introduction L`épreuve de traduction en anglais

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introduction L`épreuve de traduction en anglais
Thierry Goater et Delphine Lemonnier-Texier
[« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)]
[ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr]
QUELQUES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES
SUR LA TRADUCTION
Traduire un texte constitue un exercice spécifique qui met en jeu non seulement les compétences du traducteur sur la grammaire, la syntaxe et le lexique
des différents segments successifs de ce texte (groupes de mots, phrases ou
groupes de phrases), mais aussi la prise en compte de la dimension contextuelle de ces segments et de son impact sur la traduction. En d’autres termes,
il s’agit non seulement de maîtriser les techniques de la traduction de manière
ponctuelle, au sein des segments, mais aussi d’avoir du texte une vision globale,
au niveau de sa structure, de son statut énonciatif et de sa portée sur le lecteur.
Un texte littéraire met en jeu toute une série de composantes qui excède
la somme des éléments constitutifs de chaque segment pris séparément, et
la prise en compte de sa structuration et de sa portée est indispensable pour
aboutir à une traduction satisfaisante. La manière dont l’étudiant abordera le
texte qui lui est soumis pour traduction est donc essentielle : un texte soumis
à la traduction n’est pas choisi au hasard, au fil des pages d’un roman. Il constitue une microstructure au sein de la macrostructure littéraire du roman.
L’identification de cette microstructure est essentielle (caractéristiques
énonciatives et narratologiques) au même titre que celle du contexte
culturel dont relève le texte. Un texte littéraire présente un univers fictionnel à travers un ou plusieurs points de vue narratifs et énonciatifs, dont les
contours sont teintés de perceptions et conceptions culturelles et idéologiques
qui définissent les limites d’autant de subjectivités fictionnelles, tant dans le
récit que dans le discours.
L’identification de cette distinction entre récit et discours constitue la
première étape préliminaire à tout travail de traduction du texte. L’identification
des subjectivités fictionnelles mises en jeu est la seconde étape de ce travail
d’analyse préliminaire : le texte littéraire « parle » au travers d’une ou plusieurs
« voix » qui sont autant de fictions de sujet (narrateur[s], personnages, et
parfois lecteur). À travers ces fictions de sujets, c’est un univers fictionnel
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L’épreuve de traduction en anglais
qui se dessine, incluant un lieu et un temps fictionnels, le plus souvent
mimétiques (faisant référence à l’univers réel, dans sa géographie et dans
son histoire), et parfois imaginaires ou fantastiques. Selon la coloration et les
limites que l’auteur a choisi de donner aux « voix » grâce auxquelles il dessine
cet univers fictionnel, l’image que le texte en donne est affectée d’un plus ou
moins grand nombre de distorsions qu’il convient de prendre en compte
pour la traduction, par exemple dans le cas d’un texte où l’univers fictionnel
est présenté du point de vue d’un enfant, d’un personnage paranoïaque, etc.
Avant de traduire le texte, il convient impérativement de le lire plusieurs
fois, d’en faire une analyse minimale et rapide pour bien le comprendre,
bien saisir le sens, la tonalité, et de se poser quelques questions :
1. S’agit-il d’un texte descriptif, narratif, analytique, d’un dialogue…? C’est à ce moment-là que l’on analysera le découpage entre
récit et discours.
2. Quel type d’énonciation ? S’agit-il d’un narrateur à la 3e personne ou à
la 1re personne ? Le texte présente-t-il des changements de point de vue ?
La traduction doit veiller à respecter tout ce qui touche à l’énonciation
et à la focalisation, tout ce qui donne une coloration particulière aux
mots. Qu’en est-il des personnages, quelles sont leurs caractéristiques
susceptibles d’influer sur la traduction, telles que leur sexe, leur âge,
leur contexte culturel, leurs limites, et les distorsions éventuelles dont
leur point de vue se fait l’écho ?
