Mais s’ils diffèrent dans la forme de leurs espaces publics, ils ont en commun le modèle d’habitat : la maison de village, une maison individuelle verticale, haute de plusieurs étages, un modèle d’habitat écologique, car très économe en foncier, mais peut-être un peu trop et c’est bien là que le bât blesse, justement ! Jugés étriqués, inconfortables et sans espaces privatifs extérieurs, les centres anciens seront abandonnés, à partir des années 70, au profit de sites vierges «sans lieux, ni bornes»**, les quartiers d’extension périphériques. Aujourd’hui, ce patrimoine ordinaire, témoignage remarquable de notre histoire architecturale et urbaine, porte les stigmates, parfois dramatiques, de cet abandon : des bâtiments dégradés, aux logements indignes, encadrent des espaces publics en mauvais état, sans vie ni activités. L’image des centres anciens ne fait pas toujours rêver ! Panorama des problématiques posées par les centres anciens dans les communes de l’Hérault, l’expérience du CAUE Toute question d’aménagement posée dans le cadre du conseil aux communes soulève, tôt ou tard, une réflexion autour du centre historique, de son rôle et de son avenir dans le fonctionnement général de la ville ou du village. Les centres anciens face au développement urbain Lorsque l’on observe le développement urbain des villes et villages de l’Hérault, le caractère «anecdotique» des centres-anciens s’impose. Ils sont d’une taille minuscule dans la tâche urbaine qui, elle, atteint dix à vingt fois leur emprise. Mal reliés aux quartiers périphériques au tissu lâche, il existe comme une relation de «désamour» entre deux mondes qui se côtoient sans se comprendre, une dichotomie physique dont pâtissent non seulement le fonctionnement urbain mais aussi l’ensemble de l’équilibre social de la ville. Très dense d’un côté et très lâche de l’autre, en quoi les centres anciens seraient-ils «complices», voire responsables de l’évolution urbaine des quarante dernières années ? Des centres-anciens mieux aménagés, avec des espaces publics plus aérés et fonctionnels, avec un habitat plus confortable et proche des attentes contemporaines, auraient-ils pu contenir l’étalement urbain ? Des politiques de renouvellement urbain plus volontaristes, visant à «faire la ville sur la ville» par un travail de recomposition d’îlots, de création de logements et d’espaces publics nouveaux, pourraient-elles ralentir l’actuelle consommation frénétique d’espaces périphériques ? L’avenir des centres anciens dans l’Hérault passerait-il par des opérations de «dé-densification» ? 14 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Réinvestir les centres anciens Si les centralités se déplacent dans le temps, jusqu’où peuton envisager de délocaliser équipements, commerces et activités sans dévitaliser les centres anciens ? La création de nouveaux équipements dans les communes nous met souvent face à cette question qui, hélas, n’est pas nouvelle, car le transfert d’équipements à l’extérieur des centres historiques est un phénomène récurrent. La construction, durant la deuxième partie du XIXe siècle, de nouvelles mairies–écoles, la refondation du réseau départemental et l’aménagement d’esplanades ont eu de lourdes conséquences sur les centres anciens. Si de telles créations ont permis aux villes et aux villages d’une certaine importance d’asseoir leur développement à travers un réseau d’espaces et de bâtiments publics nouveaux, plus confortables, accessibles et fonctionnels, elles ont aussi contribué au déplacement des anciennes centralités dont elles ont modifié sans retour caractère, ambiance et vocation. Lorsque les villes s’en sont donné les moyens, ces nouvelles centralités XIXe, bien conçues et reliées au centre historique, forment, avec celui-ci, une unité, le centre-ville. Mais dans de nombreux villages de l’Hérault, ces ébauches urbaines du XIXe restent, encore aujourd’hui, des espaces mal définis ! Porteuses d’un potentiel précieux, elles peuvent faire l’objet d’une restructuration urbaine, accueillir de nouveaux équipements et activités, et révéler ainsi une centralité communale, jusque là mal identifiée ou tout simplement inexistante. Le CAUE, dans ses missions de conseil, se trouve souvent confronté à la restructuration de ces espaces. La nécessaire réhabilitation de l’espace public et la préalable gestion de la circulation et du stationnement Lorsque toute activité a déserté les centres, la fonction résidentielle demeure. De nombreux centres historiques sont aujourd’hui de simples quartiers d’habitation, sans grande qualité, en raison des handicaps bien connus : difficulté d’accès et de stationnement, absence d’espaces extérieurs privatifs, logements inconfortables. C’est alors que le ré-investissement de l’espace public par la collectivité devient incontournable et doit même s’imposer pour garantir l’intégrité physique des centres anciens. Entretenir l’espace public, réhabiliter les rues, ruelles, places, placettes et passages sous porches n’améliore pas seulement le cadre de vie quotidien des habitants et des visiteurs. Il a un réel effet de levier sur la réhabilitation du bâti privé, les maisons de village. Cependant, réhabiliter l’espace public dans de bonnes conditions, en l’adaptant à nouveau aux usages de la marche et de l’échange, ne peut s’envisager sans, au préalable, le libérer des fonctions de la circulation et du stationnement automobiles ! L’anticipation communale, par la réalisation d’un plan de circulation et par l’acquisition foncière de terrains permettant de créer des petites poches de stationnement en périphérie immédiate, sont des actions incontournables pour la mise en valeur de l’espace public et la sauvegarde des centres anciens. *Françoise Choay, «La terre qui meurt», Ed. Fayard - 2011 **Melvin M. Webber, «L’urbain sans lieu ni bornes», Ed : Aube - 1998 Photos © CAUE 34 La vitalité des centres-anciens, aussi petits soient-ils, passe par le maintien, en leur sein, d’une activité minimale. Si certaines municipalités délocalisent, d’autres confortent leur centre historique grâce à de nouveaux équipements : Saint-Chinian avec l’installation de la nouvelle mairie et la création d’une médiathèque dans l’abbaye (ci-dessous à gauche) et Castelnau-Montratier, dans le Lot, avec la création d’une maison de retraite (ci-dessous à droite). le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 15 DOSSIER Réinvestir les centres anciens Comment réhabiliter l’espace public des centres anciens sans les banaliser de manière irréversible ? Comment remplacer ces belles calades villageoises lorsque l’on sait que la réutilisation des matériaux d’origine est