Supplément Le Temps 2006

Transcription

Supplément Le Temps 2006
Ces héritiers qui prennent le pouvoir
Complications, urbaines, high-tech, notre sélection
Les horlogers à la conquête des villes
© DENIS HAYOUN
Ce supplément ne peut être vendu séparément Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie
2 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
ÉDITO
«Est-ce que ce sera une
grande année?» m’a-t-on
demandé récemment
au sujet des salons horlogers
de Bâle et de Genève.
A question réductrice,
réponse normande:
tout dépend de ce que l’on
en attend. S’il s’agit d’y venir
chercher l’esbroufe,
ce ne sera pas un très grand
millésime. Il y aura certes
des premières mondiales et
des complications insensées,
comme cette seconde
virevoltante (p. 10),
ce tourbillon en équilibre sur
l’aiguille des minutes (p. 11),
ou cette grande sonnerie
(p. 37). Mais la grandeur
des innovations, cette année,
est cachée, nichée au cœur
des garde-temps: il s’agit
des mouvements et
Déclaration
d’indépendance
par Isabelle Cerboneschi
des technologies et
matériaux d’avant-garde mis
en œuvre pour les améliorer.
Une multitude de nouveaux
calibres maison voient
le jour: Piaget, Roger Dubuis,
le premier mouvement
manufacture de Maurice
Lacroix. Sans oublier
le premier chronographe
automatique développé
chez Patek Philippe. Depuis
le temps qu’on l’attendait…
Audemars Piguet dévoile
un nouvel échappement
qui se passe de lubrification
(p. 22), Jeager-LeCoultre
lance un chronographe
à déclenchement vertical
par bascule du boîtier, où
les poussoirs ont disparu
(p. 37), Breguet présente
un échappement complet en
silicium (p. 16). Le paysage
horloger est décidément en
train de changer. En octobre
dernier, le groupe Richemont
a inauguré sa manufacture
de mouvements ValFleurier,
qui fournira certaines
marques du groupe.
Cela fera dix ans cette année
que Chopard ouvrait
sa manufacture à Fleurier.
Son mouvement L.U.C équipe
aujourd’hui 3000 modèles
de la marque. «Notre but
est d’en fabriquer 10 000
par an», nous confiait
récemment Karl-Friedrich
Scheufele. Chez Franck
Muller, on est sur la voie
de l’émancipation.
Le Swatch Group y est certes
pour quelque chose, qui,
avec sa situation de quasimonopole, a forcé la
concurrence à se réveiller.
Mais pas seulement:
«Les collectionneurs sont
de plus en plus avertis et
ne comprennent pas
pourquoi ils paieraient
un prix faramineux pour une
montre dont le mouvement
est un moteur de base – aussi
fiable et bien fait soit-il»,
confie un horloger.
On sent un vent d’indépendance rafraîchissant souffler
sur l’horlogerie: les nouvelles
générations prennent la tête
des entreprises familiales
(pp. 4 à 8), des professionnels
se réunissent en collectif
pour donner naissance à des
montres d’un genre nouveau
(p. 33), les grandes marques
ouvrent leurs propres
boutiques (pp. 38 et 39).
Oui, 2006 sera une grande
année horlogère.
PHOTOS: DR
VERONIQUEBOTTERON.COM
SOMMAIRE
Héritage 4 à 8
4à8
Avant-premières 10 à 22 Indépendance 33
La nouvelle garde des patrons horlogers
Ils ont grandi dans le sérail horloger. Christian Bédat,
Massimo Macaluso, Marc A. Hayek: portraits croisés
de cette nouvelle génération qui poursuit le rêve horloger
de ses parents. Entre souvenirs et visions du métier,
plongée dans l’intimité de ces héritiers qui innovent.
Par Isabelle Cerboneschi. Photographies: Véronique Botteron
10 à 20
33
34
36
A l’heure du «concept watch»
37
«Light!»
Des montres qui donnent plus que le temps, des diamants
qui révèlent leurs facettes entre ombre et lumière, les créations
brillent sous les projecteurs.
Photographies: Denis Hayoun. Réalisation: Isabelle Cerboneschi
Montre Tortue XL
Platine Tourbillon
Chronomonopoussoir
sur bracelet alligator
avec boucle déployante
réglable (série limitée)
de la Collection Privée
Cartier Paris.
Photographie:
Denis Hayoun
Les secrets de l’équation du temps
Une folie pour collectionneur
Il aura fallu six ans à François-Paul Journe pour créer sa grande
sonnerie. Une montre qui chante l’apologie des choses inutiles…
Par Isabelle Cerboneschi
38 et 39
25 à 32
A l’ombre des grands groupes
Parmi les complications horlogères, l’équation du temps
est l’une des plus subtiles. Elle traduit l’écart qui existe
entre la position réelle du Soleil dans le ciel, et l'heure indiquée
par les montres. Le mouvement des astres imprime
son tempo à ces garde-temps respectueux du cycle solaire.
Leçon d’astronomie appliquée au temps. Par Pierre Chambonnet
Des mouvements manufacturés, de nouvelles collections
conçues rien que pour elles, les femmes inspirent les horlogers
avec un bonheur inégal. Par Isabelle Cerboneschi
Condensés d’innovation technologique et de recherche esthétique,
ces créations présentées par les grandes marques horlogères
ne sont pas vouées à rester à l’état de prototype.
Destinées à prendre le pouls du marché et à repousser
les limites du savoir-faire, la plupart seront commercialisées.
Par Michel Jeannot/BIPH
Naissance d’une marque
Comment se faire une place au soleil quand on est une jeune entité
horlogère? Face à la suprématie des groupes et des maisons
ancestrales, les petites marques doivent rivaliser de ténacité
et de réactivité pour s’imposer sur un marché saturé.
Et convaincre les distributeurs. Par Michel Jeannot/BIPH
En avant-première des salons
Sur le poignet des femmes
22
Distribution 38 & 39
Sous le nom de MB&F se cache un collectif de maîtres
horlogers, designers et artisans, réunis par l’entrepreneur
Maximilian Busser, pour créer des premières mondiales
destinées à quelques passionnés. Par Isabelle Cerboneschi
Pleins feux sur les nouvelles montres et collections 2006
qui seront dévoilées dès demain et pour dix jours à BaselWorld
puis au Salon International de la Haute Horlogerie de Genève.
Par Michel Jeannot/BIPH. Photos shooting: Frédéric Luca Landi
21
Collectionneurs 37
Le portfolio «Light» a été réalisé par le photographe
genevois Denis Hayoun. Son travail est d’une
précision et d’une délicatesse extrêmes, pour saisir
un art horloger qui l’est tout autant. Derrière chaque
photo, se cache une histoire: le quantième perpétuel
rétrograde de Parmigiani Fleurier (p. 32) a été monté
et emboîté exprès pour ces trois jours de séance
photo. Et jusqu’au dernier moment, nous ne savions
pas s’il serait terminé à temps… Pas plus que
le collier Snowflakes de Chopard, terminé la veille.
Les ateliers ont aussi accompli des petits miracles…
Mannequins: Coralie, Vanessa, Sébastien,
de l’agence Welldone. Avec Jennifer et Sonia.
MakeUp face&body: www.cyrilmakeup.com
Coiffures: Max Laffitte assisté de Mikael Jaulin pour
Jean Louis David avec le Mousse sublim´boucles,
Mousse boost volume, Spray vinyl glam.
Post-Production: Bombie
Boutiques d’horlogers: la voie royale
Aujourd'hui, les grandes marques ont presque toutes leur propre
réseau de distribution. En ouvrant des boutiques exclusives
sur des emplacements de choix, elles transforment le cœur
des villes en une immense devanture horlogère. Lèche-vitrine
haut de gamme. Par Michel Jeannot/BIPH
Quotidien suisse édité à Genève,
fondé en mars 1998.
Assistante de production
Géraldine Schönenberg
Editeur Le Temps SA
Photographies
Véronique Botteron
Denis Hayoun
Frédéric Luca Landi
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d’administration
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Réalisation, graphisme
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autorisés, notamment sur des services
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Santos 100 moyen modèle
www.cartier.com
En 1904, Louis Cartier créa pour le pionnier
de l’aviation Alberto Santos-Dumont, la première
montre conçue pour être portée au poignet.
4 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
HÉRITAGE
Nés dans les rouages
Une nouvelle génération
de patrons horlogers a
émergé ces dix dernières
années: à peine trentenaires
ou jeune quarantenaire,
ils ont été initiés très jeunes
au monde des montres par
leur mère, père ou grandpère. Ils auraient pu se
contenter d’être les fils ou
petits-fils de... Mais Christian
Bédat, Massimo Macaluso ou
Dossier réalisé
par Isabelle
Cerboneschi
Photos:
Véronique
Botteron
Marc A. Hayek ont choisi de se
faire un prénom et de reprendre le flambeau horloger.
Ils n’ont pas grand-chose
en commun, si ce n’est d’avoir
réussi à faire parler d’eux,
en bien, dans ce microcosme
peu enclin aux compliments.
Le premier a suivi les traces
de sa mère, Simone Bédat,
cofondatrice de la société
Raymond Weil. Avec elle,
Christian Bédat
il a fondé Bédat & Co, en
1996, alors que le marché ne
les attendait pas. Dix ans plus
tard, la société est propriété
du groupe Gucci. On a connu
pire comme destin.
Le second, fils de Luigi
Macaluso, a repris la marque
Daniel JeanRichard,
qui peinait à trouver sa place
sur le marché, à l’ombre
de la société mère Girard-
Perregaux. Il a changé le nom
en JeanRichard, modernisé
intelligemment le look des
montres, lancé un premier
mouvement manufacture,
le tout en à peine trois ans.
Quant à Marc A. Hayek, neveu
de Nick et petit-fils de Nicolas
G., épicurien amateur
en sourdine de cigares et
de bons vins, il a déjà réussi
à imprimer sa marque chez
Président de Bédat & Co
– Non, je ne pense pas. Ma mère
m’a toujours dit: «Il n’y a pas
de sot métier, mais tu dois
faire un travail que tu aimes.
Si cela te plaît, et si l’entreprise
(Raymond Weil) existe toujours,
tu pourras travailler avec nous,
mais tu ne dois pas compter
dessus.» Je savais que c’était une
possibilité parmi d’autres. Je n’ai
pas fait d’études horlogères pour
autant. J’ai étudié les sciences
économiques, j’ai fait des stages
à l’étranger, comme la plupart
des gens qui n’ont pas la chance
d’avoir une entreprise familiale.
Puis, au fur et à mesure de ma
formation, grâce aux contacts
horlogers que j’ai développés
à l’étranger, je suis rentré chez
Raymond Weil, de manière tout
à fait naturelle.
«Mon
chemin
n’était pas
tout tracé»
Les années passent, les rencontres se suivent et son discours
à haut débit comme sa capacité
d’émerveillement ne changent
guère. Christian Bédat continue
à s’enthousiasmer pour les montres qui sortent de son esprit,
comme au premier jour. Comme
en cet automne 1996, lorsqu’il
nous expliquait le «concept» de la
marque Bédat & Co qu’il venait
de créer avec sa mère, Simone
Bédat, elle-même cofondatrice
de la société Raymond Weil dans
les années 70. C’est à elle, sa maman, qu’il doit l’amour des montres. Et pas mal d’autres choses…
– Quelle leçon avez-vous retenue
de la carrière de votre mère,
Simone Bédat?
– Difficile d’en citer une
en particulier… Concernant
l’horlogerie, je dirais qu’elle m’a
appris la rigueur du travail
au quotidien, l’attention
aux détails et surtout le fait
d’aborder les problèmes comme
on escalade une montagne:
commencer à grimper, un pas
après l’autre.
– Qu’espérez-vous transmettre
à vos enfants?
– Les valeurs humaines que ma
mère m’a transmises. Et surtout
faire en sorte qu’ils gardent une
certaine simplicité, même s’ils
sont élevés dans un milieu assez
favorisé… Ce qui n’a pas été
mon cas.
VERONIQUEBOTTERON.COM
«Lancer une marque
horlogère aujourd’hui,
à moins d’un miracle,
ça coûte des fortunes»
Presque dix ans se sont écoulés
depuis la création de cette marque que le marché n’attendait
pas. Les collections ont grandi,
les montres ont évolué, mais l’esprit n’a pas fondamentalement
changé: «Mêmes aiguilles, même
couronne, même typologie de
cadran, même cuir, même logo à
8 h, même boucle déployante…»
Christian Bédat, entre-temps, a
eu cinq enfants, ses plus belles
réussites, et a fait la couverture
du magazine Forbes – une première pour un patron de l’horlogerie
suisse. C’était en septembre 2000.
En 2000, Bédat & Co a été rachetée par le groupe Gucci. Lui
est resté président de la marque
qui porte son nom. L’an passé,
en 2005, il fut nommé directeur artistique de Gucci Group
Watches. A charge pour lui de redonner aux montres Gucci une
identité. Il lui arrive aussi de travailler comme consultant pour
Boucheron, une autre marque du
groupe.
Blancpain dans un style «soto
voce» aux antipodes de celui
de son illustre grand-père.
Tous les trois ont accepté
de recevoir la photographe
chez eux, afin de se montrer
sous un jour moins
attendu, loin des établis
ou des bureaux stéréotypés.
Trois rencontres, trois
manières d’être, trois visions
de l’horlogerie à long terme.
Le jour de l’interview, Christian Bédat portait sa montre de
tous les jours, un modèle qu’il a
lancé en 2001: un double fuseau
horaire «avec un mouvement signé Antoine Preziuso». Christian
Bédat l’a fait sien en le dotant
d’un bracelet de croco vert avec
des coutures brunes. Il en est fier,
de sa montre avec «ses quatre
cornes rapportées, fixées dans la
boîte, maintenues avec des vis, satinées, le petit biseau sur le fond,
le bracelet 100% croco, chaque
brin est rembordé, tressé…»
Le mot qui reviendra le plus
souvent dans sa bouche, ce jourlà, est «sublime».
Le Temps: A quel âge a eu lieu
votre premier contact avec le
monde horloger?
Christian Bédat: Je suis né dedans.
Je me rappelle, quand j’étais tout
petit et que ma mère travaillait
pour la maison Camy, prendre le
train avec elle pour aller à la Foire
de Bâle, ou rendre visite à des
fournisseurs dans le Jura. Il
m’arrivait aussi d’aider maman à
remettre à l’heure des montres
digitales: il fallait appuyer sur des
boutons. Elle me les apportait à la
récréation… Je devais avoir à
peine 11 ans. On peut dire que j’ai
une longue expérience horlogère
(rires).
– Quelle fut votre première
montre?
– Une montre Camy.
– Enfant, qui rêviez-vous de
devenir plus tard?
– Je ne crois pas que j’ai eu de
rêve… Si, bien sûr, quand j’étais
tout petit, je voulais être
marchand de glaces, pour en
manger autant que je voulais.
Mais je n’ai pas souvenir de
m’être jamais dit: «Quand je
serai grand, je voudrais être ceci
ou cela…» J’ai toujours vécu dans
l’instant.
– Votre chemin était-il tout tracé?
– Quel regard portez-vous sur
le marché actuel de l’horlogerie?
– C’est un monde fondamentalement différent de celui que
j’ai connu lorsque j’étais enfant.
Lorsque ma mère et Monsieur
Weil ont monté Raymond Weil,
ils ne faisaient pas de plans
stratégiques à cinq ans, de
«recherche d’ADN»… Il fallait
qu’ils gagnent leur vie et la seule
chose qu’ils savaient faire, c’était
des montres. Il se trouve que
celles-ci ont plu. L’esprit
d’entreprise a un peu disparu,
comme les entrepreneurs,
remplacés par des patrons venus
d’autres industries. Cela ne veut
pas dire que les produits ne sont
pas bien faits: ils sont de bien
meilleure qualité aujourd’hui
qu’il y a vingt ou trente ans.
Les mouvements fonctionnent
mieux; grâce à l’ordinateur,
de nombreux problèmes ont
disparu, la qualité s’est
améliorée, mais il manque
un peu d’âme. Et l’industrie
souffre d’une suroffre.
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie 5
HÉRITAGE
Bédat & Co, Gucci et Boucheron,
trois montres, trois univers
Outre son titre de président
de Bédat & Co, Christian Bédat a
été nommé l’an passé directeur
artistique des montres Gucci,
en collaboration avec Jacques
Philippe Auriol, président
de Gucci Group Watches,
et de Frida Giannini, directrice
de la création Gucci, qui doit
approuver tous les projets.
Pas facile de faire le grand écart
entre le côté purement «fashion»
de la marque et une certaine
légitimité horlogère. «En 2005,
ce fut l’année des «cosmetic
changes». Nous avons fait
des cadrans avec des imprimés
ton sur ton, la Flora notamment,
en utilisant les codes de la
maison, afin de créer une trame
100% Gucci. Nous avons essayé
de nous rapprocher de l’univers
mode de la marque: l’utilisation
Quelques dates
21 juillet 1964
Naissance.
1987
Diplômé de HEC, Lausanne.
1990
Après deux ans chez Eco
Swiss China Time à Hongkong,
en charge de la production
des montres «Benetton
by Bulova», il entre
chez Raymond Weil,
société cofondée par Raymond
Weil et sa mère, Simone Bédat,
en 1975.
8 octobre 1996
Création de Bédat & Co
avec Simone Bédat.
1997
Première Foire de Bâle
de Bédat & Co.
8 décembre 2000
Rachat par le Gucci Group
(85%).
2005
Nommé directeur artistique
des montres Gucci.
– Lorsque vous avez lancé Bédat
& Co, il y avait déjà une suroffre…
– Il n’y avait pas la place pour
Bédat, en effet. Mais on l’a créée
parce qu’on en avait envie. En
1996, on a fait un peu plus de recherches de positionnement, de
stratégie marketing qu’en 1974,
lors de la création de Raymond
Weil, mais l’esprit était le même.
– Quand on regarde l’horlogerie
aujourd’hui où tout a été fait
et toutes les formes inventées,
comment se différencier?
– L’une des possibilités est d’être
complètement extravagant, sortir de la norme, comme l’a fait
la marque Jacob par exemple.
Mais avec le positionnement
que nous avions choisi au départ
– l’élégance, le raffinement
intemporels – c’était impossible.
Il nous fallait rester dans
la normalité où il est beaucoup
plus difficile de se différencier.