3. Combien de personnages ? Qui sont-ils ? Quels rapports entretiennent-ils entre eux ? Les réponses à ces questions permettent
d’éviter les erreurs dans la traduction des pronoms, les erreurs dans le
choix du registre de langage. Le texte contient-il des noms propres de
personnes réelles, ainsi éventuellement que des noms de personnages
de fiction ou des titres d’œuvres artistiques ? Ces éléments indiquent
la présence de possibles jeux de reflets intertextuels, de clins d’œil au
lecteur dans lesquels réside une part non négligeable du sens du texte, et
dont l’identification permettra d’éclairer l’ensemble du passage à traduire.
4. Où ? Dans quel pays ? Avec quelles spécificités culturelles ?
Identifier l’univers fictionnel et les repères culturels et sociaux qui jalonnent le texte permettra d’éviter des contresens culturels et des imprécisions dans la traduction. Cela permettra aussi, du point de vue lexical,
de repérer les spécificités de l’anglais d’une zone géographique (américain ou britannique, le plus souvent, bien que l’aire anglophone ne se
réduise pas à ces deux zones), ou la présence de termes spécifiques à
une région ou à un groupe culturel.
5. Quand ? Il est indispensable d’effectuer sur le texte à traduire un
repérage systématique (sous forme, par exemple, de surlignage) des
marqueurs de temps, qu’il s’agisse des adverbes de temps ou des
temps verbaux utilisés dans les verbes conjugués. Le but de ce repérage
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Quelques considérations méthodologiques sur la traduction
est double : mettre en évidence le système temporel selon lequel le
texte fonctionne, et identifier les jalons historiques, les allusions et les
références à une époque donnée, afin d’éviter des contresens liés à des
anachronismes (« voiture » peut ainsi renvoyer à une époque antérieure
ou postérieure à celle de l’automobile, par exemple).
6. Le ton du passage est-il neutre, louangeur, lyrique, ironique…? Pour
la version, présence ou non d’italiques emphatiques dans le texte, qu’il
ne faudra pas oublier de rendre en français.
7. Le registre utilisé est-il familier, grossier, châtié, soutenu, etc. ? Le
texte comporte-t-il des emprunts, des néologismes, des jeux de mots ?
Les répétitions doivent être repérées : répétitions lexicales (un ou
plusieurs mots), structures syntaxiques particulières (les figures de style),
système d’écho dans le dialogue (incluant la stichomythie), allitérations et
assonances (même dans un texte uniquement en prose), et elles doivent être
interrogées. Ce qu’elles révèlent du fonctionnement du texte a nécessairement
un impact important sur la traduction que l’on est amené à en donner.
Il est courant de comparer la traduction à un art supposant des qualités
innées de la part de celui qui le pratique. Si la traduction peut effectivement
être un art, elle n’en demeure pas moins affaire d’expérience et de technique.
Qu’il s’agisse de version (de l’anglais vers le français) ou de thème (du français
vers l’anglais), la traduction est souvent un exercice difficile car il suppose la
maîtrise des deux langues, celle de départ et celle d’arrivée. Cette maîtrise
requiert une lecture importante et régulière de textes littéraires afin de se
familiariser avec des styles et des registres différents.
À l’évidence, une bonne connaissance du lexique et de la grammaire
de l’anglais et du français paraît une exigence minimale. Il convient d’enrichir
son lexique par la lecture mais aussi par un apprentissage systématique à l’aide
de manuels de vocabulaire. La grammaire suppose elle aussi un apprentissage
systématique et régulier. Par exemple, la méconnaissance de la syntaxe (ordre
des mots dans la phrase), du système des temps, de la détermination risque
d’entraîner une mauvaise traduction.
Bien sûr, la seule maîtrise du vocabulaire et de la grammaire ne suffit pas
pour bien traduire un texte. Il convient par ailleurs d’apprendre à connaître
et à respecter le génie propre à chaque langue, c’est-à-dire ce qui fait sa
spécificité, son identité. C’est ce génie de la langue qui rend très souvent la
traduction littérale fâcheuse, voire impossible. Là encore, la lecture régulière
en anglais et en français, et la pratique régulière de l’exercice de la traduction
aident à se familiariser avec le fonctionnement propre à chaque langue.
