Ram Dass

Transcription

Ram Dass
Ram Dass
Marcher sur la Voie:
Les Psychédéliques et Au­delà
v0.3
Ram Dass, né un 6 Avril 1931, a été l'un des enseignants spirituels les plus
influant de notre époque. Né Richard Alpert, il devint professeur de psychologie à
l'Université de Stanford et ensuite professeur à Harvard où il rencontra Timothy
Leary et fut introduit aux psychédéliques. Les résultats furent monumentaux pour
Alpert et notre culture.
Il réorienta sa vie personnelle et professionnelle pour étudier ces drogues et quand
on lui offrit le choix entre abandonner son travail ou être expulsé d'Harvard, il
préféra continuer ses recherches. Le résultat fut l'infâme limogeage d'Alpert et de
Leary d'Harvard. La vie d'Alpert prit encore une autre tournure dramatique quand
lors d'un voyage en Inde, il rencontra son maître spirituel et par la suite se dévoua
lui même à des pratiques spirituelles, à l'enseignement et au service d'autrui.
En étant le premier occidental à plonger profondément dans les religions orientales,
il ouvrit la voie pour les générations en quête spirituelle qui suivirent. Le nom
"Richard Alpert" fut abandonné et changé en "Ram Dass" signifiant son engagement
dans la poursuite d'une vie spirituelle.
1
Au lieu de décrire les pratiques religieuses en des termes calcifiés empruntés à des
systèmes théologiques dépassés, Ram Dass parle directement à partir de ses propres
expériences d'une manière compréhensible par les occidentaux. Il décrit des
processus tels que l'entraînement à l'attention, la transformation des émotions, la
raffinement de la conscience et la vie dans le respect de l'éthique afin de réduire les
désirs incontrôlés. Voilà quelqu'un qui pouvait marrier son bagage scientifique et
psychologique avec ses visions spirituelles et de ce fait, les communiquer de manière
nouvelle.
En présentant des exemples tirés de sa propre vie et en utilisant un language et des
concepts contemporains, il est devenu ce que Carl Jung nommait un "intermédiaire
gnostique" et se libéra ainsi du phénomène de ritualisation des religions qui a envahi
les traditions occidentales.
La ritualisation se produit quand les gens ne comprennent ou ne pratiquent plus les
disciplines réellement transformatives, se contentant à la place de la simple répétition
d'anciens rituels. Pour combattre la ritualisation, les intermédiaires gnostiques
s'engagent dans des pratiques authentiques, expérimentent par eux-mêmes les vérités
sans âges des traditions puis traduisent leurs visions pour inspirer les autres.
Ram Dass, l'un des grands intermédiaires gnostiques de notre temps, a servi de
pont entre l'ancien monde et le monde moderne, entre l'Est et l'Ouest et entre la
spiritualité et la psychologie. La phrase de Gandhi que Ram Dass adore citer et qui
s'applique aussi à lui est: «Ma Vie est mon Message». Les messages de Ram Dass
sont nombreux mais peuvent être résumés en 3 catégories: la pratique, le karma-yoga
et le service.
2
La pratique: Ram Dass a écrit et donné des conférences mais par dessus tout, il a
pratiqué et appliqué ce qu'il a appris sur son chemin spirituel et il encourage les
autres à faire de même.
Karma-Yoga: Tout dans nos vies peut être «du blé à moudre pour le moulin»
comme l'indique le titre de l'un de ses livres. En dédiant les activités de ce monde à
un but plus élevé tout en renonçant à l'attachement à un résultat spécifique, le
karma-yoga transforme toute activité en un moyen pour l'éveil. Comme le dit Martin
Buber «tout acte naturel s'il est consacré, mène à Dieu». De son propre aveux, Ram
Dass est en premier et principalement un karma-yogi.
Le Service: Après des années de travail intérieur intense, Ram Dass s'apperçu qu'il
était de plus en plus attiré par le service à autrui. Se faisant, il a suivi un ancien
cycle qui correspond en premier à se retirer pour guérir et transformer son monde
intérieur et ensuite revenir et partager cette guérison et cette transformation avec les
autres. Il a fait cela en enseignant et conseillant les mourant et ceux dans la détresse,
en assistant de nombreuses causes et en écrivant des livres comme «Comment puis-je
aider ?» [1-1] et en créant des organisations caritatives comme la Fondation
Hanuman et la Fondation Seva.
En 1997, Ram Dass a subi un attaque cardiaque sévère.
Initialement il était complètement hémiplégique et incapable de parler. Depuis il a
difficilement et progressivement recouvert de son attaque cardiaque. C'est sans
surprise qu'il a utilisé ce malheur comme toute chose de sa vie c'est à dire comme
du blé à moudre pour le moulin et en faisant cela il nous a encore offert un autre
cadeau. Le livre classique de Ram Dass «Soit Ici Maintenant» [1-2] avec les livres
«La Seule Dance qui Existe» [1-3] et «Le Voyage de l'Eveil» [1-4], ont introduit de
nombreuses personnes à la pratique spirituelle. «Le Miracle de l'Amour: Histoires au
3
Sujet de Neem Karoli Baba» [1-5] offre un compte rendu sur son gourou; «Toujours
Ici: Embrasser la Vieillesse, le Changement et la Mort» [1-6] dévoile une perspective
spirituelle sur la sénescence; et "En quelques lignes: Un Petit Manuel pour la Vie
Spirituelle» [1-7] est une collection de ses aphorismes les plus poignants.