Nous sommes donc partis
sur des formes très classiques:
le rond, le tonneau, le carré…
Le consommateur qui apprécie
l’esthétique de nos montres a
besoin d’un nom très fort sur
le cadran. Celui d’une marque
qu’il accepte de porter. Or, il est
des gens qui se ferment à tout
ce qui n’appartient pas à l’«establishment». Notre travail,
ces cinq prochaines années, est
justement d’en faire partie.
– Votre marque marche bien
sur le marché américain,
où vous avez percé très vite.
En France, en Italie, ou même
Suisse, la reconnaissance tarde
à venir. Pourquoi?
– Nous avons travaillé
les marchés l’un après l’autre,
pour des raisons de temps, mais
aussi financières: lancer une
marque horlogère aujourd’hui,
à moins d’un miracle, ça coûte
des fortunes! Il faut être prêt
à investir et à perdre de l’argent
pendant de nombreuses années
pour percer. Quand nous avons
commencé, nous avons investi
beaucoup plus que notre chiffre
d’affaires chaque année. Il faut
aussi faire la différence entre
«être vendu» et «exister».
Etre vendu, c’est relativement
simple: on trouvera toujours un
détaillant à Rome, Milan, Paris,
à qui vendre quelques pièces.
Mais tant que la majorité des
gens dans la rue ne connaissent
pas notre nom, nous n’existons
pas en tant que marque.
du code couleur vert-rouge-vert,
par exemple, qui est l’identité
propre de Gucci. Les aiguilles ont
été refaites: avec un petit G gravé
sur le centre que l’on voit à peine.
La couronne aussi: on a utilisé
le même marquage que l’on voit
sur les boutons. Mais pour moi,
il est primordial de créer pour
Gucci des produits qui ont
un caractère plus horloger.
Historiquement, la marque a une
vraie raison d’être en horlogerie.
Une collection plus «horlogère»
va être lancée cette année à Bâle,
avec notamment le modèle
Guccio (ci-contre)», souligne
Christian Bédat.
Ce dernier avait également été
mandaté pour aider le président
de Boucheron, Jean-Christophe
Bedos, à redéfinir l’identité des
montres Boucheron. Les produits
ont été dévoilés fin 2005.
Un tout autre univers. «L’héritage
de Boucheron en horlogerie,
c’est la montre «Reflet» avec
ses bracelets interchangeables.
Il fallait redonner un coup
de jeune, de raffinement à cette
montre-là. L’idée que je me
faisais de Boucheron était celle
d’une marque de la place
Vendôme, très aristocratie
française. J’ai proposé un modèle
classique rond extraplat et un
autre carré. Ce n’est pas sa forme
qui fait la différence, mais le
travail du détail: la lunette clou
de Paris, la tranche clou de Paris,
le fond clou de Paris. Les aiguilles
ont été retravaillées, le logo
positionné à la verticale, et il y a
cette élipse sur le cadran. Il fallait
passer par ce classicisme pour
pouvoir en sortir.» I. Ce.
PUBLICITÉ
– En 1998, vous affirmiez qu’une
marque indépendante pouvait
survivre hors d’un grand groupe.
Pourtant, en 2000, Bédat & Co
était racheté par Gucci…
– Le rachat par Gucci n’était
pas une fin en soi. C’était une
étape dans la construction de la
marque. Dans l’environnement
«ennemi» dans lequel nous
évoluions, combien de temps
aurions-nous tenu seuls?
Adossés à un grand groupe, nous
avons le pouvoir de tenir sur
les années… Encore faut-il que
le groupe, dans sa stratégie, ait
la vision, le désir de développer
la marque. Mais il reste vrai
qu’une maison indépendante,
si elle a la surface nécessaire – je
prends pour exemple Chopard –
n’a besoin de personne.
– De quelle création horlogère
êtes-vous le plus fier?
– Ma préférée, pour femme, reste
la 308 avec le bracelet intégré;
elle date de 1998, et ma femme
la porte quasiment tous les jours.
Pourtant, ce n’est pas mon bestseller.
– Vous êtes un collectionneur
de montres. Les portez-vous?
– Je possède une collection
de montres, mais je ne les mets
jamais. Je ne porte que des Bédat
& Co. Paradoxalement, je n’ai
même pas un modèle de
chacune de nos montres: je les
porte quand elles sortent, je pars
avec en voyage, puis je rencontre
quelqu’un qui en tombe
amoureux, je la lui donne, je la
lui prête, bref, je ne la récupère
jamais… I. Ce.
L'horlogerie par Louis Vuitton.
Tambour In Black, chronographe digital - analogique.
Manufacturé dans Les Ateliers Horlogers Louis Vuitton.
En vente exclusivement dans les magasins Louis Vuitton. Tél. 022 311 02 32 www.louisvuitton.com
De gauche à droite:
No 388, de la Collection No 3
de Bédat & Co, une nouvelle
montre masculine de forme
tonneau, avec un double
fuseau horaire. Mouvement
automatique ETA. La Guccio
appartient à une nouvelle
collection de montres Gucci
qui sera présentée à Bâle.
Classique avec un «twist»,
La Ronde de Boucheron,
lancée fin 2005.
6 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
HÉRITAGE
«Sans vision,
notre famille
n’aurait jamais
rien fait»
Bressel Alternativ
Equipé du mouvement
mécanique à remontage
automatique manufacturé
JR 1000, ce modèle affiche
un visage classique avec
un «twist». Son affichage
décentré des heures et
des minutes, de la date,
de la réserve de marche
et des secondes apporte
cette touche de nonconformisme. Boîtier en acier
de 42 mm. Réserve de marche
d’environ 48 h. Bracelet en
alligator avec boucle déployante.
Chez lui, il y a des meubles vintage et des œuvres d’art contemporain. Massimo Macaluso est un
esthète. On s’en doutait un peu en
regardant ses montres: depuis qu’il
a repris la direction de Daniel JeanRichard, en 2000, il a fait un travail
de chirurgien plastique sur le visage des garde-temps, les a rajeunis,
leur a redonné du mordant, de l’allure. Avec une modernité bien dosée, ses montres sont des urbaines à
l’aise le jour et la nuit, comme un
jean. Lifting réussi. Il ne s’est pas
contenté de l’aspect extérieur: il a
lancé un premier mouvement manufacturé en 2004. Greffe du cœur.
Lors de l’entretien, Massimo
Macaluso n’avait pas encore fêté ses
29 ans. Bien sûr, il n’est pas seul
dans l’aventure: le groupe Sowind,
à qui appartient la marque JeanRichard, est en mains parternelles.
Mais quand même, 29 ans…
Quand on lui demande de se raconter, le directeur de JeanRichard
parle surtout de son père, Luigi
Macaluso, qui a racheté la maison Girard-Perregaux en 1992. Un
homme qui a compris très vite
qu’une entreprise horlogère devait
être complète, indépendante, et fabriquer ses propres mouvements.
Quand on regarde le groupe aujourd’hui, la philosophie était plutôt payante.
L’indépendance, c’est ce à quoi
Massimo Macaluso aspire: financière, technique, et en termes de
distribution. Il s’y dirige pas à pas. Il
a tout le temps…
– Quel est le modèle dont vous êtes
le plus fier?
– Ma pièce préférée est
une montre carrée, la Paramount.
Elle possède un mouvement
manufacturé avec une réserve
de marche linéaire. Mon père
avait esquissé la ligne générale
de la boîte en 1983-1984.
Cette montre a été entièrement
dessinée, conçue et développée
à l’interne. C’est la première pièce
que je sens vraiment mienne.
– Quelle leçon retenez-vous
de la carrière de votre père?
– Mon père a des origines
siciliennes, il n’est pas né
dans un milieu aisé, il a fait tout
un parcours pour arriver là où
il est. La chose qu’il m’a souvent
dite, c’est d’être humble avec
les humbles et fort avec ceux
qui sont forts. D’être déterminé,
et d’avoir une vision à long terme.
Sans vision, notre famille n’aurait
jamais rien fait. A mon avis,
il n’arrêtera jamais de travailler,
mon père: il est trop passionné.
J’espère juste qu’il prendra
un peu plus de vacances…
VERONIQUEBOTTERON.COM
Le Temps: A quel âge a eu lieu
votre premier contact avec
l’horlogerie ?
Massimo Macaluso: J’ai toujours
respiré les montres. Mon père,
comme mon grand-père,
travaillait pour la filiale italienne
d’Omega, avant de créer une
société de distribution. C’était
l’époque du boom horloger en
Italie. Quand je sortais de l’école,
je me rendais à son bureau, j’y
faisais mes devoirs, je ne voyais
que des montres. Mon père nous
avait dit, à mon frère Stefano et
– Oui, c’était le premier acte
de la relative indépendance
de JeanRichard. Il s’agissait
d’un projet antérieur à ma venue.
Pour développer un mouvement,
il faut des années: on l’a sorti en
2004, on a commencé à travailler
dessus en 1998. Moi, je ne suis
arrivé dans le groupe qu’en 1999.
Ce n’est pas le mouvement le plus
innovant du monde, mais
il nous permet d’être libres
en termes de créativité technique.
C’est une excellente base pour
pouvoir ajouter des modules
qui permettront des déclinaisons
de complications.
Massimo Macaluso
Directeur général de JeanRichard
à moi: «Soit vous détesterez
les montres, soit vous tomberez
amoureux.» Heureusement,
je suis tombé amoureux.
– Enfant, que vouliez-vous faire
quand vous seriez grand?
– Je voulais faire beaucoup
de choses: jouer au football,
faire des courses automobiles,
c’était mon rêve. Je voulais aussi
être architecte, comme mon
père, et mon frère, mais il y en
avait déjà trop dans la famille…
J’ai fait de courtes études
d’économie à l’Université
à Turin, mais je ne les ai pas
terminées. Je crois à la formation
sur le terrain et j’ai eu de
la chance car on m’a proposé
de travailler très tôt: j’avais à
peine 20 ans. D’un autre côté j’ai
renoncé à beaucoup de choses:
vivre à La Chaux-de-Fonds,
ce n’est pas comme vivre à Milan
ou Turin quand on a 20 ans.
– Avez-vous repris JeanRichard
par obligation familiale?
– Mon père m’a dit un jour, comme
tous les pères le font: «Qu’est-ce
que tu veux faire dans la vie?
As-tu envie de m’aider?» J’avais un
minimum d’éducation horlogère
et il estimait qu’il était important
qu’un membre de la famille
s’occupe de cette marque. J’ai
accepté, en posant quand même
une condition: la possibilité de
travailler avec une certaine liberté.
– Une marque peu ou mal
exploitée, c’était un joli terrain
d’expérimentation pour un jeune
homme de 23 ans.
– Quand mon père a racheté
Daniel JeanRichard à la fin
des années 80, il cherchait une
marque alternative à GirardPerregaux, une deuxième entité
pour pouvoir satisfaire un
marché de niche. Dans la réalité,
il a fallu d’abord repositionner
Quelques dates
4 avril 1977
Naissance.
1992
Rachat de Girard-Perregaux
par la famille Macaluso.
1999
Entre chez Girard-Perregaux
où il accomplit un parcours
professionnel complet,
du produit aux marchés.
2001
Participe au Championnat
du monde des rallyes
comme pilote.
Août 2003
Nommé Managing Director
de JeanRichard.
2004
Présente le JR 1000, premier
mouvement manufacturé
par JeanRichard.
Girard-Perregaux sur le marché,
et Daniel JeanRichard a été mis
un peu de côté. Cette marque s’est
beaucoup cherchée. Jusqu’au
début des années 2000, quand
mon père m’a proposé
de m’y intéresser. En termes
d’esthétique, nous ne voulions
pas faire de JeanRichard un
doublon et reproduire le schéma
«Rolex-Tudor». Mon père craint
d’être trop conditionné «GirardPerregaux». Alors, parfois,
il détourne le regard, pour
ne pas voir certaines choses…
– Est-ce difficile de faire grandir
une marque dans l’ombre
de Girard- Perregaux?
– Ce n’est pas une difficulté, c’est
une aide. Pour bâtir une marque
en Suisse, surtout aujourd’hui,
il ne faut pas rêver de faire
un carton d’un jour à l’autre.
Les rares marques qui sont
devenues rapidement de gros
succès commerciaux, au niveau
mondial, avaient un concept
marketing très intéressant
et des capacités financières
immenses, comme Franck Muller
ou Panerai par exemple.
Nous n’avons pas ces moyens.
Et je ne veux pas les avoir:
je tiens à séparer financièrement
JeanRichard de Girard-Perregaux.
Sinon, la marque ne sera jamais
indépendante. Cela signifie que
sa capacité à grandir est limitée,
mais je ne suis pas pressé:
l’équipe est très jeune et j’ai tout
le temps. Nous avons la chance
d’avoir «une mère» qui s’appelle
Girard-Perregaux, il faut
en profiter, mais pas vivre
dans son ombre.
– Vous avez lancé un mouvement
manufacture en 2004. Etait-ce
une manière de vous affranchir
techniquement de la maison
mère?
– Vous souvenez-vous
de votre première montre?
– La toute première, c’était une
Casio avec un petit robot. J’avais
6 ans quand on me l’a donnée.
Mais ma première véritable
montre, à part des Swatch,
c’était une Breitling Chronomat.
Je l’ai reçue vers 11 ans.
– Etes-vous collectionneur?
– J’ai commencé une collection
il y a cinq ans. Je dois avoir
une cinquantaine de montres.
Lorsque l’on est à ce point
en contact avec l’industrie
horlogère, acheter devient
difficile: vous connaissez tous
les fournisseurs, vous savez
ce que font les autres marques,
vous connaissez la valeur ajoutée
de chaque pièce, et il arrive
que des mythes s’effondrent…
Je suis très attaché à la Monaco
de TAG Heuer, l’ancienne version
de 1969. Encore aujourd’hui
elle est magnifique! Elle est liée à
toute une époque… J’en possède
deux. Je les porte parfois.
Mais ça, il ne faut pas l’écrire…
Propos recueillis
par Isabelle Cerboneschi
BLANCPAIN. TRADITION D’INNOVATION. DEPUIS 1735.
La réalisation du quantième perpétuel demeure un défi pour les maîtres horlogers.
Le «Villeret Quantième Perpétuel avec Correcteurs sous Cornes» (Réf. 6057-3642-53B)
représente non seulement l’excellence de cette complication avec brio, mais affiche également
une esthétique irréprochable grâce à ses correcteurs placés sous les cornes. Un modèle de
savoir-faire alliant technique et pureté des lignes, réalisé par la Manufacture du Brassus.
Système breveté de
correcteurs sous cornes
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BLANCPAIN
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290x440 mm
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Calitho 03-06-3728
Magazine: Le Temps Hors Série (CH)
Edition: 29.03.06
8 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
HÉRITAGE
Quelques dates
«Une montre
est un art vivant,
ça m’équilibre»
Le Temps: A quel âge a eu lieu
votre premier contact avec le monde
horloger?
Marc A. Hayek: Très tôt. Dès l’âge de
6-7 ans. Je voulais toujours m’arrêter devant les vitrines des bijoutiers
pour voir les montres. C’est mon
premier contact conscient. Après,
ce fut l’époque Swatch: j’avais l’âge
parfait,12-13 ans, pour m’y
intéresser. Pour la première fois,
il ne s’agissait plus simplement
d’un objet pour lire le temps, mais
d’un accessoire de mode, comme
pouvait l’être une paire de Nike.
– Quelle fut votre première montre?
– Je pense que c’était une Tissot que
ma grand-mère m’a offerte. Je l’ai
toujours, chez mes grands-parents.
– Enfant, qui rêviez-vous de devenir?
– Quand j’étais tout jeune, je voulais être pêcheur. J’ai eu des passions qui se sont ajoutées à
d’autres: la plongée, les motos, la
mécanique automobile… Professionnellement, je ne pensais pas à
un métier précis, mais je désirais
construire quelque chose, avec
comme moteur indispensable
l’émotion.
– C’est ce que vous avez fait
en montant à Zurich le bar à vins
Colors. Etait-ce une manière
de prendre votre indépendance ?
– Je voulais savoir ce que j’étais
capable de faire. Le Swatch Group
est un grand groupe: bien sûr, on
peut toujours y créer. Mais je voulais faire quelque chose par moimême. Cette aventure aurait pu
durer très longtemps, mais après
trois ans, l’affaire était rodée.
J’avais le projet d’adapter ce
concept dans différentes villes, en
commençant par Saint-Moritz.
Puis l’opportunité de reprendre
Blancpain s’est présentée.
1994
Assistant marketing et
relations publiques Swatch.
1995
Département sponsoring
de Certina.
1997
Ouvre à Zurich le Colors, un
restaurant-bar à vins trendy
qui remporte le Prix de la revue
«Wine Spectator».
2001
Nommé directeur marketingvice-directeur de Blancpain.
2002
Nommé président de Blancpain.
2005
Rejoint la direction générale
de Swatch Group.
est semblable, nous avons pris des
chemins stylistiques très différents:
leur modèle est très classique, le
nôtre, dans sa nouvelle version présentée ce printemps, est très sportif
avec une boîte en titane qui améliore le son – on arrive à plus de
70 décibels.
– Je me souviens surtout du réveil
Breguet, pas du vôtre. Vous étiez
en avance technologiquement,
mais en termes de communication,
ils ont pris les devants.
– Oui, j’ai pris une leçon. Il n’était
pas prévu que les choses se passent
comme ça car nous aurions dû
communiquer ensemble… Mais aujourd’hui, en termes de ventes, en
quantité, nous les avons dépassés.
– Si vous deviez retenir une leçon
essentielle de la carrière de votre
grand-père, quelle serait-elle?
– J’ai beaucoup appris à ses côtés,
sans vraiment le réaliser. C’est surtout sa passion que je retiendrais,
et le fait qu’il s’amuse en travaillant. Même s’il lui arrive de
s’énerver, il ne se prend pas au sérieux. Il m’a toujours dit: «Fais ce
que tu veux. Fais quelque chose,
mais peu importe le domaine.»
VERONIQUEBOTTERON.COM
Dans le bureau du président de
Blancpain, il y a un coupe-cigare
ancien et des cartons de bonnes bouteilles qui attendent d’être transportées ailleurs. C’est assez hétéroclite,
mais cela cadre assez bien avec les
goûts de Marc Alexander Hayek.
