Économie des télécommunications et de l`Internet Objectifs du cours
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Économie des télécommunications et de l`Internet Objectifs du cours
Thierry PENARD Université de Rennes 1 Janvier 2005 ■ De l’intérêt ou l’utilité de l’ingénierie économique dans les industries de réseau (surtout dans le secteur des TIC) – ingénierie de l’offre • calcul des coûts, optimisation d’un réseau – ingénierie de la demande • courbes de diffusion, élasticité de la demande – complémentarité des « ingénieurs économistes » et des ingénieurs télécoms ■ Principes théoriques, pratiques et méthodes « ingénieriques » ■ Directives européennes dans – les télécommunications (ONP 1990/387, Paquet télécom 2002) – l’énergie – le transport ferroviaire … ■ ■ Transposition dans les droits nationaux 2005 dans les télécoms et l’Internet – le très haut débit, la TV par ADSL et la téléphonie par Internet, l ’UMTS ■ Partie I Économie des télécommunications – Réseau fixe et interconnexion – Téléphonie mobile ■ Partie II Économie de l’Internet – Accès Internet – Intermédiation et commerce électronique ■ Partie III Méthodes économétriques – S. Larribeau ■ M. Bouvier (Bouygues Télécom) ■ Approche «ingénierie des réseaux» (N. Curien, Economie des réseaux, Repères) – Des biens en 3 couches • Couche Infrastructure : équipement matériels ou immatériels (bases de données) constituant le « squelette » du réseau. • Couche infostructure : services informationnels de contrôle-commande, constituant le « système nerveux » du réseau. • Couche Services : prestations fournies aux utilisateurs finals, constituant les fonctionnalités et prestations offertes par le réseau. – Applicable à toutes les industries de réseau : télécommunication, transport, énergie ■ Approche économie des réseaux (Economides, Katz, Shapiro, Varian, Gandal) – Des biens systèmes (hardware/software, réseau/applications) - complémentaires • avec de forts rendements croissants – en amont sur les infrastructures (coût fixes) – mais aussi en aval pour les services informationnels/ numériques (exemple : les logiciels) • avec des infrastructures essentielles – facilités essentielles : indispensable à la fourniture du service final, mais difficilement duplicable (ex. boucle locale) • et des ressources rares ou communes – spectre hertzien ■ Existence d’effets/externalités de réseau : – utilité du système dépend positivement du nombre d’utilisateurs (présents et futurs) • directes liées à la communication et aux échanges • indirectes liées à la variété et qualité des services ou biens complémentaires – Importance d’une masse critique de clients • rendements croissants d’adoption (apprentissage, informations) ■ Des diffusions extrêmes des systèmes • effet de rétroaction positif (les forts se renforcent, les faibles s’affaiblissent) " # "%"' " $ %& ' ( ) ' '* , " ) + - . - / - ! - 1 ) " ' '* , ) + - . " 2$ ■ Coexistence difficile à LT pour 2 systèmes substituts incompatibles – guerre des standards => standardisation de facto • si effets de réseau dominent effet différenciation (fonction de l’hétérogénéité des préférences des consommateurs) • principe du winner-take-all – rôle clé des anticipations des consommateurs • anticipations auto-réalisatrices – coût à choisir le mauvais standard (à être orphelin) • échec de marché si attente des consommateurs • coordination collective et Internet – le rôle des forums pour accélérer la standardisation de facto 0 2$ ■ Comment gagner la guerre des standards ? – Subvention d ’accès – Publicité et marketing • la marque comme signal – Mécanismes d’assurance • location de certains composants, reprise du produit – Ouverture du standard et licences (concurrence sur les composants du système) : ex CD, Bluetooth • accroître la base installée • s ’engager dans le futur sur des prix bas – Développement des biens/services complémentaires • intégration verticale, subventions 2$ ■ Comment maintenir son standard de fait et sa position dominante ? – refuser toute licence ou compatibilité avec les concurrents • droit de propriété intellectuelle – contrôler l ’offre de services complémentaires • clause d’exclusivité, intégration verticale, bundling ou ventes liées – augmenter les coûts de changement de système des clients • clauses contractuelles (durée minimale) et programme de fidélisation 3 5 ■ Standardisation par le marché – peut conduire à une standardisation sous-optimale • standard gagnant inférieur (excès d’inertie) • processus trop lent (standardisation insuffisante) – voire à un échec de coordination (pas de marché) ■ Solution – coopération des firmes sur les standards (normalisation) • standard ouvert (DVD) vs propriétaire (royalties) • mais risque de collusion possible sur le marché – standardisation par les pouvoirs publics • asymétrie d’information des pouvoirs publics • risque de capture, lobbying avec choix du mauvais système : TVHD, UMTS " ■ Viabilité de la concurrence dans les industries de réseau ? – Externalités de réseaux et rendements croissants favorisent l’apparition ou le maintien de position dominante, voire de monopoles • lock-in des clients - avantage de la base installée • comportements stratégiques visant à renforcer les positions dominantes : prédation, forclusion ■ Des consommateurs gagnants ? – Des baisses de prix, de l’innovation – mais aussi des rééquilibrages tarifaires • remise en question des subventions croisées et péréquation tarifaire 4 . 