l`inspection par rayonsx, même quand les séries sont petites
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l`inspection par rayonsx, même quand les séries sont petites
20/07/05 17:58 Page 71 S olutions TEST DE CARTES ÉLECTRONIQUES L’INSPECTION PAR RAYONS X, MÊME QUAND LES SÉRIES SONT PETITES Reportage ■ Les industries électroniques intègrent des compo- sants de plus en plus complexes sur les cartes électroPartners’ niques utilisées dans leurs produits. Cette évolution Electronics nécessite des moyens de production et de test toujours plus performant et donc toujours plus coûteux. Résultat, beaucoup d’industriels ont du mal à suivre et n’hésitent pas à se séparer de leurs usines. D’autres, même petits, trouvent la bonne formule. C’est, par exemple, le cas de Partners’ Electronics, une société de seize personnes qui a investi dans une ligne d’assemblage CMS et un système d’inspection par rayons X. Vu chez C roissy-Beaubourg, petit village de Seine-et-Marne. Dans la zone d’activité Actipole, le bâtiment de 700 m2 de Partners’ Electronics abrite des bureaux, une ligne d’assemblage pour composants montés en surface (CMS), ainsi que des moyens de test pour le contrôle des cartes fabriquées sur le site. Le nom de la société pourrait trahir une origine américaine. Il n’en est rien. Partners’ Electronics est une société bien française qui n’hésite pas à investir dans des moyens de production et de contrôle sophistiqués. Il faut dire que nécessité fait loi. Il est impératif de pouvoir répondre aux demandes des industries électroniques qui sont de plus en plus nombreuses à utiliser des cartes électroniques complexes intégrant les dernières technologies de composants CMS de type BGA (Ball Grid Array), Flip Chip et CSP. « La question n’est pas de savoir si nous devons passer aux dernières technologies de composants CMS ou pas, mais c’est de savoir quand nos clients fabricants d’équipements et de biens électroniques vont les intégrer dans leurs équipements. Et par conséquent, quand nous, sous-traitants, devons investir dans les moyens de production et de test adéMESURES 739 - NOVEMBRE 2001 quats », explique Jean-Pierre Lebœuf, gérant de Partners’ Electronics, résumant bien l’état d’esprit de la profession. Les fabricants d’équipements de télécoms ont été les précurseurs. Et aujourd’hui, c’est l’ensemble de l’industrie électronique qui suit le mouvement. Ainsi, pour les clients de Partners’ Electronics qui se situent dans les secteurs de l’audio/vidéo professionnelle, de la sécuri- R eportage té et de la domotique, l’heure d’implémenter les dernières générations de CMS va sonner. La société a pris les devants et a investi dans un testeur à rayons X, la seule technique qui permette de contrôler le bon assemblage des composants BGA. On sait que l’inspection par un testeur à rayons X est une technique encore très chère. Le coût d’un tel système approche le million de francs. Avant de s’engager dans un tel investissement, Partners’ Electronics y a regardé à deux fois. Surtout qu’il lui faut également composer avec les volumes de production. Il s’agit souvent de petites ou de moyennes séries, entre une dizaine et quelques milliers de cartes par an. On est loin des centaines de milliers de cartes électroniques produites par an pour les téléphones portables. « Pour réussir, il faut que les investissements soient anticipés par rapport aux demandes des clients. Par ailleurs, il est important de ne pas être dépendant d’un seul client sinon celui-ci impose le fournisseur et le type de testeurs à son sous-traitant, en fonction des types de cartes électroniques qu’il souhaite faire assembler. Nous ne sommes pas du tout dans cette situation puisque le plus important des clients de Partners’ Electronics ne représente pas plus de 10 % du chiffre d’affaires », commente M. Lebœuf. Partners’ Electronics a investi 1,5 millions de francs en 2000 pour les équipements de contrôle et de réparation BGA, 3 millions de francs en 2001 dans la nouvelle ligne CMS et près de 1,5 millions de francs sont prévus en 2002 pour un testeur électrique à sondes mobiles. « Ces chiffres peuvent paraître importants au regard des 10 millions de francs de chiffre d’affaires de la société, mais ces investissements sont nécessaires pour nous permettre © Luc Lambolcy - Studio Epimac 071_073_SOL Pour faire face à la complexité de plus en plus en forte des cartes électroniques, les sous-traitants (même les plus petits) doivent disposer d’outils de test et de process plus performants et plus chers. 