Mazouzi
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DOSAGE DE LA PROGESTERONE CHEZ LA LAPINE DE POPULATION LOCALE ALGERIENNE, EN COURS DE GESTATION, EN FONCTION DE LA SAISON, DE LA COULEUR DE LA ROBE ET DE LA TAILLE DE PORTEE MAZOUZI-HADID Fatima.1, ZERROUKI Nacéra.1, BERCHICHE Mokrane.2 1 Université TIZI-OUZOU, Département de biologie, Faculté des sciences Biologiques et des sciences Agronomiques 15000 TIZI-OUZOU, Algérie 2 Université TIZI-OUZOU, Département d’agronomie, Faculté des sciences Biologiques et des sciences Agronomiques 15000 TIZI-OUZOU, Algérie [email protected] Résumé La physiologie de la reproduction chez le lapin local accuse un manque accru de données pourtant indispensables pour comprendre et solutionner les problèmes de productivité que rencontre cette espèce dans l’élevage algérien, en absence de sélection des reproducteurs et sous l’effet de conditions d’ambiances souvent non maitrisées. L’objectif de ce travail est de déterminer l’effet de la saison et de la couleur de la robe (effet génétique) sur le niveau plasmatique de progestérone (P4) chez des lapines gestantes et d’établir la relation de ces taux avec la taille de portée à la naissance. Cette présente étude s’est déroulée dans un élevage de la région de Tizi-Ouzou et porte sur des lapines de population locale algérienne avec un mélange de phénotype : robe blanche aux yeux rouges et robe colorée aux yeux noirs ; élevées en conditions non maitrisées, conduites en saillie naturelle et rythme semi-intensif. A chaque saison, des prélèvements de sang sont effectués sur 20 lapines confirmées gestantes par palpation positive (12-14 jour après saillie). La moitié de cet effectif est de phénotype blanc et l’autre moitié de phénotype coloré. Les tailles de portées (nés totaux) sont enregistrées à la mise bas. A la lumière de nos résultats, les sécrétions de progestérone s’avèrent significativement influencées (p=0,023) par la saison avec les taux les plus élevés en été et les plus faibles en hiver (20,90 ng/ml vs 15,72 ng/ml), alors que le printemps et l’automne donnent des valeurs intermédiaires de l’ordre de 18 ng/ml. Nous n’avons par contre pas relevé d’effet de la couleur de la robe sur les sécrétions de progestérone. Tout comme nous avons noté l’absence de corrélation entre les concentrations plasmatiques de P4 et les nés totaux. Mots clés : progestérone, lapine, saison, phénotype, taille de portée Introduction La fonction de reproduction chez la lapine, espèce polytoque et à ovulation provoquée, englobe différents processus. Du développement folliculaire à l’ovulation, de la fécondation à l’implantation et de l’embryogénèse à la mise bas et la lactation, tous ces processus sont sous le contrôle hormonal de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien (Monniaux et al., 2009). La progestérone, principale hormone de la gestation est d’origine ovarienne ou placentaire, elle joue un rôle majeur dans la fertilité, elle favorise l’implantation des blastocystes et leur développement. La production de cette hormone est influencée par des facteurs propres à l’animal (race, parité, lactation….) ou au milieu (saison, éclairement…). Notre étude porte sur les variations des taux de progestérone chez des femelles gestantes en relation avec la saison, le phénotype et la taille de portée en cours. Ceci permettra de mieux comprendre et de compléter l’étude sur l’effet des conditions environnementales sur les performances de reproduction de la lapine. Matériel et méthodes L’étude s’est déroulée dans le clapier pédagogique de l’Institut Technique des moyens Agricoles Spécialisé (ITMAS) de Boukhalfa à une dizaine de km de la ville de Tizi-Ouzou (Algérie). Les conditions d’ambiance dans le clapier (température, hygrométrie et éclairement) sont naturelles. Les animaux sont alimentés ad libitum avec un aliment granulé standard et l’abreuvement est automatique. Le rythme adopté est le semi intensif (10-12 jours) en saillie naturelle et la mise à la reproduction entre 4 et 5 mois d’âge. Le cheptel est composé de lapin à robe blanche et à robe colorée (grise, noire, rousse, tachetée…). Un effectif total de 20 lapines multipares par saison, 10 lapines à pelage coloré et 10 lapines à pelage blanc, palpées positives, ont subi un prélèvement sanguin. Le dosage de la progestérone est effectué sur le sérum des échantillons centrifugés. Les données sont traitées par le Statistica 6.0. Résultats et discussions Les concentrations moyennes de progestérone obtenues sont de même ordre que celles retrouvées à la mi-gestation par Ahmed Nagwa et al. (2004) ou par Stoufflet et Caillol (1988) à 12-13 jours de gestation. Ces derniers auteurs montrèrent aussi qu’à ce moment, la progestérone est à son maximum. Toutefois les secrétions de P4 subissent l’effet de facteurs endogènes ou liés au milieu. Effet du Phénotype Les concentrations moyennes de la progestérone chez les 2 populations de lapines, blanche et colorée, sont très voisines (18,62 ng/ml vs 18,46 ng/ml). Au seuil 5% ces taux ne présentent pas de différence significative (p=0,876). Les valeurs obtenues sont légèrement supérieures à celles retrouvées par Ahmed Nagwa et al. (2004) qui rapportent un taux moyen de 16,73 ng/ml chez des lapines Néo-Zélandaise à la mi-gestation. Ainsi aucune relation n’apparait entre les taux de progestérone et le phénotype des lapines Ceci serait du au fait que les lapines des deux phénotypes sont élevées dans les mêmes conditions