impossible, dans le cadre courant de la production de l’espace bâti et des budgets qui lui sont affectés ? La commune de SaintGervais-sur-Mare, après un travail remarquable d’une dizaine d’années autour de la traversée, belle artère du XIXe, se trouve cependant confrontée à la problématique de la ruine dans son centre historique. Photos © CAUE 34 Calade à Saint-Gervais-sur-Mare (ci-dessus) et un ilôt dégradé (cidessous) Espace public réhabilité à Colombiers 16 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Les centres anciens se caractérisent par un bâti ordinaire, mais sensible dont la réhabilitation doit faire l’objet d’un suivi architectural et de la mise en œuvre de savoir-faire artisanaux. Au-delà de l’espace public, la sauvegarde des centres anciens passe aussi par la réhabilitation du bâti, qui doit être l’affaire de tous : collectivités, propriétaires occupants et propriétaires bailleurs. Les procédures existent et leur mise en œuvre ne peut être que le fruit de concertations et d’implications mutuelles. (cf page 30). Si le CAUE est rarement sollicité dans le cadre de ce type de procédures globales et concertées, il est, au contraire, régulièrement questionné en matière de réhabilitation de façades, de choix de matériaux et de couleurs. Or le constat est alarmant. La tendance à la défiguration de ce patrimoine fragile est, malheureusement, trop répandue. L’absence de composition, de savoir faire et l’utilisation de matériaux préfabriqués, en contradiction avec la nature des bâtis anciens, tels que le PVC pour les menuiseries et les chénaux, les enduits plastiques monocouches et le béton pour les tuiles dénaturent sans retour la cohérence d’un bâti fragile, dont toute la valeur tient à l’authenticité de ses matériaux et à la qualité de leur mise en œuvre. Un retour sur investissement par le biais de retombées économiques et touristiques La municipalité qui aura investi le centre ancien de la commune, en réhabilitant l’espace public et en incitant à la réhabilitation du bâti, aura contribué à valoriser un témoignage culturel d’une grande valeur. L’histoire urbaine et architecturale de la commune, ainsi réhabilitée et revalorisée, sera ainsi transmise aux habitants, aux scolaires, aux visiteurs et autres publics amateurs qui, par leurs visites, pourront justifier et soutenir une économie touristique, commerciale et artisanale et ainsi garantir, par ce biais, une vitalité des cœurs historiques de nos villes et de nos villages ! Aspasie Kamberou - CAUE34 Photos © CAUE 34 Salasc (ci-dessous) et Mourèze (ci-contre) dans la Vallée du Salagou soignent leur image de village par la réhabilitation du bâti et de l’espace public de leurs centres anciens. le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 17 Réinvestir les centres anciens Suppression d’enduits, créations d’ouvertures sans lien avec la logique de composition des façades, installation de ferronneries de nature pavillonnaire, de volets roulants en PVC, sont quelques-unes des aberrations quotidiennes que subit le bâti des centres anciens. DOSSIER Réinvestir les centres anciens Le centre ancien de Lodève : objectifs et projets Lodève, ville d’accueil de ce 4ème atelier, voit les enjeux urbains se condenser au centre. En introduction de son exposé, Fabien Klingelschmidt, directeur général des services de la ville, résume les atouts d’une cité d’un peu plus de 7000 habitants, à mi-chemin entre les plateaux du Larzac et le littoral : l’omniprésence de la nature avec les versants boisés visibles «d’où que l’on soit, y compris des ruelles du centre», et les cours d’eau ; une cohérence architecturale et une richesse patrimoniale bien conservées, des équipements importants qui confortent le rôle de sous-préfecture. Mais la ville a souffert des départs successifs des industries du textile et de la Cogéma, son économie s’est fragilisée, une certaine partie de sa population s’est paupérisée et le bâti s’est dégradé. Elus et professionnels sont invités à parcourir les différents sites de projets, commentés par Marie-Christine Bousquet et Fabien Klingelschimt, sur lesquels la ville et les collectivités partenaires se sont engagées : l’immeuble Barral qui jouxte la cathédrale SaintFulcran, l’extension de l’hôpital, le chantier du lycée et celui de la Bouquerie, point de départ d’une requalification des espaces publics du centre. © Document Atelier des villes et des territoires Pour Marie-Christine Bousquet, maire, l’urgence était «de remettre de la vie en ville» en confortant services et équipements publics, mais aussi en lançant «une reconquête des espaces publics du centre». Une étude sur la circulation et le stationnement, menée en 2009, a été relayée par un schéma global de restructuration et requalification des espaces publics du centre. Elle poursuit : «la ville à pied est le point fort de l’étude urbaine que nous avons lancée en 2009*, nous avons compris que l’effort devait porter sur cette dimension de ville humaine, une ville que l’on peut parcourir à pied, qui contient tout les équipements structurants à conforter mais aussi de grandes poches foncières à investir et de grands immeubles mutables, donc un fort potentiel d’investissement sur le centre ville». La première action qui est allée dans ce sens, est celle de la Région qui décide de reconstruire le lycée professionnel sur son site. De 380 élèves il en accueille aujourd’hui 960, avec une nouvelle filière d’arts appliqués… «Ces jeunes en ville, ce n’est que du bonheur, mais la ville doit s’adapter à l’essor de cette présence. La rénovation de l’hôpital tout proche est engagée, le projet de l’immeuble Barral permettra de regrouper les administrations qui mutualiseront certaines installations… Les travaux du plan de la Bouquerie et l’ouverture sur la rivière sont la première étape d’un schéma d’ensemble qui vise à redonner de la place aux piétons.» Photo © M. Bouis - CAUE 34 «Remettre de la vie en ville» Lodève «Tout est parti de là ! Un isochrone qui définit un périmètre de 15 minutes à pied du centre, périmètre où l’action publique doit être privilégiée.» 