La place de l`école maternelle dans le système éducatif français

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La place de l`école maternelle dans le système éducatif français
L’école maternelle française. Le point de vue de l’éducation nationale en 2008
ou
La place de l’école maternelle dans le système éducatif français
1. Constats et enjeux
2. Les programmes de 2008
3. Des questions pour l’école maternelle
1. Constats et enjeux
Devant, d’une part, l’augmentation du temps de scolarisation1 et, d’autre part, la corrélation existant
entre les élèves en difficulté à l’entrée en 6ème et les sorties sans qualification, l’école maternelle doit
créer les conditions d’une scolarité réussie et limiter les conséquences scolaires des inégalités sociales
qui s’actualisent dans la maîtrise du langage et l’attitude face aux attentes de l’école.
Le temps de l’école maternelle est donc un temps de prévention.
Par ailleurs, la fréquentation de l’école maternelle est en forte augmentation2 et l’assiduité également.
L’école maternelle s’est mise à fonctionner comme l’école obligatoire, tant pour les enseignants que
pour les familles.
Ce qui a pour conséquence une légitime obligation de résultats et la mise en place de réelles
progressions et programmation des apprentissages.
Le temps de l’école maternelle est donc aussi un temps d’apprentissage.
2. Les programmes de 2008
L’école maternelle, une école pour apprendre qui laisse à chaque enfant le temps de s’accoutumer,
d’observer, d’imiter, d’exécuter, de chercher, d’essayer, en évitant que son intérêt ne s’étiole ou qu’il ne
se fatigue. Elle stimule son désir d’apprendre et multiplie les occasions de diversifier ses expériences et
d’enrichir sa compréhension. Elle s’appuie sur le besoin d’agir, sur le plaisir du jeu, sur la curiosité et la
propension naturelle à prendre modèle sur l’adulte et sur les autres, sur la satisfaction d’avoir dépassé
des difficultés et de réussir.3
Le programme de l’école maternelle, sans horaire contraignant, présente les grands domaines d’activité
à aborder sur les trois années qui précèdent l’entrée dans la scolarité obligatoire ; il fixe les objectifs à
atteindre et les compétences à acquérir avant le passage à l’école élémentaire. La mise en oeuvre du
programme doit prendre en compte les étapes et le rythme du développement de l’enfant.4
1
18 années d’espérance scolaire, toutes formations confondues (sources : DEPP, Repères et références statistiques, 2008)
80% des enfants de 2 à 5 ans scolarisés, 100% pour des enfants de 3 à 5 ans (id.)
3 Cf. Horaires et Programmes d’enseignement de l’école primaire, BO HS n°3 du 19 juin 2008
4 id.
2
Ces programmes sont à mettre en relation avec les enjeux exposés précédemment. Des programmes
également nourris par les récents résultats de la Recherche et le recensement des bonnes pratiques.
Deux priorités
Des programmes en continuité avec ceux de 2002, les cinq domaines d’activités sont conservés et la
priorité donnée au langage est réaffirmée (S’approprier le langage et Découvrir l’écrit). L’objectif
essentiel de l’école maternelle est l’acquisition d’un langage oral riche, organisé et compréhensible par
l’autre.5
Une évolution : du Vivre ensemble au Devenir élève. On entre enfant à l’école maternelle, on en sort
élève, c’est-à-dire un être social capable d’apprendre selon les termes et les règles de l’Ecole. Ce qui
est en jeu, c’est le sens des apprentissages scolaires, moins les contenus qui ne sont encore que peu
discriminants.
S’approprier le langage et découvrir l’écrit
-
pour permettre une communication autre que gestuelle,
pour permet une représentation du monde assez sophistiquée,
comme un objet à explorer.
Il s’agit de faire tenir le monde dans des mots, de passer peu à peu de la manipulation à la
symbolisation pour enclencher le langage.
Il s’agit également d’entrer dans la culture, d’avoir entendu beaucoup d’histoires que l’on peut mettre en
réseau.
Baliser le parcours :
-
échanger, s’exprimer, comprendre, progresser vers la maîtrise de la langue française,
découvrir les supports de l’écrit, découvrir la langue écrite, contribuer à l’écriture de textes,
distinguer les sons de la parole, aborder le principe alphabétique (approche explicite du
fonctionnement de la langue),
apprendre les gestes de l’écriture.
Progression
De la réalité immédiate à des réalités de moins en moins immédiates. Evoquer ce qui n’est pas là, plus
là, pas encore là, ce qui existe et ce qui n’existe pas. On commence par évoquer avec le groupe classe
un événement auquel tout le monde a pris part puis, progressivement, on fait de l’événement un objet
de transmission pour ceux qui n’y ont pas pris part.