environnementales. Ceci rejoint les travaux de Meunier et al. (1983) qui n’ont pas mis en évidence de variations significatives des taux plasmatiques de gonadotrophines (LH et FSH), entre des femelles Californienne et Néo-Zélandaises élevées dans les mêmes conditions. Effet de la saison Les secrétions de progestérone varient significativement au cours des saisons (p=0,0107 au seuil 5% ). D’après notre étude, la production de la progestérone est maximale durant l’été (20,93ng/ml), elle baisse en automne pour atteindre un minimum en hiver (15,72 ng/ml), les secrétions remontent alors à partir du printemps. Ainsi la production de progestérone durant la saison chaude sont significativement différentes de celles de la saison froide alors que celles des deux autres saisons, en sécrétion croissance ou décroissance, sont intermédiaires (figure 1). Figure 1 : secrétions de progestérone en fonction des saisons chez la lapine gestante Les secrétions de progestérone serait ainsi influencées par le facteur saison représenté principalement par la photopériode, son action stimulatrice sur l’axe hypothalamohypophysaire est connue et de ce fait sur l’activité ovarienne et la fertilité plus élevées en jours longs (Theau-Clement et al, 1990 ; Depres et al. 1994 ; Muelas et al., 2008). Relation taille de portée-P4 Aucune relation n’apparait entre la taille de portée à la naissance (nés totaux) et les taux de P4 au 12-14 jours de gestation avec un coefficient de corrélation r=-0,031. L’absence de relation directe entre ces deux paramètres est du à plusieurs raisons rapportées par Theau-clément, 2008, à savoir globalement : -la variation individuelle de la production hormonale. Il est constaté que 2 lapines présentant un nombre égal de corps jaunes ont des taux de progestérone différents. Ceci s’explique par le niveau de l’activité lutéale variable d’une femelle à une autre ou d’une ovulation à une autre chez la même femelle. -l’intensité de l’activité des corps jaunes, de ce fait les taux de progestérone augmenteraient avec l’augmentation du taux d’ovulation ou du nombre d’ovules pondus. Le taux d’ovulation serait souvent bien supérieur au taux de fécondation, d’implantation et de survie embryonnaire en raison des défauts de fécondations et de développement qui peuvent être liés à la qualité des ovules pondus ou la qualité et l’aptitude des spermatozoïdes. Conclusion Les résultats du dosage de la progestérone montrent des variations individuelles et saisonnières de cette hormone chez les lapines gestantes. L’absence d’influence du phénotype sur les sécrétions de P4 ainsi que l’absence de lien visible entre la taille de portée à la naissance et les taux de P4 pourraient être la résultante des variations de sécrétion observées d’une femelle à une autre et d’une gestation à une autre chez une même femelle. En absence d’interactions significatives, un effet direct de la saison est mis en évidence, du principalement à l’intensité et la durée de l’éclairement, sur les secrétions des stéroïdes ovariens induisant ainsi un effet sur tous les processus qui gèrent la gestation (taux d’ovulation, de fécondation d’implantation et de gestation). Des études complémentaires sur un effectif plus grand et on considérant l’état physiologique, à savoir la lactation, seraient intéressantes dans le but de confirmer ces résultats. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier le directeur et le personnel du laboratoire central de biochimie du CHU de Tizi-Ouzou pour la réalisation du dosage d’hormones ainsi que le directeur et le personnel technique de l’ITMAS pour avoir permis l’accès à l’élevage. Références bibliographiques Ahmed Nagwa A., Khadr A.F., Salem M.A.I. and Hassanin M.N.F. 2005: effect of oxytocin and cald-mag injection on progesterone, estradiol and prolactin pre and post partum and reproductive Efficiency of bauscat doe rabbits; The 4th International Conference on Rabbit production in hot climates. Egypte Depres E., Theau-Clement M., Lorvelec O., 1994 : Influence de la durée d’éclairement sur les performances de reproduction de lapine nullipare en élevage en Guadeloupe (F.W.I). World rabbit science. 1994.2(2). 53-60. Meunier M., Hulot F., Poirier J.C., Torres S., 1983: A comparison of ovulatory gonadotropic surge in two rabbit strains : no evidence for a relationship between LH or FSH surge and factors of prolificacy. Reprod. Nutr. Dévelop., 23 (4), 709-715.E Monniaux D., caraty A., Clément F., Dalbiès-Tran R., Dupont J., Fabre S., Gérard N., Mermillod P., Monget P., Uzbekova S. ; 2009 : Développement folliculaire ovarien et ovulation chez les mammifères. Inra Prod. Anim., 22 (2), 59-76 Muelas R., Cano P., García M.L., Esquifino A., Argente M.J , 2008 : influence of FSH, LH and prolactin on the components of litter size in rabbit does. 9th World Rabbit Congress – June 10-13, 2008 – Verona – Italy, 405-409 Stoufflet I., Caillol M.; 1988 : Relation between circulating sex steroid concentrations and sexual behaviour during pregnancy and post partum in the domestic rabbit. J. Reprod. Fert. 82, 209-218. Theau-clément, 2008 : facteurs de réussite de l’insémination chez la lapine et méthodes d’inductions de l’oestrus, INRA Prod. Anim. 21 (3), 221-230. Theau-Clément, M., B. Poujardieu and J. Bellerand. 1990. Influence des traitements lumineux, modes de reproduction et états physiologiques sur la productivité de lapines multipares. Proc. 5émes Journ. Rech. Cunicole, Paris, France, Tome 1, Comm. 7.