Une planche de salut pour le personnel hospitalier

Transcription

Une planche de salut pour le personnel hospitalier
Une planche de salut
pour le personnel hospitalier
À l’arrivée à l’hôpital, les ambulanciers et le personnel hospitalier
doivent fréquemment se mettre à huit
pour déplacer une personne malade ou
accidentée. Tout dépend, en fait, de sa
stature et de son poids. Ces transferts, on
le comprend sans peine, sont assez insécurisants pour le malade qui se fait soulevé dans les airs par des inconnus, et
qui peut paniquer, bouger, déstabilisant
du même coup les membres de l’équipe
soignante. Résultat ! Le patient déjà mal
en point peut chuter et, par le fait même,
infliger une lésion au personnel.
« J’observais notre façon de faire
et je me disais qu’il y avait forcément
moyen de faire différemment et mieux,
tant pour les patients que pour le personnel hospitalier », relate Martial
Roussin, assistant infirmier-chef de soirée en salle des urgences et formateur
au centre hospitalier de Thetford Mines.
La question était d’autant plus préoccupante pour cet homme, qu’il donne une
formation intitulée « Principe de déplacement sécuritaire du bénéficiaire » au
Centre de la santé et des services sociaux de la région de Thetford.
À force d’observation et de réflexion,
l’idée lui est finalement venue d’adap‑
ter une planche de transfert, servant au
déplacement des patients polytrauma‑
tisés. « Je ne me considère pas comme
un inventeur, explique M. Roussin. J’ai
simplement mis au point une nouvelle
méthode, plus pratique et moins risquée, en adaptant les moyens dont nous
disposions. »
L’innovation consiste à glisser une
planche de Lexan sous le patient alors
qu’il est installé sur la civière en salle
36
Prévention au travail
Été 2008
Photo : ASSTSAS
Par Mikaëlle Monfort
Photo : CSSS région Thetford
Lorsqu’un patient polytraumatisé
arrive au service des urgences d’un
hôpital, les ambulanciers doivent
le transférer immédiatement de
la civière du véhicule à celle des
urgences, puis de cette dernière à
celle du service de radiologie. Cette
double manœuvre n’est pas sans
risque, et pour le personnel et pour
le patient. Ou plutôt était. Car,
grâce à l’ingéniosité d’un infirmier,
la donne a changé.
il fallait six à huit personnes pour procéder à un lever, aujourd’hui, quatre
peuvent suffire à faire glisser le pa‑
de traumatologie. « Nous profitons du
tient d’une civière à l’autre », explique
moment où le médecin examine le dos
M. Roussin. La méthode de l’infirmier,
du patient pour mettre la planche en
qui a déjà été validée par le Comité
place. Puis on le fait glisser vers une
régional de traumatologie, présente
autre civière en tirant sur les courroies
l’avantage complémentaire d’être fort
fixées à la planche. Cette méthode perpeu coûteuse puisqu’une simple feuille
met d’éviter de soulever le patient, ce
de Lexan de 1,2 m (4 pi) sur 2,4 m (8 pi)
coûtant 225 $ suffit à confectionner deux planches de trans‑
fert qui dureront plusieurs
années. « Au centre hospita‑
lier de Thetford Mines, nous
utilisons encore les planches
fabriquées en 2000, fait remarquer Martial Roussin. Le Lexan
est un matériau vraiment très
résistant et hygiénique. »
À n’en pas douter, la planche
mise au point par M. Roussin,
que certains appellent déjà
affectueusement la « technique
Roussin », constitue véritablement une planche de salut
tant pour les patients que pour
le personnel hospitalier ! Le
concours de 2006 « Plein feux
sur l’innovation », de l’AssociaNelson Doyon, à gauche, a aidé son collègue tion paritaire pour la santé et
Martial Roussin à concevoir une planche
la sécurité du travail du secteur
de transfert plus sécuritaire, tant pour les
affaires sociales (ASSTSAS), a
patients que le personnel soignant.
attribué à la trouvaille un Prix
du jury et un Prix du public.
En octobre 2006, la « technique
Roussin » a aussi permis au
Centre de santé et de services so‑
ciaux de la région de Thetford
de remporter un prix, pour
la région de Chaudière-Appa‑
laches, dans le cadre des Prix
innovation en santé et sécu‑
rité du travail décernés par
la CSST. « Rien n’aurait été
possible sans l’aide de l’infir‑
mière chef Lise Gagnon, du
coprésident du comité sst du
CSSSRT Nelson Doyon, et
La planche est utilisée par le personnel de
du chirurgien orthopédiste
l’urgence, de la radiologie et le personnel
Dr Marc Miville-Deschênes »,
ambulancier.
note M. Roussin.
Fort de ses succès, ce derqui présente le triple avantage d’être
nier entend bien ne pas en rester là et
plus sécurisant pour lui, moins risqué
actuellement il « planche » sur un lèvepour le personnel hospitalier qui propersonne ayant pour but d’aider les
cède au transfert et… moins exigeant
personnes en perte d’autonomie à s’exen termes de ressources. En effet, là où
traire plus aisément de leur voiture à
leur arrivée dans le garage du service de
l’urgence. Il a en tête la sécurité, oui,
1.Panneau en polycarbonate très robuste, facile
à découper et demandant peu d’entretien.
mais aussi le bien-être des usagers. PT

Documents pareils