Compte rendu de la table ronde : La panoplie des outils numériques

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Compte rendu de la table ronde : La panoplie des outils numériques
Compte rendu de la table ronde :
La panoplie des outils numériques mobiles
Jeudi 4 décembre 2014
SOMMAIRE
Baromètre de la mobilité et du nomadisme en entreprise
Nicolas Amestoy, fondateur de Scholé Marketing……………………………………………………………. p.3
Réflexion sur les questions de sécurité associée aux équipements mobiles
Bruno Lefebvre, responsable Innovation sur l'évolution des postes de travail, Société
Générale ………………………………………………………………………………………………………….……………………………p.4
Chrome for Work
Xavier Loup, ingénieur commercial chez gPartner (groupe Devoteam) …………………….…………p.5
Les lunettes connectées : la solution mobilité "main libre" pour de nombreux métiers
Thierry Penet, directeur du développement, Laster……….……………………………………………..……p.6
Présentation mobilité
Cédric Dervaux, responsable BU Mobilité & Interactivité chez l'intégrateur SCC…………..……p.7
Villa Bonne Nouvelle : un nouvel environnement de travail chez Orange
Hugo Bertacchini, directeur de cabinet en charge de ressources humaines……..…………..……p.8
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Baromètre de la mobilité et du nomadisme en entreprise
Nicolas Amestoy, fondateur de Scholé Marketing
Sous-ensemble de notre Observatoire des télécoms, le baromètre de la mobilité a été réalisé
par enquête téléphonique auprès de plus de 1000 entreprises et auprès de plus de 600
salariés travaillant sur un écran (PC ou smartphone).
Depuis quelques années, on assiste dans les entreprises à un phénomène d'équipement en
téléphones mobiles. Ainsi, 72% des entreprises sont dotées d’un équipement mobile (hors
PC portable) contre 91% équipées de postes fixes.
Aujourd'hui, davantage d'entreprises sont équipées en Smartphones qu'en GSM mais si on
parle en termes de volumes, le GSM devance encore le Smartphone. Le taux d'équipement
en tablettes est relativement significatif, il atteint 15%. Nous considérons que le tassement
actuel de l'équipement en tablettes est purement conjoncturel et qu'elles sont amenées à
terme à remplacer le PC portable.
Parmi les OS mobiles, iOS prédomine dans les entreprises mais Androïd est leader sur le
marché grand public. Les contrats des entreprises sont en général des contrats voix-data, à
49%. Avec l'entrée de Free sur le marché, on a vu arriver des contrats SIM-only mais ils sont
concentrés essentiellement sur les petits comptes. Ce qui ne veut pas dire que ceux-ci ne
fournissent pas de terminaux mobiles à leurs collaborateurs. Simplement, ils n'ont pas de
contrats de flottes.
Côté enquête salariés, les trois quarts travaillent sur un site unique ; 22% seulement sont
véritablement mobiles. Ce qui n'empêche qu'ils sont majoritairement (58%) en contact avec
des partenaires distants. Si 30% des salariés sont amenés à travailler hors de leur entreprise,
ils ne sont que 12% à télé-travailler au sens institutionnel du terme, c’est-à-dire chez soi.
C'est semble-t-il un problème de management car 52% des salariés sont intéressés par le
télétravail. La France est en retard dans ce domaine par rapport à d'autres pays : selon une
étude de Gartner réalisée en 2012, plus de 25% des salariés télé-travaillent au Danemark ou
aux Pays-Bas.
En termes d'équipements, 51% des salariés sont équipés d’un PC portable et 41% d’un GSM
standard ou d’un Smartphone, sauf chez les grands comptes où les GSM classiques sont un
peu plus nombreux que les Smartphones.
Dans la prochaine vague de notre baromètre, les smartphones auront dépassé les GSM. 24%
de salariés sont équipés de tablettes et 21% de clés 3G/4G. Le phénomène du BYOD
concerne 28% des salariés interrogés. S'ils se servent de leur Smartphone personnel, c'est
pour ne pas avoir à jongler avec plusieurs terminaux et c'est souvent (36%) une parenthèse
en attendant que leur entreprise leur en fournisse un "dernier cri". Enfin, 29% des salariés
concernés s’estiment plus productifs avec leur propre appareil.
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Ces terminaux personnels posent des problèmes de sécurité et leur usage reste très basique
dans l'entreprise : gestion des mails, téléphonie et parfois gestion d'agendas partagés et
messagerie instantanée.