De son père, Roland Weber, un
industriel argovien, il a le goût des
beaux vins; pas les châteaux bordelais tape-à-l’œil, mais des choses
plus authentiques. Il a appris à aimer le dézaley, et à apprivoiser le
fort caractère de certains côtes-durhône «un peu rustiques, et très
honnêtes, pas faciles à boire». De
son grand-père Nicolas G. Hayek,
qu’il appelle «Senior» au bureau, il a
aussi hérité l’amour des belles et
bonnes choses. Celui des montres
et des havanes. Si Nick G. était un
opéra de Wagner, Marc A. serait plutôt un chant grégorien. Ou la note
bleue de John Coltrane. Mais il
avoue ne pas aimer les raccourcis.
A l’âge de 26 ans, après avoir tâté
de l’horlogerie au département
marketing, il décide de prendre son
destin en main et ouvre un bar à vins
– le Colors – à Zurich. Avant qu’on lui
fasse une offre difficile à refuser: reprendre Blancpain. En quelques années, Marc A. Hayek a donné à la
marque un souffle nouveau, sans esbroufe. En 2004, le chiffre d’affaires
de la maison était estimé à 100 millions de francs. Il serait passé à environ 120 millions, «dans ces eaux-là».
Le patron de Blancpain n’est pas
né dans le sérail horloger, mais celuici semble l’avoir adopté. A la fin de
l’entretien, il dévoile des éléments
de ce qui deviendra une collection
pour femmes (lire p. 21). Il ne porte
qu’une seule montre. Preuve qu’il
est assez fier de son dernier opus: un
quantième perpétuel dont la masse
oscillante est gravée d’une feuille de
tabac. Une pièce qui sera livrée dans
un écrin en bois transformable en
humidor, avec un coupe-cigare traditionnel. On ne se refait pas…
24 février 1971
Naissance.
Marc A. Hayek
– Vous êtes donc revenu dans
le groupe…
– Cette marque me fascinait depuis
longtemps. On y trouve plus de
passion, d’émotion que dans une
marque moyen de gamme. Ces
montres ne sont pas que des objets
utiles. On part d’une fonction pure,
puis on soigne les détails au point
d’arriver à une œuvre d’art. Pour
moi, il s’agit d’un art vivant. Ça me
donne un équilibre.
– C’est aussi une approche
particulière du temps. Les jeunes
générations n’ont souvent pas de
montre, elles lisent l’heure sur leur
portable. Pensez-vous qu’elles ont
une perception différente de
l’écoulement des heures?
– Oui, pour moi, la lecture digitale
du temps, indiquée simplement
des chiffres, par exemple «1:35»,
engendre plus de stress. «Je dois
faire ceci à telle heure, j’ai «x» minutes pour aller là…» On ne retrouve pas cette beauté du temps, liée à
l’écoulement des saisons, qu’on
peut sentir sur un cadran avec des
aiguilles qui tournent. Mais c’est
aussi une histoire de génération:
lorsque j’étais plus jeune, je détestais m’ennuyer, et je percevais le
temps qui passait trop lentement
comme un ennemi. Je ne pouvais
pas l’apprécier.
– La renaissance de la marque
Blancpain doit beaucoup au génie
marketing de Jean-Claude Biver.
Hormis la passion partagée du vin
et des montres, votre approche est
différente, vous avez notamment
nettoyé le message publicitaire…
– Comme lui, je viens du marketing
et j’essaie de rester actif dans ce domaine. Mais pour moi, la beauté du
marketing, c’est de réussir à communiquer une passion au consommateur. Avec une société comme la
nôtre, il faut penser et travailler sur
le long terme. Nous voulons bien
sûr un succès rapide, mais pas au
détriment du futur. Je travaille déjà
sur des projets qui sortiront en
2010 ou 2011… Or, je ne peux pas
construire demain avec des demivérités. Personnellement, si j’achète
quelque chose – que cela coûte
5 francs ou 5000 francs –, si j’ai
l’impression que ça les vaut, je suis
content. Sinon, j’ai le sentiment
d’être floué, même pour un objet à
5 francs. Une publicité exagérera
toujours les côtés positifs d’un produit, c’est normal, mais il ne faut
pas prendre de raccourcis.
– Au sein du groupe, la marque
Blancpain est la plus proche
concurrente de Breguet, à la tête
de qui on trouve Nicolas G. Hayek,
votre grand-père. Vous êtes dans
Président de Blancpain
Le nouveau Quantième
perpétuel GMT Havana
de Blancpain, avec son système
de «correcteurs sous cornes»,
affiche un second fuseau horaire
et une phase de lune à 6 h.
Au cœur de son boîtier en platine,
un mouvement mécanique
à remontage automatique, dont
la masse oscillante en or jaune
est gravée à la main d’un motif
nervuré évoquant une feuille
de tabac. Cent heures de réserve
de marche. Etanchéité à 100 m.
Une édition limitée à 150 pièces
qui sera livrée dans un écrin de
bois en noyer transformable en
Humidor, avec un coupe-cigare
traditionnel en bronze qui évoque
les anciens tours d’horloger.
– Vous êtes proche de lui, au point
de porter son nom, et non celui
de votre père. Comment avez-vous
pu changer de patronyme?
– Je l’ai fait avec l’accord de mon
père. Ma mère avait repris son nom
de jeune fille après son divorce, et
comme je vivais avec elle et mes
grands-parents, à chaque déménagement, chaque changement
d’école, on me demandait pourquoi je portais un nom différent.
Cela facilitait les explications.
un rapport de concurrence avec lui,
comment le vivez-vous?
– (Il éclate de rire.) C’est assez passionnant! Les deux marques ont
une identité différente, et le
consommateur le perçoit. Mais
dans certains pays, elles sont en
concurrence directe. Et avec toute
l’expérience et le punch de Senior,
c’est une concurrence très difficile!
Cette année, nous avons eu un taux
de croissance très bon et, sur le
marché chinois, nous avons une
position plus forte que Breguet. Ça
fait plaisir! Mais je sais qu’il s’est réveillé… Je sens que ça va être dur!
– Etes-vous un collectionneur
de montres?
– Je ne suis pas un collectionneur
classique. Je veux pouvoir profiter
des choses: je ne conçois pas de
laisser une bouteille dans une cave
en me disant que je l’ouvrirai dans
dix ans, ni de mettre une montre au
coffre en pensant qu’elle prendra
de la valeur. J’achète par passion et
pour le plaisir. Je suis fasciné par
les montres de Vincent Calabrese.
J’adore essayer de comprendre
comment elles fonctionnent; elles
sont si différentes! J’ai aussi une
grande admiration pour Philippe
Dufour. Avec eux, ce n’est pas parce
qu’on fait les choses de telle manière depuis 200 ou 300 ans, que cela
doit rester figé. Ils osent explorer
d’autres possibilités. Ça réveille!
– Dans le domaine de la recherche
et du développement, y a-t-il
des priorités pour Breguet?
– Au sein du groupe, il existe un département qui fait de la recherche
dans les domaines high-tech, les
écrans tactiles, le GPS, la téléphonie… Mais pas pour les marques de
luxe. Il n’y a pas de développements communs, à l’exception de
la montre réveil, sortie en 2003.
Breguet et Blancpain ont travaillé
en parallèle pendant deux ans sur
un même projet. Mais comme le
développement chez Blancpain
était plus avancé, nous avons intégré les résultats pour arriver à un
mouvement commun, sur une base
Frédéric Piguet. Si le mouvement
– Quel est le modèle dont vous êtes
le plus fier ?
– Je suis fier quand un passionné de
longue date de Blancpain me dit:
«Ça c’est bien fait. Ça c’est du vrai
Blancpain.» Ce fut le cas avec
l’équation marchante du temps
que nous avons lancée en 2004. Je
suis aussi fier de la montre que je
porte: un quantième perpétuel très
classique, très pur, mais si vous regardez bien, la masse est gravée à la
main avec une feuille de tabac.
Quand on grave avec une machine,
on arrive à quelque chose de plus
précis, mais qui n’a pas d’âme, qui
n’a pas cette beauté.
Propos recueillis
par Isabelle Cerboneschi
The Original
Chronograph
The original design legend since 1962
Lunette en métal dur, verre saphir,
couronne vissée avec protection, étanche
à 100 mètres / 333ft., fonctions
chronographe ADD et SPLIT, mouvement
chronographe au 1/10 de seconde.
www.rado.com
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10 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
AVANT-PREMIÈRES
Quand les montres tiennent salon
DeWitt
Plein feu
sur les nouvelles
montres et
collections 2006
qui seront
dévoilées
dès demain
et pour dix jours
tant à BaselWorld
qu’au Salon
international
de la haute
horlogerie
de Genève (SIHH).
Par Michel
Jeannot/BIPH
Academia Tourbillon
Force Constante
Première mondiale objet
d’un dépôt de brevet
que ce tourbillon à
force constante signé
DeWitt. Pour tendre
vers une régulation
absolue, le tourbillon
est ici associé à
un dispositif de force
constante, conçu pour
transmettre à ce même
organe régulateur
des impulsions d’une
énergie identique pour
un contrôle optimal
de la force, quel que soit
le niveau de remontage.
Affichage des heures et minutes
décentré. Boîtier en platine
étanche à 30 mètres.
Edition limitée de 25 pièces.
CHF 252 800.–.
Girard-Perregaux
ww.tc Heure du Monde
Calendrier Perpétuel
La ww.tc, l’un des modèles
icônes de la marque chauxde-fonnière, est présentée
cette année dans une version
à calendrier perpétuel.
Le mouvement mécanique
à remontage automatique
GP33Q0 affiche, outre
les heures du monde
avec disque jour/nuit,
les indications du jour
de la semaine, du
mois, de la phase
lunaire sur
un cycle de quatre
ans dont l’année
bissextile.
Boîtier en or jaune
étanche à 30 mètres,
glace saphir et fond vitré
vissé. CHF 63 000.–.
FRÉDÉRIC LUCA LANDI
Les professionnels
et le public – celui-ci n’est
admis qu’à BaselWorld –
découvriront, lors
des deux plus importants
rendez-vous mondiaux
de la branche, plusieurs
milliers de nouveaux
modèles qui rythmeront
l’actualité horlogère
durant les mois à venir.
De ce premier échantillon –
évidemment non exhaustif
– sur lequel nous levons
le voile, les véritables
amateurs retiendront
qu’au-delà des designs
originaux et des matériaux
inédits, les cœurs
de ces garde-temps
battent souvent au rythme
de mouvements
novateurs et toujours
plus performants.
Montblanc
▲ Pierre Kunz
complications
Seconde Virevoltante
Rétrograde
A droite, l’Emperador forme coussin de Piaget (lire ci-contre),
à gauche, la Seconde virevoltante Rétrograde signée Pierre Kunz
(lire ci-contre). Au centre, le dos de la Grande Sonnerie
de François-Paul Journe (lire page 37).
Nouvelle complication
et nouvelle fonction rétrograde
en première mondiale pour
ce modèle en or rouge 18 ct
signé Pierre Kunz. L’aiguille des
secondes se meut sur un axe
transversal et réalise un looping
de près de 420 degrés avant de
revenir dans sa position initiale
en 5 centièmes de seconde.
Heures et minutes sur
deux compteurs. Mouvement
mécanique à remontage
automatique. Etanchéité
à 30 mètres. CHF 24 000.–.
▲ Piaget
Emperador forme coussin
Boîtier en or rose 18 ct
pour cette Emperador abritant
le nouveau mouvement
mécanique à remontage
automatique manufacture
Piaget 850P. Doté de deux
barillets, ce calibre dispose
de 72 heures de réserve
de marche. Cadran argenté,
centre guilloché grain d’orge
avec fonctions heures, minutes,
petite seconde à 4 h 30,
date à guichet à 12 h et second
fuseau horaire avec indicateur
jour/nuit à 7 h 30. CHF 21 000.–.
Montblanc fête ses 100 ans
d’existence en présentant
ce chronographe doublé
d’une fonction GMT et
d’un calendrier perpétuel.
Mouvement mécanique
à remontage
automatique certifié
chronomètre COSC.
Un diamant Montblanc
breveté de 43 facettes
taillé à l’image
de la légendaire étoile
de la marque pare
la couronne dotée
d’un système de
sécurité empêchant
toute correction
involontaire de la date et
du GMT. Boîtier en or rose
18 ct de 43 mm de diamètre,
étanche à 30 mètres, glace
et fond saphir. CHF 48 100.–.
Antoine Preziuso
Baume
& Mercier
Répétition Minutes
«Big Ben»
Classima Executive L,
Heures sautantes
Ce nouveau garde-temps
au look intemporel, avec heures
sautantes, vient renforcer
la ligne Classima. Il est doté
d’un mouvement automatique
Dubois Dépraz enchâssé dans
un boîtier en or rose de 39 mm
gravé du fameux symbole phi
sur le fond. Son cadran noir est
orné d’un décor guilloché soleil
satiné. Une édition limitée
de 176 pièces sera lancée
sur le marché en juin.
CHF 9500.–.
Star Chrono GMT
Perpetual Calendar
Photographies
et stylisme:
Frédéric Luca Landi
Réalisation:
Isabelle Cerboneschi
PHOTOS: DR
Sobre et imposante, la «Big Ben»
d’Antoine Preziuso abrite un
ancien mouvement de montre
de poche de 1920 patiemment
restauré. Ce mouvement
à répétition des heures,
des minutes et des quarts est
logé dans un imposant boîtier
en or jaune de 50 mm
de diamètre. A noter l’absence
du traditionnel verrou
de déclenchement, remplacé
ici par une lunette tournante
brevetée par Antoine
Preziuso (brevet N° 1629/92).
CHF 95 000.–.
IO,
COMANDANTE DEL TEMPO.
Radiomir 45 mm
Reserve de Marche 8 Jours
Acier Poli
PANERAI
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Laboratoire d’idées.
ASCONA: CHARLY ZENGER • BÂLE: MEZGER • CRANS-SUR-SIERRE: CRANS PRESTIGE • GENÈVE: LES AMBASSADEURS; CHRONOMÉTRIE KUNZ • INTERLAKEN:
KIRCHHOFER • LUGANO: BUCHERER • NEUCHÂTEL: MICHAUD • ST. MORITZ: LA SERLAS • ZERMATT: SCHINDLER • ZURICH: LES AMBASSADEURS; BUCHERER
12 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
complications
AVANT-PREMIÈRES
Daniel Roth
Patek Philippe
Quantième Perpétuel
Instantané
Chronographe
à Quantième Annuel
Réf 5960P
La nouvelle version
du Quantième Perpétuel
Instantané de Daniel Roth
est équipée du Calibre DR 114,
un mouvement mécanique à
remontage automatique affichant
les indications heures et minutes,
jour de la semaine, mois, date
et année bissextile. La difficulté
réside dans le saut instantané
de toutes les fonctions à minuit,
en comparaison de nombreux
quantièmes dont les indications
changent graduellement pendant
plusieurs heures. Le boîtier est
disponible en or ou en platine.
Cadran squelette en or 18 ct
laissant entrevoir les finitions
soignées du mouvement.
Fond saphir vissé. Etanchéité
à 30 mètres. CHF 81 650.–.
Ce nouveau modèle marquera
l’histoire de Patek Philippe
puisqu’il abrite le premier
mouvement chronographe
automatique entièrement conçu et
développé dans les ateliers de la manufacture
genevoise. Ce nouveau calibre chronographe
CH 28-520 IRM QA 24H est un mouvement mécanique à remontage automatique avec chronographe
à roue à colonnes doté d’une fonction flyback,
affichage de la réserve
de marche, quantième
annuel et indicateur jour/nuit.
A noter les totalisateurs
des heures et des minutes
regroupés sur un mono-compteur
occupant la partie inférieure
du cadran. Grande seconde au centre
servant également d’aiguille de seconde
chronographe. La partie supérieure
du cadran est le domaine du quantième
avec les indications jour de la semaine, date et mois
dans trois guichets. Boîtier en platine de 40,5 mm
de diamètre, glace et fond saphir, diamant serti
à 6 h. CHF 62 000.–.
A. Lange & Söhne
Datograph Perpétuel
Cartier
Tortue XL
Tourbillon
Ascensionnel
Roger Dubuis
Excalibur EX45 01
Issu de
la Collection
Privée Cartier
Paris, ce modèle
Tortue XL Tourbillon
Ascensionnel abrite
un mouvement mécanique
manufacture à remontage
manuel disposant de 72 heures
de réserve de marche. Outre
le tourbillon, fonctions heures
et minutes rétrogrades. Cadran
en or 18 ct guilloché argenté,
rosace centrale, chiffres
romains et arabes. Boîtier
en platine étanche à 30 mètres,
glace minérale et fond saphir.
Série limitée et numérotée
de 50 pièces. CHF 190 000.–
(prix indicatif).
Dans la collection Excalibur,
la dixième chez Roger Dubuis,
ce modèle EX45 01
est animé par
le nouveau
mouvement
mécanique
à remontage
manuel RD01.
Heures
sautantes,
minutes
traînantes
et rétrogrades
sur la partie
supérieure
du cadran en nacre
noire. Dans la partie
inférieure, deux
tourbillons travaillant
dans un sens de rotation
opposé l’un à l’autre,
avec différentiel. Edition limitée
à 28 pièces. CHF 239 400.–.
Animé par le nouveau Calibre
Lange L952.1, mouvement
mécanique à remontage
automatique, le Datograph
Perpétuel est un chronographe
avec fonction flyback doublé
d’un quantième perpétuel avec
grande date, phases de Lune,
jour de la semaine, mois, année
bissextile, petites secondes
avec arrêt seconde et indicateur
jour/nuit. A noter le poussoir
principal pour une correction
simultanée des fonctions
du quantième et
les poussoirs intégrés
pour leur correction
indépendante
ainsi que les
deux poussoirs
chronographe.
Boîtier en platine
avec glace
et fond saphir.
CHF 115 000.–
(prix indicatif).
Longines
Lindbergh
Hour Angle Watch
Après son vol solo de 1927,
Charles Lindbergh réalisa
le dessin de la montre à angle
horaire qui fut ensuite produite
par Longines. La marque
de Saint-Imier la réédite
cette année avec son gabarit
original de 47,5 mm
de diamètre. Mouvement
mécanique à remontage
automatique. Fonctions heures,
minutes, secondes, indication
de la longitude (degrés et
minute d’arc), cadran central
mobile pour synchronisation
de la seconde avec un signal
horaire radiodiffusé, lunette
tournante permettant
de corriger l’équation du temps.
Boîtier en acier, glace saphir,
fond à couvercle amovible,
gravé, s’ouvrant sur une glace
saphir. CHF 4500.–.