18 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Réinvestir les centres anciens «Bâtir une politique de l’habitat» «Aujourd’hui, nous engageons une concertation volontairement déconnectée du PLU, avec les habitants, pour un vrai dialogue que nous voulons serein.» Fabien Klingelschmidt, précise : «Il faudra retranscrire le projet urbain dans le document d’urbanisme et engager une résorption de l’habitat insalubre… Il nous reste à bâtir une véritable politique de l’habitat. Et pour cela, les expériences des uns et des autres nous intéressent…». L’appel est lancé et la ville a entamé, en partenariat avec le Conseil Général, une évaluation foncière afin de se doter d’outils adaptés. *se référer au journal du CAUE34, n°92, p 20-25 : «Lodève, la reconquête d’une ville-paysage» «La nature est omniprésente, où que l’on soit». Les collines boisées s’inscrivent dans les perspectives des rues et ruelles. Mais une valorisation de l’espace public s’impose et les nombreux visiteurs du musée Fleury doivent pouvoir prolonger leur visite. Photos © S. Glaizol - CAUE 34 A partir d’une double réflexion, engagée en 2010, sur les circulations et le stationnement d’une part, l’établissement d’un schéma directeur des aménagements des espaces publics d’autre part, le plan de la Bouquerie jusqu’au quai des Ormeaux va faire l’objet d’une restructuration complète qui devrait redonner aux piétons un véritable confort et valoriser l’ensemble du site. Sylvaine Glaizol - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 19 DOSSIER Réinvestir les centres anciens Espaces publics et habitat ancien mobilisent la Communauté de Communes Vallée de l’Hérault La dégradation des centres anciens serait-elle le résultat, non anticipé, de l’ouverture d’espaces à urbaniser surdimensionnés ? Si 90% de logements neufs se font encore sous forme d’habitat pavillonnaire, sur les 28 communes composant la communauté, plus de 2000 logements présumés indignes ont été recensés. Un Programme d’Intérêt Général (PIG) qui découle du programme local de l’habitat (PLH) place, aujourd’hui, le réinvestissement des centres comme une priorité. © Photos F. Hébraud - CAUE34 Albert Sayag, directeur général adjoint de la CCVH dénonce, dans les premiers POS, la très grande ouverture des zones à urbaniser : «Elles représentaient plus de 3 à 5 fois le volume du foncier dont on avait besoin pour réaliser le PLH. Aujourd’hui, la priorité est à la densification, en remplissant les dents creuses et en travaillant dans les secteurs déjà urbanisés. La diversification des offres de logements est primordiale. Il faut des petits collectifs, des logements sociaux. Des opérations d’aménagement d’ensemble, comme des ZAC, permettent d’explorer d’autres formes d’habiter», déclare-t-il. En accompagnement de cette politique de l’habitat, les élus ont exprimé la très forte volonté de requalifier les espaces publics. En effet, «comment motiver les habitants pour rénover leurs logements si la collectivité ne fait pas d’effort pour requalifier les espaces publics ? C’est pour cette raison que, parallèlement au diagnostic du bâti, une partie de la mission, confiée à un bureau d’étude, fut d’établir un état des lieux des espaces publics de manière à engager les travaux, en même temps que la réhabilitation des bâtiments», poursuit Albert Sayag. Jean-Marcel Jover, maire de Gignac, considère que sa commune est très représentative et illustre tout à fait les problèmes des villages de la communauté : des centres où l’on dénombre une forte proportion de logements vacants dégradés, d’autres occupés par une population vieillissante à plus de 41%. Il a conscience du véritable défi que représente cette reconquête des centres où rien n’a été fait depuis des décennies, mais attire l’attention sur le risque qu’il y aurait à créer trop de logements dans des ruelles trop étroites pour ne pas asphyxier le centre, ce qui irait à l’encontre du but recherché. «Il va falloir un changement total des mentalités, revoir le rapport à la voiture. L’ambition est de réhabiliter 250 logements sur 5 ans sur l’ensemble de la communauté. C’est un objectif qui semble pouvoir être atteint car les financements sont en place» précise t-il. Au-delà de ses fonctions d’agrément et de support de la vie communautaire, les espaces publics donnent aux quartiers anciens la respiration nécessaire à un habitat plus dense. 20 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER © Photos F. Hébraud - CAUE34 Réinvestir les centres anciens Des outils sont mobilisés pour résorber durablement les situations d’indignité et de dépréciation du bâti, avec la requalification de l’espace public comme effet de levier et d’entraînement. Dégradation de l’habitat et dégradation de l’espace public, deux phénomènes liés A Gignac, début de réhabilitation pour cette ruelle du centre ancien © Photos F. Hébraud - CAUE34 La feuille de route de l’équipe pluridisciplinaire, qui s’étend sur une durée de 12 mois, s’appuie sur 3 points forts : • Associer, dès le départ, la double approche en matière d’habitat et d’urbanisme. • Etre précis à l’échelle communale et stratégique à l’échelle intercommunale. • Utiliser tous les dispositifs et les outils, sans a priori, et faire preuve d’inventivité. Siegfried Dunand, gérant de «L’Atelier des villes» spécialisé dans la politique du logement, et Clément Bodin, urbaniste, décrivent les cinq étapes de leur travail : • Donner une photographie fidèle et précise des phénomènes de vacance et d’inconfort sur la totalité du territoire de la CCVH. • Parallèlement, établir un diagnostic urbain, comprendre les fonctionnements, les dysfonctionnements, pointer les espaces dévalorisés ainsi que les opportunités de restructuration, sur chaque commune. • Définir des îlots qui cumulaient le plus de problèmes et les cartographier. • A partir de ces constats, établir une stratégie communale et intercommunale à la fois sur l’habitat et sur l’espace public. • Evaluer les outils les plus appropriés et préfigurer une mise en œuvre pré-opérationnelle. L’exemple de Gignac illustre leur démarche : une cartographie fait apparaître deux îlots qui conjuguent les phénomènes de dégradation du parc et des espaces publics peu valorisants. A Gignac, deux îlots cumulent les phénomènes de vacance, de dégradation du bâti et des espaces publics peu investis. Une intervention lourde est préconisée. le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 21 DOSSIER Réinvestir les centres anciens ARBORAS PUECHABON MONTPEYROUX ARGELLIERS ST-JEAN DE-FOS ST-SATURNIN DE-LUCIAN ANIANE ST-GUIRAUD JONQUIERES LAGAMAS ST-ANDRÉ DE-SANGONIS BOISSIÈRE (LA ) GIGNAC MONTARNAUD POPIAN ST-PAUL ET-VALMALLE POUZOLS ST-BAUZILLE DE-LA-SYLVE POUGET (LE) VENDEMIAN TRESSAN AUMELAS GROUPE 1 PUILACHER PLAISSAN BELARGA CAMPAGNAN GROUPE 2 GROUPE 3 ST-PARGOIRE Depuis l’établissement de cette cartographie en 2010, la commune de Saint-Jean-de-Fos a intégré le groupe 1 © Photos F. Hébraud - CAUE34 Pour conjuguer lisibilité et efficacité du programme d’intérêt général (PIG) sur l’ensemble des communes, les actions ont ciblé plusieurs pistes, en combinant le contexte urbain et les typologies. Ces études préalables, qui posent les bases de la phase