Le Sequoia sempervirens : un géant de la biomasse

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Le Sequoia sempervirens : un géant de la biomasse
Le Sequoia sempervirens : un géant de la biomasse
Le Sequoia sempervirens a fait l’objet d’un programme de sélection par l’AFOCEL, menant à tester
un millier de clones d’origines très diverses au travers d’un réseau d’essai important mais mis en
sommeil dans les années 90. Il a été récemment revisité et complété. Nous en tirons les
enseignements en mettant en évidence le potentiel de production de cette essence.
Introduction
Initialement présents sur une vaste partie du globe
dont l’Europe, les séquoias ont massivement disparu
suite aux glaciations résultant en une aire de
répartition naturelle restreinte à l’ouest de l’Amérique
du Nord. Ils appartiennent à la famille des
taxodiacées (récemment rétrogradée au rang de
sous-famille au sein des Cupressacées (Ahuja,
2009 ; Gadek et al.,
2000).Contrairement aux
autres
conifères,
l'ancêtre
du
sequoia
sempervirent a subit une
polydiploidisation (n = 33
chromosomes contre 11
ou 12 pour tous les
autres conifères).
aires naturelles
voisines.
de
répartition
très
limitées
et
L’aire naturelle du séquoia sempervirent est limitée à
une bande orientée Nord-Sud s’étendant sur 700 km
traversant l’Oregon et la Californie, distante au
maximum de 60 km de la côte Pacifique des USA
(d’où la dénomination vernaculaire anglophone de
"Coastal redwood"). Cette zone est caractérisée par
une
humidité
atmosphérique souvent
élevée (qualifiée de "fog
belt"). Contrairement au
sequoia
géant,
le
sequoia sempervirent a
la
particularité
de
pouvoir
produire des
rejets de souches à tout
âge, permettant une
Les deux espèces les
repousse sur la souche
plus
emblématiques
après une coupe ou sur
(Sequoiadendron
le tronc après un dégât
giganteum, le séquoia
lié
à
un
accident
"géant", en fait le plus
climatique
ou
une
volumineux, et Sequoia
attaque modérée d’un
sempervirens, le séquoia
agent
pathogène
ou
"toujours
vert"
Figure 1 : Aperçu d’une plantation en Normandie âgée
d’un défoliateur, ce qui
(sempervirent), le plus
de 21 ans juste après une éclaircie
constitue
un
atout
vigoureux et dont sont
(la Ferrière Harang, Calvados)
majeur
pour
le
issus les plus grands
sylviculteur et conduit, y
arbres de l’hémisphère Nord), couramment plantées
compris en peuplement naturel, à la formation de
pour leur morphologie "spectaculaire" attirant de
bouquets de tiges issues d’un unique plant initial.
nombreux visiteurs dans les parcs naturels
californiens, se sont également révélées les plus
De surcroit, la multiplication végétative en est
économiquement intéressantes. Leur bois coloré de
facilitée, que ce soit in vitro ou par les méthodes
coeur leur a valu l’appellation générique anglaise de
horticoles classiques. Néanmoins, le bouturage
redwood. Les deux espèces sont confinées à des
simple (horticole) devient difficile dès que les arbres
dépassent 10 ans ce qui nécessite alors la
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1
stimulation du retour à la vigueur juvénile
(rejuvénilisation) avant de reprendre la multiplication,
opération pour laquelle la méthode la plus efficace
passe par la culture in vitro. L’AFOCEL a été
pionnière en la matière, réussissant dès les années
80 la propagation d’arbres multi centenaires
(Franclet, 1977, 1981 et 1983).
C’est un des conifères les plus vigoureux poussant
en climat tempéré, pouvant produire jusqu’à 30 m3
par hectare et par an (Fritz, 1945). En 1973, cette
espèce retient l’attention de l’AFOCEL en raison de
sa forte croissance juvénile et de sa capacité de
rejeter de souche qui lui confère une place de choix
dans le programme "taillis à courte rotation".
Comme dans beaucoup d’autres pays, le séquoia a
été introduit en France dans de nombreux parcs
publics et privés (arboretum des Barres, arboretum
de La Jonchère, Bambouseraie d’Anduze, etc.).
