FLORENCE LA PEINTURE AU 15e SIECLE
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FLORENCE LA PEINTURE AU 15e SIECLE
FLORENCE LA PEINTURE AU 15e SIECLE LA PREMIERE RENAISSANCE Suite aux recherches de Brunelleschi sur la perspective, trois générations de peintres assurent progressivement à Florence et à la Toscane une suprématie artistique qui influence les autres écoles de peinture en Italie et dans le reste de l'Europe. BRUNELLESCHI ET LA PERSPECTIVE L'architecte Brunelleschi va mettre au point la perspective mathématique. Vers 1413-1416, il peint sur un panneau de bois le baptistère de Florence, vu depuis le parvis de la cathédrale. Pour réaliser ce tableau, il utilise des règles géométriques basées sur la mesure exacte des distances entre les deux bâtiments. Ces recherches sur la perspective lui permettent de représenter de façon réaliste le monument en trois dimensions et de le situer dans un espace logique, organisé à partir d'un point de vue unique. C'est une véritable révolution. LES FLAMANDS À FLORENCE Vers 1450, Rogier van der Weyden peint à Florence une "Mise au tomb e a u". Le corps pathétique du Christ qui invite à la compassion et le lumineux paysage d'arrière-plan assurent au tableau un vif succès. En 1483, Tommaso Portinari ramène à Florence un tableau qu'il a fait peindre à Bruges par Hu g o v an d e r G o e s. Placée dans une église, donc à a vue de nombreux fidèles, cette "Adoration des B e r g e r s" connaît un grand retentissement. Le réalisme des visages des bergers, la virtuosité dans le rendu des tissus et dans la précision des objets, fascinent les Florentins. La douce lumière qui éclaire le vaste paysage estompe les formes du lointain et semble agrandir l'espace en créant une perspective atmosphérique. Tout cela est rendu possible par la nouvelle technique de la peinture à l'huile qui, en outre, donne plus d'éclat aux couleurs. Le système de représentation du monde est bouleversé. Il faudra attendre le début de notre siècle pour que les peintres cubistes et abstraits remettent en cause cet état de fait. Cette découverte exerce une véritable fascination sur les artistes de cette époque. Elle met en évidence une des caractéristiques essentielles de la peinture florentine du 15e siècle : son désir et sa capacité à peindre l'illusion de la réalité. LES PEINTRES FLORENTINS DU 15e SIECLE MASACCIO ET SES CONTEMPORAINS Masaccio (1401 - 1428) Il est le premier peintre à mettre en pratique les théories des ses amis Brunelleschi et Donatello. "La Trinité" de l'église Santa Maria Novella (cf. fiche) et surtout le cycle de fresques de la chapelle Brancacci au Carmine, sont des œuvres clés de l'histoire de l'art : - des paysages profonds où l'air circule et des architectures fictives lui permettent de créer un espace dans lequel les êtres humains évoluent de façon cohérente. - les personnages ont un volume, une épaisseur "sculpturale" qui rend leur présence physiquement évidente et leur permet de tisser entre eux des liens physiologiques et affectifs. Ses contemporains Pour des raisons diverses, Pa o lo Uccello et F ra Angelico prennent parfo i s leurs distances avec l'aspect trop mathématique de la perspective de Brunelleschi et restent fidèles à une conception médiévale de l'espace. Uccello dans ses célèbres "Batailles de San Romano" utilise les deux approches de l'espace sur un même tableau . PIERO DELLA FRANCESCA (1415/20 - 1492) La génération intermédiaire est dominée par la personnalité de Piero della Francesca. Grand théoricien de la peinture, il assimile les influences d i verses, et notamment l'influence de la peinture flamande. Son dessin précis, son utilisation particulière de la lumière et de la couleur, le conduisent à une simplification des formes et des volumes. Il élabore ainsi une œuvre originale et poétique qui semble suspendue dans le temps. Croquis de la bataille de