7 Principes théoriques et pratiques 8. ■ Double régulation dans les télécoms – Autorités de la concurrence • droit commun de la concurrence – Autorités sectorielles • Objectifs d’efficacité mais aussi de redistribution/équité • 3 enjeux – l’accès des nouveaux concurrents aux facilités essentielles et infrastructures et les questions d’interconnexion et d ’interopérabilité – la concurrence sur les services de détails – les intérêts des consommateurs et le SU 6 : ;8, ; ■ . Autorité administrative indépendante, mise en place le 1/01/97 (LRT 01/07/96) – Cinq membres nommés par décret pour un mandat renouvelable de 6 ans. – Missions • Instruire les demandes de licences et contrôler l’exécution des obligations de licences • Approuver le catalogue d’interconnexion de FT • Fixer et contrôler les obligations des opérateurs puissants sur les marchés pertinents • Régler les litiges entre opérateurs • Proposer le montant des contributions au SU. – En liaison avec le gouvernement et le Parlement , / + ■ ■ , Nouveaux principes de régulation Définition de 18 marchés pertinents – en termes de produits et zones géographiques • sur la base de la substituabilité côté demande et côté offre – marchés de gros, marché de détails – mobile, fixe, Internet ■ Identification des opérateurs puissants – exerçant une influence significative 9 , / + ■ , Définition de remèdes – principe de régulation asymétrique • opérateurs puissants soumis à des obligations proportionnées aux problèmes identifiés – régulation ex ante plus stricte sur les marchés amont (accès/interconnexion) • mais publication d’une offre technique et tarifaire d ’interconnexion non systématique – plus souple sur les marchés aval • dont les contrôles tarifaires (price cap, test de prédation, ...) Prestations réciproques offertes par deux exploitants de réseaux ouverts au public qui permettent à l’ensemble des utilisateurs de communiquer librement entre eux, quels que soient les réseaux auxquels ils sont raccordés ou les services qu’ils utilisent Convention de droit privé (bilatérale) ■ Avant libéralisation, interconnexion internationale entre opérateurs historiques – principe de compensation ou de clearing vers l’opérateur déficitaire ■ Après, interconnexion nationale – principe de reversement des nouveaux opérateurs vers l’OH < 1 ■ L’OH détient une facilité essentielle – boucle locale essentielle pour des services comme Internet ou les appels LD ■ Modalités d’interconnexion déterminent les conditions de concurrence – risque de forclusion ou d’abus de l’OH en l’absence de réglementation • risque de prédation par effet de ciseau tarifaire entre le prix du service final de l’OH (bas) et le prix du service de gros/d ’interconnexion (élevé) – nécessité d’une réglementation asymétrique de l’OH = / $> / / ; ■ 2 - + Les prix d’accès devraient être basés sur les coûts, mais aussi sur la demande – règle ECPR (efficient component pricing rule) (Baumol, Willig) • interconnexion volontaire – règle à la Ramsey-Boiteux (Laffont, Tirole) • prix inversement proportionnels à l’élasticité de la demande ■ Difficiles à appliquer - manque d’information 8$. 5? ? ? 8? ■ Paramètres ■ – pH = prix du service final avant entrée, – cH = coût unitaire de la composante concurrencée, – cI = coût incrémental d’interconnexion. Tarif d’interconnexion = coût incrémental d’interconnexion + coût d’opportunité pour l’opérateur historique du trafic abandonné : a = cI + (pH – cH) ;/ ■ 8$. 5? ?? 8? Efficacité statique de l’entrée : alors ■ . Soit cE = coût unitaire de l’entrant, mE = marge unitaire de l’entrant. Résultat m E < pH – cE – a mE < pH – cE – cI – (pH – cH) mE < cH – cE – cI mE > 0 implique cE + cI < cH Seuls les opérateurs plus efficaces que l’OH sont incités à entrer sur le marché / ■ 8$. 