La traduction doit tout d’abord s’efforcer de rendre la littéralité, le sens
littéral du texte d’origine sans trop le trahir. Il faut donc s’attacher à traduire
tout le texte mais rien que le texte, sans retrancher ni introduire une idée ou
une nuance. Il ne faut pas laisser de blancs ni proposer plusieurs traductions
(dans le second cas, le correcteur prendra systématiquement la mauvaise
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L’épreuve de traduction en anglais
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solution). Si plusieurs mots sont inconnus un jour d’examen, il faut proposer
une traduction qui ne soit ni absurde ni en totale contradiction avec le texte,
avec la situation. Il faut impérativement éviter les barbarismes et les non-sens.
En outre, il faut essayer de respecter la littérarité du passage, c’està-dire sa forme, son style, sa tonalité : style écrit ou parlé ; niveau de langue
soigné ou relâché, argotique, vulgaire ; ton lyrique, tragique, ironique. On ne
traduit pas de la même manière une conversation entre adolescents et un
passage narratif ou descriptif très élaboré. Dans la mesure du possible, il faut
également rendre les figures de style (répétitions rhétoriques, parallélismes,
métaphores, allitérations, etc.).
Si la traduction peut devenir un art, elle demeure aussi affaire de technique.
Pour ne pas tomber dans certains pièges grossiers, il convient donc de pratiquer
régulièrement cet exercice et de savoir recourir à différentes stratégies :
Le principe de compensation est précieux en traduction. Il consiste à
gagner à un endroit ce que l’on a perdu à un autre endroit. Parfois, le traducteur est obligé d’accepter de perdre une nuance sur un segment. Il peut tenter
de la regagner à un autre endroit du texte. Par exemple, un style familier ou
soutenu difficile à rendre sur un mot peut glisser vers un autre mot. Il convient
cependant de veiller à ne pas trop trahir le texte lors de ces glissements.
L’emprunt consiste à intégrer un élément d’une langue dans l’autre. Il
peut combler une lacune de la langue d’arrivée (baguette, gourmet, chargé
d’affaires…). Il peut permettre aussi de conserver la couleur locale d’un texte,
par exemple en conservant le mot « gendarme » dans une traduction. Il ne
faut toutefois pas abuser de ces emprunts.
Le calque, emprunt d’un genre particulier, se révèle en revanche plus
problématique. Il consiste à emprunter à la langue étrangère la structure
mais en traduisant littéralement les éléments qui la composent. Le calque est
parfois possible mais très rarement. Il aboutit le plus souvent à une traduction
inacceptable. Le calque lexical consiste à se laisser piéger par les faux amis.
Chaque fois que la traduction directe (traduction littérale, emprunt ou
calque) est impossible, il faut recourir à une traduction oblique à l’aide de
procédés particuliers.
La transposition consiste à exprimer une même idée par des catégories
grammaticales différentes d’une langue à l’autre (verbe/adverbe, nom/verbe,
nom/adjectif, nom/adverbe, adjectif/adverbe) :
– As oil becomes more expensive… = Avec la revalorisation du pétrole (verbe
+ adjectif/nom).
– Elle se contenta de sourire = She merely smiled (verbe/adverbe).
Le chassé-croisé 1 est un cas particulier de double transposition impliquant des verbes anglais suivis d’une préposition ou d’une postposition. Alors
1. Voir thème 11, questions de grammaire, pour une explication détaillée du procédé.
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Quelques considérations méthodologiques sur la traduction
que le français s’intéresse au résultat puis au moyen, l’anglais se focalise
d’abord sur la manière dont l’action est accomplie :
– The door creaked open = La porte s’ouvrit en grinçant.
– Il traversa la pièce sur la pointe des pieds = He tiptoed across the room.
Le chassé-croisé est dit incomplet quand le moyen de l’action disparaît en français (cas fréquent avec les verbes de mouvement fly, ride, sail, swim, walk, etc.) :
– They walked out of the shop = Ils sortirent du magasin.
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Les structures résultatives constituent un cas particulier auquel le
chassé-croisé est étendu. Il faut notamment veiller à ne pas oublier un des
éléments de sens :
– I was writing myself into those two characters = Je me projetais dans ces deux
personnages par le biais de l’écriture.