Lorsque les salariés disposent d'un téléphone fixe et d'un mobile, seulement 30% basculent
partiellement ou totalement vers le mobile et seuls 7% déclarent ne plus utiliser du tout le
mobile. 70% téléphonent autant sur le fixe (48%), voire plus (24%) qu’avant l’apparition du
mobile en entreprises.
Il n'y a pas de substitution mais une amélioration de la productivité en termes de
communication, ce qui démultiplie les contacts. On est tenté de considérer hâtivement que
le mobile se substitue au fixe mais ce dernier a encore de beaux jours devant lui, d'autant
qu'il y a encore dans les entreprises des employés qui n'ont pas de téléphone mobile.
Réflexion sur les questions de sécurité associée aux équipements mobiles
Bruno Lefebvre, responsable Innovation sur l'évolution des postes de travail, Société
Générale
Je vais vous parler de mon retour d'expérience en tant qu'architecte à la Société Générale en
charge de l'innovation sur l'évolution des postes de travail. Je vais partager avec vous les
questions qu'il faut se poser et dans quelle posture il faut se mettre pour pouvoir y
répondre.
- La sécurité en mobilité : de quelle sécurité parle-t-on ? De celle du service, de la session de
travail, du document auquel on accède ou de la sécurité des échanges ? Je ne parle de la
sécurité physique du device car il faut être lucide, en mobilité, sa sécurité isolée est très
incomplète.
- La question des données personnelles : une des raisons pour lesquelles le BYOD a été limité
dans les entreprises est la question de l’isolation entre les données personnelles et les
données professionnelles.
Aujourd'hui, il ne faut pas raisonner que sur les données professionnelles. Il est
indispensable que votre analyse de sécurité porte aussi sur les données personnelles, sinon
cela ne sera jamais largement accepté. Les constructeurs pour répondre à cette insoluble
balance entre données personnelles et professionnelles ont commencé à inventer des
devices multi rôles et multi session.
- La balance entre l'interopérabilité, les fonctionnalités et l'éligibilité. Là aussi, il faut avoir à
l'esprit "qu'est ce qui est attendu et pour quel usage" ? A un moment donné, il va falloir faire
inter-opérer les applications tout en étant sécurisé, ce qui va vite vous pousser vers la
sécurité de la session. En sens inverse, si vous voulez fournir à tous vos salariés l'accès à un
service, quel que soit l'origine de leur device, quel que soit leur situation, que ce soit sur un
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device personnel, ou un device partiellement ou complètement "entreprise", il faut mettre
cette sécurité au niveau du service. Les principaux services actuels sont les services de mail.
Le mail fait partie de la fonction basique qu'il faut être capable de fournir à tout le monde.
- La sécurité et les formats de devices. Là, il n'y a pas de réponses différenciées à fournir,
votre modèle de fourniture de services et d'applications doit être le même pour tous les
terminaux, d'un laptop à un Smartphone 4 pouces.
- Le management des devices : fournir uniquement du BYOD pur, à part pour des services
réduits au mail, est plutôt en train de disparaître. Car les entreprises doivent être attractives
: les nouvelles générations attendent dans un milieu professionnel d'avoir aussi en simultané
une vie personnelle. Ne fournir que du CORP pur (le poste uniquement professionnel) est
aussi en train de quelque peu disparaître. Etre capable de gérer du COPE ( Corporate owned
personally enabled) et donc l’intégration du personnel et du professionnel n'est pas encore
une priorité absolue mais d'ici quelques années cela deviendra pour les entreprises un
critère d’attractivité à l’embauche.
- La variation de connectivité des devices : à l'échelle de l'entreprise, de plus en plus de
personnes se trouvent dans cette situation de connexion et déconnexion du système
d'information notamment avec la progression du télétravail. A l'échelle du SI, là où nous
avions quelques pourcents de collaborateurs qui faisaient de la connexion distante en VPN,
nous nous retrouverons bientôt avec quelques dizaines de pourcents. Tant dans la gestion
des identités que dans celle du volume simultané, cela impacte le système d'information. La
variation de continuité de connexion : aujourd'hui avec un Smartphone, on se connecte et
on se déconnecte 200 fois par jour. En termes de capacité des services et du système
d'information à gérer, la synchronisation et la gestion des données off line, on change
totalement d'échelle.
Je vous ai livré les questions à se poser et la recommandation que vous transmets, c'est de
cartographier, par cas d’usage précisément définis, les fonctions de sécurité attendues et ce
que l'on veut protéger.
