ELVIS PRESLEY

Transcription

ELVIS PRESLEY
L
a réédition en CD de sept 33 tours de B.O.
constitue un bon prétexte pour partager
cette époque d’Elvis. Dans cette série, l’événement est la parution pour la première fois en
album de tous les morceaux de « Viva Las Vegas »
qui n’avait fait à l’époque que l’objet d’un super
45 tours, les autres étant éparpillés sur différentes
compilations ou inédits, et les rocks présents ici
sont parmi les meilleurs des années 60. Bienvenue à bord pour un voyage qui nous entraîne de
Hawaï à Acapulco en passant par Miami et Las
Vegas, rythmé par la voix toujours parfaite du
King.
CINÉMA DE QUARTIER
Lorsque les années 50 se terminent, Elvis Presley a déjà quatre films à son actif, « Love Me Tender », « Loving You », « Jailhouse Rock » et « King
Creole ». L’année 1956 est celle de la reconnaissance au niveau national puis international. Le
succès phénoménal du hillbilly cat intéresse forcément les producteurs de Hollywood qui le font
venir en Californie. « We’re Gonna Move », « Poor
Boy », « Let Me » et la chanson éponyme « Love
Me Tender » sont cosignées Elvis Presley et Vera
Matson, en fait la femme du directeur musical
Ken Darby. « Let Me » et « Poor Boy » sont des
hillbillys revus et corrigés pour le cinéma, ce qui
curieusement constitue un pas en arrière musicalement, auquel ne participent pas Scotty
Moore, Bill Black et D.J. Fontana. « Love Me Tender » devient un classique instantané. Dans ce
western dû à Robert D. Webb, Elvis a pour partenaire la craquante Debra Paget. Le film sort en
France le 24 janvier 1958 sous le titre « Le Cavalier Du Crépuscule ». Dans les trois autres long
métrages, plus inspirés par son personnage, Elvis
fait ressortir dans son jeu l’influence de ses deux
acteurs-fétiche, James Dean et Marlon Brando.
Sa fureur de vivre crève l’écran lorsqu’il incarne
Deke Rivers, Vince Everett et Danny Fisher, mauvais garçons au grand cœur mais surtout excellents chanteurs !
Il pilote un hot-rod dans « Loving You », son seul
film 50 en couleur, magnifique ; il provoque une
émeute dans la prison avec la chorégraphie de
« Jailhouse Rock » et, si vous cherchez la bagarre... il répond présent avec « Trouble » ! Non seulement Scotty Moore, Bill Black et D.J. Fontana
jouent sur les B.O. mais ils apparaissent à l’écran,
ce qui permet de belles séquences musicales.
Les géniaux Jerry Leiber et Mike Stoller fournissent leur lot de chansons immortelles : « Loving
ELVIS
PRESLEY
A HOLLYWOOD
1960-1967
Cette plongée dans les films
tournés par Elvis Presley
dans les années 60 se révèle
fort rafraîchissante ! Décriés
et méprisés depuis leur
sortie, ils constituent
pourtant d’agréables
divertissements, allant du
très bon (« Viva Las Vegas »)
au passable (« Clambake »).
Réalisés par des
professionnels de
Hollywood, ils sont bien
ficelés, les bandes-son
recèlent toutes de grandes
chansons méconnues et la
patine des ans accentue le
côté kitsch et témoignage
d’une époque. Elvis Presley
s’y révèle un bon acteur, à
l’aise dans des rôles taillés
sur mesure pour mettre en
valeur le chanteur.
You », « Jailhouse Rock », « Treat Me Nice »,
« Baby I Don’t Care », « King Creole », « Trouble ».
« Loving You » réalisé par Hal Kanter est le premier film d’Elvis à sortir en France (« Amour Frénétique ») le 18 décembre 1957, entraînant des
émeutes. « Jailhouse Rock » (« Le Rock Du Bagne »),
de Richard Thorpe, est programmé seulement
le 28 septembre 1960. La co-vedette Judy Tyler
se tue en voiture avant sa sortie aux Etats-Unis.