L’absence de grandes plantations en France
s’explique par sa sensibilité relative au gel. L’espèce
exige un automne clément (qui est sa période de
croissance maximale), et une arrivée progressive des
gelées. D’autre part, elle se propage mal par graine :
les rares semences germent difficilement et les
plants qui en sont issus sont très sensibles aux
premiers froids. La seule solution est donc de passer
par une propagation végétative d’ortets sélectionnés
(Bonduelle, 1987).
Une étude AFOCEL réalisée en 2004 a caractérisé le
bois produit en France par une trentaine de clones de
la collection Kuser, amenant à des conclusions
similaires à celles des études menées aux USA
(notamment Resch et Arganbright, 1968). Malgré la
coloration du bois, la teneur totale en extrait est
faible, facilitant l’extraction de la lignine qui est par
contre plus abondante que chez la plupart des
conifères cultivés en Europe. Les fibres sont
particulièrement longues. Le bois est composé d’un
aubier distinct presque blanc, assez épais chez les
sujets jeunes puis très étroit chez les tiges plus
âgées, et d’un cœur rouge clair et homogène avec un
grain très serré. Le bois est léger avec une
infradensité proche de 0,35 présentant une forte
variabilité intra-arbre. La longueur des fibres quant à
elle augmente avec l’âge de l’arbre et semble
corrélée avec l’infradensité (Gastine, 2004). Un
usage papetier du bois de séquoia a été réalisé mais
limité à deux usines aux USA. La faible masse
volumique (600 à 700 kg/m3) et le taux d’écorce
parfois très important, (variant selon l’origine
génétique de 11 à 21 % en masse, de 24 à 43 % en
volume) pénalisent l’usage de grumes en bois
d’industrie.
Programme
de
développement
du
l’AFOCEL-FCBA
recherche
séquoia
et
par
Caractéristiques et usages du bois
La coloration marron rougeâtre du bois est due à une
teneur élevée en substances phénoliques rendant le
bois imputrescible et donc recherché pour des
usages en extérieur (bardage, terrasses…). Cette
coloration du bois est un avantage supplémentaire le
qualifiant également pour des usages purement
décoratifs (lambris par exemple) et en ameublement
surtout développés aux USA.
Le séquoia breton est utilisé localement en bardage,
en raison de son faible retrait et de sa durabilité aux
intempéries. Une petite scierie fabrique des meubles
en séquoia. Cette même scierie a réalisé le
colombage d’une maison en séquoia à Paris (Hainry
et Colombet, 2009). L’utilisation du bois de séquoia
reste marginale en raison des faibles volumes
disponibles.
Une étude technique du FCBA avec le soutien de la
DRAAF Languedoc-Roussillon conclut dans le même
sens : absence de déformation du bois de séquoia au
séchage, bonne durabilité naturelle face aux attaques
fongiques, faibles performances mécaniques (mais
les arbres testés étaient jeunes : 25 ans). Son
comportement au feu correspond aux normes d’un
bon bois de construction avec peu de dégagement
de fumées. Malgré la jeunesse des arbres
sélectionnés, les résultats obtenus permettent déjà
l’utilisation du Sequoia sempervirens en bardage
(classe d’emploi 3b), laissant entrevoir un classement
en catégorie de durabilité supérieure (classe 4) si les
tests ad hoc étaient réalisés.
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Des ressources génétiques uniques
La collection de l’AFOCEL (aujourd’hui FCBA)
comportant plus de 1000 clones a été constituée
entre 1973 et 1990 à partir de trois sources.
Premièrement, 436 arbres présentant une croissance
intéressante par leur vigueur et/ou leur localisation
suffisamment exposée à un gel marqué ont été
échantillonnés en France et plus marginalement dans
le reste de l’Europe continentale, essentiellement
dans des parcs et arboreta privés et publics où ils ont
ème
été introduits dès le 19
siècle.
Deuxièmement, 530 clones ont été sélectionnés sur
leur croissance à 3 ans en tests de provenance
établis à partir de lots de graines ramenés de l’aire
d’origine par des missions dédiées.
Enfin, la troisième origine est une collection de 180
clones représentant 90 provenances (altitude 24 à
975 mètres) réparties sur l’ensemble de l’aire
naturelle. Cette collection a été constituée et
disséminée par John Kuser aux USA, en France, en
Espagne (Nord), en Ecosse et en Nouvelle-Zélande.
