Feuille d`information, d`échange et de partage Paroisse Orthodoxe

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Feuille d`information, d`échange et de partage Paroisse Orthodoxe
N0 15 mars 2011
Les orthodoxes ailleurs 1
Feuille d’information, d’échange et de partage
Paroisse Orthodoxe Francophone de Genève
(Patriarcat œcuménique de Constantinople)
Sainte Trinité - Sainte Catherine
Éditorial
Ce printemps 2011 est le théâtre d’immenses
bouleversements aux portes de l’Europe. Si ces
mouvements nous font espérer plus de démocratie et de
droits de l’homme, ils représentent en même temps un
danger pour les minorités chrétiennes vivant dans certains
pays ainsi que le dramatique attentat devant l'église copte
Al Quidissine au Caire le 31 décembre dernier nous le
rappelle douloureusement. Que sera l’avenir des églises
chrétiennes en dehors du monde occidental ?
Nous avons voulu dans ce numéro 15 de notre feuille
paroissiale vous offrir quelques modestes témoignages
d’une vie orthodoxe qui se vit ailleurs, hors de l’Europe,
du monde occidental ou de la Russie. Nous avons la
chance d’appartenir à une paroisse riche d’expériences
humaines et ecclésiales provenant du monde entier, de ce
monde qui vit, souffre et espère. Partageons cette
richesse !
Marc Troyanov
Pâques en Ethiopie
Billet du Père Jean
Quand on entre dans le temps du Grand Carême on ne peut s’empêcher de se souvenir de l’appel de Jean-Baptiste dans
le désert de Judée « Repentez-vous car le royaume des cieux est proche…C’est ici la voix de celui qui crie dans le
désert : Préparer le chemin du Seigneur, aplanissez Ses sentiers « (Mat. 3,2-3).
Le temps du carême est un chemin, un sentier qui nous conduit à la table du partage eucharistique, au calvaire sanglant
et au tombeau vide de Pâques. C’est un temps d’expériences offert par la prière liturgique et personnelle et par la
meilleure connaissance de nous même dans l’ascèse et la compassion envers le prochain.
Le temps du carême nous fait renouer avec cette amitié de Dieu qui est le centre essentiel, le fond intérieur de tout
chrétien en marche vers le royaume. Chacun vit cette quête suivant les circonstances et les évènements de sa vie, mais
ce qui nous fait amis de Dieu c’est ce désir profond de communion avec Celui qui nous donne l’être et la vie.
Quand on vit de soi et pour soi on a des opinions et parfois beaucoup de doutes, mais quand on sort de soi pour entrer
en Dieu on n’a plus d’opinions ou de doutes on est dans la Vérité qui nous rend libre selon la parole de Saint Jean.
Alors on n’est propriétaire de rien car Dieu dépasse notre entendement ; et plus il est exalté en chacun d’entre nous, ce
Dieu que nous aimons, alors plus nous descendons dans l’abîme de notre misère, de notre néant. Ainsi nous allons plus
loin que l’humilité et à l’homme dépossédé de tout, Dieu offre la joie. Dans cette joie on cesse de se regarder, notre
esprit descend dans une sorte d’abnégation de lui-même. Plus il meurt et disparaît plus il est immergé en Dieu et se
perd en Lui, car ce Dieu est le Dieu vivant, il est flamme qui nous brûle, nous consume et fait de nous des créatures
nouvelles. Il nous ressuscite dans sa Vie, nous fait goûter son éternité en Jésus-Christ cette terre des vivants.
Ce temps béni de la quarantaine nous apprend à porter notre croix à l’exemple du Sauveur et à le suivre humblement
au milieu des circonstances et des évènements les plus divers de la vie. Nous sommes tous conviés au développement
de l’homme intérieur ce centre profond et par toutes nos facultés humaines à nous unir au Dieu vivant et à ne faire
avec Lui qu’un seul et même être et esprit à l’image de notre Maître Jésus-Christ.
A tous bon Carême.
Père Jean
12 chemin des Cornillons, CH - 1292 Chambésy-Genève. tel. 022.758 1952. www.saintecatherine.ch
N0 15 mars 2011
Les orthodoxes ailleurs 2
Souvenirs de mon Eglise en Erythrée
Nous habitions à quelques mètres de l’église copte
orthodoxe, Saint-Georges, dans mon village en Érythrée.
