Supplément Le Temps 2006
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Supplément Le Temps 2006
Ces héritiers qui prennent le pouvoir Complications, urbaines, high-tech, notre sélection Les horlogers à la conquête des villes © DENIS HAYOUN Ce supplément ne peut être vendu séparément Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 2 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 ÉDITO «Est-ce que ce sera une grande année?» m’a-t-on demandé récemment au sujet des salons horlogers de Bâle et de Genève. A question réductrice, réponse normande: tout dépend de ce que l’on en attend. S’il s’agit d’y venir chercher l’esbroufe, ce ne sera pas un très grand millésime. Il y aura certes des premières mondiales et des complications insensées, comme cette seconde virevoltante (p. 10), ce tourbillon en équilibre sur l’aiguille des minutes (p. 11), ou cette grande sonnerie (p. 37). Mais la grandeur des innovations, cette année, est cachée, nichée au cœur des garde-temps: il s’agit des mouvements et Déclaration d’indépendance par Isabelle Cerboneschi des technologies et matériaux d’avant-garde mis en œuvre pour les améliorer. Une multitude de nouveaux calibres maison voient le jour: Piaget, Roger Dubuis, le premier mouvement manufacture de Maurice Lacroix. Sans oublier le premier chronographe automatique développé chez Patek Philippe. Depuis le temps qu’on l’attendait… Audemars Piguet dévoile un nouvel échappement qui se passe de lubrification (p. 22), Jeager-LeCoultre lance un chronographe à déclenchement vertical par bascule du boîtier, où les poussoirs ont disparu (p. 37), Breguet présente un échappement complet en silicium (p. 16). Le paysage horloger est décidément en train de changer. En octobre dernier, le groupe Richemont a inauguré sa manufacture de mouvements ValFleurier, qui fournira certaines marques du groupe. Cela fera dix ans cette année que Chopard ouvrait sa manufacture à Fleurier. Son mouvement L.U.C équipe aujourd’hui 3000 modèles de la marque. «Notre but est d’en fabriquer 10 000 par an», nous confiait récemment Karl-Friedrich Scheufele. Chez Franck Muller, on est sur la voie de l’émancipation. Le Swatch Group y est certes pour quelque chose, qui, avec sa situation de quasimonopole, a forcé la concurrence à se réveiller. Mais pas seulement: «Les collectionneurs sont de plus en plus avertis et ne comprennent pas pourquoi ils paieraient un prix faramineux pour une montre dont le mouvement est un moteur de base – aussi fiable et bien fait soit-il», confie un horloger. On sent un vent d’indépendance rafraîchissant souffler sur l’horlogerie: les nouvelles générations prennent la tête des entreprises familiales (pp. 4 à 8), des professionnels se réunissent en collectif pour donner naissance à des montres d’un genre nouveau (p. 33), les grandes marques ouvrent leurs propres boutiques (pp. 38 et 39). Oui, 2006 sera une grande année horlogère. PHOTOS: DR VERONIQUEBOTTERON.COM SOMMAIRE Héritage 4 à 8 4à8 Avant-premières 10 à 22 Indépendance 33 La nouvelle garde des patrons horlogers Ils ont grandi dans le sérail horloger. Christian Bédat, Massimo Macaluso, Marc A. Hayek: portraits croisés de cette nouvelle génération qui poursuit le rêve horloger de ses parents. Entre souvenirs et visions du métier, plongée dans l’intimité de ces héritiers qui innovent. Par Isabelle Cerboneschi. Photographies: Véronique Botteron 10 à 20 33 34 36 A l’heure du «concept watch» 37 «Light!» Des montres qui donnent plus que le temps, des diamants qui révèlent leurs facettes entre ombre et lumière, les créations brillent sous les projecteurs. Photographies: Denis Hayoun. Réalisation: Isabelle Cerboneschi Montre Tortue XL Platine Tourbillon Chronomonopoussoir sur bracelet alligator avec boucle déployante réglable (série limitée) de la Collection Privée Cartier Paris. Photographie: Denis Hayoun Les secrets de l’équation du temps Une folie pour collectionneur Il aura fallu six ans à François-Paul Journe pour créer sa grande sonnerie. Une montre qui chante l’apologie des choses inutiles… Par Isabelle Cerboneschi 38 et 39 25 à 32 A l’ombre des grands groupes Parmi les complications horlogères, l’équation du temps est l’une des plus subtiles. Elle traduit l’écart qui existe entre la position réelle du Soleil dans le ciel, et l'heure indiquée par les montres. Le mouvement des astres imprime son tempo à ces garde-temps respectueux du cycle solaire. Leçon d’astronomie appliquée au temps. Par Pierre Chambonnet Des mouvements manufacturés, de nouvelles collections conçues rien que pour elles, les femmes inspirent les horlogers avec un bonheur inégal. Par Isabelle Cerboneschi Condensés d’innovation technologique et de recherche esthétique, ces créations présentées par les grandes marques horlogères ne sont pas vouées à rester à l’état de prototype. Destinées à prendre le pouls du marché et à repousser les limites du savoir-faire, la plupart seront commercialisées. Par Michel Jeannot/BIPH Naissance d’une marque Comment se faire une place au soleil quand on est une jeune entité horlogère? Face à la suprématie des groupes et des maisons ancestrales, les petites marques doivent rivaliser de ténacité et de réactivité pour s’imposer sur un marché saturé. Et convaincre les distributeurs. Par Michel Jeannot/BIPH En avant-première des salons Sur le poignet des femmes 22 Distribution 38 & 39 Sous le nom de MB&F se cache un collectif de maîtres horlogers, designers et artisans, réunis par l’entrepreneur Maximilian Busser, pour créer des premières mondiales destinées à quelques passionnés. Par Isabelle Cerboneschi Pleins feux sur les nouvelles montres et collections 2006 qui seront dévoilées dès demain et pour dix jours à BaselWorld puis au Salon International de la Haute Horlogerie de Genève. Par Michel Jeannot/BIPH. Photos shooting: Frédéric Luca Landi 21 Collectionneurs 37 Le portfolio «Light» a été réalisé par le photographe genevois Denis Hayoun. Son travail est d’une précision et d’une délicatesse extrêmes, pour saisir un art horloger qui l’est tout autant. Derrière chaque photo, se cache une histoire: le quantième perpétuel rétrograde de Parmigiani Fleurier (p. 32) a été monté et emboîté exprès pour ces trois jours de séance photo. Et jusqu’au dernier moment, nous ne savions pas s’il serait terminé à temps… Pas plus que le collier Snowflakes de Chopard, terminé la veille. Les ateliers ont aussi accompli des petits miracles… Mannequins: Coralie, Vanessa, Sébastien, de l’agence Welldone. Avec Jennifer et Sonia. MakeUp face&body: www.cyrilmakeup.com Coiffures: Max Laffitte assisté de Mikael Jaulin pour Jean Louis David avec le Mousse sublim´boucles, Mousse boost volume, Spray vinyl glam. Post-Production: Bombie Boutiques d’horlogers: la voie royale Aujourd'hui, les grandes marques ont presque toutes leur propre réseau de distribution. En ouvrant des boutiques exclusives sur des emplacements de choix, elles transforment le cœur des villes en une immense devanture horlogère. Lèche-vitrine haut de gamme. Par Michel Jeannot/BIPH Quotidien suisse édité à Genève, fondé en mars 1998. Assistante de production Géraldine Schönenberg Editeur Le Temps SA Photographies Véronique Botteron Denis Hayoun Frédéric Luca Landi Président du conseil d’administration Stéphane Garelli Directeur – Rédacteur en chef Jean-Jacques Roth Réalisation, graphisme Françoise Comba Abboub Directrice adjointe Valérie Boagno Photolitho Patrick Thoos Direction, rédaction Place Cornavin 3 1201 Genève Correction Jean-Marc Meunier Rédactrice responsable des hors-séries Isabelle Cerboneschi Rédacteurs Pierre Chambonnet Michel Jeannot Responsable production Nicolat Gressot Courrier Case postale 2570 1211 Genève 2. Tél. +41-22-799 58 58 Fax +41-22-799 58 59 Internet: www.letemps.ch Publicité Espace Pub Publicitas Case postale 2564 1211 Genève 2 Tél. +41-22-799 59 00 Fax +41-22-799 59 01 Directrice Marianna di Rocco Impression Zollikofer AG, Saint-Gall La rédaction décline toute responsabilité envers les manuscrits et les photos non commandés ou non sollicités. Tous les droits sont réservés. Toute réimpression, toute copie de texte ou d’annonce ainsi que toute utilisation sur des supports optiques ou électroniques est soumise à l’approbation préalable de la rédaction. L’exploitation intégrale ou partielle des annonces par des tiers non autorisés, notamment sur des services en ligne, est expressément interdite. Santos 100 moyen modèle www.cartier.com En 1904, Louis Cartier créa pour le pionnier de l’aviation Alberto Santos-Dumont, la première montre conçue pour être portée au poignet. 4 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 HÉRITAGE Nés dans les rouages Une nouvelle génération de patrons horlogers a émergé ces dix dernières années: à peine trentenaires ou jeune quarantenaire, ils ont été initiés très jeunes au monde des montres par leur mère, père ou grandpère. Ils auraient pu se contenter d’être les fils ou petits-fils de... Mais Christian Bédat, Massimo Macaluso ou Dossier réalisé par Isabelle Cerboneschi Photos: Véronique Botteron Marc A. Hayek ont choisi de se faire un prénom et de reprendre le flambeau horloger. Ils n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est d’avoir réussi à faire parler d’eux, en bien, dans ce microcosme peu enclin aux compliments. Le premier a suivi les traces de sa mère, Simone Bédat, cofondatrice de la société Raymond Weil. Avec elle, Christian Bédat il a fondé Bédat & Co, en 1996, alors que le marché ne les attendait pas. Dix ans plus tard, la société est propriété du groupe Gucci. On a connu pire comme destin. Le second, fils de Luigi Macaluso, a repris la marque Daniel JeanRichard, qui peinait à trouver sa place sur le marché, à l’ombre de la société mère Girard- Perregaux. Il a changé le nom en JeanRichard, modernisé intelligemment le look des montres, lancé un premier mouvement manufacture, le tout en à peine trois ans. Quant à Marc A. Hayek, neveu de Nick et petit-fils de Nicolas G., épicurien amateur en sourdine de cigares et de bons vins, il a déjà réussi à imprimer sa marque chez Président de Bédat & Co – Non, je ne pense pas. Ma mère m’a toujours dit: «Il n’y a pas de sot métier, mais tu dois faire un travail que tu aimes. Si cela te plaît, et si l’entreprise (Raymond Weil) existe toujours, tu pourras travailler avec nous, mais tu ne dois pas compter dessus.» Je savais que c’était une possibilité parmi d’autres. Je n’ai pas fait d’études horlogères pour autant. J’ai étudié les sciences économiques, j’ai fait des stages à l’étranger, comme la plupart des gens qui n’ont pas la chance d’avoir une entreprise familiale. Puis, au fur et à mesure de ma formation, grâce aux contacts horlogers que j’ai développés à l’étranger, je suis rentré chez Raymond Weil, de manière tout à fait naturelle. «Mon chemin n’était pas tout tracé» Les années passent, les rencontres se suivent et son discours à haut débit comme sa capacité d’émerveillement ne changent guère. Christian Bédat continue à s’enthousiasmer pour les montres qui sortent de son esprit, comme au premier jour. Comme en cet automne 1996, lorsqu’il nous expliquait le «concept» de la marque Bédat & Co qu’il venait de créer avec sa mère, Simone Bédat, elle-même cofondatrice de la société Raymond Weil dans les années 70. C’est à elle, sa maman, qu’il doit l’amour des montres. Et pas mal d’autres choses… – Quelle leçon avez-vous retenue de la carrière de votre mère, Simone Bédat? – Difficile d’en citer une en particulier… Concernant l’horlogerie, je dirais qu’elle m’a appris la rigueur du travail au quotidien, l’attention aux détails et surtout le fait d’aborder les problèmes comme on escalade une montagne: commencer à grimper, un pas après l’autre. – Qu’espérez-vous transmettre à vos enfants? – Les valeurs humaines que ma mère m’a transmises. Et surtout faire en sorte qu’ils gardent une certaine simplicité, même s’ils sont élevés dans un milieu assez favorisé… Ce qui n’a pas été mon cas. VERONIQUEBOTTERON.COM «Lancer une marque horlogère aujourd’hui, à moins d’un miracle, ça coûte des fortunes» Presque dix ans se sont écoulés depuis la création de cette marque que le marché n’attendait pas. Les collections ont grandi, les montres ont évolué, mais l’esprit n’a pas fondamentalement changé: «Mêmes aiguilles, même couronne, même typologie de cadran, même cuir, même logo à 8 h, même boucle déployante…» Christian Bédat, entre-temps, a eu cinq enfants, ses plus belles réussites, et a fait la couverture du magazine Forbes – une première pour un patron de l’horlogerie suisse. C’était en septembre 2000. En 2000, Bédat & Co a été rachetée par le groupe Gucci. Lui est resté président de la marque qui porte son nom. L’an passé, en 2005, il fut nommé directeur artistique de Gucci Group Watches. A charge pour lui de redonner aux montres Gucci une identité. Il lui arrive aussi de travailler comme consultant pour Boucheron, une autre marque du groupe. Blancpain dans un style «soto voce» aux antipodes de celui de son illustre grand-père. Tous les trois ont accepté de recevoir la photographe chez eux, afin de se montrer sous un jour moins attendu, loin des établis ou des bureaux stéréotypés. Trois rencontres, trois manières d’être, trois visions de l’horlogerie à long terme. Le jour de l’interview, Christian Bédat portait sa montre de tous les jours, un modèle qu’il a lancé en 2001: un double fuseau horaire «avec un mouvement signé Antoine Preziuso». Christian Bédat l’a fait sien en le dotant d’un bracelet de croco vert avec des coutures brunes. Il en est fier, de sa montre avec «ses quatre cornes rapportées, fixées dans la boîte, maintenues avec des vis, satinées, le petit biseau sur le fond, le bracelet 100% croco, chaque brin est rembordé, tressé…» Le mot qui reviendra le plus souvent dans sa bouche, ce jourlà, est «sublime». Le Temps: A quel âge a eu lieu votre premier contact avec le monde horloger? Christian Bédat: Je suis né dedans. Je me rappelle, quand j’étais tout petit et que ma mère travaillait pour la maison Camy, prendre le train avec elle pour aller à la Foire de Bâle, ou rendre visite à des fournisseurs dans le Jura. Il m’arrivait aussi d’aider maman à remettre à l’heure des montres digitales: il fallait appuyer sur des boutons. Elle me les apportait à la récréation… Je devais avoir à peine 11 ans. On peut dire que j’ai une longue expérience horlogère (rires). – Quelle fut votre première montre? – Une montre Camy. – Enfant, qui rêviez-vous de devenir plus tard? – Je ne crois pas que j’ai eu de rêve… Si, bien sûr, quand j’étais tout petit, je voulais être marchand de glaces, pour en manger autant que je voulais. Mais je n’ai pas souvenir de m’être jamais dit: «Quand je serai grand, je voudrais être ceci ou cela…» J’ai toujours vécu dans l’instant. – Votre chemin était-il tout tracé? – Quel regard portez-vous sur le marché actuel de l’horlogerie? – C’est un monde fondamentalement différent de celui que j’ai connu lorsque j’étais enfant. Lorsque ma mère et Monsieur Weil ont monté Raymond Weil, ils ne faisaient pas de plans stratégiques à cinq ans, de «recherche d’ADN»… Il fallait qu’ils gagnent leur vie et la seule chose qu’ils savaient faire, c’était des montres. Il se trouve que celles-ci ont plu. L’esprit d’entreprise a un peu disparu, comme les entrepreneurs, remplacés par des patrons venus d’autres industries. Cela ne veut pas dire que les produits ne sont pas bien faits: ils sont de bien meilleure qualité aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans. Les mouvements fonctionnent mieux; grâce à l’ordinateur, de nombreux problèmes ont disparu, la qualité s’est améliorée, mais il manque un peu d’âme. Et l’industrie souffre d’une suroffre. Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 5 HÉRITAGE Bédat & Co, Gucci et Boucheron, trois montres, trois univers Outre son titre de président de Bédat & Co, Christian Bédat a été nommé l’an passé directeur artistique des montres Gucci, en collaboration avec Jacques Philippe Auriol, président de Gucci Group Watches, et de Frida Giannini, directrice de la création Gucci, qui doit approuver tous les projets. Pas facile de faire le grand écart entre le côté purement «fashion» de la marque et une certaine légitimité horlogère. «En 2005, ce fut l’année des «cosmetic changes». Nous avons fait des cadrans avec des imprimés ton sur ton, la Flora notamment, en utilisant les codes de la maison, afin de créer une trame 100% Gucci. Nous avons essayé de nous rapprocher de l’univers mode de la marque: l’utilisation Quelques dates 21 juillet 1964 Naissance. 1987 Diplômé de HEC, Lausanne. 1990 Après deux ans chez Eco Swiss China Time à Hongkong, en charge de la production des montres «Benetton by Bulova», il entre chez Raymond Weil, société cofondée par Raymond Weil et sa mère, Simone Bédat, en 1975. 8 octobre 1996 Création de Bédat & Co avec Simone Bédat. 1997 Première Foire de Bâle de Bédat & Co. 8 décembre 2000 Rachat par le Gucci Group (85%). 