La modulation consiste à changer de point de vue, d’éclairage. La modulation peut être lexicale (abstrait/concret, partie/tout ou partie/autre partie,
perceptions sensorielles, origines géographiques) ou syntaxique (contraire
négativé, passif/actif, participe présent/proposition relative, etc.) :
– The hard shoulder = La bande d’arrêt d’urgence (concret/abstrait).
– He is regarded as a fool = Il passe pour un idiot (passif/actif).
– Soon now they would enter the delta = Désormais, ils n’allaient plus tarder à
arriver dans le delta (contraire négativé).
L’équivalence s’impose pour rendre compte de deux réalités linguistiques
et culturelles différentes. Elle concerne les exclamations, les onomatopées,
les jurons ainsi que tous les proverbes, clichés et idiotismes :
– Oh là là ! = Oh dear!
– As proud as a Peacok = Fier comme Artaban.
Dilution et étoffement. La dilution consiste à dire en moins de mots
dans la langue d’arrivée que dans la langue de départ, alors que l’étoffement
consiste à dire en davantage de mots :
– They insisted on drinks = Ils insistèrent pour prendre un apéritif (étoffement
de la préposition par un verbe).
– Je revins à l’endroit où je l’avais rencontré la première fois = I came back to
where I had first met him (dilution du nom par adverbe relatif).
Attention ! La traduction d’un même segment peut mettre en œuvre
plusieurs procédés et techniques (transposition + modulation + dilution, par
exemple). De plus, les différents procédés et techniques indiqués ne sauraient
être perçus comme des solutions miracles. Ils permettent tout au plus d’éviter
les erreurs les plus graves et d’acquérir certains réflexes de traduction.
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L’épreuve de traduction en anglais
La parfaite maîtrise de ces procédés de traduction doit s’accompagner
d’une compétence lexicale la plus large possible dans les deux langues, et
d’une connaissance des spécificités de chacune. L’acquisition du lexique de
chacune des deux langues dans toute sa précision et ses nuances est particulièrement importante pour traduire des textes littéraires, leur éventail lexical
étant par définition très large.
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Enfin, il est essentiel de penser à relire sa traduction finale pour s’assurer du rendu général, de l’impression générale. On doit sentir le moins possible
qu’il s’agit d’une traduction dans la langue d’arrivée. Et une toute dernière
lecture doit viser à éliminer omissions, coquilles et surtout fautes de langue
(orthographiques et grammaticales).
Sur toutes les questions de méthodologie de la traduction, on renverra
avec profit l’étudiant vers les ouvrages de la bibliographie, entre autres ceux
de Françoise Grellet, tant pour la version que pour le thème. Ces questions
sont mentionnées dans nos commentaires de traduction, mais leur objet n’est
pas de reprendre ces questions dans le détail. La maîtrise de cette méthodologie de la traduction est un prérequis pour l’utilisation fructueuse du présent
ouvrage, et fait en principe partie des acquis des étudiants titulaires d’une
licence LCER d’anglais.
ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
BALLARD M., La traduction de l’anglais au français, Paris, Nathan Université, 1987.
CHUQUET H. et PAILLARD M., Approche linguistique des problèmes de traduction, Paris,
Ophrys, 1989.
DEMANUELLI J. et C., La traduction : mode d’emploi. Glossaire analytique, Paris,
Masson, 1995.
GRELLET F., Initiation à la version anglaise, Paris, Hachette, [1985], 2010.
GRELLET F., Initiation au thème anglais, Paris, Hachette, [1992], 2009.
GUILLEMIN-FLESCHER J., Syntaxe comparée du français et de l’anglais. Problèmes de
traduction, Paris, Ophrys, 1981.
HIERNARD J.-M., Les règles d’or de la traduction, Paris, Ellipses, 2003.
VINAY J.-P. et DARBELNET J., Stylistique comparée du français et de l’anglais, Paris,
Didier, 1977.
Recueils de vocabulaire
Cambridge Word Routes Anglais-Français, Cambridge, CUP, 2004.
REY J., BOUSCAREN C. et MOUNOLOU A., Le mot et l’idée. Anglais. Vocabulaire thématique, Paris, Ophrys, 1991.