J’ai été bercé par les prières et le son des cloches qui
montaient jusqu’à moi. Mon père était prêtre et par tradition
orale, il m’apprenait à réciter les prières tôt le matin. J’allais
à l’église chaque dimanche. Parmi mes souvenirs d’enfance,
durant les quarante jours de Carême, là-bas, il fait beau et
on organisait avec des copains le concours de celui qui
tiendrait le plus longtemps sans manger.
Des gens allongés sous les arbres du préau de l’église
écoutaient les chants et la lecture de livres saints en
attendant le dernier « Kirie eleison » vers 16 ou 17 heures.
Je me souviens également comme si c’était hier de la prière
profonde de la communauté, particulièrement des femmes
lorsque la saison de pluie prenait du retard et pendant la
guerre, l’ambiance des fêtes religieuses.
Aussi loin que je me souvienne, ma foi s’est développée aux
fils des ans, depuis ma plus tendre enfance, sans que je m’en
rende vraiment compte.
Tout cela a rempli mon enfance de joie, de bonheur et de
tendresse, et je le dois à mes parents.
Quelques mots sur les
Eglises orthodoxes orientales
Ce sont entre autres les Eglises copte,
arménienne, syrienne, indienne, éthiopienne, et
érythréenne. On les appelles aussi Eglises préchalcédoniennes ou
monophysites et leur
fondation remonte aux temps apostoliques, elles
reconnaissent les trois premiers conciles
oecuméniques (Nicée 325, Constantinople 381 et
Ephèse 431) et en particulier l’enseignement de
saint Cyrille le Grand.
Bien que ces Eglises ne soient pas en
communion officielles avec la grande Eglise
orthodoxe depuis le concile de Chalcédoine en
451, elles sont spirituellement proches et, depuis
les années 1960, un dialogue fructueux est mené
entre l’Eglise Orthodoxe et les Eglises
orthodoxes orientales. Pour plus de précisions,
voir www.orthodial.com
Habté Woldegaber
Une fin de semaine sainte à Jérusalem, un temps hors du temps
Vivre une fête de Pâques orthodoxe sur les pas du Christ, un rêve devenu réalité. Arrivé dans la nuit de mercredi à
jeudi, notre séjour familial a commencé par la liturgie de Jeudi Saint dans notre église copte orthodoxe à Jérusalem. La
liturgie était célébrée par notre Métropolite Amba Abraham. A deux pas de là, l’église de la Résurrection. C’est là que
nous nous sommes ensuite rendus pour une visite en compagnie d’un moine de notre monastère. Une visite très
enrichissante, sur le plan spirituel d’abord mais aussi historique. Une découverte pleine d’émotions et
d’émerveillements. Ce premier jour s’est terminé par les prières de la Pascha (prières chantées à la gloire du Seigneur
le matin et l’après-midi durant toute la semaine sainte).
La journée de vendredi saint, une des plus importantes dans l’église copte, a commencé avant 7h du matin. Les portes
de l’église de la Résurrection ne s’ouvrant qu’à 11h pour le public, nous avons eu le privilège de prier les 4 premières
heures de la journée uniquement avec les moniales et les moines. De la mi-journée à 18h, la foule venu prier était si
dense qu’il était quasi impossible de bouger. En effet, toutes les communautés chrétiennes célébraient en même temps
ce jour saint, chacune dans l’espace qui lui appartient, tous unis dans la même foi. A la fin de la journée de prières et
de jeûne, Amba Abraham offrait à manger à tous les Coptes présents.
A minuit, nous nous sommes à nouveau joints aux moines et aux moniales pour une nuit de prières célébrée toujours
dans l’église de la Résurrection. Cette veillée, appelé nuit de l’Apocalypse car on y lit l’entier du livre, se termine par
une liturgie à 6h du matin.
Après quelques heures de sommeil, il est temps de rejoindre à nouveau la foule immense qui chante et danse en
attendant la Lumière, chacun tenant dans sa main, un ou plusieurs bouquets de 33 cierges, symbolisant l’âge du Christ.
Vers 14h00, arrive le Patriarche grec orthodoxe. Ce qui se passe à l’intérieur vers le tombeau du Christ ne nous est pas
visible. Mais un relatif silence impatient se fait jusqu’à l’explosion de lumière et de joie. Un moment fort et chargé
d’émotions. Peu à peu la foule se disperse et presque tous vont retrouver leur famille. La quasi-totalité des Coptes
rentrent fêter Pâques en Egypte. Pour notre part, nous restons fêter Pâques sur place.