5 8 Maintien de la rente de monopole. – Règle désavantageuse pour les entrants. ■ Incitation de l’O.H. à freiner la baisse de pH, afin de maximiser ses recettes d’interconnexion – par exemple, en instaurant une concurrence en qualité plutôt qu’en prix. ■ Incitation de l’O.H. à abaisser cH à l’excès – en déplaçant ses investissements de productivité au détriment de la facilité essentielle : . ■ + Transparence - Équité/Non discrimination - Efficacité – Empêcher toute discrimination de l’OH entre sa filiale et les entrants (séparation comptable) – Faciliter l’entrée de nouveaux opérateurs efficaces (libéralisation) – Assurer une couverture des coûts de l’OH (prix orienté vers les coûts) et une gestion efficace à LT des infrastructures + ■ . Entre le régulateur et l’OH, négociation – Étape 1 : définir les services élémentaires qui feront l’objet d’une offre réglementée – Étape 2 : définir le prix d’usage de ces services (reversement forfaitaire annuel, à la capacité, à la minute) sur la base des coûts de l’OH ■ Ce catalogue d’interconnexion est renégocié chaque année – avant l’application de la régulation par « marché pertinent » ! : 7 / ■ S’accorder sur la liste des coûts d’usage dédiés à chaque service élémentaire – pour les coûts propres à un service, aucun problème • pratique de la variabilisation des coûts fixes en coût par minute de trafic – pour les coûts communs à plusieurs services élémentaires ou les coûts indirects, s’accorder sur une règle de répartition/d ’allocation 7 @ ■ ■ Coûts historiques versus coûts d’un réseau optimisés Deux méthodes utilisées (complémentaires) – Top Down = désagrégation des coûts à partir des comptes de l’OH (prise en compte de ses inefficacités) – Bottom Up = maquette d’un réseau optimisé pour lequel on calcule les coûts des services élémentaires ■ Benchmarking 0 5 ■ . Impact sur les profits de FT – 1 c€/mn = plusieurs centaines de milliers d’euros ■ Impact sur les coûts des opérateurs alternatifs – sur leur survie – sur leurs décisions d’investissements • arbitrage déployer son propre réseau/utiliser le réseau de l’OH / ■ Toujours une part d’arbitraire dans le choix des règles – Dans la pratique, large recours à l’approche comptable • peu d’expériences de règles théoriques efficaces ■ Avec le temps, moins de top-down et plus de bottom-up (réduction des asymétries d’information) – Idéal/objectif pour le régulateur : tendre vers le CMILT • recommandé par la Commission européenne 3 7 ■ 2 ) :, . Coûts supplémentaires induits par la production d’un service par rapport aux coûts déjà induits par les autres services – notion de coût marginal ou d’économie de coûts – perspective de long terme intégrant les coûts d’investissement induits (en se référant aux dernières technologies disponibles) – moyenne des coûts variable et coûts de capacité + les coûts communs ou joints ;/ ■ . 8$. / ? ) ?? :? ,? Avantages : – Rémunération de l’usage de la facilité essentielle incitant à une gestion efficace, au plan dynamique. – Règle favorisant l’entrée. ■ Inconvénients : – Recouvrement du coût fixe de la facilité essentielle ? – Coût informationnel important pour le régulateur. 4 5? ? ? 8?A ? ) ?? :? ,? ■ ■ ■ ■ ■ Si la facilité essentielle comporte un coût fixe F, (ramené à un coût unitaire « historique » c) et un coût unitaire de « renouvellement » cLT : CMILT = cI + cLT Compte d’exploitation de l’opérateur historique : – Sur son trafic propre : pH = c + cH + m H – Sur le trafic interconnecté : a = c + cI + mI E.C.P.R. aECPR = cI + (pH – cH) = c + cI + mH mI = mH >> 0 C.M.I.L.T. aCMILT = cLT + cI < c + cI et mI < 0 Mixte a = aCMILT + x tel que mI > 0 (contribution à F) ) ■ ■ ? ) ?? :? ,? En France, adoption de la règle mixte en régime transitoire, afin d’assurer la viabilité de l’opérateur historique. Valeurs de x et cLT négociées au sein d’un « Comité de l’Interconnexion » placé sous l’égide de l’ART – forte baisse des tarifs sur les dernières années 6 , ) 2 996B << C A 1998 1999 2000 2001 2002 02/01 02/98 CAA 0,928 0,707 0,667 0,616 0,579 - 6% - 38% CT1 1,948 1,537 1,356 1,252 1,051 - 16% -46% CT2 2,679 2,163 1,918 1,755 1,342 -23,5% -50% simple transit Double transit , E / D ? E # F - . 9 : . . Une illustration des enjeux de l’interconnexion et de l’ingénierie des coûts , . - Point d’interconnexion Utilisateur Collecte de trafic Internet Accès local ADSL = Point de raccordement de l’ISP ISP, fourniseur d’accès Internet , . . < : ■ . . Un moyen de stimuler la concurrence dans la téléphonie et l’Internet – possibilité d’offrir des services complets sans dépendre de l’opérateur historique ■ Deux modes de dégroupage/location : – total (intégralité des fréquences) – partagé (fréquence haute) – rémunération du propriétaire sur la base des coûts estimés (selon la méthode recommandée du CMILT) ". . . ". . . ■ . = Opérateurs alternatifs du dégroupage : – Free, Ldcom (9telecom), Cegetel, Easynet , Telecom Italia, Colt ■ Octobre 2004, dégroupage de plus d’un million de ligne – dont 5% en dégroupage total – 800 sites (répartiteur) dégroupés • de 1 000 à 100 000 lignes – Exemple en Bretagne • 6 sites (Rennes et Cesson) sur Ille-et-Vilaine • 2 sites (Saint Brieuc) sur Cote d’Armor / = . . F8 5D;8, F ■ Résistance de FT au dégroupage – retard et sabotage des tests en 2000 et 2001 – offres tarifaires initiales de dégroupage de FT élevées (avis critique de l’ART) • différend Free - FT – décembre 2003, décision de baisses des prix du dégroupage • 10,50€/mois pour dégroupage total (frais d ’accès 78 €) • <2,90€/mois pour dégroupage partiel • impact effectif en 2004 sur le nombre de lignes dégroupés et l ’essor de l’ADSL