Piaget
Polo Tourbillon Relatif
Ce nouveau modèle Polo Tourbillon Relatif allie magie visuelle
et prouesse technique. De par son positionnement inédit à l’extrémité
de l’aiguille des minutes, la cage de ce tourbillon volant – composée
de 42 éléments pour un poids de 0,2 gramme – semble non solidaire
du mécanisme qui l’entraîne, naturellement placé sous le cadran.
La lecture des heures s’effectue par un disque central tandis
que l’aiguille des minutes emporte dans sa rotation horaire la cage
de ce tourbillon volant. Mouvement tourbillon manufacture Piaget
calibre 608P disposant de 70 heures de réserve de marche. Boîtier Polo
en or gris de 45 mm de diamètre étanche à 30 mètres. CHF 270 000.–.
Richard Mille
RM 014
Issu de la nouvelle collection
Marine, ce tourbillon RM 014
offre les fonctions heures,
minutes, réserve de marche,
indicateur de couple et sélecteur
de fonction qui permet,
en appuyant sur un poussoir
au centre de la couronne,
de sélectionner la fonction
désirée (neutre, remontage,
changement d’heure).
Par ailleurs, ce nouveau
modèle nautique est doté d’un
mécanisme de mise à l’heure
modulaire, situé côté fond.
Boîtier en titane, platine en fibre
de carbone et pont de centre en
ARCAP rigidifié. Glace et fond
saphir. Prix non communiqué.
P LUS
DE
250
ANS D ’ HISTOIRE ININTERROMPUE
© Francis G.Mayer/CORBIS
1776. Lorsque la Déclaration d’indépendance des États-Unis fut signée, Vacheron Constantion avait 21 ans.
PATRIMONY COMTEMPORAINE
Mouvement mécanique à remontage
manuel. Calibre 1400 Poinçon de
Genève. Boîtier or rose 40 mm. Cadran
opalin et index appliques en or rose.
www.vacheron-constantin.com
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Constantin
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Quai
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l’Île
12 0 4
Genève
Tél.
0 2 2 31 6 1 7 4 0
Fax
0 2 2 31 6 1 7 41
Ascona: Tettamanti Chiasso: Mariotta Crans-sur-Sierre: Crans Prestige Davos: Chronometrie Mommers Genève: Les Ambassadeurs • Air Watch Center • Chimento Gstaad: Weber Interlaken:
Kirchhofer Lugano: Les Ambassadeurs • Mersmann Luzern: Embassy Montreux: Zbinden Reinach: Wagner Juwelier Samnaun: Boutique Montana St. Gallen: Labhart St. Moritz: Les Ambassadeurs
Zermatt: Schindler Zug: Rösselet Zürich: Les Ambassadeurs • Meiste r • Türler
14 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
high-tech
AVANT-PREMIÈRES
IWC
Montre d’Aviateur Double
Chronographe
En 1986 déjà, IWC avait
présenté un modèle Da Vinci
avec boîtier noir en oxyde
de zirconium. Cette céramique
high-tech, quatre fois plus
dure et résistante aux rayures
que l’acier, est taillée
dans la masse, en opposition
à d’autres modèles
en céramique injectée.
Boîtier en céramique, couronne
et poussoir en titane gris,
verre saphir bombé.
Cette nouvelle venue présente
un boîtier de 44 mm et abrite
le mouvement chronographe
automatique calibre 79230 doté
d’un mécanisme à rattrapante
qui permet de mesurer
des temps intermédiaires.
Edition limitée à 1000 exemplaires.
CHF 12 500.–.
Urwerk
Blackbird
FRÉDÉRIC LUCA LANDI
Avec ses quatre satellites
mobiles en titane grade 2
pour une lecture de l’heure
inédite, la nouvelle
version du modèle
103 signé
Urwerk
propose
un boîtier
en platine avec
traitement noir
PE-CVD (Plasma
EnhancedChemical Vapor
Deposition). Calibre
3.03, mouvement
mécanique à remontage
manuel. Au dos
du boîtier, un tableau
de bord en titane grade 5
avec indication de la réserve
de marche, réglage fin ainsi
que deux compteurs 15 minutes
et 60 secondes. Edition limitée
à 10 exemplaires. CHF 118 000.–.
▲ Chopard
L.U.C Tech Régulateur
Jaeger-LeCoultre
AMVOX2 Chronograph
Concept
Né du partenariat
de la manufacture du Sentier
avec Aston Martin, ce modèle
crée une petite révolution
avec son chronographe
à déclenchement vertical
par bascule du boîtier, breveté
Jaeger-LeCoultre. Les poussoirs
caractéristiques du mécanisme
chronographe ont disparu.
A la place, un ingénieux
mécanisme permet la mise
en marche, l’arrêt et la remise
à zéro par simples pressions
sur la glace saphir de la montre.
Mouvement mécanique
à remontage automatique,
Calibre Jaeger-LeCoultre 751B.
Cadran noir et ruthénium.
Boîtier de 44 mm en titane
et acier étanche à 50 mètres.
CHF 16 900.–.
On n’attendait pas Chopard
sur ce terrain: la manufacture
de Fleurier surprend avec
cette nouvelle L.U.C Tech
Régulateur en acier poli.
Un look très contemporain,
avec un affichage et un jeu
de couleurs originaux,
pour habiller ce garde-temps
de 39,5 mm de diamètre.
Le cadran ajouré permet
d’entrevoir les détails
du mouvement. Les affichages
du régulateur – minute
au centre, heure à 3 h, seconde
à 6 h – forment une composition
géométrique animée
par des aiguilles «Dauphine»
en acier bleui évidées. A 9 h,
un second fuseau horaire sur
24 heures, avec zones jour/nuit,
se règle à l’aide d’un poussoir.
Le mouvement mécanique
à remontage manuel L.U.C
à quatre barillets est certifié
chronomètre COSC.
Il possède une réserve
de marche de 9 jours qui
s’affiche sur le cadran à 12 h.
Une édition en série limitée
de 250 pièces. CHF 34 460.–.
Montre Chopard L.U.C Tech Régulateur (lire ci-contre).
Chemise et blouson de cuir collection hommes Thierry Mugler.
Herios TriRetrograde
Seconds Skeleton
De Grisogono
FG One
FG pour Fawaz
Gruosi, lequel
s’aventure
volontiers hors
des sentiers
battus à l’image
de sa dernièrenée. Boîtier
rectangulaire
bombé en acier/
acier noirci
de 58 mm de
longueur avec
couronne à 12 h pour
préserver l’esthétique
de l’ensemble. Mouvement
automatique
avec module
additionnel
exclusif de
Grisogono.
Dans le cadran
supérieur rond:
minute rétrograde
sur 230°, heure dans
le guichet à 12 h, second
fuseau horaire traînant
dans le guichet à 6 h.
Le cadran inférieur accueille
un affichage rétrograde
de la seconde et
un guichet jour/nuit
coordonné avec
le second fuseau horaire.
CHF 14 000.–.
Nouveau venu dans
les collections Milus, ce modèle
se caractérise par ses secondes
rétrogrades sur trois secteurs.
La première aiguille
des secondes, située
sur un secteur à 6 h, effectue
un parcours de 20 secondes
et revient instantanément
à son point de départ alors
que la deuxième, à 10 h, prend
le relais avant que la troisième,
à 2 h, ne termine la minute.
Mouvement mécanique
à remontage automatique
avec fonctions heures. Minutes
et secondes rétrogrades.
Cadran laqué noir avec
ouverture circulaire laissant
apparaître les composants
du mouvement. Boîtier en acier
étanche à 30 mètres.
CHF 8400.–.
Rado
Sintra XXL
Ventura
v-tec MGS
Œuvre du designer suisse Paolo
Fancelli, la nouvelle v-tec MGS
se caractérise par son microgénérateur – visible sur le haut
du boîtier – qui fournit l’énergie
nécessaire à la montre en lieu
et place de la pile au lithium
conventionnelle qui fait battre
les mouvements à quartz. Cette
source d’énergie renouvelable
à l’infini s’intègre dans un boîtier
ergonomique en Titanox avec
affichage incliné vers le porteur.
Développé et breveté par
Ventura, le système d’exploitation EasySkroll offre l’accès
à toutes les fonctions via une
molette centrale. Disponibilité
dans les points de vente:
fin 2006. Prix non communiqué.
Milus
Movado
Sapphire
Pour ses 125 ans, Movado
mise sur une valeur sûre en
proposant une nouvelle version
de sa célèbre montre Museum.
La Movado Sapphire, édition
limitée 2006, se singularise
par son verre saphir plat,
métallisé sombre, qui rejoint
les bords du boîtier en acier
et recouvre le célèbre cadran
Museum noir. Fond gravé
du logo commémoratif Movado
M125. Mouvement à quartz.
Etanchéité à 30 mètres.
Deux tailles disponibles.
CHF 1 095.– (prix indicatif).
Esthétique
et dynamisme:
tel était le cahier
des charges.
Au final, la Rado
Sintra XXL
présente un boîtier
et un bracelet
en céramique high-tech
inrayable de couleur platine
ou noire, une glace saphir
métallisée bombée au-dessus
du cadran et un verre saphir
métallisé gravé au laser pour
admirer la masse oscillante
du mouvement automatique.
A noter sur le cadran le logo
rouge avec une ancre mobile
stylisée pour indiquer
comme toujours chez Rado
que le mouvement est
automatique. Fonctions
heures, minutes, secondes
et date. CHF 3200.–
(prix indicatif).
BOUTIQU ES de GRISOGONO
G E N È V E : 27 , R U E D U R H Ô N E - T É L . 02 2 317 10 8 2
ST M O R I T Z : B A D R U T T ’ S PA L AC E - 27 , V I A S E R L A S - T É L . 0 81 8 3 3 5 4 5 0
G STA A D : H OT E L G STA A D PA L AC E - T É L . 0 3 3 74 4 14 6 0
Z Ü R I C H : L A S E R L A S - B A H N H O F ST R A S S E 2 5 - T É L . 0 4 4 212 0 6 0 8
G E N È V E - G S TA A D - H O N G K O N G - K O W E I T - L O N D R E S - M O S C O U
M Y K O N O S - N E W Y O R K - PA R I S - P O R T O C E R V O - R O M E - S T M O R I T Z
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16 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
classiques
AVANT-PREMIÈRES
Jaquet Droz
Grande Seconde
Email Noir
Ce boîtier en or gris 18 ct
de 43 mm de diamètre
abrite le calibre Jaquet
Droz 2663, mouvement
mécanique à remontage
automatique à double
barillet pour une réserve
de marche de 68 heures.
Cadran émail «grand feu»
noir fait main. Indications
heures et minutes
décentrées, compteur
grande seconde.
Numéro individuel
de la série limitée
à 88 pièces peint
sur le cadran et gravé
sur le fond du boîtier. Etanchéité
à 30 mètres. CHF 24 000.–.
Hermès
Heure H Ronde
FRÉDÉRIC LUCA LANDI
Comment faire d’une montre
carrée une montre ronde?
L’emblématique Heure H
avec son boîtier carré
et ses attaches dessinant
l’initiale de la maison
a été revisitée et s’est
arrondie. Voici donc
l’Heure H Ronde:
boîtier en acier de
40 mm de diamètre,
cadran guilloché soleil,
glace saphir. Fonction
heures, minutes,
secondes et date.
Mouvement à quartz.
Bracelet cuir Hermès avec
boucle déployante. Etanchéité
à 50 mètres. CHF 1950.–.
Longines
La Grande Classique
Andrea porte une Patrimony
40 mm, Vacheron Constantin
(lire ci-contre). Sur le plateau,
une série de montres
historiques appartenant
à la collection Patrimoine
de Vacheron Constantin.
Trench et chemise noire
Udo Edling.
Breguet
Classique 5197
On peut être une marque
de tradition et tirer le meilleur
parti des dernières avancées
technologiques. Ce modèle
Classique 5197 abrite
le nouveau mouvement
extra-plat à double barillet
Breguet 591.A intégrant
– en grande première –
un échappement complet
(spiral, ancre et roue
d’échappement)
en silicium. Boîtier en or
jaune 18 ct, cadran
en or argenté 18 ct,
fond saphir, étanchéité
à 30 mètres.
Prix sur demande.
▲ Vacheron Constantin
D’une grande finesse, le boîtier
en acier de ce modèle «Maxi»
pour homme (diamètre
37 mm, épaisseur 4,5 mm)
est serti de 72 diamants.
Glace saphir, cadran noir
laqué serti de 12 diamants
et aiguilles argentées.
Mouvement à quartz.
Etanchéité à 30 mètres.
CHF 4450.–.
Patrimony 40 mm
Une nouvelle version
de la Patrimony, avec un boîtier
en or gris 18 ct, cadran soleil,
aiguilles et index en or.
Elle est dotée d’un mouvement
mécanique, à remontage
automatique, cal. 2450, Poinçon
de Genève. Date dans guichet
à 6 h, seconde centrale, masse
en or 22 ct décorée. Bracelet
en alligator cuir, boucle ardillon
en or gris 18 ct. Prix public
hors taxes: CHF 19 000.–.
Vulcain
Golden Voice
Boîtier classique en acier
de 39 mm, mais nouveau
son «doux» pour cette Golden
Voice de Vulcain, spécialiste
de la montre alarme-réveil.
Rappel-vibreur plus que réveil
dans cette nouvelle
configuration Golden Voice,
le calibre manufacture Vulcain
V-10, mouvement mécanique
à remontage manuel à deux
barillets, garde l’essentiel
Van Cleef & Arpels
Tissot
Monsieur Arpels Latérale
Sculpture Line
Inspirée d’un modèle dessiné
en 1949 par Pierre Arpels,
ce modèle aux lignes
très pures et au look
néoclassique se dote
d’une petite coquetterie
horlogère, un secret
réservé à son futur
possesseur:
l’indication
de la réserve
de marche a
quitté le cadran
pour venir se nicher
sur le côté de la montre.
Elle se lit latéralement,
à travers une fenêtre, d’où
le nom de la montre. CHF 7300.–.
Cette montre carrée au boîtier
en or jaune est l’évolution
d’un modèle des années 50.
Elle indique juste le nécessaire:
heure, minutes, secondes, date
à 3 h. Mouvement à quartz ETA.
Bracelet noir ou brun. Etanche
à 30 mètres. CHF 1995.–.
Vacheron Constantin
Patrimony Excellence Platine
Dorénavant tout modèle créé en platine par Vacheron Constantin
sera initialement produit dans une collection à diffusion restreinte
– Collection Excellence Platine – destinée aux collectionneurs.
Les trois signes distinctifs de cette collection? Un cadran en platine
massif arborant l’inscription «PT950», un boîtier en platine
et une boucle déployante dans le même métal noble. A l’image
de cette Patrimony (40 mm de diamètre) qui abrite le calibre 1400,
mouvement mécanique à remontage manuel. Etanchéité à 30 mètres.
Edition limitée à 150 exemplaires. CHF 32 200.– (hors taxe).
des caractéristiques qui ont
fait sa légende. Le cadran
se singularise par son disque
tournant intérieur pour
le réglage de la fonction
rappel-vibreur. CHF 3700.–.
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,EREFLETDÏVOILELgINTÏRIEURDELAMONTRE
-ANUFACTURE*AEGER,E#OULTRE6ALLÏEDE*OUX3UISSEDEPUIS
0OURINFORMATIONWWWJAEGERLECOULTRECOM
18 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
urbaines
AVANT-PREMIÈRES
Panerai
Radiomir
Jaeger-LeCoultre
Squadra World
Chronograph
Le 75e anniversaire
de la Reverso est célébré
chez Jaeger-LeCoultre
par l’arrivée de nouvelles lignes
susceptibles de donner un coup
de turbo supplémentaire
aux ventes de la collection
phare. A l’image de la nouvelle
ligne Squadra, sportive, urbaine
et plus imposante, dont est issu
ce modèle produit en édition
limitée de 1500 pièces.
Boîtier en titane et bracelet cuir
ou caoutchouc. Fonction
chronographe, grande date
et indicateur 24 h au recto,
indication du temps universel
au verso par disque central
transparent permettant
de lire instantanément l’heure
dans chacun des fuseaux
horaires du globe. Nouveau
mouvement mécanique
à remontage manuel, Calibre
Jaeger-LeCoultre 753.
Etanchéité à 30 mètres.
CHF 16 200.–.
FRÉDÉRIC LUCA LANDI
Le boîtier de forme coussin
de cette Radiomir en or rose
18 ct reprend le design
des premières montres
créées par Panerai
pour la Marine
royale italienne. D’un
diamètre de 45 mm,
il se caractérise
par ses anses à fil
amovibles (brevet
Officine Panerai),
sa couronne vissée
et son verre saphir
de 1,9 mm
d’épaisseur.
Mouvement
mécanique
à remontage
automatique,
calibre Panerai
OP X. Cadran noir,
type «sandwich» avec
graduations à bâtonnets
et chiffres arabes. Etanchéité
à 100 mètres. CHF 14 500.–
(prix indicatif).
▲ JeanRichard
Paramount Sebring
Omega
De Ville X2
Big Date
Co-Axial
Inspirée de l’Omega
Cosmic de 1952
et redimensionnée
(35 mm), la nouvelle
De Ville en or rose
18 ct abrite le calibre
automatique Omega 2610.
Certifié chronomètre COSC,
ce mouvement dispose
d’une réserve de marche
de 48 heures et est doté
de l’échappement exclusif
Omega Co-Axial. Sur le cadran
noir, les index appliques
et les aiguilles sont en or rouge
18 ct. Grande date à 3 h.
Etanchéité à 50 mètres.
CHF 12 500.–.
Andrea porte une montre Paramount Sebring, JeanRichard
(lire ci-contre). Costume, chemise et cravate Thierry Mugler.
Boots Francesco Smalto by Franck Boclet.
Ce modèle à la forte
personnalité, avec son boîtier
en acier brossé carré
de 36,3 mm et son cadran noir,
est doté du mouvement
manufacture JR1000 lancé
en 2004. Un mouvement
mécanique à remontage
automatique qui bat
à une fréquence
de 28 800 alternances
par heure. Sur le cadran doté
de chiffre arabes luminescents
s’affiche une réserve de marche
linéaire à 1 h 30 et la date
à 7 h 30. Existe également
avec un cadran argent.
CHF 7500.–.
Audemars Piguet
Millenary Or rose
Le temps est à l’ovale
cette année chez Audemars
Piguet. Ce modèle Millenary
en or rose abrite le nouveau
calibre manufacture 3120,
mouvement mécanique
à remontage automatique disposant
de 60 heures
de réserve de marche.