2005 Nommé directeur artistique des montres Gucci. – Lorsque vous avez lancé Bédat & Co, il y avait déjà une suroffre… – Il n’y avait pas la place pour Bédat, en effet. Mais on l’a créée parce qu’on en avait envie. En 1996, on a fait un peu plus de recherches de positionnement, de stratégie marketing qu’en 1974, lors de la création de Raymond Weil, mais l’esprit était le même. – Quand on regarde l’horlogerie aujourd’hui où tout a été fait et toutes les formes inventées, comment se différencier? – L’une des possibilités est d’être complètement extravagant, sortir de la norme, comme l’a fait la marque Jacob par exemple. Mais avec le positionnement que nous avions choisi au départ – l’élégance, le raffinement intemporels – c’était impossible. Il nous fallait rester dans la normalité où il est beaucoup plus difficile de se différencier. Nous sommes donc partis sur des formes très classiques: le rond, le tonneau, le carré… Le consommateur qui apprécie l’esthétique de nos montres a besoin d’un nom très fort sur le cadran. Celui d’une marque qu’il accepte de porter. Or, il est des gens qui se ferment à tout ce qui n’appartient pas à l’«establishment». Notre travail, ces cinq prochaines années, est justement d’en faire partie. – Votre marque marche bien sur le marché américain, où vous avez percé très vite. En France, en Italie, ou même Suisse, la reconnaissance tarde à venir. Pourquoi? – Nous avons travaillé les marchés l’un après l’autre, pour des raisons de temps, mais aussi financières: lancer une marque horlogère aujourd’hui, à moins d’un miracle, ça coûte des fortunes! Il faut être prêt à investir et à perdre de l’argent pendant de nombreuses années pour percer. Quand nous avons commencé, nous avons investi beaucoup plus que notre chiffre d’affaires chaque année. Il faut aussi faire la différence entre «être vendu» et «exister». Etre vendu, c’est relativement simple: on trouvera toujours un détaillant à Rome, Milan, Paris, à qui vendre quelques pièces. Mais tant que la majorité des gens dans la rue ne connaissent pas notre nom, nous n’existons pas en tant que marque. du code couleur vert-rouge-vert, par exemple, qui est l’identité propre de Gucci. Les aiguilles ont été refaites: avec un petit G gravé sur le centre que l’on voit à peine. La couronne aussi: on a utilisé le même marquage que l’on voit sur les boutons. Mais pour moi, il est primordial de créer pour Gucci des produits qui ont un caractère plus horloger. Historiquement, la marque a une vraie raison d’être en horlogerie. Une collection plus «horlogère» va être lancée cette année à Bâle, avec notamment le modèle Guccio (ci-contre)», souligne Christian Bédat. Ce dernier avait également été mandaté pour aider le président de Boucheron, Jean-Christophe Bedos, à redéfinir l’identité des montres Boucheron. Les produits ont été dévoilés fin 2005. Un tout autre univers. «L’héritage de Boucheron en horlogerie, c’est la montre «Reflet» avec ses bracelets interchangeables. Il fallait redonner un coup de jeune, de raffinement à cette montre-là. L’idée que je me faisais de Boucheron était celle d’une marque de la place Vendôme, très aristocratie française. J’ai proposé un modèle classique rond extraplat et un autre carré. Ce n’est pas sa forme qui fait la différence, mais le travail du détail: la lunette clou de Paris, la tranche clou de Paris, le fond clou de Paris. Les aiguilles ont été retravaillées, le logo positionné à la verticale, et il y a cette élipse sur le cadran. Il fallait passer par ce classicisme pour pouvoir en sortir.» I. Ce. PUBLICITÉ – En 1998, vous affirmiez qu’une marque indépendante pouvait survivre hors d’un grand groupe. Pourtant, en 2000, Bédat & Co était racheté par Gucci… – Le rachat par Gucci n’était pas une fin en soi. C’était une étape dans la construction de la marque. Dans l’environnement «ennemi» dans lequel nous évoluions, combien de temps aurions-nous tenu seuls? Adossés à un grand groupe, nous avons le pouvoir de tenir sur les années… Encore faut-il que le groupe, dans sa stratégie, ait la vision, le désir de développer la marque. Mais il reste vrai qu’une maison indépendante, si elle a la surface nécessaire – je prends pour exemple Chopard – n’a besoin de personne. – De quelle création horlogère êtes-vous le plus fier? – Ma préférée, pour femme, reste la 308 avec le bracelet intégré; elle date de 1998, et ma femme la porte quasiment tous les jours. Pourtant, ce n’est pas mon bestseller. – Vous êtes un collectionneur de montres. Les portez-vous? – Je possède une collection de montres, mais je ne les mets jamais. Je ne porte que des Bédat & Co. Paradoxalement, je n’ai même pas un modèle de chacune de nos montres: je les porte quand elles sortent, je pars avec en voyage, puis je rencontre quelqu’un qui en tombe amoureux, je la lui donne, je la lui prête, bref, je ne la récupère jamais… I. Ce. L'horlogerie par Louis Vuitton. Tambour In Black, chronographe digital - analogique. Manufacturé dans Les Ateliers Horlogers Louis Vuitton. En vente exclusivement dans les magasins Louis Vuitton. Tél. 022 311 02 32 www.louisvuitton.com De gauche à droite: No 388, de la Collection No 3 de Bédat & Co, une nouvelle montre masculine de forme tonneau, avec un double fuseau horaire. Mouvement automatique ETA. La Guccio appartient à une nouvelle collection de montres Gucci qui sera présentée à Bâle. Classique avec un «twist», La Ronde de Boucheron, lancée fin 2005. 6 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 HÉRITAGE «Sans vision, notre famille n’aurait jamais rien fait» Bressel Alternativ Equipé du mouvement mécanique à remontage automatique manufacturé JR 1000, ce modèle affiche un visage classique avec un «twist». Son affichage décentré des heures et des minutes, de la date, de la réserve de marche et des secondes apporte cette touche de nonconformisme. Boîtier en acier de 42 mm. Réserve de marche d’environ 48 h. Bracelet en alligator avec boucle déployante. Chez lui, il y a des meubles vintage et des œuvres d’art contemporain. Massimo Macaluso est un esthète. On s’en doutait un peu en regardant ses montres: depuis qu’il a repris la direction de Daniel JeanRichard, en 2000, il a fait un travail de chirurgien plastique sur le visage des garde-temps, les a rajeunis, leur a redonné du mordant, de l’allure. Avec une modernité bien dosée, ses montres sont des urbaines à l’aise le jour et la nuit, comme un jean. Lifting réussi. Il ne s’est pas contenté de l’aspect extérieur: il a lancé un premier mouvement manufacturé en 2004. Greffe du cœur. Lors de l’entretien, Massimo Macaluso n’avait pas encore fêté ses 29 ans. Bien sûr, il n’est pas seul dans l’aventure: le groupe Sowind, à qui appartient la marque JeanRichard, est en mains parternelles. Mais quand même, 29 ans… Quand on lui demande de se raconter, le directeur de JeanRichard parle surtout de son père, Luigi Macaluso, qui a racheté la maison Girard-Perregaux en 1992. Un homme qui a compris très vite qu’une entreprise horlogère devait être complète, indépendante, et fabriquer ses propres mouvements. Quand on regarde le groupe aujourd’hui, la philosophie était plutôt payante. L’indépendance, c’est ce à quoi Massimo Macaluso aspire: financière, technique, et en termes de distribution. Il s’y dirige pas à pas. Il a tout le temps… – Quel est le modèle dont vous êtes le plus fier? – Ma pièce préférée est une montre carrée, la Paramount. Elle possède un mouvement manufacturé avec une réserve de marche linéaire. Mon père avait esquissé la ligne générale de la boîte en 1983-1984. Cette montre a été entièrement dessinée, conçue et développée à l’interne. C’est la première pièce que je sens vraiment mienne. – Quelle leçon retenez-vous de la carrière de votre père? – Mon père a des origines siciliennes, il n’est pas né dans un milieu aisé, il a fait tout un parcours pour arriver là où il est. La chose qu’il m’a souvent dite, c’est d’être humble avec les humbles et fort avec ceux qui sont forts. D’être déterminé, et d’avoir une vision à long terme. Sans vision, notre famille n’aurait jamais rien fait. A mon avis, il n’arrêtera jamais de travailler, mon père: il est trop passionné. J’espère juste qu’il prendra un peu plus de vacances… VERONIQUEBOTTERON.COM Le Temps: A quel âge a eu lieu votre premier contact avec l’horlogerie ? Massimo Macaluso: J’ai toujours respiré les montres. Mon père, comme mon grand-père, travaillait pour la filiale italienne d’Omega, avant de créer une société de distribution. C’était l’époque du boom horloger en Italie. Quand je sortais de l’école, je me rendais à son bureau, j’y faisais mes devoirs, je ne voyais que des montres. Mon père nous avait dit, à mon frère Stefano et – Oui, c’était le premier acte de la relative indépendance de JeanRichard. Il s’agissait d’un projet antérieur à ma venue. Pour développer un mouvement, il faut des années: on l’a sorti en 2004, on a commencé à travailler dessus en 1998. Moi, je ne suis arrivé dans le groupe qu’en 1999. Ce n’est pas le mouvement le plus innovant du monde, mais il nous permet d’être libres en termes de créativité technique. C’est une excellente base pour pouvoir ajouter des modules qui permettront des déclinaisons de complications. Massimo Macaluso Directeur général de JeanRichard à moi: «Soit vous détesterez les montres, soit vous tomberez amoureux.» Heureusement, je suis tombé amoureux. – Enfant, que vouliez-vous faire quand vous seriez grand? – Je voulais faire beaucoup de choses: jouer au football, faire des courses automobiles, c’était mon rêve. Je voulais aussi être architecte, comme mon père, et mon frère, mais il y en avait déjà trop dans la famille… J’ai fait de courtes études d’économie à l’Université à Turin, mais je ne les ai pas terminées. Je crois à la formation sur le terrain et j’ai eu de la chance car on m’a proposé de travailler très tôt: j’avais à peine 20 ans. D’un autre côté j’ai renoncé à beaucoup de choses: vivre à La Chaux-de-Fonds, ce n’est pas comme vivre à Milan ou Turin quand on a 20 ans. – Avez-vous repris JeanRichard par obligation familiale? – Mon père m’a dit un jour, comme tous les pères le font: «Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie? As-tu envie de m’aider?» J’avais un minimum d’éducation horlogère et il estimait qu’il était important qu’un membre de la famille s’occupe de cette marque. J’ai accepté, en posant quand même une condition: la possibilité de travailler avec une certaine liberté. – Une marque peu ou mal exploitée, c’était un joli terrain d’expérimentation pour un jeune homme de 23 ans. – Quand mon père a racheté Daniel JeanRichard à la fin des années 80, il cherchait une marque alternative à GirardPerregaux, une deuxième entité pour pouvoir satisfaire un marché de niche. Dans la réalité, il a fallu d’abord repositionner Quelques dates 4 avril 1977 Naissance. 1992 Rachat de Girard-Perregaux par la famille Macaluso. 1999 Entre chez Girard-Perregaux où il accomplit un parcours professionnel complet, du produit aux marchés. 2001 Participe au Championnat du monde des rallyes comme pilote. Août 2003 Nommé Managing Director de JeanRichard. 2004 Présente le JR 1000, premier mouvement manufacturé par JeanRichard. Girard-Perregaux sur le marché, et Daniel JeanRichard a été mis un peu de côté. Cette marque s’est beaucoup cherchée. Jusqu’au début des années 2000, quand mon père m’a proposé de m’y intéresser. En termes d’esthétique, nous ne voulions pas faire de JeanRichard un doublon et reproduire le schéma «Rolex-Tudor». Mon père craint d’être trop conditionné «GirardPerregaux». Alors, parfois, il détourne le regard, pour ne pas voir certaines choses… – Est-ce difficile de faire grandir une marque dans l’ombre de Girard- Perregaux? – Ce n’est pas une difficulté, c’est une aide. Pour bâtir une marque en Suisse, surtout aujourd’hui, il ne faut pas rêver de faire un carton d’un jour à l’autre. Les rares marques qui sont devenues rapidement de gros succès commerciaux, au niveau mondial, avaient un concept marketing très intéressant et des capacités financières immenses, comme Franck Muller ou Panerai par exemple. Nous n’avons pas ces moyens. Et je ne veux pas les avoir: je tiens à séparer financièrement JeanRichard de Girard-Perregaux. Sinon, la marque ne sera jamais indépendante. Cela signifie que sa capacité à grandir est limitée, mais je ne suis pas pressé: l’équipe est très jeune et j’ai tout le temps. Nous avons la chance d’avoir «une mère» qui s’appelle Girard-Perregaux, il faut en profiter, mais pas vivre dans son ombre. – Vous avez lancé un mouvement manufacture en 2004. Etait-ce une manière de vous affranchir techniquement de la maison mère? – Vous souvenez-vous de votre première montre? – La toute première, c’était une Casio avec un petit robot. J’avais 6 ans quand on me l’a donnée. Mais ma première véritable montre, à part des Swatch, c’était une Breitling Chronomat. Je l’ai reçue vers 11 ans. – Etes-vous collectionneur? – J’ai commencé une collection il y a cinq ans. Je dois avoir une cinquantaine de montres. Lorsque l’on est à ce point en contact avec l’industrie horlogère, acheter devient difficile: vous connaissez tous les fournisseurs, vous savez ce que font les autres marques, vous connaissez la valeur ajoutée de chaque pièce, et il arrive que des mythes s’effondrent… Je suis très attaché à la Monaco de TAG Heuer, l’ancienne version de 1969. Encore aujourd’hui elle est magnifique! Elle est liée à toute une époque… J’en possède deux. Je les porte parfois. Mais ça, il ne faut pas l’écrire… Propos recueillis par Isabelle Cerboneschi BLANCPAIN. TRADITION D’INNOVATION. DEPUIS 1735. La réalisation du quantième perpétuel demeure un défi pour les maîtres horlogers. Le «Villeret Quantième Perpétuel avec Correcteurs sous Cornes» (Réf. 6057-3642-53B) représente non seulement l’excellence de cette complication avec brio, mais affiche également une esthétique irréprochable grâce à ses correcteurs placés sous les cornes. Un modèle de savoir-faire alliant technique et pureté des lignes, réalisé par la Manufacture du Brassus. Système breveté de correcteurs sous cornes cmjn BLANCPAIN 6057 290x440 mm #60sq Calitho 03-06-3728 Magazine: Le Temps Hors Série (CH) Edition: 29.03.06 8 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 HÉRITAGE Quelques dates «Une montre est un art vivant, ça m’équilibre» Le Temps: A quel âge a eu lieu votre premier contact avec le monde horloger? Marc A. Hayek: Très tôt. Dès l’âge de 6-7 ans. Je voulais toujours m’arrêter devant les vitrines des bijoutiers pour voir les montres. C’est mon premier contact conscient. Après, ce fut l’époque Swatch: j’avais l’âge parfait,12-13 ans, pour m’y intéresser. Pour la première fois, il ne s’agissait plus simplement d’un objet pour lire le temps, mais d’un accessoire de mode, comme pouvait l’être une paire de Nike. – Quelle fut votre première montre? – Je pense que c’était une Tissot que ma grand-mère m’a offerte. Je l’ai toujours, chez mes grands-parents. – Enfant, qui rêviez-vous de devenir? – Quand j’étais tout jeune, je voulais être pêcheur. J’ai eu des passions qui se sont ajoutées à d’autres: la plongée, les motos, la mécanique automobile… Professionnellement, je ne pensais pas à un métier précis, mais je désirais construire quelque chose, avec comme moteur indispensable l’émotion. – C’est ce que vous avez fait en montant à Zurich le bar à vins Colors. Etait-ce une manière de prendre votre indépendance ? – Je voulais savoir ce que j’étais capable de faire. Le Swatch Group est un grand groupe: bien sûr, on peut toujours y créer. Mais je voulais faire quelque chose par moimême. Cette aventure aurait pu durer très longtemps, mais après trois ans, l’affaire était rodée. J’avais le projet d’adapter ce concept dans différentes villes, en commençant par Saint-Moritz. Puis l’opportunité de reprendre Blancpain s’est présentée. 1994 Assistant marketing et relations publiques Swatch. 1995 Département sponsoring de Certina. 1997 Ouvre à Zurich le Colors, un restaurant-bar à vins trendy qui remporte le Prix de la revue «Wine Spectator». 2001 Nommé directeur marketingvice-directeur de Blancpain. 2002 Nommé président de Blancpain. 