Si vous aimez ce que vous avez lu, achetez le livre! LIEN 4
J'ai été introduit aux psychédéliques par Tim Leary que j'ai rencontré en tant que
collègue à Harvard. Il est parti à Mexico un été et j'avais décidé de voler là-bas avec
mon avion. Il a donc suggéré que nous nous rencontrions à Mexico City. Quand je
suis descendu de l'avion, il m'a parlé des champignons contenant de la psilocybine
qu'il avait pris et a dit «J'ai plus appris de la psychologie avec ces champignons que
de l'université». Cela a très certainement piqué ma curiosité.
Après nos vacances, j'ai décroché un travail en tant que professeur invité à
l'Université de Californie à Berkeley pour un semestre tandis que Tim est retourné à
Harvard pour faire de la recherche sur ces champignons. Lorsque je suis retourné de
Berkeley, les détails pour le projet sur les prisonniers récidivistes et l'expérience du
«Marsh Chapel Good Friday» étaient établis.
J'avais hâte de tester ces champignons et donc en Mars 1961, nous prîmes des
pilules de psilocybine à sa grande et extravagante maison dans le quartier de
Newton. Tim et moi avons pris de la psilocybine ensemble avec Allen Ginsberg qui
était là aussi. J'ai laissé Tim et Allen dans la cuisine et je suis allé dans la salle de
séjour où il faisait sombre. Finalement, j'ai remarqué qu'il y avait quelqu'un dans le
coin de la pièce et j'ai essayé de savoir qui s'était. Et j'ai réalisé que c'était moi!
Moi et mes différents rôles (pilote, professeur) tous mes rôles était là quelque part.
Je vivais ces rôles et donc c'était vraiment dur de les voir "là". J'ai pensé: «Cette
drogue va me faire perdre le sens de qui je suis. Si c'étaient mes rôles là-bas, qu'estce qui va en rester?» alors j'ai pensé «bon, au moins j'ai toujours mon corps». Ce fut
ma première erreur parce que j'ai vu le salon de dessus dans sa totalité et aucun
corps ne s'y reposait! Cela m'a fait peur. Etant à cette époque philosophiquement
matérialiste, je considérais réellement que mon corps était solide. Avec une sorte
d'humour juif je me suis demandé, «Mais qui tient la boutique?».
J'ai fini par me retrouver à l'intérieur de moi dans un lieu où je ne suis jamais allé
auparavant. Le sentiment/l'atmosphère qui s'en dégageait était celui d'être "chez-soi".
5
C'était un chez-soi sécurisant et extatique. Et je me suis creusé la cervelle pour
voir ce que je pouvais me rappeler des mes livres de psychologie qui pointaient vers
cela, ce lieu en moi, cette perspective.
Finalement, je suis sorti de l'expérience et j'ai réalisé que nous avions eu une
tempête de neige. La maison de Tim était sur une colline et j'ai déboulé en bas de la
colline dans l'extase. J'ai été vraiment touché par ces pilules de psilocybine.
La maison de Tim était seulement à environ 3 pattées de maisons de celle de mes
parents où j'ai grandi. J'ai donc marché dans la neige jusqu'à leur maison. Quand je
suis arrivé devant l'entrée je me suis apperçu qu'elle n'était pas déblayée, eh bien,
j'ai senti qu'étant le gamin de la famille, je devais dégager l'entrée de mes chers
parents âgés. J'ai donc déblayé l'entrée. Malheureusement, il était autour de 4h du
matin. Mon père et ma mère sont apparus à la fenêtre avec un air sur le visgage qui
disait: «Qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ce satané petit idiot ?».
Bien, depuis le berceau j'ai toujours regardé l'attitude de mes parents pour
déterminer mon comportement. Plus tard dans la vie, j'ai pris des substituts pour ça:
mes professeurs et les chefs de département. Mais dans mon moi intérieur le "chezsoi" intérieur, c'était très agréable de dégager leur entrée. Et ainsi en bas de la
maison je me suis mis à dancer, à m'agiter et à pelleter la neige. C'était la première
fois que j'ai tiré la langue à l'autorité.
Et vous le faites toujours depuis.
Mais c'était l'événement clé pendant ce trip sous psilocybine.
Peu de temps après, Aldous Huxley nous a donné une copie du Livre des Morts
tibétain. J'étais fasciné. J'avais pris un psychédélique le Samedi soir et il m'a donné
le livre le Mardi. J'ai commencé à lire le livre et c'était comme s'il était rempli des
descriptions de mon trip du Samedi soir. Voilà un livre conçu pour être lu par des
moines mourant et j'étais donc choqué par ma forte identification à lui. Le livre des
6
morts tibétain me donna le sentiment que la psychologie orientale décrivait les
processus internes de ce sentiment de "chez-soi" que j'avais expérimenté.
Cela m'a donc orienté vers l'étude de l'Orient car la psychologie occidentale ne
semblait pas donner de réponse. Je ne connaissais rien de la spiritualité orientale. J'ai
juste pensé qu'elle pourrait fournir une explication à ce qui m'était arrivé lors de
mon trip sous psilocybine. Au final, Allen Ginsberg, Tim Leary et Ralph Metzner
allèrent tous en Inde et j'ai pensé que je devais y aller aussi. Je suis arrivé à la
conclusion que puisque que l'Orient semblait avoir ces cartes sophitiquées du mental
alors peut être qu'en Inde je trouverais quelqu'un qui sache "lire" ces cartes. Nous ne
pouvions pas lire ces cartes à cause de nos limitations et de nos oeillères culturelles.