Boîtier en or rose 18 ct
de 45 mm, glace et fond
saphir, cadran laqué brun
avec minuterie bleu clair.
Fonctions heures, minutes,
secondes et date à guichet.
Etanchéité à 20 mètres.
CHF 22 900.–.
Rodolphe
Instinct
Chrono 180°
Bulgari
Bulgari-Bulgari
L’emblématique
modèle Bulgari-Bulgari
est désormais proposé
dans un boîtier en or rose
incurvé de 41 mm
de diamètre. Cadran
satiné soleil enrichi
d’un guillochage et
de motifs Côtes
de Genève. Mouvement
mécanique Frédéric
Piguet à remontage manuel,
personnalisé par Bulgari,
disposant de 72 heures
de réserve de marche. Etanchéité
à 30 mètres. CHF 16 500.–.
Charriol
Alexandre XL Chrono
Charriol conjugue féminité et chronographe avec
ce modèle doté d’un boîtier en acier de 40 mm de diamètre –
inspiré des années 50 – avec lunette sertie de diamants. Cadran nacre
naturelle blanche avec chiffres arabes en appliques et date à guichet.
Mouvement à quartz. CHF 5480.–.
On reconnaît
la touche du designer
Rodolphe avec
ce chronographe au cadran
ponctué de jeux de cercles
et ses trois compteurs
alignés. Ce boîtier XL
(53 x 50 mm) en or rose
est équipé de deux mouvements:
un mouvement à quartz,
indiquant les heures
et les minutes et un mouvement
chronographe automatique avec
quantième qu’on a fait pivoter
de 180° afin de permettre
un déclenchement des fonctions
de chronométrage par la gauche.
Réserve de marche de 36 heures.
CHF 14 500.–.
PERFORMANCES. PRESTIGE. PASSION D’INNOVER.
Un bel avion, c’est un avion qui vole bien. Chez BREITLING, nous
partageons la même philosophie. Notre vocation: construire des
montres-instruments ultraperformantes pour les professionnels
les plus exigeants. Nos chronographes répondent aux plus hauts
critères de robustesse et de fonctionnalité, et nous soumettons
tous nos mouvements aux tests impitoyables du Contrôle
Officiel Suisse des Chronomètres. On ne devient
pas le fournisseur attitré de l’aviation
par hasard.
www.breitling.com
CHRONO-MATIC 24H
20 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
AVANT-PREMIÈRES
Raymond Weil
Tango Sport
FRÉDÉRIC LUCA LANDI
Moderne et racée, c’est ainsi
que Raymond Weil a voulu
cette nouvelle Tango Sport.
Boîtier en acier alternant
surfaces brossées et polies,
glace saphir, cadran noir
avec chiffres arabes, compteurs
chronographe et grande date
à 12 h. Etanchéité à 50 mètres.
CHF 1350.–.
Andrea porte une Big Bang «All Black», Hublot (lire ci-contre).
▲ Hublot
chronos
Big Bang «All Black»
Une nouvelle version
du chronographe «Big Bang»
en version «All Black», noir
sur noir. Tout est noir, du cadran
à la lunette en passant par
les aiguilles, ce qui ne facilite
pas la lecture du temps
qui passe, mais c’est voulu.
L’heure est accessoire.
Cette montre est
une construction graphique,
où l’on joue avec les effets:
un boîtier massif de 44,5 mm
en céramique noire avec
des finitions polies et brossées;
une lunette extralarge
en céramique mate ornée
de 6 vis en titane; des inserts
latéraux en résine composite
noire, un cadran noir mat,
des chiffres et index appliqués
en nickel noir, des aiguilles et
une date noires; fond en titane,
un bracelet en caoutchouc
qui semble traverser la montre...
Côté technique, la Big Bang
«All Black» est dotée
d’un nouveau mouvement
chronographe mécanique à remontage
automatique
HUB44, développé
en collaboration
avec la manufacture
La Joux-Perret. CHF 15 900.–.
Zenith
Class Open
El Primero
Un moteur qui jaillit
sur le cadran, des axes
autocompensés,
une réserve
de marche avec
effet accélérateur,
des compteurs
de chronographe
ajourés, voilà
comment Zenith
a souhaité habiller
son modèle Class
doté du fameux
mouvement chronographe mécanique
à remontage automatique «El Primero».
Boîtier en acier de 40 ou
44 mm de diamètre, cadran
gris avec ouverture en forme
de 8, glace et fond saphir.
CHF 9500.– /CHF 10 500.–.
Breitling
Chrono-Matic 24H
En présentant
le premier chronographe à remontage
automatique en 1969,
Breitling donnait
naissance
à la collection
Chrono-Matic,
reconnaissable
à sa couronne
à gauche.
S’inspirant
de l’esthétique de ces
modèles, le nouveau ChronoMatic 24H se caractérise
par une aiguille des heures
faisant le tour du cadran
TAG Heuer
SLR for Mercedes-Benz
Maurice
Lacroix
Masterpiece
Le Chronographe
Avec le calibre
ML 106 de la nouvelle
Masterpiece
Le Chronographe,
Maurice Lacroix
présente
son premier
mouvement
manufacture.
Un mouvement
chronographe à roue
à colonnes, réglage fin col
de cygne, qui bat à la fréquence
peu usitée de 18 000 alternances/heure. Fonctions heures,
minutes, chronographe avec
compteur 60 minutes, et petite
seconde. Boîtier en or rose 18 ct
de 45 mm de diamètre. Glace
saphir, fond vissé avec verre
saphir. Etanchéité à 30 mètres.
Première édition limitée à 250
exemplaires. CHF 25 000.– env.
Tissot
Michael Owen
121Time
Spin Master
La petite marque qui vend ses montres sur Internet a eu le nez fin
en choisissant Stéphane Lambiel comme ambassadeur.
Le médaillé olympique de patinage artistique a participé à la création
de ce nouveau chrono aux allures années 70, avec le designer
Sébastien Actis-Datta. Résultat: un chrono en acier profilé, stylé,
dont on choisit les différents composants (cadran, compteurs…).
Mouvement à quartz ETA. Une série limitée, prévue pour la fin de
l’année, sera dotée d’un mouvement mécanique à remontage
automatique Valjoux. Les 29 et 30 mars, Stéphane Lambiel sera
présent chez une dizaine de détaillants. www.121time.com. CHF 599 .–.
en 24 heures,
au lieu des 12 heures
traditionnelles. Mouvement
chronographe mécanique
à remontage automatique
avec fonction flyback, certifié
chronomètre COSC. Boîtier
et bracelet en acier. Edition
limitée à 1000 exemplaires.
CHF 6210.–.
En cette année de Coupe
du monde, Tissot a créé
un chronographe en acier
en édition limitée au nom
de Michael Owen, ambassadeur
de la marque depuis 1998.
Le cadran porte le célèbre
numéro «10» du joueur
de l'équipe d'Angleterre,
dessiné autour du totaliseur
placé à 10 h, et le dos
de la montre est orné
de sa signature ainsi
que du numéro de série
limitée (1 à 4999).
Fonctions temps
intermédiaire et totalisé.
Mouvement quartz
ETA, étanche jusqu'à
200 mètres. Dos de boîtier
et remontoir vissés. CHF 495.–.
Partenaire de longue date
du team de F1 McLarenMercedes, TAG Heuer présente
ce nouveau chronographe
aux lignes inspirées de l’une
des voitures de sport les plus
prestigieuses du moment,
la Mercedes-Benz SLR McLaren.
Boîtier en acier de 43 mm
de diamètre, lunette fixe
avec échelle tachymètre,
positionnement «ergonomique» des poussoirs
à 45°. Mouvement
mécanique à remontage
automatique. Etanchéité
à 100 mètres. Edition limitée
de 3500 pièces. CHF 4900.–.
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie 21
AVANT-PREMIÈRES
De gauche à droite:
• Phase de lune «Orchidée», avec
indication des heures, minutes,
secondes, date à aiguille, jour
de la semaine, mois et phases
de lune, de la nouvelle collection
Blancpain Women.
• «La fleur du temps, Perles»,
Hommage Paris 1795, est dotée d’un
mouvement mécanique à remontage
automatique, double barillet, réserve
de marche de 68 heures, édition limitée à 5 exemplaires, Jaquet Droz.
• Lady Arpels Centenaire, avec
son typique boîtier de 36 mm rond
avec l’attache centrale dessinée
par Pierre Arpels en 1949. Le cadran
est composé d’une partie en nacre
blanche sous laquelle passe
un disque émaillé peint aux motifs
des quatre saisons, qui tourne
sur un cycle de 365 jours,
Van Cleef & Arpels.
• Altiplano, dotée d’un nouveau
calibre 450P extra-plat (2,1 mm),
mouvement mécanique à remontage
manuel, avec indication des heures,
minutes, et petite seconde décentrée
à 10 h, Piaget.
• Star Open El Primero, dotée
du mouvement chronographe
mécanique à remontage automatique El Primero dont l’échappement
est visible à travers une ouverture
en cœur sur le cadran à10 h, réserve
de marche 50 heures, Zénith.
Quelle heure est-elle?
Comment
répondre à l’intérêt
croissant
des femmes
pour la mécanique
horlogère, tout
en sachant les
séduire en termes
d’esthétique?
Ebauches
de réponses.
Par Isabelle
Cerboneschi
«Il y a un temps pour tout, un
temps pour toutes choses sous les
cieux», disait l’Ecclésiaste. Il y a
donc un temps pour les femmes.
Mais quel est-il?
Les maîtres horlogers et les
grandes marques se sont penchés
avec un bonheur inégal sur le cas
du temps au féminin, essayant de
comprendre ce que femme veut,
afin de le lui offrir, ou plutôt le lui
proposer. A leur décharge, ce n’est
pas chose aisée. Ces cinq dernières
années, il y a bien eu quelques tentatives d’entraîner la gent féminine dans le monde merveilleux
de la mécanique horlogère, pour
lui faire toucher des yeux la magie
d’un mouvement qui fonctionne
à la force du poignet. Si les salons
2005 furent ceux de l’extrême,
avec l’apparition d’une poignée
de tourbillons déclinés au féminin, une tout autre réflexion
Toric quantième perpétuel
rétrograde «Luna Blu»
avec indication des heures,
minutes, secondes,
quantième perpétuel rétrograde,
Parmigiani Fleurier.
semble avoir donné naissance aux
collections féminines de 2006.
Elles sont le résultat d’un sérieux
questionnement à la fois esthétique et technique. De quelles montres rêvent les femmes? Quelles
fonctions leur sont le plus utiles?
Et, surtout, de quelle manière les
habiller?
«Faire une montre de femme,
pour une manufacture horlogère,
c’est toujours un cauchemar»,
confie Luigi Macaluso, président
de Girard-Perregaux. «La grande
difficulté, ajoute-t-il, c’est à la fois
L’aiguille indiquant
les jours devient étoile
filante, ou baguette
magique de fée
de ne pas perdre ses lettres de noblesse horlogères et de ne pas
s’adresser à un seul type de
clientes – asiatiques, américaines
ou européennes. Il faut penser à
une femme moderne mondiale,
sans succomber aux effets de
mode, et prendre ainsi le risque
que la montre se démode au bout
d’un an.» A tous les écouter, chacun sait parfaitement ce qu’il ne
faut pas faire... pour l’avoir fait un
jour. «Si l’on veut rater une
montre pour femme, on prend un
modèle masculin, on le réduit, on
lui ajoute un cadran de nacre,
quelques diamants, et si l’on veut
vraiment avoir tout faux, on met
un bracelet de couleur», résume
Marc A. Hayek, président de
Blancpain. Mais comment avoir
tout juste?
A posteriori, on peut analyser
les raisons du succès de certains
modèles, comme la Reine de
Naples lancée par Breguet en
2002. Esthétiquement, la lauréate
du Grand Prix de l’horlogerie de
Genève en 2002 a marqué les esprits avec son boîtier ovoïde et son
cadran de nacre où l’on peut lire la
réserve de marche et les phases de
la lune. Luigi Macaluso est un admirateur: «Elle est unique!» dit-il.
Quant à Alexis Meyer, le directeur
des Ambassadeurs, à Genève, il
confiait récemment ne pas avoir
anticipé son succès et avoir dû
repasser commande. «Les clients
qui ont les moyens d’acheter
des montres à complications pour
femme recherchent des pièces
très classiques, et celle-ci correspondait parfaitement à leurs
désirs.» Autre succès, la Cat’s Eye
de Girard-Perregaux lancée en
2004: une montre ovale, horizontale ou verticale, habillée d’un cadran de nacre avec une réserve de
marche en étoile filante et une petite seconde «qui fait une animation sur le cadran». Plus quelques
diamants discrets. «Il y a cinq ans,
seulement 1% de notre chiffre
d’affaires provenait des montres
féminines. L’an passé, nous étions
passés à 25%», confie le président
de Girard-Perregaux. Tout cela
grâce à la Cat’s Eye, dont la forme
lui avait été inspirée d’une montre
Lip des années 1970 portée par un
de ses voisins de table lors d’un
dîner...
«Cette année, ce sera l’année
des femmes chez Blancpain», annonce fièrement Marc A. Hayek.
Une nouvelle collection entièrement pensée pour «elles» – Blanc-
Cat’s Eye bi-rétrograde,
avec son cadran de nacre noire,
phase de lune à 12h,
Girard-Perregaux.
pain Women – sera présentée à
Bâle sur un stand décoré en conséquence. «Quand je suis arrivé dans
la maison, on m’a dit que les
femmes n’étaient pas très portées
sur la technique, et qu’il suffisait
de leur donner de gros cailloux...
C’était tellement macho!» Depuis
trois ans, le jeune président fait
plancher ses équipes sur une
nouvelle famille de montres féminines «avec des complications
accessibles». «La signature Blancpain reste, mais tous les éléments
esthétiques ont été retravaillés: aiguilles, cadran, matériaux, appliques, chiffres, bracelets, même
la lune de la phase de lune... Le
mouvement est le même que celui
pour les hommes, 24 mm de diamètre, mais on a travaillé sur
les formes, plus rondes, plus
sensuelles, tout en restant
très pur.» Le critère qui
définit cette collection?
«Lorsqu’un homme ne
peut plus la porter.»
Comment le marché réagira-t-il à la collection féminine de
Michel Parmigiani? Fort des erreurs commises par ses pairs dans
le passé, le maître horloger de
Fleurier a trouvé la parade: sa première collection de montres pour
femme, ce sont des femmes qui
l’ont conçue. Il a confié leur visage
à Carole Vallat, jeune designer
diplômée de l’Ecole d’art de Neuchâtel. Seule une femme peut
avoir songé à faire entrer tout
entier sur un cadran l’univers
de contes de fées qui a bercé nos
rêves de petites filles. On y découvre l’étoile filante de l’aiguille
du quantième rétrograde, qui
devient baguette magique, ce ciel
bleu couleur de songe d’enfant, et
ce soleil «qui court après la lune
sans jamais pouvoir la rattraper»
sur l’aiguille des secondes... Mais
c’est Michel Parmigiani qui a choisi les complications des modèles
de haute horlogerie: le tourbillon,
ou ce même quantième perpétuel
rétrograde. Et, lorsqu’on lui dit
que cette vision du temps, avec
une aiguille condamnée à toujours revenir en arrière à chaque
fin de mois, comme Sisyphe et son
rocher, nous angoisse un peu, il
sourit. On le soupçonne alors de
penser qu’une femme est bien
plus compliquée que ses précieux
garde-temps...
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22 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
AVANT-PREMIÈRES
PHOTOS: DR
De gauche à droite:
La Project Z3
de Harry Winston.
Le modèle RM012
de Richard Mille,
vu de dos, avec
une structure intérieure
tubulaire.
La dernière-née
d’Audemars Piguet,
Tradition d’excellence
No5, dotée d’un nouvel
échappement AP inédit
ne nécessitant plus
de lubrification.
A l’heure du «concept watch»
Les «concept cars»
font rêver depuis
longtemps
les amateurs
de belles voitures
et intriguent
les concurrents.
En horlogerie,
le «concept watch»
est une réalité
nouvelle. Mais
à la différence
de l’automobile,
la plupart
de ces montres
sont ensuite
commercialisées.
Par Michel
Jeannot/BIPH
A l’instar des constructeurs automobi les, qui préparent le marché à
des innovations technologiques ou
esthétiques majeures en présentant
des «concept cars», les horlogers
sont coutumiers du fait de présenter des produits pour prendre le
pouls du marché. Combien de montres présentées en grande pompe
dans les salons horlogers n’ont-elles
finalement jamais vu le jour? Si le
terme «concept» est apparu récemment dans l’horlogerie, il couvre
une réalité encore floue. De même,
de nombreuses montres véritablement innovantes, à l’image de la Tissot T-Touch par exemple (lire ci-dessous), n’ont jamais été présentées
comme un «concept».
La première maison à utiliser à
grande échelle ce terme fut Audemars Piguet avec la présentation, en
2002, de la Royal Oak Concept, évolution technologique et esthétique
de son modèle icône lancé en 1972.
«Cette montre est née d’un rêve,
relève Georges-Henri Meylan, administrateur délégué d’Audemars
Piguet. Celui d’une montre conçue
sous le signe de la performance
absolue, associant sophistication
technique et résistance extrême.»
Outre son esthétique, la Royal Oak
Concept tourbillon se distinguait
par son boîtier en alacrite 602 – une
première en horlogerie – d’une dureté deux fois supérieure à l’acier,
par les ponts et la platine de son
mouvement, sa lunette et sa boucle
déployante en titane. Inventé par
Audemars Piguet, le dynamographe (indication en continu du
couple fourni par le barillet) complétait un sélecteur de fonctions et
une réserve de marche linéaire. Enfin, le cadran transparent laissait
apparaître les fonctions et le mécanisme. Or, tel est aussi le rôle des
concepts, défricher de nouveaux
horizons dans lesquels beaucoup
s’engouffreront ensuite.
Quelques-unes des spécificités
de la Royal Oak Concept avaient
déjà fait auparavant leur apparition
chez un nouveau venu dans l’horlogerie haut de gamme: Richard Mille.