2005 Rejoint la direction générale de Swatch Group. est semblable, nous avons pris des chemins stylistiques très différents: leur modèle est très classique, le nôtre, dans sa nouvelle version présentée ce printemps, est très sportif avec une boîte en titane qui améliore le son – on arrive à plus de 70 décibels. – Je me souviens surtout du réveil Breguet, pas du vôtre. Vous étiez en avance technologiquement, mais en termes de communication, ils ont pris les devants. – Oui, j’ai pris une leçon. Il n’était pas prévu que les choses se passent comme ça car nous aurions dû communiquer ensemble… Mais aujourd’hui, en termes de ventes, en quantité, nous les avons dépassés. – Si vous deviez retenir une leçon essentielle de la carrière de votre grand-père, quelle serait-elle? – J’ai beaucoup appris à ses côtés, sans vraiment le réaliser. C’est surtout sa passion que je retiendrais, et le fait qu’il s’amuse en travaillant. Même s’il lui arrive de s’énerver, il ne se prend pas au sérieux. Il m’a toujours dit: «Fais ce que tu veux. Fais quelque chose, mais peu importe le domaine.» VERONIQUEBOTTERON.COM Dans le bureau du président de Blancpain, il y a un coupe-cigare ancien et des cartons de bonnes bouteilles qui attendent d’être transportées ailleurs. C’est assez hétéroclite, mais cela cadre assez bien avec les goûts de Marc Alexander Hayek. De son père, Roland Weber, un industriel argovien, il a le goût des beaux vins; pas les châteaux bordelais tape-à-l’œil, mais des choses plus authentiques. Il a appris à aimer le dézaley, et à apprivoiser le fort caractère de certains côtes-durhône «un peu rustiques, et très honnêtes, pas faciles à boire». De son grand-père Nicolas G. Hayek, qu’il appelle «Senior» au bureau, il a aussi hérité l’amour des belles et bonnes choses. Celui des montres et des havanes. Si Nick G. était un opéra de Wagner, Marc A. serait plutôt un chant grégorien. Ou la note bleue de John Coltrane. Mais il avoue ne pas aimer les raccourcis. A l’âge de 26 ans, après avoir tâté de l’horlogerie au département marketing, il décide de prendre son destin en main et ouvre un bar à vins – le Colors – à Zurich. Avant qu’on lui fasse une offre difficile à refuser: reprendre Blancpain. En quelques années, Marc A. Hayek a donné à la marque un souffle nouveau, sans esbroufe. En 2004, le chiffre d’affaires de la maison était estimé à 100 millions de francs. Il serait passé à environ 120 millions, «dans ces eaux-là». Le patron de Blancpain n’est pas né dans le sérail horloger, mais celuici semble l’avoir adopté. A la fin de l’entretien, il dévoile des éléments de ce qui deviendra une collection pour femmes (lire p. 21). Il ne porte qu’une seule montre. Preuve qu’il est assez fier de son dernier opus: un quantième perpétuel dont la masse oscillante est gravée d’une feuille de tabac. Une pièce qui sera livrée dans un écrin en bois transformable en humidor, avec un coupe-cigare traditionnel. On ne se refait pas… 24 février 1971 Naissance. Marc A. Hayek – Vous êtes donc revenu dans le groupe… – Cette marque me fascinait depuis longtemps. On y trouve plus de passion, d’émotion que dans une marque moyen de gamme. Ces montres ne sont pas que des objets utiles. On part d’une fonction pure, puis on soigne les détails au point d’arriver à une œuvre d’art. Pour moi, il s’agit d’un art vivant. Ça me donne un équilibre. – C’est aussi une approche particulière du temps. Les jeunes générations n’ont souvent pas de montre, elles lisent l’heure sur leur portable. Pensez-vous qu’elles ont une perception différente de l’écoulement des heures? – Oui, pour moi, la lecture digitale du temps, indiquée simplement des chiffres, par exemple «1:35», engendre plus de stress. «Je dois faire ceci à telle heure, j’ai «x» minutes pour aller là…» On ne retrouve pas cette beauté du temps, liée à l’écoulement des saisons, qu’on peut sentir sur un cadran avec des aiguilles qui tournent. Mais c’est aussi une histoire de génération: lorsque j’étais plus jeune, je détestais m’ennuyer, et je percevais le temps qui passait trop lentement comme un ennemi. Je ne pouvais pas l’apprécier. – La renaissance de la marque Blancpain doit beaucoup au génie marketing de Jean-Claude Biver. Hormis la passion partagée du vin et des montres, votre approche est différente, vous avez notamment nettoyé le message publicitaire… – Comme lui, je viens du marketing et j’essaie de rester actif dans ce domaine. Mais pour moi, la beauté du marketing, c’est de réussir à communiquer une passion au consommateur. Avec une société comme la nôtre, il faut penser et travailler sur le long terme. Nous voulons bien sûr un succès rapide, mais pas au détriment du futur. Je travaille déjà sur des projets qui sortiront en 2010 ou 2011… Or, je ne peux pas construire demain avec des demivérités. Personnellement, si j’achète quelque chose – que cela coûte 5 francs ou 5000 francs –, si j’ai l’impression que ça les vaut, je suis content. Sinon, j’ai le sentiment d’être floué, même pour un objet à 5 francs. Une publicité exagérera toujours les côtés positifs d’un produit, c’est normal, mais il ne faut pas prendre de raccourcis. – Au sein du groupe, la marque Blancpain est la plus proche concurrente de Breguet, à la tête de qui on trouve Nicolas G. Hayek, votre grand-père. Vous êtes dans Président de Blancpain Le nouveau Quantième perpétuel GMT Havana de Blancpain, avec son système de «correcteurs sous cornes», affiche un second fuseau horaire et une phase de lune à 6 h. Au cœur de son boîtier en platine, un mouvement mécanique à remontage automatique, dont la masse oscillante en or jaune est gravée à la main d’un motif nervuré évoquant une feuille de tabac. Cent heures de réserve de marche. Etanchéité à 100 m. Une édition limitée à 150 pièces qui sera livrée dans un écrin de bois en noyer transformable en Humidor, avec un coupe-cigare traditionnel en bronze qui évoque les anciens tours d’horloger. – Vous êtes proche de lui, au point de porter son nom, et non celui de votre père. Comment avez-vous pu changer de patronyme? – Je l’ai fait avec l’accord de mon père. Ma mère avait repris son nom de jeune fille après son divorce, et comme je vivais avec elle et mes grands-parents, à chaque déménagement, chaque changement d’école, on me demandait pourquoi je portais un nom différent. Cela facilitait les explications. un rapport de concurrence avec lui, comment le vivez-vous? – (Il éclate de rire.) C’est assez passionnant! Les deux marques ont une identité différente, et le consommateur le perçoit. Mais dans certains pays, elles sont en concurrence directe. Et avec toute l’expérience et le punch de Senior, c’est une concurrence très difficile! Cette année, nous avons eu un taux de croissance très bon et, sur le marché chinois, nous avons une position plus forte que Breguet. Ça fait plaisir! Mais je sais qu’il s’est réveillé… Je sens que ça va être dur! – Etes-vous un collectionneur de montres? – Je ne suis pas un collectionneur classique. Je veux pouvoir profiter des choses: je ne conçois pas de laisser une bouteille dans une cave en me disant que je l’ouvrirai dans dix ans, ni de mettre une montre au coffre en pensant qu’elle prendra de la valeur. J’achète par passion et pour le plaisir. Je suis fasciné par les montres de Vincent Calabrese. J’adore essayer de comprendre comment elles fonctionnent; elles sont si différentes! J’ai aussi une grande admiration pour Philippe Dufour. Avec eux, ce n’est pas parce qu’on fait les choses de telle manière depuis 200 ou 300 ans, que cela doit rester figé. Ils osent explorer d’autres possibilités. Ça réveille! – Dans le domaine de la recherche et du développement, y a-t-il des priorités pour Breguet? – Au sein du groupe, il existe un département qui fait de la recherche dans les domaines high-tech, les écrans tactiles, le GPS, la téléphonie… Mais pas pour les marques de luxe. Il n’y a pas de développements communs, à l’exception de la montre réveil, sortie en 2003. Breguet et Blancpain ont travaillé en parallèle pendant deux ans sur un même projet. Mais comme le développement chez Blancpain était plus avancé, nous avons intégré les résultats pour arriver à un mouvement commun, sur une base Frédéric Piguet. Si le mouvement – Quel est le modèle dont vous êtes le plus fier ? – Je suis fier quand un passionné de longue date de Blancpain me dit: «Ça c’est bien fait. Ça c’est du vrai Blancpain.» Ce fut le cas avec l’équation marchante du temps que nous avons lancée en 2004. Je suis aussi fier de la montre que je porte: un quantième perpétuel très classique, très pur, mais si vous regardez bien, la masse est gravée à la main avec une feuille de tabac. Quand on grave avec une machine, on arrive à quelque chose de plus précis, mais qui n’a pas d’âme, qui n’a pas cette beauté. Propos recueillis par Isabelle Cerboneschi The Original Chronograph The original design legend since 1962 Lunette en métal dur, verre saphir, couronne vissée avec protection, étanche à 100 mètres / 333ft., fonctions chronographe ADD et SPLIT, mouvement chronographe au 1/10 de seconde. www.rado.com Tél. 032 655 61 21 10 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 AVANT-PREMIÈRES Quand les montres tiennent salon DeWitt Plein feu sur les nouvelles montres et collections 2006 qui seront dévoilées dès demain et pour dix jours tant à BaselWorld qu’au Salon international de la haute horlogerie de Genève (SIHH). Par Michel Jeannot/BIPH Academia Tourbillon Force Constante Première mondiale objet d’un dépôt de brevet que ce tourbillon à force constante signé DeWitt. Pour tendre vers une régulation absolue, le tourbillon est ici associé à un dispositif de force constante, conçu pour transmettre à ce même organe régulateur des impulsions d’une énergie identique pour un contrôle optimal de la force, quel que soit le niveau de remontage. Affichage des heures et minutes décentré. Boîtier en platine étanche à 30 mètres. Edition limitée de 25 pièces. CHF 252 800.–. Girard-Perregaux ww.tc Heure du Monde Calendrier Perpétuel La ww.tc, l’un des modèles icônes de la marque chauxde-fonnière, est présentée cette année dans une version à calendrier perpétuel. Le mouvement mécanique à remontage automatique GP33Q0 affiche, outre les heures du monde avec disque jour/nuit, les indications du jour de la semaine, du mois, de la phase lunaire sur un cycle de quatre ans dont l’année bissextile. Boîtier en or jaune étanche à 30 mètres, glace saphir et fond vitré vissé. CHF 63 000.–. FRÉDÉRIC LUCA LANDI Les professionnels et le public – celui-ci n’est admis qu’à BaselWorld – découvriront, lors des deux plus importants rendez-vous mondiaux de la branche, plusieurs milliers de nouveaux modèles qui rythmeront l’actualité horlogère durant les mois à venir. De ce premier échantillon – évidemment non exhaustif – sur lequel nous levons le voile, les véritables amateurs retiendront qu’au-delà des designs originaux et des matériaux inédits, les cœurs de ces garde-temps battent souvent au rythme de mouvements novateurs et toujours plus performants. Montblanc ▲ Pierre Kunz complications Seconde Virevoltante Rétrograde A droite, l’Emperador forme coussin de Piaget (lire ci-contre), à gauche, la Seconde virevoltante Rétrograde signée Pierre Kunz (lire ci-contre). Au centre, le dos de la Grande Sonnerie de François-Paul Journe (lire page 37). Nouvelle complication et nouvelle fonction rétrograde en première mondiale pour ce modèle en or rouge 18 ct signé Pierre Kunz. L’aiguille des secondes se meut sur un axe transversal et réalise un looping de près de 420 degrés avant de revenir dans sa position initiale en 5 centièmes de seconde. Heures et minutes sur deux compteurs. Mouvement mécanique à remontage automatique. Etanchéité à 30 mètres. CHF 24 000.–. ▲ Piaget Emperador forme coussin Boîtier en or rose 18 ct pour cette Emperador abritant le nouveau mouvement mécanique à remontage automatique manufacture Piaget 850P. Doté de deux barillets, ce calibre dispose de 72 heures de réserve de marche. Cadran argenté, centre guilloché grain d’orge avec fonctions heures, minutes, petite seconde à 4 h 30, date à guichet à 12 h et second fuseau horaire avec indicateur jour/nuit à 7 h 30. CHF 21 000.–. Montblanc fête ses 100 ans d’existence en présentant ce chronographe doublé d’une fonction GMT et d’un calendrier perpétuel. Mouvement mécanique à remontage automatique certifié chronomètre COSC. Un diamant Montblanc breveté de 43 facettes taillé à l’image de la légendaire étoile de la marque pare la couronne dotée d’un système de sécurité empêchant toute correction involontaire de la date et du GMT. Boîtier en or rose 18 ct de 43 mm de diamètre, étanche à 30 mètres, glace et fond saphir. CHF 48 100.–. Antoine Preziuso Baume & Mercier Répétition Minutes «Big Ben» Classima Executive L, Heures sautantes Ce nouveau garde-temps au look intemporel, avec heures sautantes, vient renforcer la ligne Classima. Il est doté d’un mouvement automatique Dubois Dépraz enchâssé dans un boîtier en or rose de 39 mm gravé du fameux symbole phi sur le fond. Son cadran noir est orné d’un décor guilloché soleil satiné. Une édition limitée de 176 pièces sera lancée sur le marché en juin. CHF 9500.–. Star Chrono GMT Perpetual Calendar Photographies et stylisme: Frédéric Luca Landi Réalisation: Isabelle Cerboneschi PHOTOS: DR Sobre et imposante, la «Big Ben» d’Antoine Preziuso abrite un ancien mouvement de montre de poche de 1920 patiemment restauré. Ce mouvement à répétition des heures, des minutes et des quarts est logé dans un imposant boîtier en or jaune de 50 mm de diamètre. A noter l’absence du traditionnel verrou de déclenchement, remplacé ici par une lunette tournante brevetée par Antoine Preziuso (brevet N° 1629/92). CHF 95 000.–. IO, COMANDANTE DEL TEMPO. Radiomir 45 mm Reserve de Marche 8 Jours Acier Poli PANERAI www.panerai.com Laboratoire d’idées. ASCONA: CHARLY ZENGER • BÂLE: MEZGER • CRANS-SUR-SIERRE: CRANS PRESTIGE • GENÈVE: LES AMBASSADEURS; CHRONOMÉTRIE KUNZ • INTERLAKEN: KIRCHHOFER • LUGANO: BUCHERER • NEUCHÂTEL: MICHAUD • ST. MORITZ: LA SERLAS • ZERMATT: SCHINDLER • ZURICH: LES AMBASSADEURS; BUCHERER 12 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 complications AVANT-PREMIÈRES Daniel Roth Patek Philippe Quantième Perpétuel Instantané Chronographe à Quantième Annuel Réf 5960P La nouvelle version du Quantième Perpétuel Instantané de Daniel Roth est équipée du Calibre DR 114, un mouvement mécanique à remontage automatique affichant les indications heures et minutes, jour de la semaine, mois, date et année bissextile. La difficulté réside dans le saut instantané de toutes les fonctions à minuit, en comparaison de nombreux quantièmes dont les indications changent graduellement pendant plusieurs heures. Le boîtier est disponible en or ou en platine. Cadran squelette en or 18 ct laissant entrevoir les finitions soignées du mouvement. Fond saphir vissé. Etanchéité à 30 mètres. CHF 81 650.–. Ce nouveau modèle marquera l’histoire de Patek Philippe puisqu’il abrite le premier mouvement chronographe automatique entièrement conçu et développé dans les ateliers de la manufacture genevoise. Ce nouveau calibre chronographe CH 28-520 IRM QA 24H est un mouvement mécanique à remontage automatique avec chronographe à roue à colonnes doté d’une fonction flyback, affichage de la réserve de marche, quantième annuel et indicateur jour/nuit. A noter les totalisateurs des heures et des minutes regroupés sur un mono-compteur occupant la partie inférieure du cadran. Grande seconde au centre servant également d’aiguille de seconde chronographe. La partie supérieure du cadran est le domaine du quantième avec les indications jour de la semaine, date et mois dans trois guichets. Boîtier en platine de 40,5 mm de diamètre, glace et fond saphir, diamant serti à 6 h. CHF 62 000.–. A. Lange & Söhne Datograph Perpétuel Cartier Tortue XL Tourbillon Ascensionnel Roger Dubuis Excalibur EX45 01 Issu de la Collection Privée Cartier Paris, ce modèle Tortue XL Tourbillon Ascensionnel abrite un mouvement mécanique manufacture à remontage manuel disposant de 72 heures de réserve de marche. Outre le tourbillon, fonctions heures et minutes rétrogrades. Cadran en or 18 ct guilloché argenté, rosace centrale, chiffres romains et arabes. Boîtier en platine étanche à 30 mètres, glace minérale et fond saphir. Série limitée et numérotée de 50 pièces. CHF 190 000.– (prix indicatif). Dans la collection Excalibur, la dixième chez Roger Dubuis, ce modèle EX45 01 est animé par le nouveau mouvement mécanique à remontage manuel RD01. Heures sautantes, minutes traînantes et rétrogrades sur la partie supérieure du cadran en nacre noire. Dans la partie inférieure, deux tourbillons travaillant dans un sens de rotation opposé l’un à l’autre, avec différentiel. Edition limitée à 28 pièces. CHF 239 400.–. Animé par le nouveau Calibre Lange L952.1, mouvement mécanique à remontage automatique, le Datograph Perpétuel est un chronographe avec fonction flyback doublé d’un quantième perpétuel avec grande date, phases de Lune, jour de la semaine, mois, année bissextile, petites secondes avec arrêt seconde et indicateur jour/nuit. A noter le poussoir principal pour une correction simultanée des fonctions du quantième et les poussoirs intégrés pour leur correction indépendante ainsi que les deux poussoirs chronographe. Boîtier en platine avec glace et fond saphir. CHF 115 000.– (prix indicatif). Longines Lindbergh Hour Angle Watch Après son vol solo de 1927, Charles Lindbergh réalisa le dessin de la montre à angle horaire qui fut ensuite produite par Longines. La marque de Saint-Imier la réédite cette année avec son gabarit original de 47,5 mm de diamètre. Mouvement mécanique à remontage automatique. Fonctions heures, minutes, secondes, indication de la longitude (degrés et minute d’arc), cadran central mobile pour synchronisation de la seconde avec un signal horaire radiodiffusé, lunette tournante permettant de corriger l’équation du temps. Boîtier en acier, glace saphir, fond à couvercle amovible, gravé, s’ouvrant sur une glace saphir. CHF 4500.–. Piaget Polo Tourbillon Relatif Ce nouveau modèle Polo Tourbillon Relatif allie magie visuelle et prouesse technique. De par son positionnement inédit à l’extrémité de l’aiguille des minutes, la cage de ce tourbillon volant – composée de 42 éléments pour un poids de 0,2 gramme – semble non solidaire du mécanisme qui l’entraîne, naturellement placé sous le cadran. La lecture des heures s’effectue par un disque central tandis que l’aiguille des minutes emporte dans sa rotation horaire la cage de ce tourbillon volant. Mouvement tourbillon manufacture Piaget calibre 608P disposant de 70 heures de réserve de marche. Boîtier Polo en or gris de 45 mm de diamètre étanche à 30 mètres. CHF 270 000.