Mais entre temps, j'étais devenu fasciné par ce que le "moment" incluait. Il
ressemblait à un baklava avec plusieurs couches. Comme des plans au-dessus d'autres
plans et certains étaient fait de noix et d'autres de miel. Par exemple, il y avait un
état extatique où les couleurs et la musique devenaient tellement vifs qu'il semble
que Mozart devait avoir accès à ces royaumes pour les écouter. Aldous Huxley un
jour a fait un discours où il disait que nous adorions les bijoux car ils nous
rappelaient les cailloux des plans supérieurs. Eh bien, jusqu'à ce que je ne prenne
cette psilocybine je n'avais pas encore vu ces plans.
Les psychédéliques vous ont donné une vue plus large de la conscience et de ces
possibilités?
Oui. Il m'ont en fait introduit à la conscience, quelque chose que mes études en
psychologie n'avaient pas fait. Et j'ai vraiment aimé ça. C'était un véhicule que je
pouvais maintenant utiliser pour voyager dans ces autres plans.
7
Qu'est ce qui a basculé dans vos valeurs en conséquence de vos sessions sous
psychédéliques?
Il est difficile de séparer l'influence qui vient des expériences et celle qui vient de
Tim Leary. Tim était énervé contre l'autorité et donc je me suis énervé contre
l'autorité bien que ceci n'avait proprement et réellement aucun rapport avec les
drogues.
Mais votre vie a dramatiquement basculé. Vous étiez membre de l'enseignement
supérieur jouant le jeu académique du professeur et puis...?
Puis je n'étais plus sur la piste. J'ai regardé mes collègues à Harvard et je me suis
senti désolé pour eux car ils ne connaissaient pas ce "chez-soi" et ils s'opposaient
vaillamment à nous.
Les professeurs qui partageaient le même bâtiment que nous organisèrent une
réunion pour nous châtier. Mais nous savions que nous avions raison. Nous avions
expérimenté une expansion de notre conscience et nous ne pouvions tout simplement
pas l'ignorer.
La presse est allé à cette réunion à côté des étudiants et de la faculté. Les
professeurs ont dit que nous ne faisions pas de la bonne science. Evidemment, cette
attitude venait du fait qu'ils étaient du courant comportementaliste et que nous étions
des introspectionnistes. Mais en fait ils ont loupé un wagon au sujet de la bonne
science. Tim expliqua ce que nous faisions et fit remarquer que nous faisions de la
bonne science.
Je me suis levé et j'ai déclaré que je voulais "changer de catégorie". Je leur ai dit
que j'allais abandonner mon rôle de scientifique et que j'allais devenir une donnée
qu'ils pourraient étudier. Parce qu'à ce point, je ne voulais plus être en relation avec
la recherche académique.
8
Telle était la profondeur de ces expériences. Quand un gamin de Boston rit
d'Harvard, c'est un changement de valeurs!
Pouvez vous en dire plus sur le projet? Vous avez mentionné les effets des
psychédéliques sur les prisonniers? Vous avez montré une réduction dramatique du
récidivisme parmis ces prisoniers qui prirent part à l'expérience, est-ce exact?
Non, nous voulions montrer une réduction dramatique du récidivisme. En effet, les
prisonniers étaient plus heureux après l'expérience. Bien sûr, très peu de prisonniers
ont été autorisés à se droguer en prison! Tim voulait montrer que donner des
psychédéliques à ces prisonniers leur donnerait une nouvelle perspective et leur
permettrait de prendre du recul sur leur "jeu". La prison est une école de perdants;
ils ont tous perdu à leur jeu.
Mais l'expérience n'était pas particulièrement un succès, et il n'y a pas eu de
réduction dramatique du récidivisme. Tim pensait que c'était parce que les
prisonniers avaient un soutien inadéquat, comme des maisons de réintégration dans la
société, après leur libération. Peut-être bien qu'il avait raison, mais certains de ces
prisonniers étaient auteur de trois meurtres. Je n'ai pas aimé le projet de la prison,
comme vous pouvez vous en douter.
Au contraire, le projet du Vendredi Saint (Good Friday Project) était une étude
parfaite. Elle a été dirigée par la Divinity School à Harvard. Les sujets étaient vingt
étudiants de divinités de l'école de théologie à Andover Newton, et l'expérience se
passait dans le sous-sol de la chapelle de l'université de Boston. La moitié d'entre
eux ont expérimenté le rituel du Vendredi Saint sous l'influence de la psilocybine, et
l'autre moitié a reçu de la niacine, qu'on a utilisé comme un placebo actif. Les
étudiants devaient entrer dans la pièce, et l'un disait: «Oh, cette rose est tellement
belle». Un autre disait: «Je pense bien que je n'ai pas reçu la drogue, parce que tout
9
ce que je ressens, c'est la peau qui gratte».