pré-opérationnelle, sont réparties en trois groupes : - Groupe 1 : îlots avec concentration de phénomènes de vacances, de dépréciation immobilière (habitat et espaces publics) et d’inconfort dans un environnement urbain dégradé fonctionnant mal. - Groupe 2 : existence d’opportunités immobilières ou foncières intéressantes en raison de leur emplacement, de leur taille ou de leur intérêt patrimonial. - Groupe 3 : situations d’inconfort, d’inadaptation ou de désaffectation du bâti, diffuses et sans réel impact sur le fonctionnement urbain. Dans les 3 cas, les propriétaires seront accompagnés et aidés financièrement dans leur projet de remise aux normes de leur bien. ST-GUILHEM LE-DÉSERT © Document CCVH Des interventions communales Une stratégie intercommunale Site emblématique de la Commune de Gignac : esplanade, espaces publics et bâtiments réhabilités se valorisent réciproquement. Gignac : Intervention publique sur un bâti communal Grâce aux dispositifs du PIG, cet immeuble, propriété de la commune depuis plus de 10 ans, est aujourd’hui en cours de réhabilitation pour y créer 2 logements locatifs sociaux de 54 m2 chacun. L’immeuble, dont la façade borde l’esplanade, va contribuer à valoriser un des espaces majeurs de la commune. Maître d’ouvrage : commune de Gignac Maître d’œuvre : Dominique Perrin Architecture Coût de la réhabilitation : 197 900 € Financements : CCVH : 16 500 € Région LR au titre du PAM (prime à l’amélioration) : 4 900 € Fonds propres communaux : 50 000 € Subvention d’équilibre CCVH : 21 500 € Prêt Caisse dépôts et consignation au titre du PAM : 105 000 € 22 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Réinvestir les centres anciens © Photos B. Labède A Jonquières, la réhabilitation de cette ancienne agence postale a favorisé l’accueil de nouveaux habitants au cœur du village. Les 28 communes de la communauté, bénéficient des aides classiques en direction de l’habitat diffus à réhabiliter. Une dizaine de communes sont concernées par des aides bonifiées sur des centres anciens dégradés Gignac : Intervention publique sur un îlot dégradé En 2012, la commune fait l’acquisition de trois parcelles bâties dont les superficies au sol varient entre 15 et 30 m2, sur 3 à 4 niveaux. Les logements, vétustes et étroits, impossible à réhabiliter individuellement, ont été regroupés et vont faire l’objet d’une restructuration globale horizontale. Des surfaces plus généreuses et adaptées au confort actuel pourront être dégagées. Le projet architectural n’est pas encore initié, il sera établi soit par l’intermédiaire d’un opérateur social, soit par une consultation organisée par le maître d’ouvrage. Cette opération, située dans la Grand’ Rue, participera à l’embellissement du centre et s’inscrit dans le programme de requalification des espaces publics. Montant de l’acquisition 70 000 € Financements : 50% CCVH, 50% fonds propre communal Michèle Bouis - CAUE34 Communes dans lesquelles des îlots dégradés ou des opportunités foncières ont été identifiés et qui nécessiteront des interventions publiques © Photo F. Hébraud - CAUE34 © Document CCVH Etude 2010 Trois types de périmètres Contacts Programme d’aides à la rénovation de logements - Service gratuit de la Vallée de l’Hérault Numéro : 04 67 73 61 76 - www.renovissime.aideshabitat.fr le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 23 DOSSIER Réinvestir les centres anciens Ganges, le centre moyenâgeux au cœur d’un programme d’ensemble Maire de Ganges depuis un an et demi, mais présent au sein du conseil municipal pendant plus de vingt ans, Michel Fratissier connaît sa ville sur le bout du doigt. Il en présente les diverses facettes par un constat : «aujourd’hui, la préoccupation est une forte paupérisation de la population et le risque d’un éclatement urbain, lié à la morphologie de la ville. Le projet urbain que nous avons initié repose sur l’idée essentielle qu’il est temps de redonner à la ville une mixité sociale qui a disparu et notamment dans le centre». La ville de Ganges, cité industrielle spécialisée dans la bonneterie il y a environ 50 ans, était peuplée de 5000 habitants qui se concentraient au creux du méandre formé par l’Hérault et le Rieutord. A partir des années 70, le déclin industriel entraîne le déclin démographique. En 20 ans la ville passe de 5000 à 3000 habitants. Aujourd’hui elle en compte 4200 et on dénombre 400 logements vides dans le cœur ancien ! Michel Fratissier insiste : «Il y a un vrai enjeu de vitalité urbaine mais le centre ancien ne doit pas être isolé d’une problématique plus globale. La structure urbaine de la ville, héritée de ce passé industriel, est constituée par une grande densité de l’habitat. Au XIXe siècle, dans certains appartements, vivaient dix à douze personnes. Cet héritage est à la fois intéressant au niveau du patrimoine, mais lourd à traiter aujourd’hui. Mais si l’on travaille uniquement sur l’habitat, on risque de s’essouffler, il faut travailler sur l’ensemble du projet urbain dans toutes ses composantes en utilisant tous les dispositifs à notre disposition.» Une ville à deux visages Le maire poursuit : «A Ganges, le centre urbain est composé de nombreux logements vétustes, insalubres, occupés par des populations qui viennent des départements et des communes alentours. Ces populations s’identifient très peu à la ville, elles sont là par hasard et souvent négativement. Elles n’ont pas fait le choix d’habiter Ganges, elles l’ont fait par exclusion et cela pose un problème important lorsque l’on veut travailler sur le centre ancien. Cette partie de la population ne côtoie pas l’autre, celle qui a les moyens d’habiter, soit à la périphérie de Ganges, soit dans les communes voisines. Cette population-là bénéficie de toute l’infrastructure de Ganges, mais paie des impôts deux fois moins élevés». 