non serviam - Vies parallèles

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non serviam - Vies parallèles
NON SERVIAM
JOHN D’AGATA
JIM FINGAL
—
—
QUE FAIRE
DE CE CORPS
QUI TOMBE
V//P
JOHN D’AGATA // JIM FINGAL
QUE FAIRE DE CE CORPS QUI TOMBE
TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR HENRY COLOMER
MARS 2015. ISBN 9782960155914.
DE LA PART DE L’ÉDITEUR J’AI UNE MISSION AMUSANTE POUR UN VOLONTAIRE. NOUS AVONS REÇU UN NOUVEAU TEXTE
DE JOHN D’AGATA QUI A BESOIN D’UN SÉRIEUX FACT-CHECKING. APPAREMMENT IL A PRIS QUELQUES LIBERTÉS, PERSONNE NE LES LUI CONTESTE MAIS JE VOUDRAIS SAVOIR JUSQU’OÙ ELLES
VONT. DONC, SI QUELQU’UN VEUT S’EN CHARGER, IL DEVRA PASSER ÇA AU PEIGNE FIN ET REPÉRER TOUT CE QUI, EN GROS ET EN DÉTAIL, PEUT ÊTRE CONFIRMÉ ET TOUT CE QUI PEUT ÊTRE
MIS EN QUESTION. JE VOUS OFFRIRAI AUTANT DE CRAYONS ROUGES QUE NÉCESSAIRE. MERCI !
Le 13 juillet 2002, à 18 h 01 min et 43 s, tout en
haut de la tour du Stratosphere Hotel de Las
Vegas, Levi Presley enjambait la rambarde qui
le séparait du vide. 350 mètres plus bas, soit
9 secondes plus tard, il trouvait la mort sur
l’asphalte de la rue ramolli par la chaleur d’un
été torride. Il pratiquait le taekwondo. Il avait
16 ans.
En 2005, l’écrivain John D’Agata envoie à
la célèbre revue The Believer un essai dans
lequel, à sa façon bien particulière, il s’empare
de ce fait divers tragique. L’éditeur de la
revue confie alors au stagiaire Jim Fingal, un
fact-checker débutant, le soin de recouper
les éléments factuels qui émaillent le texte
de l’écrivain. Ce sont cet essai (au centre de
la page) et les échanges entre auteur, factchecker et éditeur (tout autour de l’essai) qui
sont donnés à lire dans Que faire de ce corps
qui tombe. Qu’est-ce qu’un fait ? La chute de
Levi Presley a-t-elle duré 8 ou 9 secondes ?
Le revêtement du sol sur lequel le corps du
jeune homme fut retrouvé était-il de couleur
rouge ou brune ? Le mot « suicide » existet-il en hébreu ? Autant de questions qui en
appellent d’autres, plus fondamentales :
peut-on faire montre d’imagination dans
le cadre de la non-fiction ? N’est-ce pas
attenter au respect ancestral dû à un mort que
d’inventer délibérément les circonstances de
sa disparition ? Qu’est-ce que le vrai ?
Dans ces échanges tour à tour drôles,
émouvants, doctes, naviguant entre débat et
combat, virant parfois à l’injure, et, jusqu’à sa
vertigineuse et bouleversante chute, Que faire
de ce corps qui tombe interroge, avec subtilité
et intelligence, notre délicat rapport au réel.
John D’Agata est écrivain. Il enseigne la
création littéraire à l’université de l’Iowa.
Il est notamment l’auteur de Yucca Mountain
(Zones sensibles, 2012).
Jim Fingal se définit comme hacker et fut
pendant un temps fact-checker au Believer.
jim fingal & john d’agata
«
On a un problème global avec les statistiques dans cette partie. Presque toujours, quand John
y a recours, elles sont censées concerner la ville de Las Vegas. Mais dans les sources qu’il nous a
transmises, les statistiques se réfèrent souvent à des ensembles de populations différents, en allant
de la ville de Las Vegas proprement dite au comté de Clark et parfois même à l’État du Nevada tout
entier. Comme me l’a expliqué un employé du gouvernement, le problème avec cet amalgame, c’est
que le comté de Clark a une population trois fois plus importante que celle de la ville de Las Vegas.