Chrome for Work
Xavier Loup, ingénieur commercial chez gPartner (groupe Devoteam)
Le Chromebook est un ordinateur léger centré sur le navigateur Chrome. Toutes les données
qu'il gère sont stockées dans le cloud. Il répond à la complexité pour les entreprises de gérer
leurs postes de travail : lourdeur d'administration, sécurité insuffisante,... Forrester Research
estime que le coût total de possession (TCO) d’un Chromebook est le quart de celui d’un PC
sous windows (2 300 € vs 550 € par an). Durant le deuxième trimestre 2014, 1 million de
Chromebooks ont été vendus dans le monde. Sur le marché de l'éducation aux Etats-Unis, il
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devance l'iPad selon les dernières statistiques de The International Data Corp, reprises par le
Financial Times.
Le déploiement dans les entreprises en France a démarré récemment, plusieurs grands
groupes étant actuellement en phase pilote. Tous les grands fabricants de PC traditionnels
proposent désormais des Chromebooks : Asus, HP, Acer, Samsung, Lenovo, Toshiba, Dell, LG
... Différents formats existent : ordinateur portable, "All in one" (écran + UC), desktop (unité
centrale seule) et solution de visioconférence. Les avantages du système d’exploitation
Chrome OS : le Chromebook démarre en moins de 10 secondes tandis qu'un PC se lance en
moyenne en plus de 3 minutes. Les applications sont à jour en permanence et la sécurité est
intégrée de bout en bout. La console de management centralisée permet à l’administrateur
de définir à distance plus de 120 paramètres : applications installées, utilisateurs autorisés,
mises à jour, configuration des réseaux, VPN, imprimantes …
Les cas d'usage du Chromebook sont nombreux : sur un poste desktop, en situation de
mobilité, en "kiosque" employé (poste partagé pour une équipe), en "kiosque" clients dans
un magasin, dans des salles de formation …
Pour réussir un déploiement de Chromebooks en entreprise, une phase d’étude et d’analyse
est nécessaire pour bien définir en amont les populations cibles et les solutions techniques
qu’elles utiliseront pour accéder aux ressources de l’entreprise (applications web,
applications distantes, imprimantes,...).
Les lunettes connectées : la solution mobilité "main libre" pour de nombreux métiers
Thierry Penet, directeur du développement, Laster
Laster Technologies est une entreprise créée en 2005 et incubée au CNRS. Elle réalise
actuellement 700 000 euros de chiffre d'affaires. Nous sommes spécialisés dans les systèmes
optiques d'affichage mobile.
Notre technologie permet d'afficher des données qui "flottent" et viennent se superposer à
un environnement naturel. Nous sommes capables de faire de la vision étendue et aussi de
la réalité augmentée qui consiste, elle, à positionner en temps réel des données précisément
sur un objet ou sur une personne.
Les différents secteurs dans lesquels nous sommes spécialisés sont les domaines du médical,
de la défense, de la sécurité civile, de l'aérospatiale, de l'automobile et de la maintenance.
Depuis un an et demi, nous commençons à nous adresser également aux PME/PMI en écho
à la médiatisation faite autour des Google Glass. Nous sommes très présents dans le B to B
to C.
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Notre premier produit de réalité augmentée, Pro Mobile Display, destiné aux professionnels
a été commercialisé en 2010. Le deuxième, MG1, lancé en 2011, a été conçu pour les
secteurs de l'industrie et de la défense. En 2010, le premier casque que nous avons sorti
pesait 250 grammes et actuellement, on atteint un poids de 80 grammes.
Nos produits sur étagère vont des masques de ski intégrant GPS et accéléromètre aux
lunettes de réalité augmentée SeeThru qui seront lancées sur le marché à partir du mois de
mai 2015 et qui disposeront d'une autonomie de 5 à 6 heures.
Parmi les exemples de nos développements industriels : des lunettes pour la maintenance
industrielle et des simulateurs destinés au pilotage d'aéronefs.
Il faut bien entendu que nos interlocuteurs mettent en place en amont une application
métier adaptée, afin que leurs techniciens disposent des informations nécessaires à la tâche
qu'ils doivent réaliser, faute de quoi les lunettes à réalité augmentée ne servent à rien.
Présentation mobilité
Cédric Dervaux, responsable BU Mobilité & Interactivité chez l'intégrateur SCC
On arrive dans une ère du tout mobile. J'ai 35 ans et je ne suis pas un digital native mais ce
que je veux, c'est une expérience : pouvoir travailler comme je suis, comme je pense.
Aujourd'hui, un grand nombre de collaborateurs travaillent encore à des postes fixes dans
des bureaux sans se déplacer de site à site et même parfois de service à service.