Walter Pahnke, qui a dirigé l'étude, était un médecin qui prenait son doctorat en
divinité, et il a interviewé les sujets. Ces interviews ont ensuite été donnés aux
théologues de tout le pays, qui demandaient: «Est-ce que les sujets ont eu une
véritable expérience religieuse mystique ?». Neuf des étudiants qui ont pris de la
psilocybine étaient certains d'avoir eu de véritables expériences religieuses mais dans
le groupe qui a pris de la niacine, le nombre était en dessous de quatre.
Le magazine Time a eu vent de cela, et a décrit l'expérience comme "la Religion
dans une pilule!". Des gens comme Walter Houston Clark et d'autres spécialistes de
la religion ont confirmé que des expériences mystiques étaient effectivement arrivées.
C'était donc une bien meilleure étude, avec de meilleurs résultats, que l'étude de la
prison.
Vous avez mentionné quelque fois le sens de se sentir "chez-soi." Qu'entendez vous
par "chez-soi" ?
C'est le Atman en Hindouisme. Les Quakers l'appellent la "petite voix
permanente". C'est un plan de la conscience dans lequel nous sommes subjectivement
liés à l'univers. Normalement, quand je regarde un arbre, l'arbre et moi sont deux
objets séparés. Mais quand je communie avec ce "chez-moi", je connais l'arbre de
l'intérieur. C'est quelque chose! C'est une perspective qui inclut tout, comme une
large conscience qui se réfère à elle-même. Vous allez à l'intérieur au moyen de
votre propre conscience, vers La conscience.
Avant que les psychédéliques ne fassent leur apparition, j'ai eu des expériences
négatives avec la religion. J'étais membre d'un temple conservateur judaïque qui ne
m'a jamais rien dit des expériences mystiques, et jamais rien appris à propos de la
Kabbale. Alors j'ai fini par devenir un juif social. Mon père a fait la même chose;
nous avions une religion politique et sociale.
10
Ma vision de la psychologie était également très limitée. Dans la psychologie
comportementaliste, nous, les psychologistes, imitions les physiciens. Nous traitions
les humains comme des objets et ne prêtions aucune attention à leur monde intérieur.
Votre première expérience psychédélique s'est passée avec Tim Leary. Cependant,
malgré tous les problèmes qu'il a créés, il a en fait eu une influence bénéfique sur
votre vie.
Il était mon premier gourou.
Mais vous avez ensuite changé pour un gourou spirituel, lorsque vous êtes allé en
Inde. Qu'est-ce qui a arrêté Tim de faire lui-même une transition vers une
perspective spirituelle ?
Je pense qu'il était trop attaché à son intellect. Les poésies de Tim montrent bien
un interêt pour les questions spirituelles, mais avant tout, il ne pouvait pas s'éloigner
de son intellect.
Pourquoi étiez-vous plus prédisposé vis-à-vis de la spiritualité ?
Vous savez, c'est une drôle de chose. Tim est allé en Inde pour sa lune de miel et
est allé au temple où je me suis retrouvé cinq ans plus tard. Hari Das, mon
enseignant, est entré dans le bus et s'est assis à coté de Tim, puis s'est mis à écrire
sur un tableau à la craie dans un anglais parfait. Tim était époustouflé. Hari Das est
entré dans le temple, et Tim l'a suivi. Mais juste après, le chauffeur du bus klaxonna
pour faire comprendre aux clients qu'il était temps de rentrer, et Tim est revenu au
bus. Tim aurait pu faire des études avec mon gourou, cinq années auparavant! Mais
il a fini par prendre une approche très intellectuelle.
D'un autre côté, j'ai été attiré vers un gourou qui n'était pas intellectuel, mais
11
plutôt bhakti ou dévoué. J'étais donc, et continue d'être, en accord avec mon coeur,
alors que Tim était plus en accord avec sa tête.
Alors vous êtes allé en Inde et votre vie a changé une nouvelle fois, lorsque vous
avez rencontré votre gourou. Je suppose qu'il y a une belle histoire derrière cette
rencontre.
Ma rencontre avec Maharajji est une bonne histoire. Je faisais une visite des
temples bouddhistes avec un jeune occidental qui a reçu une lettre du gouvernement
lui disant qu'il devait quitter l'Inde, il a donc immédiatement décidé qu'il devait aller
voir son gourou hindou. A l'inverse, j'étais dégouté par l'hindouisme car dans sa
facette populaire, il y a tellement "d'images d'épinale" pittoresques, et de "sermons à
la criéé", et de statues de pacotille de dieux partout. Je ne pouvais pas digérer ça; je
devais rester avec le bouddhisme.
Mais mon ami décida de grimper jusqu'aux Himalayas pour voir son gourou, et il
m'a demandé d'emprunter la Land Rover d'un autre ami pour lui. On s'est donc
retrouvé dans cette Land Rover au milieu des plaines indiennes. Et j'étais tendu. Il ne
me laissais pas conduire, et je ne voulais pas être responsable de ce qui pouvait
arriver à la Land Rover. Et surtout, je ne voulais pas voir de gourou.
Ce soir là, il suggéra de s'arrêter pour la nuit alors qu'il nous restait encore 80
kilomètres à parcourir. Alors nous nous sommes arrêtés dans une maison et je suis
allé me coucher. Pendant la nuit j'ai eu besoin d'uriner, je me suis donc levé et suis
allé aux toilettes, à l'extérieur de la maison. Lorsque j'étais dehors cette nuit là, j'ai
vu les plus magnifiques des étoiles - elles étaient comme des étoiles de Van Gogh.