–. Richard Mille RM 014 Issu de la nouvelle collection Marine, ce tourbillon RM 014 offre les fonctions heures, minutes, réserve de marche, indicateur de couple et sélecteur de fonction qui permet, en appuyant sur un poussoir au centre de la couronne, de sélectionner la fonction désirée (neutre, remontage, changement d’heure). Par ailleurs, ce nouveau modèle nautique est doté d’un mécanisme de mise à l’heure modulaire, situé côté fond. Boîtier en titane, platine en fibre de carbone et pont de centre en ARCAP rigidifié. Glace et fond saphir. Prix non communiqué. P LUS DE 250 ANS D ’ HISTOIRE ININTERROMPUE © Francis G.Mayer/CORBIS 1776. Lorsque la Déclaration d’indépendance des États-Unis fut signée, Vacheron Constantion avait 21 ans. PATRIMONY COMTEMPORAINE Mouvement mécanique à remontage manuel. Calibre 1400 Poinçon de Genève. Boîtier or rose 40 mm. Cadran opalin et index appliques en or rose. www.vacheron-constantin.com 81180/000R9159 Boutique Va c h e r o n Constantin 7, Quai de l’Île 12 0 4 Genève Tél. 0 2 2 31 6 1 7 4 0 Fax 0 2 2 31 6 1 7 41 Ascona: Tettamanti Chiasso: Mariotta Crans-sur-Sierre: Crans Prestige Davos: Chronometrie Mommers Genève: Les Ambassadeurs • Air Watch Center • Chimento Gstaad: Weber Interlaken: Kirchhofer Lugano: Les Ambassadeurs • Mersmann Luzern: Embassy Montreux: Zbinden Reinach: Wagner Juwelier Samnaun: Boutique Montana St. Gallen: Labhart St. Moritz: Les Ambassadeurs Zermatt: Schindler Zug: Rösselet Zürich: Les Ambassadeurs • Meiste r • Türler 14 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 high-tech AVANT-PREMIÈRES IWC Montre d’Aviateur Double Chronographe En 1986 déjà, IWC avait présenté un modèle Da Vinci avec boîtier noir en oxyde de zirconium. Cette céramique high-tech, quatre fois plus dure et résistante aux rayures que l’acier, est taillée dans la masse, en opposition à d’autres modèles en céramique injectée. Boîtier en céramique, couronne et poussoir en titane gris, verre saphir bombé. Cette nouvelle venue présente un boîtier de 44 mm et abrite le mouvement chronographe automatique calibre 79230 doté d’un mécanisme à rattrapante qui permet de mesurer des temps intermédiaires. Edition limitée à 1000 exemplaires. CHF 12 500.–. Urwerk Blackbird FRÉDÉRIC LUCA LANDI Avec ses quatre satellites mobiles en titane grade 2 pour une lecture de l’heure inédite, la nouvelle version du modèle 103 signé Urwerk propose un boîtier en platine avec traitement noir PE-CVD (Plasma EnhancedChemical Vapor Deposition). Calibre 3.03, mouvement mécanique à remontage manuel. Au dos du boîtier, un tableau de bord en titane grade 5 avec indication de la réserve de marche, réglage fin ainsi que deux compteurs 15 minutes et 60 secondes. Edition limitée à 10 exemplaires. CHF 118 000.–. ▲ Chopard L.U.C Tech Régulateur Jaeger-LeCoultre AMVOX2 Chronograph Concept Né du partenariat de la manufacture du Sentier avec Aston Martin, ce modèle crée une petite révolution avec son chronographe à déclenchement vertical par bascule du boîtier, breveté Jaeger-LeCoultre. Les poussoirs caractéristiques du mécanisme chronographe ont disparu. A la place, un ingénieux mécanisme permet la mise en marche, l’arrêt et la remise à zéro par simples pressions sur la glace saphir de la montre. Mouvement mécanique à remontage automatique, Calibre Jaeger-LeCoultre 751B. Cadran noir et ruthénium. Boîtier de 44 mm en titane et acier étanche à 50 mètres. CHF 16 900.–. On n’attendait pas Chopard sur ce terrain: la manufacture de Fleurier surprend avec cette nouvelle L.U.C Tech Régulateur en acier poli. Un look très contemporain, avec un affichage et un jeu de couleurs originaux, pour habiller ce garde-temps de 39,5 mm de diamètre. Le cadran ajouré permet d’entrevoir les détails du mouvement. Les affichages du régulateur – minute au centre, heure à 3 h, seconde à 6 h – forment une composition géométrique animée par des aiguilles «Dauphine» en acier bleui évidées. A 9 h, un second fuseau horaire sur 24 heures, avec zones jour/nuit, se règle à l’aide d’un poussoir. Le mouvement mécanique à remontage manuel L.U.C à quatre barillets est certifié chronomètre COSC. Il possède une réserve de marche de 9 jours qui s’affiche sur le cadran à 12 h. Une édition en série limitée de 250 pièces. CHF 34 460.–. Montre Chopard L.U.C Tech Régulateur (lire ci-contre). Chemise et blouson de cuir collection hommes Thierry Mugler. Herios TriRetrograde Seconds Skeleton De Grisogono FG One FG pour Fawaz Gruosi, lequel s’aventure volontiers hors des sentiers battus à l’image de sa dernièrenée. Boîtier rectangulaire bombé en acier/ acier noirci de 58 mm de longueur avec couronne à 12 h pour préserver l’esthétique de l’ensemble. Mouvement automatique avec module additionnel exclusif de Grisogono. Dans le cadran supérieur rond: minute rétrograde sur 230°, heure dans le guichet à 12 h, second fuseau horaire traînant dans le guichet à 6 h. Le cadran inférieur accueille un affichage rétrograde de la seconde et un guichet jour/nuit coordonné avec le second fuseau horaire. CHF 14 000.–. Nouveau venu dans les collections Milus, ce modèle se caractérise par ses secondes rétrogrades sur trois secteurs. La première aiguille des secondes, située sur un secteur à 6 h, effectue un parcours de 20 secondes et revient instantanément à son point de départ alors que la deuxième, à 10 h, prend le relais avant que la troisième, à 2 h, ne termine la minute. Mouvement mécanique à remontage automatique avec fonctions heures. Minutes et secondes rétrogrades. Cadran laqué noir avec ouverture circulaire laissant apparaître les composants du mouvement. Boîtier en acier étanche à 30 mètres. CHF 8400.–. Rado Sintra XXL Ventura v-tec MGS Œuvre du designer suisse Paolo Fancelli, la nouvelle v-tec MGS se caractérise par son microgénérateur – visible sur le haut du boîtier – qui fournit l’énergie nécessaire à la montre en lieu et place de la pile au lithium conventionnelle qui fait battre les mouvements à quartz. Cette source d’énergie renouvelable à l’infini s’intègre dans un boîtier ergonomique en Titanox avec affichage incliné vers le porteur. Développé et breveté par Ventura, le système d’exploitation EasySkroll offre l’accès à toutes les fonctions via une molette centrale. Disponibilité dans les points de vente: fin 2006. Prix non communiqué. Milus Movado Sapphire Pour ses 125 ans, Movado mise sur une valeur sûre en proposant une nouvelle version de sa célèbre montre Museum. La Movado Sapphire, édition limitée 2006, se singularise par son verre saphir plat, métallisé sombre, qui rejoint les bords du boîtier en acier et recouvre le célèbre cadran Museum noir. Fond gravé du logo commémoratif Movado M125. Mouvement à quartz. Etanchéité à 30 mètres. Deux tailles disponibles. CHF 1 095.– (prix indicatif). Esthétique et dynamisme: tel était le cahier des charges. Au final, la Rado Sintra XXL présente un boîtier et un bracelet en céramique high-tech inrayable de couleur platine ou noire, une glace saphir métallisée bombée au-dessus du cadran et un verre saphir métallisé gravé au laser pour admirer la masse oscillante du mouvement automatique. A noter sur le cadran le logo rouge avec une ancre mobile stylisée pour indiquer comme toujours chez Rado que le mouvement est automatique. Fonctions heures, minutes, secondes et date. CHF 3200.– (prix indicatif). BOUTIQU ES de GRISOGONO G E N È V E : 27 , R U E D U R H Ô N E - T É L . 02 2 317 10 8 2 ST M O R I T Z : B A D R U T T ’ S PA L AC E - 27 , V I A S E R L A S - T É L . 0 81 8 3 3 5 4 5 0 G STA A D : H OT E L G STA A D PA L AC E - T É L . 0 3 3 74 4 14 6 0 Z Ü R I C H : L A S E R L A S - B A H N H O F ST R A S S E 2 5 - T É L . 0 4 4 212 0 6 0 8 G E N È V E - G S TA A D - H O N G K O N G - K O W E I T - L O N D R E S - M O S C O U M Y K O N O S - N E W Y O R K - PA R I S - P O R T O C E R V O - R O M E - S T M O R I T Z w w w. d e g r i s o g o n o . c o m 16 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 classiques AVANT-PREMIÈRES Jaquet Droz Grande Seconde Email Noir Ce boîtier en or gris 18 ct de 43 mm de diamètre abrite le calibre Jaquet Droz 2663, mouvement mécanique à remontage automatique à double barillet pour une réserve de marche de 68 heures. Cadran émail «grand feu» noir fait main. Indications heures et minutes décentrées, compteur grande seconde. Numéro individuel de la série limitée à 88 pièces peint sur le cadran et gravé sur le fond du boîtier. Etanchéité à 30 mètres. CHF 24 000.–. Hermès Heure H Ronde FRÉDÉRIC LUCA LANDI Comment faire d’une montre carrée une montre ronde? L’emblématique Heure H avec son boîtier carré et ses attaches dessinant l’initiale de la maison a été revisitée et s’est arrondie. Voici donc l’Heure H Ronde: boîtier en acier de 40 mm de diamètre, cadran guilloché soleil, glace saphir. Fonction heures, minutes, secondes et date. Mouvement à quartz. Bracelet cuir Hermès avec boucle déployante. Etanchéité à 50 mètres. CHF 1950.–. Longines La Grande Classique Andrea porte une Patrimony 40 mm, Vacheron Constantin (lire ci-contre). Sur le plateau, une série de montres historiques appartenant à la collection Patrimoine de Vacheron Constantin. Trench et chemise noire Udo Edling. Breguet Classique 5197 On peut être une marque de tradition et tirer le meilleur parti des dernières avancées technologiques. Ce modèle Classique 5197 abrite le nouveau mouvement extra-plat à double barillet Breguet 591.A intégrant – en grande première – un échappement complet (spiral, ancre et roue d’échappement) en silicium. Boîtier en or jaune 18 ct, cadran en or argenté 18 ct, fond saphir, étanchéité à 30 mètres. Prix sur demande. ▲ Vacheron Constantin D’une grande finesse, le boîtier en acier de ce modèle «Maxi» pour homme (diamètre 37 mm, épaisseur 4,5 mm) est serti de 72 diamants. Glace saphir, cadran noir laqué serti de 12 diamants et aiguilles argentées. Mouvement à quartz. Etanchéité à 30 mètres. CHF 4450.–. Patrimony 40 mm Une nouvelle version de la Patrimony, avec un boîtier en or gris 18 ct, cadran soleil, aiguilles et index en or. Elle est dotée d’un mouvement mécanique, à remontage automatique, cal. 2450, Poinçon de Genève. Date dans guichet à 6 h, seconde centrale, masse en or 22 ct décorée. Bracelet en alligator cuir, boucle ardillon en or gris 18 ct. Prix public hors taxes: CHF 19 000.–. Vulcain Golden Voice Boîtier classique en acier de 39 mm, mais nouveau son «doux» pour cette Golden Voice de Vulcain, spécialiste de la montre alarme-réveil. Rappel-vibreur plus que réveil dans cette nouvelle configuration Golden Voice, le calibre manufacture Vulcain V-10, mouvement mécanique à remontage manuel à deux barillets, garde l’essentiel Van Cleef & Arpels Tissot Monsieur Arpels Latérale Sculpture Line Inspirée d’un modèle dessiné en 1949 par Pierre Arpels, ce modèle aux lignes très pures et au look néoclassique se dote d’une petite coquetterie horlogère, un secret réservé à son futur possesseur: l’indication de la réserve de marche a quitté le cadran pour venir se nicher sur le côté de la montre. Elle se lit latéralement, à travers une fenêtre, d’où le nom de la montre. CHF 7300.–. Cette montre carrée au boîtier en or jaune est l’évolution d’un modèle des années 50. Elle indique juste le nécessaire: heure, minutes, secondes, date à 3 h. Mouvement à quartz ETA. Bracelet noir ou brun. Etanche à 30 mètres. CHF 1995.–. Vacheron Constantin Patrimony Excellence Platine Dorénavant tout modèle créé en platine par Vacheron Constantin sera initialement produit dans une collection à diffusion restreinte – Collection Excellence Platine – destinée aux collectionneurs. Les trois signes distinctifs de cette collection? Un cadran en platine massif arborant l’inscription «PT950», un boîtier en platine et une boucle déployante dans le même métal noble. A l’image de cette Patrimony (40 mm de diamètre) qui abrite le calibre 1400, mouvement mécanique à remontage manuel. Etanchéité à 30 mètres. Edition limitée à 150 exemplaires. CHF 32 200.– (hors taxe). des caractéristiques qui ont fait sa légende. Le cadran se singularise par son disque tournant intérieur pour le réglage de la fonction rappel-vibreur. CHF 3700.–. XMM 0$& 2EV'DE'-4 #(&RAN AIS ,E4EMPSDELgHORLOGERIE ? 2%6%23/'2!.$%'-4,ÏGENDAIREMONTRERÏVERSIBLERÏSERVEDEMARCHEDEJOURSDEUXIÒMEFUSEAU HORAIREAVECRÏFÏRENTIEL'-4 -OUVEMENTMÏCANIQUEENTIÒREMENTMANUFACTURÏPAR*AEGER,E#OULTRE ,EREFLETDÏVOILELgINTÏRIEURDELAMONTRE -ANUFACTURE*AEGER,E#OULTRE6ALLÏEDE*OUX3UISSEDEPUIS 0OURINFORMATIONWWWJAEGERLECOULTRECOM 18 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 urbaines AVANT-PREMIÈRES Panerai Radiomir Jaeger-LeCoultre Squadra World Chronograph Le 75e anniversaire de la Reverso est célébré chez Jaeger-LeCoultre par l’arrivée de nouvelles lignes susceptibles de donner un coup de turbo supplémentaire aux ventes de la collection phare. A l’image de la nouvelle ligne Squadra, sportive, urbaine et plus imposante, dont est issu ce modèle produit en édition limitée de 1500 pièces. Boîtier en titane et bracelet cuir ou caoutchouc. Fonction chronographe, grande date et indicateur 24 h au recto, indication du temps universel au verso par disque central transparent permettant de lire instantanément l’heure dans chacun des fuseaux horaires du globe. Nouveau mouvement mécanique à remontage manuel, Calibre Jaeger-LeCoultre 753. Etanchéité à 30 mètres. CHF 16 200.–. FRÉDÉRIC LUCA LANDI Le boîtier de forme coussin de cette Radiomir en or rose 18 ct reprend le design des premières montres créées par Panerai pour la Marine royale italienne. D’un diamètre de 45 mm, il se caractérise par ses anses à fil amovibles (brevet Officine Panerai), sa couronne vissée et son verre saphir de 1,9 mm d’épaisseur. Mouvement mécanique à remontage automatique, calibre Panerai OP X. Cadran noir, type «sandwich» avec graduations à bâtonnets et chiffres arabes. Etanchéité à 100 mètres. CHF 14 500.– (prix indicatif). ▲ JeanRichard Paramount Sebring Omega De Ville X2 Big Date Co-Axial Inspirée de l’Omega Cosmic de 1952 et redimensionnée (35 mm), la nouvelle De Ville en or rose 18 ct abrite le calibre automatique Omega 2610. Certifié chronomètre COSC, ce mouvement dispose d’une réserve de marche de 48 heures et est doté de l’échappement exclusif Omega Co-Axial. Sur le cadran noir, les index appliques et les aiguilles sont en or rouge 18 ct. Grande date à 3 h. Etanchéité à 50 mètres. CHF 12 500.–. Andrea porte une montre Paramount Sebring, JeanRichard (lire ci-contre). Costume, chemise et cravate Thierry Mugler. Boots Francesco Smalto by Franck Boclet. Ce modèle à la forte personnalité, avec son boîtier en acier brossé carré de 36,3 mm et son cadran noir, est doté du mouvement manufacture JR1000 lancé en 2004. Un mouvement mécanique à remontage automatique qui bat à une fréquence de 28 800 alternances par heure. Sur le cadran doté de chiffre arabes luminescents s’affiche une réserve de marche linéaire à 1 h 30 et la date à 7 h 30. Existe également avec un cadran argent. CHF 7500.–. Audemars Piguet Millenary Or rose Le temps est à l’ovale cette année chez Audemars Piguet. Ce modèle Millenary en or rose abrite le nouveau calibre manufacture 3120, mouvement mécanique à remontage automatique disposant de 60 heures de réserve de marche. Boîtier en or rose 18 ct de 45 mm, glace et fond saphir, cadran laqué brun avec minuterie bleu clair. Fonctions heures, minutes, secondes et date à guichet. Etanchéité à 20 mètres. CHF 22 900.–. Rodolphe Instinct Chrono 180° Bulgari Bulgari-Bulgari L’emblématique modèle Bulgari-Bulgari est désormais proposé dans un boîtier en or rose incurvé de 41 mm de diamètre. Cadran satiné soleil enrichi d’un guillochage et de motifs Côtes de Genève. Mouvement mécanique Frédéric Piguet à remontage manuel, personnalisé par Bulgari, disposant de 72 heures de réserve de marche. Etanchéité à 30 mètres. CHF 16 500.–. Charriol Alexandre XL Chrono Charriol conjugue féminité et chronographe avec ce modèle doté d’un boîtier en acier de 40 mm de diamètre – inspiré des années 50 – avec lunette sertie de diamants. Cadran nacre naturelle blanche avec chiffres arabes en appliques et date à guichet. Mouvement à quartz. CHF 5480.–. On reconnaît la touche du designer Rodolphe avec ce chronographe au cadran ponctué de jeux de cercles et ses trois compteurs alignés. Ce boîtier XL (53 x 50 mm) en or rose est équipé de deux mouvements: un mouvement à quartz, indiquant les heures et les minutes et un mouvement chronographe automatique avec quantième qu’on a fait pivoter de 180° afin de permettre un déclenchement des fonctions de chronométrage par la gauche. Réserve de marche de 36 heures. CHF 14 500.–. PERFORMANCES. PRESTIGE. PASSION D’INNOVER. Un bel avion, c’est un avion qui vole bien. Chez BREITLING, nous partageons la même philosophie. Notre vocation: construire des montres-instruments ultraperformantes pour les professionnels les plus exigeants. Nos chronographes répondent aux plus hauts critères de robustesse et de fonctionnalité, et nous soumettons tous nos mouvements aux tests impitoyables du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres. On ne devient pas le fournisseur attitré de l’aviation par hasard. www.breitling.com CHRONO-MATIC 24H 20 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 AVANT-PREMIÈRES Raymond Weil Tango Sport FRÉDÉRIC LUCA LANDI Moderne et racée, c’est ainsi que Raymond Weil a voulu cette nouvelle Tango Sport. Boîtier en acier alternant surfaces brossées et polies, glace saphir, cadran noir avec chiffres arabes, compteurs chronographe et grande date à 12 h. Etanchéité à 50 mètres. CHF 1350.–. Andrea porte une Big Bang «All Black», Hublot (lire ci-contre). ▲ Hublot chronos Big Bang «All Black» Une nouvelle version du chronographe «Big Bang» en version «All Black», noir sur noir. Tout est noir, du cadran à la lunette en passant par les aiguilles, ce qui ne facilite pas la lecture du temps qui passe, mais c’est voulu. L’heure est accessoire. Cette montre est une construction graphique, où l’on joue avec les effets: un boîtier massif de 44,5 mm en céramique noire avec des finitions polies et brossées; une lunette extralarge en céramique mate ornée de 6 vis en titane; des inserts latéraux en résine composite noire, un cadran noir mat, des chiffres et index appliqués en nickel noir, des aiguilles et une date noires; fond en titane, un bracelet en caoutchouc qui semble traverser la montre... Côté technique, la Big Bang «All Black» est dotée d’un nouveau mouvement chronographe mécanique à remontage automatique HUB44, développé en collaboration avec la manufacture La Joux-Perret. CHF 15 900.