ans la mythologie nordique, l`arbre cosmique était un frêne

Transcription

ans la mythologie nordique, l`arbre cosmique était un frêne
Arbres
remarquables
Mythes et légendes
de l ’Arbre
«D
Extrait de la conférence prononcée
au musée du Bocage Normand
de Saint-Lô, le 24 juillet 2009,
dans le cadre du « Tour de France
des Arbres Remarquables ».
À cette occasion, les aquarelles de
Bruno Fournier furent présentées
par Françoise Herman,
directrice du musée.
Musée du Bocage normand :
Ferme de Boisjugan
Boulevard de la Commune
50000 Saint-Lô
Tél. : 02.33.56.26.98
[email protected]
www.saint-lo.fr
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ans la mythologie nordique, l’arbre cosmique était un frêne, Yggdrasill, qui
possédait trois racines géantes. Près de l’une d’elles, jaillissait une fontaine
qui alimentait tous les fleuves de la terre. Les aventures d’Odin, à la fois
guerrier, aventurier et sage, sont indissociables de ce frêne. Pour beaucoup de peuples,
l’arbre était non seulement sacré, mais notre plus lointain ancêtre, considéré également
comme le père du feu.
Pour certains, les ancêtres de l’humanité furent façonnés dans deux souches d’arbres.
Cette idée de faire naître l’homme du bois, était spécifique du patrimoine indo-européen.
Pour les Germains, l’équivalent d’Adam et Ève, Apte et Emble, étaient issus, l’un d’un
frêne, l’autre d’un aulne. Dans la plupart des anciennes religions les arbres étaient sacrés
de façon différente selon les peuples et les époques ; et des animaux, voire des êtres
humains, y étaient parfois offerts en sacrifice.
En Egypte, l’arbre cosmique était un sycomore, tandis qu’en Russie le bouleau était
considéré comme divinité suprême.
La mythologie gréco-romaine était riche de plus de dix mille dieux, déesses, demi-dieux,
divinités inférieures, héros, dont beaucoup de caractère local. Leur symbolisme était
bien connu et beaucoup d’arbres leur étaient consacrés, tels le frêne à Poséidon, le peuplier
à Hercule, l’érable aux génies, le palmier aux muses… Cybèle était moins bien connue.
Elle est pourtant la déesse Grande-Mère de la fécondité, qui présidait aux productions
de la terre. Elle et son amant, devenu dieu de l’arbre, seraient issus de l’arbre de la
terre. Son culte, originaire d’Asie Mineure, s’est répandu dans le monde gréco-romain.
Il donnait lieu à des cérémonies orgiaques très populaires, qui comportaient des rites de
purification. Cette déesse était très courtisée dans son univers où elle apparaissait
sous différents noms et à différents titres, dont celui de Grande Divinité de l’Arbre. Le
pin était au centre des fêtes données en son honneur.
Le chêne était consacré à Zeus/Jupiter. À Rome, on donnait une couronne de chêne
à un soldat qui avait sauvé la vie d’un autre soldat de son camp. Il pouvait la porter
pendant un an. En souvenir de cette coutume, les képis des généraux français furent
longtemps bordés d’une guirlande de feuilles de chêne dorées.
Le frisson esthétique › N°8
Le platane, avec son écorce qui se renouvelle par plaques, était le symbole de la
régénération, du renouvellement des idées. Il aurait servi à construire le cheval de Troie.
Le peuplier blanc aussi, était symbole de résurrection. Le laurier était symbole de la victoire.
Daphné fut changée en laurier pour fuir Apollon, qui voulut alors que cet arbre lui fût
consacré, et porta sur la tête une couronne de lauriers. Ce fut aussi la distinction
réservée aux vainqueurs grecs des jeux d’Olympie. Chez les Romains aussi, le laurier
était la plus haute distinction honorifique. On en coiffait les héros et ultérieurement
les poètes. En fait, de nombreux peuples privilégiaient une essence, choisie parmi les
plus familières, dont les arbres fruitiers, en reconnaissance de leur fécondité et de leur
utilité. Les Grecs considéraient parfois les chênes comme première mère. Il y avait
à Dodone, dans le nord-est de la Grèce, un chêne sacré qui eut une longue vie, et dont
la prééminence était admise en tant qu’oracle. Il était consulté par des péléiades, c’està-dire les colombes, qui interprétaient le bruit du vent dans les branches, vent qui était
admis comme d’essence divine, émis par Zeus.