Dans les trois derniers pays cités, seules des
plantations très limitées ont été initialement
implantées. Le cas le plus intéressant est celui de la
Nouvelle Zélande où une association de forestiers
privés, la NZ Farm Forestry Association, en a mis en
place plus récemment des essais à travers tout le
pays avec des clones sélectionnés dans quelques
2
tests plus anciens dans ce pays et en Californie pour
leur bonne croissance et la qualité technologique de
leur bois avec pour but la production de bois destiné
ème
à l’export. Les essais menés à la fin du 20
siècle
ont abouti aux conclusions classiques : importance
des conditions microclimatiques, de la préparation et
de la fertilité du sol, effet de la fumure et d’une
sylviculture précise et rigoureuse pour obtenir une
production
qualitativement
et
quantitativement
intéressante.
Une
compagnie
américaine
a
récemment investi en NZ en y plantant plus de 3000
ha de sequoia sempervirent (Gaman, 2012). Les
plants sont produits quasi exclusivement par
propagation in vitro.
Par la suite, certains pays tels que le Chili, qui
ème
avaient expérimenté dès le début du 20
siècle la
culture du sequoia à partir de graines d’origine mal
caractérisée, ont mis en place dans les années 2000
des tests clonaux pour quelques provenances de la
collection Kuser.
En France, la collection Kuser a été plantée sur 3
sites : le domaine de l’Etançon à Nangis (siège
historique de l’AFOCEL, près de Fontainebleau), à
Saint Fargeau (Yonne) et à la station FCBA de
Charrey-sur-Saône,
mais
sans
dispositif
expérimental. Cette collection été récemment
dupliquée en Aquitaine.
La constitution du réseau d’essai FCBA
Le réseau d’essai FCBA consacré au Sequoia
sempervirens a été constitué à partir des clones
issus des deux premières composantes de nos
ressources génétiques décrites plus haut. Deux
parcs à pieds mères ont été établis et maintenus
quelques années pour la production de boutures,
permettant d’établir entre 1985 et 1990 des
plantations expérimentales et pilotes sur 95 ha
constituant la moitié de la superficie plantée
actuellement en France, localisée majoritairement
dans l’Ouest et le Sud-Ouest. La majeure partie de
ces plantations constitue la première (et seule)
tentative de plantation à plus grande échelle de cette
essence en France. Elles ont été réalisées, en partie,
avec le soutien de l’ADEME dans le cadre du
programme "400 ha de plantations à croissance
rapide" dans les années 1990 (Savanne, 1990).
Outre le test des clones, les parcelles ont été établies
avec l’objectif de qualifier le potentiel de l’espèce
dans plusieurs régions et de tester l’impact de
diverses modalités sylvicoles et de pépinière.
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Figure 2 : Rejets de souche sur Sequoia
sempervirens de 25 ans 2 mois après la coupe
(collection Kuser FCBA, Seine-et-Marne)
Résultats
FCBA
récents
du réseau d’essai
L’implantation de parcelles
expérimentales
a
commencé en 1977 sur la façade atlantique pour se
terminer en 1996 dans le sud de la France. Outre les
aspects génétiques, les essais portaient sur le test de
modalité de culture en pépinière, reboisement,
fertilisation et sylviculture. Ce réseau est resté actif
en faisant l’objet de mesures régulières sur plus de
50 parcelles. Plus récemment, la mise en place de
nouveaux
projets
de
recherche
(Climaq,
Sylvabiom,...) a permis de mettre en place quelques
nouvelles parcelles et de compléter le bilan de notre
réseau existant.
430 clones ont été mis en œuvre dans le réseau
d’essais. Presque 50% des clones testés proviennent
des collectes réalisées dans les régions Pays de la
Loire, Centre et Bretagne.
Résultats - Bilan global:
45 clones sont présents sur plus de 15 sites et une
trentaine présents sur 15 à 20 sites. La performance
de croissance des clones a été qualifiée sur les
différents sites par deux indicateurs qui se sont
révélés concordants : le cumul du classement des
clones par rapport à la moyenne de chaque parcelle
où il sont présents et le classement par rapport aux
performances de clones témoin présents sur une
majorité du réseau expérimental. Ces indicateurs ne
sont calculés que si au moins 3 arbres du clone sont
mesurés l’année considérée.
3
Ces clones témoins sont présents sur de très
nombreux
essais
avec
des
performances
relativement stables et supérieures à la moyenne.
Pour pouvoir comparer les expérimentations
n’ayant pas été mesurées aux mêmes âges, nous
avons a minima réalisé pour chaque essai une
mesure de trois paramètres : la hauteur juvénile
(entre 1 et 3 ans), la hauteur "adolescente" (entre
3 et 9 ans) et le diamètre.