–. Zenith Class Open El Primero Un moteur qui jaillit sur le cadran, des axes autocompensés, une réserve de marche avec effet accélérateur, des compteurs de chronographe ajourés, voilà comment Zenith a souhaité habiller son modèle Class doté du fameux mouvement chronographe mécanique à remontage automatique «El Primero». Boîtier en acier de 40 ou 44 mm de diamètre, cadran gris avec ouverture en forme de 8, glace et fond saphir. CHF 9500.– /CHF 10 500.–. Breitling Chrono-Matic 24H En présentant le premier chronographe à remontage automatique en 1969, Breitling donnait naissance à la collection Chrono-Matic, reconnaissable à sa couronne à gauche. S’inspirant de l’esthétique de ces modèles, le nouveau ChronoMatic 24H se caractérise par une aiguille des heures faisant le tour du cadran TAG Heuer SLR for Mercedes-Benz Maurice Lacroix Masterpiece Le Chronographe Avec le calibre ML 106 de la nouvelle Masterpiece Le Chronographe, Maurice Lacroix présente son premier mouvement manufacture. Un mouvement chronographe à roue à colonnes, réglage fin col de cygne, qui bat à la fréquence peu usitée de 18 000 alternances/heure. Fonctions heures, minutes, chronographe avec compteur 60 minutes, et petite seconde. Boîtier en or rose 18 ct de 45 mm de diamètre. Glace saphir, fond vissé avec verre saphir. Etanchéité à 30 mètres. Première édition limitée à 250 exemplaires. CHF 25 000.– env. Tissot Michael Owen 121Time Spin Master La petite marque qui vend ses montres sur Internet a eu le nez fin en choisissant Stéphane Lambiel comme ambassadeur. Le médaillé olympique de patinage artistique a participé à la création de ce nouveau chrono aux allures années 70, avec le designer Sébastien Actis-Datta. Résultat: un chrono en acier profilé, stylé, dont on choisit les différents composants (cadran, compteurs…). Mouvement à quartz ETA. Une série limitée, prévue pour la fin de l’année, sera dotée d’un mouvement mécanique à remontage automatique Valjoux. Les 29 et 30 mars, Stéphane Lambiel sera présent chez une dizaine de détaillants. www.121time.com. CHF 599 .–. en 24 heures, au lieu des 12 heures traditionnelles. Mouvement chronographe mécanique à remontage automatique avec fonction flyback, certifié chronomètre COSC. Boîtier et bracelet en acier. Edition limitée à 1000 exemplaires. CHF 6210.–. En cette année de Coupe du monde, Tissot a créé un chronographe en acier en édition limitée au nom de Michael Owen, ambassadeur de la marque depuis 1998. Le cadran porte le célèbre numéro «10» du joueur de l'équipe d'Angleterre, dessiné autour du totaliseur placé à 10 h, et le dos de la montre est orné de sa signature ainsi que du numéro de série limitée (1 à 4999). Fonctions temps intermédiaire et totalisé. Mouvement quartz ETA, étanche jusqu'à 200 mètres. Dos de boîtier et remontoir vissés. CHF 495.–. Partenaire de longue date du team de F1 McLarenMercedes, TAG Heuer présente ce nouveau chronographe aux lignes inspirées de l’une des voitures de sport les plus prestigieuses du moment, la Mercedes-Benz SLR McLaren. Boîtier en acier de 43 mm de diamètre, lunette fixe avec échelle tachymètre, positionnement «ergonomique» des poussoirs à 45°. Mouvement mécanique à remontage automatique. Etanchéité à 100 mètres. Edition limitée de 3500 pièces. CHF 4900.–. Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 21 AVANT-PREMIÈRES De gauche à droite: • Phase de lune «Orchidée», avec indication des heures, minutes, secondes, date à aiguille, jour de la semaine, mois et phases de lune, de la nouvelle collection Blancpain Women. • «La fleur du temps, Perles», Hommage Paris 1795, est dotée d’un mouvement mécanique à remontage automatique, double barillet, réserve de marche de 68 heures, édition limitée à 5 exemplaires, Jaquet Droz. • Lady Arpels Centenaire, avec son typique boîtier de 36 mm rond avec l’attache centrale dessinée par Pierre Arpels en 1949. Le cadran est composé d’une partie en nacre blanche sous laquelle passe un disque émaillé peint aux motifs des quatre saisons, qui tourne sur un cycle de 365 jours, Van Cleef & Arpels. • Altiplano, dotée d’un nouveau calibre 450P extra-plat (2,1 mm), mouvement mécanique à remontage manuel, avec indication des heures, minutes, et petite seconde décentrée à 10 h, Piaget. • Star Open El Primero, dotée du mouvement chronographe mécanique à remontage automatique El Primero dont l’échappement est visible à travers une ouverture en cœur sur le cadran à10 h, réserve de marche 50 heures, Zénith. Quelle heure est-elle? Comment répondre à l’intérêt croissant des femmes pour la mécanique horlogère, tout en sachant les séduire en termes d’esthétique? Ebauches de réponses. Par Isabelle Cerboneschi «Il y a un temps pour tout, un temps pour toutes choses sous les cieux», disait l’Ecclésiaste. Il y a donc un temps pour les femmes. Mais quel est-il? Les maîtres horlogers et les grandes marques se sont penchés avec un bonheur inégal sur le cas du temps au féminin, essayant de comprendre ce que femme veut, afin de le lui offrir, ou plutôt le lui proposer. A leur décharge, ce n’est pas chose aisée. Ces cinq dernières années, il y a bien eu quelques tentatives d’entraîner la gent féminine dans le monde merveilleux de la mécanique horlogère, pour lui faire toucher des yeux la magie d’un mouvement qui fonctionne à la force du poignet. Si les salons 2005 furent ceux de l’extrême, avec l’apparition d’une poignée de tourbillons déclinés au féminin, une tout autre réflexion Toric quantième perpétuel rétrograde «Luna Blu» avec indication des heures, minutes, secondes, quantième perpétuel rétrograde, Parmigiani Fleurier. semble avoir donné naissance aux collections féminines de 2006. Elles sont le résultat d’un sérieux questionnement à la fois esthétique et technique. De quelles montres rêvent les femmes? Quelles fonctions leur sont le plus utiles? Et, surtout, de quelle manière les habiller? «Faire une montre de femme, pour une manufacture horlogère, c’est toujours un cauchemar», confie Luigi Macaluso, président de Girard-Perregaux. «La grande difficulté, ajoute-t-il, c’est à la fois L’aiguille indiquant les jours devient étoile filante, ou baguette magique de fée de ne pas perdre ses lettres de noblesse horlogères et de ne pas s’adresser à un seul type de clientes – asiatiques, américaines ou européennes. Il faut penser à une femme moderne mondiale, sans succomber aux effets de mode, et prendre ainsi le risque que la montre se démode au bout d’un an.» A tous les écouter, chacun sait parfaitement ce qu’il ne faut pas faire... pour l’avoir fait un jour. «Si l’on veut rater une montre pour femme, on prend un modèle masculin, on le réduit, on lui ajoute un cadran de nacre, quelques diamants, et si l’on veut vraiment avoir tout faux, on met un bracelet de couleur», résume Marc A. Hayek, président de Blancpain. Mais comment avoir tout juste? A posteriori, on peut analyser les raisons du succès de certains modèles, comme la Reine de Naples lancée par Breguet en 2002. Esthétiquement, la lauréate du Grand Prix de l’horlogerie de Genève en 2002 a marqué les esprits avec son boîtier ovoïde et son cadran de nacre où l’on peut lire la réserve de marche et les phases de la lune. Luigi Macaluso est un admirateur: «Elle est unique!» dit-il. Quant à Alexis Meyer, le directeur des Ambassadeurs, à Genève, il confiait récemment ne pas avoir anticipé son succès et avoir dû repasser commande. «Les clients qui ont les moyens d’acheter des montres à complications pour femme recherchent des pièces très classiques, et celle-ci correspondait parfaitement à leurs désirs.» Autre succès, la Cat’s Eye de Girard-Perregaux lancée en 2004: une montre ovale, horizontale ou verticale, habillée d’un cadran de nacre avec une réserve de marche en étoile filante et une petite seconde «qui fait une animation sur le cadran». Plus quelques diamants discrets. «Il y a cinq ans, seulement 1% de notre chiffre d’affaires provenait des montres féminines. L’an passé, nous étions passés à 25%», confie le président de Girard-Perregaux. Tout cela grâce à la Cat’s Eye, dont la forme lui avait été inspirée d’une montre Lip des années 1970 portée par un de ses voisins de table lors d’un dîner... «Cette année, ce sera l’année des femmes chez Blancpain», annonce fièrement Marc A. Hayek. Une nouvelle collection entièrement pensée pour «elles» – Blanc- Cat’s Eye bi-rétrograde, avec son cadran de nacre noire, phase de lune à 12h, Girard-Perregaux. pain Women – sera présentée à Bâle sur un stand décoré en conséquence. «Quand je suis arrivé dans la maison, on m’a dit que les femmes n’étaient pas très portées sur la technique, et qu’il suffisait de leur donner de gros cailloux... C’était tellement macho!» Depuis trois ans, le jeune président fait plancher ses équipes sur une nouvelle famille de montres féminines «avec des complications accessibles». «La signature Blancpain reste, mais tous les éléments esthétiques ont été retravaillés: aiguilles, cadran, matériaux, appliques, chiffres, bracelets, même la lune de la phase de lune... Le mouvement est le même que celui pour les hommes, 24 mm de diamètre, mais on a travaillé sur les formes, plus rondes, plus sensuelles, tout en restant très pur.» Le critère qui définit cette collection? «Lorsqu’un homme ne peut plus la porter.» Comment le marché réagira-t-il à la collection féminine de Michel Parmigiani? Fort des erreurs commises par ses pairs dans le passé, le maître horloger de Fleurier a trouvé la parade: sa première collection de montres pour femme, ce sont des femmes qui l’ont conçue. Il a confié leur visage à Carole Vallat, jeune designer diplômée de l’Ecole d’art de Neuchâtel. Seule une femme peut avoir songé à faire entrer tout entier sur un cadran l’univers de contes de fées qui a bercé nos rêves de petites filles. On y découvre l’étoile filante de l’aiguille du quantième rétrograde, qui devient baguette magique, ce ciel bleu couleur de songe d’enfant, et ce soleil «qui court après la lune sans jamais pouvoir la rattraper» sur l’aiguille des secondes... Mais c’est Michel Parmigiani qui a choisi les complications des modèles de haute horlogerie: le tourbillon, ou ce même quantième perpétuel rétrograde. Et, lorsqu’on lui dit que cette vision du temps, avec une aiguille condamnée à toujours revenir en arrière à chaque fin de mois, comme Sisyphe et son rocher, nous angoisse un peu, il sourit. On le soupçonne alors de penser qu’une femme est bien plus compliquée que ses précieux garde-temps... PUBLICITÉ Rock Solid Banking. En tant que banque privée suisse, nous offrons à nos clients ce que tous souhaitent: constituer un capital et profiter de l’évolution positive des marchés. clariden.com Chaque jour, nous nous y employons, par un conseil avisé, des produits financiers innovants et un service complet. Des services bancaires solides comme le roc. A Credit Suisse Group Company 22 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 AVANT-PREMIÈRES PHOTOS: DR De gauche à droite: La Project Z3 de Harry Winston. Le modèle RM012 de Richard Mille, vu de dos, avec une structure intérieure tubulaire. La dernière-née d’Audemars Piguet, Tradition d’excellence No5, dotée d’un nouvel échappement AP inédit ne nécessitant plus de lubrification. A l’heure du «concept watch» Les «concept cars» font rêver depuis longtemps les amateurs de belles voitures et intriguent les concurrents. En horlogerie, le «concept watch» est une réalité nouvelle. Mais à la différence de l’automobile, la plupart de ces montres sont ensuite commercialisées. Par Michel Jeannot/BIPH A l’instar des constructeurs automobi les, qui préparent le marché à des innovations technologiques ou esthétiques majeures en présentant des «concept cars», les horlogers sont coutumiers du fait de présenter des produits pour prendre le pouls du marché. Combien de montres présentées en grande pompe dans les salons horlogers n’ont-elles finalement jamais vu le jour? Si le terme «concept» est apparu récemment dans l’horlogerie, il couvre une réalité encore floue. De même, de nombreuses montres véritablement innovantes, à l’image de la Tissot T-Touch par exemple (lire ci-dessous), n’ont jamais été présentées comme un «concept». La première maison à utiliser à grande échelle ce terme fut Audemars Piguet avec la présentation, en 2002, de la Royal Oak Concept, évolution technologique et esthétique de son modèle icône lancé en 1972. «Cette montre est née d’un rêve, relève Georges-Henri Meylan, administrateur délégué d’Audemars Piguet. Celui d’une montre conçue sous le signe de la performance absolue, associant sophistication technique et résistance extrême.» Outre son esthétique, la Royal Oak Concept tourbillon se distinguait par son boîtier en alacrite 602 – une première en horlogerie – d’une dureté deux fois supérieure à l’acier, par les ponts et la platine de son mouvement, sa lunette et sa boucle déployante en titane. Inventé par Audemars Piguet, le dynamographe (indication en continu du couple fourni par le barillet) complétait un sélecteur de fonctions et une réserve de marche linéaire. Enfin, le cadran transparent laissait apparaître les fonctions et le mécanisme. Or, tel est aussi le rôle des concepts, défricher de nouveaux horizons dans lesquels beaucoup s’engouffreront ensuite. Quelques-unes des spécificités de la Royal Oak Concept avaient déjà fait auparavant leur apparition chez un nouveau venu dans l’horlogerie haut de gamme: Richard Mille. Mais lorsqu’on sait que ce dernier a réalisé beaucoup de développements au Locle chez Audemars Piguet Renaud Papi, on comprend les similitudes. Reste que Richard Mille n’a que rarement utilisé le terme «concept», même si l’entier de son Une esquisse du modèle RM001 de Richard Mille, dont les montres au look révolutionnaire ont ouvert de nouveaux horizons dans le domaine de l’horlogerie haut de gamme. travail s’oriente dans cette direction. C’est imprégné du monde de la F1 que Richard Mille a développé ses modèles, souvent des petites séries à des prix hors de portée du plus grand nombre. Parmi ses apports, outre son dernier modèle RM012 avec une structure intérieure tubulaire, on retiendra le tourbillon Calibre RM009 expérimental, la montre la plus légère du monde, qui a nécessité six années de développement. Moins de 30 grammes pour l’ensemble boîtier-mouvement, contre 100 à 150 grammes pour un garde-temps identique dans des matériaux standards. Elle a aussi été conçue pour supporter d’énormes vibrations, accélérations et décélérations brutales, ainsi que des chocs. Le gain le plus substantiel est le fait du boîtier réalisé en Alusic (Aluminium AS7G-Silicium-carbone), un matériau utilisé dans l’industrie spatiale avec des propriétés proches, mais dont la composition a été adaptée à l’usage particulier d’un boîtier de montre. Ses qualités: une légèreté (densité de 2,95 g/cm3, contre 4,5 pour le titane et 8 pour l’acier) alliée à une rigidité élevée, une exceptionnelle résistance à l’usure et un cœfficient de dilata- tion réduit. L’un des intérêts de cette avancée est d’avoir démontré que l’on pouvait sortir du schéma – rarement remis en cause dans l’horlogerie – mettant en relation la valeur perçue d’une montre et son poids. TAG Heuer est incontestablement la société qui a le plus mis en avant la notion de «concept watch». Présentation de la Microtimer en 2002 (premier chronogra- «Si nous faisions uniquement des coups médiatiques, nous ne serions plus là pour en parler» phe-bracelet quartz au 1/1000e de seconde), de la Sixty-Nine en 2003 (réversible, deux mouvements mécanique et quartz), de la Monaco V4 en 2004 (mouvement avec transmission à courroies et masse linéaire) et du Calibre 360 en 2005 (premier chronographe-bracelet mécanique au 1/100e de seconde). Au point d’être parfois accusée d’en user pour bénéficier des retombées médiatiques qui accompagnent tout lancement de «concept». JeanChristophe Babin, CEO de TAG Heuer, s’en défend: «Si nous faisions uniquement des coups médiatiques, nous ne serions plus là pour en parler. Nous ne nous sommes pas contentés de présenter des concepts, nous les avons développés puis commercialisés pour la plupart. Un an après sa présentation pour la Microtimer, deux ans pour la Monaco Sixty-Nine, un an pour la Calibre 360 et dix-huit mois pour la Calibre S à quartz. Quant à la Monaco V4, il nous faudra de trois à quatre ans, ce qui nous amène à une commercialisation vers 2007-2008. Nous serions fous de ne pas profiter de l’enthousiasme que suscitent ces produits auprès des médias, dès lors que des dizaines de marques se vantent d’innovations qui n’en sont pas.» TAG Heuer investit entre 2 et 3% de son chiffre d’affaires en R&D, un département qui occupe 25 personnes. Une moitié est consacrée aux collections classiques, l’autre à ce que l’on peut assimiler aux développements de concepts. Cette structure est née de la volonté de forcer les équipes à penser à un horizon de plusieurs années sans contraintes, ni de délais, ni de coûts, ni de forme, mais en répondant aux codes génétiques de la marque: «précision, performance et avantgarde». Le «concept watch» trouve le plus souvent chez TAG Heuer une concrétisation commerciale. Et même si la technique inédite du Calibre V4 a exigé beaucoup plus de temps et de moyens que prévu, la maison n’a pas renoncé à développer ce mouvement à transmission par courroies. Des prototypes fonctionnels du V4 tournent actuellement sur les bancs d’essai. Est-ce à dire qu’il sera commercialisé? «Que ce soit pour le V4 ou pour tout autre modèle, je n’exclus pas que certains concepts ne le soient jamais. Tout indique que le V4 sortira, mais s’il devait présenter