Compte-tenu de leur réputation, les chênes étaient souvent choisis pour des opérations
de transfert, notamment pour reporter sur un arbre le mal dont on souffre. Un linge
porté par un malade était accroché aux branches en vue d’échanger maladie contre
vigueur (pratique dite de nouage). De nos jours encore, certains pensent qu’il suffit de
s’adosser à un arbre pour qu’il nous communique une partie de son énergie vitale.
Après bien d’autres, les Gaulois vouèrent un véritable culte à de vieux chênes. Tout
ce qui poussait sur le chêne, qu’ils considéraient comme un arbre fruitier, — les glands
et plus particulièrement le gui —, était cadeau du ciel et donc du dieu lui-même. Le
gui de chêne est très rare car il ne supporte pas le tanin (il existe un tel chêne à Isignyle-Buat, sur lequel une firme pharmaceutique fait des prélèvements).
Le gui était cueilli selon un rite très compliqué, à des dates précises, au moyen d’une
serpe d’or, par des prêtres et par des sages. La cérémonie impliquait sacrifice et festin
religieux. Le gui devait être recueilli dans un drap, sans toucher le sol, ce qui aurait
souillé la récolte. En fait la serpe d’or, symbole de pureté, et les sacrifices, ne sont pas
avérés. De grands mérites étaient attribués au gui, réputé tout guérir, antipoison efficace
et fécondateur universel, car la pulpe du fruit a une consistance visqueuse comparable
au sperme.
En Asie, le gui a symbolisé la chance et la fertilité. En Chine, le bois est considéré
comme le cinquième élément, au même titre que l’air, l’eau, la terre, le feu. Quant aux
Japonais, ils réservent toujours une place particulière à l’harmonie avec la nature, et les
arbres y sont particulièrement vénérés.
Les pommiers ont aussi leur mythe. Celui que possédaient les nymphes, les Hespérides,
dans l’Antiquité, était considéré comme arbre cosmique et portait des pommes d’or
permettant d’accéder à l’immortalité. Il suscitait complots et combats qui enflammèrent
l’Olympe. Il fallait poster un dragon pour éloigner les voleurs. Ces fruits étaient réservés
aux dieux, mais s’agissait-il vraiment de pommes ? À l’époque, le mot désignant la
pomme était celui de tout fruit ayant sa forme, à savoir : les pêches, coings, abricots…
Il fallait un deuxième mot pour désigner l’espèce. Le pommier était peut-être un
citronnier, en raison de la belle couleur jaune des citrons, ou un arbre imaginaire
porteur d’un fruit symbolique de l’éternité, à l’image de l’or, donc de l’immortalité.
Dans la Genèse, il n’est dit nulle part que l’arbre de la connaissance fût un pommier.
Le symbolisme de la pomme croquée par Ève est finalement fort ambigu. Ce pommier,
arbre de la connaissance, est aussi celui de l’objet du désir. Arbre de vie, il est aussi
arbre de mort, responsable du bannissement de l’espèce humaine, hors du paradis
Le frisson esthétique › N°8
“Le mythe de
la forêt de Scissy,
dans la Baie du
Mont Saint-Michel,
est vivace.”
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Arbres
remarquables
terrestre. Il est devenu l’arbre de la tentation pour le monde chrétien. Or, cet arbre
était plus probablement un figuier, avec les feuilles duquel le premier couple se fit un
pagne. La pomme a conservé sa double connotation, maléfique pour les uns (pomme
de discorde), mais aussi symbole d’amour. Parmi tous les mythes locaux, celui de la
forêt de Scissy, dans la Baie du Mont Saint-Michel, est vivace. Cette immense forêt aurait
disparu lors d’un raz-de-marée en 709. En fait, l’événement ne fut relaté que neuf siècles
plus tard, à une époque particulièrement troublée ; et depuis, la forêt de légende n’a
cessé de grandir, passant de 16 km2 à… 1200 km2 ! La « découverte » laisse percer sa
portée symbolique. Le Mont est comparé à l’Arche de Noé et le combat de Saint-Michel
s’inspire du chapitre XII de l’Apocalypse de Jean. Dans les deux cas le dragon est vaincu.
