Poesie 2013
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Poesie 2013
LES SAISONS Geneviève Buffard 1 er prix Un peu d'air dans la flaque Le soleil se mire Il se trouve beau Un peu pâle Embrumé par la grisaille Du jour La pluie fait des claquettes Dans son miroir Il est moins présent Moins lumineux Brusquement il disparaît Peut-être en quête d'une Psyché ? La brume envahit la plaine Et cache la nudité des arbres La vigne vierge attardée A finalement disparu La terre est recouverte D'une mince couche blanchâtre La neige arrive en renfort Et l'arbre croule sous son poids Tout dort ou fait semblant N'entends-tu pas une plainte d'oiseau Miracle un appel de vie Qui vient du sillon Florilège de couleurs Exaltées par le soleil couchant Ephémère palette scintillante Comme des pierres précieuses Magnifiées par la gelée blanche Odeur de feuilles mouillées De grappes oubliées dans la vigne Odeur de châtaignes et de vin chaud La migration a commencé L'hirondelle a fui la première Le moineau courageux Attend le gîte et le couvert L'appel sous la neige a vibré plus fort Sur le pâle soleil Les herbes bravent le froid L'hiver se meurt Et apparaît la petite herbe folle Téméraire ou inconsciente Elle a survécu et donne le signale Viendront le forsythia La pâquerette, la violette Plus tard le lilas, la glycine Le talus est tout coloré On entend la sève monter Dans l'arbre Une petite feuille vert tendre apparaît L'oiseau est de retour Le papillon a pris ses ailes Tout tourbillonne Tout chante, tout vibre A profusion le blé Les coquelicots, les bleuets Le soleil flambe La vigne et les grappes se colorent Doucement doucement Tout arrive trop vite Le cycle immuable Des quatre saisons recommence ET SI J'ETAIS... Michèle Frénéat, Frénéat, 2 e prix Je suis comme le goéland Planant dans le ciel bleu. Je vais ou m'emporte le vent Confiante, abandonnée, fermant les yeux. Je suis comme le renouveau des saisons., Je ne cesse de naître, tout comme elles. Mon cœur vibre à l'unisson Telles les cordes du violoncelle. Je suis comme le roseau, ployant, Luttant de toutes mes forces assemblées, Triomphant des marées et des vents Jusqu'à l'accomplissement de ma destinée. Je suis comme un galet sur le rivage. Malmené, ballotté par les flots Impuissante à résister au naufrage. Mon cœur retient tes sanglots. Je suis comme la matriarche S'échinant pour sauver son troupeau. Chancelante, trébuchante, je marche Jusqu'au prochain point d'eau. Je suis comme tous les êtres vieillissants Fatiguée, usée par mille douleurs. J'espère une apothéose, un éblouissement Oui, enfin, je rencontre le vrai bonheur..... Le chat Patrick Laurain 3 e prix Il est tapi, collé au sol, tête tendue Le regard fixe et rond dans la nuit qui s'esquisse. Le bout de sa queue blanche tout doucement remue. Son corps entier tressaille, ses vibrisses frémissent. La gueule est entrouverte et halète doucement. La souris imprudente grignote une noisette, S'arrête au coup par coup, écoute intensément, Puis reprend son repas, combattant la disette Le félin statufié prépare son offensive. Il concentre ses forces en un point de son corps Il sait qu'il a le temps, son attente est passive Il est calme et serein avant la mise à mort. Le bond est fulgurant, la morsure implacable Le chat entre ses dents a saisi la souris La mort n'est pas venue, il joue le non coupable Faisant même l'innocent, presque à croire qu'il sourit. En quelques coups de patte, il projette sa proie Dans un rayon de lune, dans l'herbe du jardin Il joue de sa victime, l'égare dans un charroi. La retrouve et la tue, puis part avec dédain. Il se lèche les babines, fait un brin de toilette Et repart en maraude, oubliant sa tuerie. Il croise un hérisson, évite une belette, Fait une cabriole, oubliant sa furie. Il entre dans la maison, miaulant plaintivement. Se frotte au coin des meubles, réclame sa pitance. L'assassin veut manger, n'a pas de sentiment. Une souris pour un roi ! Dieu ! Quelle insuffisance !