La scène me bouleversa profondément et cela m'a fait penser à ma mère, qui était
morte six mois plus tôt. Ensuite j'ai couru aux toilettes et je suis retourné au lit. Je
n'ai rien dit à personne au sujet de cette épisode.
Le lendemain, nous avons fait 80 kilomètres et avons garé la voiture près d'un
petit temple. Mon ami a commencé à pleurer et a dit: "Je vais vers mon gourou qui
12
en haut de cette colline". Il m'a donc laissé tout seul avec tous ces indiens.
Eh bien, j'étais paranoïaque et je ne voulais pas quitter la voiture. Je gardais la
voiture mais ils me disaient tous: "Le gourou est en haut, il est en haut". Au début je
n'ai pas réagi finalement je suis allé jeter un coup d'oeil au gourou.
Le gourou était entouré par des indiens et le compagnon avec qui je suis venu,
était étiré avec le ventre au sol et ses mains sur les pieds du gourou. J'ai
immédiatement pensé: "Je ne vais pas faire ça!" et j'ai mis mes mains dans mes
poches. Le gourou a dit quelque chose que l'un des indiens a traduit pour moi:
"Maharajji veut savoir si vous êtes venu dans un grande voiture". J'ai répondu:
"Oui". Alors le Maharajji a dit quelque chose d'autre et le traducteur me demanda:
"Maharajji veut savoir, allez vous la lui donner afin que le compagnon couché sur
son ventre puisse l'avoir?". Bon, comme j'étais le responsable de la voiture, je
commençais à me sentir réellement tendu. Tous les indiens étaient en train de rire de
moi, ce qui me rendit encore plus tendu.
Ensuite le gourou a voulu que je vienne plus près de lui et que je m'assaye à côté
de lui. Quand je le fis, il me demanda: "Etais-tu dehors sous les étoiles la nuit
dernière?". Je répondis: "Ouai", pensant que n'importe qui pouvait être dehors sous
les étoiles. Puis il dit: "Tu pensais à ta mère".
Il lisait dans mes pensées! Je suis resté là à regarder le sol me demandant
comment il a su cela. Puis j'ai pensé à toutes les différentes choses dont j'avais honte
et que je cachais. J'ai mentalement récité ces honteuses mémoires et j'ai levé mon
regard et j'ai rencontré ses yeux. Ils portaient en eux l'amour inconditionnel.
Avant cet instant, j'avais accordé beaucoup de temps à cacher des choses avec le
sentiment que personne ne pourrait m'aimer si on découvrait ces choses. Mais il
m'aimait et il savait toutes ces choses et j'étais comme un poisson découpé en filet.
J'ai passé 2 jours à pleurer. Si quelqu'un m'avait demandé: "Pourquoi pleures tu?",
j'aurais répondu: "Je ne sais pas". Donc c'était ma première rencontre avec Maharajji.
13
Mais l'histoire à laquelle vous faites sans doute référence s'est passée plus tard.
Lors de cette rencontre il me demanda si j'avais des "vitamines pour le mental".
J'avais apporté du LSD dans mon sac et j'ai supposé qu'il devait penser au LSD, pas
vrai? Donc je l'ai sorti. Il y avait 3 ou 4 tablettes et chaque dose était pour quelqu'un
de ma taille. Il en prit une et poussa ma main en arrière mais ensuite il en pris une
et encore une autre. Eh bien, j'étais soucieux car je connaissais la puissance de ces
doses.
Mais alors j'ai pensé: "Il sait tout". J'ai pensé qu'il avait pris ces tablettes. Mais
rien ne s'est passé. Je l'ai scruté comme un faucon mais il n'était devenu ni plus
heureux ni plus triste. Rien ne se produisit. C'etait comme pour une personne qui
prend le bus pour Chicago; mais il était déjà à Chicago donc il n'avait pas besoin de
prendre le bus.
Quand je suis rentré aux USA, j'ai parlé aux gens de cet incident. Mais vous
savez, je ne l'ai pas véritablement vu coller les doses dans sa bouche donc il est
possible qu'il ne l'ait pas fait. Je me suis réellement creuser la cervelle à ce sujet.
Puis 2 ans après, en 1971, je suis retourné en Inde. Quand j'ai vu Maharajji à
nouveau, il me questionna: "Est-ce que tu m'as donné des médicaments?", "Oui" ai-je
répondu. Il me demanda: "Est-ce que je les ai pris?", je dis "Oui". Il me demanda
"En as-tu encore?". Je lui ai donc donné 4 de plus et il les a pris. Et rien ne s'est
produit. Rien du tout.
Quelques sadhus, les pratiquants du yoga, utilisent de petites doses d'arsenic pour
leur pratique et l'un d'entre eux avait une année entière d'arsenic. Maharajji demanda
à voir et il a tout pris. Très inquiet, le sadhu s'exclama: "Mais c'est ma réserve pour
toute une année!".
Cela et d'autres expériences me donnèrent le sentiment que la conscience de
Maharajji est dans tous les plans ainsi ces drogues et ces poisons ne l'affectent pas;
14
c'est comme boire de l'eau pour lui.
N'y a-t-il pas un merveilleux commentaire qu'il fit à la fin de cette seconde
session sous LSD où il dit que ces drogues pouvaient fournir un goût temporaire
du Divin mais pas une expérience permanente.