En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une divergence insignifiante. Il faudrait donc spécifier si certaines informations se réfèrent au Nevada ou au comté de Clark plutôt qu’à Las Vegas uniquement.
John, vous voulez bien préparer des éclaircissements que l’on rajoutera à l’essai ?
John : Non. Avec tout le respect que je vous dois, vous avez vraiment tout faux là-dessus, Jim.
Le comté de Clark, c’est Las Vegas. Bien sûr, le comté est composé de beaucoup d’autres entités
que Las Vegas mais quand on parle aujourd’hui de « Las Vegas », on se réfère en général au comté
de Clark. Comme vous l’avez vous-même remarqué, Las Vegas à proprement parler est une ville
relativement petite et, géographiquement, elle se limitait à l’origine au « centre-ville » – la partie
ancienne et plutôt miteuse de la ville que peu de touristes visitent en réalité. En fait, l’essentiel du
Las Vegas Strip (la partie de la ville à laquelle on pense quand on entend le nom « Las Vegas ») n’est
pas dans Las Vegas mais dans le comté de Clark. Par exemple, quand le Flamingo Hotel (le premier
hôtel sur le Strip actuel) a ouvert en 1946, il se trouvait dans une ville au sud de Las Vegas appelée Paradise, Nevada, qui fait partie du comté de Clark. L’hôtel a été construit là parce que Bugsy
Siegel voulait s’installer à l’extérieur de la juridiction de Las Vegas. Pourtant, je doute qu’on considère aujourd’hui que le Flamingo, ou n’importe lequel des nombreux hôtels qui l’entourent sur le
Strip, se trouve ailleurs que « dans Las Vegas ». Il n’y a donc pas de divergence. D’après moi, c’est le
genre de simplification indispensable si on veut épargner aux lecteurs le ridicule de ce genre d’explications interminables et lourdingues. »
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-ORPHÉE // 1
MIKLÓS S ZENTKUTHY
EN MA RGE DE C A SA N OVA
V//P
MIKLÓS SZENTKUTHY
EN MARGE DE CASANOVA
LE BRÉVIAIRE DE SAINT ORPHÉE
//
1
TRADUIT DU HONGROIS PAR GEORGES KASSAÏ ET ZÉNO BIANU
MARS 2015. ISBN 9782960155921.
Le 4 octobre 1936, a lieu, sur la scène
de l’Opéra de Budapest, la première
représentation de l’Orfeo de Claudio
Monteverdi, dirigé par Sergio Failoni.
L’écrivain hongrois Miklos Szentkuthy,
âgé de 29 ans, y assiste. Ainsi qu’aux sept
représentations qui suivent. L’année suivante,
il visite à Venise une grande exposition
consacrée au Tintoret. Bouleversé, il
revient à Budapest mais retourne derechef
dans la cité lacustre en compagnie de son
épouse pour l’admirer une seconde fois.
Revenant plus tard sur ces expériences,
Miklos Szentkuthy convint lui-même qu’elles
constituèrent des tournants décisifs dans
l’élaboration de ce qui allait devenir l’œuvre
d’une vie, Le Bréviaire de Saint-Orphée.