On constate tout de même une tendance de remodélisation de l'espace de travail qui
devient open space, cross site, multisite, hot desk... Il y a derrière des stratégies de baisse de
charges sur l'occupation d'empreinte au sol du collaborateur dans un bâtiment mais de
toute façon, ma génération ne fait plus aucune différence entre les outils professionnels et
privés, le temps de travail et le temps privé.
L'enjeu pour attirer les talents dans l'entreprise est de pouvoir proposer cette expérience.
Ensuite, il faudra définir les spécificités du device et de quelle façon il peut accompagner les
enjeux métiers :
-
quel est son rôle, sur quels lieux le collaborateur se déplace et leurs spécificités,
quels applicatifs métier sont nécessaires, existent-t-ils dans l'entreprise ou faut-il les
développer ?
Pendant la journée, je veux pouvoir consulter mes informations, les traiter et le reste va
dépendre de la spécificité du métier. Il faut offrir donc à chaque métier un device qui va
révéler ses usages.
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Aujourd'hui, l'intelligence du device se déporte vers l'intelligence de l'infrastructure qui
auparavant était le plus souvent faite pour accueillir de la donnée. Cette infrastructure, ou
premice (sur site) ou dans le cloud, va banaliser l'aspect de client léger.
On ne fait plus la différence entre les devices professionnels ou grand public, le
collaborateur est aujourd'hui avant tout un consommateur. Les marques sont nombreuses
et la grande tendance est l'agrandissement des Smartphones. Les tablettes aussi
augmentent en taille. Les études montrent que lorsqu'on fait de la prise de note, cela
permet de donner la sensation de travailler sur une feuille de papier.
Il y a encore quelques mois, on parlait de MDM pour Mobile Device Management et
aujourd'hui, on parle de EMM pour Entreprise Mobile Management. On vient compléter le
MDM par du Mobile Application Management, du Mobile Content Management et/ou du
Mobile Printing Management.
On parle déjà aussi d'Unified Device Management, administration dans une seule console de
la totalité de son parc. On va offrir une expérience à l'utilisateur avec une sécurisation forte
des données et des applications de l'entreprise qui vont être "containérisées" et qui lui
laissera tout de même l'utilisation en mode natif d'un certain nombre d'applications
personnelles.
La promesse pour l'entreprise est d'être en capacité de pouvoir prévoir, customiser et
centraliser la totalité de son infrastructure. Le fait de rationnaliser consiste à dire "je me
mets en situation de pouvoir accueillir le maximum de devices". La connectivité est cruciale
car on assiste à la montée en charge des réseaux, et il faut être très vigilant sur les capacités
à terme d'accueillir le flux et la puissance des applications utilisées sur ces devices dans ou à
l'extérieur de l'entreprise.
Villa Bonne Nouvelle : un nouvel environnement de travail chez Orange
Hugo Bertacchini, directeur de cabinet en charge de ressources humaines
Orange explore par l'expérimentation l'impact du digital sur les personnes et sur les
organisations. En partant du constat que le numérique influence beaucoup l'organisation de
l'entreprise, nous avons travaillé pendant un an et demi suivant trois axes :
- sensibilisation au numérique
- formation
- équipement en technologies digitales afin de simplifier le travail.
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La question est de savoir comment le digital va impacter notre l'organisation. Savoir ce que
sera l'entreprise en 2020 est pour nous le sujet le plus incertain actuellement et nous avons
décidé de commencer à expérimenter pour pouvoir anticiper.
Nous sommes donc passés à une logique de projets pilotes comme la Villa Bonne Nouvelle
afin d'étudier l'impact du digital sur la relation entre les salariés et l'entreprise.
Dans l'entreprise, cette relation est actuellement basée sur la subordination : on loue un
temps de travail sur un lieu de travail alors même que l'on devient de plus en plus des
travailleurs de l'immatériel et que le développement des technologies donne la possibilité de
travailler où on veut et quand on veut.
La logique de la Villa Bonne Nouvelle est de passer de la subordination à la collaboration par
l'échange, l'ouverture sur le monde et la modularité. Pour cela, il faut les équipes, le lieu modulaire - (350m2), avec cuisine, salon..., des start up, de l'animation avec un Feel Good
Manager, et des outils (full Wi-Fi...). Après le lancement de la Villa Bonne Nouvelle fin
octobre, une première réunion a eu lieu et elle montre que les salariés sont beaucoup plus
efficaces et qu'ils collaborent mieux, sans règles et sans horaires.
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