24 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Photos © CAUE 34 Réinvestir les centres anciens La ville de Ganges dans le bras du Rieutord Ruelle dans le vieux Ganges «La morphologie de la ville est un facteur ségrégatif, en effet. Au-delà de la frontière du Rieutord, se trouve le plateau du Puech qui accueille un autre type d’habitat, des villas, sous forme de lotissements. A l’évidence, il y a un risque de dichotomie urbaine avec la présence de néo-urbains qui viennent d’ici ou d’ailleurs, s’installent dans des maisons pas trop chères et habitent la ville de Ganges sans jamais la fréquenter. Le cœur de la politique qui nous préoccupe aujourd’hui est vraiment de réinvestir le centre ancien pour répondre aux enjeux économiques, touristiques, mais aussi de mixité. Si rien n’est fait, il y aura d’un côté, des personnes qui vont travailler à Montpellier et, d’un autre, celles qui n’ont pas de travail et qui habitent le cœur ancien. L’enjeu du travail qui est mené sur la ville est de faire de ce centre autre chose qu’un cul de sac et de le positionner dans une problématique d’ensemble pour qu’il soit investi par toute la population et accepté par celle-ci». La municipalité mène de front un certain nombre de chantiers liés à l’ensemble des problématiques urbaines. Le plan local d’urbanisme, qui devrait voir le jour au printemps, est lancé. «Nous avons gelé des terrains à construire pour éviter la diffusion urbaine. C’est un risque que je prends en tant qu’élu, parce que je ne fais pas plaisir aux Gangeois. Mais nous mettons ces terrains en zone différée pour éviter justement la disparité urbaine et sociale et inciter les gens à investir dans le centre». La municipalité a sollicité le CAUE pour travailler à la définition d’une étude urbaine et à la rédaction de son cahier des charges. En janvier 2011, contenu et objectifs sont arrêtés. Le centre ancien sera replacé dans un territoire plus large pour tenir compte de la réalité actuelle qui positionne le centre de Ganges au coeur d’une conurbation comprenant les communes limitrophes de Laroque, Moules-et-Baucels et Cazillac. C’est pourquoi l’étude urbaine insiste sur l’objectif d’une requalification élargie, comprenant la réflexion sur l’habitat, les espaces publics et les entrées de ville. Le CAUE a assisté la municipalité dans la recherche de concepteurs et suivi le déroulement de l’étude jusqu’à la formulation des scenarii. L’équipe est composée de Pascal Tattier, compositeur urbain et de Lucien Sambuco, architecte urbaniste. L’assistance du CAUE dans la définition d’une étude urbaine. Le Conseil Général de l’Hérault, qui développe une politique d’aide aux études urbaines, a saisi là l’occasion d’établir un contrat territorial avec la Communauté de Communes des Cévennes Gangeoises pour le compte de la ville de Ganges. le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 25 Une équipe pluridisciplinaire au travail Pour Lucien Sambuco, architecte urbaniste, «Le diagnostic a permis de redonner les clés de lecture de ce site qui paraît simple dans sa globalité, mais complexe et confus dans ses détails. En synthétisant, la problématique urbaine se posait ainsi : - un habitat ancien dégradé - des espaces publics à retrouver et à requalifier, - les entrées de ville à restructurer. Nous avons proposé un processus de revitalisation urbaine en ciblant l’espace public. Il faut une action qualitative forte autour des équipements et autour des commerces. Il faut introduire du confort, des jardins, du végétal, régler le problème de la sur-occupation par les voitures.» DOSSIER Photos © CAUE 34 Réinvestir les centres anciens L’entrée de Ganges depuis Montpellier, un paysage à requalifier Les espaces publics du centre-ville, envahis par le stationnement Ce plan-guide illustre les principales composantes du projet de ville : • La requalification de l’entrée depuis Montpellier : recomposition du carrefour (remplacement du rondpoint par un carrefour à feux), implantation de nouveaux bâtiments situés aux angles de la rue, création d’un parc urbain sur les rives du Rieutord, et installation de l’Office de Tourisme • La rénovation des artères structurantes par un ensemble d’actions mixtes • Le réaménagement des places du centre ville par la création, entre autres, de squares Il identifie : • Deux secteurs de rénovation urbaine : le premier dans le centre historique et le deuxième dans la ville basse actuellement occupée par une zone d’activités, réelle frontière avec le centre ancien • Deux secteurs potentiels d’urbanisation future sur les coteaux 26 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER Réinvestir les centres anciens Deux projets de renouvellement urbain ambitieux dans le vieux Ganges Pascal Tattier, compositeur urbain, s’attache plus précisément à trouver les meilleurs outils d’intervention en fonction des cas particuliers. Il commente : «Le regard que nous avons eu, comme à notre habitude, a été de déceler ce qui peut être réhabilité. Il y a des privés qui se débrouillent tout seuls, ceux qu’il faut inciter avec des aides et, dans ce cas précis, avec la participation du Conseil Général de l’Hérault, et en dernier lieu, les actions coercitives. Sur Ganges, les problèmes se concentrent sur deux gros îlots de 50 logements chacun, réhabilités dans les années 80 et qui, depuis 30 ans, ont mal évolué. Pour ne pas alourdir le dispositif, l’idée est d’utiliser ce qui est déjà disponible, notamment en s’appuyant sur les services municipaux, pour recueillir les informations. Avec ces informations de terrain et l’examen des situations, on détermine avec quel dispositif intervenir.» • La réhabilitation de l’habitat indigne : une politique basée sur l’information, le partenariat et l’animation Sur deux autres ilôts, comportant un grand nombre de logements indignes, une démarche, basée sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés*, est engagée, qui porte sur : - des actions de sensibilisation et d’information des publics concernés - des actions de veille pour le repérage de l’insalubrité, de médiation (entre locataires et propriétaires), d’accompagnement et d’aide au montage des dossiers des propriétaires occupants les plus fragiles - un apport de conseil technique - un apport d’aides financières : Conseil Général délégataire des aides de l’ANAH, aides complémentaires du conseil Régional, du FART (fonds d’aides à la rénovation thermique), etc. La mairie de Ganges est fortement impliquée dans l’animation de ce dispositif. SIG-CG34 - Topogeodis - 2008 • Le projet de réhabilitation-démolition-reconstruction Le projet porte sur la restructuration de deux îlots, situés à l’est des halles. Les éléments structurants tels que les «têtes d’îlots», leur emprise ainsi que leur gabarit sont conservés. Les bâtiments, situés sur les côtés sud des ilôts, sont démolis au profit de jardins, tandis qu’une démolition-reconstruction porte sur les bâtiments nord. Une nouvelle rue piétonne traverse l’ilôt nord tandis que les remparts de la ville de Ganges sont mis à jour en limite sud de l’ilôt. Une opération de dé-densification porte le nombre de logements à 60 au lieu des 100 initiaux. Le projet est au stade de sa pré-programmation. Pascal Tattier présente sa méthode de travail aux participants de ce 4ème Atelier des Territoires. Le scénario, adopté dans le cadre du projet de réhabilitationdémolition-reconstruction, aujourd’hui au niveau du pré-programme et du cahier des charges promoteur. *CCAS, ARS, ADIL, CG, CAF, MSA, etc... Michèle