Des paramètres sur lesquels agir : les acteurs (personnages), l’espace, le temps.
5
id.
Devenir élève. Points de vigilance.
-
45% des élèves de 3 ans nouvellement scolarisés ont déjà vécu un accueil collectif d’au moins
une journée6, la cohabitation ne va donc pas de soi.
L’élève doit avoir vécu l’expérience de la présence d’un adulte disponible, les traitant de
manière égale et leur apprenant « des choses ».
L’élève doit avoir vécu l’expérience de droits et de devoirs identiques pour tous.
L’élève doit avoir vécu l’expérience d’un temps réglé.
L’élève doit reconnaître seul ses besoins les plus basiques, l’exprimer et y répondre seul.
L’élève doit apprendre à se synchroniser : abandonner ses activités pour entrer dans les
activités proposées par le maître, réagir aux consignes collectives, faire avec les autres.
L’élève, pour prendre conscience qu’il grandit, ne doit pas se voir proposé toujours la même
chose.
Le maître doit parler avec l’élève ou les élèves, pas aux élèves.
Le maître doit fournir à l’élève des repères d’autonomie.
Le maître doit aider l’élève à piloter son attention et lui apprendre ce qu’écouter à l’école
signifie : écouter pour apprendre, pour redire, pour comprendre, pour le plaisir.
Le maître doit aider l’élève à prendre conscience qu’il est en train d’apprendre quelque chose. Il
doit l’aider à dire ce qu’il a fait, ce qu’il a appris et à quoi cela servira-t-il.
Le maître doit veiller, enfin, à l’équilibre des contraintes, seules les contraintes aidant aux
apprentissages comptent.
3. Des questions pour l’école maternelle
La Grande Section, une classe charnière.
La Grande Section appartient à l’école maternelle. Les connaissances et compétences attendues à la
fin de la Grande Section sont celles attendues à la fin de l’école maternelle ; des connaissances et des
compétences permettant de réussir au cours préparatoire les apprentissages fondamentaux. Elles
doivent être évaluées précisément.
Se pose la question de la liaison. Comment éviter de commencer au CP par le « a » de Gafi sans pour
autant commencer « Gafi » en Grande Section. Une liaison qui doit assurer une continuité
méthodologique, la transmission et la prise en compte de traces, d’outils et de référents.
La scolarisation des enfants de deux ans
Une question de société.
Les effets de la scolarisation à deux ans sont les plus marqués au profit des catégories sociales les plus
défavorisées et les plus favorisées. Elle semble notamment bénéfique aux élèves étrangers ou issus de
l’immigration, auxquels elle apporte une appropriation plus rapide de la langue et de la culture
françaises.
Si l’on développe cette scolarisation précoce, l’équité doit donc conduire à la favoriser dans les zones
où les catégories sociales les plus défavorisées sont concentrées.7
6
7
DRESS, L’accueil collectif et en crèches familiales des enfants de moins de 6 ans en 2006
Françoise MEYER (IEN), L’accueil des enfants de deux ans à l’école maternelle, mai 2007
Dans les autres cas, les effets ne sont que très faiblement positifs. En revanche, l’écart est considérable
entre des enfants ayant fréquenté l’école maternelle 3 ou 4 années et ceux qui ne l’ont fréquentée
qu’une seule année.
En conclusion, si les conditions d’une scolarisation précoce sont favorables, si l’on ne renforce pas les
inégalités et si l’on ne répond pas à des attitudes consuméristes, opportunistes et conjoncturelles, alors
il convient de mettre en place cette scolarisation en partenariat avec les collectivités locales.
L’efficacité de l’école maternelle
Au vu des constats et des enjeux, les politiques sont en droit de se demander si l’école maternelle joue
son rôle de prévention et de compensation. D’où la nécessité d’évaluer régulièrement son action de
façon analytique et objective. Quels indicateurs ? A quel moment ? Les évaluations GS / CP et les
évaluations nationales CE1 sont des outils appropriés.
Conclusion
L’école maternelle française est une institution remarquable qui doit, parce qu’elle constitue une
propédeutique à l’école obligatoire, exiger l’assiduité des élèves, qui doit veiller à dispenser un
enseignement explicite, progressif et structuré, parfois précocement, et qui doit expliquer aux familles
ce qui s’y fait.
Note de synthèse réalisée par Franck ARDOUIN, inspecteur de l’éducation nationale

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