San Romano expose à Florence BOTTICELLI ET LA TROISIEME GÉNÉRATION Cette génération de peintres se partage entre deux courants apparemment contradictoires, mais souvent complémentaires. peinture florentine au 15e - 2 Le courant réaliste Il est influencé par la peinture flamande et favorisé par une laïcisation progressive de l'art. G h i rl an d ai o, avec ses fresques de Santa Maria Novella (cf. fiche Santa Maria Novella) peut en être l'exemple. Le courant intellectuel et idéaliste L e d éco r de s murs d e la C h apelle Sixtine, réalisé à Rome entre 1481 et 1483 par tous ces peintres, consacre la suprématie de la "manière" florentine. Botticelli en est le plus célèbre représentant. Ce courant débouche sur une peinture imprégnée de poésie et de philosophie néoplatonicienne, toujours chargée d'un symbolisme très sophistiqué. Le triomphe de la "manière" florentine Des peintres comme Le Pérugin et Signorelli font carrière essentiellement en Toscane. Ils témoignent de l'attraction exercée par Florence sur les jeunes artistes de cette époque. A leur manière, ils annoncent la peinture du siècle suivant : - Signorelli, fasciné par l'expressivité du corps humain, influencera Michel-Ange. - Le Pérugin peint un monde serein et équilibré qui sera à l'origine du classicisme de Raphaël. PARTICULARITÉS DE LA PEINTURE FLORENTINE DU 15e PARTICULARITÉS PICTURALES Le décor Un décor architectural inspiré par l'antiquité est utilisé pour "construire" la perspective et "creuser" la profondeur. Il sert aussi à mettre en place une composition structurée et équilibrée sur le plan visuel. VOIR ET COMPRENDRE Pour bien apprécier et compre n d re cette époque, on fera, au musée des O f fi c e s, une visite part i c u l i è re m e n t attentive des salles : 7 (P. Uccello - Piero della Francesca Masaccio) 1 0 / 1 4 (Botticelli et les deux gra n d s tableaux flamands). Le dessin Il est parfois ferme et sec. Il délimite les formes et les découpe. Il crée un réseau de lignes élégantes, souples et courbes qui s'opposent à la rigueur des lignes géométriques de décor : ex. "L'annonciation" de Botticelli. Les couleurs Les couleurs f ranches et souvent un peu froides se juxtaposent et ne se mélangent pas. Les transitions sont rares. Les couleurs remplissent les formes aux contours bien précis. C'est le "ton local". La technique majoritairement utilisée est la tempera. Le volume Le volume des corps et des objets est toujours très "sculptural". Il est obtenu par le procédé du "clair-obscur" à partir d'une lumière "objective" qui éclaire la totalité du sujet : la partie la plus proche du regard est la plus éclairée, la plus éloignée reste dans l'ombre. LAICISATION PROGRESSIVE DE L'ICONOGRAPHIE La peinture religieuse Botticelli, “la naissance de Vénus” La peinture religieuse domine encore la production du 15e siècle. Mais les scènes sacrées sont souvent situées dans un décor familier de plus en plus réaliste qui évoque la vie quotidienne des commanditaires. Ces derniers sont souvent représentés en donateurs. Peu à peu, ces portraits "sortiront" des tableaux religieux pour s'imposer comme un genre autonome. La "peinture d'histoire" Sous l'influence des historiens humanistes, la "peinture d'histoire " occupe de plus en plus le décor des palais officiels. Référence à un événement contemporain ou à une scène de l'antiquité pro p o s é e comme modèle, elle est porteuse d'un message de propagande politique. "Le pouvoir de l'image est au service de l'image du Pouvoir". La peinture mythologique C'est un genre réservé à une élite intellectuelle imprégnée de poésie néoplatonicienne. D'un érotisme discret, "La naissance de Vénus" de Botticelli (croquis ci-contre) , premier nu profane des temps modernes, peut être considérée comme l'œuvre emblématique de cette fin de 15ème siècle. Texte : Claude BASTY - Conception et réalisation : Michèle GOZARD - Edition 2007