Mais lorsqu’on sait que ce dernier a
réalisé beaucoup de développements au Locle chez Audemars Piguet Renaud Papi, on comprend les
similitudes. Reste que Richard Mille
n’a que rarement utilisé le terme
«concept», même si l’entier de son
Une esquisse du modèle RM001 de Richard Mille, dont les montres au look révolutionnaire ont ouvert
de nouveaux horizons dans le domaine de l’horlogerie haut de gamme.
travail s’oriente dans cette direction. C’est imprégné du monde de la
F1 que Richard Mille a développé ses
modèles, souvent des petites séries à
des prix hors de portée du plus
grand nombre. Parmi ses apports,
outre son dernier modèle RM012
avec une structure intérieure tubulaire, on retiendra le tourbillon
Calibre RM009 expérimental, la
montre la plus légère du monde,
qui a nécessité six années de développement. Moins de 30 grammes
pour l’ensemble boîtier-mouvement, contre 100 à 150 grammes
pour un garde-temps identique
dans des matériaux standards. Elle a
aussi été conçue pour supporter
d’énormes vibrations, accélérations
et décélérations brutales, ainsi que
des chocs. Le gain le plus substantiel
est le fait du boîtier réalisé en Alusic
(Aluminium AS7G-Silicium-carbone), un matériau utilisé dans l’industrie spatiale avec des propriétés
proches, mais dont la composition
a été adaptée à l’usage particulier
d’un boîtier de montre. Ses qualités:
une légèreté (densité de 2,95 g/cm3,
contre 4,5 pour le titane et 8 pour
l’acier) alliée à une rigidité élevée,
une exceptionnelle résistance à
l’usure et un cœfficient de dilata-
tion réduit. L’un des intérêts de cette
avancée est d’avoir démontré que
l’on pouvait sortir du schéma – rarement remis en cause dans l’horlogerie – mettant en relation la valeur
perçue d’une montre et son poids.
TAG Heuer est incontestablement la société qui a le plus mis
en avant la notion de «concept
watch». Présentation de la Microtimer en 2002 (premier chronogra-
«Si nous faisions
uniquement des coups
médiatiques,
nous ne serions plus là
pour en parler»
phe-bracelet quartz au 1/1000e de
seconde), de la Sixty-Nine en 2003
(réversible, deux mouvements mécanique et quartz), de la Monaco V4
en 2004 (mouvement avec transmission à courroies et masse linéaire) et du Calibre 360 en 2005
(premier chronographe-bracelet
mécanique au 1/100e de seconde).
Au point d’être parfois accusée d’en
user pour bénéficier des retombées
médiatiques qui accompagnent
tout lancement de «concept». JeanChristophe Babin, CEO de TAG
Heuer, s’en défend: «Si nous faisions
uniquement des coups médiatiques, nous ne serions plus là pour en
parler. Nous ne nous sommes pas
contentés de présenter des concepts,
nous les avons développés puis
commercialisés pour la plupart. Un
an après sa présentation pour la Microtimer, deux ans pour la Monaco
Sixty-Nine, un an pour la Calibre
360 et dix-huit mois pour la Calibre
S à quartz. Quant à la Monaco V4, il
nous faudra de trois à quatre ans, ce
qui nous amène à une commercialisation vers 2007-2008. Nous serions
fous de ne pas profiter de l’enthousiasme que suscitent ces produits
auprès des médias, dès lors que des
dizaines de marques se vantent d’innovations qui n’en sont pas.»
TAG Heuer investit entre 2 et 3%
de son chiffre d’affaires en R&D, un
département qui occupe 25 personnes. Une moitié est consacrée
aux collections classiques, l’autre à
ce que l’on peut assimiler aux développements de concepts. Cette
structure est née de la volonté de
forcer les équipes à penser à un
horizon de plusieurs années sans
contraintes, ni de délais, ni de coûts,
ni de forme, mais en répondant aux
codes génétiques de la marque:
«précision, performance et avantgarde». Le «concept watch» trouve
le plus souvent chez TAG Heuer
une concrétisation commerciale. Et
même si la technique inédite du Calibre V4 a exigé beaucoup plus de
temps et de moyens que prévu, la
maison n’a pas renoncé à développer ce mouvement à transmission
par courroies. Des prototypes fonctionnels du V4 tournent actuellement sur les bancs d’essai. Est-ce à
dire qu’il sera commercialisé? «Que
ce soit pour le V4 ou pour tout autre
modèle, je n’exclus pas que certains
concepts ne le soient jamais. Tout
indique que le V4 sortira, mais s’il
devait présenter à l’arrivée des standards qualitatifs insuffisants, nous
ne le lancerons pas.»
«Mais c’est aussi cela la force et la
réalité du concept, plaide JeanChristophe Babin. Si nous savions
dès le départ que tel ou tel concept
peut être mené à terme, cela signifierait qu’il n’est innovant ni en
matériau, ni en technique, ni en
méthodologie de développement.
Ce serait un peu misérable pour
pouvoir prétendre à l’appellation
«concept». Par ailleurs, le fait de présenter publiquement une telle
montre met une pression évidente
sur les équipes de développement.
Je suis ainsi certain que si nous
n’avions pas présenté le Calibre 360
l’an dernier à BaselWorld, sa première commercialisation en série
limitée sous le nom de Vanquish
Calibre 360 n’aurait jamais eu lieu
en décembre dernier déjà.»
Sans utiliser le terme «concept»,
de nombreuses autres marques ont
présenté ces dernières années des
montres innovantes qui repoussent
les limites du savoir-faire et de la
technologie. Innovations de forme
et de conception, à l’instar de Parmigiani Fleurier avec sa montre Bugatti ou de Harry Winston avec ses
séries Opus, ou innovations techniques à l’image des modèles «Patek
Philippe Advanced Research», de la
nouvelle Breguet à échappement silicium (voir p. 16) ou encore de la
dernière-née d’Audemars Piguet,
Tradition d’excellence No5, dotée
d’un nouvel échappement AP inédit
ne nécessitant plus de lubrification.
L’innovation horlogère est plus que
jamais en marche.
Du doigté chez Tissot
Développée chez Asulab (laboratoire de
recherches de Swatch Group), la technologie à écran tactile adaptée à la montrebracelet est une innovation significative
dans le domaine de la montre à quartz. Et le
fait qu’aucun concurrent ne soit parvenu à
percer avec un produit similaire démontre
la difficulté du système. Et pourtant, ce principe d’activation des fonctions par effleurement du verre de la montre a peu intéressé
les marques au départ. Alors que chacun
rêvait de s’engouffrer dans l’univers de la
montre-téléphone dont on prédisait le
triomphe, la technologie à écran tactile eut
de la peine à enthousiasmer les horlogers.
Pour l’anecdote, ce cadre de Swatch Group
se souvient de la présentation il y a dix ans
par Rudolf Dinger, responsable d’Asulab,
des potentialités de la montre à écran tactile
lors d’une rencontre mondiale de Swatch
Group. En cours de développement, la
montre à écran tactile était alors… reliée par
un fil à un imposant système informatique
caché par des rideaux derrière l’orateur!
C’est dire que si le concept était né, il restait
des années de développement pour réduire
à la dimension d’une montre-bracelet la
technologie embarquée dans un puissant
ordinateur.
Or, si la montre-bracelet à écran tactile a
failli ne jamais voir le jour, c’est simplement
parce que personne ou presque n’y voyait
un avenir. C’est la marque Tissot, sous la
présidence de François Thiébaud, qui s’est
lancée dans l’aventure. Lorsque la société
locloise s’est associée à ce projet, Asulab
était déjà parvenue à réduire l’ensemble du
système à la dimension d’une montre-bracelet. Mais de là à l’industrialiser, il y avait
encore un pas de géant que Tissot finança
en s’assurant de l’exclusivité du système
pour un temps. Et l’histoire raconte que
François Thiébaud, même s’il a été l’un des
premiers à croire en l’avenir de ce développement, était loin d’imaginer son potentiel
commercial. Ce proche collaborateur de
l’époque explique que le patron voyait en
cette technologie une «niche» qui ne permettrait pas à la marque d’écouler plus de
quelques milliers de pièces par an. Preuve
des difficultés rencontrées lors des mises au
point finales, la T-Touch a fait l’objet d’une
importante campagne publicitaire dès
l’année 2000. Le marché a d’emblée répon-
du positivement, mais Tissot n’a pas été
en mesure de livrer tout de suite la
montre en quantité car l’industrialisation du système a exigé plus de temps
que prévu. D’où une pénurie immédiate – involontaire – qui a contribué
à l’attractivité de la T-Touch. On estime aujourd’hui que Tissot vend
plus de 200 000 T-Touch par an sur
un total de 2 millions de montres vendues. Mais dès lors que le prix de cette
montre (environ CHF 800.–) est largement supérieur au prix moyen de la
marque, la T-Touch assure une part non
négligeable du chiffre d’affaires de la société locloise. Et les opportunités qu’offre
cette technologie tactile sont loin d’être
épuisées. M. J.
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Photographies: Denis Hayoun
Réalisation: Isabelle Cerboneschi
26 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
DENIS HAYOUN
PORTFOLIO
Page précédente: Montre FG One, boîtier
en acier; bague en or blanc serti d’un diamant
blanc marquise (7,20 ct) et de diamants noirs
(5,29 ct), de Grisogono.
Sur le front de Coralie, un collier haute joaillerie
en or blanc serti d’un diamant rond taille
brillant (3,01 ct), de 9 diamants taille poire
(4,43 ct), de diamants ronds taille brillant
(7,59 ct), et de diamants pavés (4,64 ct),
Bulgari. Dans ses mains, un collier en or gris
serti de 516 diamants (22,01 ct), 34 diamants
(3,03 ct), 10 diamants (1,65 ct), 2 diamants
(0,46 ct), 1 diamant (0,31 ct), 9 diamants
(1,87 ct), Collection Haute Joaillerie de Cartier;
montre Alhambra Vintage en or gris et nacre
blanche, Van Cleef & Arpels.
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie 27
DENIS HAYOUN
PORTFOLIO
Vanessa porte un collier en or blanc serti
d’une aigue-marine (195,52 ct) et de
diamants (1,34 ct), Grima; bracelet «Envol»
en or blanc serti de diamants (12,83 ct),
Van Cleef & Arpels; bague «L’Air» en or blanc
serti de 281 diamants (3,20 ct), Chanel.
Sébastien porte une montre Polo Tourbillon
«Relatif», Piaget (lire p. 12). Bague «Toi
et Moi», sertie de deux diamants taille
princesse de 3 ct et de 3,04 ct, de 12 diamants
baguettes (2,97 ct) et de 203 brillants,
Chopard.
28 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
DENIS HAYOUN
PORTFOLIO
Vanessa porte une bague en or blanc (18 ct)
«Collection Limelight Party» inspiration broderie,
sertie d’une topaze (44,67 ct), de 110 diamants
taille brillant (2 ct) et de 6 saphirs violets taille
poire (4,90 ct), Piaget; une bague en or gris serti
de diamants, Collection Haute Joaillerie de Cartier.
Montre Millenary en acier, avec la lunette sertie
de diamants, bracelet en crocodile bleu pastel,
Audemars Piguet. A son cou, collier «Snowflakes»
haute joaillerie en or blanc serti de 168 saphirs bleu
pastel taille carrée (30,09 ct) et de 63 diamants
blancs taille carrée (19,39ct), Chopard.
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30 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
DENIS HAYOUN
PORTFOLIO
Sonia porte une paire de boucles
d’oreilles «La Pluie» en or blanc
serti de 42 diamants (7,30 ct),
un collier haute joaillerie en or blanc
serti de 3 diamants taille poire
(4,45 ct), de diamants taille
poire (4,43 ct), de diamants ronds
taille brillant (4,89 ct) et de diamants
pavés (5,31 ct), Bulgari.
Montre Altiplano Petite Seconde,
dotée d’un mouvement
manufacture à remontage manuel,
mouvement extraplat, petite seconde
sertie à 10 h, cadran de nacre
blanche, Piaget.
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32 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
DENIS HAYOUN
PORTFOLIO
Jennifer porte le modèle Toric Quantième
Perpétuel Rétrograde «Luna Blu», doté d’un
mouvement mécanique à remontage automatique
avec un module quantième perpétuel rétrograde
manufacturés Parmigiani Fleurier, réserve
de marche 45 heures, indication des heures,
minutes, secondes, quantième perpétuel (jour,
date rétrograde, mois, année bissextile, phases
de Lune de précision), cadran en or laqué bleu
sur lequel sont serties quatre constellations
de diamants: la Petite Ourse, la Baleine, la Lyre
et la Couronne Boréale, indication des lunaisons
pôle Nord et pôle Sud, boîtier en or blanc serti
de diamants taille baguette (3 ct), bracelet
en crocodile Hermès, Parmigiani Fleurier
(lire aussi p. 21). Bague en platine serti
d’un diamant taille assher (6,42 ct) et
de diamants baguettes (0,93 ct), Bulgari.
Dans son dos: pendentif «Snowflakes» en or blanc
18 ct serti de 1029 brillants (3,93 ct), Chopard.
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie 33
INDÉPENDANCE
MB&F. Ces quelques
lettres, signifiant
Maximilian Busser
& Friends, sont plus
qu’une marque.
Elles désignent
un collectif de maîtres
horlogers, designers,
artisans, réunis par
l’ex-directeur général
de Harry Winston
Timepieces, pour
créer des premières
mondiales destinées
à quelques passionnés.
Par Isabelle Cerboneschi
Dans un marché horloger qui n’attend
plus personne, où tout semble avoir été fait,
et où il est toujours plus difficile de survivre
lorsqu’on est une jeune marque, il est rafraîchissant de voir émerger de nouveaux
noms. Mais comment naît une marque, en
2006? D’une envie plus forte que la raison.
A ce titre, la naissance de MB&F a quelque
chose d’exemplaire.
Tout a commencé dans la tête de Maximilian Busser, inconnu du grand public,
mais pas du monde horloger. Un parcours
sans faute et plutôt précoce: sept ans chez
Jaeger-LeCoultre comme responsable produits avant d’être nommé directeur général de Harry Winston Timepieces alors qu’il
n’avait que 31 ans. Le challenge fixé par
Ronald Winston était simple: des montres
aussi exceptionnelles que ses diamants.
Pour fabriquer ces moteurs à haute valeur
ajoutée, Max Busser s’est tourné vers les
plus grands maîtres horlogers indépendants. Contrairement aux grandes marques, qui n’apprécient guère de mentionner les concepteurs de leurs mouvements,
il a choisi de pratiquer la transparence. Les
montres portaient le nom des deux géniteurs: la marque et l’horloger. Au point
d’associer ces derniers à la conception
de modèles hors du commun baptisés
Maximilian Busser:
«Je suis le seul actionnaire
de la société: c’est un risque,
mais je n’ai de comptes
à rendre à personne»
PHOTOS: DR
Naissance
d’une marque
«MB&F», pour «Maximilian Busser & Friends», est un collectif, issu de l’esprit des cabinotiers. Tous ceux qui travaillent sur le projet
sont en photo ci-dessus, «à l’âge où ils avaient des rêves. Parce que cette aventure, est un rêve de gosse.»
«Opus». Chaque année, une montre insensée sortait de l’imaginaire conjoint d’un
maître horloger et de Max Busser. Le
premier à allier son nom à la marque fut
François Paul Journe, puis ont suivi Antoine Preziuso, Vianney Halter, Christophe
Claret, et enfin Felix Baumgartner qui a signé l’an passé l’Opus 5, sans que l’on sache
s’il y aura jamais un Opus 6… Entre-temps,
Max Busser avait relevé le défi: faire respecter le nom de Harry Winston dans le monde horloger et, accessoirement, décupler
le chiffre d’affaires qui était passé de 8 à
environ 80 millions de francs.
Entre Max Busser et les horlogers s’est
tissé au fil des années un rapport fait de
confiance et de respect mêlés. Mais comment dépasser ce rapport de quasi-mécénat? Il y a un an, le jeune entrepreneur
avait commencé à nous parler de son rêve:
créer une marque, un «Concept Brand»
avec tous ces partenaires croisés au fil des
projets. Il rêvait de mettre sur pied «un collectif, issu de l’esprit des cabinotiers, où
tous ceux qui travailleraient sur le projet
seraient crédités». Il voulait l’appeler
«MB&F», parce que «Maximilian Busser
& Friends», c’était un peu long à écrire sur
un cadran. «Et d’ailleurs, qui me connaît?
dit-il. Je voulais m’offrir le luxe de ne tra-
vailler qu’avec les gens que j’apprécie.»
Une autre manière d’envisager une société
à but lucratif. «Je suis le seul actionnaire de
la société: c’est un risque, mais je n’ai de
comptes à rendre à personne.» L’investissement est d’environ un million et demi, et
les premières montres seront vendues par
souscription… A qui? «Un client prêt à
payer 165000 francs suisses pour porter
une autre horlogerie», confie Max Busser.
«En juillet 2005, les seules choses que
j’avais en main étaient les dessins développés avec le designer Eric Giroud et le OK
des deux premiers maîtres horlogers.»
Max Busser est parti ainsi, les mains
presque vides, visiter ses clients potentiels
de Los Angeles, Hongkong, Singapour,
Dubaï, le Koweït et Paris. «La première
année, nous comptons fabriquer 30
montres; elles sont déjà réservées», dit-il.
On peut appeler cela un beau succès d’estime.
Cette première montre, nous en avons
vu le prototype… Mais à la stricte condition de n’en rien révéler. «Ce n’est pas un
cadran avec des aiguilles traditionnelles,
dit-il, nous travaillons dans trois dimensions. Chaque mouvement sera une première mondiale.» Puis il ajoute: «80% des
gens ne vont pas aimer ce produit. Ce n’est
pas grave: j’ai passé une grande partie de
ma vie à vouloir plaire et être aimé. Là, je
voulais juste être fidèle à l’enfant que j’ai
été, avec des rêves plus grands que lui…»
Si on devait rapprocher MB&F de marques d’un même esprit, on pourrait citer
Richard Mille, Urwerk, les Opus de Harry
Winston bien sûr, et «les montres Roger
Dubuis, pour le vent de fraîcheur». Et voilà
pour les révélations. Pour le reste, motus:
pas le droit de donner le nom des horlogers qui ont travaillé en tandem sur le
mouvement, pas question de dévoiler les
fonctions, ni la forme étrange, et ce, avant
que la montre soit produite et qu’elle puisse être distribuée chez ses clients. Soit, si
tout va bien, en automne 2006.
Seule concession au mystère: nous
avons obtenu le droit de publier la photo
de tous les acteurs de l’aventure. Bien malin qui les reconnaîtra: il s’agit de leurs portraits lorsqu’ils étaient enfants. «A l’âge où
ils avaient des rêves. Parce que cette aventure, c’est un rêve de gosse, dit Max Busser.
