Télécharger - Syndicat Général Force Ouvrière Air France
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Roissy, le 9 juillet 2002 - Bureau Central n° 61/02 e-mail [email protected] - Tél 01.41.56.04.54 ou 55 ou 56 - Fax 01.41.56.04.59 (Siège : Le Dôme - bât. 5 - 1er étage) Privatisation d’Air France : suspens ou sursis ? La "déclaration de politique générale" du Premier Ministre le 3 juillet dernier n'a pas éclairé Air France et ses salariés sur la volonté du gouvernement de privatiser ou pas la Compagnie. Depuis quelques années déjà, Air France figure sur la liste des entreprises privatisables. Les gouvernements qui se sont succédé n'ont à aucun moment changé cette donne. Au contraire, en 1999 le gouvernement de l'époque, avec Jean-Claude Gayssot Ministre des Transports, franchissait une première étape vers la privatisation en ouvrant une partie du capital de la Compagnie au privé. Aujourd'hui, M. Raffarin affirme que les privatisations ou ouvertures du capital des entreprises publiques seront traitées "au cas le cas". Il dit également que "d'une manière générale, l'Etat a vocation à se retirer du secteur concurrentiel, sauf lorsque des intérêts stratégiques sont en jeu". Le capital d'Air France est à hauteur de 56 % détenu par l'Etat. L'échange croisé d'actions avec Alitalia, qui a été annoncé pour la fin 2002, devrait avoir pour conséquence de diminuer encore cette part. Comment sera traité le "cas" d'Air France, dans quel délai, dans quelles conditions et au nom de quels intérêts ou enjeux stratégiques ? Nul ne peut le savoir ou le prédire. Faute d'information, toute discussion "autour d'une boule de cristal" risque d'être stérile. Pour autant, Force Ouvrière tient à rappeler son opposition à toute forme de privatisation. C’est la position que nous avons réaffirmée dans notre Résolution Générale adoptée lors de notre dernier Congrès, tenu les 22 et 23 mars 2000. C'est en parfaite adéquation avec nos engagements que Force Ouvrière se positionnera, le cas échéant, sur tout projet de faire sortir Air France du secteur public. ? Nous devons nous rappeler qu'en 1993, si Air France n'avait pas été une entreprise publique, la recapitalisation de 20 Mds F, faite par l'Etat, n'aurait pas été possible et la survie d'Air France, qui a nécessité par ailleurs de nombreux sacrifices de la part des salariés, n'aurait alors pas été assurée. Quel actionnaire privé aurait accepté un tel "risque" et aurait misé sur le devenir de l'Entreprise? Air France s'est redressée et s'est développée. Son statut d'entreprise publique ne l'a pas empêchée de nouer des alliances au sein de Skyteam dont la force n'est plus à démontrer et Air France affiche, pour la 5e année consécutive, des bénéfices. Les événements du 11 septembre 2001 ont prouvé la fragilité du transport aérien mondial qui était déjà en crise auparavant. Nombreux ont été les transporteurs aériens qui se sont trouvés en extrême difficulté ou ont mis la clé sous la porte, avec tous les dégâts sociaux que cela a engendré. Parmi ceux-ci, en Europe ou dans le monde, la plupart étaient des entreprises privées. Les compagnies américaines, dont certaines se sont mises sous la protection de l'article 11 (loi américaine sur les faillites), tout en étant des entreprises privées, n'ont pas hésité à en appeler aux aides de l'Etat américain. Celui-ci, pourtant exportateur de la déréglementation, a mis en œuvre un plan de soutien de plusieurs milliards de dollars. Air France a pu faire la preuve que son statut d'entreprise publique ne l'empêchait pas de faire face à la crise et d'être la 1ère compagnie européenne en termes de résultats. Il n'y a donc pas d'intérêt économique à une privatisation. Il n'y a certainement pas d'intérêt social ! Sans agiter de spectre, il n'y a qu'à voir, entendre ou lire les média chaque jour pour savoir le sort réservé à de trop nombreux salariés du secteur privé ! Il ne s'agit pas pour FO d'alarmer ou d'inquiéter inutilement les personnels mais de réaffirmer notre position face à une décision possible à court ou moyen terme. Pour le SG.FO.AF Jean-Luc Secondi