Dictionnaires unilingues
Le Petit Robert.
New Oxford English Dictionary (GB).
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Quelques considérations méthodologiques sur la traduction
Macmillan English Dictionary for Advanced Learners 2nd edition (GB).
Webster’s Collegiate Dictionary (US).
Dictionnaire bilingue
Collins Robert Senior ou Super Senior.
Dictionnaire de synonymes
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Roget’s Thesaurus.
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Sandrine Oriez 1
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INTRODUCTION SUR LES QUESTIONS DE GRAMMAIRE
Les dispositions de mise en place des épreuves d’admission du nouveau
CAPES pour toutes les langues vivantes à partir de la session 2011 lient la
traduction à l’analyse linguistique. Ce croisement entre des spécialités par
ailleurs bien distinctes (thème, version, analyse linguistique de l’anglais, et
analyse contrastive du français et de l’anglais) oblige à repenser la pédagogie
et les pratiques de ces différents exercices, notamment au sein des MASTERS
qui ont pris en charge la préparation au CAPES. 1
C’est dans le prolongement de notre réflexion sur le développement de
synergies entre ces différentes spécialités, et sur les pratiques pédagogiques
qui en découlent, que nous avons conçu le présent ouvrage, avec, avant tout,
l’intention de répondre aux besoins des étudiants, en LICENCE et surtout dans
les MASTERS conduisant aux Métiers de l’Enseignement et de la Formation
(CAPES ou AGRÉGATION). Cet ouvrage de synthèse présente donc l’originalité de regrouper des textes traduits et commentés ET des exemples de
questions de grammaire, que ce soit pour le thème ou pour la version 2.
L’intention de constituer un ouvrage collectif découle également de notre
volonté de diversifier à la fois les approches et les points de vue, tant au niveau
de la traduction qu’à celui de l’analyse linguistique, afin de fournir au lecteur
de cet ouvrage un éventail de perspectives d’autant plus riche.
Il ne s’agit nullement de proposer un recueil de techniques de traduction,
ni un ouvrage sur l’activité de traduction, pas plus qu’une synthèse théorique
1. Merci à Delphine Lemonnier-Texier et Catherine Chauvin pour leur aide et leurs conseils
lors de la rédaction de cette introduction.
2. Les « sujets zéro » publiés par le ministère comportaient non seulement des questions de
grammaire sur la version (comme autrefois à l’épreuve de l’agrégation externe), mais aussi des
questions de grammaire sur le thème. Cependant, il semble que la présence de questions sur
le thème dans ces sujets ne préjuge pas des évolutions possibles du concours. La linguistique
appliquée au thème demeure néanmoins un excellent outil de travail et permet notamment
de réfléchir, de façon approfondie, aux problèmes de traduction du français vers l’anglais.
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L’épreuve de traduction en anglais
sur les approches linguistiques de la traduction. D’excellents ouvrages de
référence existent sur ces questions, et leur fréquentation est vivement
recommandée aux étudiants préparant les concours. Il s’agit, avant tout, de
permettre à l’étudiant de réfléchir sur l’exercice de traduction, en capitalisant
sur ses acquis en grammaire, en linguistique, en thème et en version, à travers
un parcours de 24 textes, classés par ordre de difficulté croissante, et sur
lesquels un éventail de faits de langue et de questions de linguistique sont
proposés à l’analyse.
Cet ouvrage est conçu pour une utilisation autonome par l’étudiant, selon
une progression hebdomadaire sur 24 semaines qui prend modèle sur le calendrier d’une année universitaire (un texte de version en alternance avec un texte
de thème, chaque semaine, pendant 24 semaines), ou bien sur un mode intensif de préparation dans les semaines qui précèdent les écrits des concours. Le
classement des textes par ordre croissant de difficulté permet une progression
équilibrée au fil de l’ouvrage.