Décisifs et reconnaissables comme tels mais
évidemment, et du propre aveu de l’auteur,
pas uniques. Car le Bréviaire, opus magna
dont nous entamons ici la première édition
française intégrale, puise à tant de sources
que les identifier toutes serait l’expérience
d’une vie entière, l’exégète engageant avec le
texte un pas de deux que chaque découverte
viendrait relancer, inépuisablement. Jacques
de Voragine, John Cowper Powys, Jérôme
Bosch, Simone Weil, Charles Dickens, Jean de
la Croix, les mathématiques, les dictionnaires
de biologie, la poésie anglaise… Chaque pan
que dissimule une partie du Bréviaire en révèle
tant d’autres que rien ne paraît s’en dégager
de rassembleur. Non que le plaisir de le lire en
soit jamais atténué, mais cette impossibilité de
lui attribuer une bannière, de le placer sous
patronage, confère à ce Bréviaire, l’image d’un
grand bazar, un catalogus rerum baroque.
Seul resterait alors, unifiant ses
maniérismes, son titre, énigmatique :
Le Bréviaire de Saint-Orphée. Si la figure
d’Orphée fascine, si l’on peut aisément
comprendre le désir d’un poète, d’un artiste
de se placer sous le patronage du mythique
joueur de lyre, quel besoin de le sanctifier ?
Et au-delà du besoin, n’y peut-on voir un
forçage, voire presque une figure oxymorique ?
Car Orphée, c’est à première vue l’exact
opposé d’une religion chrétienne vécue
selon ses dogmes : c’est le paganisme mâtiné
d’animisme ; c’est la fièvre des corps ; c’est
l’appel lascif de la musique profane. Sanctifier
Orphée ? Plus encore qu’un forçage ou
qu’une figure de style, c’est un blasphème !
Mais si, précisément, le blasphème n’était
plus le contraire de la prière ? Si le blasphème
faisait partie de la prière ? Non comme
contestation interne à elle-même mais
réellement comme partie prenante. En étant
l’une de ses expressions sincères et profondes,
en la constituant et l’achevant. Sanctifier
Orphée, et donner à lire son Bréviaire, serait
alors conjuguer la harpe du poète et le bâton
du pèlerin. L’un ne serait plus irréductible à
l’autre. Le recours au blasphème devient alors
l’occasion d’un retour à ce qui fonde la prière.
De même qu’on s’est beaucoup échiné à
clore hermétiquement les espaces religieux et
profanes, on a souvent pris le parti du corps
en prétendant qu’il avait été oublié. Le même
valant pour ce qu’on lui opposa de tous temps :
la raison. L’opposition classe le réel – elle ne
l’approche pas. Sanctifier Orphée, c’est nous
rappeler que le contraire est une construction.
Que l’épuisement du réel ne peut reposer
sur un choix de sujets construits comme des
contraires. Et qu’il convient d’en appeler
à chacun de ses aspects pour embrasser la
réalité dans son infinie complexité. C’est
le propre de toute grande œuvre que, à
défaut d’y réussir, du moins d’y tendre.
Dans ces figures de Monteverdi ou du
Tintoret, de Casanova ou d’Ignace de
Loyola, dans cette procession de figures
historiques, dans cette gigantesque et
éblouissante mascarade, se dresse rien de
moins qu’une des tentatives les plus géniales
de dresser le monumental et fantomatique
catalogue des questions. Écrire SaintOrphée, c’est écrire qu’on se propose de
saisir le réel dans sa totalité. Comme l’écrit
Miklos Szentkuthy, « je suis un homme
avide de réalité : je veux la voir, la toucher,
la percevoir – à n’importe quel prix ! – et
surtout, l’exprimer dans toute sa plénitude ! »
miklós szentkuthy © maria tompa
Miklos Szentkuthy (1908-1988), « l’Ogre de
Budapest », était romancier, essayiste et
traducteur (notamment de James Joyce).
Auteur d’une œuvre littéraire abondante
(son Journal fait 100 000 pages), il est célèbre
pour ses essais littéraires (publiés en France
aux éditions Corti) et son Bréviaire de SaintOrphée, entamé en 1939 et dont le dixième
et dernier volume fut publié en 1984. C’est
cette œuvre totale, dont l’édition française fut
initiée par les éditions Phébus dans les années
1990, que publie Vies parallèles, en débutant
par En marge de Casanova en 2015. Au rythme
d’un volume par an, cette aventure éditoriale
hors norme trouvera son terme en 2025.