à l’arrivée des standards qualitatifs insuffisants, nous ne le lancerons pas.» «Mais c’est aussi cela la force et la réalité du concept, plaide JeanChristophe Babin. Si nous savions dès le départ que tel ou tel concept peut être mené à terme, cela signifierait qu’il n’est innovant ni en matériau, ni en technique, ni en méthodologie de développement. Ce serait un peu misérable pour pouvoir prétendre à l’appellation «concept». Par ailleurs, le fait de présenter publiquement une telle montre met une pression évidente sur les équipes de développement. Je suis ainsi certain que si nous n’avions pas présenté le Calibre 360 l’an dernier à BaselWorld, sa première commercialisation en série limitée sous le nom de Vanquish Calibre 360 n’aurait jamais eu lieu en décembre dernier déjà.» Sans utiliser le terme «concept», de nombreuses autres marques ont présenté ces dernières années des montres innovantes qui repoussent les limites du savoir-faire et de la technologie. Innovations de forme et de conception, à l’instar de Parmigiani Fleurier avec sa montre Bugatti ou de Harry Winston avec ses séries Opus, ou innovations techniques à l’image des modèles «Patek Philippe Advanced Research», de la nouvelle Breguet à échappement silicium (voir p. 16) ou encore de la dernière-née d’Audemars Piguet, Tradition d’excellence No5, dotée d’un nouvel échappement AP inédit ne nécessitant plus de lubrification. L’innovation horlogère est plus que jamais en marche. Du doigté chez Tissot Développée chez Asulab (laboratoire de recherches de Swatch Group), la technologie à écran tactile adaptée à la montrebracelet est une innovation significative dans le domaine de la montre à quartz. Et le fait qu’aucun concurrent ne soit parvenu à percer avec un produit similaire démontre la difficulté du système. Et pourtant, ce principe d’activation des fonctions par effleurement du verre de la montre a peu intéressé les marques au départ. Alors que chacun rêvait de s’engouffrer dans l’univers de la montre-téléphone dont on prédisait le triomphe, la technologie à écran tactile eut de la peine à enthousiasmer les horlogers. Pour l’anecdote, ce cadre de Swatch Group se souvient de la présentation il y a dix ans par Rudolf Dinger, responsable d’Asulab, des potentialités de la montre à écran tactile lors d’une rencontre mondiale de Swatch Group. En cours de développement, la montre à écran tactile était alors… reliée par un fil à un imposant système informatique caché par des rideaux derrière l’orateur! C’est dire que si le concept était né, il restait des années de développement pour réduire à la dimension d’une montre-bracelet la technologie embarquée dans un puissant ordinateur. Or, si la montre-bracelet à écran tactile a failli ne jamais voir le jour, c’est simplement parce que personne ou presque n’y voyait un avenir. C’est la marque Tissot, sous la présidence de François Thiébaud, qui s’est lancée dans l’aventure. Lorsque la société locloise s’est associée à ce projet, Asulab était déjà parvenue à réduire l’ensemble du système à la dimension d’une montre-bracelet. Mais de là à l’industrialiser, il y avait encore un pas de géant que Tissot finança en s’assurant de l’exclusivité du système pour un temps. Et l’histoire raconte que François Thiébaud, même s’il a été l’un des premiers à croire en l’avenir de ce développement, était loin d’imaginer son potentiel commercial. Ce proche collaborateur de l’époque explique que le patron voyait en cette technologie une «niche» qui ne permettrait pas à la marque d’écouler plus de quelques milliers de pièces par an. Preuve des difficultés rencontrées lors des mises au point finales, la T-Touch a fait l’objet d’une importante campagne publicitaire dès l’année 2000. Le marché a d’emblée répon- du positivement, mais Tissot n’a pas été en mesure de livrer tout de suite la montre en quantité car l’industrialisation du système a exigé plus de temps que prévu. D’où une pénurie immédiate – involontaire – qui a contribué à l’attractivité de la T-Touch. On estime aujourd’hui que Tissot vend plus de 200 000 T-Touch par an sur un total de 2 millions de montres vendues. Mais dès lors que le prix de cette montre (environ CHF 800.–) est largement supérieur au prix moyen de la marque, la T-Touch assure une part non négligeable du chiffre d’affaires de la société locloise. Et les opportunités qu’offre cette technologie tactile sont loin d’être épuisées. M. J. Tissot T-Touch Trekking, la dernière-née version 2006. Bracelets interchangeables disponibles en acier et satin couleur ivoire, noir ou café. GOUTEN DISTRIBUTION SA Tel: + 41 (0) 26 460 84 40 [email protected] ZENITH INTERNATIONAL TEL. +41 32 930 64 64 WWW.ZENITH-WATCHES.COM ChronoMaster Open - Rome, Italie L’improbable rencontre entre la technique, le style et l’émotion. La première montre mécanique révélant au monde le mythique Chronographe El Primero. Calibre 4021A, 36’000 alternances par heure, 248 composants, 50 heures de réserve de marche. Tradition: Boîtier en acier ou or rose avec fond saphir, cadrans guillochés noir, gris, blanc ou brun ZENITH, bracelet en alligator. Modernité: Boîtier en acier avec fond saphir, cadrans lisses noir, gris, blanc ou brun ZENITH, bracelet en acier, caoutchouc ou alligator. Disponible en deux tailles, XXT et T. Triple boucle déployante. Photographies: Denis Hayoun Réalisation: Isabelle Cerboneschi 26 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 DENIS HAYOUN PORTFOLIO Page précédente: Montre FG One, boîtier en acier; bague en or blanc serti d’un diamant blanc marquise (7,20 ct) et de diamants noirs (5,29 ct), de Grisogono. Sur le front de Coralie, un collier haute joaillerie en or blanc serti d’un diamant rond taille brillant (3,01 ct), de 9 diamants taille poire (4,43 ct), de diamants ronds taille brillant (7,59 ct), et de diamants pavés (4,64 ct), Bulgari. Dans ses mains, un collier en or gris serti de 516 diamants (22,01 ct), 34 diamants (3,03 ct), 10 diamants (1,65 ct), 2 diamants (0,46 ct), 1 diamant (0,31 ct), 9 diamants (1,87 ct), Collection Haute Joaillerie de Cartier; montre Alhambra Vintage en or gris et nacre blanche, Van Cleef & Arpels. Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 27 DENIS HAYOUN PORTFOLIO Vanessa porte un collier en or blanc serti d’une aigue-marine (195,52 ct) et de diamants (1,34 ct), Grima; bracelet «Envol» en or blanc serti de diamants (12,83 ct), Van Cleef & Arpels; bague «L’Air» en or blanc serti de 281 diamants (3,20 ct), Chanel. Sébastien porte une montre Polo Tourbillon «Relatif», Piaget (lire p. 12). Bague «Toi et Moi», sertie de deux diamants taille princesse de 3 ct et de 3,04 ct, de 12 diamants baguettes (2,97 ct) et de 203 brillants, Chopard. 28 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 DENIS HAYOUN PORTFOLIO Vanessa porte une bague en or blanc (18 ct) «Collection Limelight Party» inspiration broderie, sertie d’une topaze (44,67 ct), de 110 diamants taille brillant (2 ct) et de 6 saphirs violets taille poire (4,90 ct), Piaget; une bague en or gris serti de diamants, Collection Haute Joaillerie de Cartier. Montre Millenary en acier, avec la lunette sertie de diamants, bracelet en crocodile bleu pastel, Audemars Piguet. A son cou, collier «Snowflakes» haute joaillerie en or blanc serti de 168 saphirs bleu pastel taille carrée (30,09 ct) et de 63 diamants blancs taille carrée (19,39ct), Chopard. Un chef d’œuvre extraordinaire L’art horloger suisse célèbre notre centenaire La Star Chrono GMT Perpetual Calendar . Onze fonctions et trois complications (second fuseau horaire, chronographe COSC et calendrier perpétuel) font de cette montre une merveille technologique. Pour marquer le centenaire, une touche particulière a été ajoutée sur la couronne de cette montre : un diamant breveté qui brille sous la forme d’une étoile à 43 facettes, le symbole de Montblanc. Limitée à 100 exemplaires en or blanc, rose ou jaune 18 carats. Diamètre de 43 mm. Boîtier avec fond en glace saphir. Swiss made by Montblanc. ® © Montblanc® w w w. m o n t b l a n c .c o m SOULMAKERS FOR 100 YEARS GENÈVE: RUE CÉARD 3 - TEL : +41 22 312 27 70 LUGANO: VIA PRETORIO 7 - TEL : +41 91 922 84 89 ZÜRICH: PARADEPLATZ - TEL : +41 44 211 48 10 30 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 DENIS HAYOUN PORTFOLIO Sonia porte une paire de boucles d’oreilles «La Pluie» en or blanc serti de 42 diamants (7,30 ct), un collier haute joaillerie en or blanc serti de 3 diamants taille poire (4,45 ct), de diamants taille poire (4,43 ct), de diamants ronds taille brillant (4,89 ct) et de diamants pavés (5,31 ct), Bulgari. Montre Altiplano Petite Seconde, dotée d’un mouvement manufacture à remontage manuel, mouvement extraplat, petite seconde sertie à 10 h, cadran de nacre blanche, Piaget. Des offres de AMAG Leasing avantageuses l’assurance mobilité gratuite Tous les week-ends sur TSR 2. Avec concours auto! 911 Carrera: Treibstoff-Normverbrauch: gesamt 11,0 l/100 km. CO2-Ausstoss: 266 g/km. CO2-Mittelwert aller in der Schweiz angebotenen Fahrzeugmodelle: 200 g/km. Energieeffizienz-Kategorie: G Porsche recommande Importateur pour CH/FL: AMAG Automobil- und Motoren AG 5116 Schinznach-Bad Pour plus d’informations sur la nouvelle 911 Carrera 4S, veuillez vous adresser à votre agent Porsche ou consultez le site www.porsche.ch Le 4x4 qui a le sens inné de la dynamique des courbes. La nouvelle 911 Carrera 4S. 32 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 DENIS HAYOUN PORTFOLIO Jennifer porte le modèle Toric Quantième Perpétuel Rétrograde «Luna Blu», doté d’un mouvement mécanique à remontage automatique avec un module quantième perpétuel rétrograde manufacturés Parmigiani Fleurier, réserve de marche 45 heures, indication des heures, minutes, secondes, quantième perpétuel (jour, date rétrograde, mois, année bissextile, phases de Lune de précision), cadran en or laqué bleu sur lequel sont serties quatre constellations de diamants: la Petite Ourse, la Baleine, la Lyre et la Couronne Boréale, indication des lunaisons pôle Nord et pôle Sud, boîtier en or blanc serti de diamants taille baguette (3 ct), bracelet en crocodile Hermès, Parmigiani Fleurier (lire aussi p. 21). Bague en platine serti d’un diamant taille assher (6,42 ct) et de diamants baguettes (0,93 ct), Bulgari. Dans son dos: pendentif «Snowflakes» en or blanc 18 ct serti de 1029 brillants (3,93 ct), Chopard. Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 33 INDÉPENDANCE MB&F. Ces quelques lettres, signifiant Maximilian Busser & Friends, sont plus qu’une marque. Elles désignent un collectif de maîtres horlogers, designers, artisans, réunis par l’ex-directeur général de Harry Winston Timepieces, pour créer des premières mondiales destinées à quelques passionnés. Par Isabelle Cerboneschi Dans un marché horloger qui n’attend plus personne, où tout semble avoir été fait, et où il est toujours plus difficile de survivre lorsqu’on est une jeune marque, il est rafraîchissant de voir émerger de nouveaux noms. Mais comment naît une marque, en 2006? D’une envie plus forte que la raison. A ce titre, la naissance de MB&F a quelque chose d’exemplaire. Tout a commencé dans la tête de Maximilian Busser, inconnu du grand public, mais pas du monde horloger. Un parcours sans faute et plutôt précoce: sept ans chez Jaeger-LeCoultre comme responsable produits avant d’être nommé directeur général de Harry Winston Timepieces alors qu’il n’avait que 31 ans. Le challenge fixé par Ronald Winston était simple: des montres aussi exceptionnelles que ses diamants. Pour fabriquer ces moteurs à haute valeur ajoutée, Max Busser s’est tourné vers les plus grands maîtres horlogers indépendants. Contrairement aux grandes marques, qui n’apprécient guère de mentionner les concepteurs de leurs mouvements, il a choisi de pratiquer la transparence. Les montres portaient le nom des deux géniteurs: la marque et l’horloger. Au point d’associer ces derniers à la conception de modèles hors du commun baptisés Maximilian Busser: «Je suis le seul actionnaire de la société: c’est un risque, mais je n’ai de comptes à rendre à personne» PHOTOS: DR Naissance d’une marque «MB&F», pour «Maximilian Busser & Friends», est un collectif, issu de l’esprit des cabinotiers. Tous ceux qui travaillent sur le projet sont en photo ci-dessus, «à l’âge où ils avaient des rêves. Parce que cette aventure, est un rêve de gosse.» «Opus». Chaque année, une montre insensée sortait de l’imaginaire conjoint d’un maître horloger et de Max Busser. Le premier à allier son nom à la marque fut François Paul Journe, puis ont suivi Antoine Preziuso, Vianney Halter, Christophe Claret, et enfin Felix Baumgartner qui a signé l’an passé l’Opus 5, sans que l’on sache s’il y aura jamais un Opus 6… Entre-temps, Max Busser avait relevé le défi: faire respecter le nom de Harry Winston dans le monde horloger et, accessoirement, décupler le chiffre d’affaires qui était passé de 8 à environ 80 millions de francs. Entre Max Busser et les horlogers s’est tissé au fil des années un rapport fait de confiance et de respect mêlés. Mais comment dépasser ce rapport de quasi-mécénat? Il y a un an, le jeune entrepreneur avait commencé à nous parler de son rêve: créer une marque, un «Concept Brand» avec tous ces partenaires croisés au fil des projets. Il rêvait de mettre sur pied «un collectif, issu de l’esprit des cabinotiers, où tous ceux qui travailleraient sur le projet seraient crédités». Il voulait l’appeler «MB&F», parce que «Maximilian Busser & Friends», c’était un peu long à écrire sur un cadran. «Et d’ailleurs, qui me connaît? dit-il. Je voulais m’offrir le luxe de ne tra- vailler qu’avec les gens que j’apprécie.» Une autre manière d’envisager une société à but lucratif. «Je suis le seul actionnaire de la société: c’est un risque, mais je n’ai de comptes à rendre à personne.» L’investissement est d’environ un million et demi, et les premières montres seront vendues par souscription… A qui? «Un client prêt à payer 165000 francs suisses pour porter une autre horlogerie», confie Max Busser. «En juillet 2005, les seules choses que j’avais en main étaient les dessins développés avec le designer Eric Giroud et le OK des deux premiers maîtres horlogers.» Max Busser est parti ainsi, les mains presque vides, visiter ses clients potentiels de Los Angeles, Hongkong, Singapour, Dubaï, le Koweït et Paris. «La première année, nous comptons fabriquer 30 montres; elles sont déjà réservées», dit-il. On peut appeler cela un beau succès d’estime. Cette première montre, nous en avons vu le prototype… Mais à la stricte condition de n’en rien révéler. «Ce n’est pas un cadran avec des aiguilles traditionnelles, dit-il, nous travaillons dans trois dimensions. Chaque mouvement sera une première mondiale.» Puis il ajoute: «80% des gens ne vont pas aimer ce produit. Ce n’est pas grave: j’ai passé une grande partie de ma vie à vouloir plaire et être aimé. Là, je voulais juste être fidèle à l’enfant que j’ai été, avec des rêves plus grands que lui…» Si on devait rapprocher MB&F de marques d’un même esprit, on pourrait citer Richard Mille, Urwerk, les Opus de Harry Winston bien sûr, et «les montres Roger Dubuis, pour le vent de fraîcheur». Et voilà pour les révélations. Pour le reste, motus: pas le droit de donner le nom des horlogers qui ont travaillé en tandem sur le mouvement, pas question de dévoiler les fonctions, ni la forme étrange, et ce, avant que la montre soit produite et qu’elle puisse être distribuée chez ses clients. Soit, si tout va bien, en automne 2006. Seule concession au mystère: nous avons obtenu le droit de publier la photo de tous les acteurs de l’aventure. Bien malin qui les reconnaîtra: il s’agit de leurs portraits lorsqu’ils étaient enfants. «A l’âge où ils avaient des rêves. Parce que cette aventure, c’est un rêve de gosse, dit Max Busser. Chacune des pièces a une histoire, inspirée du vécu de chacun, de ses souvenirs d’enfance.» L’un des siens, c’était le dessin animé «Goldorak». Et une paire de jeans. Débrouillez-vous avec ça en attendant novembre… PUBLICITÉ Sortez du noir! Depuis 40 ans, nous avons la passion et l’amour des belles choses. C’est dans cet esprit que nous vous invitons aujourd’hui à sortir du noir. Tel le caméléon qui change de couleur à volonté, pourquoi en effet ne pas redonner vie à votre montre en lui offrant un bracelet de couleur? Et des couleurs, nous en avons pour toutes vos envies: fashion et intenses, pour enrober votre poignet d’une touche de glamour; printanières et pastel, comme les fresques du peintre vénitien Tiepolo, pour révéler la douceur qui est en vous; estivales et légères, à base de vert, de lavande et de cuivre; ou encore automnales et gourmandes tels l’amarante, le chocolat ou les biscuits, le raisin noir ou le vin rouge. Convaincus que la beauté émane aussi de la matière, nous avons sélectionné nos bracelets-montres parmi les cuirs pleine peau les plus précieux: l’alligator, pour le prestige, l’autruche, pour la souplesse, ou le veau grainé, pour la douceur. Oserez-vous sortir du noir et donner libre cours à vos envies? C’est le moment ou jamais et c’est chez PIGUET, votre plus belle marque de confiance depuis 1966 ! 