Certes, dira-t-on, mais la Baie contient bien des bois fossiles, les couërons. On sait
désormais, qu’ils sont bien plus anciens. Par ailleurs, les forages ont montré l’existence
de strates de tourbe, qui témoignent de l’existence de plusieurs régressions marines.
Pendant les glaciations, le niveau moyen de la mer baisse fortement, mais ces différentes
strates sont antérieures à l’an 709 de plusieurs milliers d’années.
Le cèdre symbolise la force, la grandeur, l’immortalité, car il vit longtemps. Il était
fort apprécié pour différentes vertus et revendiqué, lors des conflits au Moyen-Orient,
comme butin de guerre. Les Egyptiens en faisaient des barques funéraires et les Hébreux
des lits nuptiaux car il symbolisait la pureté et la constance. Pour les Celtes il symbolisait
la confiance. Des cèdres auraient également servi à construire le Temple de Salomon.
Un figuier était considéré comme la résidence terrestre des dieux créateurs en Inde.
L’arbre sacré est toujours le pipal, un figuier, Ficus religiosa ou Ficus des pagodes, dédié
à Vishnou ; grand arbre sous lequel Bouddha a médité pendant six ans et où il aurait
reçu l’illumination. Au début, seul l’arbre dit « arbre du passage » était vénéré. Malgré
de multiples tentatives de destruction, ce figuier renaissait chaque fois, ce qui le rendait
encore plus vénérable. Notons que Ficus religiosa est très différent de Ficus carica.
En Egypte c’est le Ficus sycomorus qui était sacré. Les âmes des morts venaient se
percher sur les branches de l’un d’eux. Le bois de cette espèce était lui aussi utilisé pour
la fabrication des sarcophages. Ce figuier, originel et nourricier, était l’arbre de Nout,
déesse du ciel et source de lumière. Avoir un sarcophage en bois de sycomore équivalait
pour le défunt à se retrouver sous la protection de cette déesse. Dans la Grèce antique,
la figue était à la fois symbole de la fécondité féminine, car elle est réceptacle contenant
un grand nombre de fruits minuscules, et symbole masculin. Le bois de figuier était
parfois utilisé pour les bûchers purificateurs.
Les oliviers étaient vénérés en Grèce et consacrés à Minerve. Leur longévité impressionnait. L’huile obtenue a joué un grand rôle dans la vie matérielle et spirituelle des
habitants. Les abattre ou les brûler était un crime sévèrement puni. Leur bois était réservé
à la fabrication de statues cultuelles.
L’aubépine symbolisait la délicatesse. En Grèce et à Rome, elle était censée protéger
les maisons de la foudre. Elle fit l’objet de méfiance au Moyen Âge où elle fut
soupçonnée d’avoir servi à réaliser la couronne d’épines du Christ. Ses épines étaient
parfois utilisées lors des séances d’envoûtement ou de désenvoûtement.
Le frêne, consacré à Poséidon, était réputé attirer la foudre et éloigner les serpents.
Son bois est élastique et dur. On en faisait des manches, des lances, des arcs. Des baguettes
de frêne étaient utilisées pour faire pleuvoir ou pour calmer les inondations. Sa réputation
était aussi liée à sa sexualité, source de confusion et de mystère. On trouve en effet des
frênes exclusivement mâles ou exclusivement femelles, d’autres ont à la fois des fleurs
mâles et des fleurs femelles, d’autres enfin, portent des fleurs hermaphrodites.
“L’arbre de vie
est parfois défendu
par un monstre,
un serpent,
un dragon.”
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Le frisson esthétique › N°8
L’arbre fascine. Mais la forêt est sauvage et inquiétante, et l’homme primitif en a peur.
Elle est le lieu des terreurs éternelles, le repère des bêtes dangereuses, ours, loups, et des
bandits, voire des ogres et des dragons ! Elle incarne des forces mystérieuses, ancestrales,
où s’abritent les ermites et les sorcières, où triomphe Satan. Et légendes et superstitions
s’y développent. Si la forêt est hantée, il faut en appeler aux dieux pour survivre, et en
attendre des miracles. Dans ce contexte, certains arbres sont devenus eux-mêmes objets de
culte ; ils avaient une âme et étaient, soit demi-divins, soit des nymphes métamorphosées
par un dieu pour être mises à l’abri des convoitises d’un autre.