71 071_073_SOL 20/07/05 17:58 S olutions Page 72 R eportage Un investissement financier important Jean-Pierre Lebœuf, gérant de Partners’ Electronics : « La question n’est pas de savoir si l’on doit passer aux composants BGA ou pas. La question est quand ». de nous maintenir à la pointe de la technologie », précise M. Lebœuf. Evolution des stratégies de test Pour les cartes électroniques complexes, audelà de l’investissement dans un système d’inspection par rayons X, c’est toute l’approche du test qui est modifiée. Partners’ Electronics doit s’adapter aux demandes de ses différents donneurs d’ordre. Certains d’entre eux lui confient entièrement l’industrialisation de leurs produits. « Ce service d’industrialisation est d’un grand intérêt pour les petits clients. Nous partons des schémas des cartes fournis par le client avec le choix de tous ou d’une partie seulement des composants, explique M. Lebœuf. Dans le cas de séries plus importantes, il nous est nécessaire de prévoir des pastilles de test en vue d’un futur test in situ ou de choisir le packaging de composants sur de nouvelles cartes. L’étude CAO (Conception Assistée par Ordinateur) que nous faisons est limitée à une optique de fabrication ». Au niveau de la production, les composants CMS sont d’abord assemblés sur les cartes soit sur la ligne de production soit manuellement pour les composants complexes et coûteux (plusieurs dizaines de milliers de francs pour certains composants BGA). Les composants CMS sont alors contrôlés visuellement en sortie de ligne. Les cartes électroniques passent ensuite sur les postes d’assemblage manuel où les composants traversants et les éléments “exotiques” sont montés. L’étape finale porte sur le réglage et le test fonctionnel des cartes électroniques. Là encore, il y a différentes situations. Certains clients spécifient les critères de fonctionnement et les paramètres qu’il faut vérifier (fréquence, puissance, etc.) avec des demandes particulières en termes de réglages. Dans ces cas-là, c’est souvent le donneur d’ordre qui fournit le banc de test fonctionnel. Parfois Partners’ Electronics développe ellemême le banc. Il arrive également, pour de 72 son indépendance vis-à-vis de ses clients et sur un autre principe de bon sens : les investissements doivent être portés par l’activité en cours et non par l’activité future. La société a choisi un amortissement dégressif sur cinq ans, ce qui permet d’amortir le plus gros de l’investissement les trois premières années. « Cette durée de trois ans est pour nous une sécurité : elle nous assure une marge de manœuvre si des évolutions technologiques voient le jour entre temps », explique Jean-Pierre Lebœuf, gérant de Partners’ Electronics. Avec la nouvelle ligne d’assemblage et le système d’inspection par rayons X, Partner’s Electronics table sur une hausse de 5 à 10 % de son chiffre d’affaires. Cette croissance viendra de l’augmentation du volume de production des cartes simples, c’est-à-dire ne nécessitant pas la pose manuelle et hors ligne de composants CMS de type BGA. La nouvelle machine de report est en effet trois fois plus rapide que la précédente. Toujours pour ses clients actuels, la société améliorera la qualité de son expertise en matière de composants complexes. Partner’s Electronics vise également de nouveaux marchés qu’elle ne pouvait pas adresser auparavant sans un testeur à rayons X. très petits lots de cartes complexes notamment, que Partners’ Electronics ne fasse pas du tout de test et c’est le client qui s’en charge. Ces adaptations au cas par cas selon les donneurs d’ordre ne sont pas remises en question par l’évolution des stratégies de test. « Lorsque nous avons démarré notre activité d’assemblage de composants CMS, la pose de ces composants était validée très en aval de la production, au niveau du test fonctionnel. Compte tenu de l’accroissement de la complexité des cartes électroniques fabriquées, nous avons ajouté un contrôle visuel en sortie de la ligne CMS. Ce contrôle optique est fait par un opérateur. Un système d’inspection optique automatique (AOI) ne se justifie pas ici, compte tenu des volumes de lots, entre 100 et 300 cartes électroniques par mois », explique M. Lebœuf. En effet, la mise en œuvre d’un système AOI en ligne est lourde. Il faut programmer le testeur type de carte par type de carte. Cela peut prendre beaucoup de temps et ce n’est pas ren- table lorsque l’on produit des petites ou moyennes séries. Mais qu’il soit fait par un opérateur ou une machine, le contrôle optique montre vite ses limites. Une inspection optique n’est pas exempte de faux défauts et n’assure pas une couverture de 100 %. Il faut de toute façon faire d’autres types de test derrière. Et comment vérifier s’il n’y a pas de courts-circuits au niveau de joints de soudure situés sous des composants ? Comment valider la qualité d’un joint de soudure ? Seule l’inspection par rayons X l’autorise car elle permet de voir à travers les composants. Le système retenu par Partners’ Electronics est le modèle hors ligne CRX 1000 de CR Technology (représentée en France par Antycip). Le contrôle est réalisé