Bouis et Aspasie Kamberou - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 27 DOSSIER Réinvestir les centres anciens Ailleurs, d’autres exemples... Dévitalisation économique, inadéquation des logements, vacance et insalubrité, à chaque commune de trouver les bons outils pour répondre aux bonnes questions. Pascal Tattier, spécialisé dans les approches globales, travaille dans nombre de communes pour mettre en place des dispositifs, parfois complexes, de reconquête d’un patrimoine difficile à investir. Il nous livre quelques exemples, chacun marqué par ses particularités. «Lorsque l’on répond à l’échelle de la parcelle, on peut créer une maison de ville, comprenant parfois une pièce par niveau. Le logement est propre, mais il n’est pas adapté aux besoins actuels et une fois l’opération terminée, on est bloqué pour 30 ans à cet endroit-là. Une suite de petites interventions comme celle-là risque de créer un mitage de bonne intention, mais empêche une opération d’ensemble plus ambitieuse qui aurait pu apporter des changements plus profonds». Ainsi, Pascal Tattier préconise fortement de penser, non pas à l’échelle du logement ou même de la parcelle, mais d’avoir une réflexion globale à l’échelle d’un îlot. C’est, selon lui, le seul moyen d’avoir un réel impact sur la transformation des habitations. On peut alors traiter l’insalubrité, le péril et l’intérêt patrimonial, mais également ouvrir les îlots, aérer le tissu et créer de l’espace public souvent peu développé en centre dense. Les solutions passent souvent par des actions incontournables : • Dédensifier • Eclairer • Adapter les logements aux modes de vie actuels • Trouver des extensions extérieures (jardins, terrasses, séchoirs) Pour identifier les poches ou les îlots à traiter, il est nécessaire de superposer plusieurs niveaux d’études, notamment celles relatives à la vacance et à l’habitat indigne. Biens privés vacants • Uzerche (Corrèze) L’espace public comme lien et point de départ d’une reconquête urbaine Liaisons piétonnes à favoriser Malgré la petite taille de cette ville de 3 000 habitants, l’équipe municipale s’est dotée d’un projet urbain global en tenant compte de l’intérêt patrimonial que présente «la perle du Limousin». Il a été décidé, outre un travail sur les entrées de ville, d’opérer le désenclavement du centre ville et le réaménagement des espaces publics du centre ancien. Deux passerelles de franchissement de la rivière la Vézere ont permis de lier le coeur de ville situé dans la boucle du cours d’eau avec les extensions sur l’autre rive. Le réaménagement des berges a achevé de transformer ce qui était une frontière en espaces qualitatifs rendus aux habitants. Lorsqu’un projet global est ainsi affiché, dénotant une volonté politique forte, il est plus facile d’inciter les partenaires financiers à s’impliquer. En parallèle, la municipalité a montré l’exemple en réhabilitant les espaces publics, ce qui fut un élément déclencheur des projets privés. Ainsi, une spirale vertueuse de transformations s’est mise en place. Espaces verts paysagés Rues et places Equipements à programmer Equipements existants © Photo Roby Porte de ville L’enchaînement des espaces publics et leur requalification offrent un cadre adéquat à une politique publique de reconquête du bâti dégradé. 28 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 © Document P. Tattier Uzerche, traversé par la Vézere DOSSIER Réinvestir les centres anciens Le Muy (Var) © Document P. Tattier Etat des lieux en 1998 Etat des lieux en 2003 • Le Muy (Var) Au Muy, c’est à l’échelle de l’îlot qu’a pu être conduite la reconquête d’un patrimoine dégradé. Faisant suite à une opération de RHI*, les acquisitions ont été facilitées et l’opération en partie financée (par la DDE puis l’ANAH). Les clés d’une reconquête : Dédensifier : Création de passages piétons permettant une meilleure circulation dans ce tissu dense du centre ancien. Création de cours et de placettes pour renforcer la proportion des espaces publics. Afin de conserver l’histoire et l’identité du lieu, les rythmes parcellaires ainsi que les tracés viaires ont été préservés. Eclairer : La résorption des logements sombres a été assurée par le percement de 64 fenêtres, notamment sur les nouvelles places, réduisant à 13m la profondeur maximale du bâti qui pouvait précédemment atteindre jusqu’à 25m. (ci-dessous) Adapter les logements : «Que faire des rez-de-chaussée ?» Lorsque la rue s’y prête, ils accueillent du commerce ou des professions libérales. Souvent faiblement éclairés, les rez-de-chaussée conviennent difficilement à un usage d’habitation, même s’ils peuvent présenter un avantage pour les personnes à mobilité réduite ou les personnes âgées, en évitant des investissements lourds comme la création d’ascenseurs. Une modification des typologies peut permettre d’y créer des duplex, les pièces de vie se situant à l’étage supérieur. Dans le cas d’une programmation à l’échelle de l’îlot, on peut également envisager d’y créer de grands halls d’accès et des locaux de services (vélos, poussettes, poubelles etc…) voire du stationnement quand les ouvertures s’y prêtent. Le traitement des rez-de-chaussée est essentiel car ils participent à la définition de l’espace public, à une nouvelle dynamique et à l’image d’un renouveau des centres. RHI* : résorption de l’habitat insalubre © Document P. Tattier L’éclairement avant la mise en œuvre opérationnelle N L’éclairement après la création des 4 placette, des cours et des 64 ouvertures N Le Muy (Var) le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 29 DOSSIER Réinvestir les centres anciens • Tulle, Corrèze © Photo Site officiel Ville de Tulle Escaliers et balcons, une identité architecturale à préserver A Tulle, l’enjeu historique et patrimonial très fort a nécessité une collaboration étroite avec l’ABF. Des ouvertures du XVIIe ont été conservées et restituées, un escalier à vis a été maintenu dans sa tour reconstituée. Des balcons saillants en bois, ayant une forte empreinte architecturale pour la ville, ont également été reconstruits à l’identique. Malgré ces contraintes architecturales relativement courantes en centre historique, la procédure a été rapide : 2001 : Expertise urbaine 2002-2003 : Acquisitions et démolitions 2004-2005 : Vente des terrains et début des constructions Les bailleurs sociaux ont pris la suite dans un contexte patrimonial désormais encadré. Tulle : un patrimoine remarquable par son architecture, ses balcons de bois, ses ruelles. Restitution des ouvertures du XVIIe © Photo P. Tattier Maintien d’un escalier à vis et reconstitution de sa tour Clara Malaud - CAUE34 Les outils de la rénovation © Photo F. Hébraud - CAUE34 Les opérations de rénovation urbaine bénéficiant du PNRQAD - Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés - en dehors de leur financement spécifique, s’appuient également sur d’autres dispositifs : les opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH) éventuellement déclinées en OPAH – renouvellement urbain (OPAH-RU), les opérations de restauration immobilière (ORI), la résorption de l’habitat insalubre (RHI) et les programmes d’intérêt général (PIG). La réhabilitation abordée globalement Instauré par la loi du 25 mars 2009 de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion, le programme national de requalification des quartiers anciens dégradés vise à engager les actions nécessaires à une requalification globale de ces quartiers, tout en favorisant la mixité sociale et en recherchant un meilleur équilibre entre l’habitat et la présence d’activités de services. Il concentre des moyens ciblés pour réhabiliter des logements privés, produire des logements sociaux et des places d’hébergement, développer des services et des équipements et aménager les espaces publics. 30 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 DOSSIER © Photo P. Buffard - CAUE 34 - St Jean de Fos Réinvestir les centres anciens Réinvestir les centres anciens c’est se donner les moyens de contenir l’étalement urbain. C’est aussi offrir aux habitants une vie communautaire où la solidarité a encore sa place. Les Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat Elles ont pour objet la réhabilitation des bâtiments et donnent lieu à une convention entre la collectivité compétente, l’Agence Nationale de l’Habitat et l’Etat. Selon la circulaire du 8 novembre 2002, l’OPAH de renouvellement urbain permet de traiter les territoires confrontés à de graves dysfonctionnements, nécessitant en sus des actions faisant notamment appel à des outils coercitifs.Dans ce type d’OPAH, les subventions sont majorées pour les études comme pour les travaux. La résorption de l’habitat insalubre Cette procédure permet l’acquisition d’immeubles impropres à l’habitation, à des conditions avantageuses pour la collectivité. Elle concerne : - soit des édifices ayant fait l’objet d’un arrêté de péril, pris par le maire ou à défaut par le représentant de l’Etat et assorti d’une ordonnance de démolition ou d’une interdiction définitive d’habiter, - soit des bâtiments déclarés insalubres par le représentant de l’Etat, sous réserve que l’insalubrité soit jugée irrémédiable, c’est-à-dire qu’il n’existe aucun moyen technique pour y remédier ou que les travaux requis soient plus onéreux que la reconstruction. La procédure est simplifiée. Il n’y a pas d’enquête publique et l’expropriation est décidée par un seul arrêté préfectoral, lequel vaut déclaration d’utilité publique et arrêté de cessibilité. L’indemnité d’expropriation est calculée sur la base de la valeur vénale pour le propriétaire occupant, et du terrain nu, déduction faite des frais de démolition, pour le bailleur. Le coût du relogement des locataires est à la charge du propriétaire. Par ailleurs, le déficit de l’opération est pris en charge par l’ANAH. A titre exceptionnel, il en est également ainsi dans le cadre du dispositif THIRORI (traitement de l’habitat insalubre remédiable, opération de restauration immobilière) pour les immeubles en insalubrité irrémédiable que la collectivité veut conserver, pour ceux couverts par un arrêté d’insalubrité remédiable et pour ceux acquis dans le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94 31 le cadre d’une opération de restauration immobilière en cas de carence du propriétaire. Les opérations de restauration immobilière Elles ont été instituées par la loi Malraux de 1962 sur les secteurs sauvegardés. Sont concernés tous travaux ou démolitions, de nature à transformer les conditions d’habitabilité des immeubles. Deux cas se présentant : soit les travaux sont prévus par le plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur, soit ils sont déclarés d’utilité publique par la collectivité ou l’Etat. Le programme doit être arrêté pour chaque immeuble à restaurer. Si le propriétaire n’exécute pas les travaux requis, il peut être exproprié. Un des avantages du dispositif est son régime fiscal. Les travaux relatifs aux immeubles situés dans un secteur sauvegardé, une zone de protection du patrimoine architectural, urbain, et paysager ou un quartier couvert par le programme national de rénovation des quartiers anciens dégradés (article 27 de la loi du 25 mars 2009) instaurant le PNRQAD, ouvrent droit à réduction d’impôt pour les propriétaires des logements ou des locaux d’activité, loués pendant neuf ans. Ceux-ci peuvent déduire le coût des travaux, à hauteur de 22%, voire 30% dans les secteurs sauvegardés et les quartiers anciens dégradés. Cette réduction peut être effectuée six ans durant, dans une limite annuelle de 100 000 €. Le programme d’intérêt général Visant à améliorer des immeubles ou des logements, il est lancé à l’initiative de la collectivité territoriale, sur la base d’une contractualisation préalable avec l’Etat, ou à défaut, sur décision propre de l’Etat. Source documentaire : DIAGONAL revue des équipes d’urbanisme Juin 2012 N° 185 - Direction générale de l’aménagement du logement et de la nature Renseignements : 01 40 81 15 28 Conférences «Perspectives» Un nouveau cycle de rencontres mensuelles autour de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement a été mis en place en septembre dernier à PierresVives la Cité des savoirs et du sport pour tous, à Montpellier. Prochain rendez-vous : 24 janvier à 19 h : «Diagramme(s) : du dessin au dessin» par Odile Decq, architecte urbaniste, directrice de l’Ecole Spéciale d’Architecture, Sony Devabhaktuni, et Jacques Sautereau, architectes. Rens : 04 67 67 30 22. «Cafés patrimoine et architectures» Ce rendez-vous mensuel, organisé par l’Association Patrimoine et Architectures, en partenariat avec la Maison de l’Architecture LanguedocRoussillon, se tient les mercredis à 19 heures au Café Riche, Place de la Comédie à Montpellier. Prochaines dates : 23 janvier 2013 : «Aux premiers temps de l’urbanisme» avec Corinne Castel-Nogrette, Archéologue, Chercheur au CNRS, Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon. 6 février 2013 : «D’un extrême à l’autre» avec Philippe Coignet, Paysagiste, Agence OLM . Rens : 04 67 69 37 27 - 06 87 85 62 48. www.patrimoine-architectures.com «Café Climat» Organisé par l’Agence Locale de l’Energie, le prochain rendez-vous est fixé au mardi 13 février à 18h30. Il se tiendra au 2 Place Paul Bec à