Plus près de nous, la Genèse, les Gaulois, le Moyen Âge, sont également très riches
en mythes fondateurs. L’étude montre que les mythes se ramifiaient à l’infini pour être
réappropriés par les religions du monde méditerranéen. Étaient ainsi perpétuées
des superstitions qu’elles prétendaient vouloir extirper. La Genèse a repris à son compte
la dualité arbre de vie, arbre de la connaissance, tous deux plantés dans le Jardin d’Éden.
Dans la plupart des traditions, l’arbre de vie est situé dans un endroit inaccessible, aux
extrémités de la terre. Il se mérite. Il est parfois défendu par un monstre, serpent ou dragon,
qu’il faut vaincre. Saint-Michel est dans la filiation. Non un dieu, mais un archange.
L’arbre de vie évoqué par les prophètes dans la Genèse, réapparaît sous la forme de
bois de la croix, arbre de mort cette fois-ci, mais d’un mort divin et ressuscité, annonciateur
d’un monde nouveau. On prétendra même que Jésus est mort le même jour, à la
même heure qu’Adam, et que le bois de la croix proviendrait d’un arbre poussé sur la
tombe de ce dernier. Ainsi, à l’instar de certains évangiles apocryphes, la ferveur populaire
associait l’arbre de vie et la croix du Christ. Mais de quel bois était faite cette croix ?
Pour certains, composée de morceaux de bois différents, pour d’autres, seulement de
cèdre, bois incorruptible. Mais après le triomphe de l’Église, il n’y eut plus qu’un seul
arbre que l’on pût vénérer, celui, équarri, sur lequel mourut le rédempteur, tous les
autres, issus de rituels païens, étant prohibés. Sait-on que la coutume de « toucher du
bois » sous-entendait à l’origine celui de la croix pour chasser le mauvais sort. La nature
tout entière s’en trouva dévaluée, au bénéfice d’un monothéisme dogmatique et
centralisateur. En substituant aux superstitions du paganisme une religion essentiellement
morale, le christianisme a enlevé aux arbres leur signification religieuse. Un autre
arbre remarquable connaîtra une grande fortune, l’arbre de Jessé, qui illustre la filiation
de David dont Jessé, c’est-à-dire Isaïe, est le père. Pour certains, le tronc est Marie et
le rejeton figure le Christ. L’arbre, représentait ainsi l’Église universelle née du sacrifice
de Jésus. Notons que cette représentation est à l’origine des arbres généalogiques, ainsi que
de l’arbre de l’évolution. Les espèces, les individus, y forment une seule et même famille.
Au Moyen Âge, la foi pénétrait toutes les structures politiques et sociales. Malgré la
prégnance de la religion, cette période n’a pas été exempte de mythes et de légendes.
Les aventures du roi Arthur en forêt de Brocéliande avec Lancelot du Lac et Merlin
l’enchanteur eurent un grand succès. La forêt est un lieu hanté. Le merveilleux y côtoie
le maléfique. Parmi les légendes on trouve des arbres qui saignent, qui se déplacent, qui
aident à faire triompher la justice, et même qui se battent, évoquant d’anciens époux
qui auraient été transformés en arbres. En Bretagne on évoque des arbres qui « parlent »,
qui hébergent des âmes en peine qu’il faut délivrer, etc…
Au Moyen Âge toujours, les Chrétiens honoraient un « arbre sec » aussi dénommé
« arbre seul » que l’on situait à la frontière du monde connu, à la limite qui séparait
l’ici de l’au-delà. Certains voyaient dans cette croyance une raison supplémentaire de
reconquérir les lieux saints lors des Croisades.
Face aux survivances de cultes païens, il n’est pas surprenant que des missionnaires
aient tenté de détruire arbres et bois sacrés, obstacles à l’évangélisation. Un tableau
Le frisson esthétique › N°8
“Saint-Michel est
dans la filiation.
Non un dieu,
mais un archange.”