LA VRAIE RÉPONSE INTELLECTUELLE AU MONDE NE SAURAIT
ÊTRE MYTHE OU PHILOSOPHIE, ROMAN OU ESSAI ; CE SONT
LÀ FICTIONS ISOLÉES, NAR­C ISSISMES IRRATIONNELS, JEUX
OU (DANS LE MEILLEUR DES CAS) ­« TENDRES LANGUEURS »
SELON L’EXPRESSION PROPRE À L’UN DES FILS DU VIEUX BACH.
NON, LA SEULE RÉPONSE, C’EST LA RESTITUTION PLEINE ET
ENTIÈRE DE LA VIE, AVEC TOUS SES PHÉNOMÈNES VIBRATILES,
SES CHAÎNES D’ASSOCIATIONS INFINIES ET SES MILLIONS
DE VARIANTES MENTALES ! QU’UNE TELLE APPROCHE PUISSE
ÊTRE TAXÉE DE « RÊVE ROMANTIQUE DE LA TOTALITÉ » EN
DIT LONG SUR LE MÉPRIS DE NOS CONTEMPORAINS.
MIKLÓS SZENTKUTHY
« Si une droite, tombant sur deux droites, fait les angles
intérieurs d’un même côté plus petits que deux droits, ces
droites, prolongées à l’infini, se rencontreront du côté où
les angles sont plus petits que deux droits. » Ce postulat
de la théorie euclidienne, communément appelé celui
des parallèles, fut pendant deux mille ans considéré
comme un théorème, c’est-à-dire démontrable. On le
considère de nos jours comme un axiome, c’est-à-dire
comme indémontrable. Devenu contingent, il n’est plus
nécessaire que dans le cadre d’une géométrie particulière. Il existe donc d’autres systèmes, d’autres géométries, dites non-euclidiennes, où, pourquoi pas, les
parallèles se rencontrent enfin, avant l’infini.
Si l’intuition que l’on a de l’espace semble nous
éloigner absolument de cette représentation, le langage,
lui, paraît avoir investi cet impossible. Ainsi ne dit-on
pas « mettre en parallèles » deux « choses », ou deux
« réalités », non justement pour marquer leur distance mais bien pour y détecter ce qui les rapproche ?
Mettre en parallèle, c’est donc abolir l’impossibilité de
rencontre, c’est créer des liens, des croisements, des
nœuds. C’est ce que s’était proposé d’écrire Plutarque il
y a près de 2 000 ans dans ses Vies des hommes illustres :
mettre en parallèles une vie romaine illustre et une
autre vie illustre grecque, en en tissant les liens, en
s’appuyant sur l’histoire sans faire œuvre d’historien,
en arrangeant l’écheveau à sa convenance sans faire
œuvre de fiction. C’est à ce puits que s’abreuvera Vies
parallèles.
Sans nier l’existence de genres, ni d’en reconnaître
l’identité, Vies parallèles aura pour vocation d’éditer
des textes qui font fi du cloisonnement. Ne se donnant
a priori ni le cadre de l’essai, ni celui de la fiction, si ce
n’est pour l’en faire déborder, les ouvrages édités auront
pour point commun de n’en avoir que peu – ils différeront. Convaincu que tout système a ses dehors et que
c’est dans ce qui n’est pas soi, dans ce qui se présente
souvent comme étant d’abord le plus radicalement
autre, que tout peut trouver à s’enrichir.
Très loin du désir de coller au désir supposé d’un
lecteur lambda, lui-même souvent supposé crétin,
Vies parallèles n’entend pas éditer par défaut. Croyant
férocement en l’intelligence du lecteur, la maison
d’édition se fera un devoir de l’abreuver en construisant
un catalogue échappant aux modes et aux impératifs
strictement mercantiles (sans toutefois en méconnaître
les impondérables). L’exigence sera son minimum.