Les données collectées et analysées à partir du
réseau d’essais ont permis d’établir des tarifs de
cubage et de biomasse sur quelques parcelles
(résultats internes au projet Sylvabiom). La
productivité atteint en moyenne 6 à 10 tonnes
sèches par hectare et par an avec une tendance
croissante les années suivantes.
Le nombre de clones testés est très variable selon
les essais : de 4 sur certains sites plutôt dédiés à
la démonstration à plus de 80 pour les véritables
tests
clonaux.
Un des
clones
AFOCEL
commercialisé (770365 ; identifiant de travail :
clone 4) se détache. Testé sur de nombreux sites, sa
performance est 10 à 15% supérieure à celle des
Figure 3 : Localisation des essais analysés en 2010-2012 (hors
projet Climaq)
Performance relative à la moyenne de chaque essai
Performance relative à la moyenne des témoins
Clone
Hauteur juvénile
Hauteur
adolescente
770365
30%
17%
21%
15%
11%
13%
811025
15%
13%
14%
12%
8%
18%
770559
22%
14%
11%
10%
8%
7%
770302
19%
11%
0%
4%
4%
-5%
770363
16%
12%
9%
1%
0%
4%
Diamètre
Hauteur juvénile
Hauteur
adolescente
Diamètre
Tableau 1 : Performances relatives des 5 meilleurs clones testés. Le gain sur trois paramètres est indiqué pa r
rapport à la moyenne des sites (partie gauche du tableau) ainsi que par rapport aux clones témoins
permettant de comparer les performances entre sites
clones témoins et 17 à 30% supérieure à la moyenne
générale. Il est suivi de près dans le classement par
un groupe de quatre clones qui ont de très bonnes
performances et qui sont testés sur de nombreux
sites. Ainsi pour ces cinq clones élite, les gains de
production envisageables seraient de l’ordre de 20 à
25% de biomasse récoltable.
A noter que sur ces cinq clones "élite", quatre avaient
déjà été repérés comme performants dans la
synthèse des essais situés en zone méditerranéenne
que nous avions réalisée en 1999 (rapport interne
FCBA).
On ne remarque pas de distinction dans le
comportement
des
clones
entre
les
deux
régions(atlantique et méditerranéenne où se situent
la majorité des essais. S’il est très plastique, une
production intensive nécessite une station plutôt
abritée et un sol profond bien alimenté en eau.
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La sylviculture du séquoia a été menée en taillis à
courte rotation (TCR) comme en futaie. En TCR, la
plantation a été réalisée dans deux régions à une
densité de 1100 à 1250 tiges/ha avec une récolte
initialement prévue entre 10 et12 ans pour une
utilisation en trituration, énergie ou petits sciages.
Les parcelles ont été récoltées à 20 ans avec une
production de 275 à 350 tonnes brutes par hectare
dans le Centre-Ouest (soit une productivité de 14 à
18 t brutes/ha/an) tandis qu’en LanguedocRoussillon, la production a été comprise entre 196 et
550 tonnes brutes (soit 10 à 28 t/ha/an).
4
Pour la conduite en futaie, une densité
initiale similaire a été choisie (1250
arbres/ha) avec une récolte de bois
d’œuvre prévue entre 40 et 60 ans
avec éventuellement une ou plusieurs
éclaircies. L’objectif est la production
de sciage. Vers 10 ans, 40% des
arbres sont supprimés en première
éclaircie systématique et sélective.
Pour constituer le peuplement final, 3
à 4 éclaircies espacées de 10 ans
seront nécessaires pour diminuer la
densité à environ 200 à 250 tiges /ha.
Pour éviter l’émission de rejets, il faut
traiter au débroussaillant les souches
des arbres coupés. L’élagage naturel
est faible et les branches mortes sont
persistantes, d’où la nécessité d’un
élagage artificiel jusqu’à 8 m. La
production de bois est importante,
atteignant jusqu’à 1400 m³/ha sur une
durée de 50 à 60 ans.