Montpellier sous l’intitulé : «Venez vivre un test d’étanchéité à l’air !» Rens : ALE. Tél : 04 67 91 96 96. www.ale-montpellier.org Ou Nicolas Cattin. Tél : 04 67 91 96 93. Manifestation «Biodiversité» Thème du programme de manifestations organisées en 2013 par la Maison Départementale de l’Environnement. Expositions, conférences, sorties, ateliers seront proposés à Prades-le-Lez ainsi qu’à l’antenne d’Olargues. Programme complet : MDE. www.herault.fr/ environnement - Tél : 04 99 62 09 40. Tél Olargues : 04 67 97 88 01. Salon «Habitat Sud» Salon regroupant tous les professionnels des secteurs de la construction, la rénovation, la performance énergétique, l’aménagement intérieur et extérieur, la décoration, le bricolage. A noter la participation du CAUE à ces journées. Du 4 au 7 avril 2013 au Parc des Expos de Montpellier. Tél 04 67 17 67 17. www.habitat-montpellier.com Expositions «Bernard Plossu 8 / Super 8 et quelques photos d’architecture Trois films Super 8 + 67 photogrammes + 1 livre pour découvrir les derniers travaux du photographe Bernard Plossu. A voir également trois séries de photographies autour de l’architecture : «La Villa Noailles», «Impair et passe» avec des textes de l’architecte Rudy Ricciotti et «A propos de Rudy Ricciotti». Jusqu’au 1er février 2013 à la galerie La Fenêtre, 27 rue Frédéric Peysson à Montpellier. Ouvert : jeudi, vendredi et samedi, de 15 h à 19 h. Rens : [email protected] A noter, le 24 janvier, à 18 h, la présence de B. Plossu pour la signature de son ouvrage. Une projection des films «Marseille en automne» et «Sur la voie» sont également programmés. «Adieu la Suisse ! Construction et déconstruction d’un mythe photographique» 12 photographes et un vidéaste contemporains portent leur regard sur l’évolution du paysage suisse, sa dégradation, loin de l’image mythique d’une Helvétie tournée vers la nature vierge et la ruralité tranquille. Jusqu’au 10 février 2013 au Pavillon Populaire de Montpellier. Tél : 04 67 66 13 46. Jeu éducatif de la photographie : Pause Photo Prose Conçu par Les Rencontres d’Arles ce jeu d’équipe propose de se questionner sur l’origine des photographies, leur polysémie, leurs usages. Mettre ensemble des mots sur des photos permet de sortir du simple «J’aime/j’aime pas» pour tendre vers une autonomie du regard, aiguiser son œil de citoyen, de consommateur d’image, se forger un point de vue personnel et le partager avec d’autres. Animée par un ou plusieurs animateurs, une partie peut rassembler jusqu‘à 36 participants. Cet outil s’adresse à un public de tout âge, spécialiste ou néophyte. Aucune connaissance en photographie n’est requise. Édition limitée en vente exclusive sur le site des rencontres d’Arles : [email protected] - au prix de 129 € + 12 € de port www.rencontres-arles.com Tel.+33 (0)4 90 96 76 06 Documentation Dernières acquisitions du CAUE34 • L’architecture au futur depuis 1889 Jean-Louis Cohen, Ed. Phaidon, 2012 • Parcours d’architectes Jimi Cheynut, Pierre Lefèvre, Ed. Le Cavalier Bleu, 2012 • Green architecture now ! 2 Philip Jodidio, Ed. Taschen , 2012 • Architecture low cost, low tech : inventions et stratégies Alessandro Rocca, Ed. Actes Sud, 2010 • Petite histoire de l’architecture : Dijon depuis l’an 1000 Collectif, Ed. du CAUE de Côte d’Or, 2011 • Petit guide d’architecture contemporaine : Dijon depuis 1950 - Collectif, Ed. du CAUE de Côte d’Or, 2012 • Estuaire Nantes – Saint-Nazaire Ariella Masboungi, Ed. Le Moniteur, 2012 • Une autre ville sinon rien Elisabeth Pélegrin-Genel, Ed. La Découverte, 2012 • Reconquérir les rues : exemples à travers le monde et pistes d’action pour des villes où l’on aimerait habiter Nicolas Soulier, Ed. Eugen Ulmer, 2012 • Voir : une visite de 15 opérations de logements denses remarquables - CAUE des Bouches-du-Rhône, 2012 • Faymoreau : les corons du XXIe siècle Concours d’idées : 41 projets pour imaginer l’habitat de demain - CAUE de la Vendée, 2012 • La mise à double sens cyclable : guide pratique et méthodologique - Thomas Jouannot, Ed. du Certu, 2012 • L’agriculture dans les Scot Terres en Ville, Ed. du Certu, 2012 • Le PLU Hercé Steve, Ed. Le Moniteur, 4ème édition, 2011 • Plan de Déplacements Urbains 2010-2012 Montpellier Agglomération, 2012 • Montpellier by tram Marion Le Treut, Ed. Tram d’Histoire, 2012 • Lire le paysage Les Cahiers de l’Ecole de Blois, n°10, mars 2012 32 • Stratégies végétales : petits arrangements et grandes manoeuvres Benoît Garrone, Philippe Martin, Bertrand Schatz, Ed. Les Ecologistes de l’Euzière, 2012 • Plantes et toxicité Josette Fabre, Léon Vesper, Ed. Hortimage, 2012 • «L’énergie autrement» Hors-Série Alternatives Economiques, février 2012 • Les trois petits cochons Steven Guarnaccia, Ed. Helium, 2010 • Toutes les maisons sont dans la nature Didier Cornille, Ed. Helium, 2012 • Gaudi en pop-up Courtney Watson McCarthy, Ed. du Chêne, 2012 Dans la collection Duo / monuments-objets, réalisée par la Drac Languedoc-Roussillon en 2012 : • «Armand Pellier, architecte, de la pierre du Pont du Gard à la modernité» Anne-Marie Llanta, Josette Clier, Michèle François • «Le campus de la faculté des lettres et sciences humaines de Montpellier» Yvon Comte, Hélène Palouzié, Jean-François Pinchon • «Les monuments historiques et la pierre» Henri de La Boisse, Philippe Bromblet, David Dessandier, Thierry Dubessy, Lise Leroux, Patrick Palem. Dans la nouvelle collection Duo / découvertesjeux, réalisée par la DRAC Languedoc-Roussillon en 2012 : «Objectif Cathédrales : Saint-Nazaire de Carcassonne», Delphine Christophe, Jackie Estimbre, Laurent Barrenechea «Objectif Cathédrales : Saint-Jean-Baptiste de Perpignan», Laurent Barrenechea, Delphine Christophe, Jackie Estimbre DVD réalisés par l’Unité audiovisuelle du Pôle du développement humain du Conseil Général de l’Hérault : «Pierresvives : l’art des bâtisseurs du XXIe siècle» Luc Bazin, DVD 60 minutes, juin 2012 «L’Hôtel du Département de l’Hérault, livraison 1987 : entretien avec Pierre Tourre, architecte» Luc Bazin, DVD 14 minutes, septembre 2012 Marie Twardowski, Documentaliste - CAUE34 Président de la publication Michel Guibal, président du CAUE de l’Hérault 19 rue Saint Louis - 34000 Montpellier Tél. 04 99 133 700 • Fax. 04 99 133 710 Mail : [email protected] http://herault.caue-lr.org/• http://www.caue-lr.org/ Journal téléchargeable sur le site du CAUE34 Document imprimé avec de l’encre végétale sur papier couché moderne satiné fabriqué à partir de pâte sans chlore - PEFC Imprimerie Atelier Six 04 67 63 52 00 Tirage 2 000 ex. / N° ISSN 2106 - 8461 Conception graphique Frédéric Hébraud - CAUE34 le journal du CAUE de l’Hérault • Décembre 2012 • N°94