Oui. Il a dit: "Si vous prenez cette drogue, vous pouvez rencontrer et avoir un
Darshan avec le Christ mais vous ne restez qu'environ une heure. Donc ne serait-il
pas mieux d'être le Christ à la place?". Il m'a parlé des sadhus qui avaient utilisé les
plantes qui produisent ce type d'effet. Mais il a dit que d'où il venait, ils utilisaient
le yoga à la place et quand ils s'étaient perfectionnés au hatha yoga, ils pouvaient
alors créer le même état de conscience sans plantes psychoactives.
Quelle relation voyez vous entre l'utilisation de psychédéliques et la pratique
spirituelle?
Tandis que je gagnais en expérience dans l'utilisation des psychédéliques, j'ai
réalisé que j'accédais à des plans spirituels de la conscience. Ces molécules peuvent
vous mener à travers la porte mais vous ne restez pas dans ces plans comme vous le
faites quand vous devenez un adepte de la méditation.
Cependant, les psychédéliques vous donnent la foi dans ce nouvelles perspectives
spirituelles, la foi qui sera nécessaire pour un développement spirituel ultérieur.
Dans le système bouddhiste, la foi est l'une des 5 "puissances spirituelles" avec la
sagesse, l'attention, l'effort et la concentration. Donc vous êtes en train de
suggérer que même si les psychédéliques peuvent ne pas développer ces autres
capacités et puissances, ils peuvent vous donner une foi durable d'un certain type.
Les psychédéliques ne peuvent pas vous donner une immersion permanente. Mais
ils peuvent vous donner la foi en l'existence de ces autres plans et vous avez besoin
15
de cette fondation pour les pratiques spirituelles. Les psychédéliques m'ont donné la
foi qui me permit d'aller jusqu'à Maharajji. Ainsi les psychédéliques peuvent ouvrir
des portes et si plus tard vous voulez revisiter ces plans spirituels cela est rendu plus
facile avec de telles expériences.
Mais d'un autre côté, si les expériences psychédéliques sont trop hors des limites
du mental, cela peut vous empêcher de reconnaître l'Esprit qui réside dans ces
moments là. Car ces moments n'ont pas nécessairement le côté "Pizza" des moments
psychédéliques.
Donc êtes vous en train de dire que les psychédéliques peuvent offrir de
merveilleux cadeaux mais peuvent aussi mener à des pièges spirituels, est-ce
exact?
Le piège spirituel est que les psychédéliques offrent trop de "pizzas". Et pourtant
dans mon cas, les psychédéliques m'ont en effet donné la foi dont j'avais besoin.
Plus tard, je suis parvenu à expérimenter des états extatiques sans l'aide de drogues
parce que je savais que ces états existaient. Certains de ces états sont au-delà de la
vie et de la mort. Même si Maharajji est mort en 1973, il est avec moi tout le temps.
Comment ces molécules ont elles eu une influence sur votre compréhension de la
mort et du processus qui y mène?
Je pense que j'ai trouvé mon âme qui ne meurt pas. Mon ego meurt à la fin de
chaque incarnation mais mon âme ne meurt pas. Mon âme va répétitivement à
travers des incarnations. Cette information vient du point de vue de l'Univers que
Maharajji a partagé avec moi, des livres sur la spiritualité et de mon intuition.
Quand j'enseigne à l'hospice du Zen, je demande aux volontaires: "Qui est votre
patient? Est-ce que votre patient est ce corps, cette personnalité, ou cet âme?". Après
16
avoir entendu les réponses, je dis: "Si le patient est une âme alors vous avez intérêt à
aider l'âme après la mort car c'est une longue transition. Même si le corps s'est
arrêté de respirer, l'âme est encore tout autour". Je peux dire cela à cause de ce que
j'ai appris des psychédéliques et de Maharajji. Et je peux le dire avec conviction.
Vous avez écrit le livre «Toujours Ici: Embrasser la Vieillesse, le Changement et
la Mort» [5-1]. Comment les psychédéliques vous ont ils renseigné sur ces sujets?
La fin d'une incarnation est comme la fin d'un chapitre d'un livre que vous êtes en
train de lire. Vous ne vous accrochez pas à lui. Je pense que les psychédéliques
m'ont permis de prendre la place du "témoin". En ce qui concerne mon attaque
cardiaque, j'en suis devenu le témoin. Et cette position n'a pas engendré autant de
douleur et de souffrance qu'autrement j'aurais pu expérimentées. Sans les
psychédéliques, j'aurais été comme le reste la population de la culture [dominante] et
je n'aurais pas été intéressé par le processus qui mène à la mort.
Mais les psychédéliques m'ont fait prendre conscience de la mort. Et maintenant
que je suis âgé, je pense qu'une telle conscience a une grande place dans le
vieillissement. Les psychédéliques ont aidé ma capacité à "voir nos âmes".
Après avoir pris les psychédéliques, si j'étais dans une bibliothèque par exemple,
j'aurais délaissé le rayon des romans noirs et des mystères dont j'avais l'habitude de
m'empiffrer et je serais allé droit vers mes gros tomes épais et poussiéreux sur la
spiritualité. Je me perfectionnais intérieurement tout simplement.