1966 - 2006. Depuis 40 ans, notre plus belle histoire, c est vous! 34 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 INDÉPENDANCE Modèle Vulcain, une marque fondée en 1858 et relancée en 2001. Licensed Pilot de Vogard: un système exclusif breveté pour le réglage des fuseaux horaires par la lunette. Le modèle Typhoon SDI (Security & Date Indicator) de Volna et son indicateur d’étanchéité à 300 m inédit sur le cadran. Ultime: la dernière-née de Villemont abrite un ancien calibre Büren retravaillé et remis à neuf. A l’ombre des groupes horlogers Face à des points de vente qui vivent des marques à forte notoriété, qui peinent à répondre à leurs exigences et sont, de fait, peu demandeurs, la marge de manœuvre est étroite pour les petites ou nouvelles marques horlogères. Pour espérer réussir, il faut apporter un plus; une innovation technique, un concept neuf, un design inédit ou totalement décalé. Hors de ces «niches» qui ponctuent le discours de tous les nouveaux arrivants, point de salut. Ceux qui n’ont pas compris cette première règle ne sont généralement plus là pour en parler. «On croit souvent qu’il est aisé d’entrer sur le marché horloger, lance Michael Vogt, créateur de la marque Vogard. C’est une lourde erreur. Pour avoir une chance de survie, cela exige des compétences et une préparation exemplaires. De même qu’on ne tente pas l’ascension de l’Everest avec des baskets, on ne s’aventure pas dans l’horlogerie sans un excellent équipement.» Michael Vogt a misé sur un concept précis – la montre de voyage – et sur une innovation – avec un brevet à la clé – portant sur la lecture de l’heure dans les 24 fuseaux horaires par rotation de la lunette, y compris la prise en compte de l’heure d’été. Depuis vingt ans dans l’horlogerie, Michael Vogt savait à quoi s’attendre en présentant sa marque: «Le bassin horloger est infesté de requins. Mais les requins voient très mal et, pour avoir une chance de survivre, il faut se montrer rapide, agile et réactif.» Pour être réactif, encore faut-il que ceux sur lesquels vous vous appuyez le soient aussi. Dès lors que les marques établies totalement autonomes se comptent sur les doigts d’une main, a fortiori aucune marque nouvelle ne peut prétendre produire l’essentiel des composants de la montre. Cet appel aux sous-traitants est une nécessité qui réserve passablement de surprises. Lorsque les fournisseurs acceptent de livrer de petites quantités, les prix sont plus élevés et les paiements d’avance sont la règle. Une réalité connue et acceptée de tous ceux, généralement passionnés et expérimentés, qui se lancent dans l’aventure. Refus, retards, annulations… Maître horloger allemand arrivé en Suisse en 2000 pour y créer sa société «blu», membre de l’Académie horlogère des créateurs indépendants depuis 1995, Bernhard Lederer s’est fait un nom auprès des connaisseurs. Il présente cette année à BaselWorld «blu-Majesty», un exceptionnel tourbillon qui fait l’objet d’un brevet: trois tourbillons, trois axes, trois vitesses de rotation. Alors que blu vient d’emménager dans une nouvelle usine à Colombier (NE) pour répondre à la croissance de la société, Bernhard Lederer se souvient des débuts parfois difficiles avec les fournisseurs: «C’est là le principal problème pour une petite marque.» Refus de petites séries, retards de livraison, annulations de commandes après des mois sous pression d’autres clients importants, qualité non conforme, les petits ne sont pas toujours à la fête. Or les témoignages de ce type sont légion dans l’horlogerie; ils permet- PUBLICITÉ LA SUISSE VUE DU CIEL Découvrez la Suisse lors d’une croisière aérienne de 7 jours à bord de votre Pilatus Porter AirLoisirs Case postale 23 – 1215 Genève-Aéroport 15 – Tél. 022 717 82 96 – Fax 022 717 82 97 – [email protected] – www.airloisirs.ch tent de vérifier que les nouveaux arrivants sont surveillés de fort près par les marques en place qui ne voient pas toujours d’un très bon œil ces nouveaux venus. Six mois de retard dans la livraison d’aiguilles – en plus du délai de six mois nécessaire à leur production – et ce peut être la mort d’une entreprise. Car une seule aiguille ou couronne manquante et la montre reste en stock. «Si vous n’avez pas les liquidités pour faire face à ce type de désillusions, mieux vaut ne pas se lancer, analyse ce financier observateur du monde horloger. Et dans ce métier plus qu’ailleurs, les business plans volent vite en éclats. Car là où les grands parviennent à imposer des exigences avec difficulté, les petits n’ont aucune chance.» A cela s’ajoute une autre difficulté pour ceux qui, comme Villemont, marque lancée l’an dernier et pilotée par Olivier Müller, entendent produire des montres 100% Swiss Made. «Les groupes et les grands indépendants ont déjà sévi en rachetant nombre de leurs fournisseurs. De fait, l’offre s’est considérablement réduite et lorsque vous cherchez aujourd’hui des aiguilles, des couronnes ou des poussoirs par exemple, il y a peu d’alternatives, et tous les indépendants se retrouvent devant les mêmes portes.» D’où la nécessité pour les marques haut de gamme qui en ont les moyens de verticaliser – c’est-à-dire d’intégrer – leur production sur certains composants. «Une condition pour être réactif, et la réactivité est l’une des clés du succès», analyse Olivier Müller. Un problème que pointe égale- ment du doigt Bernhard Lederer: «Si l’horlogerie suisse veut assurer son avenir, elle sera contrainte de créer un support sur le versant industriel qui aide les jeunes créateurs ou les petites marques.» Des dizaines de petites entités qui demeurent un stimulant important pour toute l’industrie horlogère lorsqu’elles présentent des choses sérieuses et intéressantes, relève Bernard Fleury, CEO de Vulcain, marque fondée en 1858 mais relancée en 2001 avec le soutien de nouveaux propriétaires. Spécialiste de la montre réveil, Vulcain peut se targuer de disposer d’un mouvement manufacture exclusif, le fameux calibre Cricket. Un atout indéniable dans un marché très compétitif, mais qui n’est pas un sésame suffisant pour ouvrir les portes des détaillants. Or, la problématique de la distribution est une difficulté unanimement reconnue par les petites marques ou les nouveaux venus. «Il est très difficile de nous faire une place face aux grandes machines à vendre», reconnaît Bernard Fleury. PHOTOS: DR La puissance de frappe des grandes marques laisset-elle une chance de survie aux petites entités? A en croire le nombre de nouveaux venus, les opportunités existent pour les petits acteurs. De la production à la distribution, la bataille est rude. Mais à force de patience et de réactivité, la réussite est parfois au rendezvous. Par Michel Jeannot/BIPH Tourbillon «blu-Majesty»: trois tourbillons, trois axes, trois vitesses et un brevet à la clé. «La grande majorité des détaillants vivent très bien des Rolex, Cartier, Omega, TAG Heuer et autres Breitling, souligne Olivier Müller. La clientèle est demandeuse de ces marques à forte notoriété, et de nombreux détaillants ne cherchent pas nécessairement à promouvoir de nouvelles marques.» Le monde aurait-il changé, comme le suggère Michael Vogt? «Au cours des dix ou vingt dernières années, les grandes marques ont éduqué le consommateur en lui faisant croire que la marque comptait plus que le produit. Cette dérive est assez dangereuse et ne facilite évidemment pas notre travail.» Quand la distribution prend des risques... Mais à force de mettre la pression sur leurs premiers ambassadeurs (augmentation des volumes de vente, marges réduites, commandes dirigées), certains distributeurs ou détaillants ont choisi de réorienter leur offre en prenant le risque de puiser abondamment dans les petites et nouvelles marques les plus prometteuses. «Ces distributeurs ou détaillants existent, mais ils ne sont pas légion», reconnaît Olivier Müller. «Et pourtant, remarque Bernard Fleury, on assiste depuis quelques années à l’émergence de nouveaux groupes de distribution qui prennent volontiers dans leur portefeuille, aux côtés de l’une ou l’autre valeur sûre, des marques en devenir.» Un souffle évidemment bienvenu pour les petites ou jeunes marques en quête de notoriété. Volna, image russe, produit suisse La nouvelle marque, qui marie l’héritage stylistique soviétique au savoir-faire helvétique, va se frotter à la production en série et aux réalités du marché. Il aura fallu près de trois ans aux initiateurs de la marque Volna pour mener à bien leur projet. La nouvelle société arrive à bout touchant de sa démarche et les premiers modèles devraient être exposés dans les points de vente d’ici à l’automne. Plus que sur une marque, c’est sur un concept qu’Eleonore Paschoud, François Candolfi et Marc Calmonte – 35 ans de moyenne d’âge mais tous expérimentés dans l’horlogerie – ont choisi de travailler. En russe, Volna signifie la vague. Or, les trois compères n’ont pas oublié que la Russie a un riche passé dans l’horlogerie mécanique – deuxième producteur mondial dans les années 60 – et que l’URSS produisait près de 80 millions de mouvements mécaniques avant la chute du mur de Berlin. «Russian Heritage Swiss Watch»: le mariage de l’héritage historique et stylistique soviétique et du savoir-faire et de la technicité helvétiques. Image russe, produit suisse, la marque associe son image à l’univers mystérieux, secret et technologique des forces navales sous-marines soviétiques. Il en résulte des produits uniquement mécaniques, certifiés chronomètres COSC, Swiss Made, étanches à 300 m avec un indicateur d’étanchéité inédit sur le cadran. Ainsi qu’un système de sécurité novateur pour la couronne. Avant de présenter les premiers modèles, Volna s’est heurtée aux tracasseries d’usage. D’autant que les initiateurs ont souhaité garder le contrôle total du projet au moins jusqu’à la phase de lancement. Côté technique, les sous-traitants ont globalement soutenu la jeune structure. Côté administratif et financier, les obstacles ont été nombreux, inversement proportionnels aux aides rencontrées. Ces obstacles surmontés, Volna est en train de boucler son premier financement et va se heurter désormais à la production en série et aux réalités du marché. Et là, les initiateurs savent qu’ils devront faire face à d’autres difficultés et pressions de la part des acteurs en place. M. J. UNE MONTRE HERMÈS A TOUT SON TEMPS M O NTR E CAP E C O D L a M o n t r e H e r m è s S A , C H - 2 5 01 B i e n n e Tél. (032) 366 70 50 - Fax (032) 366 70 60 [email protected] 36 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 ∆T = (C+R) X 4 «Solis mendaces arguit horas». Les heures du Soleil sont trompeuses. Et les horlogers ne sont pas dupes, à tel point qu’ils avaient, à Paris, fait de la sentence latine leur devise. Une inscription qui figure aussi sur bon nombre de cadrans solaires et témoigne des relations compliquées entre Soleil et gardetemps. Car rendre compte mécaniquement d’un temps solaire irrégulier relève de la gageure. Les jours du Soleil contre quelques nuits blanches: les horlogers ont dû étudier l’astronomie de manière approfondie pour restituer en horloge, puis en montre de poche et montre-bracelet, la réalité du mouvement des astres. Pour cela, ils se sont intéressés entre autres au rapport changeant entre le temps défini par le Soleil et celui indiqué par leurs pendules. «Qui pourrait, ô Soleil, t’accuser d’imposture?» Au célèbre vers de Virgile, ce sont les horlogers qui ont dû trouver une réponse. Car, lorsqu’une montre indique midi, le Soleil n’est pourtant pas à son zénith… «L’équation du temps est une complication bien plus difficile à expliquer qu’à réaliser, s’amuse Timm Delfs, journaliste et gérant de la boutique Sonnenuhren à Bâle, spécialisée en cadrans solaires. C’est un marché de niche, tant les notions d’astronomie utiles à sa compréhension sont complexes.» Reprenons depuis le début. Au commencement… la lumière fut. Mais le Grand Horloger n’a pas créé des journées exactes de 24 heures. Un jour solaire – le temps qui s’écoule précisément entre deux passages du Soleil au zénith – n’est pas uniforme. Ainsi, le temps indiqué par les cadrans solaires – le temps solaire vrai – varie chaque saison, exactement de la même manière d’année en année. La variation s’explique par le mouvement de la Terre dans l’espace. Dans sa course autour du Soleil, la planète ne décrit pas un cercle parfait. Elle a une trajectoire elliptique, sa vitesse est donc irrégulière. Elle s’accélère quand la Terre se rapproche du Soleil et vice versa. Et c’est l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre qui est la cause principale de variation de la durée des jours solaires. Le mouvement de la Terre sur son orbite n’étant pas uniforme, le passage du Soleil au méridien d’un lieu ne se produit pas à des intervalles de temps égaux. D’un jour à l’autre, le décalage est de quelques secondes. Avec le perfectionnement des horloges, qui ne peuvent indiquer qu’un temps uniforme, on a dû abandonner la référence du cadran solaire, qui, lui, indique un temps irrégulier. Le jour solaire a été abandonné en tant qu’étalon. Un nouveau temps de référence, appelé temps moyen ou légal, a été adopté. Il correspond à des jours parfaitement égaux de 24 heures et constitue la moyenne des jours solaires vrais, sur une année. Ce temps de référence correspond à un «Soleil moyen» et donc fictif. Il ne pourrait exister que si la course de la Terre décrivait un cercle parfait autour du Soleil à vitesse constante, le tout dans le plan de l’équateur, perpendiculaire à l’axe des pôles. L’équation du temps est une complication philosophique, où midi sur une montre vient trop tôt ou trop tard L’équation du temps traduit l’écart variable qui existe entre le temps solaire vrai (la position réelle du Soleil dans le ciel) et le temps solaire moyen (l’heure indiquée par nos montres). «Pour moi, l’équation du temps est une complication philosophique, commente Christoph Guhl, chargé de la communication horlogère chez Audemars Piguet. On n’en a pas besoin, mais elle établit un lien entre ce qui se passe autour de nous et la théorie. Les clients qui découvrent que midi à leur montre est trop tôt ou trop tard sont fascinés.» L’équation de temps s’exprime en minutes et traduit visuellement la position du Soleil à son zénith au cours de l’année par une courbe en forme de huit, appelée «analemme». Sa valeur varie tout au long de l’année et s’annule quatre fois par an: temps vrai et temps moyen coïncident parfaitement le 15 avril, le 14 juin, le 1er septembre et le 24 décembre (les dates varient De gauche à droite: L’«Equation du temps» Jules Audemars, Audemars Piguet. La «True North perpetual», Arnold & Son. La «Gyrotourbillon», Jaeger-LeCoultre. selon les années bissextiles). A l’inverse, l’écart peut atteindre un quart d’heure environ: le 11 février, l’équation du temps est de +14 minutes 15 secondes; le Soleil est donc à son zénith quand nos montres indiquent 12 h 14’22’’. Le 4 novembre, elle est de –16 minutes 25 secondes; il est donc 11 h 43’35’’ selon l’heure civile à Londres, au moment du midi vrai. Lorsque l’équation du temps est positive, le Soleil est en retard par rapport au temps moyen et inversement. Mais d’autres facteurs expliquent l’écart entre temps vrai et temps moyen. La variation de l’excentricité de l’orbite terrestre (la distance entre le Soleil et la Terre) et la longitude du point d’observation expliquent aussi le phénomène. ∆T = (C+R) X 4. L’équation paraît simple. Mais la formule intègre des paramètres (la loi de Kepler) tels que l’obliquité de la Terre, la longitude écliptique, l’ellipticité de la trajectoire ou encore l’anomalie moyenne… Le calcul a en tout cas été appliqué à l’horlogerie pour créer des garde-temps qui puissent indiquer temps moyen et temps vrai. «L’équation du temps est un gadget, précise Timm Delfs, le spécialiste du temps solaire. Sa seule véritable utilité concerne l’orientation: en donnant le midi vrai, elle indique la position zénithale du Soleil et donc le sud.» L’équation du temps est tellement complexe qu’elle constitue un marché très spécial et très fermé: «Les clients de cette complication sont souvent des ingénieurs ou des philosophes qui surveillent la précision des mouvements comme un hobby, poursuit Christophe Guhl. Ils nous téléphonent très souvent, tellement ils sont émerveillés par de tels instruments et par leur précision.» Loin des complications d’adulte, il fallait toute l’ingénuité d’un enfant pour réconcilier Soleil et homme. Et aussi une petite planète, imaginée par Saint-Exupéry. Sur l’astéroïde B 612, à peine plus grand qu’une maison, le Petit Prince ne se préoccupe pas des temps vrais et des temps moyens. Loin des calculs astronomiques, pour admirer le crépuscule chaque fois qu’il en a envie, il lui suffit de tirer sa chaise de quelques pas… De la course du Soleil au cadran d’une montre L’«Aeternitas 8888», de Franck Muller, qui sera dévoilée à Genève, réunit une quinzaine de complications, dont un quantième perpétuel séculaire avec équation du temps, un tourbillon, un chronographe rattrapante à remontage automatique et trois fuseaux horaires. Les variations du temps solaire vrai sont reproduites mécaniquement à l’aide d’une came d’équation qui tourne autour de son axe en un an, soit en forme d’analemme, soit sur un axe temporel linéaire. La pointe d’un axe relié à une aiguille joue le même rôle qu’un diamant sur un disque vinyle: elle suit le mouvement des découpes de la came et permet à l’aiguille d’indiquer l’équation du temps en minutes. Avec un affichage rétrograde, un cadran additionnel donne le nombre de minutes à ajouter ou à retrancher au temps moyen pour obtenir le temps vrai. L’équation peut aussi être «marchante»: plus difficile à réaliser techniquement, elle indique directement le temps vrai, par une aiguille des minutes supplémentaire, agrémentée d’un soleil à son extrémité. Les montres et horloges à complication astronomique associent souvent l’équation du temps à un quantième perpétuel, aux phases de Lune, aux temps du lever et du