L’absence de concession sa règle. L’exigence requérant
la parcimonie, Vies parallèles éditera peu – trois, quatre
titres par an – car il est souhaitable de disjoindre exigence et élitisme, absence de concession et hermétisme.
Besoin est surtout d’amener le texte dit « difficile », et
donc d’en prendre le temps.
Croyant fermement qu’un livre papier est toujours
une technologie de pointe, mais que pour s’en souvenir
il faut en parcourir tous les possibles, Vies parallèles
apportera un soin particulier au support des textes,
voulant refléter dans l’objet-livre l’importance et la
différence des textes qui y trouvent place. Ouverte et
exigeante, notre maison d’édition voyagera hors clivages, hors carcan et ne se laissera pas enfermer dans le
contour étroit d’une droite. Vies parallèles ne se conformera pas. Non Serviam.
“Als een lijn twee lijnen zo snijdt dat de som van de
binnenste hoeken aan een kant kleiner is dan twee rechte
hoeken, dan moeten die twee lijnen elkaar onvermijdelijk
aan die kant kruisen als ze tot in het oneindige verlengd
worden.” Dit parallellenpostulaat van de Euclidische
meetkunde werd gedurende tweeduizend jaar als een
theorema beschouwd, d.w.z. als een bewijsbare stelling.
Vandaag beschouwt men dit postulaat als een axioma,
d.w.z. als een onbewijsbare stelling. Daarom speelt ze
alleen nog maar een rol in het raam van een bepaalde
meetkunde. In andere, niet-euclidische meetkundesystemen kunnen parallellen elkaar dus wel voor het punt
in het oneindige ontmoeten.
De intuïtieve visie die we van de ruimte hebben, mag
dan misschien niet met dit laatste beeld overeenstemmen, de taal daarentegen lijkt met die onmogelijkheid
geen problemen te hebben. Zeggen we niet dat we twee
‘zaken’ of twee ‘werkelijkheden’ naast elkaar plaatsen,
niet alleen om de afstand ertussen te onderstrepen, maar
vooral ook om te achterhalen wat ze gemeen hebben? De
zaken naast elkaar plaatsen, impliceert dat we de onmogelijkheid van een ontmoeting opheffen, dat we knooppunten en verbanden creëren. Dat is wat Plutarchus
haast 2 000 jaar geleden voor ogen stond toen hij zijn
Parallelle levens schreef, een werk waarin hij het leven
van bekende Romeinen naast dat van bekende Grieken
plaatst. Daarbij weeft hij verbanden door zich op de
geschiedenis te steunen zonder als een geschiedschrijver
te werk te gaan, en door gegevens naar goeddunken te
bewerken zonder een fictiewerk te schrijven. Het is aan
die bron dat ‘Vies parallèles’ zich laaft.
‘Vies parallèles’ wil teksten uitgeven die komaf maken
met scheidingslijnen. De uitgaven van ‘Vies Parallèles’
horen niet per definitie bij het essay en evenmin bij de
fictie, tenzij om die grenzen te overschrijden. De publicaties hebben ook maar één element gemeen – namelijk
dat ze verschillend zijn. We zijn er immers van overtuigd
dat er buiten elk systeem nog ruimte is en dat precies
daar – in wat niet zichzelf is, in wat zich in eerste instantie als radicaal anders aandient – rijkdom te vinden is.
‘Vies Parallèles’ wenst niet aan de vermeende wensen van de ‘gewone’ ­lezer tegemoet te komen, die vaak
verondersteld wordt een idioot te zijn. De uitgeverij
wil daarom ook geen doorsnee werken publiceren.
En omdat ze rotsvast in de intelligentie van de lezer
gelooft, ziet ze het als haar plicht die te voeden door een
catalogus op te bouwen die zich niets aan modes en aan
streng commerciële eisen gelegen laat. Daarbij hanteert
ze een hoge kwaliteitsnorm waarop geen toegevingen
gedaan worden. Omdat kwaliteit niet met kwantiteit
te rijmen valt, geeft Vies parallèles maar weinig uit.