Chacune des pièces a une histoire, inspirée
du vécu de chacun, de ses souvenirs d’enfance.» L’un des siens, c’était le dessin
animé «Goldorak». Et une paire de jeans.
Débrouillez-vous avec ça en attendant
novembre…
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34 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
INDÉPENDANCE
Modèle Vulcain,
une marque fondée
en 1858 et relancée
en 2001.
Licensed Pilot
de Vogard:
un système
exclusif breveté
pour le réglage
des fuseaux
horaires
par la lunette.
Le modèle Typhoon SDI (Security & Date
Indicator) de Volna et son indicateur d’étanchéité
à 300 m inédit sur le cadran.
Ultime:
la dernière-née
de Villemont
abrite un ancien
calibre Büren
retravaillé
et remis à neuf.
A l’ombre
des groupes horlogers
Face à des points de vente qui vivent des marques à forte notoriété,
qui peinent à répondre à leurs exigences et sont, de fait, peu demandeurs, la marge de manœuvre est
étroite pour les petites ou nouvelles
marques horlogères. Pour espérer
réussir, il faut apporter un plus; une
innovation technique, un concept
neuf, un design inédit ou totalement décalé. Hors de ces «niches»
qui ponctuent le discours de tous les
nouveaux arrivants, point de salut.
Ceux qui n’ont pas compris cette
première règle ne sont généralement plus là pour en parler.
«On croit souvent qu’il est aisé
d’entrer sur le marché horloger, lance Michael Vogt, créateur de la
marque Vogard. C’est une lourde erreur. Pour avoir une chance de survie, cela exige des compétences et
une préparation exemplaires. De
même qu’on ne tente pas l’ascension de l’Everest avec des baskets, on
ne s’aventure pas dans l’horlogerie
sans un excellent équipement.» Michael Vogt a misé sur un concept
précis – la montre de voyage – et sur
une innovation – avec un brevet à la
clé – portant sur la lecture de l’heure
dans les 24 fuseaux horaires par rotation de la lunette, y compris la prise en compte de l’heure d’été. Depuis vingt ans dans l’horlogerie,
Michael Vogt savait à quoi s’attendre en présentant sa marque: «Le
bassin horloger est infesté de requins. Mais les requins voient très
mal et, pour avoir une chance de survivre, il faut se montrer rapide, agile
et réactif.»
Pour être réactif, encore faut-il
que ceux sur lesquels vous vous appuyez le soient aussi. Dès lors que les
marques établies totalement autonomes se comptent sur les doigts
d’une main, a fortiori aucune marque nouvelle ne peut prétendre produire l’essentiel des composants de
la montre. Cet appel aux sous-traitants est une nécessité qui réserve
passablement de surprises. Lorsque
les fournisseurs acceptent de livrer
de petites quantités, les prix sont
plus élevés et les paiements d’avance sont la règle. Une réalité connue
et acceptée de tous ceux, généralement passionnés et expérimentés,
qui se lancent dans l’aventure.
Refus, retards,
annulations…
Maître horloger allemand arrivé
en Suisse en 2000 pour y créer sa société «blu», membre de l’Académie
horlogère des créateurs indépendants depuis 1995, Bernhard Lederer s’est fait un nom auprès des
connaisseurs. Il présente cette année à BaselWorld «blu-Majesty», un
exceptionnel tourbillon qui fait
l’objet d’un brevet: trois tourbillons,
trois axes, trois vitesses de rotation.
Alors que blu vient d’emménager
dans une nouvelle usine à Colombier (NE) pour répondre à la croissance de la société, Bernhard Lederer se souvient des débuts parfois
difficiles avec les fournisseurs: «C’est
là le principal problème pour une
petite marque.» Refus de petites
séries, retards de livraison, annulations de commandes après des mois
sous pression d’autres clients importants, qualité non conforme, les
petits ne sont pas toujours à la fête.
Or les témoignages de ce type sont
légion dans l’horlogerie; ils permet-
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tent de vérifier que les nouveaux
arrivants sont surveillés de fort près
par les marques en place qui ne
voient pas toujours d’un très bon
œil ces nouveaux venus.
Six mois de retard dans la livraison d’aiguilles – en plus du délai de
six mois nécessaire à leur production – et ce peut être la mort d’une
entreprise. Car une seule aiguille
ou couronne manquante et la
montre reste en stock. «Si vous
n’avez pas les liquidités pour faire
face à ce type de désillusions, mieux
vaut ne pas se lancer, analyse ce financier observateur du monde
horloger. Et dans ce métier plus
qu’ailleurs, les business plans volent vite en éclats. Car là où les
grands parviennent à imposer des
exigences avec difficulté, les petits
n’ont aucune chance.»
A cela s’ajoute une autre difficulté pour ceux qui, comme Villemont,
marque lancée l’an dernier et pilotée par Olivier Müller, entendent
produire des montres 100% Swiss
Made. «Les groupes et les grands indépendants ont déjà sévi en rachetant nombre de leurs fournisseurs.
De fait, l’offre s’est considérablement réduite et lorsque vous cherchez aujourd’hui des aiguilles, des
couronnes ou des poussoirs par
exemple, il y a peu d’alternatives, et
tous les indépendants se retrouvent
devant les mêmes portes.» D’où la
nécessité pour les marques haut de
gamme qui en ont les moyens de
verticaliser – c’est-à-dire d’intégrer –
leur production sur certains composants. «Une condition pour être
réactif, et la réactivité est l’une des
clés du succès», analyse Olivier Müller. Un problème que pointe égale-
ment du doigt Bernhard
Lederer: «Si l’horlogerie suisse veut assurer son avenir, elle
sera contrainte de créer un support
sur le versant industriel qui aide
les jeunes créateurs ou les petites
marques.»
Des dizaines de petites entités qui
demeurent un stimulant important
pour toute l’industrie horlogère
lorsqu’elles présentent des choses
sérieuses et intéressantes, relève
Bernard Fleury, CEO de Vulcain,
marque fondée en 1858 mais relancée en 2001 avec le soutien de nouveaux propriétaires. Spécialiste de la
montre réveil, Vulcain peut se targuer de disposer d’un mouvement
manufacture exclusif, le fameux calibre Cricket. Un atout indéniable
dans un marché très compétitif,
mais qui n’est pas un sésame suffisant pour ouvrir les portes des détaillants. Or, la problématique de la
distribution est une difficulté unanimement reconnue par les petites
marques ou les nouveaux venus. «Il
est très difficile de nous faire une
place face aux grandes machines à
vendre», reconnaît Bernard Fleury.
PHOTOS: DR
La puissance de
frappe des grandes
marques laisset-elle une chance
de survie aux petites
entités? A en croire
le nombre
de nouveaux venus,
les opportunités
existent pour
les petits acteurs.
De la production
à la distribution,
la bataille est rude.
Mais à force
de patience et
de réactivité,
la réussite est
parfois au rendezvous. Par Michel
Jeannot/BIPH
Tourbillon «blu-Majesty»:
trois tourbillons, trois axes,
trois vitesses et un brevet à la clé.
«La grande
majorité des
détaillants vivent très
bien des Rolex, Cartier, Omega, TAG
Heuer et autres Breitling, souligne
Olivier Müller. La clientèle est demandeuse de ces marques à forte
notoriété, et de nombreux détaillants ne cherchent pas nécessairement à promouvoir de nouvelles
marques.» Le monde aurait-il changé, comme le suggère Michael Vogt?
«Au cours des dix ou vingt dernières
années, les grandes marques ont
éduqué le consommateur en lui faisant croire que la marque comptait
plus que le produit. Cette dérive est
assez dangereuse et ne facilite évidemment pas notre travail.»
Quand la distribution
prend des risques...
Mais à force de mettre la pression
sur leurs premiers ambassadeurs
(augmentation des volumes de vente, marges réduites, commandes dirigées), certains distributeurs ou
détaillants ont choisi de réorienter
leur offre en prenant le risque de
puiser abondamment dans les petites et nouvelles marques les plus
prometteuses. «Ces distributeurs
ou détaillants existent, mais ils ne
sont pas légion», reconnaît Olivier
Müller. «Et pourtant, remarque Bernard Fleury, on assiste depuis
quelques années à l’émergence de
nouveaux groupes de distribution
qui prennent volontiers dans leur
portefeuille, aux côtés de l’une ou
l’autre valeur sûre, des marques en
devenir.» Un souffle évidemment
bienvenu pour les petites ou jeunes
marques en quête de notoriété.
Volna, image russe, produit suisse
La nouvelle marque,
qui marie l’héritage
stylistique soviétique
au savoir-faire
helvétique, va se frotter
à la production
en série et aux réalités
du marché.
Il aura fallu près de trois ans
aux initiateurs de la marque
Volna pour mener à bien leur
projet. La nouvelle société arrive à
bout touchant de sa démarche et
les premiers modèles devraient
être exposés dans les points de
vente d’ici à l’automne. Plus que
sur une marque, c’est sur un
concept qu’Eleonore Paschoud,
François Candolfi et Marc
Calmonte – 35 ans de moyenne
d’âge mais tous expérimentés
dans l’horlogerie – ont choisi de
travailler. En russe, Volna signifie
la vague. Or, les trois compères
n’ont pas oublié que la Russie a
un riche passé dans l’horlogerie
mécanique – deuxième
producteur mondial dans les
années 60 – et que l’URSS
produisait près de 80 millions de
mouvements mécaniques avant
la chute du mur de Berlin.
«Russian Heritage Swiss
Watch»: le mariage de l’héritage
historique et stylistique
soviétique et du savoir-faire et de
la technicité helvétiques. Image
russe, produit suisse, la marque
associe son image à l’univers
mystérieux, secret et
technologique des forces navales
sous-marines soviétiques. Il en
résulte des produits uniquement
mécaniques, certifiés
chronomètres COSC, Swiss Made,
étanches à 300 m avec un
indicateur d’étanchéité inédit sur
le cadran. Ainsi qu’un système de
sécurité novateur pour la
couronne.
Avant de présenter les premiers
modèles, Volna s’est heurtée
aux tracasseries d’usage. D’autant
que les initiateurs ont souhaité
garder le contrôle total du projet
au moins jusqu’à la phase de
lancement. Côté technique, les
sous-traitants ont globalement
soutenu la jeune structure. Côté
administratif et financier, les
obstacles ont été nombreux,
inversement proportionnels aux
aides rencontrées. Ces obstacles
surmontés, Volna est en train de
boucler son premier financement
et va se heurter désormais
à la production en série et aux
réalités du marché. Et là, les
initiateurs savent qu’ils devront
faire face à d’autres difficultés
et pressions de la part des acteurs
en place. M. J.
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36 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
∆T = (C+R) X 4
«Solis mendaces arguit horas».
Les heures du Soleil sont trompeuses. Et les horlogers ne sont pas
dupes, à tel point qu’ils avaient, à
Paris, fait de la sentence latine leur
devise. Une inscription qui figure
aussi sur bon nombre de cadrans
solaires et témoigne des relations
compliquées entre Soleil et gardetemps. Car rendre compte mécaniquement d’un temps solaire irrégulier relève de la gageure.
Les jours du Soleil contre quelques nuits blanches: les horlogers
ont dû étudier l’astronomie de manière approfondie pour restituer en
horloge, puis en montre de poche et
montre-bracelet, la réalité du mouvement des astres. Pour cela, ils se
sont intéressés entre autres au rapport changeant entre le temps défini par le Soleil et celui indiqué par
leurs pendules. «Qui pourrait, ô Soleil, t’accuser d’imposture?» Au
célèbre vers de Virgile, ce sont les
horlogers qui ont dû trouver une
réponse. Car, lorsqu’une montre
indique midi, le Soleil n’est pourtant pas à son zénith… «L’équation
du temps est une complication bien
plus difficile à expliquer qu’à réaliser, s’amuse Timm Delfs, journaliste
et gérant de la boutique Sonnenuhren à Bâle, spécialisée en cadrans
solaires. C’est un marché de niche,
tant les notions d’astronomie utiles
à sa compréhension sont complexes.»
Reprenons depuis le début. Au
commencement… la lumière fut.
Mais le Grand Horloger n’a pas créé
des journées exactes de 24 heures.
Un jour solaire – le temps qui
s’écoule précisément entre deux
passages du Soleil au zénith – n’est
pas uniforme. Ainsi, le temps indiqué par les cadrans solaires – le
temps solaire vrai – varie chaque
saison, exactement de la même manière d’année en année. La variation
s’explique par le mouvement de la
Terre dans l’espace. Dans sa course
autour du Soleil, la planète ne décrit
pas un cercle parfait. Elle a une trajectoire elliptique, sa vitesse est
donc irrégulière. Elle s’accélère
quand la Terre se rapproche du Soleil et vice versa. Et c’est l’inclinaison
de l’axe de rotation de la Terre qui
est la cause principale de variation
de la durée des jours solaires. Le
mouvement de la Terre sur son orbite n’étant pas uniforme, le passage
du Soleil au méridien d’un lieu ne se
produit pas à des intervalles de
temps égaux. D’un jour à l’autre, le
décalage est de quelques secondes.
Avec le perfectionnement des
horloges, qui ne peuvent indiquer
qu’un temps uniforme, on a dû
abandonner la référence du cadran
solaire, qui, lui, indique un temps
irrégulier. Le jour solaire a été abandonné en tant qu’étalon. Un nouveau temps de référence, appelé
temps moyen ou légal, a été adopté.
Il correspond à des jours parfaitement égaux de 24 heures et constitue la moyenne des jours solaires
vrais, sur une année. Ce temps de référence correspond à un «Soleil
moyen» et donc fictif. Il ne pourrait
exister que si la course de la Terre
décrivait un cercle parfait autour du
Soleil à vitesse constante, le tout
dans le plan de l’équateur, perpendiculaire à l’axe des pôles.
L’équation du temps
est une complication
philosophique, où
midi sur une montre
vient trop tôt ou
trop tard
L’équation du temps traduit
l’écart variable qui existe entre le
temps solaire vrai (la position réelle
du Soleil dans le ciel) et le temps solaire moyen (l’heure indiquée par
nos montres). «Pour moi, l’équation
du temps est une complication philosophique, commente Christoph
Guhl, chargé de la communication
horlogère chez Audemars Piguet.
On n’en a pas besoin, mais elle établit un lien entre ce qui se passe autour de nous et la théorie. Les clients
qui découvrent que midi à leur
montre est trop tôt ou trop tard
sont fascinés.»
L’équation de temps s’exprime
en minutes et traduit visuellement
la position du Soleil à son zénith
au cours de l’année par une courbe
en forme de huit, appelée «analemme». Sa valeur varie tout au
long de l’année et s’annule quatre
fois par an: temps vrai et temps
moyen coïncident parfaitement le
15 avril, le 14 juin, le 1er septembre
et le 24 décembre (les dates varient
De gauche à droite:
L’«Equation du temps»
Jules Audemars,
Audemars Piguet.
La «True North
perpetual»,
Arnold & Son.
La «Gyrotourbillon»,
Jaeger-LeCoultre.
selon les années bissextiles). A
l’inverse, l’écart peut atteindre un
quart d’heure environ: le 11 février,
l’équation du temps est de +14 minutes 15 secondes; le Soleil est donc
à son zénith quand nos montres
indiquent 12 h 14’22’’. Le 4 novembre, elle est de –16 minutes 25 secondes; il est donc 11 h 43’35’’ selon l’heure civile à Londres, au
moment du midi vrai.
Lorsque l’équation du temps est
positive, le Soleil est en retard par
rapport au temps moyen et inversement. Mais d’autres facteurs expliquent l’écart entre temps vrai et
temps moyen. La variation de l’excentricité de l’orbite terrestre (la
distance entre le Soleil et la Terre) et
la longitude du point d’observation
expliquent aussi le phénomène.
∆T = (C+R) X 4. L’équation paraît
simple. Mais la formule intègre des
paramètres (la loi de Kepler) tels
que l’obliquité de la Terre, la longitude écliptique, l’ellipticité de la
trajectoire ou encore l’anomalie
moyenne… Le calcul a en tout cas
été appliqué à l’horlogerie pour
créer des garde-temps qui puissent
indiquer temps moyen et temps
vrai. «L’équation du temps est un
gadget, précise Timm Delfs, le spécialiste du temps solaire. Sa seule
véritable utilité concerne l’orientation: en donnant le midi vrai, elle indique la position zénithale du Soleil
et donc le sud.»
L’équation du temps est tellement complexe qu’elle constitue
un marché très spécial et très fermé:
«Les clients de cette complication
sont souvent des ingénieurs ou des
philosophes qui surveillent la précision des mouvements comme un
hobby, poursuit Christophe Guhl.
Ils nous téléphonent très souvent,
tellement ils sont émerveillés par de
tels instruments et par leur précision.»
Loin des complications d’adulte,
il fallait toute l’ingénuité d’un
enfant pour réconcilier Soleil et
homme. Et aussi une petite planète,
imaginée par Saint-Exupéry. Sur
l’astéroïde B 612, à peine plus grand
qu’une maison, le Petit Prince ne se
préoccupe pas des temps vrais et
des temps moyens. Loin des calculs
astronomiques, pour admirer le
crépuscule chaque fois qu’il en a envie, il lui suffit de tirer sa chaise de
quelques pas…
De la course du Soleil
au cadran d’une montre
L’«Aeternitas 8888»,
de Franck Muller, qui sera
dévoilée à Genève, réunit
une quinzaine de complications,
dont un quantième perpétuel
séculaire avec équation du temps,
un tourbillon, un chronographe
rattrapante à remontage
automatique et trois fuseaux
horaires.
Les variations du temps solaire
vrai sont reproduites mécaniquement à l’aide d’une came d’équation qui tourne autour de son axe
en un an, soit en forme d’analemme, soit sur un axe temporel linéaire. La pointe d’un axe relié à
une aiguille joue le même rôle
qu’un diamant sur un disque vinyle: elle suit le mouvement des découpes de la came et permet à l’aiguille d’indiquer l’équation du
temps en minutes. Avec un affichage rétrograde, un cadran additionnel donne le nombre de minutes à ajouter ou à retrancher au
temps moyen pour obtenir le
temps vrai. L’équation peut aussi
être «marchante»: plus difficile à
réaliser techniquement, elle indique directement le temps vrai,
par une aiguille des minutes supplémentaire, agrémentée d’un soleil à son extrémité.
