conséquences des impacts
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conséquences des impacts
Impacts et conséquences J. Monteux, N. Marounina, S. Carpy, G. Choblet, O. Grasset, A. Mocquet, G. Tobie. Impacts have played a key role during the evolution of the Solar System. Indeed, they have strongly influenced the thermo-chemical state of the growing objects during their accretion, the morphology of small objects during giant impacts and the generation of an atmosphere on Titan during the LHB. Today, impacts still have measurable manifestations that can be observed though lunar impact flashes. Here we detail some recent results concerning the consequences of impacts on the small objets of the solar system. Accrétion et différenciation des satellites de glace. Les moments d’inertie de Callisto et de Titan suggèrent une différenciation incomplète de leur intérieur communément attribuée à une accrétion lente et froide. Pour comprendre comment de tels corps avec des rayons ∼ 2500 km peuvent éviter des épisodes majeurs de fusion et de différenciation pendant leur accrétion, nous avons développé un modèle numérique 3D qui caractérise l’évolution thermique d’un satellite de glace pendant sa croissance par impacts. Nos modèles montrent qu’augmenter la durée d’accrétion ne diminue pas significativement la température interne du satellite en croissance. Le rapport entre la masse de matériel apportée par les gros impacts et celle apportée par les petits impacts joue un rôle plus important. Un satellite de glace peut atteindre des rayons dépassant 2000 km sans fusion significative si son accrétion est dominée par des petits impacts et si l’efficacité de conversion de l’énergie cinétique en chaleur interne est anormalement faible. Ainsi, il semble peu probable que Titan et Callisto aient évité une fusion globale et une différenciation majeure pendant leur accrétion [1]. Impact géant et morphologie du noyau d’Encelade. Encelade est une des plus petites lunes de Satune avec un rayon de 250 km. La forme globale d’Encelade n’est pas compatible avec un corps à Fig. 1: Composition and plastic deformation 20 minutes after a 25 km impact on Enceladus occurring at 2400 m/s. Fig. 1 : Composition et déformation plastique 20 minutes après un impact de 25 km sur Encelade avec une vitesse de 2400 m/s. la fois à l’équillibre hydrostatique et dont la structure interne serait complètement différenciée. Cependant, les nombreuses manifestations de son activité interne impliquent que ce corps soit différencié. La structure du géoïde d’Encelade pourrait être expliquée par un noyau rocheux légèrement irrégulier en termes de topographie ou de densité. Parmi les hypo- thèses proposées pour expliquer la morphologie irrégulière du noyau d’Encelade, nous avons testé l’influence d’un impact géant faisant intervenir deux objets différenciés grâce à des simulations numériques hydrocodes (Fig. 1). Nos résultats montrent qu’un impact géant a pu modifier la morphologie du noyau d’Encelade et que les morphologies post-impact sont variées. Cette morphologie dépend essentiellement de la taille et de la vitesse d’impact. Le scénario d’impact devrait prochainement être contraint par les données gravimétriques de la mission Casssini [2]. Formation de l’atmosphère de Titan. Titan est le seul satellite du Système solaire à posséder une atmosphère massive (1,5 bars à la surface) composée majoritairement de diazote (98%) et de méthane (2%). L’élément azote a été probablement accrété sous forme NH3 , puis converti en diazote pour former l’atmosphère actuelle. Plusieurs scénarios ont étés proposés, notamment la conversion par impact pendant le Late Heavy Bombardment (LHB). Pour tester cette hypothèse, nous avons développé un modèle numérique qui permet de suivre l’évolution de l’atmosphère de Titan sous l’effet de l’intense flux cométaire correspondant au LHB. Notre modèle numérique génère une population caractéristique du LHB et calcule les masses de N2 générées par conversion de NH3 et perdues par érosion atmosphèrique lors de chaque impact, ainsi que les équilibres thermodynamiques et radiatifs de l’atmosphère. Nos résultats montrent qu’il n’est pas possible de générer une atmosphère massive sur Titan pendant le LHB. Dans le cas d’une atmosphère préexistante, le bombardement tardif provoque une forte érosion de cette atmosphère qui doit être initialement environ dix fois plus massive que l’atmosphère actuelle pour survivre au LHB [3]. Flashs d’impacts lunaires. Les chutes de météorites sur la Lune produisent des flashs d’impacts. L’analyse des flashs émis entre 1999 et 2007 montre une corrélation entre leur durée et leur intensité sauf pour les météorites Leonid pour lesquelles les vitesses d’impact sont probablement plus élevées. Les détections de flash d’impact sont actuellement limitées par la fréquence d’acquisition d’images qui est généralement inférieure ou égale à 60 images par secondes. La durée des flashs est plus longue que les prédictions basées sur les nuages plasma/gaz en expansion. Nous soutenons ainsi que ces flash lumineux correspondent à des radiations émises par un nuage composé de gaz et de petites gouttelettes de matériel fondu et éjecté. Les temps caractéristiques obtenus par des modèles simples de rayonnement sont compatibles avec les observations. Ces modèles permettent aussi d’optimiser le choix du matériel de mesure et montrent que des observations dans le proche infra-rouge augmenteraient significativement le nombre de flashs détectés alors que des observations multi-spectrales sont essentielles pour améliorer la compréhension de la nature de ces évènements lumineux [4]. Collaborations G.S. Collins (London, England), S. Bouley, J. Vaubaillon, F. Colas, P. Lognonné (Paris, France), D. Baratoux (Toulouse, France), M. Le Feuvre (Nantes, France), Z. Benkhaldoun, A. Daassou, M. Sabil (Marrakech, Maroc) Références associées [1] J. Monteux, G. Tobie, G. Choblet, and M. Le Feuvre. Can Large Icy Moons Accrete Undifferentiated ? Icarus, In revision. [2] J. Monteux, G.S. Collins, G. Tobie, and G. Choblet. How can a large impact affect the Enceladus’ core morphology ? In prep. [3] N. Marounina, G. Tobie, S. Carpy, J. Monteux, B. Charnay, and O. Grasset. Evolution of Titan’s Atmosphere during the Late Heavy Bombardment. In prep. [4] S. Bouley, D. Baratoux, J. Vaubaillon, A. Mocquet, M. Le Feuvre, F. Colas, Z. Benkhaldoun, A. Daassou, M. Sabil, and P. Lognonné. Power and duration of impact flashes on the Moon : Implication for the cause of radiation. Icarus, 218 :115–124, 2012.