A minuit, la liturgie commence. Chaque communauté célèbre dans son église au sein de l’église de la Résurrection.
Une belle célébration, nettement plus calme.
Là ne s’arrêtera pas notre voyage, mais juste ces quelques jours uniques, un privilège qui reste à jamais graver dans
nos mémoires.
Fiby Mikhail
N0 15 mars 2011
Rencontre avec un prêtre orthodoxe
en Colombie
Mon récent voyage en décembre était également
une occasion pour moi d’en connaître un peu plus
sur les orthodoxes dans mon pays. Une recherche
rapide sur internet m'avait montré la variété des
églises présentes sur le territoire et la difficulté,
même pour un orthodoxe, pour savoir à quelle
patriarcat elles sont rattachées. On trouve en
Colombie: une Eglise ukrainienne autocéphale,
l’Eglise Orthodoxe Russe, une église de la
Communion Catholique Orthodoxe, The Orthodox
anglican communion et aussi quelques paroisses du
patriarcat Œcuménique.
Mon séjour se passe principalement dans la ville de
Medellin. C'est dans un parc de cette ville que mon
épouse et moi avons convenu de rencontrer le père
David Mario Zapata. Père David a été le premier
prêtre orthodoxe de cette ville qui compte
aujourd'hui 2.5 millions d'habitants. Il est
également le représentant de l'archevêché en
Colombie qui se trouve sous la juridiction du
Métropolite Athenagoras du Mexique.
Après les salutations, je suis curieux de savoir
comment il est devenu orthodoxe. Pour lui aussi il
est étrange de rencontrer un colombien orthodoxe
venant de suisse. Son histoire est intéressante.
Depuis son jeune âge Père David savait qu'il serait
prêtre, c'était sa vocation. Dès la fin de ses études
secondaires il s'est inscrit au séminaire catholique
pour commencer sa formation. Après son
séminaire, il a été envoyé à Bogota pour donner des
cours de religion dans un collège appartenant à
l'église. Le destin a voulu qu'il se présente avec
d'autres collègues juste avant la fin de l'année
scolaire, et ils ont été priés de revenir deux mois
plus tard. Afin de mettre à profit le temps ainsi
libéré, il décide avec quelques amis d'aller en
Amazonie pour une première découverte.
L'aventure a mal terminé car ils sont tombés
gravement malades et le Père David a contracté une
fièvre typhoïde. Rapatrié dans un hôpital à Bogota
son cas fut considéré très grave et ses supérieurs de
l'église décidèrent de le renvoyer chez lui pour y
mourir. Sa mère ne le laissa pas tomber. Elle
s'occupa de lui et avec l'aide des herbes et de la
médecine traditionnelle elle réussit à le sauver.
De ses supérieurs, il n’eut plus aucune nouvelles et,
se sentant abandonné, il décida de rompre tous les
liens avec l'église et trouva un emploi comme
commerçant. Plus tard il tombera amoureux et se
mariera. Mais le destin, encore une fois, lui
changera la vie. Plusieurs années plus tard, dans un
aéroport lorsqu'il attendait son vol, un ancien
compagnon de son aventure dans l'Amazonie le
reconnut. Son ami le croyait mort et une discussion
s'engagea sur leurs vies actuelles. David, le
Les orthodoxes ailleurs 3
commerçant, lui parla de son travail, de sa femme,
de son amertume et de sa tristesse car il sentait
toujours l'appel de l'église. Son ami lui parle de
l’Eglise orthodoxe.
L'histoire se passe dans les années 70. Père David
m'apprend que dans le séminaire il n’avais jamais
entendu parler de l’orthodoxie, il n'en connaissait
rien. Son ami avait rencontré un prêtre orthodoxe à
Bogota et c'est vers lui qu'il se dirigea. Après avoir
entendu son histoire, le prêtre décida de le prendre
comme élève et il pu commencer sa formation dans
l'orthodoxie. Par correspondance et avec des
rencontres sporadiques avec son professeur David
compléta sa formation. Il fut ordonné diacre et plus
tard, lors d'une visite du métropolite en Colombie,
il devint le premier prêtre orthodoxe grec ordonné
en Colombie. Le passage dans un monastère en
Grèce lui permit de rentrer pleinement dans
l'orthodoxie.