Les montres et horloges à complication astronomique associent
souvent l’équation du temps à un
quantième perpétuel, aux phases
de Lune, aux temps du lever et du
coucher du Soleil ou encore aux
éphémérides. On trouve, parmi
les pièces les plus célèbres qui
L’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre est la cause principale
de variation de la durée des jours solaires. Le mouvement de la Terre
sur son orbite n’étant pas uniforme, le passage du Soleil au méridien
d’un lieu ne se produit pas à des intervalles de temps égaux.
Chercher midi
à quatorze heures
PHOTOS: DR
La course du temps
est irrégulière,
le Soleil trompeur.
Face à des jours
solaires qui
ne durent pas
24 heures,
les horlogers
ont dû se faire
astronomes.
Pour restituer avec
exactitude la réalité
du mouvement
des astres,
ils ont inventé
une complication
peu connue
réservée à
un marché de
niche: l’équation
du temps.
Par Pierre
Chambonnet
PHOTOS: DR
L’équation du temps, la complication
qui remet le Soleil à l’heure
intègrent l’équation du temps:
la Marie-Antoinette de Breguet, la
Leroy 01, la montre Graves de Patek
Philippe ainsi que le calibre 89
et le Star Caliber 2000, l’Equation
du temps Jules Audemars (où les
heures de lever et de coucher du
Soleil et l’équation sont définies
pour un lieu précis et permettent
la lecture immédiate de l’heure de
culmination du Soleil), la Gyrotourbillon de Jaeger-LeCoultre,
la True North Perpetual d’Arnold
& Son (à double affichage de
l’équation du temps, rétrograde et
marchante)… P. C.
Louis XIV, le Roi-Soleil, l’avait nomiques, explique Ludwig
pourtant bien spécifié: les horlo- Oechslin, le conservateur du Mugers devaient «régler les horloges sée international de l’horlogerie à
publiques suivant le cours du So- La Chaux-de-Fonds. Les globes
leil». C’est ainsi que l’idéal horlo- scientifiques allemands comme
ger de l’époque représentait la ceux de Jost Bürgi (photo) intèdéesse du calcul avec une horgrent les premiers cette complicaloge et une sphère, pour cortion, à la fin du XVIe siècle.»
C’est au mathématicien Niriger les heures mensongères
colas Mercator que l’on attridu Soleil. Car avec la référenbue la plus ancienne équace solaire, il fallait chaque
tion du temps connue.
jour avancer ou reculer
Par la suite, ce sont les
sa montre en consulpendules anglaises de
tant un almanach ou
la seconde moitié
en se référant à un
du XVIIe qui procadran solaire.
Mais avec l’apposent les meilleuparition, notamres équations.Durant
ment, de la penle XVIIIe siècle jusdule de Huygens
qu’au début du XIXe,
en 1657, le perfecpeu d’instruments d’hortionnement de l’horlogerie
logerie prennent en compte
met en valeur le décalage
le temps vrai. En Angleentre temps solaire
terre, Mudge, Ellicott,
et temps mécaniDent et Payne s’y
que. «L’équation
sont intéressés,
du temps appatout comme Berraît pour la prethoud, Lepaute,
mière fois dans
Lépine ou encore
© H. MAERTENS/MUSÉE DES ARTS ET
les horloges astro- MÉTIERS, BRUGES/FONDATION PARIBAS Breguet. P. C.
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie 37
COLLECTIONNEURS
PHOTOS: DR
Une folie de grande sonnerie!
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Il aura fallu
six ans à
François-Paul
Journe pour créer sa
Sonnerie Souveraine.
Un ressort, un barillet,
dix brevets et beaucoup
de rage, pour venir
à bout de cette montre
qui donne une voix
au temps qui passe…
Par Isabelle
Cerboneschi
Quelle force pousse un maître
horloger à passer six années à
développer un modèle, à tenter
d’améliorer les procédés traditionnels, sans même être certain
de jamais y parvenir. Il y a une
part d’ego, certes, mais il doit y
avoir autre chose. Quelque chose
qui se passe entre la pièce et
l’horloger, de l’ordre de l’intime.
Et ce rapport- là, on le touche du
doigt lorsqu’on demande à
François-Paul Journe de parler
de sa dernière folie: sa Sonnerie
Souveraine.
Déjà, il hésite un peu à la laisser
se faire photographier; il ne la
quitte quasiment plus. On ose à
peine y toucher, comme avec ces
nouveau-nés qu’on a peur de laisser tomber. On transpire. Pas tant
parce que la pièce vaut 400000
euros, ce qui n’est rien au regard
des hypothèses que l’horloger a
émises et vérifiées, des jours passés à l’écouter égrener ses coups, à
la régler, à modifier d’infimes détails… On transpire parce qu’on
tient là une pièce qui relève d’un
autre temps: celui où les mécènes
étaient des rois et qu’ils pouvaient
tout s’offrir, même des montres
qui sonnent le temps qui passe, et
chantent ainsi l’apologie des
choses inutiles. On en est là de ses
réflexions quand on retourne la
Sonnerie Souveraine de FrançoisPaul Journe, belle aussi à l’envers.
On ne comprend pas, on n’est pas
horloger, et même un horloger…
Mais on regarde cela comme un
enfant fasciné par un automate.
On se dit alors que le collectionneur qui va recevoir la première
pièce, avec son nom gravé au dos,
cadeau de son épouse et de sa fille,
a vraiment une chance folle.
Une grande sonnerie. Rien que
ça. Une chose tellement difficile à
réaliser qu’il doit en exister une
demi-poignée sur le marché.
Voilà la surprise que François-Paul Journe a réservée
aux collectionneurs. L’an
passé déjà, il nous en
avait dévoilé une première version, «mais je
n’en étais pas content.
J’ai tout démonté et tout
refait. J’ai mis un an à la stabiliser.» On écoute l’homme,
on regarde la pièce, dessus,
dessous, on l’entend égrener
ses quarts, puis ses demies, on
n’attend plus que l’heure, sans
oser le dire.
«Une grande sonnerie, ça doit
donner 812 coups de marteau
pendant 24 heures, alors qu’une
répétition minute 32 coups au
maximum.» Toute la difficulté est
là: dans l’énergie phénoménale
qu’il s’agit de trouver. Mais le plus
étonnant, dans cette pièce, qui
peut aussi se mettre en mode répétition minute, c’est la facilité
avec laquelle on peut la manipuler. «Le cahier des charges était
simple: pour un enfant de 8 ans.»
C’est au moment du remontage et
de la mise à l’heure que les choses
se compliquent avec les grandes
sonneries, à ce moment précis
qu’on risque la fausse manœuvre,
qu’il y a de la casse, et que la
montre se retrouve au service
après-vente. François-Paul Journe
a résolu ce problème: «A la place
«Le cahier des charges
était simple:
pour un enfant
de 8 ans»
de deux ressorts et deux barillets,
comme sur les grandes sonneries
traditionnelles, qui permettent
de régler comme on veut l’énergie
du mouvement ou de la sonnerie,
je n’en ai mis qu’un seul pour les
deux fonctions, qui ne se remonte
que dans un sens.» Par un système
de sûretés, lors de la mise à l’heure, la sonnerie est bloquée, et
lorsque la sonnerie est engagée, il
n’y a pas de remise à l’heure possible. Quant à la réserve de marche, «elle prend en compte la
perte d’énergie globale, grace à
un calcul différentiel», explique
le maître horloger. Il y a 24 h de
réserve de marche en mode
grande sonnerie, et 5 jours
pour l’indication des
heures si l’on n’utilise pas
la sonnerie. «Et quand il ne
reste que trois tours de barillets – environ 24 à 30 h –,
la sonnerie se bloque pour
laisser 24 h de réserve de
marche au mouvement afin
que les heures continuent de
tourner.»
«Cette pièce, c’est une grande
leçon d’humilité, dit-il. Il faut parfois taire sa rage quand ça marche
mal. On vit de grands moments de
solitude. Le plus difficile, ce furent
les 2% qui restaient à perfectionner.» Dix brevets ont été déposés.
La conversation ne portant que
sur elle, la montre a beau jeu de ne
pas se laisser oublier. Elle sonne et
l’on s’interrompt. Mais dans la
vraie vie, est-elle aussi présente,
coupe-t-elle aussi les conversations? Dérange-t-elle les voisins
d’opéra? «C’est une montre intime, pas un mégaphone, répond
François-Paul Journe. C’est un
luxe absolu: seul son propriétaire
l’entend. L’entourage qui ne sait
pas, n’y prête pas attention et ne
percevra pas la sonnerie.»
Juste avant de prendre congé,
on entend l’horloger qui marmonne quand même: «Je suis très
fier d’y être arrivé.»
38 Horlogerie
Le Temps Mercredi 29 mars 2006
DISTRIBUTION
La tendance
chez les horlogers
est à l’ouverture
de boutiques
exclusives;
il n’est bientôt
plus une marque
haut de gamme
qui n’étende
son réseau
de distribution
en propre.
A Genève, par
exemple, les rues
commerçantes se
sont transformées
en une immense
vitrine horlogère.
Sans doute
la plus importante
du monde.
Par Michel
Jeannot/BIPH
PHOTOS: DR
Pignon sur rue pour les horlogers
L’intérieur de la nouvelle boutique IWC, qui vient d’ouvrir ses portes à Zurich… en attendant de s’implanter cet été, rue du Rhône à Genève.
«La plus forte concentration du
monde de boutiques horlogères est
à Genève. La rue du Rhône a détrôné
la place Vendôme ou la Cinquième
Avenue. Cette concentration était
inimaginable il y a seulement cinq
ans.» Georges Kern, CEO d’IWC, voit
en Genève la vitrine mondiale de
l’horlogerie de prestige. C’est pourquoi, après Zurich cet hiver, c’est à
Genève qu’IWC ouvrira avant l’été
sa seconde boutique en Suisse. His-
toire d’accroître la notoriété et de
communiquer l’image de la marque pour mieux pénétrer le marché
romand.
De fait, il n’y a bientôt plus une
marque active dans le haut de gamme qui n’ait pignon sur rue dans la
Cité de Calvin. Aux enseignes Audemars Piguet, Bulgari, Cartier, Chopard, Patek Philippe, Piaget, Vacheron Constantin installées de plus ou
moins longue date, sont venues
s’ajouter plus récemment notamment celles d’Antoine Preziuso,
Blancpain, Breguet, Charriol, Roger
Dubuis, de Grisogono, Léon Hatot,
Jaquet Droz, Jaeger-LeCoultre, Pierre Kunz, Franck Muller, Van Cleef &
Arpels ou encore Van der Bauwede.
Et ce n’est pas terminé: Omega est
sur le point d’ouvrir, IWC a prévu
cela avant l’été et Zenith annonce sa
volonté de venir s’installer également à Genève. De fait, la rue du
Rhône et les quelques rues adjacentes se transforment peu à peu en
une gigantesque vitrine horlogère.
Cette attractivité a un prix et, les
places se faisant toujours plus rares,
les marques n’ayant pas encore pignon sur rue dans le quartier savent
qu’il faut désormais passer à la caisse pour arracher un emplacement
de choix. Et les prix atteignent aujourd’hui des sommets. Tant pour
les locations pratiquées que pour
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Le Temps Mercredi 29 mars 2006
Horlogerie 39
PHOTOS: DR
DISTRIBUTION
Vacheron Constantin, Genève.
les pas-de-porte à régler au locataire précédent. Ainsi, il se murmure à Genève qu’Omega – qui s’apprête à reprendre la localisation de
l’ancienne boutique Louis Vuitton
qui, elle, va ouvrir un espace gigantesque à deux pas de là – aurait accepté de débourser l’équivalent de
quinze ans de loyer pour le pas-deporte. Ce chiffre ne surprend pas
outre mesure un agent immobilier
de la place qui relève d’une part l’excellent emplacement dont il est
question et souligne, d’autre part,
que le pas-de-porte n’est pas un investissement à fonds perdu puisqu’il fait l’objet d’une revente en cas
de départ. Si les marques restent volontiers discrètes sur ces transactions, on rapporte de bonnes
sources que Jaeger-LeCoultre aurait
déboursé quelque 750000 francs
de pas-de-porte pour sa boutique
rue du Rhône.
Si la «tendance boutique» est assez nouvelle pour les marques horlogères, les marques de mode, maroquinerie et joaillerie – Louis
Vuitton, Bulgari, Hermès et Cartier
notamment – ont ouvert la voie à ce
mode de distribution direct qui se
passe des intermédiaires et permet
de mieux maîtriser sa distribution.
Or, il y a quelques années encore,
les horlogers estimaient que le seul
produit «montre» ne permettait ni
d’offrir un éventail assez large pour
se permettre d’ouvrir une boutique
ni de la rentabiliser. Fortes de ce
constat, plusieurs marques se sont
alors lancées – avec un bonheur inégal – dans la production de collections joaillières en complément à la
montre-bracelet pour une offre alternative. Or le discours des horlogers a aujourd’hui changé, dès lors
que plusieurs d’entre eux affirment
qu’il est désormais possible de s’offrir le luxe d’une boutique avec ses
seuls garde-temps.
Si Genève connaît une concentration exceptionnelle de boutiques
horlogères, ce phénomène est cependant le reflet d’une tendance générale qui voit s’ouvrir ce type particulier de points de vente partout
dans le monde, pour peu que s’y
trouve une clientèle disposant d’un
haut pouvoir d’achat. La Chine, les
Etats-Unis, la Russie, l’Inde sont parmi les premiers choix retenus par les
horlogers, mais chaque marque développe sa stratégie en fonction des
forces et faiblesses de son réseau de
distribution.
La Chine, les EtatsUnis, la Russie, l’Inde
sont les premières
cibles des horlogers
Quelles raisons poussent ainsi
les marques horlogères – essentiellement celles actives dans le haut de
gamme – à ouvrir des boutiques
mono-marques que l’on dit pas nécessairement rentables? Premières
raisons invoquées: la maîtrise de
l’image de marque et la possibilité
de proposer un assortiment complet de produits. «Notre meilleur
outil de communication est la manufacture, explique Jérôme Lambert, CEO de Jaeger-LeCoultre. Or, il
est impossible de faire voir cet outil
à chacun de nos clients. De fait, la
boutique nous permet de transposer notre univers de manufacture et
de mettre en valeur une image précise et cohérente de la marque partout dans le monde. Elle est aussi un
véritable outil de communication.»
Outre la maîtrise complète de
l’univers de marque, l’ouverture de
boutiques en propre permet aussi
de récupérer la marge laissée d’ordinaire aux détaillants. Si cet argu-
ment est peu mis en avant par les
horlogers, il reste une donnée évidemment prise en compte.
Reste que les raisons d’ouvrir des
boutiques exclusives à une marque
sont multiples et peuvent différer
d’une ville à l’autre pour une même
société. Georges Kern ne cache pas
que la boutique IWC de Genève
aura davantage un rôle d’ambassadeur de la marque, tandis que Zurich vise un clair objectif d’augmentation des ventes: «Contrairement à
ce que l’on prétend parfois, on peut
gagner de l’argent avec les boutiques. Les premiers mois d’ouverture
à Zurich démontrent que ce point
de vente est clairement profitable.»
Reste qu’en implantant leur
propre boutique en des lieux stratégiques dans le monde, les horlogers
font une concurrence directe à leurs
clients. Même s’ils s’en défendent en
prétendant que l’ouverture d’une
boutique tire les ventes de la
marque également dans les magasins proches, les détaillants réfutent
cet argument. «Le marché d’une
marque, même en croissance, n’est
pas extensible à souhait, analyse un
détaillant genevois. Et les ventes de
la boutique X ou Y sont autant de
chiffre d’affaires en moins pour les
magasins multi-marques.» C’est
dire que les détaillants voient rarement d’un œil satisfait les ouvertures de telles boutiques. A moins
d’être intéressés à l’affaire…
Car le monde de la boutique
mono-marque se divise en deux cas
d’espèces fort différents: soit la
marque est propriétaire de sa boutique et responsable de sa gestion,
soit elle le fait en partenariat avec
des détaillants locaux. Dans la majorité des cas, les horlogers cherchent à travailler en partenariat.
Globalement, les sociétés expliquent qu’elles ne tiennent pas à être
propriétaires de ces points de vente
Franck Muller, Genève.
Zenith, Shanghai.
Blancpain, New York.
Les prix atteignent des
sommets: l’équivalent
de quinze ans de loyer
pour un pas-de- porte
dès lors qu’un détaillant compétent
est prêt à prendre la responsabilité
et le risque. Cela est surtout vrai
pour les pays connaissant une bonne maturité horlogère et une distribution de bon niveau. Dans le cas
contraire, lorsque la distribution
est défaillante et que les marques
n’estiment pas le niveau suffisamment élevé, elles ouvrent des boutiques dont elles sont propriétaires.
«Si nous sommes aujourd’hui
une exception, alors nous allons le
rester à l’avenir. Car nous n’avons
pas l’intention de développer un réseau de boutiques en propre.» Pour
Jean-Paul Girardin, vice-président
de Breitling, à chacun son métier et
chaque partenaire devrait se
concentrer sur ce qu’il sait le mieux
faire. «Ainsi nous sommes performants pour concevoir et produire
des montres et nous nous appuyons
pour les vendre sur des relations de
longue date avec des détaillants indépendants comme nous. Et nous
n’avons aucune raison de remettre
aujourd’hui en cause cette stratégie.» Breitling dispose cependant
de quelques points de vente monomarques en Asie, mais qui sont
pour chacun d’eux la volonté d’un
détaillant de la marque d’ouvrir un
point de vente exclusif Breitling. Ce
que la société de Granges a accepté,
mais ces boutiques demeurent la
propriété des détaillants locaux.
TAG Heuer ou Rolex semblent avoir
opté pour la même vision. Seulement quelques points de vente
mono-marques, mais aucune volonté affichée de développer une
véritable stratégie offensive d’ouverture de boutiques exclusives.
A l’opposé, Zenith, qui a ouvert
en novembre dernier à Shanghai sa
première boutique, projette d’en
ouvrir entre huit et dix cette année,
dont cinq en Chine, trois aux EtatsUnis et peut-être une… à Genève.
De gauche à droite:
Les boutiques Chopard
et Piaget se font face
rue du Rhône, à Genève.
Le 13, rue de la Paix, l’adresse
historique de Cartier, à Paris.
Richard Mille a ouvert
une enseigne à Hongkong.
Breguet et son écrin
place Vendôme, à Paris.
La boutique Audemars
Piguet à New York.
L’enseigne Blancpain à Munich.
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