L’objectif est de proposer un parcours permettant à l’étudiant d’acquérir
des savoir-faire indispensables pour les épreuves de traduction du CAPES et
de l’AGRÉGATION, ainsi que pour les examens universitaires des Masters
Enseignement et Formation. Notre propos n’est pas de strictement calquer
le format et le calibrage des sujets de concours, mais de construire une
progression pédagogique sur un corpus de textes de traduction aussi large que
possible ; c’est pourquoi la longueur des textes varie, tout comme le nombre,
la longueur et la difficulté des questions de linguistique.
Abordable dès la 3e année de Licence, cet ouvrage a pour but de montrer
aux étudiants comment utiliser leurs savoirs en grammaire et linguistique pour
mieux traduire les textes qui leur sont soumis. L’objectif visé est clairement
d’amener les étudiants non seulement à une excellente maîtrise de la langue
anglaise, mais aussi à une meilleure connaissance de la langue française, par
l’étude de leurs points communs et différences – compétences indispensables
à tout étudiant de langues comme à tout traducteur ou futur enseignant.
Les commentaires linguistiques proposés ont été rédigés principalement
dans le cadre de la Théorie des Opérations Énonciatives, même si l’emploi
de termes trop marqués a été évité, par souci didactique. Ces commentaires
répondent à une double exigence pédagogique : apporter un éclairage linguistique sur des segments pour lesquels la traduction est ardue, et présenter des
éléments d’analyse, mais aussi une perspective linguistique sur la question
soulevée. Pour cette raison, ces commentaires sont souvent plus longs et
bien plus détaillés que ce qui serait demandé à un candidat lors d’un écrit de
concours. Nous avons en effet souhaité procéder à des rappels de cours, à des
développements dont le segment commenté est le point de départ, en particulier dans le commentaire portant sur le thème, qui constitue un exercice auquel
peu d’ouvrages généraux ont été consacrés. Le dialogue fructueux qui s’établit
au fil des pages entre les deux approches va de pair avec ce souci pédagogique.
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Introduction sur les questions de grammaire
Concernant le format des commentaires de points de grammaire, nous
avons choisi de proposer une présentation qui respecte un certain nombre de
conventions formelles minimales, à des fins de lisibilité et de clarté du propos.
Tout commentaire doit comporter une introduction, qui décrit d’abord précisément la forme soulignée et son contexte, puis recense les problèmes posés
par cette forme, avec éventuellement l’annonce du plan qui sera suivi dans
l’analyse. Celle-ci doit ensuite s’appuyer sur des connaissances linguistiques
solides, prendre en compte le contexte d’apparition de la forme soulignée, et
être illustrée de paraphrases et de manipulations qui permettent d’en cerner
progressivement les contours et la spécificité. On s’attachera à souligner les
particularités de cette forme, et, dans toute la mesure du possible, à étayer les
choix de traduction au moyen de cette analyse linguistique.
Les points soulevés dans le présent ouvrage ne constituent cependant
qu’une petite partie de la culture linguistique indispensable à tout étudiant
angliciste. Se construire une véritable culture linguistique passe nécessairement par l’étude régulière de plusieurs manuels de base. Nous recommandons
donc vivement l’étude approfondie des ouvrages ci-dessous, en complément
de ceux déjà cités pour la partie traduction :
BOUSCAREN J. et CHUQUET J., Grammaire et textes anglais, guide pour l’analyse linguistique, Gap, Ophrys, 2002.
BOUSCAREN J., MOULIN M. et ODIN H., Pratique raisonnée de la langue, Gap, Ophrys,
1996.
HUDDLESTON R. D. et PULLUM G. K., The Cambridge Grammar of the English
Language, Cambridge, Cambridge University Press, 2002.
KHALIFA J.-C., Syntaxe de l’anglais, Gap, Ophrys, 2004.
LAPAIRE J.-R. et ROTGÉ W., Linguistique et grammaire de l’anglais, Toulouse, Presses
universitaires du Mirail, 1991.
LARREYA P. et RIVIÈRE C., Grammaire explicative de l’anglais, Paris, Pearson/Longman,
2010.
ORIEZ S., Syntaxe de la phrase anglaise, Rennes, Presses universitaires de Rennes,
2009.
QUIRK et al., A Comprehensive Grammar of the English Language, Londres, Longman,
1985.
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