Je ne pouvais pas me figurer ce qui m'arrivait car j'étais devenu si fasciné. De
l'énergie me venais si j'allais être dans une salle où un bébé était né ou dans une
salle où des gens étaient décédés. C'était des lieux où l'on peut voir, derrière les
panneaux d'affichage à la limite de la ville, à l'intérieur des mystères de la vie. C'est
ce que les psychédéliques me motivaient à faire.
17
C'est comme si les psychédéliques ont ouvert pour vous les mystères sans fond de
la conscience et que depuis, votre vie a consisté à les explorer.
Être un explorateur est un rôle que j'aime. Tim Leary et moi étions des
explorateurs. Quand je suis allé en Inde, j'explorais. J'ai exploré mon mental et
j'explore l'exploration qui est intérieure. En tant que gentleman âgé, je passe des
heures et des heures à être simplement assis. Et je reviens constamment pour faire
une identification avec mon attention et laisser le rivière de mes pensées couler.
Yum, yum, yum.
J'explore des états ou des plans de la conscience. Les plans de la conscience sont
comme des lieux, comme Bézier ou Nice. En Inde, j'ai vu que les gens identifiaient
leurs âmes avec des plans spirituels ou des états de conscience.
Mais quand j'ai atterri à New York, il n'existait pas une culture ici qui faisait une
identification avec les âmes. Une culture où les gens s'identifient avec leurs âmes
peut accepter la mort comme une donnée de la vie mais notre culture ne peut pas
faire cela.
Vous mentionnez les attitudes culturelles. Quelles visions les psychédéliques vous
ont ils données de la nature de la société et comment ces visions vous ont
personnellement influencé?
Voici un outil qui aurait permis à la culture de grandir mais ils n'ont pas voulu
d'un tel outil. Nous étions un pseudopode de la culture et ils ont voulu nous couper.
Notre niveau d'évolution actuel est celui d'une communication centrée vers
l'extérieur: la radio, la télévision, etc.
Mais le prochain niveau d'évolution devra rencontrer ce qui est à l'intérieur à la
manière de ce que nous avons expérimenté avec le LSD. De telles rencontres nous
ont menés à nous identifier avec l'Un.
Quand la psychologie était au sommet de mes pensées, mon individualité était au
18
sommet de mes pensées. Maintenant que je suis allé avec ma conscience au-delà de
ça, j'ai le sentiment que je ne suis qu'une dent sur une roue. Je fais ma danse, je vis
ma vie pour Dieu. Tout cela aurait été franchement trop avant-gardiste pour moi
avant ma révélation avec les psychédéliques. Ainsi c'est ce que les psychédéliques
ont fait avec moi: j'ai appris que la réalité est beaucoup plus grande que ce que
j'avais imaginé.
Chacun de nous est une dent de la roue dans ce plan de la conscience où nous
réalisons [la réalité de] l'Un. Quand je suis là-bas, je suis libre de mes peurs. Je suis
libéré du besoin de prendre des décisions pour ma vie parce que cette Conscience
prend les décisions pour ma vie.
La deuxième fois que je suis allé en Inde, je cherchais mon gourou Maharajji et je
ne pouvais pas le trouver. A cette époque, les occidentaux en quête qui visitaient
l'Inde, allaient tous à Bodhgaya pour méditer. Donc je suis allé là-bas pour méditer
mais au bout d'environ 3 semaines, j'ai ressenti à nouveau le désir de trouver mon
gourou.
Un fille qui méditait avec moi voulait rencontrer mon gourou et elle avait un ami
qui avait ammené un autobus scolaire d'Angleterre. Nous avons donc décidé de
prendre le bus pour aller chercher mon gourou. Bien entendu, les autres personnes
qui méditaient eurent vent de cela. Eh bien, la plupart d'entre eux ne voulaient pas
tout faire (l'expérience avec le gourou comme elle s'est faite) mais ils avaient
entendu parlé de "bus" et donc 34 d'entre nous ont décidé de partir.
Nous sommes partis en bus quelque temps après midi et nous nous dirigions vers
un hôtel 5 étoiles de Delhi. Nous avions médité et vous savez ce qui arrive n'est-ce
pas? Nous voulions des sorbets à la crème glacée et des lits douillets! En route, nous
avons traversé Allahabad qui a un coin où 2 rivières convergent. On considère que
se baigner dans cet eau est bénéfique, donc des centaines de milliers de personnes en
quête, viennent se baigner à cet endroit de la rivière. C'est une scène pleine de
19
couleurs.
Il y avait une discussion agitée pour savoir si nous devions prendre le chemin vers
le haut lieu spirituel ou prendre le chemin des sorbets à la crème glacée. Mais
finalement nous nous décidâmes pour le haut lieu spirituel et nous vîmes un temple
d'Hanuman et nous avons stationné le bus à cet endroit.
Deux hommes s'approchèrent en direction du bus et l'un d'eux était Maharajji!
Donc nous avons sauté du bus et avons touché ses pieds et il a dit: "Suivez nous".
Ils étaient dans l'un de ces petits pousse-pousses et nous étions derrière avec notre
gros autobus. Ils s'arrêtèrent devant un immeuble et Maharajji et l'autre homme qui
était un professeur d'économie, sortirent de leur pousse-pousse. La femme du
professeur descendit les marches vers l'entrée et dit: "C'est bien que vous soyez
venus. Maharajji m'a dit à six heures du matin que je devais me lever pour faire des
préparations car nous allions avoir 35 invités pour le souper". Eh bien, je n'avais pas
décidé de faire ce voyage en bus avant midi. Ceci me fit douter sur le fait d'avoir
"décider" de faire le voyage. Qui avait réellement décidé?