Aujourd'hui, à 72 ans, Père David ne songe pas à la
retraite. Deux nouveaux prêtres sont venus dans sa
paroisse San Marcos. L'un de ses fils est prêtre
également. Avec l'aide des paroissiens ils ont ouvert
un foyer pour personnes âgées. Sans aucun appui
officiel ils logent et nourrissent une quinzaine de
personnes sans famille ou dans le besoin. Le
financement provient de la vente de pâtisseries
qu'ils organisent toutes les semaines et de quelques
donations sporadiques. Son travail avec le foyer a
permis de faire connaître l'orthodoxie dans son
quartier. Les gens connaissent d'abord son travail
puis par curiosité viennent à l'église et c'est le rite
qui les frappe en premier. "Ils restent émerveillés
par notre rite qu'ils comparent tout naturellement
avec le rite catholique" nous raconte-il. Ensuite ils
se renseignent et finissent par se convertir et c'est
ainsi qu'aujourd'hui il peut compter avec une
soixantaine de fidèles chaque dimanche.
Et les étrangers ? je lui demande. "Ce sont des
mauvais chrétiens !" c'est sa réponse. "Les quelques
russes et grecs que l'on trouve dans la région
viennent une fois par année. A Pâques ou pour
Noël. Nos paroissiens sont tous des colombiens".
Les visites et les promesses il en connaît Père
David. "On vient souvent nous visiter de l'étranger.
On nous promet beaucoup de choses mais il n'y a
jamais rien". Les églises doivent se débrouiller par
elles mêmes. Le matériel chacun doit le trouver et
l'acquérir par ses propres moyens. Les prêtres n'ont
aucun salaire et doivent tous se trouver un emploi
pour subsister. L'essentiel est de pouvoir continuer
notre mission, affirme Père David. C'est ainsi que
nous l'avons décidé.
Faute de temps nous n'avons pas pu visiter la
paroisse mais espérons rencontrer Père David et
d'autres orthodoxes lors d'un prochain voyage pour
partager une liturgie en Colombie.
James Moreno
N0 15 mars 2011
Les orthodoxes ailleurs 4
ASSEMBLEE GENERALE
L’Assemblée générale de notre paroisse se tiendra le dimanche 10 avril 2011, après la liturgie, à 11 h.30, au
Centre orthodoxe de Chambésy (salle TV). Seuls les paroissiens âgés de 16 ans révolus peuvent prendre part
aux votes et élections.
Ordre du jour
1. Acceptation du procès-verbal du 14 mars 2010
2. Rapport du recteur
3. Rapport du trésorier
4. Rapport du contrôleur aux comptes
5. Discussion et vote sur ces rapports
6. Election du conseil de paroisse
7. Election du président du conseil
8. Election du contrôleur aux comptes
9. Attribution de la collecte de Carême
10. Divers
Peuvent être élus au conseil de paroisse ou comme contrôleur aux comptes les paroissiens ayant le droit de
vote. Les candidatures doivent être proposées par cinq paroissiens ayant le droit de vote, quinze jours à
l’avance. Elles doivent être adressées par écrit au trésorier :
Alexis Cazin, rue du Champ-de-Foire 48
F-01630 St-Jean-de Gonville
e.mail : [email protected]
Rectificatif
Suite à une erreur dans la gestion du logiciel de mise en page, deux signatures ont été cachées par d’autres éléments
de textes dans le bulletin 14. Il s’agit de la parabole du purificateur d’argent et du texte qui suit, qui est dû à Anne
Monney et du texte sur le Père A. Schmemann qui est dû à Monique Guillon. L’erreur a pu être rectifiée sur la
version électronique du bulletin mais pas sur la version imprimée en raison d’un délai trop court. Nous remercions
Anne et Monique pour leur contribution et leur présentons nos excuses pour cette omission.
L’un des saints les plus vénérés de l’Eglise syriaque nous
est très présent tout au long du carême. Il s’agit de saint
Ephrem dont la prière rythme cette période de notre vie
liturgique.
S eigneur et maître de ma vie,
Eloigne de moi l’esprit da paresse,
de découragement, de domination
et de vaine parole.
Mais donne à ton serviteur
un esprit d’intégrité, d’humilité, de patience,
et d’amour.
Oui, Seigneur Roi,
donne-moi de voir mes propres fautes
et de ne pas juger mon frère
Car tu es b é n i d a n s l e s s i è c l e s d e s s i è c l e s .
Amen
Responsables : Père Jean Renneteau, Marc Troyanov. Collaboration Père diacre Alexandre, Michèle Panchaud, Pascal Hämmerli.