coucher du Soleil ou encore aux éphémérides. On trouve, parmi les pièces les plus célèbres qui L’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre est la cause principale de variation de la durée des jours solaires. Le mouvement de la Terre sur son orbite n’étant pas uniforme, le passage du Soleil au méridien d’un lieu ne se produit pas à des intervalles de temps égaux. Chercher midi à quatorze heures PHOTOS: DR La course du temps est irrégulière, le Soleil trompeur. Face à des jours solaires qui ne durent pas 24 heures, les horlogers ont dû se faire astronomes. Pour restituer avec exactitude la réalité du mouvement des astres, ils ont inventé une complication peu connue réservée à un marché de niche: l’équation du temps. Par Pierre Chambonnet PHOTOS: DR L’équation du temps, la complication qui remet le Soleil à l’heure intègrent l’équation du temps: la Marie-Antoinette de Breguet, la Leroy 01, la montre Graves de Patek Philippe ainsi que le calibre 89 et le Star Caliber 2000, l’Equation du temps Jules Audemars (où les heures de lever et de coucher du Soleil et l’équation sont définies pour un lieu précis et permettent la lecture immédiate de l’heure de culmination du Soleil), la Gyrotourbillon de Jaeger-LeCoultre, la True North Perpetual d’Arnold & Son (à double affichage de l’équation du temps, rétrograde et marchante)… P. C. Louis XIV, le Roi-Soleil, l’avait nomiques, explique Ludwig pourtant bien spécifié: les horlo- Oechslin, le conservateur du Mugers devaient «régler les horloges sée international de l’horlogerie à publiques suivant le cours du So- La Chaux-de-Fonds. Les globes leil». C’est ainsi que l’idéal horlo- scientifiques allemands comme ger de l’époque représentait la ceux de Jost Bürgi (photo) intèdéesse du calcul avec une horgrent les premiers cette complicaloge et une sphère, pour cortion, à la fin du XVIe siècle.» C’est au mathématicien Niriger les heures mensongères colas Mercator que l’on attridu Soleil. Car avec la référenbue la plus ancienne équace solaire, il fallait chaque tion du temps connue. jour avancer ou reculer Par la suite, ce sont les sa montre en consulpendules anglaises de tant un almanach ou la seconde moitié en se référant à un du XVIIe qui procadran solaire. Mais avec l’apposent les meilleuparition, notamres équations.Durant ment, de la penle XVIIIe siècle jusdule de Huygens qu’au début du XIXe, en 1657, le perfecpeu d’instruments d’hortionnement de l’horlogerie logerie prennent en compte met en valeur le décalage le temps vrai. En Angleentre temps solaire terre, Mudge, Ellicott, et temps mécaniDent et Payne s’y que. «L’équation sont intéressés, du temps appatout comme Berraît pour la prethoud, Lepaute, mière fois dans Lépine ou encore © H. MAERTENS/MUSÉE DES ARTS ET les horloges astro- MÉTIERS, BRUGES/FONDATION PARIBAS Breguet. P. C. Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 37 COLLECTIONNEURS PHOTOS: DR Une folie de grande sonnerie! PUBLICITÉ Il aura fallu six ans à François-Paul Journe pour créer sa Sonnerie Souveraine. Un ressort, un barillet, dix brevets et beaucoup de rage, pour venir à bout de cette montre qui donne une voix au temps qui passe… Par Isabelle Cerboneschi Quelle force pousse un maître horloger à passer six années à développer un modèle, à tenter d’améliorer les procédés traditionnels, sans même être certain de jamais y parvenir. Il y a une part d’ego, certes, mais il doit y avoir autre chose. Quelque chose qui se passe entre la pièce et l’horloger, de l’ordre de l’intime. Et ce rapport- là, on le touche du doigt lorsqu’on demande à François-Paul Journe de parler de sa dernière folie: sa Sonnerie Souveraine. Déjà, il hésite un peu à la laisser se faire photographier; il ne la quitte quasiment plus. On ose à peine y toucher, comme avec ces nouveau-nés qu’on a peur de laisser tomber. On transpire. Pas tant parce que la pièce vaut 400000 euros, ce qui n’est rien au regard des hypothèses que l’horloger a émises et vérifiées, des jours passés à l’écouter égrener ses coups, à la régler, à modifier d’infimes détails… On transpire parce qu’on tient là une pièce qui relève d’un autre temps: celui où les mécènes étaient des rois et qu’ils pouvaient tout s’offrir, même des montres qui sonnent le temps qui passe, et chantent ainsi l’apologie des choses inutiles. On en est là de ses réflexions quand on retourne la Sonnerie Souveraine de FrançoisPaul Journe, belle aussi à l’envers. On ne comprend pas, on n’est pas horloger, et même un horloger… Mais on regarde cela comme un enfant fasciné par un automate. On se dit alors que le collectionneur qui va recevoir la première pièce, avec son nom gravé au dos, cadeau de son épouse et de sa fille, a vraiment une chance folle. Une grande sonnerie. Rien que ça. Une chose tellement difficile à réaliser qu’il doit en exister une demi-poignée sur le marché. Voilà la surprise que François-Paul Journe a réservée aux collectionneurs. L’an passé déjà, il nous en avait dévoilé une première version, «mais je n’en étais pas content. J’ai tout démonté et tout refait. J’ai mis un an à la stabiliser.» On écoute l’homme, on regarde la pièce, dessus, dessous, on l’entend égrener ses quarts, puis ses demies, on n’attend plus que l’heure, sans oser le dire. «Une grande sonnerie, ça doit donner 812 coups de marteau pendant 24 heures, alors qu’une répétition minute 32 coups au maximum.» Toute la difficulté est là: dans l’énergie phénoménale qu’il s’agit de trouver. Mais le plus étonnant, dans cette pièce, qui peut aussi se mettre en mode répétition minute, c’est la facilité avec laquelle on peut la manipuler. «Le cahier des charges était simple: pour un enfant de 8 ans.» C’est au moment du remontage et de la mise à l’heure que les choses se compliquent avec les grandes sonneries, à ce moment précis qu’on risque la fausse manœuvre, qu’il y a de la casse, et que la montre se retrouve au service après-vente. François-Paul Journe a résolu ce problème: «A la place «Le cahier des charges était simple: pour un enfant de 8 ans» de deux ressorts et deux barillets, comme sur les grandes sonneries traditionnelles, qui permettent de régler comme on veut l’énergie du mouvement ou de la sonnerie, je n’en ai mis qu’un seul pour les deux fonctions, qui ne se remonte que dans un sens.» Par un système de sûretés, lors de la mise à l’heure, la sonnerie est bloquée, et lorsque la sonnerie est engagée, il n’y a pas de remise à l’heure possible. Quant à la réserve de marche, «elle prend en compte la perte d’énergie globale, grace à un calcul différentiel», explique le maître horloger. Il y a 24 h de réserve de marche en mode grande sonnerie, et 5 jours pour l’indication des heures si l’on n’utilise pas la sonnerie. «Et quand il ne reste que trois tours de barillets – environ 24 à 30 h –, la sonnerie se bloque pour laisser 24 h de réserve de marche au mouvement afin que les heures continuent de tourner.» «Cette pièce, c’est une grande leçon d’humilité, dit-il. Il faut parfois taire sa rage quand ça marche mal. On vit de grands moments de solitude. Le plus difficile, ce furent les 2% qui restaient à perfectionner.» Dix brevets ont été déposés. La conversation ne portant que sur elle, la montre a beau jeu de ne pas se laisser oublier. Elle sonne et l’on s’interrompt. Mais dans la vraie vie, est-elle aussi présente, coupe-t-elle aussi les conversations? Dérange-t-elle les voisins d’opéra? «C’est une montre intime, pas un mégaphone, répond François-Paul Journe. C’est un luxe absolu: seul son propriétaire l’entend. L’entourage qui ne sait pas, n’y prête pas attention et ne percevra pas la sonnerie.» Juste avant de prendre congé, on entend l’horloger qui marmonne quand même: «Je suis très fier d’y être arrivé.» 38 Horlogerie Le Temps Mercredi 29 mars 2006 DISTRIBUTION La tendance chez les horlogers est à l’ouverture de boutiques exclusives; il n’est bientôt plus une marque haut de gamme qui n’étende son réseau de distribution en propre. A Genève, par exemple, les rues commerçantes se sont transformées en une immense vitrine horlogère. Sans doute la plus importante du monde. Par Michel Jeannot/BIPH PHOTOS: DR Pignon sur rue pour les horlogers L’intérieur de la nouvelle boutique IWC, qui vient d’ouvrir ses portes à Zurich… en attendant de s’implanter cet été, rue du Rhône à Genève. «La plus forte concentration du monde de boutiques horlogères est à Genève. La rue du Rhône a détrôné la place Vendôme ou la Cinquième Avenue. Cette concentration était inimaginable il y a seulement cinq ans.» Georges Kern, CEO d’IWC, voit en Genève la vitrine mondiale de l’horlogerie de prestige. C’est pourquoi, après Zurich cet hiver, c’est à Genève qu’IWC ouvrira avant l’été sa seconde boutique en Suisse. His- toire d’accroître la notoriété et de communiquer l’image de la marque pour mieux pénétrer le marché romand. De fait, il n’y a bientôt plus une marque active dans le haut de gamme qui n’ait pignon sur rue dans la Cité de Calvin. Aux enseignes Audemars Piguet, Bulgari, Cartier, Chopard, Patek Philippe, Piaget, Vacheron Constantin installées de plus ou moins longue date, sont venues s’ajouter plus récemment notamment celles d’Antoine Preziuso, Blancpain, Breguet, Charriol, Roger Dubuis, de Grisogono, Léon Hatot, Jaquet Droz, Jaeger-LeCoultre, Pierre Kunz, Franck Muller, Van Cleef & Arpels ou encore Van der Bauwede. Et ce n’est pas terminé: Omega est sur le point d’ouvrir, IWC a prévu cela avant l’été et Zenith annonce sa volonté de venir s’installer également à Genève. De fait, la rue du Rhône et les quelques rues adjacentes se transforment peu à peu en une gigantesque vitrine horlogère. Cette attractivité a un prix et, les places se faisant toujours plus rares, les marques n’ayant pas encore pignon sur rue dans le quartier savent qu’il faut désormais passer à la caisse pour arracher un emplacement de choix. Et les prix atteignent aujourd’hui des sommets. Tant pour les locations pratiquées que pour PUBLICITÉ ASTON MARTIN V8 VANTAGE Power, Beauty and Soul Le Temps Mercredi 29 mars 2006 Horlogerie 39 PHOTOS: DR DISTRIBUTION Vacheron Constantin, Genève. les pas-de-porte à régler au locataire précédent. Ainsi, il se murmure à Genève qu’Omega – qui s’apprête à reprendre la localisation de l’ancienne boutique Louis Vuitton qui, elle, va ouvrir un espace gigantesque à deux pas de là – aurait accepté de débourser l’équivalent de quinze ans de loyer pour le pas-deporte. Ce chiffre ne surprend pas outre mesure un agent immobilier de la place qui relève d’une part l’excellent emplacement dont il est question et souligne, d’autre part, que le pas-de-porte n’est pas un investissement à fonds perdu puisqu’il fait l’objet d’une revente en cas de départ. Si les marques restent volontiers discrètes sur ces transactions, on rapporte de bonnes sources que Jaeger-LeCoultre aurait déboursé quelque 750000 francs de pas-de-porte pour sa boutique rue du Rhône. Si la «tendance boutique» est assez nouvelle pour les marques horlogères, les marques de mode, maroquinerie et joaillerie – Louis Vuitton, Bulgari, Hermès et Cartier notamment – ont ouvert la voie à ce mode de distribution direct qui se passe des intermédiaires et permet de mieux maîtriser sa distribution. Or, il y a quelques années encore, les horlogers estimaient que le seul produit «montre» ne permettait ni d’offrir un éventail assez large pour se permettre d’ouvrir une boutique ni de la rentabiliser. Fortes de ce constat, plusieurs marques se sont alors lancées – avec un bonheur inégal – dans la production de collections joaillières en complément à la montre-bracelet pour une offre alternative. Or le discours des horlogers a aujourd’hui changé, dès lors que plusieurs d’entre eux affirment qu’il est désormais possible de s’offrir le luxe d’une boutique avec ses seuls garde-temps. Si Genève connaît une concentration exceptionnelle de boutiques horlogères, ce phénomène est cependant le reflet d’une tendance générale qui voit s’ouvrir ce type particulier de points de vente partout dans le monde, pour peu que s’y trouve une clientèle disposant d’un haut pouvoir d’achat. La Chine, les Etats-Unis, la Russie, l’Inde sont parmi les premiers choix retenus par les horlogers, mais chaque marque développe sa stratégie en fonction des forces et faiblesses de son réseau de distribution. La Chine, les EtatsUnis, la Russie, l’Inde sont les premières cibles des horlogers Quelles raisons poussent ainsi les marques horlogères – essentiellement celles actives dans le haut de gamme – à ouvrir des boutiques mono-marques que l’on dit pas nécessairement rentables? Premières raisons invoquées: la maîtrise de l’image de marque et la possibilité de proposer un assortiment complet de produits. «Notre meilleur outil de communication est la manufacture, explique Jérôme Lambert, CEO de Jaeger-LeCoultre. Or, il est impossible de faire voir cet outil à chacun de nos clients. De fait, la boutique nous permet de transposer notre univers de manufacture et de mettre en valeur une image précise et cohérente de la marque partout dans le monde. Elle est aussi un véritable outil de communication.» Outre la maîtrise complète de l’univers de marque, l’ouverture de boutiques en propre permet aussi de récupérer la marge laissée d’ordinaire aux détaillants. Si cet argu- ment est peu mis en avant par les horlogers, il reste une donnée évidemment prise en compte. Reste que les raisons d’ouvrir des boutiques exclusives à une marque sont multiples et peuvent différer d’une ville à l’autre pour une même société. Georges Kern ne cache pas que la boutique IWC de Genève aura davantage un rôle d’ambassadeur de la marque, tandis que Zurich vise un clair objectif d’augmentation des ventes: «Contrairement à ce que l’on prétend parfois, on peut gagner de l’argent avec les boutiques. Les premiers mois d’ouverture à Zurich démontrent que ce point de vente est clairement profitable.» Reste qu’en implantant leur propre boutique en des lieux stratégiques dans le monde, les horlogers font une concurrence directe à leurs clients. Même s’ils s’en défendent en prétendant que l’ouverture d’une boutique tire les ventes de la marque également dans les magasins proches, les détaillants réfutent cet argument. «Le marché d’une marque, même en croissance, n’est pas extensible à souhait, analyse un détaillant genevois. Et les ventes de la boutique X ou Y sont autant de chiffre d’affaires en moins pour les magasins multi-marques.» C’est dire que les détaillants voient rarement d’un œil satisfait les ouvertures de telles boutiques. A moins d’être intéressés à l’affaire… Car le monde de la boutique mono-marque se divise en deux cas d’espèces fort différents: soit la marque est propriétaire de sa boutique et responsable de sa gestion, soit elle le fait en partenariat avec des détaillants locaux. Dans la majorité des cas, les horlogers cherchent à travailler en partenariat. Globalement, les sociétés expliquent qu’elles ne tiennent pas à être propriétaires de ces points de vente Franck Muller, Genève. Zenith, Shanghai. Blancpain, New York. Les prix atteignent des sommets: l’équivalent de quinze ans de loyer pour un pas-de- porte dès lors qu’un détaillant compétent est prêt à prendre la responsabilité et le risque. Cela est surtout vrai pour les pays connaissant une bonne maturité horlogère et une distribution de bon niveau. Dans le cas contraire, lorsque la distribution est défaillante et que les marques n’estiment pas le niveau suffisamment élevé, elles ouvrent des boutiques dont elles sont propriétaires. «Si nous sommes aujourd’hui une exception, alors nous allons le rester à l’avenir. Car nous n’avons pas l’intention de développer un réseau de boutiques en propre.» Pour Jean-Paul Girardin, vice-président de Breitling, à chacun son métier et chaque partenaire devrait se concentrer sur ce qu’il sait le mieux faire. «Ainsi nous sommes performants pour concevoir et produire des montres et nous nous appuyons pour les vendre sur des relations de longue date avec des détaillants indépendants comme nous. Et nous n’avons aucune raison de remettre aujourd’hui en cause cette stratégie.» Breitling dispose cependant de quelques points de vente monomarques en Asie, mais qui sont pour chacun d’eux la volonté d’un détaillant de la marque d’ouvrir un point de vente exclusif Breitling. Ce que la société de Granges a accepté, mais ces boutiques demeurent la propriété des détaillants locaux. TAG Heuer ou Rolex semblent avoir opté pour la même vision. Seulement quelques points de vente mono-marques, mais aucune volonté affichée de développer une véritable stratégie offensive d’ouverture de boutiques exclusives. A l’opposé, Zenith, qui a ouvert en novembre dernier à Shanghai sa première boutique, projette d’en ouvrir entre huit et dix cette année, dont cinq en Chine, trois aux EtatsUnis et peut-être une… à Genève. De gauche à droite: Les boutiques Chopard et Piaget se font face rue du Rhône, à Genève. Le 13, rue de la Paix, l’adresse historique de Cartier, à Paris. Richard Mille a ouvert une enseigne à Hongkong. Breguet et son écrin place Vendôme, à Paris. La boutique Audemars Piguet à New York. L’enseigne Blancpain à Munich. PUBLICITÉ Joyaux Jewels of Time de la mesure du temps Musée d’art et d’histoire du 1er mars au 14 mai 2006 2, rue Charles-Galland 1206 Genève mah.ville-ge.ch Ouvert de 10 à 17 heures Fermé le lundi Munson Williams Proctor Arts Institute Utica, New york Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie Genève COLLECTION BLACK TIE MOUVEMENT MANUFACTURE PIAGET TOURBILLON DE FORME LE PLUS PLAT DU MONDE Boutique PIAGET : Genève - 40, rue du Rhône - www.piaget.com