Pour changer de sujet je voudrais parler un peu de l'utilisation médicinale de la
marijuana. Mon attaque cardiaque m'a donné toutes sortes d'opportunités. Avant mon
attaque j'aurais parlé de la manière suivante: "Maharajji, je veux une place de
stationnement sur le bord", et une voiture sortirait et j'aurais eu ma place. C'était un
peu comme une grâce. Maintenant comme j'ai eu une attaque j'ai le droit aux places
pour handicapés. C'est donc une grâce d'un type différent.
J'ai aussi médicalement le droit à de la marijuana et c'est formidable de pouvoir en
fumer sans avoir la paranoïa de faire quelque chose d'illégal. La marijuana apaise
mes spasmes musculaires et rend ma douleur secondaire. Ma marijuana médicinale
est très forte.
20
Quand je suis sur la route pour donner des conférences, la douleur devient très
intense par conséquent j'utilise souvent de la marijuana avant de parler. Donc la
marijuana n'affecte pas que moi: un seul join et un millier de personnes ont le
souffle coupé! Je ne sais pas si c'est vraiment la marijuana. Peut être est-ce la
présence de Maharajji en moi. Ou peut être que l'audience est déjà ouvert à une telle
expérience en venant à une conférence sur la spiritualité en premier lieu. Je ne suis
pas sûr de ce que c'est.
Quand je parle, environ la moitié de mon audience a déjà utilisé des
psychédéliques et leur conscience est prête au voyage. Aujourd'hui je trouve de plus
en plus de personnes sympathiques dans notre culture.
Il y a-t-il un âge particulier qui semble être plus approrié pour l'utilisation des
psychédéliques?
Je pense que la personne doit avoir en premier des bases solides dans ce plan [de
réalité], socialement, économiquement, sexuellement. Quand je supervisais des
sessions sous psychédéliques, j'ai remarqué qu'il existe 2 moments où une session
peut devenir mauvaise: la sortie et le retour.
Le retour: cela peut être horrible de voir la vie que vous avez créée. Une personne
de 60 ans bien centrée peut affronter cette expérience mais une personne de 20 ans
peut ne pas l'être suffisamment. Ce n'est pas que je ne fasse pas confiance aux
adolescents mais ils ont d'autres choses à faire à cet âge qui peuvent être plus
pressant que d'étudier la conscience.
Que pensez-vous du rôle des psychédéliques dans les années 60?
Les gens qui ont pris les psychédéliques sont d'abord allés vers l'intérieur et se
sont ensuite tournés vers l'extérieur pour effectuer des changements à partir de ce
21
qu'ils ont appris. Ils étaient impliqués dans les mouvements sociaux tels que ceux
contre la guerre, pour les droits civils. Leurs idées ont alimenté ces mouvements. Je
ne vois aucun mouvement social de cette époque qui n'ait pas reçu cette influence.
Il y avait plein de gens dans des secteurs technologiques avancés qui travaillaient
avec des psychédéliques. Mes amis de la silicon valley utilisaient tous de l'acide et
ils ont transposé ce qu'ils ont appris des psychédéliques vers la technologie. La
création des ordinateurs personnels et l'Internet furent inspirés en partie par les
psychédéliques.
Pourquoi pensez-vous que notre culture a si peur des psychédéliques?
Je pense que cela a un rapport avec le changement. Les psychédéliques sapent à la
fois les illusions individuelles et culturelles et peuvent vous mener plus près de la
vérité. Mais notre société ne veut pas que cela se produise car notre société n'est pas
basée sur la vérité ou des valeurs basées sur la vérité.
De quelles manières les psychédéliques ont influé sur notre culture?
Dans les arts, la science, le rock'n'roll, la poésie "Beat". Dans chacun de ces
domaines, les psychédéliques ont eu un impact. Ensuite il y a des domaines plus
sérieux commes les droits civils, la guerre du Vietnam, la révolution sexuelle et le
mouvement écologique aussi.
J'ai entendu parlé des nombreuses personnes qui ont eu des expériences
psychédéliques dans lesquelles ils ont pris conscience des dommages horribles que
nous infligeons à la Terre.
22
Vous avez vous même eu un impact énorme sur notre culture en étant à la fois
un activiste et un enseignant de la spiritualité. Vous avez aussi introduit les
perspectives de l'Orient et avez soulevé des problèmes écologiques. Il est
remarquable que tant de ces contributions ont en partie pour origine vos
expériences psychédéliques. Merci pour vos contributions et pour avoir partagé vos
visions avec nous.
Merci à vous.
Si vous aimez ce que vous avez lu, achetez le livre! LIEN
REFS
[1-1]: How Can I Help?
[1-2]: Be Here and Now
[1-3]: The Only Dance There Is
[1-4]: Journey of Awakening
[1-5]: Miracle of Love: Stories about Neem Karoli Baba
[1-6]: Still Here: Embracing Aging, Changing and Dying
[1-7]: One Liners: A Mini-Manual for Spirituel Life
[5-1]: -> [1-6]
23

Documents pareils