manuellement. Les rayons X à utiliser avec précaution Mais si voir en transparence rend les contrôles possibles, © Luc Lambolcy - Studio Epimac © Luc Lambolcy - Studio Epimac ■ Pour réussir à investir plusieurs millions de francs trois années de suite, Partners’ Electronics s’appuie sur Courts-circuits, faux contacts, circuits ouverts, “trous” dus à un manque de soudure (voids), rotondité des billes des BGA… L’inspection par rayons X assure le contrôle et l’expertise des composants complexes. La possibilité d’orienter la carte permet d’obtenir une image sous différents angles et d’affiner ainsi l’analyse. MESURES 739 - NOVEMBRE 2001 071_073_SOL 20/07/05 17:58 Page 73 S olutions R eportage Un service de contrôle et de réparation BGA CR Technology est utilisé pour le contrôle hors ligne des composants BGA et également dans le cadre d’une prestation que propose Partners’ Electronics : le service BGA 2000. Ce service d’expertise, de contrôle et de réparation des BGA comprend le système d’inspection par rayons X, un système de contrôle des BGA par fibre optique Ersascope d’Ersa, deux machines de réparation de BGA, l’une de Finetech (à air chaud) et l’autre d’Ersa (par infrarouge) et enfin une machine rebillage* de brevet Novatech, la “ball seeder”. * Le rebillage consiste à ré-équiper, de billes de soudure, un composant BGA qui a été dessoudé. ce n’est pas pour autant qu’ils soient faciles, bien au contraire. Les cartes comportent plusieurs couches d’interconnexions et en général des composants sur les deux faces. Sur l’image en deux dimensions restituée par le testeur, tous ces éléments sont superposés. « Le fait de voir en transparence nécessite d’interpréter les images. Il faut beaucoup d’expérience pour bien discerner un défaut d’un artéfact dû à la position du composant, à la nature de la soudure, etc. C’est comme un médecin qui saura voir la fissure d’un os sur une radiographie alors que le commun des mortels ne voit que des ombres », compare Guy Sciau- deau, technicien test et bureau d’étude chez Partners’ Electronics. Un peu comme pour les appareils utilisés dans le médical, le CRX 1000 offre la possibilité de prendre une image de la carte sous différents angles. Il est en effet équipé d’un système de pivotement de la carte. L’opérateur peut ainsi s’appuyer sur plusieurs images pour affiner son analyse. Il peut, par exemple, observer les défauts de rotondité des billes des composants BGA. Les testeurs à rayons X sont bien adaptés pour le contrôle des courts-circuits, même s’ils ne permettent pas de les dimensionner. « Avec de l’expérience, il nous arrive même de contrôler les courts-circuits de cuivre qui peuvent se cacher sous un afficheur ou un connecteur DB9, par exemple. Ce faisant, on ne dessoude l’afficheur ou le connecteur que lorsque c’est nécessaire », poursuit M. Sciaudeau. Pour les faux contacts, les circuits ouverts et les “trous” dus à un manque de soudure (voids), l’analyse est plus délicate. Même s’il permet de mettre en avant certains défauts, le testeur CRX 1000 n’est pas à proMESURES 739 - NOVEMBRE 2001 © Luc Lambolcy - Studio Epimac ■ Le système d’inspection par rayons X CRX 1000 de prement parler un testeur de production. Il est installé hors ligne, le positionnement de la carte et l’interprétation d’une image sont réalisés par l’opérateur. En s’équipant d’un tel matériel, Partners’ Electronics a voulu voir large. Outre le contrôle en production, ce testeur permet de valider tout nouveau process de fabrication. Plus important peut-être, il permet à la société d’offrir un service à forte valeur ajoutée, le service BGA2000 (voir encadré “ Un service de contrôle et de réparation BGA”). Parmi les techniques de test concernées, il y a le test électrique. « Pour certains types de cartes électroniques fabriquées en série, nous envisageons de proposer une prestation supplémentaire de test électrique à sondes mobiles. Plus de 90 % des défauts rencontrés proviennent en effet du câblage. Dans quelques rares cas seulement, on peut incriminer les composants euxmêmes. Le test à sondes mobiles trouve donc toute sa justification », estime M. Lebœuf. Jusqu’à une époque pas si lointaine, les testeurs à sondes mobiles étaient chers, disposaient de peu de sondes, étaient considérés comme pas fiables et longs à programmer. Cette technique de test électrique sans interface de test a fait beaucoup de progrès en termes de prix, de fiabilité, de répétabilité et de nombre de sondes. De plus, ces systèmes disposent du test structurel, ce qui en fait, entre autres, un excellent outil de SAV pour le retour des cartes défectueuses par le client. Cédric Lardière Partners’ Electronics Actipole 26/27 - Boulevard de Beaubourg - Croissy-Beaubourg 77325 Marne-la-Vallée Cedex 2 Tél. : 01 64 62 06 00 - Fax : 01 64 62 94 40 www.partners-electronics.fr 73