Om zogenaamd ‘moeilijke’ teksten aan te bieden, is het
vooral ook nodig om daar de tijd voor te nemen.
‘Vies parallèles’ is ervan overtuigd dat het gedrukte boek nog altijd een hoogtechnologisch product is.
Daarom besteedt de uitgeverij bijzondere aandacht
aan de drager van de teksten en weerspiegelt ze in het
boekobject het verschil dat de inhoud maakt. Met haar
open en veeleisende geest zet onze uitgeverij een koers
uit die zich aan geen scheidingslijnen stoort, die zich niet
binnen de enge contouren van een rechte laat opsluiten.
Zich conformeren is voor ‘Vies parallèles’ ondenkbaar.
Non Serviam.
“If two lines intersect a third in such a way that the sum
of the inner angles on one side is less than two right
angles, then the two lines must inevitably intersect on
that side if extended far enough.” This postulate from
Euclidean theory, commonly known as the parallel
postulate, was thought for two thousand years to be a
theorem, i.e. demonstrable. Today, it is considered to
be an axiom, i.e. indemonstrable. Having “become”
contingent, its necessity is reduced to that of a specific
geometrical system. There are other systems, other
geometries, termed “non-Euclidean”, where parallels do
in fact meet, somewhere short of infinity.
If the intuition we have of space appear to estrange us
absolutely from this concept, language, on the contrary
seems to have invested the impossibility. Thus, when
we say “to draw a parallel between” two “things”, or two
“realities”, it is not in fact to indicate their distance from
each other, but rather to find what brings them together.
Therefore, to draw a parallel amounts to abolishing
the impossibility of a meeting place; it creates links,
crossroads, knots. This is what Plutarch purported to
do, two thousand years ago, in his Lives of the Noble
Greeks and Romans: to draw parallels between the lives
of illustrious Romans and Greeks, weaving links, using
history without acting as a historian, and organizing
the skein without acting as a fiction writer. This is the
source from which Vies parallèles will draw its strength.
Without denying the existence of genres, or their
identity, Vies parallèles will publish texts that eschew
compartmentalization. Rejecting a priori frameworks
such as that of the essay, or fiction, while at the same
time transcending their limitations, the published
works will have as their common ground the fact of
actually not having much ground in common — they
will beg to differ. We are convinced that all systems
have their outsides and that it is in what is not oneself,
in what often appears to be radically different, that
everything can become enriched.
Far from adhering to the supposed desire of the
average reader (often taken to be a moron), Vies
parallèles does not intend to publish by default. Inspired
by a fierce belief in its readers’ intelligence, it will strive
to quench their thirst by putting together a list that
avoids fashions and strictly mercantile requirements
(without however ignoring the unforeseeable). Its
stance will be uncompromising, absence of concession
its rule. But this requires parsimony; Vies parallèles will
not publish much — three or four volumes a year —
in that it is best to separate exigency from elitism,
absence of concession from hermeticism. Above all it is
necessary to bring to the fore the “difficult” text, and to
take the time to do so.
We believe that a book made of paper is a cuttingedge technology which has possibilities still to be
explored; and Vies parallèles will take special care
with the book-as-object, so as to give the words within
it their maximum differentiation. We want to make
difficult texts available to the widest possible readership,
and the fact is that first impressions are decisive. Open
and exacting, we will operate without prejudice, yokes
or shackles, and will not let ourselves be confined to
the narrow straits of straight (if parallel) lines. Vies
parallèles will not conform. Non Serviam.
ÉDITIONS VIES PARALLÈLES
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ISBN 9782960155907. DESIGN : WWW.THEATRE-OPERATIONS.COM. IMPRESSION : NEWSPAPERCLUB.