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Arbres
remarquables
montre Saint- Boniface (680-754) abattant solennellement le chêne Tonnerre, en Hessé,
consacré au dieu païen Thor, dieu de la guerre, de l’orage, de l’énergie. Saint-Martin,
lui, fit abattre un pin et se plaça dans l’axe de chute. L’arbre s’écarta en tombant, tandis
que Saint-Valéry s’en prit à un chêne aux environs d’Eu.
De nombreuses légendes médiévales racontent comment, à la suite d’un rêve, ou
d’une apparition, un arbre fut consacré à la Vierge Marie ou à un saint. Souvent il
s’agissait d’une réappropriation, le même arbre ayant déjà fait antérieurement l’objet
d’un culte. En effet Saint-Augustin et les pères de l’Église avaient déclaré, après des
tentatives plutôt infructueuses : « On ne détruit pas les temples… on ne coupe pas les
bois sacrés, on fait mieux, on les consacre à Jésus-Christ », récupérant ainsi la force
symbolique des images et des traditions. Le folklore et les légendes ont donc repris
nombre des anciennes croyances, et les miracles sont désormais presque toujours attribués
à des saints ; ainsi les histoires de bâtons de pélerins, les bourdons, qui, fichés en terre
reverdissent soudain.
Certaines pratiques anciennes subsistent de nos jours : bénédictions de bateaux,
processions pour faire pleuvoir, guérisons miraculeuses, arbres aux clous, statuettes
votives accrochées à un tronc de chêne, etc… Les « maïs » ont constitué une vaste
palette de coutumes dont la plus ancienne consistait à fêter l’arrivée du printemps.
Une variante consistait à mettre une branche d’arbre au faîte d’une maison neuve achevée,
ou sur la dernière charrette d’une récolte, ou devant la maison de sa promise. Dans ce
dernier cas, le choix de l’essence correspondait à un langage.
De nos jours, les arbres ne sont plus sacrés mais certains peuvent être considérés
comme remarquables, car porteurs d’une forte charge émotionnelle. Ils sont vus alors
comme des témoins, des passeurs d’histoire. Nous connaissons par exemple les arbres
de la liberté, qui commémorent les révolutions de 1789 et 1848, le ginkgo biloba qui
a survécu à Hiroshima, le chêne de Guernica, la ville espagnole détruite par l’aviation
allemande en avril 1937, et celui du camp de Buchenwald.
Dans l’Antiquité, les religions avaient pénétré dans la vie publique et privée des peuples.
Chez les Romains, la maison était un temple où les dieux étaient des compagnons
quotidiens. Mais progressivement, la pensée des philosophes a combattu la mythologie
officielle et sont apparus des cultes plus mystiques, intégrant des concepts de pureté, de
péché originel et d’immortalité de l’âme, préparant ainsi l’avènement du Christianisme.
Les guerres menées par les empereurs Alexandre, César, Auguste, ne sont pas étrangères
à ces évolutions.
S’ils ne sont plus associés à des miracles, les arbres restent cependant essentiels à
notre survie. Après Dante qui dans la Divine Comédie évoque « la forêt intérieure où
nous nous débattons, et la forêt extérieure où nous nous perdons », nous pouvons faire
nôtres ces deux citations prémonitoires de Chateaubriand : « Partout où l’homme a
disparu, l’homme a été puni de son imprévoyance » et « Les forêts précèdent les peuples,
les déserts les suivent ».
Daniel Krakowski.
“Les forêts
précèdent les peuples,
les déserts les suivent.”
Chateaubriand.
Daniel Krakowski
a passé son enfance à la campagne.
Dans cette période de la guerre de
39/45 il communie littéralement
avec la nature. C’est probablement
de cette époque que lui vient son
goût pour l’histoire, puis pour le
travail de mémoire et les problèmes
liés à la sauvegarde du patrimoine,
qu’il cultivera conjointement à son
métier d’ingénieur électronicien.
Arrivé à l’âge de la retraite, il se
reprend à tutoyer les arbres, intérêt
qu’il partage avec les membres de
l’association A.R.B.R.E.S. (Arbres
remarquables : bilan, recherche,
études et sauvegarde) dont il est
membre du bureau et correspondant
pour le département de la Manche.
Avec eux, il sillonne la France à la
recherche des plus beaux spécimens.
Il s’agit de les identifier, de faire
partager l’émotion suscitée par
leur beauté, et de contribuer à leur
protection en faveur des générations
futures.
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