Hauteur dominante (m)
29
27
Campagna
St-Pée
Marquet
25
Belle-Assise
23
21
Gironde
19
Pyrénées-Atlantiques
17
CRPF Bretagne
15
20
25
30
35
40
Age (années)
Figure 4 : Comparaison des hauteurs dominantes des séquoias des quatre
parcelles aquitaines mesurées en 2010-2011 avec les données du CRPF de
Bretagne (Hainry et Colomb et, 2009)
Résultats – zoom sur quatre essais établis en
Aquitaine :
Dans le cadre du projet Climaq (Adaptation des
forêts d’Aquitaine au changement climatique), nous
installé en 2011 deux nouvelles parcelles à forte
densité de plantation pour la production de biomasse
et avons mesuré quatre parcelles de séquoia âgées
de 25 à 30 ans.
Ces quatre parcelles atteignent de niveaux
production dans des conditions assez variées.
de
Les deux parcelles basques (Campagna et SaintPée, sylvo-écorégion "Adour Atlantique") bénéficient
de fortes précipitations annuelles de l’ordre de 1500
mm, les deux parcelles girondines (Marquet et BelleAssise) sont en revanche en situation plus sèche
(700 à 900 mm/an ; sylvo-écorégion "coteaux de la
Garonne").
Parcelles aquitaines
Date de plantation
Age à la mesure (années)
Densité initiale (nb/ha)
Densité actuelle (nb/ha)
Circonférence moyenne (cm)
Hauteur moyenne (m)
Circonférence dominante (cm)
Hauteur dominante (m)
Volume unitaire (m³)
Volume sur pied (m³/ha)
Volume enlevé en éclaircie (m³/ha)
Accroissement moyen (m³/ha/an)
Production totale
(m³/ha, volume sur pied + volume éclairci )
Toutes ces parcelles sont situées sur des sols argilolimoneux
à
argileux
acides. Leur situation
topographique est variée : Campagna sur une pente
accentuée, Saint-Pée sur un plateau, Marquet en
plaine et Belle-Assise en haut de pente.
La parcelle qui est en situation la moins favorable
(Belle-Assise) est un peu en dessous de la moyenne
bretonne, Marquet dans la moyenne et les parcelles
basques nettement au-dessus de la moyenne.
Belle-Assise (33)
janv-79
32
1111
502
121
20
163
23
0,9
450
nd
14
Saint-Pee sur Nivelle (64)
avr-85
26
1319
889
97
18
153
25
0,6
514
0
20
Campagna (64)
nov-86
24
1250
750
110
23
153
25
0,88
660
0
27
Marquet (33)
janv-80
31
1666
906
107
22
133
24
0,81
733
336
34
nd
514
660
1069
Tableau 2 : Caractéristiques de quatre parcelles situées en Aquitaine ayant fait l’objet de mesures récentes
dans le cadre du projet Climaq
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5
Conclusions
Pour la France, les parcelles de référence montrent
que cette essence peut atteindre des chiffres de
production exceptionnelle (supérieur à 30 m³/ha/an).
Il peut être utilisé de manière optimale en
reboisement principalement sur la façade atlantique :
Bretagne, Normandie, Pays de Loire, PoitouCharentes et Aquitaine ainsi que sur tout l’arc
méditerranéen. Ses performances sont limitées et
éventuellement sa survie menacée en cas de
sécheresse (pluviométrie annuelle inférieure à 650
mm sans compensation par des brouillards intenses
et/ou une connexion directe à la nappe phréatique) et
de froid excessif (température moyenne du mois le
plus froid négative). Il peut toutefois se comporter de
manière performante en zone continentale d’altitude
modérée (inférieure à 1000 m). Il supporte très bien
un engorgement saisonnier des sols et un pH
basique sans excès de calcaire.
vraiment
rédhibitoire
est
le
froid
excessif,
principalement en première année, ce qui nous fait
recommander de ne pas l'implanter dans le quart
Nord -Est de la France bien qu'il soit parfois présent
à titre ornemental dans des régions plus froides.
La plantation est réalisée à partir de boutures d’un
an, de préférence après les dernières gelées de
printemps. Les plants issus de graines de
provenances "tout venant" sont à déconseiller. Des
précisions sur les modalités de plantation et la
sylviculture ont été décrites dans un document
précédent disponible sur notre site web (Gautry et
Fauconnier, 2009).
Le matériel sélectionné est installé dans un
conservatoire et pourrait être rapidement et plus
largement diffusé si le besoin s’en faisait sentir. La
maîtrise des méthodes de propagation in vitro permet
également une mobilisation accélérée par la
production de pieds -mères de qualité en quelques
mois. Sa faculté à se régénérer naturellement, sa
capacité de rejeter vigoureusement de souche, son
aptitude au bouturage tout comme sa résistance aux
pathogènes sont des atouts en sa faveur.