Le crépusculaire film noir « Bagarres Au King
Creole » apparaît sur nos écrans le 3 mai 1960.
Inutile de dire que tous ces longs métrages ont
marqué toute une génération et déclenché bien
des vocations, dont celle d’un certain Jean-Philippe Smet.
ley est démobilisé et entame quinze jours plus
tard les séances légendaires de l’album « Elvis Is
Back ». « G.I. Blues » est son cinquième long métrage et le premier des années 60 naissantes. Prévoyant, le colonel Parker fait tourner les extérieurs
à Francfort, Friedberg et Wiesbaden, en Allemagne, alors qu’Elvis est encore sous les drapeaux. Le 2 mai, Norman Taurog débute à Hollywood le tournage des pérégrinations amoureuses
germaniques du soldat Tulsa McLean. Dean Martin et Shirley MacLaine y viennent rendre visite à
Elvis. Ce dernier a une liaison avec sa partenaire,
l’actrice et danseuse Juliet Prowse, alors la petite amie de Frank Sinatra ! Norman Taurog mettra
en scène neuf films avec le King. Auparavant il a
fait tourner W.C. Fields, Jerry Lewis et Dean Martin. Les onze chansons sont enregistrées les 27,
28 avril et le 6 mai 1960 et contiennent leur lot de
chefs-d’œuvre. « Shoppin’ Around » est un super
rock médium, repris notamment par Danny Boy
(« Je Ne Veux Plus Etre Un Dragueur »), de
même qu’il existe une partition en français de
« What She Really Like » réservée à Johnny Hallyday et laissée lettre morte. « Frankfort Special »
réutilise le gimmick de guitare légendaire de
« Mystery Train » et Elvis l’interprète de façon
magistrale sur les treize prises existantes. Par
contre Scotty Moore et D.J. Fontana ont dû moins
s’amuser dans la séquence où ils accompagnent
le King en short tyrolien !
Celui-ci chante en allemand, pour la seule fois de
sa carrière, la comptine pour enfant « Muss I
Denn » rebaptisée « Wooden Heart ». « Doin’ The
Best I Can » est dû à Doc Pomus et Mort Shuman, le duo de compositeurs gagnant en ce
début des sixties. Les autres auteurs présents
(Sid Tepper, Roy C. Bennett, Aaron Schroeder, Sid
Wayne, Fred Wise, Ben Weisman) vont se retrouver tout au long du parcours hollywoodien d’Elvis et, quoi qu’on en dise, ils savaient écrire de
bonnes chansons ! La ballade « Pocketful Of
Rainbows » est magnifiquement interprétée ainsi
que, dans un registre différent, le shuffle militaire
« G.I. Blues ». Enfin l’inclusion d’une nouvelle version de « Blue Suede Shoes » n’a d’autre but que
de faire toucher des royalties à Carl Perkins alors
dans une mauvaise passe. Elle sert de prétexte à
une bagarre de bar mémorable où les participants
ont bien dû s’amuser ! Le film sort le 23 novembre
1960 et fait un carton : 2e au box office, album N°1
au Billboard où il reste classé 111 semaines, un
record. « G.I. Blues » est diffusé en France le 1er mars
1961 sous le titre « Café Europa En Uniforme ».
G.I. BLUES (1960)
Réalisateur : Norman Taurog. Enregistré en avril-mai
1960 au Radio Recorders à Hollywood. Musiciens :
Elvis Presley (chant), Scotty Moore, Tiny Timbrell, Neal
Matthews Jr. (guitares), Ray Segel (basse), D.J. Fontana, Frank Bode, Bernie Mattinson (batterie), Dudley Brooks (piano), Jimmie Haskell (accordéon), Jordanaires (chœurs).
Pendant les deux ans que passe Elvis au service
de l’Oncle Sam, le colonel Tom Parker maintient
son image et sa musique présente sur les radios
et dans les hit-parades grâce à l’édition régulière
de titres enregistrés à l’avance, préparant ainsi le
retour de son poulain. Le 5 mars 1960, Elvis Pres7