Le séquoia supporte la comparaison avec les autres
essences résineuses à forte production d’Aquitaine.
Etant donnés ces résultats, le Sequoia sempervirens
mérite qu’on s’y intéresse dans le Sud-Ouest de la
France (Aquitaine et Midi-Pyrénées). On peut ainsi
reprendre à l'échelle nationale une partie de la
conclusion de Hainry et Colombet (2009) concernant
la Bretagne: "Le séquoia toujours vert fait preuve
d’une grande productivité (...), que très peu
d’essences forestières sont susceptibles d’égaler. Il
montre également une plasticité supérieure à celle
qu’on lui attribue habituellement".
Indifférent à la composition chimique du sol, il
supporte l’absence de pluviométrie si la nappe
phréatique peut l’approvisionner tout au long de
l’année. Sa productivité baissera s’il souffre d’un
déficit hydrique et/ou d'une faible fertilité minérale du
sol, mais il pourra se maintenir. Le seul facteur
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Figure 5 : Aperçu de l'essai de Bel Air (Charente) en
2009, Parcelle âgée de 26 ans (hauteur moyenne 18
m, volume : 570 m3/ha, diamètre moyen: 29 cm (38
cm pour le meilleur clone), densité : 1100 arbres/ha)
L’obtention de ces résultats a été financée pour
partie par les projets suivants :
Le projet Culiexa financé par le programme
Enerbio de la Fondation Tuck
La convention n°09/89 avec la DRAAF
Languedoc Roussillon - Pré-qualification du
Sequoia sempervirens en vue d’un usage en
construction
-
-
Climaq bénéficie du le concours financier du
Conseil Régional d'Aquitaine, de l'Europe
(FEDER) et du Ministère de l'Agriculture et de la
Pêche.
Sylvabiom est financé par l’ANR (projet ANR-08BIOE-006).
Nous remercions le Ministère de l’agriculture et de la
pêche pour son soutien constant au maintien de
notre réseau d’essais.
6
1.
2.
3.
4.
5.
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14. Savanne D. (1990) L’AFME et les plantations à
croissance rapide. AFME, Paris, 20 pages
Pour en savoir plus :
Ahuja, M. R. (2009) Genetic constitution and diversity in
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Gautry JY et Fauconnier T. (2009) Espèces ligneuses pour
la production de biomasse - le Séquoia.
www.fcba.fr/biotechnologie/fiches_essences/fiche_sequoia2.pdf
Mionetto N. (2005) Réseau d’essais séquoia géant
AFOCEL-FCBA
http://www.fcba.fr/recherche/resultat.php?id_fich=2403&label=4
Gastine F., Bouvet A., Deleuze C., Monchaux P. (2003) Le
réseau d’essai de l’AFOCEL fête ses 40 ans. Revue
Forestière Française.55:1:47-52.
Présentation du programme CLIMAQ (plan climat
Aquitaine)
www.crpfaquitaine.fr/docs/files/climaqpresentation.pdf
Sylvabiom- Résultats Présentation lors du Colloque ANR
Bioénergies – 9 et 10 octobre 2012,
http://www.agence-nationale-recherche.fr/
Colloques/BioEnergies2012/presentations/sylvabiom.pdf
Luc Harvengt, Alain Bouvet, Jean-Mathieu de
Boisesson, Alain Berthelot, Thierry Fauconnier
Contact :
Tél. 05 56 79 95 00
[email protected]
FCBA – Pôle biotechnologie et Sylviculture Avancée
Campus Forêt de Pierroton.
71 route d’Aarcachon
33610 CESTAS
http://www.crpf.fr/bretagne/pdfinformation/Sequoia%20toujours%20vert.pdf
12. Lanvin, J.D. (2010) Pré-qualification du Sequoia
sempervirens en vue d’un usage en construction. 31
pages. FCBA, Rapport final d’étude pour la DRAAF
Languedoc
Roussillo.
http://draaf.languedocroussillon.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_final_sequoia_d
raaf_cle02a2d1.pdf
13. Resch H. et Arganbright D.G.(1968) Variation of
specific gravity, extractive content and tracheid length
in Redwood trees. Forest Science, 14 (2), pp 148-155.
Le Sequoia sempervirens : un géant de la biomasse
Copyrigh FCBA INFO, avril 2013
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